• Raconter le déclin de la « petite bourgeoisie culturelle », Élie Guéraut
    https://theconversation.com/raconter-le-declin-de-la-petite-bourgeoisie-culturelle-215318


    Un vernissage devant un local associatif. J.F., Fourni par l’auteur

    Assiste-t-on à la remise en cause progressive d’un choix de société qui plaçait la culture, l’émancipation par la connaissance et la démocratisation du savoir au cœur d’un projet politique ? À partir d’une enquête au long cours dans une ville moyenne du centre de la France, mon ouvrage récemment paru (Raisons d’agir, 2023) propose de raconter le déclin d’une fraction particulière de la « petite bourgeoisie » dont l’ascension sociale a reposé, dès les années 1970, sur l’acquisition de #capital_culturel plus que sur l’accumulation de capital économique, sur les #diplômes scolaires plus que sur l’augmentation de ses revenus.

    Cette #petite_bourgeoisie_culturelle connaît aujourd’hui une importante déstabilisation sous les effets conjugués du désengagement de l’État, des défaites politiques de la gauche ou de l’affaiblissement du poids de la culture savante au sein des classes supérieures, contribuant à faire émerger, chez ses membres, un sentiment de déclassement. Raconter l’histoire de ce groupe social permet ainsi de rendre compte des dynamiques qui fragilisent le pôle culturel de l’espace social.

    À l’origine de la « petite bourgeoisie culturelle »

    Dans les années 1960 et 1970, au bénéfice de la croissance économique de l’après-guerre, des politiques éducatives et culturelles, et plus généralement du développement de l’État social, un ensemble de groupes sociaux ayant en commun une position intermédiaire entre les classes populaires et la bourgeoisie émerge massivement dans l’espace public.

    « Nouvelles couches moyennes » ou « petite bourgeoisie nouvelle », cet ensemble hétérogène est composé des professions salariées des secteurs éducatif (professeurs et instituteurs, conseillers d’orientation, etc.), culturel (bibliothécaires, artistes, intermédiaires du travail artistique, etc.) et social (travailleurs sociaux, psychologues, etc.) ou encore des « professions de présentation et de représentation » pouvant relever de l’indépendance ou du secteur privé (cadres commerciaux, designers, publicitaires, etc.). Ce périmètre élargi réunit des groupes sociaux parfois éloignés dans le monde du travail, qui peuvent néanmoins être rapprochés sous l’angle de leur style de vie, tourné vers des formes de #culture en « voie de consécration », c’est-à-dire dont la valeur, le plus souvent montante, n’est pas encore stabilisée (bande-dessinée, le cinéma, le jazz, le rock).

    #sociologie #livre

  • Goethe, Faust, 1790, Hier bin ich Mensch, hier darf ich’s sein !
    https://www.projekt-gutenberg.org/goethe/faust1/chap005.html


    Carl Spitzweg, Der Sonntagsspaziergang

    En 1790 une énorme distance sépare Weimar et Constantinople. C’est la perspective des citadins dans le Faust de Goethe. Dans la scène de balade du dimanche un bourgeois se montre très content de ce fait. En province on voudrait encore aujourd’hui revenir à cette époque dorée quand rien ne dérangeait son calme. Ce sentiment est au coeur de toute politique réactionnaire. La peinture de Carl Spitzweg reprend le même sujet 50 ans plus tard.

    Bürger:

    Nichts Bessers weiß ich mir an Sonn- und Feiertagen
    Als ein Gespräch von Krieg und Kriegsgeschrei,
    Wenn hinten, weit, in der Türkei,
    Die Völker aufeinander schlagen.
    Man steht am Fenster, trinkt sein Gläschen aus
    Und sieht den Fluß hinab die bunten Schiffe gleiten;
    Dann kehrt man abends froh nach Haus,
    Und segnet Fried und Friedenszeiten.

    Dans le même acte un exemple d’image pastorale qui exprime la nostalgie verte d’une époque perdue. Goethe ne cesse de fournir les éléments incontournables pour comprendre le caractère allemand profondément anxieux et conservateur.

    ... encore six mois ...

    Faust:

    Vom Eise befreit sind Strom und Bäche
    Durch des Frühlings holden, belebenden Blick;
    Im Tale grünet Hoffnungsglück;
    Der alte Winter, in seiner Schwäche,
    Zog sich in rauhe Berge zurück.
    Von dorther sendet er, fliehend, nur
    Ohnmächtige Schauer kornigen Eises
    In Streifen über die grünende Flur;

    Aber die Sonne duldet kein Weißes,
    Überall regt sich Bildung und Streben,
    Alles will sie mit Farben beleben;
    Doch an Blumen fehlt’s im Revier
    Sie nimmt geputzte Menschen dafür.

    Kehre dich um, von diesen Höhen
    Nach der Stadt zurückzusehen.
    Aus dem hohlen finstern Tor
    Dringt ein buntes Gewimmel hervor.
    Jeder sonnt sich heute so gern.

    Sie feiern die Auferstehung des Herrn,
    Denn sie sind selber auferstanden,
    Aus niedriger Häuser dumpfen Gemächern,
    Aus Handwerks- und Gewerbesbanden,
    Aus dem Druck von Giebeln und Dächern,
    Aus der Straßen quetschender Enge,
    Aus der Kirchen ehrwürdiger Nacht
    Sind sie alle ans Licht gebracht.

    Sieh nur, sieh! wie behend sich die Menge
    Durch die Gärten und Felder zerschlägt,
    Wie der Fluß, in Breit und Länge
    So manchen lustigen Nachen bewegt,
    Und bis zum Sinken überladen
    Entfernt sich dieser letzte Kahn.
    Selbst von des Berges fernen Pfaden
    Blinken uns farbige Kleider an.

    Ich höre schon des Dorfs Getümmel,
    Hier ist des Volkes wahrer Himmel,
    Zufrieden jauchzet groß und klein:
    Hier bin ich Mensch, hier darf ich’s sein!

    #auf_deutsch #poésie #théâtre #printemps #petite_bourgeoisie

    • il est à noter que Goethe ne fait pas mention du faust dans Campagne de France ; on y trouve la trace du maire de Varenne qui proceda à l’arrestation de Louis xvi - dans la prison de Verdun - Huffer présente il les documents relatifs à cet extraordinaire personnage dans Quellen zur Geschichte etc ?

  • Quand, dans une banque, un jeune pioupiou du capitalisme découvre la déshumanisation du travail et des rapports humains

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/04/02/j-ai-decouvert-le-quotidien-monotone-et-deshumanise-de-la-vie-d-un-jeune-cad

    Rapidement, j’ai ressenti comme un grand vide, dans cette ambiance si aseptisée. J’ai d’ailleurs listé quelques éléments. Il y a, par exemple, la volonté de tout quantifier, qui aboutit à la création d’indicateurs absurdes, comme « atteindre les 100 % d’excellence relationnelle » comme si les relations humaines pouvaient être quantifiées. Je pourrais aussi parler du langage « corporate », ou du management très vertical, voire infantilisant. Je suis évidemment conscient que tout milieu social ou professionnel implique des concessions. Mais cela devient alarmant quand celles-ci se font au détriment des individus eux-mêmes.

    Pour être très honnête, ce que j’ai trouvé le plus alarmant, c’est l’influence du milieu sur le comportement des employés. Il y a comme un filtrage d’émotions. Chaque collaborateur est dans le contrôle de soi, ne laissant paraître qu’une image lissée de lui-même. Attention, je ne dis pas là que c’est un problème d’individu, bien au contraire, les rares moments de discussions sincères me donnaient à voire des personnalités variées et sensibles. Simplement, les injonctions à l’homogénéité agissent comme une chape de plomb qui masque tout ce qu’il y a de plus vivant chez chacun.

    […]

    A l’heure de choisir mon premier poste, alors que mon parcours me prédestine à devenir le #jeune_cadre_dynamique idéal qui « relève les défis du monde de demain », je ressens un profond dégoût. Evoluer dans un environnement si vide de vie rend, aigri et terne, et je n’ose imaginer ce que cela ferait de moi après trente ans de #carrière. Peut-être est-ce propre à ma jeunesse ? Mais la résignation que j’ai pu constater, ce renoncement à aspirer à quelque chose de plus beau, me fait vraiment flipper.

    De cette expérience, je ressors avec la conviction que le seul moyen de changer vraiment les choses, c’est de bousculer le système économique actuel. Le mantra « changer les choses de l’intérieur » n’est qu’un appât à #bonne_conscience qui permet aux entreprises d’esquiver toute remise en question trop profonde du bien-fondé de leurs activités. A titre personnel, je n’ai ni prêt à rembourser ni famille à nourrir, je suis libre de choisir mon métier, et c’est une énorme chance. Dans le contexte climatique actuel, je vois cette chance comme un devoir de sortir d’un système économique destructeur pour tracer un autre chemin, et de « bifurquer ».

    #réification #capitalisme #petite_bourgeoisie #petit_bourgeois

  • Le wokisme et me too, idéologies de cuisine au service de macron, visent a decanailler Melenchon et Quatennens ? Brigitte Bouzonnie

    Robert : Quant à nous, nous pensons que le « wokisme« , fortement soutenu par l’appareil étatique bureaucratique au service du Grand capital et de sa vaste machine de propagande et de désinformation, a comme objectif de confondre et de diviser la mouvance petite bourgeoise et populiste de gauche comme de droite.

    Le « wokisme » a pour objectif de détourner la rage de la petite bourgeoisie en cours de paupérisation et de prolétarisation dans les sociétés capitalistes avancées décadentes. L’objet du « wokisme » est de semer la zizanie et la confusion parmi « la populace » en dévoyant les mouvements de résistance spontanée.

    Le « wokisme » ne vise pas à « déconstruire » la culture « blanche occidentale » (sic) mais il vise à RECONSTRUIRE UNE IDEOLOGIE BOURGEOISE REACTIONNAIRE MONDIALISÉE et expansionniste dissimulée sous la peau gauchiste des luttes contre les inégalités et la supposée défense des minorités. En cela le « wokisme » réalise peu à peu la fusion entre la gauche, le centre et la droite des politiciens larbins au service du capital.

    Brigitte Bouzonnie  : Oui, le wokisme vise à « diviser » la gôche et le Peuple français, afin de le rendre moins dangereux pour les intérêts du capital. Et que ses luttes, ô combien justifiées, ne soient jamais victorieuses.

    Le wokisme est aussi un « syncrétisme », c’est à dire un patchwork, une compote d’idéologies disparates, cousues à la va-vite entre elles, histoire de donner un supplément d’âme au capitalisme mondialisé, dont l’idéologie libérale agonisant sur le bord du chemin, ne permet plus de « justifier » le primat du capital aux yeux du Peuple français.

    On met ensemble la défense des noirs, s’appuyant sur une histoire de la colonisation largement réécrite : coucou Bugeaud, jugé seul « responsable », « coupable » (Ah ! comme la culpabilisation de certains dans cette histoire joue un rôle essentiel, surtout pour le collectif Me Too !), de tous les crimes commis par les colonisateurs américains au Vietnam, en Syrie et ailleurs. Et français (Algérie, Indochine) depuis plus de deux siècles. L’écologisme bobo. Un « pseudo féminisme » petit-bourgeois à la Me Too, nullement représentatif de la cause de toutes les femmes en France. Et qui ne vise nullement à obtenir leur émancipation. Et de façon générale, une condition meilleure.

    Pseudo féminisme fondé sur le seul « lynchage public » de certaines personnes politique trainées à la guillotine de l’opinion publique, où nos supposées « féministes » chantent la Carmagnole devant l’échafaud, qu’elles ont dressé pour la circonstance.

    Pseudo féministes autoproclamées « juges », même si elles n’ont manifestement jamais vu un seul article du code pénal de leur vie. Ignorant superbement les deux principes, qui fondent toute justice digne de ce nom : le respect du principe du contradictoire. Le respect d’une justice inquisitoriale, c’est à dire, fondée sur le secret. Et non l’affichage public, comme on a pu le vivre hélas avec l’affaire Quatennens, où tous les médias, tous les réseaux sociaux, nullement compétents pour le faire, étaient à feu et à sang.

    En clair, ME TOO CREE UNE JUSTICE PARALLELE PRIVEE, qui se substitue à la justice classique, sans que personne en France n’y trouve rien à redire.

    Robert  : Via le « wokisme » – rejetant la lutte des classes – la petite bourgeoisie exprime sa rage et son désespoir de se voir écarter de ses rôles sociaux traditionnels (courroies de transmission et chien de garde des organismes d’élaboration et de rediffusion idéologiques), son dépit de se voir rejeter des centres de pouvoir de la société du capital. Avec les médias sociaux, largement répandus parmi les populations riches et pauvres, il n’est plus nécessaire d’entretenir une couche intermédiaire (classe moyenne) de laquais spécialisés dans l’élaboration, la diffusion et l’inquisition des mantras sociaux. Le « wokisme » diffuse l’idéologie individualiste-narcissique qui culpabilise les masses populaires pour la décadence de la société bourgeoise. Ici gauche et droite se confondent ce qui désorientent les intellectuels au service du capital.

