• J’apprends avec 3 jours de retard le décès du grand Edward Herman, notamment co-auteur avec Chomsky de Manufacturing Consent (1988), que je tiens pour le livre qui a eu le plus d’influence sur ce qui est devenu, en France, « la critique des médias » (ou, précisons désormais, la critique de gauche des médias…) et, pour les gens de ma génération, ce que nous avons fait et ce que nous faisons encore avec l’internet.

    Et, comme une confirmation des « filtres » qu’ils ont défini il y a près de 30 ans dans ce livre : il est fort probable que tu sois passé à côté de cette triste nouvelle…

    Noam Chomsky and Edward Herman (Oct. 1, 1993)
    https://www.youtube.com/watch?v=_D6gOowwAVY

    • #critique_médias (merci pour l’info @nidal j’étais en effet passer à côté) #bulle_de_filtres

      Il avait écrit ça pour le @mdiplo il y a quelques décennies, sur un autre sujet (quoique) : « Dictature aux Philippines sous le masque de la démocratie », par Walden Bello & Edward S. Herman (septembre 1984)
      https://www.monde-diplomatique.fr/1984/09/BELLO/38165

      Depuis qu’ils occupèrent Cuba au tournant du siècle, les Etats-Unis ont souvent parrainé des « élections libres » afin de stabiliser des régimes alliés, ou de légitimer l’édifice politique auquel allaient leurs préférences après une période d’occupation et de pacification prolongée, ou encore pour regrouper l’élite locale derrière un candidat qu’ils cautionnaient. Plus récemment, le dessein fondamental a moins été de stabiliser un pays que de bien montrer à l’opinion publique et au Congrès la pureté des intentions américaines. Tel fut notamment le cas au Salvador.

      Les élections législatives qui se sont déroulées aux Philippines le 14 mai dernier offrent l’exemple d’une élection organisée à la fois pour convaincre l’opinion publique américaine, très sceptique à l’égard du président Marcos, et pour stabiliser la situation intérieure en isolant l’aile progressiste et populaire de l’opposition et en ressoudant une élite divisée.

      Ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis interviennent aux Philippines pour désamorcer une situation menaçante dans leur ancienne colonie.

  • « Madame, c’est abusé, Charlie » | Making-of
    https://making-of.afp.com/madame-cest-abuse-charlie

    C’est leur principal problème. Ils ne cherchent pas l’#information, ils la subissent. Ils voient passer des choses sur les #réseaux_sociaux, entendent passivement des bribes d’infos à la radio ou à la télévision, qu’ils ne regardent plus vraiment. C’est d’ailleurs une bonne chose que Facebook s’attaque aux fausses informations diffusées sans filtre sur sa plate-forme.

    Et nous, #médias traditionnels, nous pourrions aller à leur rencontre avec des formats susceptibles de les intéresser, sur les plateformes qu’ils fréquentent, Facebook, Instagram, YouTube, Snapchat... Car, ce qui me stupéfie à chaque fois, c’est leur capacité à développer un esprit critique acerbe dès qu’on leur met quelques éléments ordonnés entre les mains. Quand on leur donne de quoi penser, et non un prêt-à-penser.

    Je m’explique.

    #complotisme #critique_médias #médias_sociaux

  • Le dernier des cinéphiles
    http://www.laviedesidees.fr/Le-dernier-des-cinephiles.html

    La #télévision contamine le #cinéma et ne permet aucune expérience du monde. Dans ses derniers textes, Serge Daney pointe la naissance d’un nouvel ordre audiovisuel, qui n’enregistre plus la réalité et qui ne renvoie plus qu’à lui-même.

    Livres & études

    / #critique, cinéma, #image, télévision

    #Livres_&_études

  • Critiquer les médias n’est pas seulement un sport national, c’est aussi une arme politique | Slate.fr
    https://www.slate.fr/story/133163/critique-medias-traditions

    Critique sociale, critique réactionnaire, les deux semblaient irréconciliables. Pourtant, les frontières ont cessé d’être aussi nettes. Depuis quelques années, la critique issue de la droite radicale décerne d’embarrassantes médailles à la critique de gauche. On entend Louis Aliot employer l’expression « chien de garde », fauchée à Serge Halimi (et l’intellectuel Paul Nizan), l’Ojim encenser Pierre Bourdieu, Acrimed, ou détrousser la sociologie critique en lui piquant le concept d’« habitus », d’« entre-soi », autrefois l’apanage de la critique de gauche. Un brouillage des lignes qui ne profite qu’à la seconde.

