/08

  • Alerte sur les services de soins critiques pour les nouveau-nés
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/09/alerte-sur-les-services-de-soins-critiques-pour-les-nouveau-nes_6193220_3224

    Selon un audit réalisé par la Société française de néonatologie, près de la moitié des services de soins intensifs et de réanimation qui accueillent les nouveau-nés malades ou très vulnérables font état de taux d’occupation supérieurs à 95 %.

    Ce qui s’appelle un hôpital bien géré !

  • Nicolas Sarkozy renvoyé devant les juges au terme de dix ans d’enquête sur les soupçons de financement libyen (25/08/2023)

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/25/nicolas-sarkozy-renvoye-devant-les-juges-au-terme-de-dix-ans-d-enquete-sur-l

    L’ex-président de la République devra répondre devant le tribunal correctionnel de « recel de détournement de fonds publics », de « corruption passive », de « financement illégal de campagne électorale » et d’« association de malfaiteurs ».

  • Un nombre inédit d’enfants à la rue à la veille de la rentrée scolaire
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/30/un-nombre-record-d-enfants-a-la-rue-a-la-veille-de-la-rentree-scolaire_61870

    Ce nombre augmente : 1 990 enfants à la rue, c’est plus que le double du nombre constaté le 31 janvier 2022, c’est aussi 17 % de plus que le 22 août 2022 et, surtout, 56 % de plus que le 30 janvier 2023, à une période où le gouvernement avait porté le dispositif d’#hébergement_d’urgence à un niveau jamais atteint par le passé, avec 205 000 places au total. Le nombre de femmes seules à la rue avec des enfants est aussi en forte hausse, de 46 % en un an. « Et encore, il s’agit d’estimations minim[ales], qui ne prennent en compte ni les #mineurs_isolés ni les familles qui ne parviennent pas à joindre le 115, ou n’essaient même plus, découragées par les refus », souligne le président de la FAS, Pascal Brice.
    Sur le terrain, le constat est encore plus sombre. Dans la métropole lyonnaise, le collectif d’enseignants et de parents d’élèves Jamais sans toit, mobilisé en faveur des #enfants_sans_abri, est confronté à une situation inédite depuis sa création, en 2014. « Les familles mises à l’abri l’hiver ne le restent plus systématiquement aux beaux jours, bien que la loi prévoie la continuité de l’hébergement d’urgence. 80 familles ont, par exemple, été remises à la rue le 7 août, avec des enfants âgés de seulement 3 ans, explique Raphaël Vulliez, membre fondateur de Jamais sans toit. Au total, on a recensé 395 enfants sans toit dans la métropole, soit trois fois plus que l’été précédent. Il y a des nourrissons, des #familles avec des problèmes de santé assez graves, et aussi des #femmes enceintes. »

    Parcours du combattant

    Une vingtaine de ménages ont commencé à la fin de juin l’#occupation du gymnase Bellecombe, à Lyon, pensant être rapidement mises à l’abri. Presque toutes restent sans solution, à moins d’une semaine de la rentrée des classes. Des collectifs similaires à Jamais sans toit se sont constitués ou renforcés dans une quinzaine d’autres villes : Paris, Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Nantes, Rennes, Grenoble, Saint-Etienne, mais aussi Le Havre, Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Fougères (Ille-et-Vilaine), Tours, ou encore Argenteuil (Val-d’Oise), Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) et Pantin (Seine-Saint-Denis). Certains ont hébergé les familles sans abri au sein d’écoles ou chez des particuliers, ou organisé des collectes pour financer des nuits d’hôtel.

    #enfants_à_la_rue

  • La création d’un diplôme universitaire de sociologie réservé aux policiers suscite un engouement inattendu
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/29/la-creation-d-un-diplome-universitaire-de-sociologie-reserve-aux-policiers-s

    Pour moi, c’est la bonne voie. Il faut embaucher dans la police :
    – des sociologues
    – des formateurs
    – des psychologues
    C’est comme cela que nous pourrons reconstruire une police démocratique, au service du public et non à son propre service, responsable devant la société et la justice et non une fraction qui se sent suffisamment forte pour refuser les lois communes (cf. les revendications de corps exceptionnel de l’été 2023).
    Oui, il faut embaucher pour reconstruire, et faire entrer en masse de nouveaux métiers dans la police.

    Deux cents candidatures ont afflué à l’annonce de cette formation. Un succès sur lequel l’institution espère capitaliser en élargissant son enseignement, alors que la question des relations entre police et population est devenue centrale.

    #Police #Sociologie

    • Oui, bien sûr.
      Mais au delà de cet exemple d’une formation des policiers adaptée à la réalilté, même si elle est biaisée, cela me semble aller dans le bon chemin.
      Mettez des tas de psychologues, même avec des idées réactionnaires, tant pis pour eux et elles, dans la police, et cela ira mieux. Mieux pour les policiers, et s’ils vont mieux, cela ira mieux pour les populations qui ne seront plus vécues par la police comme des « ennemis ».
      Mais cela ne se fera pas en un jour, les sanctions sont l’autre arme nécessaire pour un véritable gouvernement démocratique... mais elles ne suffiront pas non plus seules.

  • Préfet du Val-d’Oise sur X
    https://twitter.com/Prefet95/status/1694364181846229277

    #DroitsEtDevoirs | Expulsion de son logement social d’un émeutier ayant participé aux violences urbaines de juin dernier.

    Le 30 juin 2023, cet émeutier a été interpellé après avoir pillé le magasin d’un opticien à Deuil-la-Barre.

    Placé en détention provisoire, il a été condamné par le Tribunal Judiciaire de Pontoise à 12 mois d’emprisonnement.

    Ce jour, après avoir délivré le concours de la force publique,
    @prefet95 a fait procéder à l’expulsion locative de l’ensemble des occupants du logement social où il résidait.

    #émeutes #prison #préfecture #expulsion #logement_social

    • L’expulsion de son logement d’un jeune condamné et de sa famille suscite l’incompréhension | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/france/240823/l-expulsion-de-son-logement-d-un-jeune-condamne-et-de-sa-famille-suscite-l

      La préfecture du Val-d’Oise a annoncé l’expulsion d’une famille d’un logement social de Deuil-la-Barre, après la condamnation d’un des enfants pour pillage lors des révoltes urbaines liées à la mort de Nahel. Une décision aux airs de punition collective et qui pourrait constituer un dangereux précédent.

      https://jpst.it/3l-oU

    • Une peine à effectuer à domicile sous bracelet électronique pour certains ou en détention pour d’autres. On ne sait pas sous quel régime le membre de cette famille devait effectuer sa peine. Et vingt-quatre heures après la révélation des faits, le manque d’information est criant dans cette histoire : ni la préfecture ni la mairie n’ont répondu aux questions de Mediapart. Comme s’il s’agissait avant tout d’envoyer un message, au prix d’une communication brutale (...)

      Le préfet du Val-d’Oise, Philippe Court, a annoncé jeudi avoir engagé vingt-neuf procédures d’expulsion locative pour des faits de délinquance liés au trafic de stupéfiants, aux rodéos mais aussi, donc à des « émeutes ». L’expulsion locative de mercredi serait donc loin d’être la dernière.
      Selon le préfet, elle s’est faite « en application d’un jugement antérieur » : « La finalité de cette expulsion est liée au fait que cette personne a pillé un magasin. Il s’avère par ailleurs, dans ce cas, qu’il y avait déjà un autre motif d’expulsion donc pour gagner du temps, on a exécuté un jugement d’expulsion préexistant », a précisé Philippe Court.
      Est-ce à dire que même sans autre motif, des expulsions seront également possibles ?
      [...]
      Ces décisions d’expulsion s’appuient sur un article de loi de 1989 stipulant entre autres que le locataire est obligé de « payer le loyer et les charges » et « d’user paisiblement des locaux loués ». « Le propriétaire peut demander l’expulsion des locataires et des occupants à compter du moment où il y a un défaut de paiement ou un trouble de jouissance, confirme Mireille Damiano, ancienne présidente nationale du Syndicat des avocats de France (SAF) et représentante du syndicat à Nice. C’est là-dessus que les autorités s’appuient même si on peut questionner la proportionnalité de ces décisions. »
      Car le lien semble cette fois très éloigné entre le délit commis et un trouble causé dans la zone d’habitation : « Le deal est une vraie nuisance pour le voisinage, même si on peut interroger l’efficacité d’expulser pour finalement déplacer le problème ailleurs. Mais, dans le cas de l’expulsion de la famille de Deuil-la-Barre, la condamnation est liée à un événement ponctuel - la participation à une émeute - qui n’est pas une nuisance régulière dans la résidence. Et donc, ça pose question »

      une forme de #punition_collective défendue par diverses mairies P"C"F dès les années 80

      #loisifiradormirailleurs

  • De plus en plus d’Ehpad au bord de l’asphyxie financière, entre crise de confiance et hausse des coûts
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/21/de-plus-en-plus-d-ehpad-au-bord-de-l-asphyxie-entre-crise-de-confiance-et-ha

    Partout en France, des établissements accueillant des personnes âgées ne parviennent plus à boucler leur budget, et certains sont contraints de fermer, comme à Lanobre, dans le Cantal. Les maires déplorent le manque de soutien de l’Etat.

    https://justpaste.it/dcu5y

    • Il y a plein de choses qui me hérissent dans cet article parce qu’on y reprend sans aucune retenue le point de vue managérial des chefs d’établissement : « l’insuffisante compensation par l’État des fortes revalorisations salariales depuis deux ans » [...] « le recours à l’intérim, pour pallier les difficultés de recrutement, fait exploser les charges salariales. » […]

      De même qu’on devrait s’abstenir de relayer ce type d’informations : « 48 % des établissements en France – comptait, en décembre 2022, 85 % d’Ehpad en déficit. »

      Il n’en reste pas moins que l’article confirme les symptômes d’une crise déjà identifiée du modèle des Ehpad. Une crise prenant de plus en plus d’ampleur et qui ne tient pas seulement au « mode de financement », tel qu’évoqué à la fin de l’article.

      La façon dont doit être organisée le solidarité générationnelle concerne a priori tout le monde. Ce n’est rien d’autre qu’un choix politique, dépassant largement les questions des choix gestionnaires de volume de dotations et de compensations budgétaires de l’État.

      Il n’en reste pas moins que des fortunes existent et ne servent à rien d’autre qu’à accumuler toujours plus de valeur. La question politique immédiate serait donc de savoir si l’on veut que ces ressources existantes soient réorientées (de force) vers les besoins réels de la société, notamment pour ce qui devrait permettre aux vieux et aux vielles de mieux terminer leur existence.

    • la menace des gestionnaires en déficit d’un transfert vers des H.P où il n’y a pas de lits ne tient pas.

      La France doit se préparer au défi du grand âge
      ÉDITORIAL, 12 août 2022
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/08/12/la-france-doit-se-preparer-au-defi-du-grand-age_6137857_3232.html

      Alors que les 85 ans et plus vont croître de près de 90 % entre 2030 et 2050, la gériatrie reste le parent pauvre d’un système hospitalier déjà à bout de souffle et le maintien des personnes âgées chez elles réclame toujours une vraie politique nationale de prévention de la perte d’autonomie.

      Grand âge : « La certitude du réchauffement climatique n’a d’égale que l’inéluctabilité du vieillissement de la population »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/20/grand-age-la-certitude-du-rechauffement-climatique-n-a-d-egale-que-l-ineluct

      Responsable du cercle de réflexion Matières grises
      Le gouvernement ne semble pas avoir pris la mesure du défi que représente l’explosion à venir du nombre de personnes âgées de plus de 75 ans, estime Luc Broussy, responsable du cercle de réflexion Matières grises, dans une tribune au « Monde ». Il prône des investissements massifs.

      Grand âge : « Il faut mettre l’héritage au service d’une politique publique ambitieuse »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/21/grand-age-il-faut-mettre-l-heritage-au-service-d-une-politique-publique-ambi

      Face à l’augmentation drastique du nombre de personnes dépendantes et des besoins de financement afférents, une solution solidaire et équitable consisterait à créer un prélèvement additionnel sur les plus gros patrimoines, proposent la professeure Lucie Castets et l’adjoint à la maire de Paris Antoine Guillou dans une tribune au « Monde »

      j’ai déniché les deux derniers articles là https://justpaste.it/2irhn

      #vieux #or_gris #Ehpad #ARS #CCAS #maltraitance #salaire #démissions #dépendance #fiscalité #maintien_à_domicile

    • Face au marasme financier des Ehpad, une réponse de l’Etat jugée non structurante
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/21/face-au-marasme-financier-des-ehpad-une-reponse-de-l-etat-jugee-non-structur

      La solution qui consisterait à augmenter le prix des séjours en Ehpad public ou associatif est envisagée par les acteurs du secteur. Mais 76 % des résidents ont des revenus inférieurs au tarif moyen des établissements (...)

      https://justpaste.it/bph8t

    • il reste donc la solution de légaliser l’euthanasie et d’ouvrir le marché à une startup innovante de la silver économie financée par la BPI :-)

      ça serait étonnant que Macron n’ait pas quelques amis déjà sur les starting-blocks, non ?

  • Harcèlement scolaire : durcissement du régime des sanctions, notamment à l’école primaire
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/19/harcelement-scolaire-le-regime-de-sanctions-durci-notamment-a-l-ecole-primai

    Harcèlement scolaire : durcissement du régime des sanctions, notamment à l’école primaire

    Un élève harceleur pourra, comme cela avait été annoncé en avril, être changé d’école, y compris sans l’aval de ses parents, selon un décret paru mercredi. Les représentants des parents et des enseignants invitent à accentuer en parallèle la prévention et l’accompagnement des élèves.

    Par Eléa Pommiers

    Les élèves de primaire auteurs de harcèlement pourront désormais être changés d’école, y compris sans l’aval de leurs parents. Un décret paru mercredi 16 août vient entériner cette mesure annoncée par l’ancien ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, au mois d’avril. [...]

    https://jpst.it/3lzLV

    Voilà qui semble ignorer la dimension sociale et collective du problème ; comme s’il s’agissait toujours, comme on aime à le montrer à la TV, d’un seul type de relation toxique, obéissant à un même modèle « psychologique » évanescent, dans lequel n’interviennent que deux personnes ; un·e harceleur·e et un·e harcelé·e.
    Réponse facile où il suffit de déplacer « le problème » pour ne plus le voir.