    Brigitte Bouzonnie  : oui, le wokisme PERMET A DES AGENTS MINORITAIRES DU CHAMP POLITIQUE, prenant appui sur les médias du capital, DE PRENDRE TOUS LES POUVOIRS, décanillant les agents majoritaires les plus hauts placés, les mieux installés. Les plus riches en capital social, notamment en savoir économique.

    Je donnerai l’exemple de Obono et Quatennens, que je connais un peu en tant qu’ex militante du PG et de la FI pendant dix ans. Quatennens était, jusqu’à une période récente numéro 2 de la France insoumise. Député du Nord. A la télévision, on le voyait en compagnie de Mélenchon assister à des réunions où les partis politiques étaient conviés. Donc, il « représentait » la France insoumise, ce qui n’est pas rien. C’est lui qui a dénoncé avec succès la casse abjecte de notre vieux code du travail, au cours de l’été 2017, dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale

    Il était « tout ». Aujourd’hui, il n’est presque « rien ».

    Curieusement, les origines obscures de Obono dans le champ politique ne sont jamais révélées par des médias macroniens visiblement « totalement in love » avec elle, France Inter par exemple. Je me permets donc de rappeler brièvement la genèse du succès politique de Obono.

    Au départ, c’est une fille d’un riche banquier gabonais, qui n’a donc rien à faire dans un parti de gauche critique. Militante du NPA, sans qualité aucune. Mais qui réussit, à force de magouilles, à se faire nommer au Bureau National du NPA avec Olivier Besancenot. En tant que noire, une béquille, qu’elle transforme ensuite en canne de golf. Mais ce n’est pas tout. Elle milite aussi dans un courant du NPA, le seul favorable au Front de gauche de l’époque (PG+PCF) : « convergences et alternatives » animé par le regretté Yann Cochin. Très brillant intellectuellement parlant.

    Je l’ai bien connue à ce moment-là. En effet, furieuse d’avoir été virée de mon poste de Responsable de la commission « chômage, précarité » du PG par le sieur Coquerel, je vais militer au NPA huit mois en 2010. Ensuite, je reviens au PG. Naturellement, au NPA, je milite dans le seul courant favorable au FDG, c’est à dire ; « Convergences et alternatives », soit le même courant que celui de Obono. Participant activement aux réunions de courantn où Obono et Leïla Chaïbi ne viennent jamais. Ce n’est pas assez « chic ». De plus, il y a un certain niveau théorique, dans ces réunions animées par l’intellectuel Yann Cochin, que, visiblement, nos deux pimprenelles ne maitrisaient absolument pas.

    Et puis, je reviens au PG. Et là, ô surprise, j’apprends que la greluche Obono est nommée responsbles des cahier du programme de la France Insoumise en 2017. Une fille qui n’a jamais rédigé un seul texte théorique de sa vie ! Comment expliquer cette nomination ? C’est très simple : elle a ressorti son baratin classique : « je suis « une pauvre noire », « exploitée » (alors qu’elle est fille de la grande bourgeoisie gabonaise !). J’ai « droit » à tel ou tel poste. Et cela a super marché. Ensuite elle est nommée députée de la FI, toujours avec le même « raisonnement ». Ca roule pour elle, merci la pensée woke !

    Arrive l’affaire Quatennens. Sans complexe, elle s’autoproclame « juge » de cette affaire. Cela marche : France Inter lui tend le micro, écoute précieusement ses « avis » de gourde totale en matière juridique, qui n’a jamais vu un procès de sa vie ! J’ai rédigé pendant 5 ans des contentieux de droit du travail devant le Conseil d’Etat et la Chambre criminelle de la Cour de Cassation. Je crois assez bien connaitre les grands principes en matière juridique : les mêmes, qui n’ont jamais été observés dans cette triste histoire par cette même Obono. Le principe du contradictoire. Le principe de l’instruction secrète. Obono réclame pour Quatennens, toutes les sanctions, y compris les plus brutales : qu’il perde son mandat de numéro deux. Qu’il perde son titre de député de la FI. Et Quatennens est sommé publiquement de s’expliquer. De quel droit ?

    Malheureusement, Quatennens perd son titre de numéro deux. Trop rapidement à mon avis. Comme je l’ai déjà écrit, il faut attendre l’avis d’un juge professionnel pour démissionner. Et ne pas obéir craintivement à cette justice parallèle de Me Too de truc et de toc.

    En revanche, sa femme ayant porté plainte devant le parquet du Nord, c’est désormais, et je m’en réjouis, un véritable juge professionnel, respectueux du contradictoire et d’une procédure secrète, qui est en charge de l’affaire. Résultat : comme chacun peut le constater, depuis dix jours, l’affaire Quatennens a sérieusement dégonflé, ce dont bien sûr, on ne peut que se réjouir. Il s’en est fallu d’un cheveu d’enfant, pour que Obono ait définitivement la tête de Quatennens.

    Voilà comment un agent, au départ totalement illégitime et ultra minoritaire du champ politique (Obono) réussit presque à décaniller Quatennens, agent majoritaire du champ politique, s’il en est. En faire un paria de la politique, rejeté de ses pairs.

    Pourtant, personne ne moufte. Tout le monde trouve cela « normal ». « Allant de soi », alors qu’il s’agit, ni plus ni moins du lynchage public d’Adrien, forme de « justice » détestable s’il en est. Au surplus, téléguidé par macron, sur le modèle de la perquisition de 2018 : histoire de démonétiser, décaniller les responsables de la France insoumise : Quatennens, et si possible ce « vieux »(sic) de Mélenchon. Car naturellement, Me Too roule pour macron, exécutant, au nom d’un pseudo « féminisme » de Prisunic, les basses besognes politiques d’élimination de tel ou tel adversaire politique.

    On revient sur le parcours de Obono. Comment un agent ultra minoritaire est devenu « ministrable ». Elle ne met pas la mode au pays.

    Pendant longtemps, on « faisait carrière » dans un parti en militant dans le secteur « économie »-travail, permettant d’acquérir ensuite des compétences de « ministrable ». Et puis les choses ont changé avec l’écologie et le féminisme. Ces idées, jusque-là subalternes, on parlait de « front secondaire », par rapport au « front principal » de la lutte des classes (économie et travail), sont devenues l’autoroute obligée pour tout opportuniste politique digne de ce nom à « gôche « ! Cécile Duflot, JB Placé, Bouchardeau, Sardine Ruisseau naturellement, etc…

    C’est avec Bouchardeau au PSU, où j’ai milité dix ans, où j’ai vécu la même histoire. Fille d’ouvriers de Saint-Etienne, elle devient professeur de français, puis universitaire dans les sciences de l’éducation. Elle adhère au PSU et rejoint le secteur femme qu’elle anime.

    Commence une violente polémique entre Bouchardeau et Michel Mousel, énarque, « chef » du secteur économique. Bouchardeau critique toute la journée le secteur économique, jugé stratosphérique, dans un anti-intellectualisme puant. Anti-intellectualisme qui ne va pas de soi, dans un parti se vivant comme « un laboratoire d’idées » (sic).

    C’est Bouchardeau qui impose cette anti savoir avec délectation dans notre parti soucieux jusque-là de se présenter comme un 3intellectuel collectif ». Par exemple : sur la mer : « je ne connais que le poisson dans mon assiette » disait-elle avec ravissement »(sic). Et tout le reste à l’avenant : « les programmes, les revues de réflexion, c’était inutile », etc.. !

    C’est comme cela, qu’elle devient Secrétaire générale du PSU en 1980, où elle rencontre le félon Mitterrand. Celui-ci lui promet, s’il est élu, si cette dernière appelle à voter pour lui au second tour, de la nommer ministre de son gouvernement. A charge pour elle de faire grossir, électoralement parlant, le PSU. Celui-ci fait alors 0,5%. Elle édulcore fortement notre ligne politique rouge vif critique, la transformant en ligne rose layette à peine. Puis, l’été 1980, elle organise une tournée des plages, où je participe.

    Dans une conversation et devant les autres, elle me dit qu’elle a rencontré mitterrand, qui lui a laissé entendre des choses…, Je comprends et prend le large, écoeurée de tant de saloperie politicienne dans mon parti préféré.

    Candidate à la Présidentielle de 1981, elle fait 1,1%. mitterrand tient sa promesse et la nomme ministre de l’écologie en 1984, date à laquelle les ministres communistes quittent le gouvernement… Je quitte le PSU avec l’aile gauche pour fonder la FGA, « fédération pour une gauche alternative ».

    Donc, on le voit : le parcours de Bouchardeau et de Obono sont les mêmes : des agents ultra minoritaires, qui en temps normal n’auraient eu aucune chance de s’imposer dans un parti politique, Et qui, utilisant le « féminisme », voiture balai de la sélection politique, mot synonyme « d’opportunisme XXL », décanille des agents mieux placés qu’elle : hier, Michel Mousel, qui sera finalement Directeur de Cabinet de Bouchardeau à l’écologie, aujourd’hui, Adrien Quatennens, pour s’offrir un tour de piste politique.

    On est très loin de la gifle et de sa supposée importance, dont se gargarisent les médias aux ordres de Macron. Macron vise à mettre à la tête de la FI des agents qui lui soient tout dévoués comme la traitresse Obono….! Et à salir durablement l’image de la FI, comme lors de la perquisition de 2018.

    Naturellement, il convient d’appliquer la même analyse à Julien Bayou et bien sûr à l’inénarrable Sandrine Rousseau.

    Source : https://brigittebouzonnie.substack.com/p/la-pensee-woke-et-me-too-ideologies

     #danièle_obono #metoo #harcèlement #femmes #Brigitte_Bouzonnie #wokisme #woke #cancel_culture #violence #petite_bourgeoisie #FI #Huguette_Bouchardeau #lutte_des_classes

  • La sénatrice EELV Esther Benbassa, accusée de harcèlement moral, exclue du groupe écologiste
    https://www.lefigaro.fr/politique/la-senatrice-eelv-esther-benbassa-accusee-de-harcelement-moral-exclue-du-gr

    La sénatrice EELV Esther Benbassa, accusée dans une enquête de harcèlement moral à l’encontre de ses collaborateurs, a été exclue par son groupe au Sénat, a annoncé ce dernier mardi 14 septembre au soir.

    Après avoir entendu la sénatrice et en conformité avec leur règlement intérieur, les sénateur.trice.s ont décidé d’exclure Esther Benbassa du groupe parlementaire à compter du 15 septembre », précise le groupe Ecologiste, Solidarité et Territoires, dans un communiqué. « Mme Benbassa n’a pas contredit une partie des témoignages et elle n’a, à ce jour, pas jugé opportun de porter plainte en diffamation contre ces accusations », fait-il valoir pour justifier sa décision.

    Les sénateurs du groupe « regrettent que la justice ne soit pas saisie pour des faits d’une telle nature » mais « ne remettent pas en cause (les) témoignages (des collaborateurs, ndlr) et prennent toute la mesure des difficultés que représentent souvent l’engagement de poursuites judiciaires ». Ils « réitèrent tout leur soutien à celles et ceux qui ont témoigné d’une grande souffrance au travail », continuent « de travailler sur la prévention du harcèlement moral et sexuel au travail », et mènent « une réflexion plus large sur le sujet avec les élu.e.s, les collaborateur.trice.s et les syndicats ».

    Climat de « terreur »
    Esther Benbassa a fait part dans un autre communiqué de son « exclusion » du groupe, dont elle a été la vice-présidente et dont elle s’était mise en retrait depuis début juillet. La sénatrice associe cette décision à un « simulacre de procédure interne » et à une « sommation de répondre aux accusations anonymes relayées par un article de presse ». La décision a été prise « sans transmission de pièces à charge ou à décharge, sans audition de témoins ou de victimes présumées, en violation des dispositions du règlement intérieur du groupe et du principe de présomption d’innocence », déplore l’élue de Paris. Esther Benbassa indique s’être rendue devant le groupe le 9 septembre « non pas pour me justifier, puisque je ne suis condamnée de rien, mais pour m’expliquer, et réitérer mes excuses pour les maladresses et les erreurs ».

    Dans son enquête, Mediapart rapporte les témoignages de huit anciens collaborateurs et six anciens étudiants que l’élue employait à l’École pratique des hautes études. Tous évoquent un climat de « terreur » instauré par la sénatrice, fait de pressions, de chantage à l’emploi et d’humiliations systématiques, souvent à l’occasion de mails, individuels ou collectifs, et de SMS consultés et retranscrits en partie par Mediapart. Conséquence de cette gestion, le turn-over des collaborateurs a été très important, puisque plus de 18 assistants parlementaires ont été employés en deux mandats, décompte Mediapart. Dans un communiqué de « soutien aux victimes de harcèlement », le syndicat CGT des collaborateurs parlementaires avait souligné que « la profession, du fait de son lien avec la politique et les rapports de pouvoir, est bien souvent trop entachée par ce type de violence ».