    #critique_médias #confusionnisme

  • Disséquer le langage des journalistes
    https://www.slate.fr/story/123555/critique-journalisme

    En lisant cet ouvrage, je m’attendais à le voir analysé, critiqué, encensé ou démoli. Il a été étrangement peu commenté. « Je critique les grands médias ; il est normal qu’ils ne se précipitent pas pour parler du livre », explique l’auteur à Slate, se disant « plutôt agréablement surprise » de sa réception. A l’exception d’un article à charge de L’Obs (ici, avec réponse d’Ingrid Riocreux ici), d’une critique, intelligente et honnête, dans Vice, c’est plutôt la droite qui s’en empare (Atlantico, Éric Zemmour…). Tenant désormais un blog sur Causeur, Ingrid Riocreux n’écarte pas le risque d’une politisation facile de ses écrits.

    À tort. D’abord, la compétence universitaire est indiscutable (agrégation et doctorat), tout autant que la capacité à aligner, donc à décrypter, des phrases incompréhensibles (qu’on lise le résumé de sa thèse), sans négliger un plaisir évident à la joute intellectuelle.

    La Langue des médias laisse pourtant une étrange impression. Elle y pose d’excellentes questions, apporte de bonnes réponses mais s’appuie sur des exemples pour le moins polémiques. IVG, climato-scepticisme, mariage homosexuel, l’affaire Méric, islam, migrants… : les sujets qu’elle choisit sont sensibles, ce qu’elle ne peut ignorer. Montrant quel camp choisissent les journalistes (en faveur de l’IVG par exemple), elle décrypte leur discours et observe qu’il tient à déprécier ceux qui s’y opposent.

    #journalisme #conspirationnisme #désinformation #langage #vocabulaire #idéologie #cax

  • Le matin, quand elle croque ses biscottes, Nathalie Saint-Cricq…
    https://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=8789

    Le matin, quand elle croque ses biscottes, Nathalie Saint-Cricq n’est pas seule. Deux vieilles amies lui chuchotent à l’oreille. Le Sens de l’Histoire dans l’oreille droite, l’Opinion Publique dans l’oreille gauche. Nathalie les tutoie, elle les connait depuis la maternelle. Elles la tiennent informée, et elle seule, à l’écart des foules vulgaires. Elles l’aident à tenir le cap. C’est pour cette raison que la télévision d’Etat, dans sa sagesse, a convié Nathalie à venir chaque soir distiller ses oracles. Le télespectateur ne connait pas sa chance.

    Pour France 2, la “radicalisation” de la CGT est vouée à l’échec
    http://television.telerama.fr/television/pour-france-2-la-radicalisation-de-la-cgt-est-vouee-a-l-echec,14

    « D’une région à l’autre, le même constat : il n’y a pas que des salariés du secteur. » C’est insensé. On devrait exiger des militants la présentation de leur carte professionnelle avant de participer à un blocage. (...) « Manifestement, sur ces barrages, personne n’est là par hasard. » Brrr, ça fait peur. « Tous sont déterminés. » Ça y est, je suis paniqué. (...)

    Pourtant, « la CGT souhaite encore durcir et élargir le mouvement, annonce David Pujadas. Elle appelle à une grève illimitée à la RATP à partir du 2 juin. » A huit jours de l’Euro ? Quelle irresponsabilité ! « Est-ce qu’on assiste là à une radicalisation de la CGT ? » « Clairement oui, David, certifie Nathalie Saint-Cricq, l’éditorialiste politique. (...)

    « Ensuite, jouer l’explosion sociale, c’est prendre la responsabilité qu’il y ait un accident, un blessé ou un mort. » Le plus simple serait de supprimer le droit de manifester, ça éliminerait la possibilité d’un accident. « C’est aussi risquer de se mettre à dos l’opinion publique. » Surtout l’opinion publique qui regarde France 2.

