• Merci pour les tags, même si a priori je n’aurais pas mis ceux-là.

      Comme je maîtrise mal la communication par mots-clés, je souhaite apporter les précisions suivantes.

      Étant retraité et à ce titre classé dans la catégorie « senior » depuis belle lurette, je serais censé, d’après ce que nous en disent les études sociologiques, ne pas être concerné par la participation aux actuelles mobilisations sociales sur les retraites. Je n’aurais, a priori, absolument rien à gagner personnellement à descendre dans la rue aujourd’hui. De fait : que l’on passe à 64 ans ou que l’on gagne le départ à 60 ans sans décote (ce que je souhaite), cela ne changera absolument rien à la pension que je touche actuellement (1500 €).

      Je suis, pourtant de toutes les mobilisations sociales et cela, depuis bien avant celles qui ont débuté en 2023. Vraiment trop con ? Non ; juste un simple réflexe de solidarité sociale pour mettre sur pied une vraie société égalitaire, débarrassée du capitalisme, même si je suis convaincu que, de cela, je n’en verrai rien.

      Aujourd’hui, ce 8 mars, notamment, j’ai passé mon après-midi sous la pluie à défiler au côté des féministes parce que je considère que les femmes seraient en premier lieu touchées par cette réforme rétrograde, ce qui est une évidence pour tout le monde, y compris pour les membres de ce gouvernement.

      Le sexisme n’est pas qu’un mot-clé. À titre d’exemple, j’y ai été directement confronté dans mon ancien boulot, voyant des collègues femmes, moins payées que les hommes, partir en retraite avec des pensions de misère et usées physiquement par des tâches physiques répétitives, dans les cantines, les crèches, les visites auprès des personnes âgées. Si la réforme des retraites passe ce sera encore pire. Je n’en peux mais de le répéter à de plus jeunes : c’est à vous aussi de bloquer le pays dès maintenant.

      Concernant l’informatique, n’étant ni informaticien, ni développeur ni web designer, je n’aurais pas grand-chose à dire sur le contenu visuel de ce sticker, si ce n’est que j’approuve le renversement opéré – très peu subtil, il est vrai - par rapport à l’image de modernité et de « disruption » présentée par le pouvoir macroniste quand il fait la com de la « start-up nation » ou autre « inclusion numérique ». Pour moi toute cette communication pseudo-moderniste, c’est vraiment du flan (pour rester poli). Je conçois néanmoins, maintenant, qu’il soit insupportable pour une personne travaillant dans ce domaine de voir ce visuel.

      Plus concrètement cette image n’est qu’une extrapolation - pas drôle du tout - de ce qui nous attend si nous laissons faire ce gouvernement avec sa réforme des retraites. Déjà, d’anciennes collègues, auxiliaires de vie - des femmes uniquement - sont obligées de compléter leur pension de retraite minables en continuant de travailler au noir auprès d’autres personnes, à peine plus âgées qu’elles. Ça, c’est ce que je connais. Je suis convaincu qu’il y a plein d’autres exemples de ce type : pourquoi pas dans l’informatique ?

      Si la réforme passe c’est le système de protection sociale par répartition qui s’effondre ; c’est aussi simple que ça. Cette cagnotte, qui échappe actuellement à la finance, est une exception qui n’est pas acceptable dans le système capitaliste. On le sait. Nous ne serons plus loin, alors, d’un système à la japonaise où les vieux et les vieilles - j’assume et je revendique ces mots ! - continueront de travailler jusqu’à la tombe.

      Avec l’ajout de ces mots-clé, je conçois toutefois que cette image puisse présenter une provocation et qu’elle transporte des valeurs négatives que je n’avais pas vues.

      Je présente donc toutes mes excuses si cette image a pu choquer. Je demande juste alors de la mettre de côté et de s’en tenir à l’essentiel : il faut nous battre pour faire mordre la poussière à ce gouvernement sur sa réforme pourrie.