  • Aux urgences, « la situation est plus grave que l’été dernier » pour SAMU-Urgences de France
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/15/aux-urgences-la-situation-est-plus-grave-que-l-ete-dernier-pour-samu-urgence

    Le président du syndicat français de médecine d’urgence, Marc Noizet, s’est inquiété du déplacement nécessaire de certaines interventions légères sur les parkings, ou de la fermeture temporaire de services qui traitent des urgences vitales dans certains hôpitaux.

    Le Monde avec AFP


    Le ministre de la santé, Aurélien Rousseau, visite le centre de réception et de régulation des appels du SAMU à Toulouse, le 14 août 2023. VALENTINE CHAPUIS / AFP

    Aux urgences, « la situation est plus grave que l’été dernier » en France, a estimé mardi 15 août Marc Noizet, président de SAMU-Urgences de France, soulignant que tous les départements sont touchés, mais aussi des zones touristiques en pleine saison.

    « La situation est plus grave que l’été dernier, parce qu’elle touche dorénavant tous les départements de France, des gros services et des petits services. L’été dernier, on avait des zones rouges », a déclaré sur Europe 1 celui qui est également chef du service des urgences du groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud Alsace.

    Pour Marc Noizet, « la nouveauté est que des zones extrêmement touristiques (…) sont aujourd’hui en très, très grande précarité », citant Les Sables-d’Olonne, en Vendée, ou Arcachon, en Gironde, « où ils ont été obligés de mettre en place sur le parking devant l’hôpital une structure où les médecins font de la petite traumatologie pour alléger les urgences », ou encore Saint-Tropez, dans le Var, « qui a failli fermer son service d’urgences ».

    « Plus pernicieux », selon lui, « on ferme des SMUR [service mobile d’urgence et de réanimation] parfois pour une nuit ou un week-end » ; il s’agit des ambulances pourvues de médecins qui se déplacent à domicile ou sur la voie publique. « Par exemple, autour d’Angers, ce week-end prolongé, avec le pont du 15 août, sept SMUR sont fermés, or ça touche l’urgence vitale », a-t-il ajouté.

    Chef du SMUR des Hauts-de-Seine, Gilles Jourdain a aussi « lancé l’alerte » dans Le Parisien mardi après-midi, affirmant notamment que son équipe a dû transférer un nourrisson de deux mois dimanche à Rouen, faute de lits en réanimation pédiatrique en Île-de-France. « Sa bronchiolite s’aggravait, le petit garçon avait besoin d’être admis en réanimation. Les équipes ont fait trois fois le tour des places disponibles dans les cinq services d’Île-de-France ayant les compétences nécessaires pour ce type de soins. Rien, zéro lit », a-t-il raconté.

    « Tous les renforts qu’on a pu mobiliser l’ont été »

    Pour le docteur Jourdain : « Les tensions en personnels soignants sont si fortes que la situation dégradée de l’hiver perdure et se refait sentir dès l’été. Les autorités semblent incapables d’apporter une solution. » Aux urgences, comme ailleurs à l’hôpital, « tous les renforts qu’on a pu mobiliser l’ont été », et « la régulation de la rémunération des intérimaires a fait beaucoup de mal, même si c’était un mal nécessaire », a affirmé le président de SAMU-Urgences de France à la radio.

    Quant aux assistants de régulation médicale (ARM), premiers à décrocher les appels au SAMU, et en grève dans plus des deux tiers des « centres 15 » départementaux, « ils sont mal rémunérés, ont des problématiques d’avancement dans leur carrière et d’adéquation de leur nombre au flux », a-t-il exposé. « Il y a une vraie problématique, le ministre le reconnaît, maintenant il faudrait que les choses avancent », a lancé Marc Noizet.

    En visite lundi au SAMU de Toulouse, le ministre de la santé, Aurélien Rousseau, a déclaré qu’« une partie » des revendications des ARM grévistes étaient « légitimes » et qu’il comptait « y travailler dans les toutes prochaines semaines ».

    Le Monde avec AFP

    #santé #SAMU #ARM #SMUR

    • Fermé la nuit, Christophe Prudhomme, Médecin au Samu 93
      https://blogs.mediapart.fr/christophe-prudhomme/blog/150823/ferme-la-nuit

      L’été dernier le précédent ministre de la Santé, F. Braun, avait dans un premier temps nié la fermeture de services d’urgences puis avait parlé de mesures exceptionnelles en instaurant l’appel préalable au centres 15 pour pouvoir avoir accès aux #urgences.

      Dans une situation de tension majeure, sans état d’âme, il a appliqué de manière brutale la régulation de l’intérim médical sans prendre de mesures de compensation afin d’éviter des situations de rupture dans les #hôpitaux déjà fragilisé par le manque de médecins titulaires obligeant à un recours massif aux intérimaires.

      Cette année, la situation est encore plus dégradée et il n’est plus possible de poursuivre le discours de déni sur l’absence de fermeture de très nombreux services certaines nuits, pour quelques jours, voire plus, et ce qui est encore plus grave dans les zones touristiques où la fréquentation augmente fortement pendant les vacances.

      Un nouveau ministre a été nommé et il reconnaît enfin les difficultés.
      Cependant, après ses premières déclarations lors de sa prise de fonction, il a disparu des radars sans aucune prise de décision pour essayer de répondre aux alertes multiples, notamment dans le secteur de la #psychiatrie confronté à une fermeture massive de lits par manque de personnel [situation qui aggraver une politique de fermeture de lits poursuive depuis 40 ans, ndc].

      Mais visiblement, le ministre ne restait pas inactif auprès de ses services car une dépêche nous apprend voici quelques jours que des projets de décrets sont en cours de finalisation pour acter définitivement une organisation dégradée des services d’urgences sur l’ensemble du territoire.
      Il s’agit de valider la création d’antennes de médecine d’urgence qui ne seront plus ouvertes 24 h sur 24. Pour être plus clair, elles seront en fait fermées la nuit.

      Cette réorganisation est un non-sens en termes de #santé_publique car le propre des urgences est qu’elles ne sont pas programmables et faire reposer la nuit la prise en charge des patients uniquement par les SMUR est une aberration.
      D’une part, ces unités du SAMU fonctionnent également dans de nombreux départements en mode dégradé avec de nombreuses unités qui ferment de manière brutale par manque de médecins, comme cela a été le cas récemment en Mayenne ou en Vendée, ou qui sont remplacés par des équipes infirmières.

      Tous les urgentistes savent que dans de nombreux cas, un retard de prise en charge peut avoir des conséquences catastrophiques.
      Cela va être le cas avec la mise ne place de cette organisation, ce qui se traduira statistiquement par une augmentation de ce qu’on appelle pudiquement des « morts évitables »

      Cette politique est meurtrière et est inacceptable.
      En effet, comment expliquer que les plages d’ouverture des commerces, notamment alimentaires, ne cessent de s’élargir, ce qui les rendra bientôt plus accessibles que des services essentiels comme les services d’urgence.
      L’explication me paraît évidente quand on examine les choix idéologiques d’E. Macron : ce qui prime c’est le marché et non les services publics essentiels. En résumé, c’est le choix de l’argent contre la vie. Il est urgent de se lever pour refuser ce choix de société mortifère.

      le salaire d’infirmière a beau être faible, on préfère raquer celui de caissière ou vendeuse, bien inférieur.
      #prolétarisation

  • Incendie d’un gîte à Wintzenheim : une enquête ouverte par les affaires sociales
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/14/incendie-d-un-gite-a-wintzenheim-une-enquete-ouverte-par-les-affaires-social

    Une enquête administrative de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) a été ouverte à la suite de l’incendie à l’origine de la mort de onze personnes à Wintzenheim (Haut-Rhin), a annoncé lundi 14 août la ministre déléguée chargée des personnes handicapées. « Avec la ministre des solidarités et des familles, Aurore Bergé, nous avons décidé de lancer (…) une enquête administrative, confiée à l’IGAS » à la suite de l’incendie du gîte où ont péri mercredi dix personnes en situation de handicap et un accompagnant, a annoncé Fadila Khattabi dans une interview aux quotidiens régionaux du groupe Ebra. « Nous attendons les premiers résultats assez rapidement, début septembre », a-t-elle ajouté, précisant qu’ils seront publics.

    Cette enquête administrative a été lancée en parallèle d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris pour « homicides et blessures involontaires » « aggravées par la violation d’une obligation de sécurité ou de prudence prévue par la loi ou le règlement ».

    Selon la mairie de Wintzenheim, le gîte, une grange rénovée, n’avait pas été déclaré par sa propriétaire. La commission de sécurité n’avait pas non plus été sollicitée, selon le parquet de Colmar.

    [...]
    Questionnée sur l’importance de légiférer après ce drame, la ministre a jugé que l’arsenal législatif en matière de sécurité incendie était suffisant. « Il s’agit de savoir s’il y a eu des manquements, des fautes, sur le plan administratif », a également déclaré la ministre des solidarités et des familles, Aurore Bergé, dans Le Parisien lundi.

    « Je souhaite aussi que l’on puisse lancer une mission plus générale sur la question des #vacances_adaptées pour nous permettre de poser des règles plus claires, plus strictes, sur les normes imposées, le public concerné, le taux d’encadrement ou encore les tarifs », en plus de cette « mission flash » de l’IGAS, a ajouté la ministre.
    Elle a annoncé des « moyens de contrôle accrus à la fois dans les #Ehpad et dans les structures qui accueillent des personnes en situation de #handicap » en septembre, et rappelé qu’une augmentation des effectifs serait prévue à la rentrée, « avec deux cents personnes en tout ». (...)

    scandale. suite à ces décès aussi groupés qu’évitables, de nombreux témoignages ont pointé les conditions de sécurité de profitables lieux de vacance mais aussi l’organisation même de tels #séjours qui sous couvert de bénéficier aux handicapé.es - « porteurs de handicap » si on emploie le vocable supposé désessentialisant, une bonne action, verbale, qui ne solutionne pas grand chose - sont l’occasion de pallier un manque de personnel dans les institutions qui les hébergent à l’année aggravé par les congés annuels et de laisser souffler les « aidants », ces proches exténués par un accompagnement quotidien à l’année longue, tout en étant une source de profit. il a été question ici de séjour à 2000€ la semaine, et de salariés précaires payés 600€ la semaine alors que la responsabilité n’est pas mince et que le temps d’astreinte de droit ou de fait excède largement la durée du travail (on dort avec des rondes à effectuer, par exemple), sans compter l’inanité des activités proposées (ou pas), faute de moyens, de volonté, aux « bénéficiaires », une infantilisation des vacanciers qui débouche sur conduites plus ou moins dégueuelasses à leur encontre dans un cynisme paré de bienveillance. là aussi, la structuration même de l’activité engendre diverses maltraitances.

    @Chabelitza
    https://twitter.com/Chabelitza/status/1689582813526282240

    Les politiques qui se cachent derrière le droit aux vacances des personnes handicapées pour ne pas questionner les défaillances des séjours adaptés (pas de formation des encadrants ni de l’assistant sanitaire, lieux pas forcément aux normes...), on vous voit

    #vacances #soin #handicapés

    • Nono le ronchon² @MrKeatingreboot
      https://twitter.com/MrKeatingreboot/status/1689929570009399297

      J’ai accompagné des personnes handiEs moteur en vacances pour une asso gestionnaires. On partait en petits groupes : 2 ou 3 accompagnateurices pour autant de vacanciers. Sur nos lieux de séjours adaptés, on croisait des grands groupes d’adelphes handiEs mentaux : je vous raconte 🧶

      Déjà on était censéEs être en vacances inclusives, comme tout le monde. Mais comme peu de lieux sont réellement accessibles ("les chambres oui mais pas la douche", « le resto oui mais pas les chiottes »), beaucoup d’handiEs se retrouvent dans les mêmes campings ou hôtels.

      Lors d’un séjour à Laguiole, un groupe de 21 personnes handicapées mentales séjournaient avec nous. Il n’y avait que 3 accompagnateurices & une responsable de séjour.
      Pour réduire les frais, ils n’avaient qu’un seul mini-bus avec 7 places pour les sorties.

      Les vacancierEs handiEs ne pouvaient sortir donc qu’un jour sur trois. Sympa les vacances : vous connaissez une seule personne valide qui accepterait de raquer un séjour à 4 chiffres pour ne profiter que d’1/3 de ses jours de vacances ? Non, mais dans ce pays, si t’es handiE balèk !

      « C’est déjà une chance de partir en vacances, de quitter un peu le foyer » alors qu’en fait iels retrouvent à peu près le même fonctionnement que dans leurs #FAM où la principale activité est KEUDALE. On peut ne rien faire en vacances (mon mood) mais si on le choisit !

      Parmi les personnes de ce groupe, il y en avait une qui pleurait tous les jours en demandant ses parents. Elle restait prostrée dans les couloirs. Au début, les accompagnantEs essayaient de la rassurer mais elle restait inconsolable. Finalement « Laisse c’est X elle est comme ça. »

      Quand tu es peu nombreux pour encadrer un groupe, c’est souvent ce qu’on observe : larguer celleux qui ne sont pas « dans l’esprit vacances ». Une accompagnatrice nous a glissé que cette personne ne voulait pas partir en vacances, qu’elle est très angoissée des changements.

      Elle allait d’habitude en famille en vacances mais ses parents avaient « besoin de souffler » (ils deviennent âgés). Au bénéfice de #parents pas non plus aidés par notre système validiste quelq’une a été envoyée en vacances sans son consentement. Vacances éthiques & solidaires (non)

      Faut être dans une société sacrément moisie pour faire croire qu’envoyer dans des vacances de merde des personnes handicapées au prix d’une voiture d’occasion pour les parents ou les personnes elles-mêmes (j’y reviens) est ce qu’on peut proposer de mieux en terme de répit.

      Pour parler avec pas mal de personnes en foyers, beaucoup d’entre elles préfèrent les vacances en famille, quand elle tient la route parce que le #validisme c’est partout tout le temps. Sauf que « les familles ont besoin de souffler » & les enfermées sont incitées à ne pas gêner

      Jamais n’est abordé le fait que les intérêts des personnes handicapées et des familles ne sont pas toujours les mêmes.
      Ça pourrait permettre de répondre aux besoins de chacunE au lieu de cacher les besoins des unEs par ceux des autres. Mais on est validistes donc inefficaces !