    #critique_médias #grèves #loi_travail

  • Faire sauter le verrou médiatique
    « Manière de voir » 146 (avril - mai 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/mav/146 #st

    Robots rédacteurs, mouchards publicitaires et réseaux sociaux : l’industrie numérique a trouvé le Graal dont rêvaient les patrons de la #presse traditionnelle. Cette information de masse à bas coût qui enchante les annonceurs ne bouleverse pas l’ordre médiatique. Contrôlé par des grandes fortunes, le #journalisme cadre les débats publics et escamote une partie de la réalité. Le discrédit qui le touche nourrit un immense désir : celui d’une #information de qualité conçue comme un bien collectif.

    #médias #critique_médias

    http://zinc.mondediplo.net/messages/21557 via Le Monde diplomatique

  • La liste de sujets retoqués par le « comité d’#investigation de Canal+ »
    https://www.arretsurimages.net/emissions/2016-02-12/Bollore-et-Hollande-ont-un-interet-conjoint-a-etouffer-l-investigati

    De son petit tas de documents, Rivoire, journaliste de #Canal+ et représentant syndicat SNJ-CGT extrait une liste : la liste de sujets retoqués par le « comité d’investigation de Canal+ » - réunion qui se tient tous les deux mois, au cours de laquelle sont validés les projets d’enquête. Alors que sous l’ancienne direction, « 80 à 90% » des sujets étaient retenus en moyenne, depuis la reprise en main de Bolloré, les choses sont nettement moins simples : « Au dernier comité d’investigation, nous avons proposé à la direction onze projets d’enquête. On a eu sept refus. » Il égrène la liste des sujets dont on n’entendra pas parler sur la chaîne cryptée : « Volkswagen, entreprise de tous les scandales », « Le monde selon YouTube », « François Homeland » (une enquête sur le président et les guerres), « Attentats : les dysfonctionnements des services de renseignement », « Les placards dorés de la République » (sur les emplois fictifs dans la haute fonction publique), « La répression made in France » (sur comment la France exporte des matraques électriques, et autres outils de répression, à des régimes pas toujours recommandables), et enfin, « Nutella, les tartines de la discorde », également refusé. Nutella ? Peut-être un lien avec le fait que le groupe Ferrero, qui détient la marque de pâte à tartiner, figure parmi les 50 plus gros annonceurs de France (avec, de surcroît, 76% de son budget pub destiné à la TV) ? Dans ce top 50 figurent également... Volkswagen et Google, qui possède YouTube.

    #journalisme #médias #critique_médias #Bolloré #audiovisuel #censure

  • « Ne pas intégrer la critique des #médias à son programme lorsqu’on entend changer le monde, c’est se tirer une balle dans le pied avant même de commencer la course »
    https://npa2009.org/idees/societe/ne-pas-integrer-la-critique-des-medias-son-programme-lorsquon-entend-change

    Et quel est donc ce scénario ?

    On pourrait le schématiser de la manière suivante. Première étape, un gouvernement de gauche arrive au pouvoir sans avoir préalablement fait campagne pour la neutralisation de l’oligarchie médiatique et son remplacement par une information de qualité. Deuxième étape, les médias qui accompagnaient et soutenaient les gouvernements néolibéraux, deviennent soudain critiques. Ils attaquent la gauche au pouvoir sans relâche et agissent comme des adversaires politiques. Or ces entreprises de communication sont aussi censées représenter le quatrième pouvoir, la démocratie, le rempart contre le goulag, etc. Ils sont d’ailleurs perçus comme tels à l’étranger.

    Et là, de deux choses l’une. Soit la gauche au pouvoir ne réagit pas et subit la grêle de la désinformation, ce qui la fragilise encore un peu plus, surtout si elle tente de s’appuyer sur les mouvements sociaux. Soit elle décide de casser l’oligarchie médiatique en faisant par exemple adopter une loi sur la propriété des médias ou en appliquant les lois existantes. Et là, c’est le drame. Car ces mesures semblent prises dans l’urgence : elles ne figuraient pas au cœur du programme ; leur nécessité démocratique n’a pas été expliquée, démontrée, argumentée. Elles ne sont donc pas soutenues par une mobilisation populaire.

    Dès lors leur mise en œuvre soudaine apparaît comme un vil mouvement de répression contre des médias qui critiquent le gouvernement. Donc comme une atteinte à la liberté de la presse, aussitôt dénoncée par les éditorialistes du monde occidental. Et repris par l’opposition qui en profite pour mobiliser et déstabiliser le gouvernement.

