region:pays nordiques

  • Affaires étrangères : le ministère du plafond de verre
    https://www.liberation.fr/france/2019/05/15/affaires-etrangeres-le-ministere-du-plafond-de-verre_1727228

    Tout jeune retraité du MAE, l’ex-ambassadeur aux Etats-Unis Gérard Araud reconnaît qu’il y a « une tension au Quai en ce moment ». Sous le coup des restrictions budgétaires et de la féminisation, les places sont plus chères et les hommes jeunes craignent de passer leur tour indéfiniment. « Aujourd’hui, une femme conseillère des affaires étrangères est quasi sûre d’être nommée ambassadrice alors qu’un homme non, décrypte Gérard Araud. Les femmes du MAE sont dans une situation paradoxale : vu de l’extérieur, il n’y en a pas assez, alors que vu de l’intérieur, il y en a beaucoup par rapport aux gens promouvables. »

    Sauf que les femmes ne sont pas les principales responsables de cet évincement, loin de là. « Les quadras en veulent à mort aux femmes, explique un diplomate. Ils croient être victimes de la discrimination positive, mais la cause de leur malheur, ce sont les énarques qui sont grosso modo deux fois plus promus à chaque mouvement. » Pour avoir une chance d’être promues, les femmes s’emploient à cocher toutes les cases : bon grade, bon parcours, diversification des postes. Le tout dans une ambiance mêlant sexisme de tous les jours et machisme de classe. « Les hommes font l’Histoire, les femmes font des histoires », figure tout en haut du palmarès de la goujaterie ordinaire au Quai, entre autres « ma petite jeune fille », « ma poulette » et « voilà enfin quelqu’un pour nous servir le café » (lire ci-dessous). Bienvenue au boy’s club du salon de l’Horloge. Contrairement aux pays nordiques, à l’Australie ou au Canada, la France n’a pas choisi de fixer des pourcentages de femmes ambassadrices à une échéance donnée. Pourtant, dans le cadre du G7 Egalité réuni la semaine dernière à Paris, l’ambassadrice de Suède vantait les trois piliers d’une diplomatie féministe, un domaine dans lequel son pays brille depuis 2014 : « Droits, ressources, représentation. » « C’est vrai que nous avons des marges de progression, concède Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes. Mais si nous avons lancé cette idée de diplomatie féministe, c’est précisément parce qu’il reste des choses à faire. »
    Ambassadeurs mariés à Zagreb

    Au Quai, ce G7 féministe fait grincer pas mal de dents. « Cela ressemble à une colle pour les concours administratifs : "Peut-on faire une diplomatie féministe sans avoir une diplomatie féminine ?" Vous avez trois heures », peste une ancienne du ministère. « Derrière l’idée de com géniale, se pose la question de l’exemplarité, abonde une haute fonctionnaire. Vu les nominations actuelles, ce truc semble n’être qu’un simple gadget. Quand on leur parle du bénéfice d’image qu’il y aurait à nommer une femme à l’ONU ou à Washington, ils ne voient pas de quoi on parle. Le message ne passe pas. » Face à la demande de rééquilibrage hommes-femmes qui monte de toute la société française, le ministère a tenté plusieurs choses. Il y a eu la « charte du temps », censée réguler des journées à rallonge et depuis 2016, la « délégation aux familles » qui signe des accords bilatéraux pour faciliter l’expatriation des conjoints et enfants. Une diplomate actuellement parisienne : « On ne va pas être célibataire et sans enfant pour un poste sans prestige. Avec ou sans contrat pour nos maris, avec ou sans école française : le coût culturel et psychologique est plus élevé pour une femme. » Certaines pistes sont à l’état expérimental : en Croatie, on a nommé un couple marié, Corinne et Philippe Meunier, qui exercent la fonction d’ambassadeur à tour de rôle, tous les trois mois.

    Engagé depuis l’automne, le mouvement de nominations va durer jusqu’à l’été, une durée classique mais handicapante. Contrairement à leurs collègues allemands ou britanniques, les diplomates français ont rarement le temps d’être formés à la langue du pays avant leur atterrissage et les déménagements se font en plein été, avec tout ce que cela peut avoir comme conséquences sur la vie familiale. Raccourcir ou avancer ce calendrier très français fait partie des prérogatives présidentielles. Hors nominations à l’étranger, le prestige se mérite petite tranche par petite tranche au Quai. Après une carrière de premier plan, on peut ainsi accéder à la dignité d’ambassadeur de France. Un titre prestigieux auquel aucune femme n’a jamais eu droit. Sylvie Bermann et un très petit nombre de consœurs - moins de cinq en tout - bénéficient pourtant actuellement de tous les grades et états de services requis. « Il faut espérer que, cette année, une femme obtienne la dignité, glisse-t-on au ministère, mais c’est à la discrétion du Président. »

    #sexisme #parité #discrimination #diplomatie
    Je suis surprise de découvrir que parler la langue du pays dans lequel on est ambassadriceur n’est pas un prérequis obligatoire.

  • Comment sont tués les cyclistes à Paris - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2019/04/24/comment-sont-tues-les-cyclistes-a-paris_1722899

    Les accidents mortels dans la capitale sont très genrés : toutes les femmes cyclistes tuées l’ont été par des poids lourds.

    Comment sont tués les cyclistes à Paris


    Comment sont tués les cyclistes à Paris ? Pour le savoir, nous avons étudié la base de données des accidents corporels de la circulation qui court de 2005 à 2017. Sur cette période, 42 cyclistes ont été tués à Paris (soit moins de 2% du total de cyclistes morts sur les routes en France).
    Les femmes cyclistes principalement tuées par des poids lourds tournant à droite

    Dans la capitale, 24 cyclistes sont morts après une collision avec un poids lourd, parmi lesquels 16 femmes. Presque toutes les femmes cyclistes tuées à Paris l’ont été par un poids lourd. Les femmes cyclistes à Paris sont donc deux fois plus nombreuses à avoir été tuées par des poids lourds que les hommes (16 contre 8). Dans la quasi-totalité des cas, elles sont victimes d’un poids lourd tournant à droite à un carrefour. En revanche, contrairement aux hommes, aucune femme n’a été victime de véhicule particulier sur cette période.

    Infographie : les cyclistes tués à Paris selon le type de véhicule impliqué

    Un phénomène similaire se produit en banlieue proche (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne), où les femmes sont plus nombreuses que les hommes à être victimes de poids lourds. Et lorsqu’on prend en compte les blessés graves, les femmes sont encore près de deux fois plus nombreuses à être victimes de poids lourds (60 contre 34). Il s’agit d’une particularité de la capitale et des départements proches étant donné que dans la France entière, les femmes cyclistes sont plus de deux fois moins nombreuses à êtres tuées par les poids lourds que les hommes.
    La situation parisienne ressemble beaucoup à celle d’autres grandes villes, et notamment à celle du centre de Londres. Un rapport des transports en commun londoniens émettait l’hypothèse que les femmes sont surreprésentées dans les cyclistes tués par des poids lourds parce qu’elles sont moins susceptibles de griller les feux rouges que les hommes. En effet, les cyclistes hommes sont généralement plus enclins à prendre des libertés avec le code de la route lorsqu’il s’agit de se rendre visibles des autres engins motorisés, et à se mettre devant eux pour redémarrer. Et dans certains cas, le respect strict du code de la route force à rester dans un angle mort. Par ailleurs, indique le rapport, le cycliste est plus en sécurité dans le flux de circulation s’il se déplace à la même vitesse que les motorisés. A Londres, dans la plupart des cas, les accidents se produisent lorsque le poids lourd renverse le cycliste en tournant à gauche (et à droite à Paris).

    On peut espérer que les sas vélos, lorsqu’ils seront réellement respectés par les véhicules motorisés, permettront de réduire ce genre de drame. Au Parlement, des députés prévoient à ce sujet de discuter d’amendements à la loi mobilité pour réduire le danger des poids lourds pour les cyclistes et les piétons. L’un, qui aura probablement peu d’impact, a pour but d’imposer des autocollants sur les angles morts des poids lourds. L’autre, probablement plus efficace mais moins succeptible d’être adopté, proposerait l’interdiction de la circulation aux poids lourds sans dispositifs de détection.
    De plus en plus de cyclistes tués en France

    Si l’on prend l’évolution du nombre de tués sur la route en France depuis une dizaine d’années, on constate une baisse suivie d’un plateau à partir de 2014. En revanche pour la population cycliste, c’est une autre histoire : le nombre de tués est resté stable des années mais il augmente drastiquement depuis l’année 2017.

    Infographie : les tués sur la route en France

    Quand on représente l’évolution en base 100 depuis décembre 2007, cela permet de voir le décalage entre les cyclistes tués et l’ensemble des tués sur la route. Certes, en valeur absolue, ils ne représentent qu’entre 2,9% et 5,75% des tués selon les mois. Mais l’augmentation est de 34% depuis décembre 2007 alors que le nombre tous usagers confondus est en baisse de 31%.

    Infographie : évolution du nombre de cyclistes tués sur la route (base 100)

    L’on peut supposer que la pratique du vélo a augmenté récemment, comme en témoignent les chiffres de vente du secteur, ce qui expliquerait le décalage avec le reste des usagers. Selon la sécurité routière sur ces derniers mois, c’est surtout sur les routes hors agglomération que l’on compte les cyclistes tués. La remontée globale est aussi attribuée à un relâchement des comportements.

    Ces chiffres ne doivent pas vous décourager de faire du vélo, notamment pour vous rendre au travail, car plus les cyclistes sont nombreux sur la route, moins il y a d’accidents, selon le principe de la masse critique. Les premières victimes de la route à Paris sont d’ailleurs les piétons, suivis de près par les deux-roues motorisés, puis les automobilistes.

    • Cet article élude totalement la question de la #violence_au_volant, surtout pour un sujet qui traite de #genre. Il parle des comportements des personnes tuées, pas du tout des conducteurs, c’est donc toujours à charge contre les victimes. Peut-être qu’il y a un vide total de ce côté là, qu’il n’y a aucune étude sur la #violence_masculine favorisée par les publicités de bagnole et pousse les hommes à exacerber leur #masculinité au volant au mépris de la vie des autres, et surtout des femmes.
      Je ne vois pas comment une société favorisant le féminicide ne donnerait pas lieu à ce genre de répercussions sur la route.
      En tout cas, si on voit comme moi la bagnole ou le poids lourd comme un instrument de domination.
      D’autant que ces tanks civils permettent de tuer en toute impunité juridique, attention je ne dis pas que c’est volontaire, je souligne juste que la justice relaxe les criminels de la route.

    • La situation parisienne ressemble beaucoup à celle d’autres grandes villes, et notamment à celle du centre de Londres. Un rapport des transports en commun londoniens émettait l’hypothèse que les femmes sont surreprésentées dans les cyclistes tués par des poids lourds parce qu’elles sont moins susceptibles de griller les feux rouges que les hommes. En effet, les cyclistes hommes sont généralement plus enclins à prendre des libertés avec le code de la route lorsqu’il s’agit de se rendre visibles des autres engins motorisés, et à se mettre devant eux pour redémarrer. Et dans certains cas, le respect strict du code de la route force à rester dans un angle mort. Par ailleurs, indique le rapport, le cycliste est plus en sécurité dans le flux de circulation s’il se déplace à la même vitesse que les motorisés. A Londres, dans la plupart des cas, les accidents se produisent lorsque le poids lourd renverse le cycliste en tournant à gauche (et à droite à Paris)

    • ...ces gros signaux de présence d’autrui vont invisibiliser les autres usagèr·es.

      Tout à fait d’accord avec toi @aude_v
      Il faut se souvenir qu’au moment de l’instauration de cette mesure (l’allumage permanent des phares ) l’argument mis en avant par l’administration française était : « En Scandinavie où l’allumage des phares de jour est la règle, le taux d’accident est plus faible »
      Sauf qu’en Scandinavie cette mesure répond à une situation particulière : la moitié de l’année le soleil est très bas sur l’horizon entrainant un éblouissement (qu’on expérimente occasionnellement en France au moment du coucher du soleil) et c’est pour palier à ce manque de visibilité dû à l’éblouissement que l’allumage permanent des phares a été instauré dans les pays nordiques.
      Le taux d’accidents est en réalité totalement décorrélé, les conducteurs scandinaves étant déjà à l’époque beaucoup plus respectueux des autres usagés.
      L’administration française à juste trouvé dans l’exemple scandinave un biais de confirmation dont on mesure aujourd’hui les effets délétères.

    • Je note pour ma part que la grosse majorité des morts sont des hommes - la violence masculine est aussi une violence des hommes contre les autres hommes (et contre soit, donc, j’imagine, pour un certain nombre de ces morts...).

      J’étais en Allemagne ces jours-ci. C’est particulier la quiétude que l’on ressent dans les rues des villes. Les voitures s’arrêtent et te laissent passer, sans besoin de forcer le passage. Et même quand toi même tu conduis, les autres véhicules te laissent manœuvrer tranquillement. Sans parler des autoroutes, où les chauffards roulant à 170 te laissent tranquillement faire tes manœuvres de dépassement à ton rythme de français (130), sans cligno comminatoires (illégal là bas, figurez-vous) ni appels de phares. De retour en France, la différence était flagrante et désespérante.

    • @biggrizzly, les combats de zizi font beaucoup de victimes, la violence est une gloire débile de la masculinisation. Quand on sait que de +90% des prévenus sont des hommes, c’est très inquiétant sur l’état de l’éducation française où on continue de ne pas respecter les enfants et de les frapper.
      Il y a toujours une source d’enfance pourrie, et dans la violence une façon inconsciente de frôler la mort qui pue la douleur de ne pas être autre chose qu’un amas de frustration et de développement pas bien terminé.
      En corollaire il y avait une étude, mais je ne remets pas la main dessus, qui montrait que le nombre de victimes de la route ayant subies des violences enfants étaient plus nombreuses, un contre-coup des traumatismes subis.

      Et je m’éloigne un peu, mais quand même. La route est un espace public fortement inconscient avec 10 morts par jour en france. Il n’y a aucune étude ou campagne qui aborde la dimension culturelle ou qui se questionne sur ce qui génère cette violence. Moi j’aimerai bien comprendre pourquoi je trouve que c’est la même inconscience que pour l’espace du sexe, maintenant que l’on a commencé à lever le voile et reconnu que le sexe est politique, pour sortir de l’inconscient faudrait peut-être s’atteler à voir que la conduite aussi est politique.
      #victimes

    • Oui elles ont eu a une époque des frais d’assurances moins chers que les hommes mais les hommes dans un soucis d’égalité ont exigés que les frais soient identique et cela même si les hommes sont pour ceux qui conduisent des dangers publiques qui coute très chère à la collectivité et surtout aux femmes et aux enfants.

  • Pays nordiques. Des #victimes de #viol s’unissent pour mettre fin à l’#impunité pour les auteurs de viol et faire tomber les obstacles à la #justice | Amnesty International
    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2019/04/rape-and-sexual-violence-in-nordic-countries-consent-laws
    https://www.amnesty.org:443/remote.axd/aineupstrmediaprd.blob.core.windows.net/media/20325/denmarkcover.jpg?preset=fixed_1200_630

    Le rapport Time for change : Justice for rape survivors in the Nordic countries révèle que des législations déficientes et des mythes et #stéréotypes néfastes liés au genre ont entraîné une impunité généralisée pour les auteurs de viol dans la région.

    Bien que figurant parmi les pays les mieux classés au monde en ce qui concerne l’#égalité des #genres, quatre pays nordiques (le #Danemark, la #Finlande, la #Norvège et la #Suède) affichent des taux de viol élevés, et leur système judiciaire porte préjudice aux victimes de violences sexuelles, a déclaré Amnesty International le 3 avril 2019.

  • « L’Etat a bien nationalisé l’assurance-chômage », Jean-Michel Bezat
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/04/l-etat-a-bien-nationalise-l-assurance-chomage_5431115_3232.html

    En reprenant la main après l’échec des négociations sur la convention Unédic, Emmanuel Macron est le premier président à aller au bout de la logique du toujours plus d’Etat, souligne notre journaliste Jean-Michel Bezat dans sa chronique.

    Chronique. Dans le panthéon de l’histoire sociale, deux figures tutélaires se font face et s’opposent : Otto von Bismarck et William Beveridge. A la fin du XIXe siècle, le chancelier allemand (1815-1898) a créé des assurances sociales financées par des cotisations assises sur les revenus du travail. L’économiste britannique (1879-1963), lui, a pensé en 1942 un Etat-providence alimenté par l’impôt, moins généreux mais universel. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la France s’est surtout inspirée du modèle allemand pour fonder la Sécurité sociale, sans renoncer à un idéal d’universalité qui en a fait un système hybride.

    Le gouvernement se tourne désormais vers Beveridge avec le « système de solidarité » proposé par Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle. Puisque les droits ne sont plus attachés à un statut social fixe mais à une personne au parcours professionnel plus erratique, analyse le chef de l’Etat, « la protection sociale doit désormais se fonder sur l’individu pour ne laisser personne au bord de la route ». Une philosophie qui s’est imposée pour l’assurance-maladie ou les prestations familiales, et qui vient de s’étendre à l’assurance-chômage.