    #EELV #harcèlement #violence #sénat #Médiapart #europe #france #écologie #ecologie #domination #sociopathes #femmes #pouvoir #Esther_Benbassa

  • Avec la propriété fractionnée, tableaux et baskets rares accessibles à tous

    (AFP) - Un Basquiat, des Yeezy ou une Ferrari à portée de toutes les bourses, c’est la promesse des plateformes de propriété fractionnée, de plus en plus nombreuses, qui vendent des participations dans ces objets rares, à partir de quelques dollars.

    Transformer un tableau à 6 millions de dollars en 284.420 parts à 20 dollars pièce : c’est l’opération qu’a réalisée, sur le papier, la plateforme Masterworks, avec « The Mosque », de Jean-Michel Basquiat, au printemps 2020. Dans ces conditions, pas question d’accrocher la toile chez soi, de garer une Lamborghini dans son garage ou de ranger ces six bouteilles de Romanée-Conti dans la cave à vin.

    Mais avec un morceau de propriété, équivalent aux actions d’une société cotée, n’importe qui peut désormais profiter directement d’une hausse de la valeur de ces biens, comme un collectionneur fortuné. Qu’il s’agisse des tableaux ou de cartes de baseball, « ce n’est pas une industrie nouvelle », fait valoir Ezra Levine, directeur général de Collectable, plateforme spécialisée dans les objets sportifs de collection.

    « Ce n’est pas comme les cryptomonnaies, inventées il y a dix ans », dit-il. « Ce sont seulement les moyens qu’ont les gens de participer (à ce marché) qui ont radicalement changé », dit-il.


    Cartes Pokémon
    Slugger, surnom d’un collectionneur qui a préféré rester anonyme, a réalisé un bénéfice de 500% sur quelques actions d’une boîte de cartes Pokémon, dont le prix initial était de 125.000 dollars. La plateforme Rally l’avait proposée via une introduction en Bourse, similaire à la mise sur le marché de n’importe quelle société et soumise au contrôle du régulateur américain des marchés, la SEC.

"Ces plateformes ont ouvert cette catégorie d’actifs à des gens qui n’ont pas les moyens de s’acheter une carte (de collection de Michael) Jordan", résume John Schuck, dont les participations atteignent environ 20.000 dollars dans des voitures, des tableaux ou des objets sportifs.

Le concept de la propriété partagée d’actifs physiques n’est pas récent et a commencé avec l’immobilier. Depuis une vingtaine d’années, il s’était élargi aux jets privés et autres yachts, mais avec des prix d’entrée toujours élevés, inaccessibles au grand public. Les nouvelles plateformes les ont radicalement abaissés, jusqu’à moins de dix dollars l’action.

De tels prix d’entrée permettent par exemple d’accéder à des baskets de collection, dont la culture « sneakers » a fait des objets cultes, explique Gerome Sapp. Sa plateforme, Rares, mettra ainsi en vente, mi-juin, des actions de la paire de Nike Air Yeezy 1 inspirée par Kanye West, qu’elle a acquise 1,8 million de dollars fin avril, un record.


    « Un pur investissement » 

Mais la dimension affective n’est plus la même, car la plupart des actionnaires ne verront jamais l’objet en personne, à la différence des collectionneurs à l’ancienne. Rally a bien ouvert un musée à New York, qui présente une partie des pièces cotées sur la plateforme, et Masterworks une galerie, mais peu comptent s’y rendre.

"Le fait que je ne puisse pas les toucher ôte toute émotion", explique Gregg Love, qui appartient à cette génération de collectionneurs d’un nouveau genre. « Je ne ressens aucune connexion avec aucun de ces objets », confirme Slugger. « Pour moi, c’est un pur investissement et un divertissement ».

Considérée comme pionnière de cette nouvelle tendance de propriété fractionnée, Rally a connu une accélération majeure avec la pandémie, et a dépassé les 200.000 utilisateurs, avec environ 25 millions de dollars d’actifs cotés sur la plateforme. Derrière Rally, trois plateformes concurrentes - Otis, Collectable et Masterworks, plus orientée art - comptent, ensemble, plus de 200.000 utilisateurs. Beaucoup d’entre eux sont cependant actifs sur plusieurs plateformes en même temps.

Pendant la pandémie, télétravail, confinement et réduction des loisirs ont offert du temps et de l’épargne à de nombreux Américains, notamment de jeunes professionnels, qui se sont tournés vers la Bourse ou de nouveaux investissements.

"Beaucoup de gens avaient de l’argent sur leur compte et cherchaient un endroit où le placer (...), nous avons été gâtés avec les retours sur certains investissements depuis un an", dit John Schuck. Avec la sortie progressive de la crise sanitaire, il observe désormais « un ralentissement » du marché, dit-il. D’autres évoquent aussi l’effet d’une augmentation peut-être trop rapide de l’offre.


    Brusques fluctuations 


    Même si le prix de nombreux objets demeure supérieur, parfois sensiblement, à leur valeur d’introduction, certains s’inquiètent parfois de brutales fluctuations de prix, nettement plus marquées qu’en Bourse.

La propriété fractionnée est encore un marché expérimental, où les risques sont bien réels en matière de valorisation. Slugger évoque des « ventes paniques » de récents investisseurs, alors que « rien n’a changé fondamentalement pour l’essentiel de ces actifs ».

Pour Ezra Levine, à long terme, les plateformes offrent néanmoins « une méthode de valorisation beaucoup plus optimale » qu’avant. Elles ont renforcé transparence et démocratisé l’accès, de sorte que « beaucoup de gens peuvent peser sur les prix, plus seulement un petit groupe ».

    Source : https://fr.fashionnetwork.com/news/Avec-la-propriete-fractionnee-tableaux-et-baskets-rares-accessibl

    #propriété_fractionnée #propriété_partagée #plateformes #actions #bourse #petits_actionnaires #capitalisme #finance

  • Fondamentalement, qu’est-ce qui se passe ? Dans quel état est ce monde ? Face à la crise du capitalisme, quelles sont les perspectives ?...

    Comme chaque année, les textes du Congrès annuel de Lutte Ouvrière aident à comprendre :

    Au sommaire de la Lutte de Classe n°212 (décembre 2020-janvier 2021) : Le 50e congrès de Lutte ouvrière https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2021/01/02/le-50e-congres-de-lutte-ouvriere_153820.html

    L’aggravation de la crise de l’économie capitaliste https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2021/01/02/laggravation-de-la-crise-de-leconomie-capitaliste_153821.htm

    La situation internationale https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2021/01/02/la-situation-internationale_153822.html

    La situation intérieure https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2021/01/02/la-situation-interieure_153823.html

    Aujourd’hui comme hier, socialisme ou barbarie https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2020/10/25/aujourdhui-comme-hier-socialisme-ou-barbarie_152433.html

    Motion : « Afin d’assurer la présence du courant communiste révolutionnaire à l’élection présidentielle
    de 2022 et d’y faire entendre le camp des travailleurs, Lutte ouvrière décide de présenter la candidature de Nathalie Arthaud ».

    Discussion sur les textes d’orientation (extraits) https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2021/01/02/discussion-sur-les-textes-dorientation-extraits_153825.html

    Interventions de groupes invités (extraits) https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2021/01/02/interventions-de-groupes-invites-extraits_153826.html

    Lutte de classe n° 212 / décembre 2020-janvier 2021 | Le mensuel https://mensuel.lutte-ouvriere.org//lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/212-decembre-2020-janvier-2021

    Format pdf https://mensuel.lutte-ouvriere.org/sites/default/files/ldc/files/ldc212.pdf
    Format epub https://mensuel.lutte-ouvriere.org/sites/default/files/ldc/files/ldc212.epub
    Format mobi https://mensuel.lutte-ouvriere.org/sites/default/files/ldc/files/ldc212.mobi

    #LO #Lutte_Ouvrière #Congrès #capitalisme #crise #bilan #perspectives #Lutte_de_classe #revue #russie #Moyen-Orient #États-Unis #coronavirus #covid19 #France #Macron #répression #État #étatisme #programme_révolutionnaire #chine #réaction #prolétariat #petite_bourgeoisie #marxisme #financiarisation #crise_de_1929 #fascisme

  • Il y a quelques mois, une conversation sur Seenthis a conduit les participants au fil à s’échanger ce qu’ils pensaient être les bonnes suggestions de lectures de bandes dessinées, les trucs à ne pas rater, les livres d’exception.
    Cette conversation, en me propulsant d’une certaine manière trente ans en arrière, m’a attristé à un point difficilement descriptible (un peu comme si une conversation à vingt sur la musique avait conduit à réécrire le palmarès hebdomadaire de nrj).
    Ne sachant même pas par où commencer une réponse ici, j’ai décidé de me désinscrire de Seenthis, pensant que je n’avais sans doute pas grand-chose à y faire : puissant et nécessaire organe de construction politique, Seenthis m’apparaissait comme un échec culturel total, au moins dans le champ disciplinaire auquel je consacre ma vie, celui de la bande dessinée.
    Après avoir quitté les lieux pendant tout ce temps, j’ai vaqué à mes occupations, dessiné beaucoup, écrit copieusement sur les bandes dessinées (je vous en causerai peut-être), et oublié seenthis.
    Et puis j’ai décidé de revenir en commençant simplement par publier des articles que j’ai écrit pour Pré Carré , que la plupart d’entre vous ne connaissent pas, et qui pas à pas vont dessiner les contours politiques, éthiques, artistiques, d’une position, de ma position. C’est à partir de ces publications que quelque chose, pour moi, pourra commencer à être échangé sur les bandes dessinées si le cœur vous en disait. C’est la solution que j’ai trouvée pour que, d’une manière ou d’une autre, ma présence ici continue à avoir du sens. Je commence donc par l’article ci-dessous, publié dans le Pré Carré 12, qui répond très directement à la quasi totalité des suggestions de lecture et des raisons qui les motivaient, quand il fut question sur Seenthis de constituer une bibliothèque de bd :

    " La création d’une collection au Lombard appelée Petite bédéthèque des savoirs entérine un changement de paradigme du mépris pour la bande dessinée tel qu’il s’amorce déjà depuis quelques années par la multiplication de publications pédagogisantes ou documentarisantes.
    Que quelques humiliés de classe culturelle s’imaginent, et avancent, qu’on sauve la bande dessinée du regard condescendant porté sur elle par la pédagogie, par les grands sujets historiques ou sociaux, ceci ne fait qu’exposer la parfaite nullité de leur regard sur notre discipline et sa puissance propre : il y a mille fois plus à apprendre dans deux pages de Bertoyas, de Bicéphale ou de Musturi, PAR la bande elle-même comme pratique du monde sur lui, que dans l’intégralité des pensums thésards qui rougissent de fierté d’aborder des grandes questions .
    Moyens archaïques de narration, placés, toujours, dix crans au-dessous de tout plan de recherche, ils en sont le reflet timoré, désuet et lourd à l’encre, ce qui est tout-à fait, hélas logique, puisque les bandes sont invitées à l’illustrer et non à en être le cadre expérimental ou déictique.
    Ce rapport instrumentalisant aux bandes est hanté par l’objet , le faisant déborder toute la sphère discursive. Faye et bien d’autres ont pu dire dans les années 70 qu’un tel rapport à la forme atteignait vite cette aporie : il n’y aurait de roman plus moderne que de science-fiction... Mais c’est qu’on pouvait être soucieux de ce qu’une forme prise pouvait faire et changer du monde, probablement parce qu’on n’y méprisait pas le fait même d’écrire .
    Il faudrait être fou, pense-t-on à juste titre, pour consacrer sa vie à une pratique dont on a honte. Et pourtant, nos publieurs de bande dessinée la méprisent plus encore que ceux auxquels leur mode de réévaluation est censé répondre. S’il s’appliquait au cinéma, ce principe éditorial reviendrait à sanctifier le journal de vingt heures en exigeant de Kerrigan, de Maddin ou d’Ishii un bon sujet ancré . Mais c’est exactement sur des valeurs inverses que s’est bâtie l’histoire du cinéma, et c’est devant Fellini ou Tarkovski que les documentaristes ont eu tant de peine à exister ; c’est seulement parce qu’ils accordent un supplément de puissance à leur discipline que Epstein, Franju, Le Tacon, Massart, Ruiz, Pelechian, ou Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel apparaissent là où les autres documentaristes sont minorés.
    S’imaginer qu’on sauve (comme si elles devaient l’être) les bandes par l’Histoire, le social, la pédagogie, « les grands sujets », c’est croire que ce qui sauve la peinture du XXe siècle c’est le réalisme socialiste ou que le meilleur de la littérature du XXe, c’est Maurice Druon.