    Il ne faut pas oublier que dans cette situation particulière où la gauche de gauche accède au pouvoir, le soutien à l’ordre ancien peut se confondre avec la critique du pouvoir en place. D’où la nécessité stratégique, pour une formation progressiste qui se trouve enfin en mesure de mettre ses idées en œuvre, de ne pas donner prise à ces critiques.

    Peux-tu développer cette dernière idée ? Comment faire ?

    Si, au contraire, les progressistes ont intégré la critique des médias à leur programme, s’ils en ont fait un élément central de leur pédagogie économique, s’ils ont promu un autre modèle et promis de le mettre en place sitôt élus, la situation est tout à fait différente. D’une part, l’hostilité des médias à l’égard du pouvoir de #gauche semblera motivée non plus par un soudain élan critique mais par un souci de protéger l’ordre ancien, ses passe-droit et ses prébendes. Et, d’autre part, la remise à plat du système d’information ne sera pas considérée comme un atteinte à la démocratie mais comme la simple mise en œuvre d’une promesse électorale, d’un programme entériné par la majorité.

    Bref, pour le dire en un mot, ne pas intégrer la critique des médias à son programme lorsqu’on entend changer le monde, c’est se tirer une balle dans le pied avant même de commencer la course.

    #critique_médias

    • Pas trop envie d’aller plus loin, ça sent la langue de bois. La phrase de théorie est bien jolie mais n’a rien à voir avec le but de ce gouvernement qui n’a jamais eu en projet de changer le monde.
      Et la balle dans le pied, en général, on se la tire tout seul, peut-être par confusion de desseins politiques et par morgue.

    • @touti pourquoi tu parles de « le but de ce gouvernement », alors que Rimbert parle des partis de gauche (FdG, NPA, etc) ? Il imagine qu’un de ces partis (ou regroupement de partis) arrive au pouvoir sans avoir au préalable intégré la critique des médias (et des solutions) dans son programme de base. Il ne parle pas du parti « socialiste » actuellement au pouvoir.

      Ou bien j’ai mal compris, et tu dis que ces partis là (FdG, NPA, etc) n’ont pas non plus comme projet de changer le monde (ce qui est aussi recevable comme idée hein ! mais c’est différent que de parler du PS).

    • C’est surement le fait de « changer le monde par un gouvernement » qui me fait grincer des dents.

      Première étape, un gouvernement de gauche arrive au pouvoir sans avoir préalablement fait campagne pour la neutralisation de l’oligarchie médiatique et son remplacement par une information de qualité.

      Il y a besoin d’une information de qualité de suite, pas d’un programme de prise de pouvoir qui décide ce qu’est la qualité de l’information.
      L’oligarchie médiatique ou tout autre oligarchie, comme celle de gauche actuelle qui vire au totalitarisme, se reconstruit dans tous les cas par le pouvoir que ses membres exercent et éminemment par l’économie qui leur impose une ligne de conduite. Et je trouve pas très visionnaire de croire qu’on pourrait neutraliser cette oligarchie en mettant au pouvoir d’autres guignols.

  • #Islamophobie ou prolophobie ? (@mdiplo, février 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/02/BREVILLE/52625

    Les #juifs sont implantés en France de très longue date, dès les premiers siècles de l’ère chrétienne. Beaucoup s’installent entre la fin du XIXe siècle et le début de la seconde guerre mondiale, fuyant les pogroms et la montée du nazisme en Europe centrale et orientale. Ouvriers, artisans ou petits commerçants, les juifs arrivés dans l’entre-deux-guerres vivent souvent dans des quartiers pauvres et délabrés, où ils se heurtent au racisme de leurs voisins français. Comme nombre de réfugiés, ils disposent parfois d’un capital culturel supérieur à la moyenne de leur pays d’origine (un trait également observé parmi les réfugiés afghans, syriens ou africains). Puis une nouvelle vague, issue de la décolonisation de l’Afrique du Nord, se produit après 1945. Au fil des décennies, certains descendants de ces premiers arrivés s’élèvent dans la société, au point d’occuper aujourd’hui des postes de pouvoir, notamment dans les milieux journalistique, politique et universitaire — c’est-à-dire ceux qui produisent, orientent et contrôlent les discours publics.