    Une bonne dose de mauvaise foi

    Car l’Etat a bien « nationalisé » l’assurance-chômage, même si celle-ci reste pour une part financée par les revenus du travail. Le mot a été lâché par le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, après l’échec des négociations patronat-syndicats, incapables de s’accorder sur une nouvelle convention pour l’Unédic, qui croule sous une dette de 35 milliards d’euros (financée grâce à la garantie de l’Etat). M. Macron les a tancés, jeudi 21 février : « On est dans un drôle de système où chaque jour, dans le pays, on dit “corps intermédiaires, démocratie territoriale, démocratie sociale, laissez-nous faire” et, quand on donne la main, on dit : “Pardon Monsieur, c’est dur, reprenez-la.” »

    Il lui faut une bonne dose de mauvaise foi pour imputer cet échec aux partenaires sociaux. Il ne les a pas « laissé faire », puisqu’il leur a imposé, avant le début des négociations, une lettre de cadrage prévoyant 1 milliard d’euros d’économies par an et un malus pour les entreprises abusant des contrats courts. Il faut aussi un zeste de cynisme pour invoquer les corps intermédiaires, lui qui en a fait si peu de cas depuis son élection. En reprenant la main, M. Macron est le premier président de la République à aller au bout de la logique du toujours plus d’Etat et à tirer les leçons d’une tendance à l’œuvre depuis belle lurette.

    Les pères fondateurs de l’Etat-providence, en 1945, voulaient qu’il soit géré par les salariés. Ils lui assignaient pour mission de « débarrasser les travailleurs de l’incertitude du lendemain » grâce au remboursement des soins, aux allocations familiales et aux pensions. Des régimes vraiment paritaires sont vite apparus avec l’Agirc (retraite complémentaire des cadres) dès 1947, l’Unédic en 1958 et l’Arrco en 1961, accompagnant la société salariale des « trente glorieuses ». Avant que l’insécurité sociale n’envahisse la société entière dans les années 1980 et n’oblige l’#Etat_social à couvrir de nouvelles populations.

    La fin d’une chimérique démocratie sociale

    Plus personne ne pleure l’esprit des ordonnances de 1945 sur la « Sécu ». A-t-on vu les « gilets jaunes », qui réclament surtout une démocratie participative de nature politique, regretter la fin d’une chimérique démocratie sociale ? Dès 1962, l’élection des administrateurs des caisses a été supprimée ; réintroduite par la gauche en 1983, elle n’a pas résisté au désintérêt croissant des salariés pour les scrutins professionnels.
    La gestion patronat-syndicats n’a pas connu meilleure fortune : elle a progressivement disparu dans les quatre branches de la Sécurité sociale et ne subsiste qu’à l’Arrco et à l’Agirc, où elle est condamnée par la création prochaine d’un régime de retraite couvrant l’ensemble de la population.

    Les chômeurs et les précaires ont afflué à Pôle emploi et aux guichets de l’aide sociale, les malades présentent des ordonnances toujours plus coûteuses, les retraités sont déjà 16 millions… La protection sociale est devenue un bien commun à spectre large. Son mode de financement a été élargi à l’ensemble des revenus avec la CSG, sa gouvernance de facto assurée par l’Etat, son budget encadré par le vote annuel d’une loi de financement au Parlement et placé sous l’œil du ministère des comptes publics… et de Bruxelles.

    Réduire les indemnités chômage des cadres

    A qui fera-t-on croire que les partenaires sociaux, si peu représentatifs, ont vocation à gérer 730 milliards d’euros de prestations, plus de deux fois le budget de l’Etat ? Avec les « ordonnances Pénicaud » sur le code du travail, M. Macron a commencé à « dénationaliser » les négociations sociales (temps de travail…) en les ramenant au niveau des branches ou des entreprises. Dans un mouvement inverse, il « nationalise » la protection sociale. Avec tous les risques politiques d’une reprise en main, qui l’oblige à assumer les décisions difficiles.

    Une première épreuve l’attend. Dans le cadre de la nouvelle convention Unédic définie par décret à l’été, le gouvernement envisage ainsi de réduire les indemnités chômage des cadres, les plus généreuses d’Europe, avec un plafond de 7 750 euros brut par mois. Nul doute que la mesure sera applaudie par les salariés du bas de l’échelle ; et qu’elle scandalisera une partie de l’électorat de M. Macron. L’autre avis de gros temps est annoncé pour la fin 2019, quand il déclenchera le big bang de la réforme des retraites.

    Les syndicats érigent volontiers le modèle beveridgien en épouvantail, symbole de prestations a minima. Il l’est, si l’on prend la version britannique ; beaucoup moins, si l’on constate la générosité des systèmes scandinaves, eux aussi financés par l’impôt. C’est des pays nordiques que M. Macron dit vouloir s’inspirer pour mieux utiliser le « pognon de dingue » de l’#Etat-providence. Cette inspiration est plutôt rassurante pour la France, où il joue un rôle majeur dans la réduction des inégalités. Mais où il est aussi un frein à la mobilité sociale.

    #chômeurs #précaires #Pôle_emploi #retraites #revenu #unedic #droits_sociaux #droit_auchômage

  • La Grande-Bretagne veut taxer les géants du web Ingrid Vergara - 30 Octobre 2018 - Le figaro
    http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2018/10/30/32001-20181030ARTFIG00131-la-grande-bretagne-veut-taxer-les-geants-du-web.p

    Dans son projet de budget, le gouvernement prévoit une imposition de 2% sur le chiffre d’affaires réalisé par les grandes plateformes sur le sol britannique. Mais, les patrons d’entreprises numériques européennes comme Spotify, Booking.com ou Zalando expriment leur « grave préoccupation » sur le projet de taxe européenne.

    L’Union européenne en parle depuis des années sans arriver à s’accorder... C’est finalement la Grande-Bretagne qui pourrait être la première à le faire ! Dans son projet de budget 2019-2020, le dernier avant la sortie de l’Union européenne présenté lundi à la Chambre des Communes, le gouvernement britannique annonce la création d’une taxe qui vise sans les nommer les grands acteurs de l’Internet. Concrètement, il s’agirait d’imposer à 2% le chiffre d’affaires généré sur le sol britannique par les grandes entreprises du numérique (plateforme, place de marché, moteur de recherche, réseaux sociaux...). Deux conditions sont posées : avoir réalisé un bénéfice et réaliser un chiffre d’affaires global d’au moins 500 millions de livres annuel (561 millions d’euros). La taxe est clairement conçue pour toucher les géants comme Google, Facebook, Amazon, Aibnb et autres et non les start-up britanniques, a voulu rassurer Philip Hammond, le chancelier de l’Échiquier.

    Ce nouvel impôt pourrait être introduit à partir d’avril 2020 et devrait, selon les calculs du ministère, rapporter plus de 400 millions de livres par an (450 millions d’euros) en année pleine.

    « Des progrès douloureusement lents »
    « Il n’est clairement pas soutenable, ni équitable, que des plates-formes numériques puissent générer des bénéfices substantiels au Royaume-Uni sans payer de taxes ici en lien avec ces activités », a déclaré le ministre des Finances Philip Hammond. Selon des chiffres de l’association Tax Watch, cités par the Guardian, Facebook par exemple aurait payé 15,8 millions de livres l’an dernier pour un chiffre d’affaires de 1,3 milliard de livres au Royaume-Uni.

    En parallèle, le chancelier de l’Échiquier explique que son pays continuera à travailler avec l’OCDE et le G20 pour trouver une solution au niveau international. Si un accord était trouvé avant 2020, la Grande-Bretagne renoncerait à sa taxe locale au profit de l’accord global. « Un nouvel accord mondial est la meilleure solution à long terme. Mais les progrès sont douloureusement lents. Nous ne pouvons pas nous contenter de parler pour toujours. Nous allons donc maintenant introduire une taxe sur les services numériques au Royaume-Uni » a-t-il martelé.

    « Grave préoccupation » des entreprises européennes de la Tech
    Pour l’instant , les grandes plateformes américaines n’ont pas réagi officiellement à l’annonce. Philip Hammond a taclé au passage Nick Clegg, l’ancien vice premier ministre britannique devenu le nouveau visage public de Facebook. « J’attends déjà avec impatience son appel de l’ancien chef des libéraux démocrates. » a-t-il déclaré devant les députés britanniques. Ce dernier ne prendra ses fonctions qu’à partir de janvier prochain. Julian David, représentant des entreprises de la Tech britannique trouve que le seuil de 500 millions de livres de chiffre d’affaires était bas et risquait de toucher des entreprises plus petites que celles visées par le projet de taxe. D’ailleurs, dans une lettre publiée mardi, les patrons de 16 entreprises numériques européennes comme #Spotify, #Booking.com ou #Zalando ont exprimé leur « grave préoccupation » face à ce projet de taxe européenne. Ils estiment que cela « causerait un préjudice matériel à la croissance économique et à l’innovation, à l’investissement et à l’emploi dans toute l’Europe ».

    De son côté, l’Europe patauge toujours. En attendant une éventuelle solution au niveau de l’OCDE, Paris cherche toujours à convaincre ses partenaires européens d’adopter avant la fin de l’année son projet de taxe Gafa mis sur la table par la Commission européenne en mars. Elle propose d’instaurer une taxe de 3% sur le chiffre d’affaires généré par les entreprises du numérique dont le chiffre d’affaires annuel mondial dépasse 750 milions d’euros et dont les revenus dans l’UE dépassent 50 millions d’euros. La semaine dernière, le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire a défendu devant les députés européens la « priorité absolue » que représentait cette taxe. « Nous aurons d’autant plus vite une solution à l’OCDE que l’Europe aura été capable (...) de créer cette taxe sur le numérique », a assuré Bruno Le Maire à Strasbourg a-t-il expliqué. Le projet est loin de faire l’unanimité, pourtant indispensable pour toute réforme touchant à la fiscalité : les pays nordiques sont réticents, l’Irlande y est totalement opposée. Redoutant des représailles américaines sur son industrie automobile, l’Allemagne plaide plutôt pour un impôt minimum mondial. Les ministres européens doivent à nouveau débattre de cette taxe lors d’une prochaine réunion à Bruxelles le mardi 6 novembre.

    L’Espagne pourrait emboîter le pas à la Grande-Bretagne. Elle envisage d’adopter une taxe de 3% sur les entreprises ayant un chiffre d’affaires d’au moins 750 millions d’euros par an dans le monde et d’au moins 3 millions en Espagne.

    #gafa #facebook #google #internet #numérique #amazon #silicon_valley #apple #économie_numérique #fraude_fiscale #Angleterre #ue #union_européenne

  • Dix géants de l’agroalimentaire émettent plus de gaz à effet de serre que quatre pays nordiques | Slate.fr
    http://www.slate.fr/life/87587/coca-danone-agroalimentaire-gaz-effet-serre-pollution

    La confédération d’ONG Oxfam International s’est penchée sur les émissions de gaz à effets de serre globales (pour les matières premières agricoles, le transport, la fabrication, la réfrigération…) et les efforts concernant le climat de plusieurs géants de l’agroalimentaire. Le bilan (PDF) est inquiétant : les dix plus grosses entreprises du secteur (Associated British Foods, Coca-Cola, Danone, General Mills, Kellogg’s, Mars, Mondelez International, Nestlé, PepsiCo et Unilever) émettent chaque année 263,7 millions de tonnes de gaz à effet de serre. C’est un peu plus que la Finlande, la Suède, le Danemark et la Norvège réunis, souligne le rapport.

  • Baromètre Ipsos-SPF 2018, une #intensification de la #pauvreté | Secours populaire
    https://www.secourspopulaire.fr/barometre-ipsos-spf-2018

    L’intensification de la pauvreté en France en 2018 poursuit une tendance inquiétante. Plus d’un tiers des Français y a été confronté comme les chiffres du nouveau baromètre Ipsos-SPF le montrent et ils sont nombreux à redouter l’avenir difficile réservé à leurs enfants.

    En gros, les #inégalités se creusent !

    Et surtout, elles deviennent irréversibles, ce qui signifie que la stratification en #classes_sociales se fixe en #castes bien étanches

    La mobilité sociale marque le pas dans les pays de l’OCDE. OCDE. Juin 2018
    http://ses.ens-lyon.fr/actualites/rapports-etudes-et-4-pages/la-mobilite-sociale-marque-le-pas-dans-les-pays-de-locde-ocde-juin-2018

    Alors que les inégalités de revenu se creusent depuis les années 90, la mobilité sociale marque le pas : les personnes situées au bas de l’échelle sont désormais moins nombreuses à grimper les échelons, tandis que les plus riches conservent, dans une large mesure, leurs privilèges. Or les effets d’une telle situation sur le plan économique, social et politique sont très dommageables, selon un nouveau rapport publié par l’OCDE. L’étude « A Broken Social Elevator ? How to Promote Social Mobility » montre que, compte tenu des niveaux actuels d’inégalités et de mobilité intergénérationnelle sur l’échelle des revenus, au moins cinq générations (ou 150 ans) pourraient être nécessaires, en moyenne dans les pays de l’OCDE, pour que les enfants de familles modestes parviennent à se hisser au niveau du revenu moyen (voir le graphique ci-dessous). Dans les pays nordiques, cela pourrait prendre deux à trois générations seulement, tandis que dans certaines économies émergentes, ce processus pourrait se dérouler sur neuf générations ou plus. Un enfant sur trois dont le père a des revenus modestes percevra lui aussi de faibles revenus ; pour les deux autres tiers, la mobilité ascendante sur l’échelle des revenus se limitera souvent à l’échelon voisin.

    Cinq générations, c’est la moyenne : en France, c’est six (PDF - en) : http://www.oecd.org/france/social-mobility-2018-FRA-EN.pdf

  • Pour les habitants de Gaza, la situation est humainement intenable
    Guillaume Gendron, Libération, le 7 mars 2018
    http://www.liberation.fr/planete/2018/03/07/pour-les-habitants-de-gaza-la-situation-est-humainement-intenable_1634243

    Alors que les Américains ont décidé de sabrer le budget de l’agence onusienne dédiée aux réfugiés palestiniens, Pierre Krähenbühl, son commissaire général, alerte sur les conséquences de cette décision éminemment politique.

    Depuis la décision de Washington de « geler » plus de la moitié de leurs versements à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), cette agence des Nations unies connaît, selon son commissaire général, le Suisse Pierre Krähenbühl, « la plus grave crise financière de son histoire ». En poste depuis 2014, celui que les milliers d’employés palestiniens de l’UNRWA appellent « Mister Pierre » est face à une situation inédite. Son principal donateur, les Etats-Unis, utilise ces coupes budgétaires comme moyen de pression sur l’Autorité palestinienne (AP) pour forcer son président, Mahmoud Abbas, à revenir à la table des négociations. Le commissaire général de l’UNRWA sera à Paris mercredi et jeudi. Il y rencontrera notamment le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Pour Libération, il revient sur la situation financière de l’UNRWA et l’urgence humanitaire dans la bande de Gaza (dont l’agence est, selon ses termes, « la colonne vertébrale institutionnelle »).

    Deux mois après le gel des fonds américains, quels ont été les conséquences concrètes de cette décision ?

    Il faut d’abord rappeler les chiffres. Au moment de l’annonce, on passe d’une contribution effective des Américains de 364 millions en 2017 à 60 millions cette année. C’est 300 millions qui vont nous manquer. C’est beaucoup pour toute organisation humanitaire. Mais pour l’UNRWA, qui dépense environ entre 1,2 et 1,3 milliard annuellement, c’est un coup très dur. Pour le moment, il n’y a pas eu d’effets sur le terrain car nous avons demandé à une partie de nos donateurs d’avancer leurs contributions. La Belgique, les pays nordiques, la Russie, la Suisse l’ont fait. Cela nous a permis de maintenir les écoles et les cliniques ouvertes. Sur la question des fonds d’urgence pour l’aide alimentaire, notamment à Gaza, la situation reste délicate. Les Américains y contribuaient particulièrement, et on a failli se trouver en situation critique d’ici à la fin mars. Nous avons trouvé une solution interne, avec permutation de budget, qui nous permet de tenir jusqu’au mois de mai, mais c’est du court terme. Nous comptons beaucoup sur la conférence du 15 mars à Rome, lancée par la Suède, la Jordanie et l’Egypte pour organiser le soutien à l’UNRWA. Il ne s’agit pas que du futur de l’agence, mais d’une question de sécurité régionale.

    Votre raison d’être est attaquée : Nikki Haley, l’ambassadrice américaine à l’ONU, considère que l’UNRWA fait partie du problème car elle « crée un nombre illimité de réfugiés palestiniens ».

    C’est un mythe : l’UNRWA perpétuerait la situation en prolongeant indéfiniment le statut des réfugiés palestiniens, selon une définition différente du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). Mais le HCR soutient les réfugiés afghans depuis l’invasion soviétique de 1979 et leur offre assistance, même s’il s’agit de la deuxième, troisième ou quatrième génération. Donc l’idée selon laquelle l’UNRWA opère selon des critères particuliers est erronée. Si l’UNRWA existe encore soixante-huit ans après sa création, c’est non par choix mais parce que la communauté internationale et les parties du conflit ont échoué.

    On évoque une augmentation de la contribution des pays arabes…

    Il y a derrière cette hypothèse une idée reçue. On entend souvent : « Quand les pays arabes vont-ils enfin contribuer ? » Mais ils le font déjà ! L’Arabie saoudite est le troisième plus grand donateur de l’UNRWA après les Etats-Unis et l’UE. Elle donne annuellement plus que la France ou les pays hôtes. Ces trois dernières années, les Emirats arabes unis ont versé des montants importants pour l’éducation. Il faut un partenariat entre l’Europe et les pays arabes pour stabiliser les contributions à nos financements principaux – ce qu’on appelle le « core funding ».

