• Ce qui tue l’#école, c’est qui ? C’est quoi ?
    http://charmeux.fr/blog/index.php?2016/10/09/304-ce-qui-tue-l-ecole-c-est-qui-c-est-quoi

    Quand on parcourt la liste de ceux « qui ont tué l’école », on découvre qu’il s’agit de ceux qui, dans la lignée de tous les grands noms de l’histoire de l’école (1), œuvrent depuis longtemps (pour certains depuis les années 70), au sein d’instituts de recherche divers, à ce qu’on appelle la « refondation de l’école », c’est-à-dire, qui tentent de comprendre comment on pourrait rendre l’école un peu plus juste et donc plus efficace pour tous.
    Ils ont mené des recherches approfondies et expérimenté d’autres approches de la transmission des #savoirs, en s’appuyant sur les données des #sciences fondamentales qui concernent le métier d’enseignant : la psychologie des enfants, la psychologie des processus d’apprentissage, et, pour le français, la linguistique, la psycholinguistique et la sociolinguistique, à qui l’on doit les connaissances indispensables sur le fonctionnement de la langue, tant à l’oral qu’à l’écrit. Ils ont publié des rapports et des ouvrages développant ces #travaux. ils ont défini des démarches précises, concrètes.
    Il est vrai qu’ils sont relativement peu nombreux : d’après la liste, une poignée, mais qui ont tous, sous des formes diverses présenté le même objectif à leur recherche : celui de lutter contre l’échec scolaire, notamment contre les aspects sociaux de cet échec, le fait que celui-ci frappe majoritairement les enfants de milieux socio-culturellement défavorisés. Aucune logique, en effet, ne justifie ce lien, prouvé pourtant par les faits et les statistiques. Force est d’admettre l’hypothèse que la cause doit résider dans les pratiques d’enseignement, sacralisées par l’usage et soutenues par les hautes instances de l’Éducation Nationale.

  • Gaspard ne sait pas lire : pourquoi n’a -t-il pas redoublé le CP ?
    http://charmeux.fr/blog/index.php?2016/09/29/303-gaspard-ne-sait-pas-lire-pourquoi-n-a-t-il-pas-redouble-le-cp

    Cette question horrifiée, pour ne pas dire scandalisée, sert de titre à un article de presse qu’un ami m’a gentiment envoyé. Je trouve qu’il représente assez bien l’accumulation de clichés et d’idées reçues qui alimentent aujourd’hui le débat sur la lecture et son apprentissage. Une occasion de creuser encore cette question à la lumière d’une autre, celle du redoublement, censé permettre de rattraper un retard d’apprentissage.

    Telle qu’elle et formulée, la question qui ouvre ce billet en appelle au moins trois autres :
    1- Gaspard ne sait pas lire : a-t-on raison de le dire ?
    2- En quoi le redoublement du CP aurait-il pu aider Gaspard à acquérir ce qui apparemment lui manque ?
    3- Face à un échec, il faut recommencer" : Est-vrai ? Sinon, comment faire alors ?

  • Hugo, qu’est-ce qu’une « bonne école » ? - Le blog de l’amie scolaire
    http://charmeux.fr/blog/index.php?2016/01/05/284-hugo-qu-est-ce-qu-une-bonne-ecole

    A l’heure où l’élève trouve, en quelques clics, mille fois plus de données que la mémoire d’un prof peut en contenir, apprendre à chercher, trier, choisir, échanger, dialoguer est moins dérisoire et plus formateur que tenter de glaner quelques savoirs scolaires en prêtant l’oreille pendant la « leçon » du maitre. Y a-t-il, existe-t-il, un autre mode d’#éducation collective que le modèle monarchique compétitif ? Peu de Français, enseignants ou parents d’élèves, tous enfants de la république, en connaissent ou en imaginent un autre. En parcourant leur #scolarité sur la route du « chacun pour soi et que le meilleur gagne », les petits Français ont peu de chances d’approcher l’idéal républicain « Liberté, Egalité, Fraternité ». Ils s’en éloignent. Laisser à l’élève le #choix du chemin et des moyens pour acquérir la connaissance au programme serait pourtant la première marche de l’éducation républicaine et la première des libertés, en application de la Convention internationale des Droits de l’enfant et de la Charte des Droits de l’homme.