    Les immigrés de culture musulmane, eux, sont plus nombreux à arriver en France après la seconde guerre mondiale, et surtout à partir des années 1960, en provenance du Maghreb puis d’Afrique subsaharienne, parfois recrutés par l’industrie en fonction de critères physiques. Leurs enfants et leurs petits-enfants grandissent dans une société en crise, frappée par un chômage de masse et une précarité croissante dont ils sont les premières victimes et qui amenuisent leurs chances d’ascension sociale. Si certains se hissent au rang des classes moyennes et même supérieures, ils demeurent globalement peu représentés dans les plus hautes sphères. Fréquemment attaqués par les médias et les dirigeants politiques, les étrangers et les Français #musulmans ont peu d’armes pour se défendre dans l’arène publique, ce qui permet au discours raciste de fonctionner à plein régime. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les #Roms, groupe le plus dépourvu de ressources pour s’opposer aux discours stigmatisants, font l’objet d’attaques plus rudes encore, depuis M. Jean-Marie Le Pen, qui juge leur « présence odorante et urticante », jusqu’à M. Manuel Valls, selon lequel « les Roms ne peuvent pas s’insérer en France, dans leur majorité » et ont donc « vocation à rentrer chez eux ».

    La situation actuelle des juifs et des musulmans fait écho, par certains aspects, à celle des #migrants russes et arméniens de l’entre-deux-guerres. (…) Ainsi la condition sociale détermine-t-elle puissamment la perception des migrants comme celle de leurs descendants, par le truchement du bouclier institutionnel qu’elle procure aux uns et dont elle prive les autres. Pourtant, depuis trente ans, cette grille de lecture est de moins en moins mobilisée : on lui préfère une analyse culturelle, qui envisage les problèmes des migrants selon des critères d’origine.

    Le tournant intervient entre 1977 et 1984. Pendant les trois décennies précédentes, la thématique de l’immigration est peu présente dans les discours publics. Les médias évoquent les étrangers incidemment, quand ils parlent de logement, d’emploi ou d’économie. Loin de ses positions des années 1930, la droite salue alors l’apport des travailleurs étrangers. Ainsi, après la mort de cinq ouvriers africains asphyxiés dans leur sommeil par les fumées d’un feu mal éteint dans un foyer d’Aubervilliers, Le Figaro explique, sur un ton qu’on ne lui connaît plus : « Qui veille à la santé de ces infortunés transplantés ? Ils balaient les rues lorsque les caniveaux sont gelés, puis ils tentent de triompher de la tuberculose qui les mine ou de l’oxyde de carbone ! Voilà le sort de ces déshérités. Il importe d’y apporter d’urgence un remède. »

    La situation change avec la crise économique en 1975 et, plus encore, après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République. En moins de trois ans, la question des « travailleurs immigrés » cède le pas au « problème des Arabes », de la « deuxième génération » et, par ricochet, des musulmans. Des événements qu’on analysait autrefois de manière sociale sont désormais abordés selon un biais ethnique. (…)

    Quand elle ne s’aligne pas sur la position de ses adversaires, la gauche des années 1980 répond aux attaques contre l’immigration maghrébine en valorisant la « culture beure », reprenant, de manière inversée, le discours culturaliste de la droite. Libération, qui joue un rôle actif dans cette entreprise, ouvre dès septembre 1982 une rubrique « Beur » qui informe sur les événements artistiques supposés intéresser les membres de cette « communauté ». Puis le quotidien soutient activement la Marche pour l’égalité et contre le racisme, qu’il rebaptise « Marche des beurs » et dont il détourne le sens, et accompagne la création de SOS Racisme par des proches du Parti socialiste, contribuant ainsi à déplacer le regard de la lutte pour l’égalité à celle contre les discriminations. Le Monde se réjouit que « les enfants de la seconde génération immigrée s’emparent de la chanson, du cinéma, du théâtre » (4 juillet 1983), tandis que l’hebdomadaire Marie­Claire célèbre la « crème des beurs » (avril 1984). Mais, si la culture de l’élite gagne en légitimité, la base, dont les conditions d’existence se dégradent sous l’effet de la désindustrialisation, reste en butte au mépris.