    Il y aurait là un vaste sujet possible de travail sur les malentendus entretenus par les acteurs de notre scène eux-mêmes, encore plus bêtes, bornés, aveugles à la beauté et à la force de la bande dessinée que ceux qui n’en lisent pas. Il suffit de se souvenir avec quels livres, les brandissant comme des emblèmes de leur jugement, s’est photographiée une ribambelle d’auteurs blessés dans je ne sais quelle représentation de leur amour-propre pour répondre à Finkielkraut  ; celui-ci ne leur en demandait pas tant quand il cracha publiquement ce jour-là sur une de ces milles petites choses dont il ignore tout, la bande dessinée. Nous avons eu le droit dans ces selfies vengeurs à tout ce qu’on pourrait imaginer de plus convenu comme petite bédéthèque des savoirs avant l’heure, inventaire mou, centriste, prof, cucul, honorable et diplômé, de bandes dessinées censément exemplaires.

    Pour défaire l’affirmation de la merdicité de la peinture et de son manque d’ampleur, vous gifleriez votre adversaire avec Bouguereau ou avec Sigmar Polke ? Vous hésiteriez une demi-seconde ? Et pourtant, ce jour-là, tous nos auteurs avaient sorti leur Bouguereau pour convaincre de la noblesse des beaux sujets. Sans doute parce qu’ils ignorent eux-mêmes l’existence, dans les bandes, de nos Polke.
    –--------
    références : Une bd pour Finkie :
    https://www.actualitte.com/article/bd-manga-comics/une-bd-pour-finkie-fluide-glacial-refait-l-039-education-du-philosophe/49036

    la sinistre PBS : http://www.lelombard.com/bdtk

    aimer, traquer, trouver : https://www.du9.org/dossier/angouleme-2019

    il y a dix ans : https://www.le-terrier.net/bibliographie

    #bande_dessinée #culture #petite_bourgeoisie_de_la_gauche_culturelle

    • Seenthis m’apparaissait comme un échec culturel total, au moins dans le champ disciplinaire auquel je consacre ma vie, celui de la bande dessinée.

      Ça c’est du « statement » comme on dit à l’ONU. Fichtre !

      Alors bonne arrivée [à nouveau] comme on dit à Ouaga (mais aussi à Bobo-Dioulasso), je me réjouis de te relire en espérant ne pas être - par mes choix culturels souvent très ringards, je reconnais à l’aise - à l’origine de ton prochain re-départ.

      J’espère aussi que tu sauras profiter de la belle et puissante intelligence collective qui sévit en ces lieux pour les thématiques qui ne te sont pas familières.

    • Et donc faisons des liens pour contextualiser :
      https://seenthis.net/messages/739053

      Pour continuer l’analogie, je ne mettrais pas toute cette liste sur NRJ : clairement certaines seraient plutôt sur FIP ou France Culture. Ce qu’on peut parfois critiquer aussi bien sûr, mais pour d’autres raisons que NRJ.
      Et en ce qui me concerne, je ne passe pas ma vie à écouter uniquement que de la musique bruitiste, expérimentale. Ça m’arrive quand même plus souvent d’écouter Mingus, Erykah Badu, Anouar Brahem ou pas mal de rap. Ce sont des choix de vie…

      Et allons plus en détail : certaines comme pour Fred et quelques autres, sont dans votre propre bibliographie du Terrier !
      https://www.le-terrier.net/bibliographie/fred.htm

      Alors il y a un peu de mauvaise foi dans le lot. :)
      (Et un peu de mépris aussi, en tout cas lorsque c’est formulé comme ça à l’écrit. Il faudrait en discuter à l’oral en plus.)

      #bande_dessinée #bd

    • @rastapopoulos pour le supposé mépris, on en reparlera dans 30 ans, quand la quasi intégralité des conversations, critiques, commentaires, études, qu’elles soient laudatives ou pas, bienveillantes ou pas, auront perdu ce mépris substantiel pour ma discipline et la façon pateline, ascendante, papamaman, sociocharcutière, de la tenir dans les instruments d’optique culturelle. Tous ceux qui parlent des bandes, à un moment ou à un autre, s’en excusent, parasitent la conversation de paralogismes culturels la subordonnant à autre chose, qu’il s’agisse de son histoire, de sa puissance à produire des mondes, des singularités de ses productions etc.
      Cette inversion tordue de l’axe de la condescendance, par exemple, est supposée m’édifier dans la belle histoire parfaitement hors-sujet de Aude, pur artifice rhétorique de bullshitage traditionnel, conte déconnecté de tout ce que l’article de Pré Carré pouvait dire de spécifique sur une guerre de position, storytelling pas du tout mais alors pas du tout petit-prof-bien-dans-son-éthique, celle de Guillaume Trouillard bossant honnêtement, si sincèrement et avec son bon coeur pour cette saloperie terminale que sont les Cahiers dessinés. Oh le vilain lldemars qui condescend grave. Ah ? Franchement, c’est ça, le sujet ? Je ne ferai même pas semblant de discuter de toutes ces conneries avec quelqu’un d’autre que Guillaume lui-même quand l’occasion se présentera.
      Franchement, on reparlera du mépris et de sa polarité si évidente, si évidemment distribuée, semble-t-il, quand, précisément, des entreprises comme celles des Cahiers dessinés et de la Petite Bédéthèque (mot pathétique, dévoré de refoulement, trahissant le mépris de soi de tous ceux qui font des bandes dessinées sans parvenir à les considérer elles-mêmes comme des livres) cesseront d’incarner un état adulte, accompli, noble, des bandes.
      Je considère que le fond invisible, non-dit, imperceptible à la majorité des intervenants de cette conversation qui m’avait fait fuir ici même, est précisément un mépris qui s’ignore (je n’imagine évidemment pas que tout le monde ici regarde les bds comme une paralittérature gentiment débile, hein, je parle de mouvements de fonds bien plus sournois que ça !) de la bande dessinée dans les plus grandes largeurs. Et c’est bien parce qu’il s’ignore, ce mépris, que ma position était si compliquée, et que je ne voyais même pas comment l’aborder ici (ou ailleurs, mais ici c’était plus douloureux).
      Je doute que la publication de quelques articles aille bousculer grand-chose d’un siècle de malentendus entretenus, mais je veux, par exemple, me rendre la vie possible sur Seenthis en signifiant ce à quoi je ne répondrai plus jamais à propos de bandes dessinées (très notamment les paraboles méritocratiques sur les humbles dessinateurs au service du Bien pour Tous de Aude et ses innombrables semblables ; les demandes de modestie de cette farine accompagnent toute vie de dessinateur de bd du jour où il dessine sa première planche jusqu’à sa mort. Fais pas l’artiste, coco, c’est la bédé, reste à ta place quand même, fais nous des beaux dessins et la ramène pas trop avec tes aspirations supérieures ). Et si au passage j’arrivais à rendre sensibles quelques aspects du traitement général critique paresseux réservé aux bandes, de ce manque constant d’exigences éditoriales et critiques dû à un problème fondamental de considération pour elles, hé bien je serais content.
      Voilà voilà. Bon.
      quand à la biblio du Terrier, elle a dix ans, elle est née dans un certain contexte et l’intro me semble assez claire sur ses objectifs très ciblés (ce qui explique l’absence de choses qui seraient évidentes à un lecteur déjà bien équipé, historiquement notamment). De ça aussi, de la demande elle-même comme de la façon de considérer certaines évidences de la réponse, il faudrait beaucoup dire (de n’importe quelle autre discipline ayant été soumise à la même demande, toute réponse aurait été précédée de mille précautions pour encadrer un minimum le dialogue. La bd, pas besoin, on s’en fout, allez hop, y’a pas besoin. C’est la bd, quoi ! et la bd, c’est la bd !)
      Quand à Nrj, c’est l’incarnation pour moi de l’esprit de palmarès et de tout ce que ça nous dit de rapport au monde, à une société, à l’idée statistique qu’on s’en fait etc. Manque effectivement à cette comparaison la conscience de classe culturelle de France Culture et les dégâts qui en résultent sur l’ouverture aux productions artistiques des marges (celles qui exigent un regard de marge, une attention de marge, pas celles qui sont destinées à pimenter exotiquement la construction culturelle du moment et mobilisent les mêmes outils de mesure que le reste. On se contentera d’y ajouter la petite étiquette « mauvais genres », sans autre soucis de ce que ça pourrait vouloir ne pas dire).

    • Je perçois la colère, la tristesse et la rancoeur. Dommage que cela t’amène à confondre ignorance et mauvaise foi, ou encore connaissance et autorité.
      #on_ne_convainc_pas_les_gens_en_les_engueulant
      Mais je suis content de ce retour vu que tes seens m’ont souvent permis de découvrir des mondes et pensées inconnu.e.s de moi jusqu’alors.

      Suske_qui_lit_tout_2semaines_plus_tard

    • @suske quand je suis en colère, je n’essaie de convaincre de rien d’autre que ma colère. Je pense que je t’en ai bien convaincu.
      Quand à l’ignorance avancée ici, je ne vois pas très bien comment prendre cette hypothèse au sérieux dans un cadre comme celui dont je parle : une série de conseils de lecture. Des conseils, donc. Depuis l’ignorance ? Ok. Cool. Et précisément, à part dans le cas où on ne suppose aucune espèce de connaissance à acquérir parce que le domaine est supposé léger léger léger, quand donne-t-on des conseils depuis l’ignorance ?
      Ce n’est pas avec de la mauvaise foi (notion qui apparait où, d’ailleurs, dans ce que je dis ?) que je confonds (tu le dis) l’ignorance, mais avec une subtile variété chromatique du mépris de classe culturelle dans un cas ou de subordination d’une pratique artistique à des objets supposés supérieurs à elle dans l’autre.
      Je ne fais pas appel à une autorité (inconstituable devant les exigences d’une matière en perpétuel mouvement) mais à une position (stratégique, spéculative, interrogative), à chercher, à constituer.
      Et ce que je dis, donc, c’est qu’une série de textes me permettront pas à pas de présenter la mienne (pas qu’ils établissent un quelconque modèle !). Pas forcément pour convaincre de la rejoindre ou d’y acquiescer. Juste, de la présenter.

    • Tu as raison, « mauvaise foi » était mal choisi. C’était une tournure pour mettre en balance une approche probablement légère avec une approche pointue. Passons à la suite :-). Je découvre ici des pans entiers de vie, d’arts et d’engagements que je ne connais que trop peu. Et je suis souvent assoiffé d’élargir mon cadre de références.

  • Olivier Cahn : "Le #profil_social des interpellés du « Black bloc » n’a rien de nouveau"

    Alors que les premières comparutions immédiates après les affrontements du 1er-Mai ont lieu, beaucoup s’étonnent du profil social assez « bourgeois » des militants du « #Black_bloc ». Il se révèle en réalité plutôt classique.

    Qualifiés par la droite et l’extrême droite de « racailles de banlieues », les premiers militants « Black blocs » présentés en comparution immédiate après les violences du 1er-Mai présentent un tout autre profil social. Élèves à Centrale, fils et filles de chercheurs au CNRS, d’analystes financiers, etc... Il semble que ces militants appartiennent plus à la #classe_moyenne ou à la #petite_bourgeoisie qu’aux #classes_populaires. Un profil beaucoup moins étonnant qu’il n’y paraît. Olivier Cahn, enseignant-chercheur à l’Université de Cergy-Pontoise, spécialiste de l’anarchisme et du #militantisme_violent, nous livre son analyse sur les #militants du « Black bloc » et sa composition sociale.


    https://www.marianne.net/societe/olivier-cahn-le-profil-social-des-interpelles-du-black-bloc-n-rien-de-nouv
    #classe_sociale #pauvres #riches

    • Il y a eu 7 personnes mises en causes et les accusation sont « possession de sérum phy », « etre habillé en noire » (sur des photos en noire et blanc pour un blouson en fait vert...), « possession d’une écharpe ». Le seul condamné l’a été pour possession de fumigène.

      Comment affirmé des choses sur le profil sociale des black bloc à partir d’un échantillon si faible et si douteux ?

  • An Alternative to Burial and Cremation for Corpse Disposal | WIRED
    https://www.wired.com/story/alkaline-hydrolysis-liquid-biocremation
    Enfin une solution propre et sans gaspillage énergétique pour remplacer les enterrements et crémations traditionnels ?

    Alkaline hydrolysis ... was conceived in the mid-’90s to solve Albany Medical College’s problem of research rabbit disposal—the bodies were radioactive and therefore could not be burned or buried affordably—and in 2003 Minnesota became the first US state to allow its use on human remains. (The business of body disposal is highly regulated at the state level, and authorities are generally wary of novelty.) In the years since, a growing number of independent funeral homes have added alkaline hydrolysis to their list of services, and last October, California became one of a dozen or so states to legalize it. Jack Ingraham, CEO of Qico, a San Diego startup that’s joined the two established players in the field—the UK’s Resomation (creator of Fisher’s machine) and Bio-Response Solutions in Indiana—expects Utah to be next, with more states to follow as awareness spreads and demand grows. “Our goal is that, in 10 or 20 years, the term ‘cremation’ will be thought of entirely as a water-based process,” he says.