    Si jamais vous deviez revoir votre budget à la baisse, avez-vous identifié vos priorités ?

    Il y a déjà beaucoup d’inquiétude, notamment chez nos employés palestiniens, il ne faut pas en rajouter. L’objectif pour le moment est la mobilisation de fonds.

    Les ONG s’alarment de la dégradation des conditions de vie à Gaza. Pourtant, le ministre de la Défense israélien, Avigdor Lieberman, refuse de parler de crise humanitaire…

    Pour réussir à ne pas voir la situation à Gaza, il faut vraiment ne pas y vivre. Sur place, on est passé de 80 000 personnes en 2000 qui recevaient de l’aide alimentaire, à un million aujourd’hui, sur 1,9 million d’habitants. Ce chiffre, un scandale international, est en lien direct et organique avec le blocus. Ces gens, souvent éduqués, autosuffisants, qui avaient des emplois, des entreprises, ont vu leurs marchés détruits par le blocus et l’impossibilité d’importer du matériel. La situation est humainement intenable.

    Vous évoquez le blocus, mais la détérioration des conditions de vie semble aussi liée aux décisions de l’Autorité palestinienne, qui a notamment amputé les salaires des fonctionnaires pour faire pression sur le Hamas.

    C’est un paramètre : les divisions intra-palestiniennes ont un effet sur la communauté. Sur le plan de la santé et de l’électricité, il y a des enjeux clairs liés à ces divisions, mais je pense qu’il ne faut pas perdre de vue les effets du blocus.

    L’expression « prison à ciel ouvert », vous la cautionnez ?

    Comme le disait un entrepreneur palestinien : « En principe, lorsqu’on est condamné à une peine de prison, on en connaît la durée. Là, personne ne nous en a informé. » Rien de ce qui se passe à Gaza n’est compatible avec l’argument d’un investissement dans la sécurité régionale. Ni pour les Palestiniens, ni les Israéliens, ni les Egyptiens. Maintenant, si nos activités sont touchées aussi… Dire, comme le font certains, « la crise est moins aigu qu’en Somalie, en Syrie ou au Yémen », c’est classer la souffrance… Pour les habitants de Gaza, c’est terrible d’imaginer que l’UNRWA, le seul paramètre stable de leur vie, puisse être menacé. Si l’on s’intéresse à la stabilité de la région, comment imaginer, sans l’UNRWA, que 270 000 élèves à Gaza n’aient plus accès à l’éducation dans un contexte si dégradé ? Plus de 90% de ces élèves n’ont jamais quitté Gaza de leur vie, ils ne connaissent rien d’autre que ces quelques kilomètres carrés et la crainte d’un prochain conflit. On me demande souvent si je suis inquiet par les risques de radicalisation au Proche-Orient. Je le suis d’autant plus maintenant qu’on m’a retiré 300 millions pour mon système scolaire.

    Les Israéliens accusent vos professeurs d’entretenir, voire d’instiller, un certain nombre d’idées radicales chez les élèves…

    Il a été démontré par de nombreuses études faites par les donateurs eux-mêmes – dont les Américains – que notre travail éducatif est un investissement extrêmement important. Plus de deux millions de Palestiniens ont obtenu un diplôme dans nos écoles. Nous sommes le seul le système scolaire qui a inscrit dans son cursus des cours sur les droits de l’homme, la tolérance… Bien sûr, il y a parfois eu des problèmes avec ce que l’un ou l’autre de nos enseignants a pu poster sur sa page Facebook. Quand vous vivez dans une communauté depuis cinquante ans sous occupation, cela change votre vision du monde. Et cela concerne moins de 0,5% de nos 22 000 employés. Mais aussi minime soit-il, nous prenons ce problème très au sérieux, il y va de notre crédibilité.

    Est-ce difficile de mobiliser l’opinion internationale sur Gaza ?

    Si l’on compare à ce qu’il s’est passé en 2014 au cœur de la guerre, la situation n’est évidemment pas comparable en intensité.. Ce que l’on voit actuellement, c’est un cumul, entre le blocus, la crise financière, les coupures d’électricité, la mauvaise qualité de l’eau, le traumatisme de la jeunesse après la dernière guerre, le sentiment d’enfermement… Ce qui me choque, c’est que dans les conférences internationales au sujet de Gaza, on parle beaucoup de résilience. Cela revient à applaudir les Gazaouis de tenir indéfiniment face à une injustice qui devrait être réglée politiquement. C’est féliciter les gens de survivre à quelque chose qui n’a pas lieu d’être.

    Quel rôle peut jouer la France ?

    D’un point de vue régional, je considère extrêmement important que la France joue un rôle dirigeant. Elle a toujours un regard extrêmement aigu sur les questions politiques. Cette tradition française est plus que jamais nécessaire, à l’heure où il y a beaucoup de défaitisme dans la communauté internationale autour de ce conflit. Sur les questions relatives à l’UNRWA, j’ai une attente forte sur l’éducation, thème sur lequel Emmanuel Macron s’est engagé.

    #Palestine #UNRWA #Gaza #réfugiés

  • Un postcolonialisme à la française ?

    http://www.achac.com/blogs/188


    PDF : http://achac.com/colonisation-et-post-colonialisme/wp-content/uploads/2018/01/article-Cite.pdf

    La théorie postcoloniale, si elle demeure fortement controversée dans l’espace académique français, est désormais partie prenante des sciences sociales dans la plupart des pays où la recherche est dynamique, des États-Unis à la Grande-Bretagne, du Brésil à l’Inde, de l’Allemagne aux pays nordiques, des universités africaines aux universités sud-américaines. C’est un fait. Elle est un élément du débat intellectuel et pourtant elle occupe, dans le même temps, une position spécifique en France, fruit d’un contexte quasi unique dans le monde scientifique international. En France, elle est marginalisée dans le champ académique et particulièrement dans les sciences sociales.

    Aux États-Unis principalement, la théorie postcoloniale est enseignée depuis plus de trois décennies dans différents départements universitaires (littérature, histoire, sciences politiques…) aux côtés d’autres courants intellectuels (Ethnic Studies, Racial Studies, Gender Studies…), comme le souligne l’ouvrage que nous venons de codiriger en juin 2016 avec Dominic Thomas, Colonial Legacy in France. Fracture, Rupture, and Apartheid (Indiana University Press). A contrario, en France, elle fait l’objet d’une critique théorique et académique, qui s’articule à une critique politique et idéologique, laquelle renvoie au syndrome français face au passé colonial et à l’interprétation – ou à la négation – des conséquences à long terme de la colonisation sur la société française.

    Qu’est-ce que le postcolonialisme ? Ce courant, qui s’origine dans les travaux des subalternistes (collectif d’historiens indiens cherchant, dans les années 1970, à renverser l’historiographie de la décolonisation de l’Inde en montrant en particulier le rôle joué par les castes inférieures), et l’ouvrage inaugural d’Edward Saïd, L’Orientalisme (1978), qui déconstruit les discours de l’Occident sur l’Orient, peut être défini, très rapidement, comme un ensemble de recherches visant, d’une part, à rompre avec les chronologies fondées sur l’histoire politique, en contestant la « rupture » des décolonisations et en favorisant la longue durée et, d’autre part, à envisager la colonisation comme un processus dialectique affectant aussi bien les métropoles que les territoires colonisés, afin de se départir d’une vision occidentalocentrée de l’histoire. Mais l’objet du présent article n’est pas tant de revenir sur une longue définition des études postcoloniales ou de défendre les tenants de cette « théorie », de nombreux travaux et écrits l’ont fait avant nous, mais bien de souligner la spécificité du débat français en analysant sans tabou les blocages et les déraisons, les passions et les aveuglements, les enjeux aussi, comme les rapports de force.

  • De l’École Maternelle aux jardins d’enfants ?

    Il y a quelques années l’école Maternelle, présentée comme une spécificité française, était reconnue comme un point fort de notre système éducatif.

    Ces dernières années, elle a servi de variable d’ajustement lors des suppressions de postes (les effectifs de certaines classes ne permettant plus d’atteindre les objectifs annoncés), elle a subi un recul de l’âge de la scolarisation (avec la disparition des classes de 2 ans ou TPS, préjudiciable notamment pour les élèves les plus fragiles) et elle a été isolée du reste de l’école primaire lors de la dernière réforme des programmes (rattachement de la GS au cycle 1, programmes spécifiques publiés symboliquement à part de ceux de l’élémentaire et du collège).
    Néanmoins ses objectifs, son rôle et son importance ont été réaffirmée.

    Jean-Michel Blanquer a annoncé lors de son arrivée au Ministère qu’il ne réformerait rien, c’est donc assez logiquement que depuis 6 mois, il a défait ce qui avait été mis en place lors du précédent quinquennat et que tous les dossiers imaginables sont aujourd’hui sur la table pour des changements en profondeur du système éducatif, changements qui orienteront durablement celui-ci pour les décennies à venir (à mon avis…).
    Il était donc prévisible qu’il s’attaque à l’école maternelle…

    Jean-Michel Blanquer veut transformer l’école maternelle
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/01/06/01016-20180106ARTFIG00055-jean-michel-blanquer-veut-transformer-l-ecole-mat

    Le ministre de l’Éducation nationale annonce samedi envisager une réforme des formations des enseignants afin notamment de développer le langage des enfants.

    Il a confié la réflexion au neuropsychiatre Boris Cyrulnik en axant la réforme sur l’épanouissement des élèves et de l’apprentissage du langage.

    Le ministre de l’Education s’appuie sur un neuropsychiatre pour « penser la maternelle de demain » (Ouest France)
    https://www.ouest-france.fr/education/ecole/entretien-blanquer-s-appuie-sur-un-neuropsychiatre-pour-penser-la-mater

    Jean-Michel Blanquer veut transformer l’école maternelle. Le ministre de l’Éducation nationale va s’appuyer sur l’expertise du neuropsychiatre Boris Cyrulnik, spécialiste de la petite enfance pour « penser la maternelle de demain ». Des assises réunissant les principaux acteurs de l’école maternelle se tiendront en mars prochain. Objectif : faire en sorte que la maternelle française soit, plus encore, l’école de l’épanouissement et de l’apprentissage du langage.

    Or, Boris Cyrulnik, qui peut tenir des propos très pertinents sur l’école et l’apprentissage (les notes, la bienveillance, les rythmes…), est pour retarder l’âge de scolarisation. Pourtant, les études disponibles montrent l’influence d’une scolarisation précoce sur les inégalités scolaires, notamment dans les quartiers populaires, notamment en langage.

    Boris Cyrulnik : « Peu d’enseignants ont conscience de leur impact affectif sur les enfants » (VousNousIls)
    http://www.vousnousils.fr/2015/06/08/boris-cyrulnik-peu-denseignants-ont-conscience-de-leur-impact-affectif-s

    Nous serions toutefois bien inspirés de prendre exemple sur les pays nordiques. Comme eux, il nous faudrait nous intéresser à la sécurisation des tout petits, retarder leur entrée à l’école, ne pas attribuer de notes en primaire, raccourcir la durée des cours, confier des activités éducatives à des tiers issus du monde de la culture ou du sport, etc.

    Retarder l’âge de scolarisation signifie par ailleurs concrètement la fin de l’école maternelle (publique) au profit de "jardin d’enfants" (privés). Cette idée est déjà dans les esprits voire dans les tuyaux de l’institution ministérielle.

    Haute-Loire : l’Education Nationale propose des jardins d’enfants pour soulager les classes uniques (France 3 Auvergne-Rhône-Alpes)
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/haute-loire/haute-loire-education-nationale-propose-jardins-enfants

    Dans les plus petites communes de Haute-Loire, il ne subsiste souvent qu’une école à classe unique. Difficile pour les enseignants d’y faire la classe de la maternelle au CM2 pour des enfants de 2 à 11 ans. L’inspection académique propose aux maires de créer des jardins d’enfants

    Les mauvais esprits diront que les économies de postes en maternelle financeront les promesses de Macron de dédoubler les CP et CE1… ou juste une réduction des postes dans un contexte d’économies budgétaires. D’autres esprit chagrins remarqueront, une nouvelle fois, que J.-M. Blanquer, cheville ouvrière des sombres années Darcos… fait du Darcos.

    X. Darcos va supprimer l’école maternelle ? (Sébastien Rome)
    https://blogs.mediapart.fr/sebastien-rome/blog/110708/x-darcos-va-supprimer-l-ecole-maternelle

    Le gouvernement va mettre en place un large plan d’économie dans l’Education nationale en réduisant la scolarité des élèves. Progressivement, les élèves de deux ans puis de trois ans et enfin de quatre ans ne seront plus accueillis à l’école maternelle. Le plan en préparation depuis plusieurs mois à Bercy sera bientôt mis en œuvre. En effet, la Caisse d’allocations familiales de Montpellier vient d’annoncer aux crèches et aux PMI qu’elles devraient s’apprêter à accueillir (ou plutôt garder en leur sein) les enfants de 2/3 ans à la rentrée 2009 puis, à terme, les enfants de 3/4 ans.

    #éducation #école_maternelle #cycle1 #réforme #jardin_d'enfants #privatisation

  • Vil kjempe til døden for et nytt Norden - Dokumentar

    https://www.nrk.no/dokumentar/xl/vil-kjempe-til-doden-for-et-nytt-norden-1.13810278

    Le truc effrayant du jour. Des journalistes de la NRK ont suivi pendant deux ans le mouvement néonazi scandinave pour essayer de comprendre la psychologie des membres, qui ils sont et ce qu’ils veulent. Essentiellement des portraits, des portraits qui tous, sans exception respirent la mort.

    Vil kjempe til døden for et nytt Norden

    Nasjonalsosialister marsjerer igjen i gatene. NRK Brennpunkt har fulgt den nazistiske organisasjonen som kaller seg « Den nordiske motstandsbevegelsen » i to år, for å forstå hvem de er, og hva de ønsker å oppnå.

    #extrême_droite #néonazis #scandinavie #suède #norvège

    • C’est le genre de reportage où les journalistes norvégiens excellent. Ça mériterait que je fasse une traduction, en réalité, mais en réalité, là je cours après le temps et je n’ai pas le temps ! Cela dit, s’il y a un plébiscite, je peux faire une effort :) C’est une plongée en apnée dans le monde néonazi scandinave, et c’est très bien fait : les journalistes commentent peu, ils sont très distant par rapports aux protagonistes, et ils ont bien pris soins de n’adjoindre aucun élément spectaculaire dans la narration, ce qui d’ailleurs rend le bouzin encore plus puissant. Moi, la lecture m’a vraiment effrayée.

    • J’ai pris la grand-mère (il y a 2-3 mots que je n’ai pas compris, mais je crois que l’essentiel y est)

      Il est dimanche matin dans la ville médiévale de Vadstena et Vera Oredsson se prépare pour sa visite hebdomadaire à l’église.

      Dans le national-socialisme, il n’y a pas vraiment de place pour le religion, mais je sais que Jésus-Christ n’était pas juif ; il est donc possible d’être national-socialiste et chrétien, dit cette femme de 89 ans.

      Mme Oredsson est née à Berlin en 1928 d’un père militaire allemand et d’une mère suédoise. À disant elle est inscrite aux Jeunesses hitlériennes. Ses parents ont divorcé pendant la guerre. Sa mère et elle se sont réfugiées en Suède avec les « Bus blancs » en février 1945.

      Son appartement est rempli de livres, de souvenirs et de photos de sa longue vie. Dans sa chambre un grand portrait d’Adolf Hitler

      Pourquoi avez-vous cette photo d’Adolf Hitler dans votre chambre ?
      Pourquoi ne l’aurais-je pas, répond Mme Oredsson, j’ai toujours eu une photo du Führer au dessus de mon lit, même quand j’étais enfant. Avec une telle image au dessus de mon lit, je me sens en sécurité.

      Sous l’image d’Adolf Hitler se trouve une croix gammée en perles. C’est un cadeau de Noël qu’a fait son petit-fils à elle et son mari.

      il a commencé le cadre rouge au jardin d’enfants, mais il a terminé le reste à la maison avec son père, on ne le lui laissait pas le faire au jardin d’enfants.

      Des réflexions sur la biologie raciale ont conduit Vera Oredsson à fonder le Nordiska Rikspartiet avec son mari Göran Oredsson en 1956. Fortement inspiré par Adolf Hitler, le parti veut unir les pays nordiques en un Reich racialement pur.

      le Mouvement de résistance nordique a le même projet. C’est un modèle important.
      Elle est un lien avec l’époque précédant la fondation du Mouvement de résistance nordique, depuis son retour d’Allemagne jusqu’à aujourd’hui. Elle représente une grande source d’inspiration pour nous dit Simon Lindberg


      Objet en perles réalisé par son petit-fils au jardin d’enfants pour le cadre, avec son père pour le motif…

      =========== Notes =========

      Bus blancs — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Bus_blancs

      L’expression Bus blancs fait référence à une opération humanitaire de la Croix-Rouge, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, dont les fers de lance furent le comte suédois Folke Bernadotte et Felix Kersten. Elle permit de sauver des milliers de Scandinaves, ainsi qu’un grand nombre de Juifs, des camps de concentration allemands. Le nom de « bus blancs » provient de ce que les véhicules avaient été peints en blanc avec des croix rouges sur les côtés et le toit afin qu’aucune confusion ne soit possible avec des véhicules militaires.