    En moins de trois ans, le débat sur l’#immigration a été vidé de son contenu social. (…)

    Les discriminations raciales s’ajoutent aux inégalités sociales pour les renforcer, rendant ces deux problèmes indissociables. Le choix d’insister sur tel ou tel critère — la couleur de peau ou l’appartenance aux classes populaires — est à la fois politique et stratégique. Il participe de la définition des fractures de la société française. Souligner la composante sociale des inégalités permet de combattre l’idée que les populations d’origine maghrébine et africaine constitueraient un problème spécifique, totalement distinct des précédentes vagues migratoires et des classes populaires dans leur ensemble.

    #race #critique_médias (#seenthis-paywall-done)

    J’en profite pour reproduire d’un autre réseau social cette critique visible sous le sommaire du numéro de février :

    Félix Félix : Quelle tristesse, qu’en 2015, dans Le Monde diplomatique, on lise encore...

    ...Que l’antiracisme (comme pour d’autres, le féminisme) est un combat / une grille de lecture qui est « en concurrence » avec la lutte des classes (sous entendus : l’antiracisme n’est pas « la » bonne #stratégie / les antiracistes font le jeu de la droite identitaire) ; que la spécificité du racisme post colonial n’est qu’un « postulat » ; et que le mot « Blancs » s’écrit entre guillemets, à la différence des mots Noirs ou Arabes... [cf article de Benoît Bréville]

    L’article aurait du être titré « Islamophobie ET prolophobie », cela aurait été plus fidèle à son contenu !

    [suite]...Des éloges de la solution miracle des « Lumières » et de la « République » (dont on oublie l’histoire située, l’abstraction, l’ethnocentrisme, le colonialisme, l’impérialisme, l’autoritarisme, le machisme, le capitalisme... ; et leur instrumentalisation passée et présente au service du maintien de l’ordre social et de son racisme structurel), comme valeurs supposées « Universelles » de la « Raison », menacées par les « dangereuses » critiques post coloniales « identitaires » (l’"identité" étant un gros mot, tout comme la « foi »)... [cf article d’Anne Cécile Robert http://seenthis.net/messages/338958 ]

    Dominique De Villepin en Une du Diplo, c’était déjà triste... mais ça s’Empire ! (February 6 at 5:33pm)

    • Aujourd’hui, un cinquième de l’humanité (1,3 milliard de personnes !) est sur Facebook, où s’informe, déjà, près d’un tiers des Américains. Le public fait plus confiance à ses amis qu’aux éditeurs historiques et compte désormais sur Facebook et Twitter pour trier, en son nom, ses infos quotidiennes.

      Personne ne sait plus comment choisir quoi lire, écouter ou regarder. La vidéo aujourd’hui est même plus facile à faire qu’à trouver ou à regarder ! La plupart des contenus sont ignorés. Mais ce qui est retenu se propage très vite par ces réseaux sociaux et les mobiles.

    • Et merci, j’ai lu ça tout à l’heure en sortant d’un débat avec Serge Halimi et Pierre Carles, sur le bilan de la critique des médias. Et c’est un sujet qu’on a pas eu le temps d’aborder (le fait en gros que pour les générations qui arrivent, à assez court terme, le problème est plus Google, Facebook ou Twitter que TF1, Europe1 ou Le Point).

      C’est trop court une aprèm pour tout aborder…

    • J’avais commencé à prendre des notes, mais j’étais assis par terre en ayant mal au dos donc j’ai arrêté. :D
      Mais toute l’aprèm a été captée en vidéo et son, et j’aimerais qu’on fasse un appel à contribution pour que celleux qui ont pris des notes nous les envoient sur le site ou par mail.