    Les origines du procédé sont beaucoup plus anciennes. Pour le savoir il suffit de consulter l’article de Wikipedia cité plus bas. Restons méfiants envers les auteurs de Wired l’organe central des libertarians étatsuniens.


    The alkaline hydrolysis machine turns cadavers into liquid and pure white bone.

    One obstacle to wider-spread adoption: Big Funeral needs to back it, and according to Fisher, who was a funeral director before working in body donation, industry leaders have been reluctant to offer it for a simple reason: “Money,” he says. “The big corporations—Service Corporation International, Carriage, Stewart Enterprises—have set up ­billion-dollar models to sell you a casket, give you a ride to the cemetery in that hearse, sell you the cemetery plot, and put up the marker.” Alkaline hydrolysis doesn’t require any of that.
    ...
    In a crematory retort, prosthetics melt or burn or, in the case of a pacemaker’s lthium-ion battery, explode. Titanium ball-and-socket hip joints don’t come out polished like a pristine mirror as they do in Fisher’s cupboard, they come out battered with carbon. The silicon breast implant that Fisher jiggles in his hand (“We call them jellyfish”) has already spent a good few years inside a woman and four hours inside the machine, but would melt like gum in a crematory. Other implants, like plastic urinary pessaries or penile pumps, would never even be seen by a crematory worker. They melt and escape into the atmosphere through the chimney along with the mercury in your teeth.

    Alkaline hydrolysis (body disposal) - Wikipedia
    https://en.wikipedia.org/wiki/Alkaline_hydrolysis_(body_disposal)

    The process was originally developed as a method to process animal carcasses into plant food, patented by Amos Herbert Hobson in 1888.

    #tradition #enterrement #environnement

    • Mais non @monolecte , une mère de la classe de ma fille était toute fière d’avoir enterré le président d’Allemagne. Elle m’a fait rire quand elle a raconté que l’essentiel de l’ambiance majestueuse de l’événement venait des bougies à chauffe-plat qu’elle avait acheté pour pas cher chez Ikea, alors qu’elle facturait au prix d’or une impressionnante cérémonie d’état.

      Chez nous c’est toujours un métier de petit commerçants ;-)

      L’engin pour l’aquamation vaut à peu près € 200.000. Ils ne sont pas prêt à investir dans de telles dimensions. Peut-être pendant le prochain génocide ce sera une affaire rentable.

      Les théories explicatives du nazisme et les interprétations sociologiques de la modernité : des théories de la modernisation aux perspectives postmodernes
      https://archipel.uqam.ca/8709/1/M14273.pdf

      À partir des années 1970, l’effritement des« grands récits » d’émancipation modernes s’accompagne d’un scepticisme grandissant envers le projet des Lumières et les idéologies du progrès. Avec ce changement de paradigme, l’accent est mis sur la continuité du nazisme avec la modernité, dont Auschwitz devient le telos.

      Hitler a été porté par les commerçants et les artisans - swissinfo.ch
      https://www.swissinfo.ch/fre/hitler-a-%C3%A9t%C3%A9-port%C3%A9-par-les-commer%C3%A7ants-et-les-artisans/6957668

      Ce ne sont pas les ouvriers ou les chômeurs qui ont le plus contribué à l’accession d’Hitler au pouvoir, mais les petits commerçants, fermiers ou artisans indépendants. C’est ce que démontre une nouvelle étude de l’Université de Zurich.

      La mafia est une grande industrie, alors ...

      #petite_bourgeoisie

  • https://offensivesonore.blogspot.fr/2018/01/egologie-ecologie-individualisme-et.html

    [O-S] Egologie : Écologie, individualisme et course au bonheur

    Emission du 5 janvier 2018, deuxième partie de l’entretien avec Aude Vidal cette fois pour son livre ’Egologie’. "Développement personnel, habitats groupés, jardins partagés... : face au désastre capitaliste, l’écologie se présente comme une réponse globale et positive, un changement de rapport au monde appuyé par des gestes au quotidien. Comme dans la fable du colibri, « chacun fait sa part ». Mais en considérant la société comme un agrégat d’individus, et le changement social comme une somme de gestes individuels, cette vision de l’écologie ne succombe-t-elle pas à la logique libérale dominante, signant le triomphe de l’individualisme ? "

    #écologie #ego #individualisme #aude_vidal #bio #audio #radio #offensive_sonore #écologie #bonheur #bien-être #colibri #bobos #petite_bourgeoisie #libéralisme #greenwashing #militants

    • Ouch...

      Elle les dégomme tous, un à un, sans passion ni méchanceté, simplement en décrivant ce qu’elle a vu d’eux, ce qu’ils sont. Courtisans, lâches, repus de médiocrité. C’est un livre extrêmement cruel, non pas dans son style mais dans la nullité et la bêtise crasse qu’il met à nu chez ces puissants qui tiennent le « débat public ».

    • « Le Monde libre, c’était en fait le “Monde #Free”, du nom de l’entreprise de télécoms discount grâce à laquelle l’ogre avait bâti toute la fortune profuse qui lui permettait de racheter la presse nationale. (...)

      L’ogre [#Xavier_Niel] ne se faisait du reste pas prier pour fanfaronner à ce sujet, assurant que depuis que ses associés et lui avaient pris la tête du groupe Le Monde, il n’avait pas à attendre une demi-journée avant d’être reçu à l’Élysée. »

    • Vérité des luttes à Paris, erreurs au-delà ?

      Lettre ouverte à Henri Maler d’Acrimed
      http://blog.europa-museum.org/post/2016/11/04/Verite-des-luttes-a-Paris-erreurs-au-dela

      Cher Henri Maler,

      Nous ne nous sommes croisés qu’une fois je crois. C’était lors d’une des premières réunions d’Acrimed à laquelle j’avais accompagné Pierre Rimbert et Patrick Champagne.

      Je vous écris aujourd’hui au sujet de la recension que vous avez consacrée au livre qui défraie la chronique (parisienne) : « Le monde libre »

      Je trouve en effet assez croquignolesque que vous validiez la thèse que tous les médias colportent en contre-bande en s’appuyant sur cet essai, selon laquelle l’involution du Nouvel Observateur, aujourd’hui l’Obs, daterait de ces dernières années. Vous la comparez à celle subie par Libération, que vous situez sous la direction de Laurent Joffrin.

      À Acrimed, vous êtes pourtant bien placé pour savoir, l’ayant, comme d’autres et souvent les mêmes, longuement documenté en son temps, que la messe est dite depuis bien longtemps au sujet de Libération et du Nouvel Observateur, accompagnateurs idéologiques zélés de la conversion de la « gauche de gouvernement » au néolibéralisme. Depuis bien longtemps, c’est à dire à peu près au moment où l’auteure du livre entrait au Nouvel Observateur.

      À cette époque, je crois aussi me souvenir de l’analyse selon laquelle le surinvestissement dans la « culture » et le façadisme radical-chic étaient bien faits, dans ces journaux, pour accomplir cette mission historique. L’auteure semble pourtant déplorer que « l’équilibre » entre sociale-démocratie néolibéralisée et « radicalité » (les « deux gauches » paraît-il), établi selon elle par Jean Daniel (sans trop s’intéresser à sa fonction idéologique de blanchiment du néo-conservatisme), soit désormais rompu. Et semble affirmer qu’elle a connu un journal « de gauche ». Du point de vue d’Acrimed, cela devrait quand même apparaître un tantinet révisionniste... Ce serait comme dire que le PS a commencé sa mutation au moment où il l’achevait... Et que donc il faudrait revenir à 2012 et non à 1995 ou 1983... Sans compter que l’analyse de Pinto sur le "journalisme philosophique" concluait de façon très précoce aux effets structurellement néfastes de la fusion du journalisme et de l’EHESS, exactement ce que l’auteure présente avec nostalgie comme ce qui a fait la grandeur de son ex-journal...

      En fait, je me demande si vous ne jetez pas aux pieds de ce livre tout le capital accumulé de critique des médias, dans un objectif politique à courte vue : en finir avec le PS. Or ce PS-là est mort, et d’ailleurs les rats quittent le navire. Comme le champ politique a horreur du vide, la vraie question est : sous quelle forme va-t-il ressusciter, et quels griots demi-savant nous empêcheront de le reconnaître ? Vous nous aideriez grandement si vous rappeliez « de quoi le Nouvel Oservateur fut le nom », donc ce principe de porte-tournante entre l’Université et le Journalisme, que l’émoi et moi et moi actuel contribue à dissimuler, avec votre renfort. Cela éviterait que ceux qui faisaient le serment, il y a quelques mois, de « ne plus jamais voter PS », ne votent pour son futur équivalent structurel sans s’en apercevoir, lui permettant de parachever son œuvre (comme en Grèce). Ou puissent faire semblant de ne pas s’en apercevoir.

    • Tout à fait, c’est la suite de la lettre à Maler : sur le site De la gentrification des villes à la gentrification des luttes.

      La petite-bourgeoisie altermondialiste piaffe, ouvrons un peu les portes comme après 68, faisons une « nouvelle société » (alter-société ?). Bon sang, mais c’est bien sûr ! et il est exact que le licenciement de notre auteure, qui tenait tant bien que mal cette position susceptible de renouer avec la fonction historique du Nouvel Obs (associer la petite-bourgeoisie intellectuelle à la grande Marche vers le capitalisme sauvage), démontre l’avarice de ce parti, qui vient avec l’âge, incapable de s’ouvrir au sang neuf, et répondant à la fin de ses privilèges annoncée par la matraque et la course à l’euro-fascisme... Mais rien n’est perdu pour cette perspective radieuse, sauf renversement de table qui ne viendra donc pas d’une « gauche de gauche » mais peut-être, à défaut, d’une « droite de gauche » !

      ...

      Quand Acrimed publie un texte de propagande

      La conclusion vint... d’Acrimed qui publia sans la moindre vergogne, un texte de propagande pure écrit par une nouvelle salariée, sans doute sous la dictée, à la gloire du petit patron marseillais appuyé par les bureaucrates-demi-savants de l’EHESS, du Collège de France et de l’INRA (toute ressemblance avec la formule qui fit le succès du Nouvel Observateur et la défaite des travailleurs...)

      Acrimed qui raillait autrefois le journalisme de service et les reportages à la gloire de Meissier où le photographe fournissait le sandwich... Oui, oui. En d’autres temps, mais aussi s’il s’était agi d’un autre milieu social, et encore plus si cela s’était produit à Paris (vérité à Paris, erreur au-delà...), on aurait peut-être eu un « démontage de texte », tant tout cerveau « critique » en état de marche, sans avoir besoin de connaître un seul mot de l’histoire et par une lecture purement interne, est sidéré de la grossièreté des ficelles d’une telle propagande, émanant d’un éditeur qui se pique de philosophie et de sciences sociales !

      À partir de là, on pouvait commencer à craindre les conséquences du vieillissement des structures indépendantes, nées au tournant de 1995. Blanchir, comme vous le faites, les 15 dernières années du Nouvel Observateur, c’est un peu effacer sa propre histoire... Oublier le modus operandi au profit de l’opus operatum, ne conserver que la mélodie à défaut des paroles, permettant à la prochaine génération de sophistes d’y couler ses vers de résistance mirlitonne... Vous pouvez bien alors, parler de « mécanismes » !

      La conclusion est toujours la même : « revenir aux luttes »... mais aux luttes de classes et aux luttes du travail. Et dès qu’une classe (je parle de la votre bien évidemment, qu’on pourrait appeler peut-être « la gauche Lieu-dit ») prétend se faire porte-parole (en le déniant bien évidemment), ou monopolise la parole (car un média, et acrimed est un média, c’est cela), d’une autre, on peut s’attendre à ce que le PS renaisse de ses cendres paré des atours patiemment tissés à partir des luttes sociales (des autres) par des opposants qui étaient quand même plus proches de lui que de l’humanité souffrante...

    • je ne tagues pas, en même temps je suis abonné à lettre de @lundimatin ,donc facile de retrouver cette chronique que je lirai peut-être ! Je me suis arrêté à :

      Lorsqu’elle est interviewée sur France Inter à propos de son licenciement, elle reste calme et didactique comme s’il lui fallait éviter à tout prix les vagues et se limiter à l’exposé des faits, certes regrettables

       ??? il y a encore de l’impertinence sur #France_Inter ? Je n’écoutes plus cette #radio depuis un bail, au moins depuis que propulsé par Sarkozy, Philippe Val a rayé le plancher de la maison ronde.