    #école

  • L’#école traditionnelle : pourquoi faut-il qu’elle change et en quoi ?
    http://charmeux.fr/blog/index.php?2015/10/16/275-ce-qu-il-faut-vraiment-changer-dans-l-ecole

    Survivre, c’est durer. Vivre, c’est changer.
    Qu’était cette école disparue ? L’école française fonctionne depuis toujours sous le régime du statu quo et de l’homéostasie.
    Les notes, les bons points, les moyennes, les classements, les devoirs à la maison, les interrogations, la leçon magistrale frontale suivie de l’exercice d’application noté, les dictées, l’erreur impardonnable renommée « faute », le faire-semblant, les mécanismes des méthodes de « lecture » au son (à l’unité de langue atomisée) qui font déchiffrer phonologiquement, la journée de classe centrée sur la transmission du « programme » par enseignement magistral, non sur l’#apprentissage et les besoins de l’élève, la recherche fébrile de l’homogénéité et de l’uniformité avec exclusion des différences et de la diversité, le culte du bon élève et le mépris du « mauvais », toutes ces obsessions, tous ces rituels qui se perpétuent, immuables, de siècle en siècle, c’est l’école traditionnelle. L’éternel recommencement.

    Cette école est bien présente, toujours actuelle. C’est celle de la #compétition, déconnectée du réel et de la souffrance sociale, « profitant essentiellement aux dominants en éliminant les faibles ». Les ministres se suivent, les réformes passent, l’école républicaine maintient son cap, sélectionner les élites, et sa stratégie, trier et éliminer les incapables. Dès le CP, on y prépare les concours aux grandes écoles, on bachote.
    Des enseignants sans formation professionnelle, sortis gagnants de la #sélection scolaire, homologuent, sans indulgence et sans compromis, des savoirs appris ailleurs et valorisent par des renforcements positifs ceux qui les détiennent. On récompense ceux qui savaient avant d’entrer dans la classe, on humilie les naïfs ignorants qui croyaient venir s’instruire dans un lieu d’apprentissage. Les enfants de milieux culturellement pauvres, les enfants du peuple, n’ont que leur ignorance (au sens scolaire) à faire valider par le système d’#évaluation traditionnel, avec notes et commentaires moralisants, qui les culpabilise à vie, comme les sermons des clercs culpabilisèrent la misère jusqu’au milieu du XXe siècle, avant l’instauration de la Sécurité sociale.

    La société s’est démocratisée, pas l’école. Appareil de reproduction sociale, juge-arbitre « impartial », elle confirme les #inégalités d’origine ou de classe et renforce les injustices de l’existence. Pour la grande satisfaction des nantis qui déplorent hypocritement « la panne de l’ascenseur social ».
    Pour expliquer « l’échec scolaire », en le justifiant par des facteurs étrangers à l’enseignement sélectif, l’école traditionnelle, jusqu’ici musée des méthodes, s’est convertie en temple des légendes. La #légende du mérite, la légende du travail récompensé, la légende de l’ascenseur social, la légende du par-cœur, la légende de la globale, la légende du code de correspondance, la légende de la dyslexie. Les gardiens du temple, mythologues mythomanes modernes, y ont ajouté le #mythe des troubles du langage et des apprentissages, le mythe des troubles du comportement, le mythe du pédagogisme, le mythe de l’âge d’or. C’est le culte de ce dernier qui compte le plus de prêtres et de fidèles au sein des classes favorisées. Pour le célébrer, il faut impérativement avoir « réussi » à l’école. En effet, ce mythe coïncide avec la période, variant en fonction de l’âge de chacun, où ses croyants sortirent de leur parcours scolaire primaire, couronnés de lauriers. Parce qu’ils ne s’étaient pas retournés en faisant la course en tête, ils n’ont pas vu tomber, derrière eux, la masse des éclopés, abandonnés sur le bord du chemin. Bref, l’école traditionnelle serait un paradis si elle n’était pas pervertie (n’avait pas été détruite) par les machinations du diable.
    Aujourd’hui, la #médecine de la réparation scolaire et la #psychologie du neurone écolier ennoblissent le tableau clinique des troubles « spécifiques » en y collant l’étiquette « DYS ». Elles s’attachent ainsi une clientèle captive en lui assurant une « prise en charge » coûteuse mais remboursée. Ce faisant, elles adressent aux enseignants un feed-back négatif : « Ne changez rien ! Les pathologies sont de notre ressort. » Médicaliser dispense de questionner les pratiques et les théories. Ainsi, les professeurs peuvent continuer à noter leur classe en trois tiers (l’école à trois vitesses), pour tracer une courbe de Gauss parfaite, la « constante macabre », que la médecine ne sait pas soigner, ni diagnostiquer.[1] Pour expliquer le désastre en innocentant l’école, les experts ont donc le choix contradictoire entre la maladie scolaire infantile locale, définie avec une précision chirurgicale, et le mystérieux complot « pédagogiste » national, indéfinissable. Mais ce n’est surement pas l’école de la compétition qui est à l’origine de l’échec des perdants. C’est impensable.