      Un truc auquel personne ne pense car, en dehors des militantEs antivalidistes, aucun intérêt aux foyers de vie pour personnes handicapées : l’été les personnels de ces structures partent en vacances (choisies et avec leurs familles). Il y a moins d’educ’, de soignantEs etc.

      Du coup, on incite fortement les gens à se payer des vacances pour « soulager » les personnels qui restent. JAMAIS on ne fait les choses pour les personnes handiEs, que pour l’entourage pro et perso. Et tout le monde s’en bat les gonades avec des raquettes de plage !

      Retour au groupe. Comment peut-on croire que le validisme ne s’exerce pas entre personnes handiEs & qu’elles seraient protégées par l’entre-soi ? Aussi bien dans les foyers que sur les lieux de séjours ségrégués, certains vont profiter d’un état psychique ou physique pour exercer

      Violences, intimidation, contraintes etc. Et comme elles s’exercent loin de nos villages vacances et de nos campings paradis, personne n’est là pour les voir ou les dénoncer. Bien pratique la ségrégation pour ne pas affronter l’infamie de la société qu’on a construit.

      Je terminerai sur un truc tout con mais qui me fait pleurer depuis hier. S’imaginer vivre en collectivité toute sa vie (j’aime la solitude), être soumis à des plannings qu’on pas choisi, pratiquer des activités parmi un choix + que restreint, ne pas choisir avec qui on vit,

      bouffer de la merde en barquette plastique 300 jours par an, subir des privations de liberté, des humiliations, des violences, des agressions sexuelles, être foutu au lit à 21h, réveillé à la même heure tous les jours de l’année, se faire piquer ses fringues ou son fric...

      Et l’été, on vous propose de partir en vacances en groupe strictement de personnes handicapées encore, dans des structures collectives encore, avec encore les emmerdements que vous subissez le reste de l’année. La même merde vous colle à la peau toute l’année, toute votre vie !

      C’est ce qui est arrivé à nos adelphes mortEs à #Wintzenheim . Ça a été ça leur non-vie. Je pense à elleux & à toustes celleux qui sont à l’heure où on parle violentéEs, maltraitéEs sur leurs lieux de « vacances » pendant qu’on bronze à l’ombre du club Mickey, peinardEs.

    • Mon commentaire :

      Entendu sur france info, le responsable de la cellule de crise pour la prise en charge des pensionnaires survivants :
      – « On les a accueillit dans la Salle des fêtes de la commune, certains étaient encore en pyjamas, ils étaient surtout contents qu’on leur offre du jus d’orange et des croissants. Ils ont compris qu’ils ne reverraient plus leurs camarades. Ce sont les éducateurs qui ont maintenant le rôle de les aider à comprendre ce qui s’est passé. »

      Je vais éviter de commenter pour ne pas tomber dans leur cynisme.

  • Naufrage de migrants dans la Manche : le parquet de Paris se saisit de l’enquête
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/13/naufrage-de-migrants-dans-la-manche-un-nouveau-drame-lie-aux-small-boats_618

    Naufrage de migrants dans la Manche : le parquet de Paris se saisit de l’enquête
    Une embarcation de fortune avec, à son bord, une soixantaine de personnes qui tentait de rejoindre l’Angleterre a chaviré, samedi, au large des côtes du Pas-de-Calais. Six hommes originaires d’Afghanistan sont morts.
    Par Soren Seelow
    Publié hier à 15h08, modifié à 06h54
    Depuis le verrouillage du port de Calais et du tunnel sous la Manche, en 2018, afin d’empêcher les tentatives de passages de migrants en camion vers le Royaume-Uni, chaque année, ou presque, a connu au moins un naufrage meurtrier de small boat, cette petite embarcation pneumatique dont l’usage a explosé ces dernières années pour les candidats à la traversée du détroit du Pas-de-Calais. Samedi 12 août, à l’aube, c’est un canot gonflable transportant 65 à 66 hommes tentant d’atteindre les côtes anglaises – Afghans dans leur grande majorité, avec quelques Soudanais et des mineurs – qui a chaviré dans les eaux de la Manche, au large de Sangatte (Pas-de-Calais).Six Afghans sont morts, et l’incertitude régnait toujours dimanche quant à la possibilité que des passagers soient toujours portés disparus. « On ne sait pas si on recherche vraiment quelqu’un », a précisé la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, qui avait fait état, la veille, d’un ou deux disparus potentiels, alors que les recherches se poursuivaient dans le détroit. (...)Une soixantaine de rescapés du naufrage ont pu être repêchés en vie : trente-six ont été déposés au port de Calais par les gardes-côtes français, et vingt-deux ou vingt-trois ont été déposés à Douvres par les moyens britanniques, a fait savoir dans un communiqué la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord. Le bateau, un canot gonflable récupéré crevé, sera expertisé, a précisé le parquet de Boulogne-sur-Mer, qui s’est dessaisi de l’enquête, dimanche, au profit de celui de Paris.
    La juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (Junalco) à Paris s’est saisie de cette enquête ouverte pour « homicides et blessures involontaires, aide au séjour irrégulier et association de malfaiteurs », a précisé le parquet de Paris. La Junalco a saisi la police aux frontières, la section de recherche de la gendarmerie maritime et l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants. Depuis mercredi soir, les tentatives de traversées se sont multipliées avec le retour du beau temps. Londres a ainsi recensé, pour la seule journée de jeudi 10 août, 755 arrivées – un record depuis le début de l’année –, et environ un millier de migrants attendent toujours un passage, selon les autorités françaises. D’après un décompte effectué par l’AFP, plus de 100 000 migrants ont traversé la Manche depuis le développement du phénomène des small boats, en 2018, année à partir de laquelle les passages en camion ont été supplantés par les traversées à bord de ces petites embarcations pneumatiques dangereuses et surchargées. En 2022, ces traversées ont pris des proportions inédites, 45 000 personnes ayant traversé le Channel, selon le Home Office britannique, soit 17 000 de plus que l’année précédente. Côté français, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord a recensé 1 304 tentatives de traversée impliquant 51 786 personnes en 2022. Depuis le verrouillage du port de Calais et du tunnel sous la Manche, ce bilan annuel ne cesse de progresser. Et les drames de se multiplier. Pour ne citer que les principaux naufrages récents, sept personnes se sont noyées en octobre 2020, vingt-sept exilés, âgés de 7 à 46 ans, ont perdu la vie en novembre 2021, et au moins cinq en décembre 2022. Selon un communiqué du « groupe décès », qui soutient les proches des exilés morts à la frontière franco-britannique, « au moins 376 personnes » ont perdu la vie depuis 1999, dont onze depuis le début de l’année. Le naufrage de novembre 2021, le plus meurtrier recensé au cours d’une tentative de traversée maritime vers l’Angleterre, fait toujours l’objet d’une instruction judiciaire en France. Des éléments de l’enquête, révélés par Le Monde, ont montré que les secours français appelés à l’aide n’étaient pas intervenus, semblant attendre que leurs homologues britanniques prennent le relais. Paris et Londres sont depuis convenus de renforcer les moyens de sauvetage et leur lutte contre ce trafic migratoire.
    La première ministre, Elisabeth Borne, a adressé ses « pensées » aux victimes sur X (ex-Twitter), saluant « l’engagement » des équipes de secours, tout comme la ministre britannique de l’intérieur, Suella Braverman. Le secrétaire d’Etat à la mer, Hervé Berville, qui s’est rendu sur le port de Calais samedi, a déclaré que la responsabilité de ce drame incombait aux passeurs, « des trafiquants criminels qui envoient jeunes, femmes, adultes à la mort », et s’est engagé à intensifier la lutte contre ces réseaux. La maire de Calais, Natacha Bouchart (Les Républicains, LR), a posé un regard plus politique sur cette tragédie, déplorant un « constat d’échec » de l’exécutif. Sur Franceinfo, le député LR du Pas-de-Calais, Pierre-Henri Dumont, a considéré que « le laxisme migratoire crée des morts dans la Manche » : « Chaque mois qui n’est pas utilisé au Parlement pour travailler sur ce sujet, pour faire du Calaisis une bande où il y aurait une tolérance zéro migrant, permet à des passeurs de faire leur business de la mort », a-t-il déclaré en référence à la loi immigration dont l’examen a été repoussé. Le député a demandé aux autorités britanniques d’ouvrir « une voie de passage sûre », tout en appelant la France à continuer de démanteler les camps, « ces points de fixation où les passeurs peuvent faire leur business de la mort ». Pour un porte-parole de l’association Utopia 56, présente sur le littoral en soutien aux migrants, c’est au contraire « la répression » à cette frontière qui « augmente la dangerosité des traversées », a-t-il déclaré à l’AFP. Un constat partagé par le « groupe décès », qui explique dans son communiqué que « les politiques migratoires et la militarisation accrue poussent les personnes à prendre de plus en plus de risques ».

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#france#traversee#manche#naufrage#mortalite#politiquemigratoire#mortalite#sante#postcovid

  • Naufrage de migrants dans la Manche : le parquet de Paris se saisit de l’enquête
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/13/naufrage-de-migrants-dans-la-manche-un-nouveau-drame-lie-aux-small-boats_618

    Naufrage de migrants dans la Manche : le parquet de Paris se saisit de l’enquête
    Une embarcation de fortune avec, à son bord, une soixantaine de personnes qui tentait de rejoindre l’Angleterre a chaviré, samedi, au large des côtes du Pas-de-Calais. Six hommes originaires d’Afghanistan sont morts.
    Par Soren Seelow
    Publié hier à 15h08, modifié à 06h54
    Depuis le verrouillage du port de Calais et du tunnel sous la Manche, en 2018, afin d’empêcher les tentatives de passages de migrants en camion vers le Royaume-Uni, chaque année, ou presque, a connu au moins un naufrage meurtrier de small boat, cette petite embarcation pneumatique dont l’usage a explosé ces dernières années pour les candidats à la traversée du détroit du Pas-de-Calais. Samedi 12 août, à l’aube, c’est un canot gonflable transportant 65 à 66 hommes tentant d’atteindre les côtes anglaises – Afghans dans leur grande majorité, avec quelques Soudanais et des mineurs – qui a chaviré dans les eaux de la Manche, au large de Sangatte (Pas-de-Calais).Six Afghans sont morts, et l’incertitude régnait toujours dimanche quant à la possibilité que des passagers soient toujours portés disparus. « On ne sait pas si on recherche vraiment quelqu’un », a précisé la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, qui avait fait état, la veille, d’un ou deux disparus potentiels, alors que les recherches se poursuivaient dans le détroit. (...)Une soixantaine de rescapés du naufrage ont pu être repêchés en vie : trente-six ont été déposés au port de Calais par les gardes-côtes français, et vingt-deux ou vingt-trois ont été déposés à Douvres par les moyens britanniques, a fait savoir dans un communiqué la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord. Le bateau, un canot gonflable récupéré crevé, sera expertisé, a précisé le parquet de Boulogne-sur-Mer, qui s’est dessaisi de l’enquête, dimanche, au profit de celui de Paris.
    La juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (Junalco) à Paris s’est saisie de cette enquête ouverte pour « homicides et blessures involontaires, aide au séjour irrégulier et association de malfaiteurs », a précisé le parquet de Paris. La Junalco a saisi la police aux frontières, la section de recherche de la gendarmerie maritime et l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants. Depuis mercredi soir, les tentatives de traversées se sont multipliées avec le retour du beau temps. Londres a ainsi recensé, pour la seule journée de jeudi 10 août, 755 arrivées – un record depuis le début de l’année –, et environ un millier de migrants attendent toujours un passage, selon les autorités françaises. D’après un décompte effectué par l’AFP, plus de 100 000 migrants ont traversé la Manche depuis le développement du phénomène des small boats, en 2018, année à partir de laquelle les passages en camion ont été supplantés par les traversées à bord de ces petites embarcations pneumatiques dangereuses et surchargées. En 2022, ces traversées ont pris des proportions inédites, 45 000 personnes ayant traversé le Channel, selon le Home Office britannique, soit 17 000 de plus que l’année précédente. Côté français, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord a recensé 1 304 tentatives de traversée impliquant 51 786 personnes en 2022. Depuis le verrouillage du port de Calais et du tunnel sous la Manche, ce bilan annuel ne cesse de progresser. Et les drames de se multiplier. Pour ne citer que les principaux naufrages récents, sept personnes se sont noyées en octobre 2020, vingt-sept exilés, âgés de 7 à 46 ans, ont perdu la vie en novembre 2021, et au moins cinq en décembre 2022. Selon un communiqué du « groupe décès », qui soutient les proches des exilés morts à la frontière franco-britannique, « au moins 376 personnes » ont perdu la vie depuis 1999, dont onze depuis le début de l’année. Le naufrage de novembre 2021, le plus meurtrier recensé au cours d’une tentative de traversée maritime vers l’Angleterre, fait toujours l’objet d’une instruction judiciaire en France. Des éléments de l’enquête, révélés par Le Monde, ont montré que les secours français appelés à l’aide n’étaient pas intervenus, semblant attendre que leurs homologues britanniques prennent le relais. Paris et Londres sont depuis convenus de renforcer les moyens de sauvetage et leur lutte contre ce trafic migratoire.
    La première ministre, Elisabeth Borne, a adressé ses « pensées » aux victimes sur X (ex-Twitter), saluant « l’engagement » des équipes de secours, tout comme la ministre britannique de l’intérieur, Suella Braverman. Le secrétaire d’Etat à la mer, Hervé Berville, qui s’est rendu sur le port de Calais samedi, a déclaré que la responsabilité de ce drame incombait aux passeurs, « des trafiquants criminels qui envoient jeunes, femmes, adultes à la mort », et s’est engagé à intensifier la lutte contre ces réseaux. La maire de Calais, Natacha Bouchart (Les Républicains, LR), a posé un regard plus politique sur cette tragédie, déplorant un « constat d’échec » de l’exécutif. Sur Franceinfo, le député LR du Pas-de-Calais, Pierre-Henri Dumont, a considéré que « le laxisme migratoire crée des morts dans la Manche » : « Chaque mois qui n’est pas utilisé au Parlement pour travailler sur ce sujet, pour faire du Calaisis une bande où il y aurait une tolérance zéro migrant, permet à des passeurs de faire leur business de la mort », a-t-il déclaré en référence à la loi immigration dont l’examen a été repoussé. Le député a demandé aux autorités britanniques d’ouvrir « une voie de passage sûre », tout en appelant la France à continuer de démanteler les camps, « ces points de fixation où les passeurs peuvent faire leur business de la mort ». Pour un porte-parole de l’association Utopia 56, présente sur le littoral en soutien aux migrants, c’est au contraire « la répression » à cette frontière qui « augmente la dangerosité des traversées », a-t-il déclaré à l’AFP. Un constat partagé par le « groupe décès », qui explique dans son communiqué que « les politiques migratoires et la militarisation accrue poussent les personnes à prendre de plus en plus de risques ».