      En mars et avril 1945, quelque 15 000 prisonniers Scandinaves et d’autres nationalités furent soustraits à l’emprisonnement et au confinement imposés par les nazis, puis conduits en Suède. Le programme continua après la capitulation allemande, rapatriant encore 10 000 ex-prisonniers vers la Suède.

      WP[en] pas trouvé en français https://en.wikipedia.org/wiki/Nordic_Resistance_Movement

      The Nordic Resistance Movement (Swedish : Nordiska Motståndsrörelsen ; NMR, Norwegian : Nordiske motstandsbevegelsen ; NMB, Finnish : Pohjoismainen vastarintaliike ; PVL, Danish : Nordiske modstandsbevægelse ; NMB) is a Nordic Neo-Nazi movement.

  • EPHAD. Le cri d’alarme inédit des salariés et directeurs de maisons de retraite, Gaëlle Dupont
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/10/20/le-cri-d-alarme-inedit-des-salaries-et-directeurs-de-maisons-de-retraite_520

    Le cri d’alarme inédit des salariés et directeurs de maisons de retraite
    Les professionnels des Ehpad ont lancé un appel au secours commun à Emmanuel Macron pour en finir avec les mauvaises conditions d’accueil.

    « Faites un test : levez-vous le matin, faites votre toilette, votre lit, mettez-vous à petit-déjeuner, chronométrez-vous, vous verrez que vous ne tiendrez pas en quinze minutes. Et pourtant vous êtes en bonne santé. » Le défi est lancé par Anne-Sophie Pelletier, membre de la CGT, ancienne porte-parole des aides-soignantes en grève de la maison de retraite Les Opalines, à Foucherans (Jura). Quinze minutes, c’est le temps dont ces professionnelles disposent pour accompagner dans ces tâches les personnes âgées dépendantes hébergées dans l’établissement où elle travaille. A Foucherans, la grève a duré d’avril à juillet, deux postes supplémentaires ont été obtenus, « mais le sous-effectif perdure ». Comme dans tous les Ehpad de France.

    C’est ce qu’ont dénoncé, dans une lettre ouverte au président de la République rendue publique jeudi 19 octobre, cinq syndicats de salariés du secteur médico-social (CGT, FO, UNSA, CFDT, CFTC) et l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). La démarche est inédite. Parce que l’heure est grave, selon les auteurs de l’appel.

    « Terrible angoisse »

    « Malgré les évolutions du secteur (…), la situation reste extrêmement tendue au regard des besoins et attentes des personnes âgées, écrivent-ils. Ces dernières entrent en établissement avec des handicaps physiques et psychiques de plus en plus importants, auxquels s’ajoutent parfois des pathologies psychiatriques pour lesquelles les personnels ne sont pas préparés ; les personnes âgées sont insuffisamment accompagnées dans les actes de la vie quotidienne, les familles s’épuisent et les professionnels sont au bord de la rupture. »

    Des statistiques de la Caisse nationale d’assurance-maladie montrent une fréquence des accidents du travail trois fois supérieure à la moyenne dans ce secteur d’activité. « La qualité de vie au travail des salariés a une influence directe sur la qualité de séjour des personnes, observe Jean-Claude Stutz, secrétaire national adjoint de l’UNSA Santé-sociaux. Quand on sait que certains directeurs ont pour objectif que leurs résidents aient à manger une fois par jour, c’est inacceptable. »

    « On est dans un soin technique, renchérit Anne-Sophie Pelletier. Comment attirer des jeunes avec des conditions de travail pareilles ? » Elle dénonce également un « glissement de tâches » : « On envoie du personnel de ménage non formé distribuer des médicaments. »

    Les syndicats de salariés et l’association des directeurs d’établissement (qui rassemble secteurs public, associatif et privé) réclament à l’unisson une augmentation du taux d’encadrement obligatoire dans les Ehpad, même si l’objectif final ne fait pas l’unanimité. Les syndicats veulent dix soignants pour dix personnes âgées hébergées, l’AD-PA huit pour dix. Aujourd’hui, ce taux est de 5 pour 10. « C’est une moyenne, rappelle Pascal Champvert, le président de l’AD-PA. Dans certains cas, on peut avoir un aide-soignant pour 50 résidents la nuit, un pour 20 l’après-midi. »

    Sous-dotation

    Une enquête en ligne lancée en mars par la CFDT Santé à destination des personnels paramédicaux, à laquelle 2 587 ont répondu, a montré une charge de travail particulièrement lourde. Les personnes interrogées déclaraient avoir eu la charge de 28 patients en Ehpad dans la journée, et 35 patients en Ehpad avec unité Alzheimer, un record. « La sécurité et la dignité des patients ne sont pas assurées, affirme Nathalie Canieux, secrétaire générale de la CFDT Santé-sociaux. Une terrible angoisse monte de ces établissements. »

    Les salariés font état d’amplitudes horaires considérables, et d’une frustration importante. « Nous ne sommes pas suffisamment pour bien s’occuper des résidents, relate une salariée anonyme. La plupart du temps, ils nous demandent de rester un peu plus longtemps, ils aimeraient parler, mais nous n’avons pas le temps pour cela. Et même les soins comme les toilettes, parfois nous les faisons vite, trop vite. »

    Lire aussi : Les députés s’alarment des conditions de travail dans les maisons de retraite
    http://lemonde.fr/societe/article/2017/09/14/ehpad-les-deputes-s-alarment-des-conditions-de-travail_5185588_3224.html

    Les signataires de l’appel dénoncent la sous-dotation financière du secteur et appellent à suspendre une réforme visant à harmoniser les ressources entre les établissements. « Il s’agit de prendre aux moins pauvres que d’autres pour donner aux plus pauvres, décrit Luc Delrue, secrétaire fédéral de FO Santé. Nous contestons cette logique de fonctionnement au sein d’une enveloppe financière constante. D’autant que les départements, qui financent également les Ehpad par l’allocation personnalisée d’autonomie, sont eux-mêmes étranglés par la baisse des dotations de l’Etat. » Le reste à charge pour les personnes âgées et leurs familles demeure, lui, très élevé. Ce sont elles qui financent 60 % du fonctionnement des établissements.

    Les signataires dénoncent en outre la baisse des contrats aidés, nombreux dans les maisons de retraite. Ils réclament une réorganisation du financement de l’aide à domicile et un renforcement de la formation des personnels du secteur. « Si l’Etat ne nous donne pas de signe sérieux, il faudra poser le problème de l’organisation d’une grève dans toute la France », prévient Luc Delrue.

    « On ne les met pas au lit, on les jette » : enquête sur le quotidien d’une maison de retraite, Florence Aubenas, 18.07.2017

    Une dizaine d’aides-soignantes de la maison de retraite Les Opalines, à Foucherans, ne travaillent plus depuis 100 jours, dans le silence national absolu.

    C’était un matin comme les autres. Il était 7 heures en salle de relève, le début du service, les filles se tenaient prêtes dans leur uniforme blanc. Quelqu’un croit se souvenir que l’une pleurait déjà, mais pas très fort. Personne n’y faisait attention, l’habitude. La question rituelle est tombée : « Est-ce que vous êtes au complet ? »

    La réponse, elles la connaissent toutes aux Opalines, un Ehpad – un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes – à Foucherans, dans le Jura. Chaque jour ou presque, les équipes d’aides-soignantes tournent en sous-effectif, pas de remplacement, ni des absentes ni des malades. Et toutes savent comment ça se passe dans ces cas-là derrière les portes fermées des chambres, ce qu’il leur faudra faire pour boucler le service à temps.

    Une deuxième fille s’est mise à pleurer. C’était un matin comme les autres aux Opalines, mais peut-être le matin de trop. Depuis le 3 avril, une dizaine d’aides-soignantes mènent la grève la plus longue de France dans un silence national absolu.

    Aux Opalines de Foucherans, 77 résidents, il faut savoir où on est. Certains ont vendu leur maison pour entrer ici. « Maman a élevé huit enfants seule, on voulait le mieux pour elle. On a attendu une place deux ans », raconte une fonctionnaire.

    Dans cet établissement privé, les prix surplombent ceux de la région : 2 500 euros par mois contre 1 800 euros en moyenne, notamment dans le public. Le bâtiment a belle allure ; il a été inauguré il y a cinq ans, compte un jardin et de vastes chambres. Dans la salle à manger – on ne dit pas le réfectoire –, le personnel porte nœud papillon et chemise blanche, on sert du vin en carafe et l’apéritif le dimanche.
    Salaires planchers

    Le personnel en grève dénonce des conditions de travail incompatibles avec le respect de la dignité des patients et une absence de dialogue avec la direction.

    « Quand papa est arrivé, il était ébloui. Il répétait : “C’est plus beau qu’un hôtel !”, dit un fils. Lui se souvient pourtant d’impressions fugitives, des sonnettes appelant dans le vide, un lit resté souillé, le pas-le-temps, le pas-toujours-très-net. Mais dans ces endroits-là, on ne pose pas vraiment de questions et on n’a pas vraiment de réponses. Chacun regarde ailleurs, espérant se convaincre qu’on ne pourrait pas mieux faire. »

    A Foucherans, aucun mauvais traitement n’a d’ailleurs été signalé, ni rien d’exceptionnel. Le tragique est là, d’une certaine façon : c’est la vie quotidienne dans un Ehpad qu’une poignée de filles à bout de souffle vient soudain de mettre à nu.

    Sur le parking de l’établissement, un vent brûlant secoue la tente des grévistes. On dit « les filles » bien qu’il y ait aussi un garçon, tant le métier est estampillé « boulot de femme », avec son lot d’ingratitudes et ses salaires au plancher : 1 250 euros net à Foucherans, pour des journées de dix heures et deux week-ends travaillés.

    « Les filles », donc, s’efforcent de paraître vaillantes, mais on les sent à cran à plus de trois mois de grève, balançant de l’euphorie au désespoir. A ce stade d’épuisement, elles se sont mises à raconter ce qu’on ne partage pas d’habitude, ou alors seulement entre soi, et encore pas toujours.

    L’une commence, tout doux : « Le matin, on les lève sans leur demander leur avis. On sait déjà qu’on n’aura pas le temps : quinze minutes pour la toilette, l’habillement, le petit déjeuner, les médicaments. Alors, il faut choisir. Est-ce qu’on lave les cheveux ? Ou les dents ? La douche hebdomadaire, c’est rare qu’on la tienne. »
    Certains résidents sont nourris à la cuillère, des plats mixés. « Il m’arrive d’en avoir cinq ou six en même temps », dit une grande brune. Elle tend les bras, mimant le buste qui pivote à toute allure. « J’ai l’impression de faire du gavage. »

    Cadences infernales

    Et d’un coup, le piquet de grève ressemble à un confessionnal dans la fumée des cigarettes. « Quand je rentre à la maison, je suis une pile électrique, explique une autre. Je me sens mal d’avoir dit à celui-là : “Dépêchez-vous !” Comment il peut faire, il a 90 ans ! On cautionne. Je culpabilise. »

    Soudain, les images se mettent à défiler sous la tente des grévistes, les couches qu’on change alors que le résident est debout, en train d’avaler son goûter. Tenir la cadence, toujours. Une autre raconte l’angoisse qui monte à mesure que le soir tombe dans les chambres des Opalines.

    « Vous serez là demain ? », demande un homme à l’aide-soignante. Il est dans les choses graves, il veut raconter. La « fille » répond : « Je reviens tout de suite. » Bien sûr, elle ne revient pas. « On ne fait que leur mentir. » Temps du coucher : 3 min 41. « On ne les met pas au lit, on les jette. » Il faut trouver la bonne distance, ne pas s’attacher, recommandent les formateurs. « C’est difficile. On vit dans leur intimité, on leur lave le sexe », dit l’une. Elle se souvient de l’enterrement d’un résident, où elle en avait appris davantage sur lui que pendant ses années à l’Ehpad.

    Il serait rassurant de voir Foucherans comme une exception. Pas du tout. Il se situe dans la moyenne nationale, avec environ 55 professionnels pour 100 résidents. Pas suffisant. Tout le monde sait qu’il en faut au moins 80. C’est le cas en Allemagne ; la Suisse ou les pays nordiques en sont à 1 pour 1. La France, en revanche, n’a entériné aucune norme – question de budget –, et le secteur compte plus d’accidents et de maladies professionnels que le BTP. Sous la tente des grévistes, une dame dépose en solidarité un sac de courses, pris au supermarché en face. Depuis trois mois, « les filles » vivent de collectes et de colis alimentaires. Elles ont de 20 à 50 ans.

    A Foucherans, des résidents appellent les aides-soignantes « les courants d’air ». Des surnoms circulent, « la libellule » ou « la danseuse étoile ». « Vous avez vu comme elles sont fatiguées ? C’est à cause de nous. J’ai honte », dit madame Z., 91 ans. Parfois, elle voudrait qu’on la conduise aux toilettes : « Je vois qu’elles n’en peuvent plus. Alors je fais dans ma couche. »

    Mais surtout, ne rien dire aux enfants. Ne pas les inquiéter. Monsieur D., 83 ans, est le seul à pousser le déambulateur jusqu’au piquet de grève. « On sait que vous allez les voir », lui aurait glissé l’encadrement. Lui se récrie : « C’est mon droit. » Certains auraient été convoqués pour avoir témoigné. « A table, personne n’en parle, on n’a pas de voix là-dedans », dit monsieur D.

    Questions de principes

    Et à leur tour, les résidents évoquent les histoires terribles et minuscules, qui forment ici leur univers. « Ceux dont les proches rouspètent arrivent à se faire entendre. Mais quand on est tout seul, sans visite, sans famille, on n’existe pas », dit l’une.
    Pour l’inauguration de l’Ehpad, en 2012, « les huiles du département avaient été invitées à boire le champagne. Nous, on était parqués au premier étage sans une cacahuète. Rien de grave, bien sûr, mais ça donne une idée de notre place ici », raconte un autre.

    Un grand soir, pourtant, reste dans les mémoires : « la révolte des raviolis ». Deux repas de suite, des raviolis avaient été servis, « et en petite quantité », se souvient une dame. Toute la salle à manger avait posé la fourchette. « On était fières d’eux », dit une aide-soignante. Pour pallier le débrayage, des vacataires ont été réquisitionnés et quatorze résidents transférés provisoirement.

    Au-delà des Opalines, « c’est le système entier qui génère des formes de maltraitance, une situation totalement niée par notre société, explique Pascal Champvert, de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). Je ne vous dirai pas le nombre de politiques qui m’ont expliqué : “Je ne veux pas le voir, ça me fait trop peur.” »

    En 2012, une proposition avait fait scandale : Jean-Marie Delarue, alors contrôleur des lieux de privation de liberté, revendiquait d’inspecter les Ehpad, comme les prisons ou les hôpitaux psychiatriques. « Un risque important existe d’atteintes aux droits fondamentaux, y compris involontaires », plaide Delarue aujourd’hui encore. Refus du gouvernement.

    Dans le bureau de Véronique Steff, directrice de Foucherans, on entend gazouiller les oiseaux dans la volière et la télé dans le salon. La directrice est à cran. Elle reconnaît « un planning tendu » depuis des mois, « une fatigue des salariées ».

    Deux postes d’aides-soignantes ont été créés pour tenter d’apaiser la grève, grâce à Pierre Pribile, directeur général de l’Agence régionale de santé, qui finance le volet médical des Ehpad, y compris privés.
    De leur côté, « les filles » ont abandonné une revendication : 100 euros d’augmentation par mois. Les pourparlers buttent encore sur la prime du dimanche, fixée à 23 euros, même pas de quoi faire garder les enfants. Les grévistes demandent qu’elle soit doublée. « Ce n’est pas grand-chose », laisse tomber Philippe Gevrey, directeur général de la SGMR-Opalines, dans une interview au Progrès (il n’a pas répondu au Monde). Mais il y voit une affaire de principe.

    Huitième groupe privé français, la SGMR a prévu des négociations globales pour ses 46 Ehpad à l’automne : pas question de lâcher quoi que ce soit avant. Un accord sur une « indemnité exceptionnelle » pourrait débloquer la situation. « Les grévistes y sont d’autant plus attachées qu’elles veulent la reconnaissance par la direction qu’elles en ont bavé », explique la préfecture. Les filles demandent 600 euros. La SGMR bloque : ce sera 375 euros ou rien du tout.

    « Vocation »

    « On ne se bat plus seulement pour les sous, mais pour la dignité », dit Anne-Sophie Pelletier, porte-parole du mouvement. Longtemps, aux Opalines, les filles ne se plaignaient même pas entre elles, par peur d’un conseil disciplinaire.

    Quand elles ont osé le mot « grève », au printemps, « la coordinatrice a posé son stylo et elle a rigolé », se souvient l’une. Puis un cadre leur a lancé : « Vous n’aurez rien, ni aujourd’hui ni demain ni jamais. » Anne-Sophie Pelletier reprend : « On ne s’est pas senties écoutées. » Les autres la regardent comme si elle avait traversé la ligne de feu : « Anne-Sophie est cramée. Qu’est-ce qui lui arrivera après la grève ? Et à nous toutes ? »

    Ici, on se souvient de Melissa, une employée modèle, virée en 2015, alors qu’elle comptait monter une section CGT. « J’ai pas pleuré devant eux, j’ai attendu d’être dans la voiture », dit cette dernière.
    A Foucherans, seules des salariées en contrat à durée indéterminée (CDI) font grève, mais aucune parmi la dizaine en contrat à durée déterminée (CDD). Cynthia ne se le serait pas permis non plus, à l’époque où elle bossait là.