      Le plan général c’était :
      – deux débats mouvants (affirmation polémique avec obligation de se positionner puis on peut changer de camp autant de fois qu’on veut dès qu’un argument nous touche) :
      = Les médias mentent.
      = Les gens résistent aux manipulations médiatiques.
      – 30 minutes d’interviews de Halimi et Carles par deux personnes de l’université populaire autour des deux affirmations précédentes et d’autres questions préparées par les gens de l’université populaire
      – interview de Philippe Poutou sur son expérience du monde médiatique durant la campagne présidentielle (c’était très intéressant et très drôle)
      – retour d’expérience d’un délégué CGT cheminot sur la médiatisation des dernières grèves SNCF
      – historique de la critique des médias par Dominique Pinsolle (maître de conf histoire des médias) pendant 10 min
      – pause où on devait se regrouper, discuter de notre expérience et en tirer des questions
      – 1h de questions à Halimi, Carles et Pinsolle
      – discussions informelles le temps que tout le monde parte

      On était environ 200, salle comble, avec 50 personnes refusées à l’entrée pour cause de sécurité !

      Au départ, la dernière partie devait être un débat sur les solutions concrètes, notamment au niveau local, mais yavait clairement pas assez de temps. Il doit y avoir une prochaine réunion d’organisée dans les semaines qui arrivent pour celleux que ça intéresse d’aller plus loin.

  • 20 ans de critique des médias, avec Serge Halimi, Pierre Carles, Philippe Poutou, les cheminots...
    http://upbordeaux.fr/Evenements#ancre_189

    Une après-midi d’éducation populaire qui promet, avec @mdiplo en la personne de Serge Halimi lui-même, et son vieil ami Pierre Carles. :)

    C’est à Bordeaux, mardi 11 novembre après-midi, au centre social St-Michel.

    C’est l’heure du bilan (même un jour férié). L’heure du bilan critique. Cela va faire 20 ans que Pierre Bourdieu sortait « Sur la télévision », petit livre qui fit grands bruits, aussi bien dans la polémique qu’il provoqua que comme succès de librairie inattendu (100 000 exemplaires vendus et traduit en 26 langues). Le sociologue y prouvait une homogénéisation croissante de l’information soumise aux lois du marché et de la concurrence. Les légendes auto-satisfaisantes sur l’indépendance et la pluralité volaient en éclats au milieu des cris d’orfraie de quelques-uns.

    20 ans après qu’est-ce qui a changé ? Et surtout, le mouvement de critique des médias, où en-est-il aujourd’hui ? Qu’a t’il accompli ? Quelles ont été ses erreurs ? Quelles sont ses perspectives ?

    Nos deux invités participent de ce mouvement depuis longtemps. L’un, rescapé de la télévision avec ses documentaires montrant les coulisses du journalisme, l’autre au Monde Diplomatique se battant pour un journal indépendant d’analyses politiques et internationales choisissant le parti de l’émancipation.

    Nous creuserons ça trois heures durant avec eux. Mais pas qu’avec eux, avec vous aussi, comme le veulent nos habitudes d’éducation populaire politique à l’UPB. Donc pas de grande messe mais plutôt au menu des débats mouvants et autres ateliers où vous pourrez vous exprimez. Et s’il y a quelques motivés parmi nous, qui sait, peut-être envisagerons nous sérieusement des pistes concrètes d’actions locales liées à la critique des médias. Du moins c’est notre souhait.

    #agenda #2014-11 #2014-11-11 #Bordeaux #Serge_Halimi #Pierre_Carles #Pierre_Bourdieu #Bourdieu #critique_médias #éducation_populaire

    (promis, dans pas longtemps l’UP aura des meilleurs URL plus pérennes)

  • Ce qu’a bu l’âne au quai | Le Devoir
    http://www.ledevoir.com/societe/medias/421950/ce-qu-a-bu-l-ane-au-quai

    En fait, étonnamment, Le Figaro, réputé fiscalement conservateur, demeure le seul grand quotidien français à s’être intéressé à la visite de l’Équatorien contre « le capital ». Son journaliste économique, interviewé, dit très franchement qu’il s’adresse à des investisseurs et que l’Équateur offre de très belles occasions à saisir…

    #critique_médias

  • Dominique Cardon : Internet et la contestation des médias
    http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-2eme-partie-internet-et-la-contestation-des-m

    Avec Médiactivistes, Dominique CArdon et Fabien Granjon nous livre une petite histoire du médiactivisme, une généalogie des formes de participation militante sur Internet. L’ouvrage rappelle que l’information est au coeur de luttes depuis plusieurs décennies. Le médiactivisme a produit un discours critique soit pour dénoncer les structures hégémoniques de l’information, soit pour faire de l’information dans des structure alternatives. Synthèse historique, panorama des différents courant, l’ouvrage de Dominique Cardon et Fabien Granjon interroge enfin le lien entre innovations technologiques et nouvelles formes de productions. (...) Source : La Grande Table, France (...)