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#france#traversee#manche#naufrage#mortalite#politiquemigratoire#mortalite#sante#postcovid

  • le tireur identifié mais pas d’exploitation de la vidéo surveillance, pas de garde à vue, pas de mise en examen, le procureur général de Nancy, Jean-Jacques Bosc, est un champion
    Les circonstances d’un tir du RAID ayant blessé Aimène Bahouh à Mont-Saint-Martin toujours pas « éclairées »

    Onze agents du RAID (dix fonctionnaires et un médecin), provenant de l’antenne de Nancy, sont « engagé[s] » dans cette commune de 10 000 habitants pour « assurer la sécurité des personnes et des biens ».

    Entendu par l’#IGPN, le chef de l’antenne du #RAID précise que deux groupes sont formés pour cette « mission » : « L’équipe Alpha en tenue vert kaki “ranger green”, aux moyens plus légers, destinée à faire de l’observation, et l’équipe Bravo, en tenue d’intervention noire. » Ces policiers sont armés de pistolets Glock 17, de quatre lanceurs de balles de défense (#LBD) de trois modèles différents, trois fusils semi-automatiques Molot calibre 12 et deux fusils à pompe calibre 12 (un Keltec KSG et un Beretta M3P), approvisionnés avec des munitions #beanbags, un projectile sous forme de sachet de coton contenant de minuscules plombs.

    Le groupe Bravo se positionne à l’angle des rues de Marseille et de Verdun – à l’endroit où le drame aura lieu –, « sur un site découvert » d’où il peut « observer les mouvements suspects ». Au cours de la soirée, les « effectifs sont pris à partie par de nombreux individus très hostiles qui tentaient de les encercler à pied ou en voiture », relate le chef d’antenne du RAID lors de son audition. Tirs tendus de mortiers, insultes, menaces de tirs « à balles réelles »… Les policiers utiliseront, cette nuit-là, « 34 munitions de LBD 40 mm », ou encore « 27 munitions calibre 12 de type beanbag ».

    Le responsable de l’unité d’élite de la police continue son récit en précisant que « les opérateurs du RAID avaient dû user de leurs moyens de force intermédiaire, notamment en direction de deux jeunes à vélo qui leur jetaient des pierres ». L’un d’eux, âgé de 15 ans, a reçu dans le dos un beanbag, lui causant « une plaie purulente d’environ 5 cm ». Le second, âgé de 18 ans, a fini en garde à vue pour outrage et jet de projectile. Ce jeune homme, qui dit avoir été « molesté » avec son ami, dément avoir jeté des pierres en direction de la police.

    « Nous sommes face à un tir illégitime »

    Le tireur qui a touché le mineur a été identifié, mais son nom et prénom n’apparaissent pas dans le rapport de l’IGPN : il est cité par son matricule RIO (pour référentiel des identités et de l’organisation) et a été entendu par l’IGPN sous le statut de suspect libre. C’est aussi lui qui est suspecté d’avoir tiré sur Aimène Bahouh. Répondant à une demande de l’IGPN – « quels effectifs avaient pu tirer des munitions bean bags sur un véhicule ? » –, le chef d’antenne a désigné cet « opérateur ».

    Deux de ses collègues ont expliqué à leur tour pourquoi ils ont dû utiliser leurs armes, « mais aucun d’entre eux n’était témoin direct du ou des tirs pouvant correspondre aux faits dont était victime M. Bahouh », est-il écrit dans le rapport. D’autant que, comme le souligne l’IGPN, « l’unité ne disposait pas de captation d’image, notamment pas de caméras-piétons. Quant au drone engagé, il n’enregistrait pas durant le service et n’était pas doté d’une caméra thermique pour les images de nuit ». En outre, les conversations radio « étaient opérées par réseau interne du RAID, démuni d’enregistrement ». Enfin, les images de la vidéosurveillance (sous scellé) de la ville entre minuit et 2 heures, recueillies autour du secteur concerné, « n’ont pu être exploitées » par l’IGPN « durant le temps de l’enquête ».

    Dans le quartier du Val-Saint-Martin, où a eu lieu le drame, des habitants, qui disent ne pas avoir participé aux émeutes, avaient assuré au Monde qu’ils avaient été « pris pour cible » par des membres du RAID lors de cette nuit « qualifiée d’intense » par l’unité d’élite de la police. C’est sur le chemin du retour, après 4 heures, que les policiers ont appris qu’une personne avait été blessée et admise à l’hôpital d’Arlon, ville proche située en Belgique.

    Pour Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille, « nous sommes face à un tir illégitime qui a atteint Aimène à la tête après l’avoir éclairé avec une lampe torche, et ce alors qu’il ne participait pas aux émeutes et n’avait commis aucune infraction, comme l’a fait remarquer la procureure de la République. Pourtant, le policier tireur n’a pas été placé en garde à vue et n’a pas été mis en examen ». Selon lui, « le policier qui a tiré semble être protégé par la justice ». L’avocat a demandé, le 1er août, que l’affaire soit dépaysée vers « une autre juridiction ».

    De son côté, Aimène Bahouh va mieux : après vingt-cinq jours de coma, il s’est réveillé le 25 juillet. « Les médecins ont dit qu’Aimène est un miraculé », raconte avec soulagement Yasmina, sa mère. Son fils est rentré à la maison le 2 août.
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/08/les-circonstances-d-un-tir-du-raid-ayant-blesse-aimene-bahouh-a-mont-saint-m
    https://justpaste.it/a7xsf

    https://seenthis.net/messages/1008760

    #police #justice #impunité_policière

  • Sur le plateau de Millevaches, une « liste rouge » d’associations privées de subventions
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/09/sur-le-plateau-de-millevaches-une-liste-rouge-d-associations-privees-de-subv

    Dans cette région au tissu associatif dense, plusieurs refus et arrêts de subventions inexpliqués visent des organismes suspectés d’être proches de mouvements comme les Soulèvements de la Terre. Ils sont attribués à des interventions des préfets, qui prendraient prétexte du « contrat d’engagement républicain » pour exercer un contrôle politique sur le champ culturel.

    Y a-t-il une politique délibérée de l’Etat et de ses représentants consistant à discriminer et à sanctionner financièrement des associations ainsi que des communes perçues comme « suspectes » sur le plateau de Millevaches, qui s’étend sur les départements de la Creuse, de la Corrèze et de la Haute-Vienne ? C’est le sens de deux courriers adressés récemment au préfet de la région Nouvelle-Aquitaine, Etienne Guyot, et à la préfète de la Creuse, Anne Frackowiak-Jacobs, dont Le Monde a pris connaissance.

    La première lettre, signée par le réseau Astre représentant le monde de la culture de la région, s’étonne des refus soudains de subventions par la direction régionale à l’action culturelle (DRAC) à un certain nombre d’associations, engagées depuis plusieurs années dans des actions soutenues de longue date par le ministère de la culture.

    C’est le cas des associations Quartier Rouge, Les Michelines, La Pommerie, mais aussi de Télé Millevaches, créée en 2006 par un prêtre-ouvrier, ou encore de l’association La Broussaille. Les arrêts de financement sont motivés par la seule mention de « crédits insuffisants ». Plusieurs de ces structures sont pourtant engagées dans des programmes pluriannuels. « Quartier Rouge, soutenue depuis 2011 et de manière croissante par la DRAC, est depuis plusieurs mois dans une démarche de conventionnement multipartite (sollicité notamment par la DRAC). A ce jour, les notifications reçues sur les lignes “transmission culturelle” et “innovation territoriale” soldent la perte de 20 000 euros pour la structure », peut-on lire dans la lettre adressée au préfet de région. « La demande sur la ligne “création et arts visuels” (38 000 euros) ne fait l’objet d’aucune réponse. Le refus de cette enveloppe conduirait au licenciement de salarié.e.s, à des arrêts de projets », met en garde le courrier.
    Une politique « volontairement confuse »

    Toutes les associations mentionnées sont durement affectées par l’arrêt subi des crédits accordés par l’Etat. En particulier La Pommerie, soutenue par la DRAC depuis trente ans, et qui se voit retirer 24 500 euros (30 %) de son budget annuel. Les auteurs de la lettre au préfet de région font remarquer qu’une telle politique nuit fortement aux objectifs de l’Etat en matière de revivification des territoires ruraux dans des régions où les collectivités locales sont notoirement pauvres. La préfecture de région, contactée par Le Monde, n’a pas répondu.

    La deuxième lettre, datée du 30 juin, éclaire d’un jour plus politique la première. Signée par Eric Correia, président (Parti radical de gauche) de la communauté d’agglomération du Grand-Guéret, siège de la préfecture de la Creuse, elle exprime sa « vive inquiétude » au sujet de « la lecture qui est faite par les services de l’Etat du contrat d’engagement républicain demandé aux associations ». Ledit contrat d’engagement républicain a été instauré par la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République − dite loi contre le séparatisme. Chaque association voulant recevoir des financements publics doit souscrire à ce contrat aux contours flous. M. Correia évoque une politique de mise en œuvre « volontairement confuse et même à bien des égards sciemment opaque » du gouvernement. Au niveau local, il relève la « quasi-certitude quant à un fonctionnement institutionnel » visant à porter atteinte aux « libertés associatives ».

    La vague de refus de subventions sur le plateau de Millevaches semble bien venir d’une série de veto mis par les préfets départementaux et de région à qui la loi de 2021 confie une mission de contrôle des associations : « Il semble (…) qu’il existe une sorte de liste rouge implicite, inavouée, qui pèse désormais telle une épée de Damoclès sur les associations en attente de subvention. » « Les acteurs associatifs qui y seraient inscrits, poursuit l’élu, recevraient ainsi des avis défavorables sans appel et sine die, perdant la manne qui leur est pourtant indispensable. D’autres, que l’on imagine catalogués en “liste orange” verraient suspendues leurs subventions pour des périodes indéterminées (…). »

    M. Correia se fait l’écho de la préoccupation et de l’épuisement d’acteurs associatifs qui se sentent en butte à un harcèlement administratif dans un climat de soupçon permanent. Il semble que certaines communes classées à « l’ultragauche » figurent également sur la « liste rouge » évoquée par l’élu, notamment Gentioux-Pigerolles, Faux-la-Montagne, qui compte trente associations pour 460 habitants, et Saint-Martin-Château, toutes situées dans la Creuse. A Gentioux-Pigerolles, le financement des festivités pour le centenaire du monument aux morts local, qui proclame « Maudite soit la guerre », a été refusé. Tarnac (Corrèze), qui avait été le siège d’un prétendu complot d’ultragauche dans les années 2000, n’est pas loin.

    La préfecture de la Creuse, qui qualifie le courrier de M. Correia de « prise de position politique sans fondement », réfute les refus de crédits : « L’ensemble des associations ont bien bénéficié des subventions prévues. » « Nous avons effectué un travail approfondi sur les demandes pour évaluer leur impact sur le territoire afin d’avoir un regard serré sur la façon dont sont dépensés les deniers publics. C’est tout à fait normal, justifie une source préfectorale. Les délais d’instruction ont été un peu longs. D’où les inquiétudes exprimées. Il n’y a aucune considération politique dans ce processus. »

    Plusieurs sources à la DRAC de Nouvelle-Aquitaine ont confirmé au Monde que les ordres de cessation des subventions sont bien venus des préfectures, ce qui revient à une mise sous tutelle du ministère de la culture par celui de l’intérieur. « Cela a débuté en 2022 par un média, Télé Millevaches, et un centre social de Faux-la-Montagne, témoigne un fonctionnaire de la DRAC sous le couvert de l’anonymat. Nous avions reçu un avis défavorable à toute subvention les concernant. Puis, l’intégralité de nos budgets a été passée au peigne fin. Cela a pris des mois et retardé des paiements en cours ou prévus. Des structures associatives ont dû emprunter pour faire face. En 2023, deux autres médias ont été visés par ces coupes. En cumulant tous les rejets, on atteint la somme de 200 000 euros. Cela paraît dérisoire, mais c’est énorme dans un territoire peuplé de 15 habitants par kilomètre carré. Une dizaine d’emplois sont menacés. » Avanie supplémentaire : les fonctionnaires de la DRAC ont pour consigne de ne pas mentionner les pressions des préfectures.

    Les budgets de la DRAC, qui n’a pas répondu aux questions du Monde, ne sont pas les seuls à être passés au crible. C’est aussi le cas de ceux d’aide à la jeunesse et aux sports : onze dossiers en Creuse ayant reçu un avis très favorable du Fonds de coopération de la jeunesse et de l’éducation populaire ont été rejetés par le préfet de région, et il a été demandé d’écarter les porteurs de ces projets de l’agrément ouvrant droit à ces fonds.

    Dans son courrier, M. Correia accuse : « Les cibles de ce filtrage politique et idéologique qui ne dit pas son nom sont légion. » Une quinzaine d’associations sont visées par ces coupes claires, toutes localisées en Creuse et en Corrèze. Une autre lettre, signée le 12 juillet par les élus municipaux de Felletin (Creuse), apporte son soutien aux associations. « Nous avons eu des retours informels comme quoi le plateau de Millevaches abriterait, aux yeux des autorités, un tissu associatif qui financerait et abriterait des mouvements comme les Soulèvements de la Terre [dissous par le gouvernement le 21 juin] », confie un bénévole associatif ne souhaitant pas être identifié. Ce dernier dément toute activité politique. Il déplore la volonté de l’Etat de « s’attaquer à un territoire parce qu’il n’entre pas dans l’agenda politique du moment ».

    Le ciblage du plateau de Millevaches, haut lieu de la culture alternative, est récent en Nouvelle-Aquitaine, contrairement au Pays basque, historiquement surveillé. Les observateurs locaux soulignent le rôle joué par les préfets départementaux à la sécurité dans ce processus de criblage des subventions culturelles.