    D’août 2012 à février 2015, elle a enchaîné 79 contrats précaires. Sans permis, sans diplôme, elle ne disait jamais non. Elle a même fini sa vacation le jour de son licenciement, pour une histoire de planning. « Il faut s’écraser. On est des pions », dit-elle. Les prud’hommes lui ont donné raison ; à Melissa aussi. D’autres Ehpad ont déjà fait grève, sans fédérer de revendications nationales. A Foucherans, la CGT et la CFDT ont apporté leur soutien.

    Sous la tente, « les filles » parlent de vocation. « On aime notre travail. » Et puis, il y a les crédits de la maison, de la voiture. « Ailleurs, il faudrait repartir en CDD, ça fait peur. » La grève vient de passer les cent jours, leurs familles en ont pris un coup. Les filles ont envoyé un SOS à la préfecture. « Qu’est-ce qu’il faudrait faire, maintenant ? Qu’une de nous se suicide sur le parking ? »

    #soins #personnes_âgées #Ephad #grève passée, grève à venir

    • #Ephad : Chez Orpea, la fin de vie se paye au prix fort, Mathilde Goanec, Mediapart, 29/1/18

      Le groupe Orpea est un poids lourd de la prise en charge des personnes âgées. Dans son établissement de Neuilly, familles, résidents et salariés dénoncent de graves dysfonctionnements, malgré des prix exorbitants. À Agen, dans une autre résidence du groupe, une femme est décédée sous les coups d’une autre, posant la question de la prise en charge psychiatrique en Ehpad.

      L’habit ne fait pas le moine, et c’est encore plus vrai pour les maisons de retraite. Dans l’établissement Les Bords de Seine du groupe Orpea de la très chic ville de Neuilly, près de Paris, les codes du luxe sont posés dès l’entrée. Moquette moelleuse partout au sol, de grands bouquets de fleurs fraîches sur des tables d’appoint, d’élégants fauteuils capitonnés dans la magnifique salle à manger. L’ambiance feutrée masque pourtant un cocktail de défaillances classique des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en France. Le sous-effectif chronique, combiné à des économies de bouts de chandelle, finit par produire souffrance au travail pour les salariés et maltraitance pour les résidents.

      Neuilly n’est pas une anomalie, c’est tout un secteur qui est à bout : le 30 janvier 2018, une grève nationale rassemble de manière inédite les syndicats du secteur (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et Sud), un mouvement soutenu par l’AD-PA (l’association des directeurs au service des personnes âgées), ainsi que la Fédération hospitalière de France. Une pétition, rédigée en soutien par trois médecins à cette occasion, a déjà dépassé les 300 000 signatures.

      Aux Bords de Seine, où la chambre est tarifée autour de 10 000 euros, prix qui peut flirter tout compris autour des 15 000 euros mensuels, le contraste entre l’affichage et le récit des gens qui y vivent ou travaillent est saisissant. « La vitrine est luxueuse mais lorsque l’on gratte, ce n’est pas joli-joli », affirme Yveline Chabot-Canville, la fille d’une ancienne résidente. « On a déjà retrouvé ma mère à 15 heures, toujours en chemise de nuit, qui baignait dans sa couche trempée. Les draps aussi étaient trempés par l’urine. » D’après des témoignages de salariés que nous avons pu recueillir, ce cas n’est pas isolé. Poches urinaires prêtes à craquer, draps souillés par les excréments, pyjamas pleins des urines de la nuit… Les matins peuvent être difficiles. « Ils jouent la carte du haut de gamme, très bien ! Mais si c’est pour donner de l’argent aux fleuristes, je préfère qu’on supprime les orchidées », grogne le fils d’un résident.

      Interrogé sur cette situation, le groupe Orpea concède « des difficultés inhérentes à la prestation de services 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 », sans répondre précisément à nos questions (dans l’onglet Prolonger, nous reproduisons les échanges et notre liste d’interrogations). Mais pour le groupe, deuxième gestionnaire d’Ehpad en France, les problèmes font partie du passé : « L’établissement des Bords de Seine a pu y être confronté sur une période donnée ; mais grâce à nos audits réguliers et indicateurs de suivi, nous avons mis en place les actions nécessaires, avec l’ensemble de l’équipe, pour y remédier de manière réactive. » Quant à l’agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, chargée du contrôle de ce type d’établissement, elle confirme avoir effectivement été destinataire de réclamations en 2016. « Toutes ont été examinées et plusieurs rencontres ont été organisées entre la direction de l’établissement, l’ARS et le conseil départemental. L’établissement a fait preuve d’une attitude positive et constructive et s’est engagé à mettre en œuvre des mesures en vue d’améliorer ses pratiques. » L’ARS assure n’avoir pas reçu de nouvelles réclamations en 2017.

      Ce qui va suivre, issu de témoignages récents, ressemble pourtant à une mauvaise liste à la Prévert. Les familles se plaignent que l’établissement rogne sur les produits les plus élémentaires, comme les protections urinaires ou le papier toilette : « Il y a régulièrement des ruptures de stock pour les protections, il faut sans cesse réclamer, ou alors elles ne sont pas adaptées pour les femmes donc ça déborde, raconte une proche d’un résident. Et on ne change les personnes dépendantes que deux fois par jour. Imaginez un bébé, pensez-vous que le changer deux fois par jour soit suffisant ? »
      Les économies ne sont pas réservées aux personnes âgées, elles touchent également le matériel mis à la disposition des soignants. « Nous manquons de gants, et ceux qui nous sont fournis sont de mauvaise qualité et se déchirent, se plaint une salariée, qui souhaite rester anonyme. On nous dit de prendre du papier pour essuyer les fesses. Ou les draps, les taies d’oreiller. » Une autre soulève la difficulté de faire face aux proches, logiquement ulcérés par ce type de traitement. « Voir son père ou sa mère, qu’on a tant aimé, être traité comme ça, c’est horrible », souffle l’aide-soignante. « On sait bien qu’on n’habille pas bien, qu’on ne lave pas bien. Faire face aux familles sachant ça, c’est dur », confirme sa collègue.

      Difficile cependant pour les salariés de protester trop frontalement. Le groupe Orpea est régulièrement mis en cause pour son climat syndical, et Mediapart a eu connaissance d’au moins une élection professionnelle invalidée par la justice, ainsi que d’une tentative de licenciement d’un délégué syndical également retoquée par le ministère du travail. En 2015, Mediapart révélait également que le groupe avait fait espionner ses salariés, en particulier des représentants syndicaux. Alors que la CGT portait l’affaire devant la justice, l’entreprise lui avait proposé un « deal » secret à 4 millions d’euros en échange du retrait de sa plainte, ce que le syndicat avait refusé.

      Aux Bords de Seine, 80 personnes âgées sont logées, réparties par groupes de 23 résidents par étage, à l’exception de l’unité protégée où vivent les personnes présentant des troubles cognitifs, comme la maladie d’Alzheimer. Pour chaque étage, deux aides-soignantes qui disposent de dix minutes environ par chambre pour laver et habiller des personnes parfois très dépendantes. « La règle de trois, vous la connaissez ? C’est un code chez certaines, raconte, amère, l’une d’entre elles. Visage, aisselles et sexe. Mais la peau s’écaille comme du poisson si elle n’est pas lavée… » Dans un texte diffusé à l’occasion de la mobilisation, le syndicat Force ouvrière rappelait ce sinistre acronyme que nombre de salariés connaissent pour qualifier les toilettes express : la « VMC », pour « visage, mains, cul ».

      Malgré un « personnel formé, qui sert les repas à l’assiette dans notre salle de restaurant lumineuse, décorée et très parisienne », selon la brochure publicitaire de la résidence, la nourriture semble ne pas non plus être à la hauteur, à tel point que des cas de dénutrition ont été dénoncés à plusieurs reprises, en interne et auprès de l’ARS. « La plupart des résidents dans la salle à manger mangent “mixé” et quand on mange avec eux, on comprend pourquoi, témoigne la fille d’un résident. Ils ne peuvent pas avaler la viande, elle est beaucoup trop dure. » Alertée à maintes reprises, la direction a répondu que les couteaux allaient être changés, témoigne la famille d’une résidente, choquée. Une vieille femme vivant dans l’établissement témoigne de son désarroi : « Je ne descends plus le soir, c’est immangeable. Je mange un peu de pain et de fromage, dans ma chambre. »

      Viande trop cuite et de mauvaise qualité, des fruits « aussi durs qu’une boule de pétanque », des sauces sans saveur… Guillaume Gobet, délégué syndical CGT et chef de restauration dans un autre établissement du groupe, rappelle la gageure de cuisiner en se fondant sur le coût total de denrées par résident accordé par Orpea : moins de cinq euros par jour. Un ancien directeur d’établissement Orpea dans le sud de la France nous a confirmé ce chiffre. Et la qualité n’est pas la seule cause de dénutrition. Faute de personnel, les personnes trop dépendantes pour manger seules ne sont pas toujours suffisamment accompagnées. « Le plateau repart avec le bol plein. Moi, je me suis vue faire manger les personnes à la table de Maman, parce que leur fauteuil les éloigne trop de la table. Entre l’assiette et la bouche, ça atterrit entre les deux », témoigne Yveline Chabot-Canville.

      Si des familles concèdent des efforts récents de la direction pour améliorer les repas, la déshydratation reste un problème régulièrement convoqué, que ce soit par les salariés ou les résidents. « Nous avons toujours de très gros problèmes de déshydratation et donc d’infections urinaires, s’agace une famille. Ce n’est pas en donnant un verre d’eau à chaque repas que l’on va s’en sortir. » Dans un courrier de résident envoyé en août 2017 à la direction, le manque d’eau est écrit noir sur blanc.

      « Faut pas mourir le samedi ici, ni la nuit »

      « Orpea vend du rêve, rapporte une aide-soignante. Sonnez, il y a toujours quelqu’un derrière la porte. » En effet, l’entreprise ne ménage pas ses efforts pour soigner sa communication. Leader européen, Orpea revendique plus de 80 000 lits dans le monde pour combler les besoins de la « dépendance ». « Soyez assurés que nos équipes pluridisciplinaires, composées de professionnels formés à l’accompagnement des personnes âgées en perte d’autonomie, proposent une prise en charge sécurisée par des procédures et protocoles rigoureux, afin de veiller au quotidien au confort des résidents », assure le groupe sur son site internet.

      La réalité, faute de personnel, est tout autre, même dans une maison haut de gamme. Selon Guillaume Gobet à la CGT, le ratio en personnel chez Orpea est de 0,47 personne par résident (comprenant l’ensemble du personnel, du pôle administratif à la restauration, en passant par l’animation et le soin), quand les différents rapports publics sur le grand âge préconisent plutôt 0,66 et que la moyenne nationale s’établit à 0,55.

      « Ces numéros de téléphone sur la feuille, là, près de mon lit, ne servent à rien, c’est ce que me répond le directeur lorsque je lui dis que j’appelle sans réponse », témoigne l’une des résidentes. Les sonnettes d’urgence sonnent souvent dans le vide, elles aussi. Que se passe-t-il alors quand quelqu’un tombe ? Selon plusieurs études, une personne âgée qui reste une heure au sol voit s’accroître considérablement le risque de décéder dans les six mois. « J’ai déjà relevé moi-même des personnes qui étaient tombées chez Orpea, ce n’est pas normal », note Yveline Chabot-Canville.

      Maurice, un résident âgé de 95 ans, se souvient de la visite affolée d’une de ses voisines, vivant en couple à son étage : « Son mari était par terre. J’ai cherché une infirmière, une aide-soignante, j’ai mis trois quarts d’heure pour trouver quelqu’un. » Maurice lui-même a passé près d’une heure au sol après une chute la nuit. L’une des résidentes ayant accepté de nous parler livre également un récit qui oscille entre l’incompréhension et la peur de « déranger ». « Faut pas mourir le samedi ici, ni la nuit. J’ai été malade et personne n’est venu me voir et ma famille n’a pas été prévenue. Je suis tombée, mais comme je tombe tout le temps… Je n’ose pas demander de l’aide. Ma famille me dit d’appuyer sur la sonnette et d’attendre. Mais là, j’étais par terre… » Les familles que nous avons rencontrées font tous les mêmes récits et des alertes ont été posées à maintes reprises par les instances internes de l’établissement sur cette question.

      Le problème survient la nuit, confirment les salariés, quand les employés se font plus rares encore. « Récemment, un résident a fait une chute, raconte une aide-soignante. La personne en charge cette nuit-là avait deux étages de plus de vingt résidents, seule. Parfois, on retrouve des gens de l’unité protégée, le matin, au milieu de la salle commune. Ils n’ont pas dormi dans leur lit ! » Une situation que confirment les proches des personnes placées dans ladite unité protégée. La solitude pèse parfois autant que le risque physique : « Un homme comme moi, qui ne souffre pas de quelque chose, on ne lui répond pas. On ne s’occupe pas de moi. Il y a un grand couloir, et je n’y vois personne », se désole Maurice.

      « La composition de notre équipe dépasse historiquement les exigences fixées par la convention tripartite signée avec les autorités de tutelle ; et tous les postes sont effectivement pourvus, répond Orpea. Nous mettons également à la disposition de l’ensemble des collaborateurs (soignants ou non) de nombreux outils pour les aider à accomplir leurs missions quotidiennes, telles que des formations régulières, des protocoles et procédures, ainsi que tous les équipements nécessaires à la bonne prise en charge des résidents. »

      La direction de la maison Les Bords de Seine a bien une solution, calibrée pour sa riche clientèle. Elle conseille aux familles de prendre une “dame de compagnie”. Ceux qui le peuvent n’hésitent pas à sauter le pas et font venir dans la résidence, pour certains quotidiennement, du personnel chargé de distraire ou d’occuper leurs proches vieillissants, même si cela alourdit encore la facture. Rebecca (son prénom a été modifié) était l’une d’entre elles, chargée d’un vieux monsieur aujourd’hui décédé. « Les gens dans cette maison passent leur vie à attendre, tout le temps, que quelqu’un passe. C’est triste. » Il y a pourtant des animations l’après-midi, de qualité, selon les avis presque unanimes, insuffisantes cependant pour rompre la monotonie des journées. « À notre étage, vu qu’il n’y a que des vacataires, nous sommes obligés d’avoir une dame de compagnie, explique le fils d’un résident. Avant cela, je ne compte plus le nombre de fois où nous arrivions et où les trois aides-soignantes étaient en vacances. Ils se foutaient éperdument de la situation, cela ressemblait à un mouroir. »

      Les dames de compagnie ne sont pas censées soigner, nourrir, ou laver les résidents, tâche normalement réservée au personnel soignant qualifié. « Quand je voyais que la toilette n’était pas bien faite, j’appelais, se souvient Rebecca. Mais le personnel est toujours débordé. Et encore, moi j’étais là pour surveiller… Que se passe-t-il pour ceux qui n’ont pas de visite ? » Selon les salariés et les familles, Orpea utilise, pour boucher les trous, une pratique bien connue dans les Ehpad. Si un aide-soignant est absent, malade ou en congé, un ASH (agent des services hospitaliers) peut le remplacer. Sauf que le rôle de l’ASH se borne, selon la loi, au ménage et à la distribution des repas. À l’Ehpad des Bords de Seine, des salariés rapportent qu’ils distribuent même parfois les médicaments, une tâche habituellement réservée à l’infirmier, parfois à l’aide-soignant. Alertée à ce sujet, l’agence régionale de santé d’Île-de-France renvoie sur le code de l’action sociale et des familles : « Lorsque les personnes ne disposent pas d’une autonomie suffisante pour prendre seules le traitement prescrit par un médecin à l’exclusion de tout autre, l’aide à la prise de ce traitement constitue une modalité d’accompagnement de la personne dans les actes de sa vie courante. »

      Les vacataires sont également légion, souvent non formés. Ils font alors « office de », selon le jargon. « Nous avons beaucoup d’escarres dans l’établissement, et pas de personnes formées pour les soigner. Nous sommes censés apprendre les gestes aux nouveaux, en plus de notre travail, mais nous n’avons pas le temps ! Résultat, oui, il y a de la maltraitance passive, et des gens qui s’en foutent de leur travail. » L’aide-soignante qui s’exprime blâme la politique de bas salaires d’Orpea, qui génère un gros turn-over. « On gagne même pas 1 400 euros par mois, qui veut faire ce travail correctement à ce prix-là ? » De fait, vu la faiblesse des salaires, ils sont nombreux à cumuler un temps plein chez Orpea et un autre contrat ailleurs, ou des vacations dans d’autres établissements. « La nuit, certaines s’endorment », confirme le proche d’un résident.