    • @Marielle Bon, la boite à lettre du blog de Lordon sur le Diplo ne passe plus, mes réponses à tes commentaires ont été censurées... Vite : je pense qu’il faut se méfier des gens qui depuis Nuit Debout passent en même temps sur les médias autrefois off et sur les médias mainstream. Le premier fut je crois le conseiller de El Khomri qui quitta le navire en perdition. Après on a l’inénarrable Laurence De Cock. Maintenant Lancelin (La-bas trouve que c’est une bonne nouvelle qu’elle ait eu le Renaudot, relégitimant les prix littéraires au passage, alors que c’était écrit dans la presse que c’était une blague entre amis organisée par les « concurrents » de l’Obs). Faudrait surtout que ça s’arrête tout de suite là, l’entre-soi parisien autour du Lieu-Dit, qui fait son casting. Je dis ça je dis rien. Mais il nous faut un intellectuel collectif, au service du plus grand nombre sans démagogie, pas des gens bien en place pour qui le monde est un spectacle et qui vit dans trois arrondissements. C’est la reproduction assurée de la structure là... Donc un conseil Jedi, pas la foire aux narcissiques...

  • Giles Ji Ungpakorn - Wikipedia, the free encyclopedia
    https://en.wikipedia.org/wiki/Giles_Ji_Ungpakorn


    Des fois que vous ne le connaissiez pas encore ...

    Giles Ji Ungpakorn (Thai: ใจ อึ๊งภากรณ์; rtgs: Chai Uengphakon; IPA: [tɕāj ʔɯ́ŋ.pʰāː.kɔ̄ːn]; born 25 October 1953) is a Thai-British academic and political activist. He formerly worked as an associate professor at Faculty of Political Science, Chulalongkorn University, before he fled to the United Kingdom after facing a lèse majesté charge in Thailand.
    ...
    Giles Ungpakorn was formally charged with lese majeste in Bangkok on January 20, 2009. He had 20 days to respond to the charges, after which the Thai authorities would decide whether his case would be given to the Thai courts for prosecution. Ungpakorn said he was being charged because of the contents of his book A Coup for the Rich, which points out the main reasons the coup in Thailand two years prior took place. He fled Thailand in February 2009, returning to the United Kingdom. He stated, “I did not believe I would receive a fair trial.”

    ... voici le dernier article de son site excellent.

    Thai middle classes are violently opposed to democracy | Uglytruth-Thailand
    https://uglytruththailand.wordpress.com/2016/03/20/thai-middle-classes-are-violently-opposed-to-democracy


    J’y découvre sans être étonné que la base sociologique du fascisme est identique en Thailande avec celle qui a porté au pouvoir les nazis allemands en 1933 et qui continue à s’agiter sous des appellations comme #AfD, #Pegida, etc. L’article parle aussi du fascisme clérical que l’on sous-estime trop souvent. Si vous avez envie de faire connaissance avec les hommes et organisations qui font le bonheur des adeptes du sexe avec mineur(e)s et d’autres plaisirs peu humanistes voici une source de qualité.

    Lak Si is where the fascist monk Buddha Isara blocked the polling station, refusing to allow people to exercise their right to vote. Fascist Isara made a statement after the popcorn gunman was sentenced to jail, stating that he had helped pay for his defence and would always support him.

    This obnoxious monk and Sutep Teuksuban, who led the various anti-election mobs, should be put in jail on the basis of being the master-minders and funders of these violent actions. But do not hold your breath. Fascist Buddha Isara is generalissimo Prayut’s favourite monk and has been given a free hand to organise reactionary demonstrations and spread his filth. We should not forget either that the junta head and the two-faced Democrat Party leader Abhisit Vejjajiva are guilty of mass murder on the streets when they organised the shooting of pro-democracy demonstrators in 2010.

    The middle classes in Thailand hate and despise the majority of ordinary working people and the poor. They hate the fact that rich tycoon Taksin won the hearts and minds of most ordinary people with his universal health care and pro-poor policies. The middle classes loathe democracy because they are out-voted by the majority. They want to turn the clock back to a time when workers and small farmers knew their place and suffered their poverty in silence. They want to hang on to their ill-gotten privileges by maintaining social and economic inequalities. They are cowardly because they fawn on the rich and powerful and grovel to the monarchy. They also hide behind the men of the military. The violent disruption of the elections was designed to cause a crisis which could be used as an excuse to stage yet another military coup.


    Giles Ji Ungpakorn’s Red Siam manifesto
    https://socialistworker.co.uk/art/16755/Giles+Ji+Ungpakorn%E2%80%99s+Red+Siam+manifesto

    But as a staring point I offer the following ideas, the ideas of one red-shirted citizen.

    We must have freedom of expression and the freedom to choose our own government without repression and fear.
    We must have equality.
    We have to abolish the mentality of ’big people\\little people’.
    We must abolish the practice of crawling to the royal family.
    Politicians must be accountable to the electorate, not to shadowy conniving figures beyond popular control.
    We need to build a culture where citizens respect each other.
    We must have freedom and equality of the sexes and among different ethnicities.
    We must respect women, gays and lesbians.
    We must respect Burmese, Laotians, Cambodians and the Muslim Malay people in the south.
    Women must have the right to chose safe abortions.
    Refugees should be treated with friendship and dignity as any civilised society would do.
    Our country must be a Welfare State. Taxes must be levied on the rich. The poor are not a burden, but are partners in developing the country. People should have dignity. The present exploitative society stifles individuals and destroys personal creativity.
    In our country the king should honour his constitutional role and stop intervening in politics. But the ruling class in Thailand gain much from using the Monarchy and they will not easily stop doing this. Therefore the best way to solve this problem is to build a republic where all public positions are elected and accountable.
    For too long Thai society has been under the iron heels of the generals. We must cut the military budget and abolish the influence of the army in society ensuring that it can no long be an obstacle to democracy.
    We must have justice. The judges should not claim power from the Crown in order to stop people criticising their decisions. We must change the way that ’Contempt of Court’ laws are used to prevent accountability. We need to reform the justice system root and branch. We need a jury system. The police must serve the population, not extract bribes from the poor.
    Citizens in towns and communities must take part in the management of all public institutions such as state enterprises, the media, schools and hospitals.
    Our country must modernise. We need to develop the education system, transport and housing. We should create energy from wind and solar power to protect the environment.
    Our country must be peace-loving, not start disputes with neighbouring countries or support wars.

    The dinosaurs of Thai society, the Yellow Shirted royalists, will froth at the mouth in anger at this manifesto, but that is merely the symptoms of people who carry superstitious beliefs from the past, seeking to cling to their privileges at all costs. Their time is finished. We, the pro-democracy Redshirts will move forward to build a new society.

    #Thailande #fascisme #lutte_des_classes #petite_bourgeoisie #putsch #bouddhisme #religion

    • de mon point de vue, il y a beaucoup de choses qui se superposent et rendent la situation difficile à lire et interpréter.

      Le monde agricole, au travers de la FNSEA (pour faire court, très court), n’a pas fait grand chose et continue de ne rien faire pour se rendre sympathique.
      De même, des défenseurs des éleveurs à la J Porcher sont le pire genre d’alliés que les éleveurs peuvent souhaiter, vis à vis des végétariens ou antispécistes.
      D’un autre côté, bien des militants écologistes ont eu et ont encore tout à découvrir de la vie des agriculteurs.

      C’est un fils et petit fils de paysans qui l’écrit. J’ai grandi dans une ferme, j’ai mangé les poules et les lapins tués sur place.
      Je suis aujourd’hui végétarien, et j’accorde le plus haut intérêt aux fondements théorique du discours antispéciste. Je tiens qu’en dépit des difficultés humaines que les personnes qui travaillent dans le secteur agricole connaissent, leur activité est critiquable, et doit être critiquée. D’une manière générale, le rapport que le monde agricole entretient avec les animaux est critiquable. Que le monde agricole dans son ensemble ne saurait avoir la moindre prétention sérieuse à se prétendre à l’abri des remises en question. Que l’antériorité de telle ou telle pratique vis à vis de l’ère industrielle ne saurait constituer un argument en sa faveur.

      De là a dire « c’est bien fait pour vous », il y a un pas que je ne franchis pas. Mais ce n’est pas demain que les agriculteurs seront pour moi de possibles alliés.

    • Que l’antériorité de telle ou telle pratique vis à vis de l’ère industrielle ne saurait constituer un argument en sa faveur.

      Je suis assez d’accord avec ce que tu dis là @martin5
      Pour ma part je n’ai pas grandi directement à la ferme mais je l’ai côtoyée de près pendant mon enfance ; j’ai grandi dans une campagne qui s’est entre-temps périurbanisée. Je préférais les prairies à vaches plutôt que les lotissements en plastique qui ont remplacé beaucoup d’entre elles, même si dans l’absolu un paysage rural de #végéculture me plairait sans doute mieux.
      Sauf que ce que j’observe là où je vis c’est que ce qui fait le relatif dynamisme d’une agriculture moins industrielle et peut-être plus résiliente que dans bien d’autres lieux c’est la montagne http://seenthis.net/messages/328622#message333449 Et en montagne, le fondement de l’#agriculture depuis le néolithique c’est l’#élevage. Même si aujourd’hui on saurait faire de la végéculture y compris en montagne sous un climat rude (http://seenthis.net/messages/261830 - semblable à celui des Causses du Sud du Massif Central où c’est l’élevage ovin qui a façonné l’écoumène local) culturellement on n’y est pas. Dans le contexte culturel actuel, des montagnes sans élevage ne deviendraient pas des lieux de paysannerie végane tout aussi résiliente, mais des lieux de promenade pour urbains, des lieux photographiés mais non habités, et qui feraient un contrepoids de moins à l’#agro-industrie.
      Vu qu’aujourd’hui la disparition de l’élevage laisserait la place à bien pire (#agriculture_cyborg et #zootechnie), dans ce cadre là je suis du côté des éleveurs de mes montagnes, sans pour autant oublier les critiques que je peux faire à la #domestication et à ce qu’elle implique.

    • @koldobika

      je comprends ton point de vue, je crois, sans parvenir à m’y retrouver ni le partager.
      En fait le devenir immédiat de montagnes sans élevages ne me paraît pas la question. (De fait c’est le devenir immédiat de l’ensemble de la société qui me paraît très mal barré ; chacun de nous et moi avec).
      Ma position, disons, « végane », ne s’appuie pas sur la plus ou moins grande possibilité de faire des montagnes ou d’autres lieux des lieux d’agriculture végane (j’ai bien conscience des extraordinaires difficultés de l’entreprise, et je sais que seenthis est un lieu de discussions passionnées et documentées autour de ces questions), mais sur l’impossibilité morale de continuer à traiter la vie animale en moyen pour nos fins ; ce qui pose assurément des problèmes culturels (et pas seulement) plutôt extrêmement compliqués.
      Mais je ne me vois pas d’autre choix que celui de préférer la confrontation à ces problèmes plutôt que de me satisfaire de rechercher n’importe quelle solution plus « réaliste » ou « pratique » qui impliquerait que l’on continue à traiter des êtres vivants sentients comme des moyens, et que l’on continue à se dissimuler ce que nous nous faisons aussi à nous même ainsi. (Tout comme je pense que nous n’avons pas le choix de ne pas renoncer à la facilité de la dichotomie nature vs culture)
      (Pour pas mal de raisons, je ne suis pas très à l’aise avec le vocabulaire antispé, mais il m’est difficile d’en faire l’économie ici. Et de fait, je crois que c’est la première fois que j’essaie de mettre des mots là dessus)

    • @martin5

      Le monde agricole, au travers de la FNSEA (pour faire court, très court), n’a pas fait grand chose et continue de ne rien faire pour se rendre sympathique.

      hélas, j’ai bien peur d’être totalement d’accord sur ce point...

      De même, des défenseurs des éleveurs à la J Porcher sont le pire genre d’alliés que les éleveurs peuvent souhaiter, vis à vis des végétariens ou antispécistes.

      Je n’arrive pas à comprendre ce que tu veux dire par là...?

      Je tiens qu’en dépit des difficultés humaines que les personnes qui travaillent dans le secteur agricole connaissent, leur activité est critiquable, et doit être critiquée.

      Je suis d’accord aussi. Il faut critiquer (mais dans le sens constructif du terme) et remettre en cause. D’autant plus que non seulement ce genre d’élevage est un non sens mais il envoie tout le monde dans le mur, y compris ceux qui le pratiquent. Un comble, quand on y pense.

      Mais ce n’est pas demain que les agriculteurs seront pour moi de possibles alliés.

      C’est dommage, parce que ce serait sûrement le meilleur moyen de faire bouger les choses durablement. Le moyen le plus constructif, aussi... J’en suis de plus en plus persuadée.

    • @Philomenne

      Eh bien, j’ai lu trop de déni et d’arguments indéfendables chez J. Porcher pour ne pas juger ses prises de paroles pour la défense de l’élevage plus que calamiteuses.