    Dans son courrier, le président d’agglomération du Grand-Guéret n’écarte pas l’hypothèse « qu’il se trouve par endroits des éléments − ultraminoritaires et c’est heureux − qui peuvent porter atteinte à la sûreté de l’Etat ou au pacte de cohésion républicaine », mais il s’insurge contre une politique de sanction injustifiée du monde associatif.

    C’est déjà en Nouvelle-Aquitaine, à Poitiers, que le préfet avait annulé, à l’été 2022, une subvention de la municipalité à l’association Alternatiba au motif qu’elle organise des cours de désobéissance civile et de résistance passive aux mégabassines, comme celle de Sainte-Soline (Deux-Sèvres).

  • Marseille : cinq policiers du Raid placés en garde à vue après la mort d’un homme de 27 ans pendant les émeutes
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/violences-policieres/marseille-cinq-policiers-du-raid-places-en-garde-a-vue-apres-la-mort-d-

    Cinq policiers du #Raid ont été placés en garde à vue, mardi 8 août au matin, annonce le parquet de #Marseille dans un communiqué. Ils étaient convoqués, ainsi qu’une vingtaine de leurs collègues, devant les enquêteurs de l’IGPN (la « police des polices ») chargés de l’enquête sur le décès d’un homme de 27 ans, en marge des #émeutes à Marseille, dans la nuit du 1er au 2 juillet.

    Mohamed Bendriss a été retrouvé inanimé devant le domicile de sa mère après avoir fait un malaise au guidon de son scooter. Son décès a été constaté à l’hôpital où un médecin a observé un impact au niveau du thorax. Cet impact, à l’origine de la mort du jeune homme, pourrait être la conséquence d’un tir de lanceur de balles de défense (#LBD). 

    Le jeune homme s’était écroulé quelques centaines de mètres plus loin, deux minutes plus tard. Aucune autre intervention policière n’avait été détectée dans l’intervalle entre le tir et son malaise. L’autopsie réalisée a conclu à un « choc sur le cœur » ayant probablement entraîné une crise cardiaque, a appris mardi 8 août franceinfo d’une source proche du dossier

    (...) Les investigations devront déterminer si le tir mortel de LBD était réglementaire ou non.

    #police #vidéo

    • « Les éléments de l’enquête permettent de retenir comme probable un décès causé par un choc violent au niveau du thorax causé par le tir d’un projectile de type Flash-Ball », écrivait la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, le 5 juillet. A cette date, il n’était pas possible de déterminer le lieu où le drame s’était passé, ni si #Mohamed_Bendriss avait ou non pris part aux émeutes, ni même s’il avait circulé dans cette zone. Selon des proches de la victime, ce père d’un enfant, et dont l’épouse en attendait un second, aurait été vu, quelques instants plus tôt, en train de filmer des interpellations dans une rue commerçante, à quelques encablures du cours Lieutaud.

      De très nombreuses vidéos ayant été conservées pour nourrir les procédures ouvertes contre des pillards, certains enregistrements auraient permis de conduire l’inspection générale de la police nationale (#IGPN) et la police judiciaire – les deux services d’enquête cosaisis – jusqu’aux fonctionnaires du RAID. Au vu des déclarations des gardés à vue et des explications qui ont été fournies par leurs collègues, la juge d’instruction a décidé, mardi soir, de prolonger la garde à vue pour trois des agents et de laisser sortir les deux autres.

      Un cousin de la victime également blessé

      Les avocats de l’épouse et de la mère de la victime, qui se sont constituées partie civile, se réjouissent de cette accélération de l’enquête. Dans un communiqué publié en juillet, Mes Frédéric Coffano et Thierry Ospital indiquaient que les deux femmes n’entendaient pas polémiquer et « porter des accusations ou anathèmes à l’encontre de quiconque », manifestant uniquement leur « volonté indéfectible de connaître les auteurs de cette mort troublante et violente, et ce dans le cadre d’une procédure loyale et objective ».

      Me Arié Alimi, autre défenseur de l’épouse, a par ailleurs déposé une plainte avec constitution de partie civile pour le compte d’Abdelkarim Y. , 22 ans, gravement blessé à l’œil gauche, dont il aurait perdu l’usage, la nuit précédente, par un tir de LBD [mais on est pas sûr]. Le jeune homme est le cousin de Mohamed Bendriss. Entendu par l’IGPN, saisie par le parquet d’une enquête ouverte pour « violences volontaires en réunion ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente par personne dépositaire de l’autorité publique et avec arme », il aurait [lors de ses allégations et], selon son défenseur, évoqué un policier vêtu de noir le ciblant depuis la tourelle d’un véhicule blindé léger. Un policier cagoulé, comme y sont autorisés les fonctionnaires du RAID, précise l’avocat.

      « S’il s’avère que les policiers du RAID sont impliqués à la fois dans le décès de Mohamed Bendriss et la mutilation de son cousin Abdelkarim, la veille, alors c’est la décision même de les faire intervenir qui doit être passée au crible pénal », estime l’avocat.

      La garde à vue des fonctionnaires du RAID intervient moins d’une semaine après la décision de la cour d’appel d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) de maintenir en détention provisoire un des quatre policiers d’une brigade anticriminalité de Marseille mis en examen, le 21 juillet, pour violences volontaires aggravées commises sur Hedi R., un jeune homme de 22 ans très grièvement blessé au crâne par un tir de LBD et passé à tabac, la même nuit que la mort de Mohamed Bendriss et dans le même secteur. Quatre autres fonctionnaires [lyncheurs] avaient été initialement placés en garde à vue, mais aucune suite judiciaire n’a été donnée les concernant . Cette incarcération provisoire d’un policier est à l’origine du mouvement inédit ayant poussé des centaines de fonctionnaires marseillais [en désaccord avec le théorème de la pomme pourrie] à se mettre en arrêt maladie tout au long du mois de juillet. Plusieurs syndicats de police ont fait le choix de ne pas commenter cette nouvelle affaire tant que leurs collègues sont en garde à vue.

      Trois des trente et une enquêtes confiées à l’IGPN et ouvertes dans le sillage des émeutes concernent donc des faits commis à Marseille et le seul décès recensé en marge de l’épisode de violences urbaines qui a secoué la France durant plusieurs jours après la mort du jeune Nahel M., victime du tir d’un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, fin juin.

      Hasard de calendrier [juré_craché], le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu, mardi matin tôt [en Falcon], dans un commissariat marseillais, où il s’est entretenu durant une heure avec une soixantaine de policiers, « de façon informelle et constructive sur des sujets police classiques concernant les moyens et les conditions de travail », affirme une source policière. Ce déplacement, « hors presse et hors élus », avait pour objectif de féliciter des fonctionnaires du commissariat du 15e arrondissement qui, dimanche 6 août, avaient saisi 220 kilos de cannabis à l’occasion d’un contrôle.

      Luc Leroux (Marseille, le plus policier des correspondants locaux de l’organe)
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/08/apres-la-mort-de-mohamed-bendriss-en-marge-des-emeutes-a-marseille-cinq-poli

  • L’arrêté « anti-précaires » d’Angoulême nie le droit d’exister, par Jérôme Lèbre – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/larrete-anti-precaires-dangouleme-nie-le-droit-dexister-par-jerome-lebre-

    Le problème n’est alors pas seulement que les précaires stationnent aux bords des lignes que suit le dynamisme économique, mais aussi qu’ils ne sont jamais les seuls à s’arrêter. Les Angoumoisins hostiles à l’arrêté proposent ainsi ironiquement de verbaliser les enfants ou les spectateurs assis à l’extérieur et photographiés sur la page Facebook de leur mairie. Aussi bien nous savons à quel point le dispositif mobilier anti-SDF déployé partout pénalise tout le monde, l’agressivité à spectre large contre la précarité se muant inévitablement en hostilité générale de la ville, en déni global d’hospitalité.

    L’arrêté anti-immobilité lance alors la municipalité dans une exégèse qui le montre ciblant virtuellement tout le monde, et donc personne. La mesure vise des « groupes » censés entraver la circulation : dealers « en paquets de cinq ou six », buveurs de canettes « à cinq, six, sept, huit », « avec trois chiens », tous finissant par former « un agglomérat de dealers, de marginaux et de gens du voyage ».

    Or si ce dernier est un produit de l’esprit qui amalgame situations délictueuses et statuts légitimes, il traduit aussi sans le vouloir l’intuition que l’espace public est le lieu d’une communauté des immobiles, qui inclut les précaires, les voyageurs ou les passants qui se reposent (avec ou sans chien), les gens du voyage quand ils ne voyagent pas, ou rétrospectivement cette Angoumoisine témoignant des bombardements de 1944 : « On allait s’allonger dans la rue et on voyait les volets qui tremblaient. »

    La municipalité s’en remet alors au jugement de la police, qui ne peut exécuter l’arrêté qu’en réaménageant tacitement les critères de la caduque condamnation de « vagabondage ». Toute loi sur la circulation transforme la politique en opération de police ; et toute loi sur l’immobilité laisse la police seule et sans droit. Car s’il est bien un droit, c’est celui « de se déplacer et de s’installer dans l’espace public (1) ». Celui-ci n’est pas propre aux personnes sans abri, il réfute plutôt toute différence entre « elles » et « nous ».

    A vrai dire, ce qu’il préserve, c’est le « droit d’exister » ; car ex-stare veut dire cela : « se tenir dehors ». L’arrêté d’Angoulême vise donc l’existence même des précaires (dans toutes les positions, et même en toute saison !), et avec elle le fond de toute coexistence, lequel remonte à la surface dans le fait d’habiter la même ville, d’y être, de l’occuper, de ne pas seulement la traverser comme des passants.

    #précaires #espace_public #ville

    • L’arrêté « antiprécaires » de la mairie d’Angoulême suspendu partiellement par la justice administrative
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/07/l-arrete-antiprecaires-de-la-mairie-d-angouleme-suspendu-partiellement-par-l

      La juge des référés a estimé que l’interdiction visant « la station assise ou allongée » présentait un « caractère trop général et insuffisamment précis », portant une atteinte disproportionnée à la liberté d’aller et venir et à la liberté de réunion.

      [...]

      « Le tapage nocturne, l’ivresse publique, la mendicité agressive… toutes ces infractions sont déjà prévues par le code pénal. Et dans les pièces du dossier, on nous parle systématiquement de sécurité, or seul le préfet est compétent » en la matière, pointe l’avocate [de la LDH, d’habitants et d’assos de lutte contre le mal-logement], pour qui le texte a « juste pour objet de se débarrasser d’une population que la société juge incommode ».

      L’adjoint à la prévention et sécurité publique [...], assurait quant à lui que le texte [...] « n’est qu’un outil pour retrouver une gestion paisible de l’espace public », qui « ne concerne que 6 % de la superficie de la ville », expliquait-il, en pointant « près de 400 mains courantes » déposées auprès de la police municipale depuis trois ans et en se prévalant du soutien des #commerçants.

      La cité charentaise avait déjà connu pareille polémique en 2014, lorsqu’elle avait fait grillager des bancs publics à Noël. Outre Angoulême, des arrêtés similaires ont déjà été pris par plusieurs villes de l’Hexagone, dont La Rochelle, en juin, et ont souvent été retoqués par la justice, comme à Saint-Étienne ou à Bayonne ces dernières années.

      #Guerre_aux_pauvres

      edit tout se passe comme si on se préparait à ce que ne soit pas sanctionné lors d’un jugement sur le fond ? je ne comprend pas ce que signale Pascale Robert-Diard après n’avoir pas pigé pourquoi le titre de l’article cité ci-dessus disait "suspension partielle" ...

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/07/arrete-anti-marginaux-a-angouleme-le-tribunal-met-en-avant-un-caractere-trop

      La juge a également limité le périmètre dans lequel « l’occupation abusive ou prolongée » serait interdite. Elle a ainsi exclu un certain nombre de rues ou de places visées par l’arrêté municipal, dont le parvis et le parking de la gare SNCF, ainsi qu’un parc et des squares. La commune d’Angoulême a été condamnée à verser 1 000 euros à la LDH au titre des frais de justice. La suspension prononcée lundi 7 août court jusqu’à ce que le tribunal administratif de Poitiers se prononce sur la procédure principale, à savoir la demande d’annulation complète et définitive de cet arrêté.

  • Limoges : deux jeunes sur un scooter meurent en tentant d’échapper à la police
    https://www.lefigaro.fr/faits-divers/limoges-deux-jeunes-sur-un-scooter-meurent-en-tentant-d-echapper-a-la-polic

    Deux jeunes hommes sont morts dans la nuit de samedi à dimanche à Limoges, dans la Haute-Vienne, en tentant d’échapper à un contrôle de #police, a appris Le Figaro de #source_policière, confirmant une information d’Actu17. Vers 23h00, le conducteur du scooter, un jeune de 16 ans, et son passager de 23 ans, aperçoivent au loin un équipage de la brigade anticriminalité (#BAC) et démarrent à vive allure afin d’échapper à un contrôle.

    La police les file mais [affirme qu’elle] met rapidement un terme à la course-poursuite en raison de la conduite trop dangereuse du scooter. Le deux-roues continue néanmoins son échappée, grille un feu rouge et percute une voiture.

    Vidéo pour commissariats : #Courses-poursuites : la méthode choc de la police britannique : percuter une roue du scooter de façon à faire chuter son conducteur
    https://www.youtube.com/watch?v=dP8ua_hiC0U

    edit

    Selon le site de faits divers Actu17, des « violences urbaines » ont eu lieu à Limoges après cet accident, « mais le calme est rapidement revenu ». De son côté, l’AFP a fait état d’échauffourées, avec des véhicules incendiés, qui ont été rapidement maîtrisées.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/06/limoges-deux-jeunes-sont-morts-dans-un-accident-de-scooter-apres-un-refus-d-

  • Le tabassage d’Hedi R., grièvement blessé par des policiers à Marseille, reconstitué minute par minute par la justice

    Sur les quinze pages d’un réquisitoire aussi neutre qu’implacable, la liste des blessures subies par Hedi R., 22 ans, dans la nuit du 1er au 2 juillet à Marseille, en occupe près de trois. Le document, que Le Monde a pu consulter, a été rédigé par le parquet d’Aix-en-Provence (...)