      À Agen, une résidente en unité protégée a roué de coups une autre pensionnaire

      Un ancien directeur d’Orpea, dans le sud de la France, ayant passé de longues années dans le groupe, confirme le tableau qui a été décrit à Mediapart. L’Ehpad des Bords de Seine n’est pas une exception. « Je ne reconnais plus le groupe que j’ai connu. Nous devons appliquer rigoureusement les procédures du siège sans prendre en considération le client, explique cet ex-employé, scandalisé. Il n’y a plus d’humanité. » Comme tous les acteurs privés, Orpea reçoit de l’ARS une enveloppe pour payer son personnel, l’État prenant en charge à 70 % la paye des aides-soignantes et à 100 % celle des infirmières et des médecins. « Pour tout ce qui reste du coût direct, l’hôtellerie, la restauration, le ménage, etc., on nous demande de faire toujours mieux avec moins, poursuit l’ancien directeur. La marge bénéficiaire, elle se fait là, sur le personnel que vous payez, pas sur celui qui est subventionné ! » La pression mise sur la hiérarchie pour tenir les budgets n’est pas sans conséquence. À Neuilly, depuis la création de l’Ehpad en 2010, au moins cinq directeurs se sont succédé.

      Les salariés des Bords de Seine assurent que des postes financés par l’ARS, comme les aides-soignantes diplômées, sont parfois remplacés par une ou deux personnes à temps partiel, sans diplôme, donc moins bien rémunérées. L’ex-directeur interrogé confirme qu’il ne faut « jamais dépasser » l’enveloppe ARS chez Orpea, quoi qu’il en coûte. « L’ARS va nous attribuer de l’argent pour 25 postes, mais si par malheur les salaires localement sont un peu plus hauts, pour cause de rareté par exemple, on aura 22 postes et puis c’est tout. Si au cours de l’année le nombre de résidents augmente, tant pis, c’est aussi au directeur de se débrouiller. » La rigueur est payante. En 2016, le chiffre d’affaires du groupe s’élevait à près de 2,9 milliards, générant un bénéfice net de 257 millions d’euros, avec un nouveau “record” de rentabilité en 2017. En deux ans, les bénéfices ont doublé.

      Pour maintenir sa progression, Orpea s’impose comme ses concurrents un impératif, remplir ses établissements. Avec le risque d’accueillir dans ses murs des résidents qui relèvent davantage de la psychiatrie que d’un Ehpad. Fin décembre 2016, une maison Orpea à Agen en a fait la cruelle expérience. Une résidente âgée de 86 ans, en proie à de graves troubles de la santé mentale, a brutalement attaqué une autre pensionnaire du même âge, la rouant de coups. La victime de l’agression est décédée quelques heures plus tard, après avoir été emmenée aux urgences.

      « La personne qui a fait ça était agressive, on l’avait mise en zone Alzheimer de l’unité protégée en pensant que ça la canaliserait. Mais elle avait de vrais moments de folie. Celle qu’elle a agressée s’est présentée en chemise de nuit dans le salon, et cela a suffi à la mettre hors d’elle, au point de la tabasser à mort », raconte, toujours choqué, un salarié de l’Ehpad d’Agen. « Aujourd’hui, on prend n’importe qui dans nos Ehpad, des gens qui n’ont rien à y faire, qui peuvent être dangereux pour eux-mêmes, pour les autres, pour le personnel », poursuit le salarié. La famille de la victime a, selon nos informations, porté plainte contre Orpea. Depuis, la direction a ajouté un salarié aux personnes chargées la nuit de veiller sur les 85 résidents que compte la résidence. Le groupe précise par ailleurs que « toute demande d’admission fait l’objet d’un avis médical pour veiller notamment à la compatibilité de l’état de santé de la personne à accueillir avec les capacités de soins de l’institution ». « On manque de personnel, c’est clair, persiste le salarié d’Agen. Dans l’unité protégée, il y a une aide-soignante et une ASH, ce n’est pas assez. » Et pourtant, pour vanter l’unité protégée, spécialisée dans l’accueil des personnes désorientées ou atteintes de la maladie d’Alzheimer de l’Ehpad d’Agen, Orpea insiste sur la « prise en charge individualisée », appuyée par « un personnel formé à l’accompagnement des personnes atteintes de maladies neurodégénératives ».

      À Neuilly aussi les salariés craignent l’accident. « Aujourd’hui, nous avons des cas qui relèvent de la psychiatrie pure. Ils demandent beaucoup d’attention. Or la soignante de l’unité protégée a la même fiche de poste que les autres et elle est amenée à quitter l’étage. Parfois elle arrive le matin, la fille de nuit est déjà partie, les résidents sont restés livrés à eux-mêmes ! » Une photo prise à l’unité protégée montre une porte bloquée par un drap, signe de l’impuissance du personnel à trouver une autre solution. « Les salariés nous disent qu’être deux avec 13 ou 14 patients atteints de troubles cognitifs, qui déambulent, posent 50 fois la même question, souvent ne veulent pas manger, c’est très compliqué », constate une famille.

      Si certains salariés ont tiré à plusieurs reprises la sonnette d’alarme, les résidents aussi. Ainsi, Maurice a démissionné du conseil de la vie sociale (obligatoire dans chaque Ehpad, le CVS est formé de résidents, de proches de résidents et de salariés ; il doit être consulté par la direction sur la vie de l’établissement) pour marquer son désaccord. Les proches ne sont pas en reste. Des familles, en désespoir de cause, se sont ainsi carrément introduites au débotté dans une réunion des directeurs régionaux d’Orpea en septembre 2016. « Nous sommes arrivés, tels des syndicalistes, pour perturber leurs discussions et nous faire entendre. Panique à bord, surtout dans une maison de retraite à Neuilly… »

      Mais les directions peinent à satisfaire les demandes : « Souvent, ce sont des commerciaux purs et durs, explique une proche concernée. Certains au contraire sont pleins d’empathie, mais on a l’impression qu’ils se heurtent à un plafond de verre, leurs responsabilités sont assez limitées. C’est au-dessus que ça se passe. »

      Dans un rapport d’expertise réalisé à la suite d’un droit d’alerte en 2016 dans un autre établissement du groupe, et que Mediapart a pu consulter, se retrouvent les mêmes éléments qui taraudent les familles et salariés de Neuilly. Il y est écrit que « l’intensification du travail fragilise la réalisation du travail et le vécu » des employés de l’établissement Orpea. Une « usure » qui « fait le lit des actes d’agressivité envers les résidents comme envers les collègues » et qui fait « que l’on brusque le patient ou qu’on le néglige jusqu’aux violences verbales et physiques ».

      Ce saut du mal-être au travail à la maltraitance passive, voire active, à l’égard de personnes âgées très en demande est une constante de la vie dans les Ehpad. Ainsi, la député Monique Iborra (LREM), dans le rapport rédigé à l’issue d’une mission sur le secteur en septembre 2017, ne peut que constater l’ampleur du problème : « L’organisation du travail est en tension et peut être la source de dégradation importante des conditions d’exercice des métiers de soignants. Dans certains Ehpad, on parle de maltraitance institutionnelle. » Lisa (prénom d’emprunt), une infirmière ayant travaillé quelques années dans deux Ehpad de la région parisienne, est arrivée à la même conclusion, avant de quitter le secteur pour rejoindre l’hôpital : « Tu ne peux pas bien faire ton travail. Par exemple, certains pansements, tu n’as pas le temps de les changer alors que tu devrais le faire, les hydratations, pareil. Je ne m’attendais pas à ça, je savais qu’il y avait des problèmes de personnel, mais pas à courir autant, et tous les jours. Et pourtant, les gens payaient leur chambre 2 000 à 3 000 euros par mois ! » Manifestement, même en triplant le tarif, le service n’y est toujours pas.

    • Les Ehpad, premières victimes de l’austérité budgétaire, Romaric Godin, Mediapart, 28/1/18

      La grève du personnel des établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), ce mardi 30 janvier, est une première. Elle traduit une sous-budgétisation continuelle depuis 2010, alors même que les besoins grandissent. Un décalage que les coups de pouce de l’exécutif ne modifieront pas.

      La grève nationale des agents des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), mardi 30 janvier, constitue une première dans le secteur. Elle est révélatrice d’une impasse dans laquelle s’engage depuis plusieurs années la gestion du vieillissement de la population en France, comme dans la plupart des pays développés. Derrière la contestation officielle de la réforme du financement de ces établissements, s’accumule un “ras-le-bol” général concernant les conditions de travail et l’environnement général.

      L’intersyndicale n’hésite pas à employer des mots forts et lourds de sens : les agents « n’en peuvent plus » et sont victimes d’une « souffrance au quotidien ». Le reportage de Mathilde Goanec sur la situation dans un Ehpad des “beaux quartiers” témoigne d’une situation que l’intersyndicale juge « à ce point dégradée que l’on peut parler d’urgence nationale sur un sujet de société ».

      La réponse du gouvernement à cette crise profonde et structurelle est très significative : dans les colonnes du Parisien, la ministre de la santé Agnès Buzyn a maintenu la réforme contestée du financement, tout en rajoutant 50 millions aux 100 millions d’euros déjà ajoutés en fin d’année. Des sommes destinées à calmer le mécontentement, mais qui évidemment ne sauraient répondre aux problèmes fondamentaux du secteur. Pour le reste, on est dans les méthodes dilatoires : on promet des évaluations « au cas par cas » et on affiche d’ambitieux objectifs, sans préciser les moyens qui y seront consacrés. Bref, on tente désespérément de faire retrouver aux agents (et aux familles) de la patience.

      Mais cette patience sera inutile. La dégradation de la situation provient en effet de l’approche fondamentalement comptable de ce sujet, qui est pourtant appelé à devenir de plus en plus central dans les prochaines décennies. Le vieillissement de la population est déjà une réalité et la part des personnes très âgées et dépendantes ne cessera d’augmenter. La conséquence est connue : c’est une augmentation continue des besoins de dépenses liées à la dépendance.

      Or l’État, dans sa volonté de “maîtrise de la dépense publique”, mais aussi dans sa stratégie d’allégement des cotisations sociales, refuse d’assurer ce besoin. S’ensuit un écart entre la tendance “naturelle” des dépenses et l’augmentation des moyens mis à la disposition des établissements. Ainsi, en 2018, les dépenses de l’État liées aux Ehpad devraient, selon la commission des comptes de la Sécurité sociale, progresser de 4,5 %. L’objectif de croissance de ces dépenses a été fixé par la loi de financement de la Sécurité sociale à 2,6 %.


      Évolution des plus de 60 et 80 ans dans la population française. © CNSA

      Cette réalité est bien celle d’un secteur soumis à l’austérité. Contrairement à ce que l’on entend souvent, l’augmentation visible des dépenses ou le creusement d’un déficit (ce qui, ici, n’est pas le cas, car les déficits sociaux se résorbent vite) ne constituent pas une “preuve” qu’il n’existe pas d’austérité. Lorsque les besoins croissent et que les moyens croissent moins vite, il faut faire des économies et rogner sur les prestations et les services. Or là encore, contrairement au discours souvent entendu, la France respecte ses objectifs de croissance des dépenses de santé.

      L’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) est respecté et a permis de contenir depuis 2010 la croissance des dépenses autour de + 2 %, loin des évolutions de la première décennie du millénaire où les dépenses progressaient entre 3 % et 7 % par an. Les défenseurs des équilibres budgétaires, comme la Cour des comptes, estiment que c’est insuffisant. Mais le prix à payer pour cet effort a été une divergence encore plus forte avec les besoins de la population, qui se traduit par la crise ouverte dans les Ehpad aujourd’hui ; laquelle, rappelons-le, n’est que la partie émergée de l’iceberg des misères hospitalières.

      La prise en charge des personnes âgées a d’ailleurs été en première ligne dans l’effort d’économie. L’objectif général des dépenses des établissements médico-sociaux (comprenant à 80 % les Ehpad) a été inférieur à celui de l’Ondam en 2015 et 2016. Deux années au cours desquelles les révisions budgétaires ont encore coupé dans les moyens, alors même que la surconsommation par rapport à l’objectif se réduisait. La situation a été corrigée en 2017 mais, en 2018, l’actuel exécutif a encore ralenti la croissance de l’Ondam médico-social de 2,9 % à 2,6 %. En définitive, compte tenu de la croissance “naturelle” des besoins, et malgré la croissance nominale des dépenses, il paraît difficile d’affirmer avec Agnès Buzyn que « l’État aussi fait son travail » concernant les Ehpad.


      Évolution de l’objectif global des dépenses pour la prise en charge des personnes âgées dépendantes. © CNSA

      La réforme du financement engagée en 2017 a pour vocation de renforcer encore la maîtrise des dépenses. Elle prévoit non seulement une réforme de la tarification, mais aussi des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM) sur cinq ans qui visent à rationaliser les coûts au niveau d’un département et sur plusieurs années. Rien d’étonnant, compte tenu du passé récent que l’on vient de décrire, à ce que les syndicats y voient un moyen supplémentaire de comprimer les dépenses. Et leurs inquiétudes ne sont évidemment pas infondées.

      L’actuel exécutif rejette toute hausse d’impôt et promet même de nouvelles baisses. Il a créé un “bouclier fiscal” pour les revenus du capital qui protège ces derniers de la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG). Or, comme l’avait rappelé la commission des comptes de la Sécurité sociale, les diverses exonérations coûtent déjà 30 milliards d’euros à l’État. Plus les impôts baissent, plus l’ajustement se fera par les dépenses. Et les dépenses sociales, à commencer par celles liées au vieillissement, seront en première ligne. Un coup d’œil à la trajectoire budgétaire du gouvernement le confirme : les comptes sociaux et les collectivités locales devront dégager des excédents considérables pour satisfaire à la marche dictée par le gouvernement. In fine, compte tenu de la dynamique des besoins, on ne peut aller que vers une nouvelle dégradation de la qualité des prestations.

      Mais l’on ne sera pas quitte avec cette dégradation. Car si l’État ne veut pas assumer pleinement le coût du vieillissement, la charge se reportera vers les familles, qui peinent déjà à assumer les coûts, et vers le secteur privé qui gère déjà un quart des Ehpad. Dans les deux cas, cette solution semble très périlleuse. Le coût de la dépendance est déjà très lourd pour les classes moyennes et ceux qui ne disposent pas de patrimoine. L’alourdir encore conduira à affaiblir la situation financière de ces ménages et leur sentiment de déclassement.

      Quant au secteur privé, l’exemple d’Orpea présenté dans Mediapart le prouve : il n’est nullement un gage de qualité. Les trois grands du secteur sont soit cotés en Bourse, soit propriété d’un fonds d’investissement. C’est un gage de rentabilité, sans doute, mais nullement de qualité de la prise en charge. Dès lors, l’objectif de ces entreprises ne peut être que l’accroissement de la rentabilité par la “maîtrise” des coûts, ce qui, dans ce secteur, conduit souvent à une dégradation de fait de la qualité du service rendu. Les familles paient donc cher pour un service médiocre.
      Or plus l’écart entre les effets du vieillissement et la compression des dépenses publiques sera élevé, plus le secteur privé prendra de l’importance. Et dès lors, la gestion de la dépendance des personnes âgées sera soumise à deux pressions complémentaires qui s’exercent déjà : la maîtrise des dépenses publiques et l’exigence de rentabilité du secteur privé. Un cocktail qui ne peut que dégrader la prise en charge des personnes âgées.

      La logique de la gestion actuelle de la vieillesse est donc intenable. Penser qu’une réforme du financement dans le même cadre d’une pression continue sur les dépenses pourra assurer la soutenabilité à long terme du secteur est un leurre. De ce point de vue, la crise actuelle et l’appel à la responsabilité des agents qui sont en première ligne doivent agir comme un électrochoc et conduire à s’interroger sur la gestion purement comptable de la dépendance d’êtres humains qui n’ont que le tort d’être trop âgés.

      #austérité

  • Libération.fr – Rwanda : elles sont la génération d’après
    http://www.liberation.fr/apps/2017/09/rwanda

    Sur le papier, le Rwanda est l’un des champions du monde de l’égalité des genres : c’est le pays avec le plus haut taux de femmes parlementaires (64%) et il est 5e du rapport mondial sur la parité du World Economic Forum, derrière les pays nordiques (la France est 17e). Deux décennies après le génocide de 1994, des politiques volontaristes promeuvent l’accès des femmes à tous les niveaux : éducation, économie, politique. Mais alors que la première génération de jeunes femmes nées après le #génocide a voté cet été pour la première fois lors de l’élection présidentielle, elles témoignent d’une autre réalité au quotidien.

    Des supers témoignages. Par contre on a l’impression quand on lit le paragraphe de présentation du dessus que derrière les chiffres c’est la catastrophe, alors que pas du tout. Les changements mis en œuvre sont impressionnants et attaquent le fond des problèmes et avec des politiques très volontaristes. Il faut maintenant que le temps fasse aussi son œuvre. Ça donne beaucoup d’espoir et quand on voit l’absence de politique d’ampleur sérieuse en France sur le sujet, ça fait réfléchir.
    #femmes #viol #Rwanda #féminisme #empowerment

    • Je trouve cette vidéo totalement inconsciente.
      Il pourrait au moins être rappelé ce qu’est un cancer, parce que faire croire qu’un cancer peut réduire tout seul est grave.
      Il pourrait au moins être rappelé la façon de se palper les seins ou de s’autodiagnostiquer.
      Il pourrait au moins être rappelé aux médecins français qu’ils ne se forment jamais après leurs études, surtout à ceux qui ne veulent que des patientes bien portantes, ne savent pas faire de palpation correcte régulière, ne savent pas annoncer un cancer.
      A tous les gynécologues qui ont fait des palpations en disant que la petite boule là, mais non, c’est rien, c’est normal que vos seins vous fassent mal, c’est votre glande mammaire enfin madame !
      Il pourrait au moins être rappelé que ce n’est pas en ignorant son corps qu’on se soigne, merde alors !
      Bref, oui, il y a des excès dans les mammographies, mais ce n’est pas la seule façon de se surveiller. Parce que le cancer du sein touche une femme sur huit, il faudrait arrêter de raconter ce genre de fable dangereuse où le dépistage ne servirait à rien.