      Bien fraternellement et sans rancune

    • @cabou merci pour toutes ces explications. C’est vrai que les tags me sont venus spontanément. Ça peut être injuste pour celle ou celui qui partage une info et ce n’était pas mon intention. Ceci car je suis à la fois femme et informaticienne et comme je le raconte ici https://seenthis.net/messages/988249


      il me faudra même sans la réforme actuelle, même après avoir été mère de famille monoparentale, même après avoir été cadre, travailler jusqu’à 90 ans pour avoir 1000€ de retraite.

      Du coup, c’est vrai que cette image réactive pour moi beaucoup de souffrances subies, que d’autres femmes partagent également, voir https://seenthis.net/messages/993187 et parce que j’ai la fâcheuse tendance à tout politiser.
      Trop d’injustice me font bondir. Mon vécu c’est aussi comme d’autres : rupture de contrat parce que j’étais enceinte, survie dans un milieu informatique constitué à 92% d’hommes, mépris des femmes de plus de 40 ans… etc Femmes, qui passées 70 ans sont priées de sortir des statistiques des viols, ce qui en dit beaucoup sur le peu de considération de la vieillesse dans nos sociétés modernes.
      Et j’ai également dans ma besace une passion pour la sémiologie et le décryptage des images qui me permet d’appréhender très vite des concepts qui transpirent tout seuls au travers de l’iconographie utilisée en oubliant les intentions de la personne qui poste :)

    • Un grand merci à toi @touti pour ta réponse :-)

      J’avais effectivement lu tes messages qui ne m’avaient pas laissé indifférent et je comprends désormais tout à fait que l’image de ce sticker t’ai mise à cran.

      Pour moi, toute personne, quel que soit son parcours professionnel, devrait avoir, dès maintenant, la possibilité de partir en retraite à taux plein au plus tard à 60 ans. Ce devrait être un droit automatique, tout comme l’accès à la majorité sans condition à 18 ans (qui, par ailleurs, inscrit dans la loi le peu de considération portée aux mineurs par l’État).

      Les personnes aux carrières longues et hachées – nous sommes bien d’accord, qu’il s’agit essentiellement des femmes - tout comme celles ayant été exposées à des travaux pénibles et usant devraient pourvoir partir bien plus tôt.

      Tu as 60 ans, donc tu as droit à la retraite.Point barre. Ce devrait être comme ça et on se moque de nous quand on nous dit que ce n’est pas possible.

      Cette histoire de durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite « à taux plein » est la pire arnaque qui contribue à compliquer ce qui devrait être d’une simplicité enfantine. Merci aux PS (réforme Touraine) pour y avoir activement contribué.

      Les défenseurs de cette réforme pourrie (comme toutes les autres depuis le début des années 90) nous matraquent au quotidien leur propagande, avec la complicité des médias, à coup d’argument fallacieux sur la « démographie ». Pure foutaise.

      La cagnotte globale permettant de verser des pensions de retraite n’est constituée que par de la valeur, qui est elle-même, générée par le travail. Rien à voir avec le nombre de personnes.

      La façon dont le montant global de cette cagnotte est constitué n’est qu’une convention. Ce n’est pas une loi physique, auquel on ne pourrait échapper, telle que la gravitation. Ce n’est qu’un montage comptable, qui peut être aménagé en fonction de choix politique. Que ce soit avec Thatcher, Macron ou qui que ce soit d’autre, le TINA n’aura jamais d’autre but que d’imposer par la violence les règles de l’économie capitaliste.

      De la valeur, il y en a un sacré paquet dans ce pays, à commencer par les sommes astronomiques qui tombent dans les poches des grands patrons. Donc il n’y a aucune difficulté pour savoir où trouver le cash pour financer les retraites.

      Même dans leur logique de gestion du budget de la sécu sur la valeur généré par l’exploitation capitaliste (le travail salarié), il suffirait juste d’augmenter les salaires, de remettre à égalité les salaires entre les hommes et les femmes et d’arrêter les exonérations de cotisations (qui ne sont rien d’autre que des baisses de salaire compensée par de la fiscalité supportée par tout le monde) pour venir à bout de leur « déficit », lequel représente une goutte d’eau quand on le compare avec les sommes délirantes consacrée à l’armement, par exemple.