    « Le témoin, poursuivent les magistrats, affirmait n’avoir pas eu le temps de répliquer dans la mesure où l’un des membres du groupe sortait quelque chose de son pantalon, qui s’apparentait à une matraque télescopique, pour tenter de lui donner un coup sur la tête. Il parait le coup et partait en courant. » Hedi le suit, paniqué. Un « plop » caractéristique retentit. Il chute au sol presque aussitôt.

    [La PJ identifie] une « colonne constituée de sept policiers de la brigade anticriminalité, engagés sur les lieux et aux horaires correspondant à la commission des faits ». Quatre d’entre eux, un major et trois gardiens de la paix, désignés de XH01 à XH04 sont directement impliqués

    (...) en garde à vue, tous les policiers décrivent à l’unisson « le contexte insurrectionnel dans lequel ils étaient amenés à intervenir, synonyme d’épisodes de violences sur la voie publique inédits dans leur intensité, auxquels ces policiers expérimentés n’avaient jamais été confrontés ». Ils évoquent aussi un trafic radio saturé et des geôles de garde à vue bondées, et n’oublient pas de préciser le manque de visibilité dans la rue d’Italie, théâtre des violences, totalement dépourvue d’éclairage. Plus troublant, tous s’accordent à affirmer n’avoir été témoins d’aucun tir de LBD sur place. A cela s’ajoutent des déclarations pour le moins troublantes quant au rôle et aux gestes de chacun des policiers présents sur les lieux cette nuit-là.

    Le plus gradé, le major, affirme d’abord « ne jamais avoir frappé quelqu’un qui se trouvait au sol ». Puis, confronté à des images de vidéosurveillance, il admettra l’avoir fait. Un autre, qui fait pourtant partie de la même équipe, affirme « ne pas être en mesure d’identifier quiconque sur les images tirées de la vidéosurveillance, formule qu’il appliquait à sa personne », note le parquet d’Aix-en-Provence. Le tireur au LBD, lui, nie contre l’évidence toute participation aux violences : « Pour ma part, dit-il au magistrat instructeur, je n’ai pas assisté aux faits. Encore une fois, la rue d’Italie étant dans le noir, je n’ai pas assisté à la scène. » Mais, finira-t-il par ajouter, « il se trouvait dans un état d’épuisement qui pouvait avoir entamé sa lucidité », étant entendu que « l’absence de souvenirs plus précis ne se réclamant aucunement d’une volonté de dissimulation ». Deux autres policiers, enfin, présents sur les lieux, ne se souviennent pas du déroulement de la soirée, pas davantage que d’une « confrontation » avec deux individus.

    Quatre caméras de surveillance appuient les témoignages de Hedi R. et son ami Lilian P., selon le réquisitoire du parquet d’Aix-en-Provence. « L’exploitation, dans le temps de la flagrance, des images issues de la vidéoprotection municipale, ne semblait pas remettre en cause l’économie générale de ce récit quant au cheminement du plaignant et de son ami », précise même le texte.
    En dépit de positionnements parfois éloignés de l’action, et d’une luminosité basse dégradant la qualité des images, ces quatre angles de vue racontent un assaut durant au total moins d’une minute. L’exploitation de la caméra de la synagogue Ohel-Torah, située du 96 rue d’Italie, offre même des « éléments primordiaux ». Elle montre ainsi qu’à 1 h 56 min et 35 secondes – l’horodatage commence avec le déclenchement de la caméra, il ne coïncide pas nécessairement avec l’horaire proprement dit – alors qu’il vient d’être touché par le tir de LBD, Hedi est déséquilibré par un « violent coup de pied (…) au niveau des mollets ou des chevilles, ce qui faisait chuter le jeune homme au sol. Ce dernier se retrouvait alors en position assise, entouré de plusieurs policiers ».
    Deux secondes plus tard, le même policier qui vient de le balayer lui assène « deux coups de pied en direction de son bassin ou de son ventre ». Couché, Hedi reçoit encore un coup de poing. Puis, à 1 h 56 min et 48 secondes, un nouveau policier fait son apparition pour lui donner « une gifle ou un coup de poing au visage ou sur la tête ». Le jeune homme parvient à se rétablir, s’assied tant bien que mal « avec une main sur son visage ou sa tête, s’apprêtant à se relever » et prend un « nouveau coup de pied dans les jambes ».
    Une autre vidéo, tournée par un riverain témoin direct des faits, vient même ajouter une touche d’humiliation à ce traitement. Alors que le jeune homme quitte les lieux « d’un pas hésitant », totalement sonné, un policier lui délivre un coup de pied aux fesses. Il s’effondrera, inconscient, quelques minutes plus tard, au moment où le propriétaire d’une épicerie de nuit et son camarade Lilian P. le chargent dans la voiture qui le conduira en trombe vers les urgences de l’hôpital de La Timone.

    Jeudi matin, parmi les douze dossiers au menu de la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, celui de C. I., 35 ans, concentrera toutes les attentions. Ce membre de la BAC Sud Nuit de Marseille, identifié comme le tireur au LBD, demande la levée de son incarcération à la prison de Luynes. Son audition sera suivie de très près. Par les policiers marseillais et leurs collègues qui multiplient, depuis son incarcération, débrayages perlés et dépôts d’arrêts-maladie. Par la hiérarchie, qui redoute l’effet d’une décision de maintien en détention sur les troupes. Par l’institution judiciaire, enfin, soucieuse de démontrer son indépendance à cette occasion après, notamment les déclarations du directeur général de la police nationale Frédéric Veaux, qui avait estimé dans une interview accordée au Parisien qu’« avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison ».

    Un autre membre du groupe de policiers, G. A., 51 ans, soumis pour sa part à un contrôle judiciaire, sera lui aussi entendu jeudi, dans l’espoir de recouvrer la liberté. D’après le réquisitoire lié à son dossier, il confirme avoir donné un coup de pied « en haut de son corps vers sa tête » à Hedi R. mais nie avoir compris que le jeune homme était grièvement blessé. Du reste, n’était-il pas « habillé en mode délinquant », capuche rabattue sur le visage ? Au passage, le réquisitoire des magistrats aixois fait le lit de rumeurs distillées par des sources policières anonymes depuis une dizaine de jours : loin du délinquant multirécidiviste complaisamment décrit « en off », Hedi R. n’a fait l’objet que de deux procédures mineures, une conduite sous l’empire de produits stupéfiants, un défaut de permis de conduire.
    Les réquisitions de l’avocat général appellent en revanche à confirmer le placement en détention de C. I. et le contrôle judiciaire de son collègue G. A. Les occasions de discussion, voire de dissimulation inquiètent d’autant plus la justice que les premières auditions des policiers ont révélé aux yeux des magistrats des indices d’entente. La « nécessité d’éviter toute concertation frauduleuse » implique, selon le parquet, de tenir les prévenus isolés les uns des autres.

    Fait rare, dans un communiqué publié le 24 juillet, le premier président de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, Renaud Le Breton de Vannoise, et la procureure générale Marie-Suzanne Le Quéau ont prévenu : « Il appartient à l’autorité judiciaire seule de qualifier les faits et de conduire les investigations utiles à la manifestation de la vérité, et ce en toute impartialité et à l’abri des pressions. »

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/03/c-est-alle-tres-vite-minute-par-minute-la-justice-a-reconstitue-le-tabassage

    edit un des journaflic de Le monde est donc chargé en ce jour d’audience de défendre l’état de droit ou à tout le moins ses apparences

    #Hedi #police #BAC #justice

    • Enquêter sur les policiers - Entre devoir de réserve, héroïsation et accès au monde privé, Geneviève Pruvost
      https://journals.openedition.org/terrain/5059

      Contraints de rendre des comptes, les policiers n’hésitent pas à forger un récit vraisemblable pour couvrir un collègue ou justifier une action non conforme à l’éthique policière ou au protocole judiciaire. Ils sont à bonne école : une partie de leur travail consiste à entendre différentes versions des faits par les victimes, par les mis en cause et par les divers témoins. Pour enregistrer et valider quotidiennement les témoignages d’autrui, les policiers connaissent bien les ruses de l’interrogatoire biographique. À force d’entendre des histoires, ils maîtrisent les ficelles du récit fabriqué, au point qu’il est facile, pour certains d’entre eux, de verser dans une certaine forme de mythomanie.

    • Affaire Hedi à Marseille : Le policier en détention provisoire avoue « un tir de LBD »
      https://www.20minutes.fr/marseille/4047859-20230803-affaire-hedi-marseille-policier-detention-provisoire-avou

      Dans le box des accusés de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, le Marseillais de 35 ans au crâne rasé demande à pouvoir prendre la parole dans une déclaration spontanée plutôt rare dans ce cas de figure. (...)

      « J’ai fait usage du LBD à une reprise », reconnaît l’accusé. (...)

      « Mon client n’a fait que son devoir », insiste l’avocat de l’accusé, Me Pierre Gassend. « Il a reçu l’#ordre très clair de ne pas faire d’interpellation et surtout rétablir l’ordre par tous les moyens ».

      La défense du flic a dû décider d’offrir "la reine des preuves", l’aveu (aussi partiel que possible, et même alambiqué : c’est pas sur lui que j’ai tiré), avec un zeste de poukaverie incontestable ("c’est la #hiérarchie"). pour mieux plaider une libération.

      « Vive l’incarcération si elle permet aux gens de réfléchir et de dire enfin la vérité », ironise Me Preziosi [partie civile]. Pour la partie civile, si le policier n’a rien dit jusqu’à ce jour sur ses responsabilités, c’est parce qu’il s’était entendu au préalable avec trois collègues également mis en examen sur la version des faits à livrer aux policiers, atteints en début d’instruction « d’amnésie collective. » Un risque que soulève également l’avocat général, qui requiert le maintien en détention provisoire afin de « préserver l’interrogatoire » du policier prévu le 30 août.

      comme ils se doit, les lyncheurs disent par ailleurs ne pas avoir su qu’Hedi était blessé lorsqu’ils le tabassaient.

      edit et Preziosi, le conseil de la famille d’Hedi, de raconter de la merde sur BFM en mode : "si il n’y a pas de tir de LBD, il n’y a pas d’affaire, parce que c’est par solidarité que ses collègues ont tabassé Hedi, par solidarité que la cheffe de groupe a dit qu’il n’y avait pas de LBD". les déclarations de Hedi sur la police qu’elle est utile et bien sauf que comme partout il y a les gentils et les méchants les méchants me paraissaient un peu trop naïves, ou préparées... ordure de baveux.

      #survivant #assassins

    • Violences sur Hedi à Marseille : le policier soupçonné du tir de LBD est maintenu en détention provisoire
      https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/violences-policieres/direct-violences-sur-hedi-a-marseille-le-policier-incarcere-reconnait-u

      La chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence a prononcé, jeudi 3 août, le maintien en détention provisoire du policier soupçonné de violences à l’encontre d’Hedi début juillet à Marseille. "Ce n’est pas de l’acharnement contre la police", a immédiatement réagi l’avocat de Hedi, Jacques-Antoine Preziosi. Cette décision "révèle surtout la nécessité de protéger le déroulement de l’instruction", selon lui. La justice a par ailleurs décidé de restreindre (sic) le contrôle judiciaire de l’un des autres policiers impliqués dans cette affaire. Ce dernier pourra exercer son activité, mais uniquement pour des activités de bureaux, a rapporté Jacques-Antoine Preziosi. Suivez notre direct.

      les lyncheurs, ça va, faut juste pas tirer en pleine tête au LBD à 3 mètres en étant assez idiot et pressé pour pas le faire dans un angle mort des caméras (comme pour Théo).

  • Quel est le coût social de l’alcool, du tabac, des drogues « licites » et « illicites » ?
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/02/alcool-tabac-drogues-licites-et-illicites-quels-couts-pour-la-societe_618415

    Par an, le coût du tabac s’élève à 156 milliards d’euros, celui de l’alcool, à 102 milliards, quand celui des drogues illicites atteint 7,7 milliards, selon une étude menée pour l’Observatoire français des drogues. Par Mattea Battaglia

    Les calculs sont complexes mais ils donnent à voir, en quelques tableaux, une estimation de ce que coûtent à la société, chaque année, les drogues « licites » (alcool, tabac) et « illicites », selon la terminologie retenue par Pierre Kopp, professeur à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et avocat au barreau de Paris, auteur d’une note sur le sujet commandée par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), rendue publique lundi 31 juillet. Une porte d’entrée statistique, pour appréhender, autrement que par le prisme des faits divers, saisies et interpellations, les conséquences de la consommation, de la vente et du trafic de ces substances au sens large.
    Coût des vies perdues, coût des pertes de production (pour les entreprises), coût de la perte de qualité de vie (pour l’individu consommateur), mais aussi coût des soins, de la prévention, de la répression pour les finances publiques, rapportées aux économies faites sur les retraites non versées (aux personnes décédées) et sur les taxes prélevées (alcool et tabac)… L’équation telle que l’a posée l’auteur, prolongeant une précédente étude publiée en 2015, lui a permis d’obtenir trois chiffres-clés : par an, le « coût social » du tabac s’élève à 156 milliards d’euros, celui de l’alcool, à 102 milliards d’euros, quand celui des drogues illicites atteint 7,7 milliards d’euros.


    #tabac #alcool #drogues #économie #santé

  • « Le contrôle d’identité au faciès est un problème systémique, structurel, institutionnel »

    Dans un entretien au « Monde », l’avocat Slim Ben Achour estime que les contrôles d’identité constituent la « porte d’entrée » des violences policières. Alors qu’il a obtenu plusieurs décisions sur le sujet, en particulier devant la Cour de cassation, il explique pourquoi le droit, et singulièrement la procédure civile, est la clé du succès.

    Près de 14 millions de contrôles d’identité ont lieu chaque année, a indiqué l’Assemblée nationale, le 29 juin 2016, et un jeune Noir ou Arabe a vingt fois plus de risques d’être contrôlé par la police, selon une étude du Défenseur des droits datant de 2017. Les émeutes urbaines sont toutes nées après un contrôle d’identité, et la loi laisse une très grande latitude aux policiers. L’avocat Slim Ben Achour a fait condamner l’Etat à plusieurs reprises pour « faute lourde » et explique au Monde comment il lutte contre ces « contrôles au faciès ».

    Comment en êtes-vous arrivé à batailler contre les contrôles d’identité ?