      #je_ne_suis_pas_une_statistique
      #médecine_mathématique

    • C’est pourtant bien écrit noir sur blanc que c’est la mammographie systématique qui est critiquée vertement et dont les résultats ne sont pas du tout intéressants, voire sont dangereux sur l’ensemble.

      Donc bah si, à partir du moment où on décide de systématiser une pratique sur un plan national, ça implique qu’il y ait des raisons objectives de le faire et que ce soit démontrer par statistique que ça va améliorer les choses par rapport à si on ne le fait pas.

      Or ce n’est pas le cas, et c’est assez bien démontré. D’où l’argumentation comme quoi ça ne doit plus être une pratique systématique et imposées comme elle l’est de nos jours.

      La science entière est basée sur des choses qui doivent être reproductibles, prouvées, et bah… ça marche avec des statistiques, c’est un peu la base (genre « 95% des fois où on l’a fait, on a bien reproduit l’hypothèse »). Il reste toujours plein de cas différents, mais là on parle spécifiquement de la décision de systématiser une pratique pour toute une population, c’est juste logique de se baser sur des stats pour argumenter pour ou contre ce choix, ça n’aurait aucun sens sinon.

    • Je parle de la vidéo et des idées fausses qu’elle véhicule.
      Où la démonstration ne marche pas, parce que le fait est que le cancer du sein touche une femme sur 8, allo, une femme sur 8 !

    • faire croire qu’un cancer peut réduire tout seul est grave.

      À aucun moment la vidéo ne fait croire ça ! Elle présente plusieurs profils d’évolution qui ont en commun de ne jamais régresser.

      1 sur 8, 1 sur 2 ou 1 sur 25, là n’est pas la question. Il s’agit de savoir si le dépistage par mammographie modifie ou non le devenir des femmes. Ce que dit la vidéo en s’appuyant sur l’étude citée est que la réponse n’est pas évidente. Et donc que d’un point de vue de #santé_publique, l’intérêt du dépistage systématique en population générale n’est pas avéré. Se faire dépister (par mammographie) reste un choix individuel et c’est clairement affirmé.

      Il y avait eu une contribution importante sur le sujet il y a 3 ans qui avait été rapportée ici https://seenthis.net/messages/227181

      Enfin, ta position sur le sujet semble avoir fortement évoluée (radicalisation ? ;-) depuis 4 semaines : https://seenthis.net/messages/627580#message628252

    • @simplicissimus
      je m’étonne que vous ayez cette réaction

      « faire croire qu’un cancer peut réduire tout seul est grave. »

      À aucun moment la vidéo ne fait croire ça ! Elle présente plusieurs profils d’évolution qui ont en commun de ne jamais régresser.

      malheureusement si, à 5:40 dans la vidéo accompagnant l’image d’une tumeur qui se réduit la commentatrice dit « et même certains cancers disparaissent avec le temps »

      Le visionnage de la vidéo que je trouve d’un comique gras assez vulgaire (ça accompagne mon mauvais ressenti ceci dit) renvoie plutot à un surtout ne faites rien, n’allez pas faire de mammo … même si le film se termine sur « c’est votre choix », clairement, t’as plus envie du tout.

      Or, ce n’est pas la mammo qui est dangereuse mais la décision qui est prise après son interprétation et la façon dont les médecins communiquent. Il ne serait donc pas possible de dire à une femme, il y a des cellules cancéreuses à surveiller et la laisser ensuite décider de ce qu’elle souhaite faire ? Malheureusement, c’est toujours l’angoisse du cancer qui est véhiculé avec obligation de traitement, servi par l’ignorance médical à laquelle nous sommes tenu (entendu à Curie comme réponse à depuis combien de temps j’ai ça ? « on sait pas, la médecine n’est pas une science exacte ») c’est la même peur quel que soit le grade ou le type cellulaire. Le diagnostic pourrait être nuancé, et tant mieux, mais non, la médecine ne veut pas prendre de risque, (ça me fait penser à l’épisiotomie systématique), la boucherie qui est faite, ce n’est pas du fait de la mammo mais de ses suites, l’interprétation qui ne peut se faire sans biopsie, puis la chirurgie et les protocoles actuellement en place. Par exemple de ne pas tenter de sauvegarder le sein et le mamelon parce que c’est pas le plus important, et de faire des cicatrices infâmes. Donc, 1 femme sur 8, c’est pourtant très important, ce n’est pas une femme sur 200 comme on semble voir dans le dessin.
      Je trouve que ce n’est pas honnête.

      Enfin, ta position sur le sujet semble avoir fortement évoluée

      Détrompez vous, je considère toujours le dépistage par mammo comme sujet à vif débat, mais je ne mettrais pas la vie de mes sœurs en danger sous prétexte qu’elles pourraient ne rien avoir et donc j’insiste encore sur le fait de l’#autopalpation.

    • faire croire qu’un cancer peut réduire tout seul est grave

      ben non c’est ce qu’il se passe. Je l’ai lu dans d’autres sources. Ça existe aussi pour le VIH d’ailleurs. Moi ça ne m’étonne pas outre mesure. Détrompez moi mais je pense qu’il n’existe aucune maladie qui tue toutes les personnes qui en sont atteintes. Il y a toujours des personnes dont l’organisme est suffisamment performant en terme de défense pour réussir à vaincre l’attaque.
      La représentation avec le tableau et les petits cercles je trouve ça très bien fait et la médecin qui parle est très claire.

      la démonstration ne marche pas, parce que le fait est que le cancer du sein touche une femme sur 8, allo, une femme sur 8 !

      mais ce n’est pas le propos du film. Il ne dit pas il y beaucoup ou pas beaucoup de cancer et combien il y en a, il se positionne sur le dépistage systématique étant donné la situation épidémiologique et le contexte médical en France.

      D’ailleurs le plus grand scandale du cancer, il est du côté des autorités qui refusent de prendre les décisions nécessaires puisque toutes les études sérieuses mettent en avant le rôle de l’environnement dans l’explosion de cette maladie. Mais lutter contre les différents polluants, la bouffe industrielle et tout ce qui pose problème dans notre environnement ça serait le boulot normal de nos élus s’ils n’étaient pas pieds et mains liés aux différents industriels qui nous empoisonnent.

      mais je ne mettrais pas la vie de mes sœurs en danger sous prétexte qu’elles pourraient ne rien avoir

      la proposition n’est pas d’interdire la mammographie mais de donner les éléments indispensables pour que chaque femme puisse prendre sa décision de faire la radio ou pas en toute connaissance de cause. C’est salvateur surtout dans le contexte actuel d’infantilisation permanente des malades.

    • http://www.formindep.org/Regression-spontanee-de-cancers-du.html

      Le formindep est une association de professionel⋅le⋅s de la santé, non financé par l’industrie, et dont l’objet principal est l’amélioration de la médecine par de meilleures preuves scientifiques.

      https://www.cancer-rose.fr/le-sur-diagnostic-par-dr-bernard-duperray

      En effet, la définition purement histologique du cancer du sein est insuffisante pour caractériser la maladie mortelle. Avec un même symptôme, la tumeur épithéliale, le cancer du sein apparaît comme une maladie hétérogène aux modalités évolutives multiples et opposées, allant de la régression à la mort, sans lien avec la précocité du diagnostic.

      Une petite tumeur peut être là depuis 10 ans et stagner voire régresser. Inversement un petit truc récent peut évoluer en quelques semaines et être mortel. Il n’y a aucune linéarité, aucune règle constante. Et donc le dépistage systématique et régulier (tous les deux ans) ne permet pas de détecter ni d’améliorer cela (ce sont les stats officielles de ce que ça a permis de guérir ou pas depuis 1994).

      Le dépistage doit continuer d’exister, mais pas systématique, et suivant le choix de la patiente. En revanche la priorité devrait être donnée à la prévention réelle :
      https://www.cancer-rose.fr/la-vraie-prevention-parent-pauvre-du-plan-de-lutte-contre-le-cancer-du-s

    • @touti c’est juste un commentaire pas un exposé scientifique avec références à l’appui, je n’ai pas le temps pour ça. Mais je répète qu’il est normal qu’il y ait toujours des individus qui arrivent à guérir de toute maladie quelle qu’elle soit. Je ne comprends pas ce qu’il peut y avoir d’étonnant à ça.
      @rastapopoulos très intéressant le lien du formindep

    • c’est juste un commentaire pas un exposé scientifique avec références à l’appui, je n’ai pas le temps pour ça.

      @ninachani c’est irrecevable de dire des choses pareils, il est plus que sain de demander des sources et de les fournir ! bien entendu tu peux dire que tu les trouveras dans un mois mais tu ne peux pas te défausser, pas sur seenthis en tout cas :)

      Coup de bol, @rastapopoulos est là pour voler à ta rescousse ! et tant mieux car c’est très intéressant.

    • @rastapopoulos

      Une petite tumeur peut être là depuis 10 ans et stagner voire régresser. Inversement un petit truc récent peut évoluer en quelques semaines et être mortel. Il n’y a aucune linéarité, aucune règle constante.

      C’est pourquoi je trouve inconsciente et malhonnête cette vidéo, parce que c’est bien plutot dans l’impossibilité du pronostic qu’est la loterie, pas dans la mammo !! et ce n’est pas en retirant aux femmes un outil de dépistage que l’on va faire avancer les connaissances sur cet inconnu.
      Parce que même si je ne suis pas pour le dépistage systématique par mammo, je trouve que c’est se tromper d’ennemi. Ce qu’il faudrait c’est évidemment de la prévention mais surtout arrêter d’instiller la peur et l’urgence, et user du partage de connaissance, va donc demander à un oncologue si ton cancer a une chance de réduire et ce que tu dois faire pour risquer ta vie à pile ou face … c’est de ça qu’il est question et que vous ne semblez pas ressentir.

    • Il y a un voilà de trop, t’es juste tellement imposant dans ta suffisance sous un masque scientifique que tu ne vois rien, n’entends rien que les chiffres et les statistiques.

      Je retire mon vécu qui ne fait qu’alourdir le débat, car il y a des malentendus induits par l’émotion que cela peut susciter et des comportements absolument limites et non bienveillants qui surgissent.

      Je mets à la place ceci, bien plus clair … ce qui m’importe c’est que cessent les sévices faits aux femmes, pas d’avoir ou non raison. Même si le chemin de ma raison est dicté par mon ressenti , qu’importe, supprimons.

      Il faut que les femmes parlent et cessent le silence assourdissant autour du cancer du sein.
      Le vrai scandale que vous ne voulez pas voir, c’est la boucherie à l’heure où un brin d’ADN peut être modifié. Mais non, on s’évertue à trouver tout ce qu’il faut pour faire passer la mammo comme la responsable des mutilations.
      Merde, rendons aux femmes leurs corps, laissons les décider avec des outils de données scientifiques ouvertes de ce qu’il leur est possible si à la mammo on leur découvre des modifications cellulaires malignes.
      Je ne souhaite à personne de se retrouver mutiler, je dis et je continuerai de répéter quel que soit les chiffres, préparez vous au fléau qui vient, en amont, parce que dans l’urgence et la peur, on ne peut rien face aux bouchers.

    • De fait, tu réponds avec ton ressenti avec ton vécu, mais ça ne change rien au nombre de personnes vraiment sauvées de la mort et au nombre de personnes vraiment sauvées d’une mutilation (deux choses différentes évidemment).

      Laisser les femmes décider suivant une vraie information ouverte ET NON forcer à une mammo obligatoire systématique tous les deux ans, c’est JUSTEMENT l’objet unique de Cancer Rose… Je ne comprends pas ce que tu ne veux pas voir. À aucun putain de moment ça dit qu’on doit supprimer la mammo ya pas une seule phrase, une seule parole qui dit ça.

      Quand on parle de politique de santé publique à l’échelle d’un pays entier, bah OUI on doit prouver qu’une solution préconisée fonctionne ou ne fonctionne pas : c’est la base. Tu ne peux pas imposer tel ou tel acte médical à tout un pays sans prouver que le but annoncé est atteint, c’est du grand n’importe quoi. Or justement, on a maintenant les preuves que ça ne fait PAS ce que ça annonce et que ça détruit même plus de vie que ça n’en sauve : le nombre de femmes charcutées comme tu veux justement l’éviter est PLUS important que le nombre de femmes sauvées du charcutage : il a AUGMENTÉ.

      Donc on ne doit pas continuer dans cette voie, et on doit mieux informer les patientes, et on doit utiliser plein d’autres moyens que celui là précisément.

    • #l'arbre_qui_cache_la_forêt
      #le_debat_mammo_cache_la_boucherie
      #dialogue_de_sourds

      Les chirs, suivant les tailles de tumeurs, ne font pas vraiment la même mutilation ! donc une tumeur de petite taille ne va pas, en principe, engendrer une mastectomie totale.
      Il y a plusieurs grades dans la chirurgie du cancer du sein, d’où l’importance que cela soit détecté plus tôt
      – tumorectomie (retire les cellules qui merdoient)
      – mastectomie partielle (retire le mamelon)
      – mastectomie totale (retire le sein)
      Ajouter à cette panoplie, il y a aussi l’opération (avec cicatrice supplémentaire) pour les ganglions sentinelles, puis deuxième opération pour le curage axillaire, accompagné par le risque d’œdème lymphatique.

      Bon, et pour tes sœurs, tes copines ou tes filles, j’espère que ce sera plus que seulement 30% de leur corps qui se fera mamographié. Car disqualifier le processus c’est condamner les femmes à ne plus y retourner et la sécu à ne plus les rembourser !

      merci @simplicissimus très intéressant

    • Le problème n’est-il pas que le médecin consulté n’ait pas fait de palpation ? Ou encore, que Octobre Rose se focalise presque exclusivement sur la mammographie ? Et que peu de choses sont mises en œuvre pour développer la pratique régulière de l"#autopalpation.

      Recommandée ici par Doctissimo (article de 2002…)
      Cancer du sein : L’auto-examen des seins en images - Doctissimo
      http://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2002/sem02/mag1004/dossier/sa_5967_sein_autopalpation.htm

      Depuis de nombreuses années, les médecins encouragent l’autopalpation mensuelle des seins dès l’âge de 20 ans. Récemment, l’utilité de cet examen a été l’objet d’un débat passionné. En France, il n’existe pas de recommandations officielles, mais cette pratique est conseillée entre deux examens de dépistage.

      Ou, La Dépêche, juste avant ce mois d’octobre

      Cancer du sein : l’auto-palpation, un geste qui peut sauver - 17/09/2017 - ladepeche.fr
      http://www.ladepeche.fr/article/2017/09/17/2647137-cancer-sein-auto-palpation-geste-peut-sauver.html

      A quelques jours d’Octobre rose, mois consacré au dépistage du cancer du sein, les gynécologues souhaitent sensibiliser les femmes aux gestes de l’auto-palpation, pratique peu répandue en France. Le docteur Nasrine Callet, gynécologue à l’Institut Curie, décrit les étapes clés de cet auto-examen à faire tous les 3 mois après les règles. 

      Dans les pays scandinaves, les jeunes femmes sont éduquées dès la puberté à l’auto-palpation de leur poitrine, des gestes du quotidien qui permettent aux femmes de devenir actrices de leur santé, ce qui expliquerait en partie le taux de dépistage des cancers du sein précoces beaucoup plus élevé dans ces pays nordiques.

      En France, la technique est traditionnellement pratiquée en consultation gynécologique par le spécialiste, mais « rares sont celles à qui l’on apprend comment reproduire ces gestes » qui peuvent sauver au quotidien, déplore le docteur Nasrine Callet, gynécologue à l’Institut Curie, qui animera des ateliers d’auto-palpation dans le cadre d’Octobre Rose, mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein.

    • Oui @simplicissimus, que ce soit Octobre Rose ou les médias, le débat se focalise sur la mammo.

      NB je vais éviter mon histoire perso (suppression de tout rapport au-dessus) bien qu’elle me permette de continuer à me battre parce qu’elle me fait découvrir l’ampleur des tabous et des non-dits.

      Il me semble que le discours contre le surdiagnostic a fini par engluer la prise de décision, ces débats stériles amha cachent les mutilations faites aux femmes au nom de leur survie.
      Même l’autopalpation est considérée aujourd’hui comme sujette à ce risque de surdiagnostic.
      Et qu’importe que la HAS recommande la palpation annuelle aux médecins quand ils se persuadent qu’il est plus confortable de ne rien faire ?
      Et il y a même des gynécos en france qui ne savent pas faire de palpation !!!

      #autonomie_médicale

    • @vraiment : j’ai légèrement modifié les images (faute d’orthographe dans le nom de l’opération !) et j’en ai profité pour en modifier aussi l’emplacement (dans un sous-répertoire différent). De ce fait les liens que tu as mis vers les graphiques ne sont plus valides, ce dont tu risques de ne pas t’apercevoir car les images sont mises en cache par SeenThis. Je te prie de m’excuser du désagrément.