      Se serait elle contentée d’arguer qu’elle défendait un gagne pain... mais venir prétendre que la domestication animale serait un préalable aux relations humaines et que sans exploitation animale, il n’y aurait plus d’Humanité avec un H majuscule, que les végans et antispés menacent donc l’Humanité, voilà qui me paraît vouloir pousser l’idéalisme de son argument un petit peu trop loin. Chercher à intimider, à faire taire les voix discordantes, bref, à s’imposer par la force, au mépris de toute honnêteté intellectuelle.

      Pour les agriculteurs... je crois que mon propos était maladroit. Que les conditions de survie qui leurs sont faites actuellement soient particulièrement implacables ne fait pas de doute. Dit autrement, ils ne sont pas à la bonne place. Comme tant d’autres...
      De fait je ne pense pas « trouver des alliés » nulle part plus aisément qu’ailleurs (Je ne demande qu’à rencontrer des gens, agriculteurs ou pas, qui éprouvent un profond malaise à la pensée de ce qu’ils sont et font, de ce que l’expérience sociale en cours fait d’eux, de leur propre contribution à celle ci.)
      De mon point de vue les agriculteurs ne sont ni pires ni meilleurs que n’importe quel autre groupe social (et nous sommes tous malmenés et pressurés plus que jamais, la guerre sociale se faisant à sens unique ces temps ci). Simplement, culturellement, et de part leur pratique quotidienne, ils ont un peu plus appris que beaucoup d’autres à considérer la vie comme un moyen, et à considérer que le « bien être animal » (ou l’amour d’un animal) pouvait impliquer l’exploitation de son corps comme son passage par l’abattoir.
      Ce avec quoi pas mal de personnes sont désormais en désaccord. Présenter ce désaccord comme « bourgeois » et causé par l’étrangeté avec le monde agricole, par l’artificialisation du monde, etc. est assurément une facilité mais je ne crois pas que celle-ci suffira toujours.

    • @martin5 Je ne me suis peut-être pas très clairement exprimé. La question n’est pas le devenir en lui-même des zones de montagne, mais la possibilité d’existence d’une agriculture non industrielle, et plus globalement de modes de vie non soumis à l’industrie, porteurs d’autonomie et fonctionnant sur un mode convivial (au sens qu’Illich donne à ce mot). Il se trouve qu’actuellement les montagnes sont ce qui se rapproche le plus de tels lieux. Si tout en étant critique sur l’élevage je défends ce qu’est concrètement l’élevage en montagne aujourd’hui, c’est parce-que son abandon dans le contexte actuel nous amènerait un cran encore plus loin de ce à quoi j’aspire, à savoir des modes de production (et des écoumènes) qui puissent être tout à la fois non-indus et sans domestication animale.
      L’abandon de l’élevage de montagne enlèverait un contrepoids à la zootechnie et également un contrepoids à la logique de la #wilderness. Tant qu’il y a des bergers qui font vivre un certain écoumène montagnard/paysan on peut débattre de la pertinence de l’élevage et de la possibilité d’alternative en ces mêmes lieux habités. Si les plaines industrialisées deviennent les seules régions où on produit de la bouffe, si le paysage devient divisé entre monocultures sous perfusion et usines à 1000 vaches d’une part, parcs « naturels » d’autre part, l’alternative sera à mon avis encore plus difficile à construire.

  • Devant, et sur les flancs
    Pierrette Rigaux, Grenoble, Décembre 2014
    http://rennes-info.org/Devant-et-sur-les-flancs

    Extraits :

    Squat et modes de vie alternatifs —> Abandon des luttes sociales et populaires, prédominance de la culture, de l’écologie et de la technologie attirant la petite bourgeoisie —> Flambée immobilière et embourgeoisement.

    Elle est individualiste, mais dit le contraire, et sait défendre ses intérêts de classe. Son progrès est celui de la croissance verte et du capitalisme 3.0., celui qui assure la continuité du système et ne réserve au peuple que chômage et consommation factice. Elle a déjà gagné beaucoup de terrain dans les grandes villes, et repoussé les pauvres dans les campagnes rurbaines...

    #anarchisme #gauche #militants #écologie #technologie #petite_bourgeoisie #ZAD #Pierrette_Rigaux

  • On a les utopies qu’on mérite : le revenu garanti - Mon blog sur l’écologie politique, par @aude_v
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/UQM-revenu-garanti-brochure

    J’ai tout de la militante écolo-alternative. Des jeunes écolos de Chiche ! jusqu’à la revue L’An 02, en passant par la fondation d’un collectif Vélorution, l’animation d’un groupe décroissance ou la rédaction d’une brochure « Perdre sa vie à la gagner », mon enthousiasme pour le revenu garanti n’aurait pas dû cesser de croître en quinze ans de militantisme.

    Raté. Je suis au chômage depuis plus de dix ans et, considérant cette expérience et les exclusions qui l’accompagnent, cette bonne idée m’apparaît désormais comme une mesure qui conforterait le productivisme ambiant, la perte d’autonomie, les inégalités socio-économiques, culturelles et de genre et serait un recours bien insuffisant devant les désastres que provoque l’organisation du travail (et du chômage !).

    J’explique en quatre temps mes inquiétudes au sujet de ces différentes dimensions.

    #RdB
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/UQM-revenu-garanti-1
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/UQM-revenu-garanti-2
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/UQM-revenu-garanti-3
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/UQM-revenu-garanti-4
    http://blog.ecologie-politique.eu/public/utopies-revenu-garanti.pdf

  • « Le dernier avatar de la classe moyenne. De la " petite-bourgeoisie " au capital humain universel », par Robert Kurz.

    http://www.palim-psao.fr/article-le-dernier-avatar-de-la-classe-moyenne-de-la-petite-bourgeoisie-a

    En effet, la pauvreté aujourd’hui ne découle plus de l’exploitation dans le travail, mais de l’exclusion hors de la sphère du travail. Ceux qu’emploie encore la production capitaliste proprement dite font même figure de privilégiés. La société ne définit plus les masses « dangereuses » qui lui posent problème comme regroupant les individus en fonction de leur « position dans le procès de production », mais en fonction de celle qu’ils occupent dans les sphères secondaires et dérivées de la circulation et de la distribution. Ces masses comprennent chômeurs de longue durée et bénéficiaires de prestations sociales, mais aussi employés sous-payés du secteur des services externalisés, auto-entrepreneurs pauvres, vendeurs ambulants et autres chiffonniers. Du point de vue des normes en vigueur en matière de droit du travail, ces formes de reproduction s’avèrent de plus en plus entachées d’irrégularité, d’insécurité et souvent même d’illégalité ; en outre, l’embauche y est sporadique, et les maigres revenus qu’elles apportent frisent le minimum vital, quand ils ne tombent pas carrément en dessous.

    A l’inverse, il n’existe plus non plus de « classe capitaliste » au vieux sens du terme, c’est-à-dire se définissant par la classique « propriété des moyens de production ». Que l’on considère l’appareil étatique avec ses infrastructures ou les grandes entreprises désormais transnationales, le capital semble être devenu d’une certaine façon socialisé et anonyme, et il n’est plus possible de mettre un visage sur la forme abstraite qu’il a revêtu. Aujourd’hui, « le capital » n’est pas une classe de propriétaires juridiques ; c’est le principe universel qui détermine la vie et les comportements de chacun des membres de la société, non seulement en tant que contrainte extérieure mais également jusque dans leur subjectivité même.

    […]

    C’est dans ce contexte que naquit le terme lourd de conséquences de « capital humain ». Employés des secteurs de l’ingénierie, du marketing ou des ressources humaines, membres des professions libérales (médecins, avocats, etc.) et fonctionnaires (enseignants, chercheurs, travailleurs sociaux, etc.) « sont », d’une certain façon, doublement du capital. D’abord, leurs compétences leur confèrent le rôle stratégique d’encadrer et d’organiser le travail des autres à fins de valoriser le capital ; en outre, et particulièrement s’ils sont travailleurs indépendants ou cadres, ils ont tendance à considérer leur propre qualification, et donc leur propre personne, comme du « capital humain » : en bons capitalistes, ils s’efforcent de s’« auto-valoriser ». Le capital que détient la nouvelle classe moyenne ne consiste ni en numéraire ni en moyens de production, mais en aptitude à organiser le procès de valorisation à un haut degré de rationalisation scientifique et technologique.

    […]

    Plus grands sont les écarts de revenus entre riches et pauvres dans cette économie de bulles financières, et plus les différences structurelles entre les classes vont s’effacer au sein de la reproduction capitaliste. Il n’y a donc aucun sens à vouloir – comme le font un certain nombre d’idéologues de cette classe moyenne en déclin qui fut jadis nouvelle – reprendre à son compte une « lutte des classes du prolétariat » d’une époque révolue. Aujourd’hui, l’émancipation sociale exige de dépasser la forme sociale qui nous est commune à tous. Le système de production marchande ne nous offre que des différences quantitatives de richesse abstraite, essentielles certes lorsque la survie est en jeu, mais stériles en termes d’émancipation. Un Bill Gates n’est ni plus ni moins « petit-bourgeois » que n’importe quel auto-entrepreneur pauvre : leur attitude envers le monde est identique et ils ont les mêmes mots d’ordre. Avec, aux lèvres, le vocabulaire du marché universel et de l’« auto-valorisation », ils franchissent ensemble les portes de la barbarie.

    #capitalisme #surnuméraires #chômage #classe_moyenne #petite_bourgeoisie #capital_humain #critique_de_la_valeur

  • Conformisme militant et paresse intellectuelle
    #psychologie_sociale #militantisme

    Simone Weil http://www.slideshare.net/salim13016/simone-weil-note-sur-la-suppression-generale-des-partis-politiques

    Il était fréquent de voir dans des annonces de réunion : M. X. exposera le point de vue communiste (sur le problème qui est l’objet de la réunion). M. Y. exposera le point de vue socialiste. M. Z. exposera le point de vue radical.-
    Comment ces malheureux s’y prenaient-ils pour connaître le point de vue qu’ils devaient exposer ? Qui pouvaient-ils consulter ? Quel oracle ? Une collectivité n’a pas de langue ni de plume. Les organes d’expression sont tous individuels. La collectivité socialiste ne réside en aucun individu. La collectivité radicale non plus. La collectivité communiste réside en Staline, mais il est loin ; on ne peut pas lui téléphoner avant de parler dans une réunion.
    Non, MM. X., Y. et Z. se consultaient eux-mêmes. Mais comme ils étaient honnêtes, ils se mettaient d’abord dans un état mental spécial, un état semblable à celui où les avait mis si souvent l’atmosphère des milieux communiste, socialiste, radical.
    Si, s’étant mis dans cet état, on se laisse aller à ses réactions, on produit naturellement un langage conforme aux « points de vue » communiste, socialiste, radical.
    A condition, bien entendu, de s’interdire rigoureusement tout effort d’attention en vue de discerner la justice et la vérité. Si on accomplissait un tel effort, on risquerait — comble d’horreur — d’exprimer un « point de vue personnel ».
    Car de nos jours la tension vers la justice et la vérité est regardée comme répondant à un point de vue personnel.

    @martin5 http://seenthis.net/messages/315104#message315262

    Je crains que ce triste esprit de parti qui constitue plus ou moins la trame même du monde militant, sur internet comme dans la rue, ne se manifeste ici comme il le fait presque partout et tout le temps, lequel préfèrera toujours recourir à des formules à l’emporte-pièce (d’autant plus aisément fédératrices que ne les précède aucun argumentaire un tant soi peu rigoureux, exigeant, qui obligerait les rassemblés à préciser chacun leur propre jugement et à le soutenir), pour la seule raison qu’il ne s’agit pas tant pour chacun de produire une critique radicale que de s’empresser de choisir un camp entre deux groupes humains constitués, ou de revendiquer bruyamment son appartenance à l’un plutôt qu’à l’autre.

    @mona http://www.arteradio.com/son/15393/mona_chollet_19

    Est-ce qu’on peut avoir des convictions politiques solides si on ne s’assume pas en tant qu’être humain complet avec ses besoins et ses centres d’intérêts multiples et aussi avec sa part de banalité ? Peut-être que si la critique de l’ordre existant reste le plus souvent confinée dans une sorte de ghetto, c’est parce-que ceux qui la portent fondent leur démarche uniquement sur ce qui les distingue de la majorité des gens, et ils se croient obligés de censurer tout ce qui les en rapproche.

    • @aude_v http://seenthis.net/messages/276845#message277364

      Je vois partout un militantisme identitaire, pas au sens facho mais au sens de complaisance envers des ethos super marqués socialement et qu’il s’agit de flatter ensemble, loin des autres, contre eux souvent.

      http://seenthis.net/messages/321920#message321985

      je sens souvent qu’on milite en se trouvant une identité et en refusant de la soumettre à réflexion, comme si c’était une deuxième peau qui nous permettait d’exister dans des groupes qui fonctionnent à l’homogénéité...