    En 2005, quand des gamins se révoltaient après la mort de Zyed et Bouna, électrocutés alors qu’ils cherchaient à échapper à un contrôle de police, je me suis dit que j’allais y consacrer une partie de mon temps. C’était un peu un choc pour moi, j’avais fait des études aux Etats-Unis et j’avais touché du doigt l’énorme faiblesse de la compréhension des textes de non-discrimination en France.

    Or, les protocoles utilisés aux Etats-Unis contre les discriminations faites aux Afro-Américains ont été utilisés à Paris par le CNRS : deux sociologues, bons connaisseurs de la police, Fabien Jobard et René Lévy, ont publié une enquête, en 2009, qui portait sur 37 833 personnes. Et il s’est avéré que gare du Nord, par exemple, les Noirs ont 5,6 fois plus de risques d’être contrôlés que les Blancs ; les Maghrébins 5,5 fois. Pour la première fois, le contrôle au faciès était objectivé scientifiquement.

    Des associations de quartier et l’Open Society Justice Initiative sont alors venus me voir, moi qui fais surtout du droit du travail, et, avec Félix de Belloy, un remarquable pénaliste, nous avons monté les premiers dossiers, après un tour de France des quartiers où s’étaient multipliés les contrôles. Le contrôle d’identité est souvent l’interaction qui engendre la violence, les contrôles d’identité ne sont pas perçus comme des violences policières, mais c’en est au moins la porte d’entrée. C’est un rituel d’humiliation, de soumission.

    Pourquoi avoir choisi des procédures civiles ?

    Le pénal est très compliqué, il faut des preuves absolues, difficiles à réunir. A supposer que vous gagniez contre des policiers – ce qui semble impossible en l’état de notre procédure –, le ministre de l’intérieur, quelle que soit sa couleur, dit : « Merci, vous avez identifié les pommes pourries », mais le système n’est en rien remis en cause. Nous sommes donc partis sur des procédures civiles, seules susceptibles d’engager la responsabilité de l’Etat.

    La suite est réservée aux abonnés.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/01/police-le-controle-d-identite-au-facies-est-un-probleme-systemique-structure

    • Le pénal est très compliqué, il faut des preuves absolues, difficiles à réunir. A supposer que vous gagniez contre des policiers – ce qui semble impossible en l’état de notre procédure –, le ministre de l’intérieur, quelle que soit sa couleur, dit : « Merci, vous avez identifié les pommes pourries », mais le système n’est en rien remis en cause. Nous sommes donc partis sur des procédures civiles, seules susceptibles d’engager la responsabilité de l’Etat. Nous sommes donc partis sur des procédures civiles, seules susceptibles d’engager la responsabilité de l’Etat. (...)

      Que dit la loi ?

      La loi du 27 mai 2008 dit deux choses. Elle admet un « aménagement de la charge de la preuve » : il s’agit d’établir une présomption, pas une preuve, de discrimination. C’est le but des attestations de témoin. On joint au dossier les statistiques de sociologues, il y en a eu vraiment beaucoup : outre l’étude de Jobard et Lévy, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne en a produit une en 2010, Human Rights Watch en 2012, l’institut de sondage OpinionWay en 2014, et surtout le Défenseur des droits en 2017.

      C’est ensuite à l’Etat d’apporter la preuve qu’il ne s’agit pas de discrimination, qu’il y a une raison réelle à ces contrôles. Or, l’Etat ne cherche même pas à se justifier, les trois quarts du temps, la hiérarchie ne sait même pas qui sont les policiers ayant fait le contrôle. (...)

      Il s’agit d’imposer une réforme dont les policiers ne veulent pas, c’est-à-dire des #récépissés après chaque contrôle, une traçabilité de ces contrôles sous la surveillance d’une autorité indépendante, une réforme de l’#IGPN, la formation des policiers…

      https://justpaste.it/4qhck

      edit idem pour diverses violences policières, il peut y avoir avantage à saisir le TA car le pénal de donne rien (cf. diverses victoires partielles, indemnisation et non pas condamnation de flics suite à des éborgnements par LBD) poke @ant1

      #police #État
      #contrôles_d'identité :
      – Jobard : https://seenthis.net/messages/1008999#message1009082
      – Blanchard : https://justpaste.it/cj369

      #violences_policières #violences_d'État #racisme #présomption_de_discrimination #droit_civil #droit_pénal #défense_militante

  • Le gouvernement à l’offensive contre les arrêts de travail « de complaisance »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/01/le-gouvernement-a-l-offensive-contre-les-arrets-de-travail-de-complaisance_6

    Le gouvernement à l’offensive contre les arrêts de travail « de complaisance »

    La volonté de l’exécutif de réguler la recrudescence des dépenses liées aux arrêts maladie est soutenue par des organisations patronales et contestée par les syndicats.

    Par Bertrand Bissuel et Thibaud Métais
    Publié aujourd’hui à 05h35

    Voilà un thème rêvé pour communiquer à la fois sur le sérieux budgétaire et la lutte contre les fraudes. Alors que les dépenses liées aux arrêts de travail s’envolent à un rythme de plus en plus soutenu, le gouvernement cherche à contrer cette évolution, qui pèse sur les comptes de la Caisse nationale de l’assurance-maladie (CNAM). A plusieurs reprises, depuis la fin du mois de mai, les ministres représentant Bercy ont exprimé leur volonté d’agir, à travers des mesures qui, depuis, ont commencé à être mises en œuvre, tandis que d’autres sont envisagées dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale de 2024, dont l’examen au Parlement est prévu à l’automne.

    https://jpst.it/3k07I

    • Puisque travail partout et grève nulle part, il est peut-être temps de s’inspirer de la mobilisation des chtars qui démontre les avantages de la grève dissimulée, de la grève travestie. Syndiqués ou pas, salariés garantis ou pas, pratiquons et incitons à l’arrêt de travail. C’est bon pour la planète. Et, c’est collectivement, par delà les premiers concernés, que la maladie redonne la santé aux travailleurs. On en peut pas seulement compter sur les effets du covid long, ce truc psy pour lequel la GB interdit le don de sang ! Une multiplication significative des arrêts de travail, les plus longs possibles, permettrait à bien des discriminés à l’embauche, à bien des chômeurs et précaires, d’accéder à du salaire, de la prime d’activité, et ensuite d’accéder à une alloc dont plus de la moitié des chômeurs sont privés. Les avantages sont nombreux, pesez-y ! Souvenons-nous par exemple qu’être au travail diminue drastiquement le risque pour arabe ou un noir de se faire lyncher par la police.

      Pour travailler moins, réduire le temps de travail, le partager, du côté des syndicats ou de feu le Mouvement ouvrier, il n’y a plus guère de ressources. Une des options, faute de rente ou d’emploi fictif, c’est d’aller voir chez l’ennemi.

      Un extrait d’une brochure « Maman travaille » réalisée sous l’égide de Schiappa avec des suggestions utiles pour obtenir un arrêt de travail

      Les mères nous montrent le chemin. Dans le répertoire du difficile à contrôler : le mal de dos, la dépression. Pour entrer dans la peau du personnage, on trouve sans mal autour de soi et sur internet des premier.e.s concerné.e.s qui décrivent leur symptômes et les éventuels effets bénéfiques et secondaires de médicaments susceptibles d’être prescrits (c’est un théâtre à accessoires).

      #CNAM #arrêts_de_travail #grève_travestie #Saint-Lundi_everyday #MaladieÉgaleVie #travail #sabotage

    • Le tôlier fait déjà ça. Il préfère voir les gens en arrêt maladie à la maison plutôt que combatifs ou peu productifs au boulot. Et puis de toutes façons il trouvera toujours un remplaçant moins cher. Et chacun bouffe sa merde. La personne en arrêt long, de son côté, tombe à mi-traitement au bout de trois mois et celles que j’ai connues dans cette situation-là n’étaient pas vraiment en meilleur état psychologique, physique et financier qu’en bossant.
      Maintenant, moi je ne porte aucun jugement moral. Si les conditions, comme dirait l’autre, sont réunies pour créer un mouvement de masse solidaire et imposer de cette façon le moyen d’échapper au salariat, je n’y vois aucun inconvénient. Mais j’ai de sérieux doutes sur la chose.

      Et puis, en retraite, je ne suis pas le mieux placé pour avancer ce genre de proposition.

    • de masse, je ne crois pas. les conditions sont rarement réunies pour que, comme dans le cas de l’esprit de corps policier, une minorité significative se fasse arrêter suite à une décision collective. mais dans certains secteurs (éducation au premier chef, mais ça marche pas on voit plutôt des démissions...), ce serait une possibilité. par ailleurs, ayant pratiqué, il existe des mutuelles qui complètent le salaire en cas d’ALD avec baisse de traitement. il est aussi possible de faire de ces moments des périodes bien plus actives que l’emploi. et lorsqu’il n’y a pas de possibilité de lutte dans l’emploi, de lutter ailleurs.

      le souci c’est que la réduction du temps de travail est bien là, organisée par le capital. et que rependre pied sur ce terrain suppose non seulement des revendications générales (celle d’une garantie de revenu, c’est à dire dune réduction du temps de travail qui soit payée, revendication d’ailleurs passée à la trappe depuis les défaites des mouvements de précaires, 25 ans maintenant, si on excepte le rebond de le la lutte des intermittents et précaires en 2003, depuis, on les préserves à part afin d’éviter toute généralisation...) mais aussi des pratiques qui mettent en oeuvre des formes de rotation quant à ce « bien rare » qu’est l’emploi-salaire. par exemple d’inciter les précaires à ne pas s’employer plus que ce qui est nécessaire à une ouverture de droit (laisser de l’emploi aux autres), et les « garantis » à chômer.

      nb au chômage, on n’échappe pas au salariat, on y est dans une situation particulière qui a une portée générale : précarité de l’emploi, contrôle par delà l’entreprise

    • L’Assurance Maladie dévoile un plan pour réduire les dépenses de santé de 1,3 milliard d’euros, 4 juillet 2023
      https://www.caducee.net/actualite-medicale/16163/l-assurance-maladie-devoile-un-plan-pour-reduire-les-depenses-de-sante-de-1

      Les arrêts maladie et leurs prescripteurs dans le viseur

      Avec 16 milliards d’euros en valeur, les arrêts maladie ont bondi de 8 % en 2023 et représentent pour la CNAM un vivier d’économie important. Le nombre d’arrêts maladie a augmenté de manière significative au cours des dernières années, passant de 6,4 millions en 2012 à près de 9 millions en 2022. Cette augmentation peut être attribuée à plusieurs facteurs, notamment l’augmentation des salaires, l’inflation et le #vieillissement de la population. L’assurance maladie pointe également une augmentation de leur durée ainsi qu’une augmentation du taux de recours aux indemnités journalières.

      Pour réduire les dépenses liées aux arrêts maladie, le gouvernement envisage d’impliquer davantage les employeurs, d’ajouter un jour de carence et de renforcer les contrôles au niveau des prescripteurs.

      De son côté la CNAM a lancé une vaste campagne de #contrôles des arrêts de travails auprès des #médecins_généralistes les mettant ainsi à l’index et leur imposant une pression comptable sur des prescriptions qui sont dans leur large majorité complètement justifiées.

      « Une campagne à visée comptable fondée sur l’intimidation des professionnels de santé »

      La Dr Agnès GIANNOTTI, présidente de MG France s’est ému de cette situation dans une lettre ouverte à la population soulignant le désinvestissement progressif de la CNAM et de l’état dans la santé des Français.

      Pour elle l’augmentation des arrêts maladie s’explique d’abord par le mauvais état de santé de la population.

      La proportion de pathologies psychiques a connu une augmentation notable, reconnue par l’UNCAM dans sa lettre de cadrage de la convention médicale, soulignant l’augmentation des consultations pour #souffrance_psychique en médecine générale. Les #troubles_musculo-squelettiques, souvent liés à des emplois physiques, rendent le maintien en poste de plus en plus difficile à partir de 55 ans, tandis que parallèlement, le nombre de trimestres nécessaires pour bénéficier d’une retraite décente a augmenté. Sans oublier ces patients qui attendent pendant de longs mois un traitement chirurgical ou de rééducation, faute de disponibilité ou de rendez-vous. Il ne s’agit en aucun cas d’arrêts de travail de complaisance ou d’absentéisme. [quant aux #covid_long, n’en parlons surtout pas, soit on se fait arrêter sous couvert dun des symptômes, soit c’est au cas par cas que mon peut, ou pas, obtenir l’ALD correstpndante]

      En outre, l’expansion des plateformes de #téléconsultation, soutenues par l’État comme en témoigne leur accessibilité directe via Mon espace santé, et la volonté déclarée d’éliminer le plafond de 20 % de téléconsultations par médecin ont conduit à une hausse inquiétante des arrêts maladie [ce qui serait chouette si cela se conjuguait avec une baisse des prescriptions inutiles ou nuisibles]. En l’absence de possibilité d’interdire le remboursement de ces arrêts de travail prescrits via ces plateformes — une mesure qui pénaliserait les utilisateurs plutôt que de réguler l’utilisation des dispositifs conventionnels par ces structures — l’Assurance Maladie a déplacé ces contrôles vers les médecins généralistes, menaçant 30 % d’entre eux.

      « Que l’on ne s’y méprenne pas, si seuls 2 % des médecins seront in fine sanctionnés, contrôler 30 % des médecins aura évidemment un effet sur les comportements de prescription d’IJ. Excepté les 2 % de comportements jugés déviants, les 28 % des professionnels contrôlés auront une tendance, consciemment ou non, à prescrire moins d’arrêts de travail, y compris lorsqu’ils sont indiqués. Voici le principal objectif de cette vague de contrôle : une campagne à visée comptable fondée sur l’intimidation des professionnels de santé. »

      de plus, les critères d’évaluation des toubibs font grosso modo litière de tout contexte social, n’arrivent pas en tenir compte : un cabinet dont les clients sont pour beaucoup des prolo.tes, pour les TMS et autres soucis liés à la dureté du taf, aux conditions de travail, c’est pas la même et on les contrôle depuis des moyennes, en leur demandant de s’y conformer sou peine sanctions.

      #destructivité_capitaliste #management

    • Les FDO n’ont pas droit de grève c’est la raison pour laquelle ces agents du service public ont recours aux arrêts de travail, avec la complaisance des autorités, comme on l’a vu (puis tout est rentré dans l’ordre).