      J’ai bien conscience que dans un domaine, tel que le développement de sites web, où il y a quand même un bon paquet de valeur générée sur le travail, il est scandaleux que les personnes soient obligées d’attendre des âges canoniques pour arrêter de travailler, alors même qu’on nous vend l’image d’un secteur d’activité "moderne, innovant, disruptif, bourré d’opportunités et d’une exemplaire attractivité ". II est d’autant plus scandaleux quand il s’agit de travailleuses discriminées et invisibilisées au quotidien.

      Cela me révolte de voir des personnes comme toi qui n’ont pas la possibilité d’accéder aux mêmes conditions que moi, qui suis parti en retraite. C’est totalement injuste et c’est pour combattre ce type d’injustice que se sont constitué, depuis toujours, des collectifs de révolté·es, voire de révolutionnaires.

      Mais ce n’est pas tout : si les cotisations sont prélevées sur la valeur générée par le travail, cela ne signifie pas pour autant que le travail ne doive par faire l’objet dès maintenant d’une critique radicale.

      Travailler pour quoi, pour qui ? Quand on voit où tout cela nous conduit, en terme de « projet de société » social, politique et écologique, il me semble légitime, pour le moins, de commencer sérieusement à ne plus systématiquement indexer la vie, quel que soit son statut social (congé parental, étudiant, salarié, auto-entrepreneur, petit artisan, chômeur, retraité...) au travail. Mais ça, si on peut le penser, le savoir et le revendiquer aujourd’hui, on ne pourra le faire qu’après avoir exproprié les capitalistes et anéanti le système lui-même.

      Avant cela, c’est pour révéler, combattre et corriger toutes les situations telles que la tienne et empêcher qu’elles se généralisent qu’il n’y a pas d’autre solution que la lutte sociale directe dans la rue et le blocage massif de l’économie par la grève générale et les occupations ; en coupant la source même et les flux de circulation de la valeur.

      Il n’y a que ça, réellement qui les fera plier, plus que les rituelles manifs aussi massives soient-elles (traîne-savates ou sportives, peu importe) ; j’en suis totalement convaincu.

      Info’com, qui a réalisé le sticker, est un syndicat de la CGT, pas vraiment dans la ligne confédérale, connu pour ses images parfois assez trash, absolument pas consensuelles, utilisant les méthodes publicitaires de la provocation, du détournement ou du renversement de sens.

      Il est donc naturel qu’elle prennent à rebrousse-poil, surtout si, comme c’est visiblement ton cas, on s’attache à ne pas céder aux stéréotypes et aux constructions sociales aliénantes, ce qui me semble une approche tout à fait saine et juste.

      Cette image déplaisante nous aura au moins permis d’échanger nos points de vues et nos expériences, de façon constructive, et j’en suis très sincèrement ravi :-)

  • La parité femmes - hommes en sciences sera atteinte... dans 280 ans
    Vincent Lucchese, Usbek & Rica, le 24 avril 2018
    https://usbeketrica.com/article/la-parite-femmes-hommes-en-sciences-sera-atteinte-dans-280-ans

    Ce sont quelques unes des conclusions relayées par Science News et publiées par des chercheurs de l’Université de Melbourne dans la revue PLOS Biology le 19 avril. Les chercheurs ont utilisé les bases de données de PubMed et arXiv pour répertorier plus de 10 millions d’études publiées dans plus de 6 000 revues scientifiques entre 2002 et 2016. Ils en ont tiré les noms de 36 millions d’auteurs issus de plus d’une centaine de pays et ont déduit de ces noms le genre de chacun des chercheurs signataires, prenant soin d’exclure de l’analyse les 8 % de prénoms mixtes répertoriés.

    Article original :

    The gender gap in science : How long until women are equally represented ?
    Holman L, Stuart-Fox D, Hauser CE PLoS Biol 16:e2004956 (2018)
    https://journals.plos.org/plosbiology/article?id=10.1371/journal.pbio.2004956

    Among the major research-producing countries, the STEMM gender gap was especially pronounced in Japan, Germany, and Switzerland. The most gender-equitable countries spanned Europe, South America, and Africa.