    [1] « Dans notre système éducatif, un professeur qui donne de trop bonnes notes est immédiatement jugé comme un fumiste. La constante macabre, c’est quand, quel que soit le niveau des élèves, il y a toujours un tiers de très bons élèves, un tiers de moyens, et un dernier tiers de mauvais élèves. Et je constate que les élèves défavorisés sont souvent dans le dernier tiers. Il y a trop d’enfants qui sont en échec de façon artificielle. » André Antibi

  • Mais oui, l’#interdisciplinarité est une chance ! #éducation #collège
    http://charmeux.fr/blog/index.php?2015/05/04/264-mais-oui-l-interdisciplinarite-est-une-chance

    Car, même si l’on peut regretter une terminologie discutable (qui reprend l’opposition éculée et obsolète entre « théorie » et « pratique » et laisse supposer qu’on ne s’ « entraine » pas ailleurs), le principe de consacrer une partie du temps scolaire à des activités interdisciplinaires me semble particulièrement important : cela permet, en effet, de référer les approches disciplinaires aux objets qui, tout à la fois, les réunissent et les spécifient. Car, contrairement à ce qu’une conception fâcheuse de l’interdisciplinarité laisse parfois entendre, les disciplines ne s’effacent pas quand on les met en œuvre sur un projet commun. Tout au contraire, le projet met en relief leur apport respectif et facilite leur appréhension réciproque : quand un professeur d’histoire, un professeur de mathématiques et un professeur de technologie font construire ensemble la maquette d’une ville romaine, ils sont amenés à expliciter, mieux encore que dans leur cours, ce dont ils sont porteurs et ce en quoi les connaissances de leur discipline font sens, sans rien renier de leur rigueur… et même, plus précisément, parce qu’elles ne renient rien de leur rigueur !

  • Elève chercheur, enseignant médiateur
    http://charmeux.fr/blog/index.php?2013/05/01/218-eleve-chercheur-enseignant-mediateur

    Quand on aide, comme c’est mon cas, des étudiants à préparer un concours qui leur permettra d’enseigner, on est extrêmement inquiet de voir à quel point est ancrée dans les têtes l’idée qu’il suffit d’expliquer aux élèves ce qu’ils ont à apprendre pour qu’ils l’acquièrent, étant bien entendu que si cela ne fonctionne pas, ce ne peut être que mauvaise volonté de leur part et manque de motivation.
    Le livre de Britt-Mary Barth est tout entier au service de la démolition de cette idée, au profit d’une définition précise, argumentée et illustrée de ce qu’il convient de faire pour que les élèves apprennent. Sa réponse à l’interprétation habituelle de l’échec scolaire désarme le raisonnement connu : « J’ai fini par me demander si ce qu’on appelle motivation ne pouvait pas être vu comme la conséquence d’un apprentissage réussi, plutôt que comme une condition préalable ». Et elle ajoute : « construire la motivation au fil d’expériences qui permettraient aux élèves d’avoir confiance dans leurs capacités d’apprendre. »

    • Le summum de l’antipédagogie se trouve dans l’enseignement supérieur, avec ses légendaires enseignants-chercheurs qui passent sans transition du labo aux monologues dans les amphis, ou dans les classes prépa, une sorte de Koh Lanta pour les intellos. Résidu de l’élitisme républicain instituant la motivation comme condition préalable.

      Il s’agira d’ailleurs d’être honnête. L’enseignement élitiste n’est pas en fait une discipline visant à partager du savoir, mais à opérer une sélection sociale pour faire vivre une hiérarchie sur la seule base du potentiel intellectuel.
      Faire bouffer la théorie de la mécanique quantique à un étudiant qui sort de chez ses parents, c’est un peu comme vouloir apprendre l’anglais à un enfant qui ne sait pas encore bien lire en lui foutant entre les mains un pavé de Shakespeare, à traduire par ses propres moyens. C’est sûr ça opère la sélection, mais en terme de transmission du savoir, le rendement est catastrophique...