      Ceci dit, vu l’absence généralisée d’un utilisation offensive du droit de grève dans ce pays, il est probable qu’on en arrive un jour à la suppression effective du droit de grève dans le code du travail (ça se met déjà en place petit à petit, avec les services minimum et les réquisitions) et alors on en viendra peut-être à imiter les flics pour se faire entendre, parce qu’on n’aura, comme eux, pas d’autre choix. Est-il nécessaire de préciser qu’il n’est souhaitable d’en arriver là ?

      Puisque tu l’évoques, quand je bossais, on s’était battu pour que l’employeur prenne en charge la prévoyance (qui permet de couvrir un peu au-delà des 3 mois), au moins la couverture de base (85 % du salaire sans les primes, ce qui n’est vraiment pas terrible pour un SMIC). On avait obtenu cette couverture mais il fallait que ce soit les salariés qui fasse la démarche de s’inscrire auprès de la mutuelle. On avait informé les collègues et on avait demandé et obtenu que l’employeur distribue avec la paie une information sur la procédure d’inscription. C’est désespérant mais dis-toi bien que plus de la moitié des agents ne s’étaient pas inscrits et, comme par hasard, beaucoup des personnes qui nous ont contacté qui en auraient eu besoin n’étaient pas couverts et il n’était pas toujours possible de souscrire après coup (délais).

      C’est là qu’on se prend en plein dans la gueule le décalage entre le projet (ce qu’on s’imagine) et le réel.

      Bref, c’est là où souvent j’ai vu des personnes, pourtant avec un revenu modeste, mais garanti, qui peuvent décrocher socialement très vite parce qu’elles ne peuvent plus travailler (physiquement) et qu’elles ne pourront plus travailler car aucun reclassement n’est accessible.

      Sinon, sur le fond, encore une fois : je n’ai pas de religion. Si de nouvelles modalités de luttes sociales qui permettent d’inverser le rapport de force, à défaut de vraiment de foutre en l’air ce système, émergent, telles que ce que tu évoques (qui me font un peu penser à ce qui se disait dans l’autonomie italienne des années 70), alors je n’y vois que du positif. Mais bon, je ne suis pas vraiment optimiste.

      Je n’ai pas voulu dire qu’au chômage on échappe au salariat. J’ai aussi été chômeur ;-)
      De même, j’ai compris très tôt que personne n’échappe à l’emprise du capitalisme, que l’on soit ou non salarié.

      Je voulais juste signifier que l’objectif, en tout cas pour ce qui me concerne, reste toujours d’anéantir l’économie capitaliste pour construire une société sans classes et sans salariat ; et que si les pratiques de résistance sociale que tu évoques se mettent effectivement en place, cela signifiera alors probablement qu’on sera arrivé à un niveau de conscience individuelle et collective correspondant au moins à une remise en cause du salariat, si ce n’est de la « catégorie » travail.

      Autant dire que je pense qu’on en est très loin mais j’espère me tromper : )

    • [Les médecins contestent la « surprescription »] Arrêts maladie : le gouvernement tente de freiner les dépenses, les médecins contestent la méthode https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/01/arrets-maladie-le-gouvernement-tente-de-freiner-les-depenses-les-medecins-co

      Les généralistes jugés trop prompts à délivrer des arrêts font l’objet d’une procédure de l’Assurance-maladie

      Ya-t-il de plus en plus d’arrêts maladie prescrits ? Bon nombre de médecins répondent par l’affirmative. Mais y en a-t-il « trop » ? La question leur semble mal posée, quand bien même elle renvoie au constat chiffré avancé, récemment encore, par l’Assurance-maladie : les dépenses d’indemnités journalières, hors Covid-19, ont bondi de 8,2 % en 2022 pour atteindre 13,5 milliards d’euros (hors maternité) ; une hausse « au-dessus de la dynamique » d’avant la pandémie, a averti l’instance dans son rapport « Charges et produits » divulgué à la fin du mois de juin et qui, comme tous les ans, fixe certaines des tendances qui se retrouveront dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, débattu à l’automne.

      Cette année, peu de suspense : tailler dans les dépenses de santé, notamment en luttant contre l’augmentation des arrêts maladie, figure parmi les leviers d’économies identifiés pour redresser les comptes publics. Un moyen, parmi d’autres, qui, selon les autorités, permettrait de réduire de 250 millions d’euros, en 2024, le déficit de l’Assurance-maladie.

      Sauf que l’équation ne convainc pas les médecins libéraux, priés de lutter contre la « surprescription » des arrêts maladie : « Se contenter d’un tableau chiffré, c’est passer à côté de l’enjeu véritable », fait valoir Agnès Giannotti, présidente de MG France, premier syndicat de généralistes, en rappelant que trois ans de crise sanitaire ont eu un impact sur la santé des Français. « En demandant aux collègues supposés “trop” prescripteurs d’en faire “moins”, on veut casser le thermomètre, dit-elle, mais ça ne fera pas disparaître le mal.Si les statistiques s’emballent, c’est qu’il y a des raisons ! »

      « Pas de baguette magique »
      Un discours qui résonne sur le terrain. « Les autorités invoquent des chiffres, des dépenses, le budget, alors que l’on parle, nous, de patients, de souffrance, de soins… On frise le dialogue de sourds », souligne le docteur D., récemment installé dans la métropole lyonnaise – il a requis l’anonymat, comme tous les médecins ayant accepté de témoigner.

      Ce jeune généraliste est, depuis peu, concerné par une procédure dite de « mise sous objectif » : sa caisse primaire l’a contacté, en juin, pour lui notifier un objectif de diminution de ses prescriptions d’arrêt maladie, dont le nombre a été jugé supérieur à celui de médecins exerçant dans des conditions comparables. Un « correctif » à concrétiser sur six mois sauf à s’exposer à une amende. Une « douche froide », dit-il.

      A la mi-juillet, il est allé s’en expliquer auprès des médecins-conseils de sa caisse. Un rendez-vous « sur un ton bienveillant », concède-t-il, mais dont il est sorti « avec plus de questions que de réponses ». « J’ai défendu ma position : oui, mes chiffres sont élevés, mais je travaille dans un bassin de population précaire avec beaucoup d’actifs – et peu de retraités – usés par des métiers difficiles. Beaucoup souffrent de troubles musculo-squelettiques, d’arthrose, de tendinites, quand ce ne sont pas des troubles anxieux, des dépressions… » Les « arrêter », affirme-t-il, ce n’est pas seulement leur permettre de « souffler » : la décision « rejoint » la problématique de l’accès aux soins. « Pour pouvoir passer une IRM, ici, les délais sont très longs. Même chose pour obtenir un rendez-vous chez un psy. En attendant, je leur propose quoi, à mes patients ? D’aller travailler pliés en deux ? Je veux bien réfléchir à ma pratique, conclut-il, mais je n’ai pas de baguette magique. »

      Ils sont un millier de médecins, soit 1,5 % environ, à être concernés par cette procédure de contrôle déclenchée par l’Assurance-maladie. S’y ajoute une frange se situant dans la tranche de prescription immédiatement supérieure : à eux, les caisses promettent des « entretiens confraternels » avec des médecins-conseils. Troisième public : des généralistes et des psychiatres qui délivrent des arrêts en lien avec la santé mentale. Eux auront droit à des échanges ou à une visite de délégués de l’Assurance-maladie.

      Les syndicats ont fait leurs calculs : 1 000 médecins « sous objectif », 5 000 contactés pour un entretien d’alerte, 15 000 auxquels seront proposés des rendez-vous à la rentrée… Cela représente, selon eux, près d’un tiers de la profession. L’Assurance-maladie défend un plan d’action « gradué » visant une « minorité de dérives » : « Nous sommes d’abord dans l’accompagnement et la pédagogie. Mais ça n’exclut évidemment pas le contrôle, voire la sanction, si c’est justifié », soutient son directeur général, Thomas Fatôme.

      Sans calmer l’émotion des intéressés, relayée dans les rangs syndicaux où l’on dénonce « harcèlement » et « délit statistique ». « Il peut y avoir des abus, sans doute, mais l’immense majorité des collègues font bien le boulot, s’énerve le docteur Jérôme Marty, de l’Union française pour une médecine libre. Ce n’est pas comme ça que l’on remplira les tiroirs-caisses de l’Etat. » L’ordre des médecins s’est ému du discours ambiant, regrettant qu’il « jette la suspicion sur le comportement des médecins ».

      D’une même voix, les syndicats ont appelé les professionnels concernés à rejeter la procédure. De fait, en cas de refus ou d’échec, la « mise sous objectif » peut aboutir à une « mise sous accord préalable » des prescriptions, un dispositif coûteux en temps et en agents pour les caisses. Une façon de « jouer la montre ». Certains généralistes, après entretien, disent avoir vu la procédure non confirmée ou abandonnée. D’autres espèrent un retour pour le début d’août. « En attendant, témoigne la docteure R., généraliste dans le Sud, j’ai averti certains de mes patients, notamment ceux en arrêt long : s’ils veulent un renouvellement, en septembre,qu’ils se tournent vers la médecine du travail ! »

      Ce plan d’action de l’Assurance-maladie ne part pas de rien, rappelle le docteur Marcel Garrigou-Grandchamp, qui, en tant que responsable de la cellule juridique de la Fédération des médecins de France, apporte une assistance aux praticiens qui le saisissent. « Nous sommes aujourd’hui saturés de demandes, rapporte-t-il. Il y a eu une précédente grosse campagne en 2015 ; nous n’avions pas hésité, à l’époque, à saisir les tribunaux administratifs. Le sujet revient en réalité tous les ans, mais c’est une action d’une ampleur inédite qui vient d’être lancée et, après l’échec de la convention médicale et des négociations tarifaires, c’est la goutte d’eau… »

      « Je suis dans le rouge »
      Une enquête diffusée, le 24 juillet, par l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) des médecins libéraux d’Ile-de-France à partir de 973 témoignages permet de verser d’autres chiffres aux débats : la moitié des répondants disent avoir constaté une augmentation des prescriptions d’arrêt, le premier motif correspondant à des troubles anxio-dépressifs. Ils déclarent aussi recevoir très peu de demandes injustifiées ; mais ils sont près d’un tiers (31 %) à avoir déjà subi des menaces ou des pressions de patients sur ce motif. « C’est un sujet systémique, note la docteure Valérie Briole, présidente de l’organisation. Dans une situation globale de pénurie de médecins et de demande de soins croissante, une pression supplémentaire exercée sur les collègues en exercice n’est pas logique. »

      La docteure F., vingt ans de métier en Ile-de-France, en sait quelque chose. Elle aussi a reçu, il y a quelques semaines, un « coup de fil » puis un courrier l’informant de sa possible mise sous objectif. Elle aussi est allée à sa caisse s’en expliquer. Et en reste « très marquée ». « D’un point de vue statistique, je suis dans le rouge… Mais je n’ai pas le sentiment d’avoir dérivé ou d’être complaisante. Croyez-moi : pour les patients, ce n’est pas évident de se retrouver en arrêt, la plupart y perdent financièrement ». Des « demandes abusives », elle en a « quelques-unes » en tête, une seule de récente, pour près de 2 000 patients dont elle est la médecin référente, « et je refuse catégoriquement, tient-elle à souligner. Faire des économies sur ce dossier, vu l’état de santé des patients, vu aussi l’état des médecins, je ne crois pas que ce soit possible », conclut-elle, pessimiste.

      Sauf, peut-être, à contrôler davantage les arrêts prescrits en téléconsultation, une possibilité offerte du temps du Covid-19 et qui s’est beaucoup développée. Le Conseil constitutionnel avait retoqué, en 2022, une mesure en ce sens inscrite dans le budget de la « Sécu ». On peut s’attendre à ce que le débat rebondisse, à la rentrée, à l’Assemblée nationale.

      Dans l’enquête de l’URPS, d’autres pistes sont avancées par les praticiens : concernant les arrêts de moins de quatre jours, plus de sept répondants sur dix seraient favorables à la suppression de l’obligation de prescription. Et neuf sur dix, pour les arrêts de longue durée, accueilleraient favorablement une « alternative », comme un télétravail aménagé.

    • Le terme « de niveau de conscience », tel que je l’ai utilisé, est plutôt un clin d’œil parodique en référence aux mantras gauchistes (quand les conditions subjectives, etc.).
      Pour moi, le « niveau de conscience » pris dans ce sens étroit - idéologique - serait plutôt une figure repoussoir qu’autre chose. Désolé du contresens !
      Pour autant, je ne suis pas du tout cynique et mon propos n’était pas totalement ironique : « niveau de conscience », une fois débarrassé de ses pré-supposés idéologiques, c’est ce qui permet d’interpréter subjectivement, de façon individuelle ou collective, les rapports sociaux (et donc politiques) et les pratiques ordinaires : en bref, le collectif. C’est ce qui me reste pour évaluer où j’en suis avec les gens que je côtoie pour organiser|participer à des actions directes de lutte. C’est en fait, la seule chose qui me semble déterminante aujourd’hui dans une perspective révolutionnaire.
      Pour en revenir à notre sujet : je ne peux donc pas tout simplement imaginer des actions concrètes et collectives organisées autour des pratiques que tu évoques parce que je ne suis plus du tout raccordé à cette réalité (au sens matérialiste) et que j’ai du mal à voir concrètement ce qui pourrait s’organiser, en dehors des pratiques individuelles de survie (que j’ai moi-même pratiquées dans un autre temps et auxquelles j’ai assisté pour d’autres personnes).
      Même si ces pratiques existent, nous sommes collectivement vraiment très très loin du niveau d’engagement ou de confrontation requis pour que ça puisse avoir un effet significatif à l’échelle de la société. Il faudrait probablement que quelque chose de qualitatif et quantitatif - appelons-ça conscience - soit profondément modifié à partir des pratiques sociales pour qu’elles puissent engendrer un rapport de force politique.

      Donc la conscience c’est fondamentalement construit sur des pratiques sociales et non l’inverse, là dessus je suis totalement OK !

    • Ceci dit, ton article du Monde confirme qu’il y aura probablement un clash autour de la question de la santé au travail - arbre des arrêts maladie cachant la forêt de la souffrance au travail - qui peut déboucher sur de nouvelles situations et pratiques sociales ...

      J’ai malheureusement les pires inquiétudes sur les capacités actuelles d’auto-organisation combatives dans le monde du travail ; quant aux syndicats... ce n’est même pas la peine d’en parler.