    • Quand je relis ce fil, j’ai la colère qui monte mais je me remercie d’avoir survécu aux mauvais traitements (puisque personne ne le fait) qui m’ont été infligé ici, ou certaines personnes se sont permis d’écrire en majuscules comme si j’étais mal comprenante. C’est toute cette humiliation à laquelle j’ai résisté, bravo poulette !

      Et pour me souvenir de ma solitude à défendre la mammographie

      Cancer du sein : « Les détracteurs du dépistage sont irresponsables » - Le Parisien

      En France, moins d’une femme sur deux participe au dépistage organisé. Ce chiffre est-il satisfaisant ?

      PROFESSEUR NORBERT IFRAH. Non, d’autant moins satisfaisant que l’on a perdu 2 % de participation en deux ans et que nous sommes loin des recommandations européennes qui en préconisent 70 %. Qu’un débat scientifique existe sur les limites du dépistage, c’est sain. Mais on assiste en France à une campagne de dénigrement surréaliste, notamment sur les réseaux sociaux. Ses détracteurs, peu nombreux mais très actifs, sont irresponsables. N’oublions pas que 59 000 nouveaux cancers du sein sont détectés chaque année et que 12 000 femmes en meurent.

      Le dépistage est notamment accusé de surdiagnostic. En clair, de détecter des lésions qui n’auraient pas forcément évolué en cancer…

      Aujourd’hui, un certain nombre de cancers localisés n’évoluent pas, sans que l’on sache pourquoi. C’est un sujet majeur de recherche. Mais 80 % vont évoluer, d’où la nécessité d’un suivi régulier. Je ne dis pas qu’il y a zéro opération inutile, mais elles sont très peu nombreuses. En revanche, on sait qu’avec le dépistage organisé, on épargne à près de 12 % des femmes une chirurgie lourde et qu’un tiers « seulement » auront une chimiothérapie contre plus de la moitié hors dépistage. Pour les concernées, ce n’est pas rien !

      https://seenthis.net/messages/733908

  • Dans les pays nordiques, la terre s’élève plus vite que la #mer
    https://www.mediapart.fr/journal/international/040817/dans-les-pays-nordiques-la-terre-seleve-plus-vite-que-la-mer

    Le glacier de Breidamerkurjökull, situé au sud-est de l’Islande, est le plus grand d’Europe. © Reuters Voici un phénomène qui a de quoi surprendre. Alors que le niveau des mers monte presque partout dans le monde, il est en baisse en Scandinavie, au Groenland et, plus récemment, en #Islande : les terres s’élèvent en raison de la fonte de glaciers et, donc, de la disparition du poids colossal de ces masses de glace.

    #International #Changement_climatique #Climat #montée_des_eaux #Norvège #océans #Suède

  • Dernier numéro de la Revue Défense Nationale intitulé « L’ambivalence de la puissance russe »
    http://www.defense.gouv.fr/irsem/page-d-accueil/nos-chercheurs2/dernier-numero-de-la-revue-defense-nationale-intitule-l-ambivalence-de-

    Le dernier numéro de la Revue Défense Nationale intitulé "L’ambivalence de la puissance russe" a été coordonné par Céline Marangé (chercheur Russie, Ukraine et Asie Centrale à l’IRSEM) et Isabelle Facon (FRS - Fondation pour la recherche stratégique).

    Ce numéro a pour ambition d’examiner plusieurs facettes marquantes de la puissance russe afin d’en évaluer les forces et les faiblesses. Il cherche aussi, à travers l’exemple russe, à faire réfléchir à « l’impuissance de la puissance ». Pour la Russie comme pour tout autre acteur majeur, l’affirmation de la puissance comporte des risques et peut engendrer de nouveaux défis. Ainsi, le renforcement de l’outil militaire et la quête de reconnaissance n’ont pas toujours eu les effets escomptés par Moscou.

    AVANT PROPOS

    Russie : La confiance retrouvée (Hélène Carrère d’Encausse)

    INTRODUCTION

    L’ambivalence de la puissance russe (Isabelle Facon et Céline Marangé)

    PERSPECTIVE STRATÉGIQUE

    La projection de la puissance

    Les Nations Unies, un multiplicateur d’influence pour la Russie (Anne de Tinguy)

    La relation russo-chinoise à l’ombre de la nouvelle administration américaine (Valérie Niquet)

    L’intervention de la Russie dans le conflit syrien (Eugène Berg)

    La stratégie maritime russe en mer Noire (Igor Delanoë)

    L’évolution de la présence des forces armées russes en Crimée depuis 2014 (Robert Hazemann)

    Le nucléaire russe : un instrument de dissuasion et d’intimidation (Céline Marangé)

    « Qui s’y frotte s’y pique » : la Russie et le déni d’accès (A2/AD) (Guillaume Lasconjarias)

    Russia’s arms exports : successes and challenges (Tomas Malmlöf)

    L’éducation patriotique et militaire, un avatar de l’époque soviétique ? (Tatiana Jean)

    Les forces et faiblesses stratégiques

    La politique gazière de la Russie en Europe et Asie (Catherine Locatelli)

    Adapter les réseaux de transport eurasiens : réussites et défis (Jean Radvanyi)

    La Russie à la reconquête de sa puissance spatiale (Isabelle Sourbès-Verger)

    La Russie et le cyberespace, mythes et réalités d’une stratégie d’Etat (Nicolas Mazzucchi)

    Finding the ’golden mean’ : Russia’s resource commitment to defence (Julian M. Cooper)

    Vieillissement et renouvellement des forces navales russes (Alexandre Sheldon-Duplaix)

    L’aéronautique militaire russe face à de nouvelles incertitudes (Konstantin Makienko)

    Le renouvellement de la flotte de blindés : un investissement essentiel pour moderniser l’armée russe (Marc Chassillan)

    Le dilemme de sécurité

    Les réponses de la Russie aux politiques de l’Union européenne, sources d’insécurité dans leur voisinage commun ? (Laure Delcour)

    Les pays nordiques face aux actions de la Russie en mer Baltique et à Kaliningrad (Barbara Kunz)

    La Russie vue de Pologne : entre crainte, concurrence et poids de l’histoire (Amélie Zima)

    Le positionnement stratégique des pays baltes face à la Russie (Zivile Kalibataite)

    L’Organisation du Traité de Sécurité Collective : une réaffirmation du leadership russe en Eurasie postsoviétique ? (David Teurtrie)

    Les relations militaires de la Russie avec le Bélarus : une alliance qui laisse Moscou sur sa faim (Anaïs Marin)

    La présence militaire russe dans le Caucase du Sud (Gaïdz Minassian)

    La Tchétchénie de Kadyrov, atout ou menace pour l’État russe ? (Anne Le Huérou et Aude Merlin)

    MÉMOIRE STRATÉGIQUE

    Hélène Carrère d’Encausse, « La pénétration soviétique au Moyen-Orient », Revue de Défense nationale, mai 1957.

    Marie-Alix Paris, « Aspects de la politique intérieure soviétique », Revue de Défense nationale, octobre 1977.

    Victor-Yves Ghebali, « La conférence sur la sécurité et la coopération en Europe à l’ère Gorbatchev », Revue de Défense nationale, octobre 1987

    COMPTES RENDUS DE LECTURE

    Igor Delanoë. Russie. Les enjeux du retour au Moyen-Orient, Paris, L’Inventaire, 2016, 126 p. (par David Teurtrie)

    Jean-Robert Raviot (dir.), Russie : vers une nouvelle Guerre froide ?, La Documentation française, collection Doc’ en poche – Place au débat, 2016, avec les contributions de Taline Ter Minassian, Sophie Lambroschini, Kevin Limonier, Maxime Audinet, 184 p. (par Isabelle Facon)

    Jean Radvanyi, Marlène Laruelle, La Russie entre peurs et défis, Armand Colin, collection Perspectives stratégiques, 2016, 236 p. (par Isabelle Facon)

    Guillaume Serina, Reykjavik, 1986 : Le sommet de tous les espoirs, Paris, L’Archipel, 2017, 264 p. (par Eugène Berg)

    General Sir Richard Shirreff, War With Russia. An Urgent Warning from Senior Military Command. A Novel, New York, Quercus, 2016, 412 p. (par Guillaume Lasconjarias)

    Andreï Kozovoï, Russie, réformes et dictatures, Paris, Perrin, collection Tempus, 700 p. (par Eugène Berg)

    Nicolas Werth, Les Révolutions russes, Paris, PUF, collection QSJ, 126 p. (par le colonel Jérôme Pellistrandi)

    Jean Lopez, Lasha Otkhmezuri, Joukov, Perrin, Paris, 2013, 736 p. (par Yves Boyer et Nicolas Haupais)

    Yves Gauthier, Gagarine ou le rêve russe de l’espace, Paris, Ginkgo éditeur, 2015, 374 p. (par Eugène Berg)

    Le sommaire est disponible à cette adresse :

    http://fr.calameo.com/books/000558115999b7287110d

    Le numéro peut être commandé au format papier ou pdf en ligne sur le site de la revue :

    http://www.defnat.com/revue-defense-nationale.php

    Il peut être acheté dans ces librairies :

    http://www.defnat.com/boutique/points-de-vente.php

    Droits : IRSEM

    #russie #géopolitique

  • Le #modèle_nordique fait toujours autant rêver l’Europe
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/11/26/le-modele-nordique-fait-toujours-autant-rever-l-europe_5038524_3234.html

    « C’est ce qu’on appelle la flexisécurité, au Danemark, et cela a fonctionné. » Jeudi 24 novembre, lors du dernier débat de la primaire de la droite, il n’aura pas fallu longtemps pour qu’Alain Juppé cite l’exemple du marché du travail danois, la référence en matière d’intégration des chômeurs.

    Il n’est pas le premier à le faire : dès qu’il s’agit de citer un modèle économique, social ou écologique, les yeux se tournent presque toujours vers les pays nordiques. Lundi 28 novembre, le ministre de l’économie, Michel Sapin, accueillera ainsi un forum franco-nordique à Bercy. Des dizaines d’experts, patrons et politiques venus de Finlande, de Norvège, de Suède, du Danemark, cogiteront avec leurs homologues français sur les enseignements scandinaves en matière de croissance inclusive et d’économie verte.

  • 560.000 cancers de la thyroïde dus à un surdiagnostic - Sciencesetavenir.fr
    http://www.sciencesetavenir.fr/sante/cancer/20160818.OBS6523/560-000-cancers-de-la-thyroide-dus-a-un-surdiagnostic.html


    Observed versus Expected Changes in Age-Specific Incidence of Thyroid Cancer per 100,000 Women, 1988–2007.

    Entre 1988 et 2007, 46.000 cancers de la thyroïde seraient dus à un surdiagnostic en France. Un chiffre qui grimpe à 65.000 en Italie et jusqu’à 228.000 aux Etat-Unis ! L’épidémie de cancers de la thyroïde observée ces vingt dernières années dans les pays développés serait principalement due au surdiagnostic, qui aurait concerné quelque 560.000 personnes au niveau mondial, selon l’agence du cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le surdiagnostic consiste à diagnostiquer des cancers peu susceptibles de provoquer des symptômes au cours de la vie d’une personne ou de provoquer sa mort.
    […]
    Dans des pays comme l’Australie, la France, l’Italie ou les Etats-Unis, le surdiagnostic est évalué entre 70 et 80% par les chercheurs de l’IARC, contre 50% au Japon et dans les pays nordiques. Pourtant, note le Dr Silvia Franceschi, l’un des auteurs de l’étude, « la majorité des cancers surdiagnostiqués ont été traités par des ablations complètes de la thyroïde, souvent associées à d’autres traitements nocifs comme l’ablation des ganglions du cou ou la radiothérapie, sans bénéfices prouvés en terme d’amélioration de la survie ».

  • BDS dans les pays nordiques :

    Israel, Finland tension over boycott of JNF
    AIC, le 18 mai 2015
    http://www.alternativenews.org/english/index.php/activism/bds/773-israel-finland-tension-over-boycott-of-jnf

    Denmark cancels Elbit deal
    AIC, le 24 mai 2015
    http://www.alternativenews.org/english/index.php/activism/bds/794-denmark-cancels-elbit-deal

    L’Université d’Helsinki annule son contrat avec G4S à cause de son soutien à des prisons israéliennes
    Michael Deas, The Electronic Intifada, le 26 mai 2015
    http://www.aurdip.fr/l-universite-d-helsinki-annule-son.html

    #Palestine #BDS #Finlande #Danemark #Festival #JNF #Boycott #Sanctions #Elbit #Embargo_militaire #G4S #prisons #Boycott_universitaire

  • Le Parlement de la République de Lettonie - Latvijas Republikas Saeima


    Les hauts fonctionnaires des parlements des pays nordiques et baltes se mettent d’accord sur une initiative conjointe pour le renforcement du parlementarisme en #Ukraine
    http://www.saeima.lv/fr/informations-generales/communiques-de-presse/23265-les-hauts-fonctionnaires-des-parlements-des-pays-nordiques-et-baltes-se

    Les hauts fonctionnaires des parlements des pays nordiques et baltes se mettent d’accord sur une initiative conjointe pour le renforcement du parlementarisme en Ukraine
    (17.03.2015.)

    Le lundi 16 mars, M.Gundars Daudze, adjoint de la Présidente de la #Saeima, et d’autres hautes fonctionnaires des parlements des pays nordiques et baltes, se sont entretenus avec M. Volodymyr Groysman, Président du Parlement ukrainien. Ils se sont mis d’accord sur une initiative commune visant à partager leur expérience parlementaire avec les députés ukrainiens, contribuant ainsi à l’efficacité du travail de la Verkhovna Rada.


    „Le programme d’échange est une bonne occasion pour les députés ukrainiens nouvellement élus à renforcer la démocratie dans leur pays. Par conséquent, nous avons convenu à l’initiative conjointe visant à promouvoir une meilleure compréhension du parlementarisme et des questions relatives à la gestion. Vue une forte proportion de députés nouvellement élus (60% des élus) dans le parlement ukrainien, cela se révèle particulièrement important ; les parlementaires doivent assumer leurs fonctions à une période remplie de défis historiques,” a signalé M. Daudze, accentuant que la Lettonie est prête à partager son expérience dans le domaine des réformes.

    L’adjoint de la Présidente de la Saeima a souligné l’importance des échanges au niveau administratif et de la coopération entre les commissions parlementaires. Le programme prévoit d’accueillir les parlementaires ukrainiens dans les parlements des pays nordiques et baltes afin de partager de l’expérience dans le domaine de l’établissement des groupes parlementaires, leur travail avec la coalition et l’opposition, ainsi que du travail au sein des commissions sectorielles et du contrôle parlementaire.

    Au cours de l’entretien avec M. Groysman, M. Daudze et d’autres fonctionnaires parlementaires ont exprimé leur solidarité inébranlable et le soutien au peuple ukrainien. “Nous soutenons fermement l’intégrité territoriale de l’Ukraine et poursuivons une politique de non reconnaissance de l’annexion de la Crimée. C’était la non-reconnaissance de l’incorporation des pays Baltes à l’URSS et le soutien de la part de la communauté internationale qui nous a aidé à retrouver notre indépendance il y a 25 ans,” a affirmé l’adjoint de la Présidente de la Saeima.

    Les hauts fonctionnaires ont également souligné la nécessité d’assurer à l’Ukraine un soutien à long terme, tout en faisant observer que l’Ukraine doit poursuivre activement les réformes initiées. Dans le même temps, pour une stabilité à long terme, il est important d’expliquer la nécessité des reformes et faire connaitre les résultats atteints à la population et aux partenaires de la coopération de l’Ukraine, à savoir les États membres de l’UE.

    La nécessité de réduire le niveau élevé de la corruption en Ukraine a également été abordée lors de la rencontre. M. Daudze a informé que l’ambassade de Lettonie en Ukraine prévoit d’organiser prochainement une table ronde sur les questions anti-corruption à Kiev et Kharkov. M. Aleksejs Loskutovs, président de la sous-commission chargée de la lutte contre la corruption auprès de la Commission de la défense, des affaires intérieures et de la lutte contre la corruption, participera entre autres aux discussions.

    M. Daudze a réaffirmé que le Partenariat oriental, et notamment la situation en Ukraine est l’une des priorités de la Lettonie lors de sa présidence du Conseil de l’UE. Il a indiqué que le sommet du Partenariat oriental se tiendra en mai à Riga, il a invité les hauts responsables ukrainiens de prendre part à cet événement.

    Au cours de la visite en Ukraine, M. Daudze a rencontré Mme Hanna Hopko, présidente de la Commission des affaires étrangères de la Verkhovna Rada, M. Andrii Artemenko, président de la Commission de l’intégration européenne de la Verkhovna Rada, ainsi que des députés ukrainiens et des responsables des groupes parlementaires. Les plus hautes fonctionnaires des parlements des pays nordiques et baltes se sont rendus sur la place Maidan pour y déposer des fleurs en commémoration des morts.

    Du 15 au 17 mars, l’adjoint de la Présidente de la Saeima a participé à la réunion des présidents des parlements des pays nordiques et baltes. Les hauts fonctionnaires parlementaires se sont réunis en Ukraine afin de témoigner leur soutien inébranlable à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et de discuter de la situation dans l’est de l’Ukraine.

    Les photos de la rencontre sur : https://www.flickr.com/photos/saeima/sets/72157651372718652
    Les conditions d’utilisation : www.saeima.lv/lv/autortiesibas