    • J’ai trouvé drôle ce passage où Acrimed fait irruption sur les ondes policées de la #radio d’état, dont elle est habituellement ostracisée. On sent un léger vent de panique s’emparer des journalistes à la simple évocation de cette association.

      (à partir de 14min30s)

      Dominique Cardon :
      Ce que va faire #Acrimed, qui est un très bon représentant aujourd’hui dans l’espace médiatique français de la critique contre-hégémonique, c’est de produire de l’information qui est une vigilance critique sur le travail des journalistes professionnels. C’est finalement être une sorte de vigie, de watchdog...

      Raphaël Bourgois :
      Mais en quoi...

      Dominique Cardon :
      ...comme disent les américains

      Raphaël Bourgois :
      ...cela provoque une action ? C’est ça que je ne comprends pas. En quoi la critique des #médias traditionnels provoque une action ? Moi je défend ma crémerie, mais l’information traditionnelle elle est là pour provoquer même dit de façon policée une réaction, si ce n’est une action.

      Dominique Cardon :
      Oui mais je pense qu’être sous surveillance c’est nécessairement transformer son propre comportement ou être attentif à un certain nombre de signaux. Donc le fait qu’il y ait un certain nombre de vigies... mais on pourrait dire que le champ des média en lui même s’auto-surveille, s’auto-contrôle et d’une certaine manière se fait des reproches mutuels pour mettre en conformité les pratiques avec les idéaux professionnels, déontologiques de la profession. Mais le fait d’être sous le contrôle d’Acrimed ou d’autres, c’est à dire de voir des intérêts, des lectures d’intérêts économiques, de voir qu’une grande chaine de télévision ne parle pas du tout de tel ou tel sujet parce qu’il semblerait que ce soit lié aux intérêts économiques de son propriétaire...

      Caroline Broué :
      En l’occurence le #CSA est plus actif en la manière que Acrimed.

      Dominique Cardon :
      Alors peut etre, peut-être, qu’il n’a pas, qu’ils n’ont pas suffisament d’efficacité.

  • Article poignant et éclairant d’une journaliste freelance en Syrie. Les médias classiques marchent sur la tête quand il s’agit de couvrir un conflit.
    http://www.cjr.org/feature/womans_work.php?page=all

    People have this romantic image of the freelancer as a journalist who’s exchanged the certainty of a regular salary for the freedom to cover the stories she is most fascinated by. But we aren’t free at all; it’s just the opposite. The truth is that the only job opportunity I have today is staying in Syria, where nobody else wants to stay. And it’s not even Aleppo, to be precise; it’s the frontline. Because the editors back in Italy only ask us for the blood, the bang-bang. I write about the Islamists and their network of social services, the roots of their power—a piece that is definitely more complex to build than a frontline piece. I strive to explain, not just to move, to touch, and I am answered with: “What’s this? Six thousand words and nobody died?”

    #journalisme #guerre #syrie #critique_médias

  • Chiens de garde d’hier et d’aujourd’hui
    http://ragemag.fr/chiens-de-garde-dhier-et-daujourdhui

    Un article qui mélange tout

    [Ci-gît une vidéo de C. Ockrent interrogée sur sa participation à Bilderberg sur France 2 le 2 février 2013] C’est ainsi que le Collège international de philosophie ou l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, à l’instar des #revues @Vacarme ou Multitudes, sont littéralement trustés par les disciples enamourés de l’auteur de Surveiller et punir. Sous les dehors de la subversion, ces nouveaux chiens de garde relaient les principales thématiques agitées par les bourgeoisies européennes, de l’éloge d’une liberté abstraite à celui du nomadisme (aujourd’hui rebaptisé « mobilité ») quand ils ne se livrent pas, tout simplement, à la célébration du #néolibéralisme le plus chimiquement pur.

    ... #cax #journalisme #entre_soi #bilderberg #critique_médias (pseudo)#philosophie #nizan #foucault etc.

    Sur Ockrent : http://seenthis.net/messages/113868
    http://seenthis.net/messages/126153