    #Femmes #Science #Discriminations #Sexisme #Recherche #Université #Plafond_de_verre #effet_Matilda

    La parité femmes - hommes ne sera donc jamais atteinte, parce qu’entre temps, les hommes seront remplacés par des #robots (ou par la #fin_du_monde ...) :

    Selon des chercheurs, il ne reste que 45 ans aux humains avant d’être dépassés par les machines
    Elisa Braun, Le Figaro, le 13 juin 2017
    https://seenthis.net/messages/608465

  • Les scientifiques aussi cultivent des stéréotypes de genre
    https://usbeketrica.com/article/scientifiques-aussi-cultivent-stereotypes-genre

    Selon une étude publiée lundi 26 août, les stéréotypes de genre amènent certains jurys du CNRS à défavoriser les femmes lors des concours. De quoi expliquer en partie, dans les sciences « dures » comme dans les sciences sociales, la faible proportion de chercheuses occupant aujourd’hui des postes à responsabilité. Si la science a longtemps été considérée comme un univers strictement masculin, de nombreuses femmes ont participé depuis le XIXe siècle à plusieurs grandes avancées scientifiques, à l’image de (...)

    #discrimination

  • The Female Fossilist Who Became a Jurassic Period Expert | JSTOR Daily
    https://daily.jstor.org/the-female-fossilist-who-became-a-jurassic-period-expert

    In the early 1800s, visitors to the English coastal town of Lyme Regis may have been stopped by a curious sight—a young lady climbing the steep cliffs. Dressed in a petticoat and bonnet, she held a hammer in her hand, chiseling things out of the cliffs.

    The lady’s name was Mary Anning, and she was one of the first female fossilists—what we would now call a paleontologist. Anning was looking for remains of prehistoric creatures in the cliffs of Lyme Regis, which harbor marine fossil beds from the Jurassic period.

    Anning inherited her interest in bone collecting from her father. Also a fossil collector, he unearthed the “curiosities,” which he then polished and sold to the tourists visiting the area. He died young, and Mary, along with her mother and brother, had to continue their fossil business to survive. For Anning, however, fossil hunting was more than a way to make ends meet. Over time, she became an expert in describing and classifying fossils.

    This was not an obvious career path for a woman of her era. Throughout history, women have had to overcome numerous barriers in their pursuit of scientific disciplines. But for those interested in natural sciences, the bar was even higher. Unlike in more traditional fields like nursing or midwifery where women operated within the secure confines of homes and estates, pursuing field sciences meant venturing outdoors to all the hazards it harbored—from natural perils to man-made dangers.

    “Nursing historically has fit with traditional gender expectations for women and their role as caregivers,” says Jenna Tonn, visiting assistant professor at Boston College. Tonn’s research focuses on the history of women and gender in modern science. “Many women had their medicinal gardens and they were in charge of making medicines to treat their family.” But pursuing science outside of the socially-accepted norms was more difficult. Even women’s fashion at the time wasn’t conducive to outdoor exploration. Corsets made bending difficult. Puffy bloated petticoats were a nuisance. Fluffy bonnets restricted visibility. Ankle boots weren’t made for climbing precipices—and especially not the crumbling Lyme Regis’s reefs, known for falling rocks and sudden mudslides. And yet, Mary excelled at finding fossils and recovering them from the crumbling cliffs.

    Anning made several important paleontological discoveries. In 1812, she and her brother Joseph unearthed a nearly-complete skeleton of a prehistoric marine reptile that looked like a cross between a dolphin and a lizard. Henry Hoste Henley, Lord of the Manor of Colway, bought the skeleton and sent it to the then-new London Museum, where it quickly became one of the most popular items, inspiring learned men to debate whether it had been a fish, crocodile, or a “lizard porpoise.” Today the creature is classified as the ichthyosaur, which roamed the seas for 150 million years.
    Letter concerning the discovery of plesiosaurus, from Mary Anning
    Letter from Mary Anning concerning the discovery of plesiosaurus via Wikimedia Commons

    In December 1823, Anning dug up another ancient swimming reptile that had a body “shaped like a turtle’s, but without a shell,” with a tiny head and a thin neck that was as long as the rest of the body. The Geological Society of London called it a “magnificent specimen.” It was later dubbed the plesiosaurus.