    • J’ai longtemps affirmé (en privé) que notre phase actuelle de militantisme est empêtrée dans une logique de néolibéralisme et son emphase sur l’individu, de façons dont beaucoup d’entre nous ne sont pas conscients. Une grande part du militantisme Internet exalte le particulier au détriment du collectif, récompensant des épisodes individuels de catharsis et en leur attribuant une valeur d’estime considérablement plus haute que le travail de fond, plus âpre et moins théâtral, qui nourrit la communauté.

      http://coleremilitante.tumblr.com/post/121094865413/a-propos-de-la-toxicite-et-des-abus-en-milieu
      voir également
      http://coleremilitante.tumblr.com/post/121519189958/reflexions-supplementaires-sur-les-pratiques-en

    • banalité du mal sur les réseaux sociaux en milieu militant

      Le principe même de Twitter, plus que toute autre réseau social, incite à se comporter en consommateur, comme si chaque compte twitter existait pour procurer une sorte de divertissement. Ce ne sont plus des humains dont on partage ou dont on discute les idées, ce sont des personnages presque fictifs que l’on consomme et que l’on jette quand on a fini de les utiliser. Ce n’est pas gravissime en soi, mais on voit les dérives que cela génère quand les gens se mettent à 40 pour faire quitter twitter à une personne qui a dit une connerie, en l’insultant et en la harcelant jusqu’à ce qu’elle craque.
      Le problème que me pose cette attitude n’est pas qu’elle soit simplement sadique. Je crois que les personnes qui prennent réellement plaisir à faire souffrir quelqu’un sont minoritaires, si elles existent. Le problème est que les gens font ça en toute ignorance, en toute indifférence de la souffrance qu’ils provoquent chez les autres, d’autant plus que la souffrance la plus importante provient généralement de l’acharnement non pas d’une seule personne, mais d’un groupe.

      Les personnes harcelées auront beau parler de leur souffrance, elles seront moquées, tournées en ridicule, d’une façon n’ayant rien à envier au harcèlement ordinaire que l’on peut voir dans les cours d’école, dans toute sa banale cruauté.
      Parmi les personnes les plus sensibles à ces procédés, on trouve des victimes de toutes sortes d’oppressions, fragilisées par leur situation sociale (personnes rejetées en raison de leur orientation ou de leur identité de genre, mères célibataires isolées socialement, personnes précaires, personnes dépressives ou souffrant d’autres troubles mentaux). Peu importe les raisons, la fragilité de ces gens est le résultat de leur histoire personnelle, et n’est en rien risible. Les harceleurs s’amusent avec ces personnes tel le « scientifique » barbare qui ouvre un rat pour voir comment c’est fait à l’intérieur, sans prêter la moindre attention au fait qu’il s’agisse par ailleurs d’un être ressentant la souffrance.
      Finalement, le plus horrible avec les shitstorm, c’est qu’elles arrivent presque toujours le dimanche. C’est à dire que tourmenter quelqu’un jusqu’à ce que qu’il soit en larmes derrière son écran, fasse des crises d’angoisse ou passe des nuits d’insomnie, c’est finalement une manière comme une autre de passer le temps. La distance que les écrans interposés mettent entre les gens permet si facilement d’oublier qu’on a affaire à des êtres humains, et non pas des machines ou des punching-balls, qu’on en arrive là, sans complexes.

      #narcissisme #barbarie #déshumanisation
      http://lesquestionscomposent.fr/social-justice-warriors-notre-violence-nest-pas-virtuelle/#more-2384

    • Ce que j’ai relevé pour ma part c’est qu’un élément récurrent de ces shitstorms, de ces mises au pilori publiques sur twitter, est qu’il y a de la part de la foule une espèce d’indifférence vis à vis de l’humanité de la personne montrée du doigt. Ce qui prime sur le moment c’est, en surface, le fait qu’elle ait dit ou fait un truc qui n’est pas conforme à tel ou tel credo militant. Cela rejoint ce conformisme militant narcissique où comme le disait @martin5 il ne s’agit pas tant pour chacun de produire une critique radicale que de revendiquer bruyamment son appartenance à tel ou tel camp considéré comme le bon.
      L’Elfe elle-même avait subi un événement de cette sorte, dans lequel avec une mauvaise foi effarante un paquet de gens l’avaient trainée dans la merde en prétendant qu’elle tenait des propos opressants vis à vis des personnes non « neurotypiques » (par exemples les personnes Asperger), ce qui est assez gros sachant par ailleurs le contenu et le ton de son blog, mais c’était l’occasion pour tous ces gens de lacher leur haine dans un mouvement de foule où ils se sentaient légitimés (banalité du mal). Bien évidemment des propos horribles et sans équivoque sont proférés tout le temps contre les personnes atteintes de troubles autistiques, mais ça ne suscite que peu d’émois ; là c’était une personne militante qui parlait et c’était l’occasion pour beaucoup de se faire mousser en la descendant en flammes http://lesquestionscomposent.tumblr.com/post/101266591177/les-raisons-de-mon-depart-de-twitter
      Plus récemment, toujours sur twitter, l’affaire de la liste CSP http://oi.crowdagger.fr/post/2015/07/17/%C3%80-propos-d-une-histoire-de-liste. Ledit CSP (une sorte d’Alain Soral, l’antisémitisme en moins) aurait apparamment tenu une liste de militants antiracistes, LGBT, féministes etc contenant noms et traits physiques des militants en question. Ladite liste a fuitié, et voulant la dénoncer après en avoir pris connaissance un blog « antifa » n’a rien trouvé de mieux que de la publier telle quelle, mettant immédiatement en danger les personnes listées (la liste a été récupérée très rapidement par un site d’extrême droite). Là aussi, le souci de l’autre est passé bien après le fait de faire mousser son ego militant.
      Autre exemple : des activistes véganes qui vont donner plus d’importance au fait de traiter d’assassins des consommateurs omnivores ou des éleveurs (parce-que ce faisant ils flattent leur égo militant) plutôt qu’à débattre avec eux. exalter le particulier au détriment du collectif, récompensant des épisodes individuels de catharsis et en leur attribuant une valeur d’estime considérablement plus haute que le travail de fond, plus âpre et moins théâtral, qui nourrit la communauté. comme dans le lien noté plus haut.

      C’est cette imprégnation profonde du narcissisme qui est inquiétante. Dans les milieux militants elle donne lieu à ce genre de rapports violents où l’humanité de l’autre passe après le fait qu’elle/il soit classée dans le « bon » camp ; où le désaccord politique en vient à être un argument pour retirer à autrui une part de son humanité. Ce n’est évidemment pas comme ça qu’on peut lutter contre le néolibéralisme et le fascisme et contre les oppressions dont ils se nourrissent et qu’ils entretiennent.

    • Je pense que cette question d’outings d’agressions sexistes mérite un post à part. Un ou plus sûrement plusieurs, vu tous les prolongements que cette question a. Pour la clarté des fils de commentaire et pour donner à chaque sujet l’importance qui lui correspond, sans les « diluer ».
      Je reprécise par ailleurs que ni mon commentaire d’hier sur le présent seen ni le seen initial ne sont en lien avec ce sujet-là.

    • http://oi.crowdagger.fr/post/2015/07/19/Violence-des-%C3%A9changes-en-milieu-militant

      Une autre divergence politique profonde que j’ai avec l’auteur de cet article, c’est sa vision libérale du militantisme :

      J’ai le sentiment d’en avoir retiré tout ce qu’il y avait à en retirer, qu’y rester plus longtemps sera maintenant contre-productif pour mon évolution personnelle et ma production écrite.

      On voit là le symptôme d’une approche finalement limite « carrièriste » du militantisme. Il ne s’agit pas de lutter pour changer le monde, mais d’en retirer tout ce qu’on a à y retirer, de supprimer toute notion de lutte pour parler d’« évolution personnelle ».

      Ce n’est malheureusement pas le seul texte à avoir cette approche, et c’est pour ça qu’à plusieurs reprises j’ai placé le mot « militant » entre guillemets, puisque selon les personnes qui l’emploient, il ne s’agit pas forcément de s’organiser pour lutter, mais d’une forme alternative de développement personnel.

    • on n’est pas si attentif/ve que ça aux questions d’agression en milieu féministe que pour flatter son ethos

      C’est certain. C’est aussi pour ça que je pense que c’est clairement un sujet distinct. Faire mousser son ego militant en descendant en flammes les positions d’un autre groupe (ou en préférant lustrer sa posture dans son microcosme plutôt que de s’adresser aux non-militants), bref l’emprise du néolibéralisme et du narcissisme sur la vie militante, c’est un sujet vraiment différent de la protection face aux agressions et leur dénonciation. En ce sens je trouve gênant d’appliquer un même terme ("shitstorm") à des événements pouvant avoir lieu dans les deux contextes, qui d’après moi n’ont pas grand chose à voir ni dans leur ethos ni dans les motivations des intervenants.

    • @aude_v je veux bien que tu ouvre une discussion sur ce sujet car il est different de celui que j’ai ouvert sur le outing d’agression et different aussi du sujet de @koldobika

      et tout de meme je précise que lors de la soirée seenthis quelqu’un est venu m’aidé et qu’en fait c’était safe pour ca. Après sur le coup je ne savais pas encor tout ce que ca allait provoqué par la suite dans ma tête de traumatisée. Et ca personne ne pouvait savoir vu que je le savait pas moi même.

    • http://sujette-sensible.blogspot.fr/2015/07/quart-dheure-beyonce-et-france-gall.html

      Nous, les issuEs de la prétendue culturelle misère prolétaire, qui avons connu les étoiles filantes de la pensée radicale parce que notre génération compte pas mal d’étudiants aussi, on ne propose rien, culturellement parlant, on essaie juste de pas faire d’impairs. De capter ce qui est subversif ou pas, et de pas l’ouvrir trop vite pour se taper les sourires condescendants ou juste un peu gênés des camarades fils de profs de fac ou de cadres. On se casse la tête à savoir ce qui distingue la remarque brillante sur Debord, de la citation trop ressassée qui nous classerait dans le minable « néo-situ ». On croyait qu’aimer Noir Désir et les avoir vus à l’Elysée Montmartre, c’était le top de l’underground... non, mais franchement, déjà quand ça joue à l’Elysée Montmartre, c’est dead. 

      On s’abreuve d’infos pour imiter encore et toujours. Quels peintres, quelles musiques, quelles sapes, est-ce qu’il faut être pour le revenu ou pour la gratuité, aimer les graffitis, ou pas parce que ce serait démago. Ecouter Satie ou faire mine de rejeter la #culture bourgeoise ? Avouer qu’on adore Monet, ou parler de la momification de la subversion qu’incarne le musée capitaliste ? Les jupes, c’est sexiste ou c’est la preuve qu’on kiffe notre corps et qu’on fucke le regard des mâles ? D’ailleurs faut se déclarer féministe OU anti-sexiste ?

      Alors, on ne risquait pas de proposer France Gall pour la manif, bien qu’on soit super heureuses, que quelqu’un ait dit ce qu’on ressent au fond de nous, nous qui sommes devenues un peu cocos ou un peu anars en prenant très au sérieux , gamins, les envole moi de Jean Jacques Goldman et les provocs de Madonna. 

      Ceux qui proposent, dans notre vague bouillonnante de radicaux, comme dans d’autres sphères intellectuelles et politiques, ce sont ceux qui sont issus des classes supérieures, culturellement parlant. Et souvent des mecs, mais pas toujours. Et très souvent, pas des issus de l’immigration, sauf UN ou UNE, mais pas plus.

      Ils proposent parce que chez eux, c’est « naturel » de donner son avis, de l’imposer. Naturel de penser que son avis est le bon, que sa réflexion est solidement étayée, et son goût bien assuré. Naturel de penser qu’on est apte à créer et innover. Naturel de penser que leurs actes et leurs préférences culturelles ou politiques ont évidemment le sens qu’ils veulent leur donner. Que l’interprétation qu’en feront les contradicteurs éventuels est erronée et montre leur inintelligence ou leur ringardise. 

      Ca s’appelle le #capital_culturel des #classes_supérieures , et ce n’est pas seulement une question de quantité des connaissances, mais de qualité. Eux savent trier, et se sentent « naturellement » aptes à décréter comment on trie, le subversif du snob, l’affecté du sincère, le vulgaire du provocant, le conformiste du génialement populaire. Le génie de la boite de conserves d’Andy et le pathétique du cube exposé à côté, ils savent.

      #petite_bourgeoisie

  • Le #Social-libéralisme : un oxymore mystificateur Bilan à mi-parcours de la deuxième droite (2)
    http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=3399

    Dans cette deuxième partie de son bilan de la « deuxième-droite » à mi parcours, J-P #garnier revient notamment sur la fonction politique du terme ambigu de « social-libéralisme ». Un « tournant » en ligne droite « Il est un peu désolant intellectuellement de voir la plupart des commentateurs parler d’un tournant “social-démocrate” de François Hollande …

    #Blogs #La_chronique_de_Jean-Pierre_Garnier #deuxième-droite #petite_bourgeoisie_intellectuelle #sociétal