    Five years later, Anning made another great discovery. She found the first skeleton of a pterosaur or the “winged-lizard.” The Geological Society described it as an “unknown species. . .a monster resembling nothing that ever been seen or heard-of upon earth.” The creature was so unlike anything previously found that it made waves among the fossilists. French naturalist and zoologist Georges Cuvier, who is often called the founding father of paleontology, wrote that “of all the ancient beings which have been discovered, these were undeniably the most extraordinary, and those which, if one could see them alive, would seem the most unlike anything.”

    But perhaps Anning’s most interesting discovery was a creature that looked like a cross between a reptile and a bird. After debating for four years, scholars finally deemed it a fish, calling it Squaloraja—a transitional animal between sharks and rays. But when Anning dissected a modern ray, she realized her find was a creature of an entirely different species. “It is quite unique, analogous to nothing,” she wrote—and after quarreling amongst themselves, the best scientific minds of the time finally agreed with her.

    More than once, Anning escaped a narrow death from the falling rocks or surging waves. In one accident, an avalanche of collapsing rocks crushed her dog, missing Anning by a miracle. But nothing could stop her digging. By the time she died in 1847, she had found hundreds, if not thousands, of prehistoric bones, advancing human knowledge of natural history.

    Tonn says that Anning’s contributions to the field of paleontology may have been even greater than we know. Unlike gentlewomen of a higher societal statue, who had better resources and access to books and educational materials, Anning came from a working-class family. While Mary Somerset, the British botanist who preserved her life-long efforts in a twelve-volume herbarium, lived comfortably as a duchess, Anning had to make a living. She therefore sold most of the fossils she found, and while many of her specimens ultimately landed at museums or private collections, her name was rarely, if ever, included on the specimen lists. For this reason, according to Tonn, “it’s much harder to reconstruct her contribution to the field.”

  • Informatique, astronomie ou chimie : toutes ces inventions de femmes attribuées à des hommes - Politique - Numerama
    https://www.numerama.com/politique/469570-informatique-astronomie-ou-chimie-toutes-ces-inventions-de-femmes-a

    Le Wi-Fi, la fission nucléaire ou le pulsar : quel est le point commun entre ces inventions ? Elles ont toutes été créées par des inventrices, éclipsées dans l’ombre de leurs confrères masculins. Nous rappelons leur histoire ce 8 mars 2019.

    Où sont les femmes dans les technologies et les sciences ? Dans l’ombre de leurs homologues masculins, pour nombre d’entre elles. À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2019, nous avons décidé de revenir sur le parcours d’inventrices éclipsées par l’Histoire, dont les exploits ont été notamment attribués à des hommes.

    On parle d’effet Matilda pour désigner la manière dont la contribution de nombreuses femmes scientifiques a été minimisée, voir attribuée à des confrères masculins.

    Son manuscrit en atteste encore aujourd’hui : Ada Lovelace, née en 1815 et décédée à 37 ans, a réalisé le premier programme informatique. Entre 1842 et 1843, la comtesse traduit en anglais un article du mathématicien Federico Luigi, qui décrit la machine analytique de Babbage. Sur les conseils de ce dernier, elle va enrichir cette traduction avec ses propres notes, dont le volume est plus imposant que le texte de départ.

    Dans la note G, elle présente un algorithme particulièrement détaillé. Ce travail est considéré comme le premier programme informatique du monde, rédigé dans un langage exécutable par une machine. Charles Babbage, qui a consacré sa vie à la construction de cette fameuse machine analytique, a bien bénéficié du travail sur l’algorithme mené par Ada Lovelace.
    Ada Lovelace. // Source : Wikimedia/CC/Science Museum Group (photo recadrée)
    Hedy Lamarr et le Wi-Fi

    On ne doit pas seulement à Hedy Lamarr, actrice autrichienne naturalisée américaine, une trentaine de films. L’inventrice, née en 1914 et décédée en 2000, a aussi joué un autre rôle important dans l’histoire de nos télécommunications. Le brevet qu’elle a déposé en 1941 (enregistré l’année suivante) en atteste encore : Hedy Lamarr avait inventé un « système secret de communication » pour des engins radio-guidés, comme des torpilles. La découverte, à l’origine du GPS et du Wi-Fi, était le fruit d’une collaboration avec George Antheil, un pianiste américain.

    Le brevet ainsi déposé permettait à l’Armée des États-Unis de l’utiliser librement. La technologie n’a pourtant pas été mobilisée avant 1962, lors de la crise des missiles de Cuba. La « technique Lamarr » a valu à l’actrice un prix en de l’Electronic Frontier Foundation… en 1997.
    Hedy Lamarr en 1944. // Source : Wikimedia/CC/MGM (photo recadrée)
    Alice Ball et le traitement contre la lèpre

    Pendant 90 ans, l’université d’Hawaï n’a pas reconnu son travail. Pourtant, Alice Ball a contribué au développement d’un traitement efficace contre la lèpre au cours du 20e siècle. Cette chimiste, née en 1892 et morte en 1916 à l’âge seulement de 24 ans, est devenue la première afro-américaine diplômée de cet établissement. Plus tard, elle y est devenue la première femme à enseigner la chimie.

    Alice Ball s’est penchée sur une huile naturelle produite par les arbres de l’espèce « Chaulmoogra », réputée pour soigner la lèpre. En isolant des composants de l’huile, elle est parvenue à conserver ses propriétés thérapeutiques tout en la rendant injectable dans le cops humain. Décédée avant d’avoir eu le temps de publier ses travaux, Alice Ball est tombée dans l’oubli tandis qu’Arthur L. Dean, le président de l’université d’Hawaï, s’est attribué son travail.
    Alice Ball (1915). // Source : Wikimedia/CC/University of Hawaii System
    Grace Hopper et le premier compilateur

    En 1951, Grace Hopper a conçu le premier compilateur, c’est-à-dire un programme capable de traduire un code source (écrit dans un langage de programmation) en code objet (comme le langage machine). Née en 1906 et décédée en 1992, cette informaticienne américaine a fait partie de la marine américaine où elle s’est hissée au grade d’officière générale.

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a travaillé sur le Harvard Mark I, le premier grand calculateur numérique construit aux États-Unis. Le mathématicien John von Neumann est présenté comme celui qui a initié l’un des premiers programmes exécutés par la machine. Grace Hopper faisait pourtant partie de l’équipe des premiers programmateurs du Mark I.
    Grace Hopper (1984). // Source : Wikimedia/CC/James S. Davis (photo recadrée)
    Esther Lederberg et la génétique bactérienne

    Cette spécialiste de microbiologie était une pionnière de la génétique microbienne, une discipline croisant la microbiologie (l’étude des micro-organismes) et le génie génétique (l’ajout et la suppression de l’ADN dans un organisme). La génétique microbienne consiste à étudier les gènes des micro-organismes.

    Esther Lederberg est née en 1922 et décédée en 2006. Elle a découvert ce qu’on appelle le « phage lambda », un virus qui infecte notamment la bactérie E.coli. Le phage lambda est très étudié en biologie et il est utilisé pour permettre le clonage de l’ADN. Esther Lederberg l’a identifié en 1950. Elle collaborait régulièrement avec son mari Joshua Ledeberg : c’est lui qui a obtenu le prix Nobel de médecine en 1958, récompensant ces travaux sur la manière dont les bactéries échangent des gènes sans se reproduire.
    Esther Lederberg. // Source : Wikimedia/CC/Esther M. Zimmer Lederberg
    Jocelyn Bell et le pulsar

    En 1974, le prix Nobel de physique est remis à l’astronome britannique Antony Hewish. Pourtant, ce n’est pas lui qui a découvert le pulsar, un objet astronomique qui pourrait être une étoile à neutrons tournant sur elle-même. Antony Hewish était le directeur de thèse de Jocelyn Bell : il s’est contenté de construire le télescope nécessaire à ces observations. C’est bien l’astrophysicienne, née en 1943, qui a identifié la première le pulsar.

    En 2018, elle a finalement reçu le Prix de physique fondamentale. Elle a choisi d’utiliser les 3 millions de dollars qui lui ont été offerts pour encourager les étudiants sous-représentés dans le domaine de la physique.
    Jocelyn Bell (2015). // Source : Wikimedia/CC/Conor McCabe Photography (photo recadrée)
    Chien-Shiung Wu et la physique nucléaire

    Chien-Shiung Wu, née en 1912 et décédée en 1997, était une spécialiste de la physique nucléaire. En 1956, elle démontre par l’expérience la « non conservation de la parité dans les interactions faibles », au cours de ses travaux sur les interactions électromagnétiques. C’est une contribution importante à la physique des particules.

    Deux physiciens théoriciens chinois, Tsung-Dao Lee et Chen Ning Yang, avaient mené des travaux théoriques sur cette question. Tous deux ont reçu le prix Nobel de physique en 1957. Il faut attendre 1978 pour que la découverte expérimentale de Chien-Shiung Wu soit récompensée par l’obtention du prix Wolf de physique.
    Chien-Shiung Wu en 1963. // Source : Wikimedia/CC/Smithsonian Institution (photo recadrée)
    Rosalind Franklin et la structure de l’ADN

    La physico-chimiste Rosalind Franklin, née en 1920 et décédée en 1958, a joué un rôle important dans la découverte de la structure de l’ADN, notamment sa structure à double hélice. Grâce à la diffraction des rayons X, elle prend des clichés d’ADN qui permettent de faire cette découverte. Elle présente ses résultats en 1951 au King’s College.

    Un certain James Dewey Watson assiste à cette présentation. Ce généticien et biochimiste informe le biologiste Francis Crick de la découverte de Rosalind Franklin. En utilisant les photos de la physico-chimiste, ils publient ce qui semble être leur découverte de la structure de l’ADN. En 1953, ils publient ces travaux dans la revue Nature. Ils obtiennent un prix Nobel en 1962, sans mentionner le travail pionnier de Rosalind Franklin.
    Rosalind Franklin. // Source : Flickr/CC/retusj (photo recadrée)
    Lise Meitner et la fission nucléaire

    Nommée trois fois pour recevoir un prix Nobel, cette physicienne autrichienne n’a jamais reçu la précieuse distinction. C’est pourtant une collaboration entre Elise Meitner et Otto Frisch, son neveu, qui permis d’apporter la première explication théorique de la fusion, en 1939.

    La scientifique, née en 1878 et décédée en 1968, n’a jamais reçu du comité remettant la distinction la même estime que celle que lui portaient ses collègues. En 1944, le prix Nobel de chimie fut donné à Otto Hahn, chimiste considéré à tort comme le découvreur de la fission nucléaire.
    Lise Meitner (1906). // Source : Wikimedia/CC (photo recadrée)
    Katherine Johnson et la navigation astronomique

    L’action déterminante de Katherine Johnson dans les programmes aéronautiques et spatiaux de la Nasa a fait l’objet d’un film, Les Figures de l’ombre. Née en 1918, cette physicienne et mathématicienne a calculé de nombreuses trajectoires et travaillé sur les fenêtres de lancement de nombreuses missions. Véritable « calculatrice humaine », elle a vérifié à la main des trajectoires de la mission Mercury-Atlas 6, qui a envoyé un homme en orbite autour de la Terre.

    En 1969, elle calcule des trajectoires essentielles lors de la mission Apollo 11. C’est à cette occasion que des humains — des hommes — se sont posés pour la première fois sur la Lune. En 2015, elle est récompensée et reçoit la médaille présidentielle de la Liberté.
    Katherine Johnson en 1966. // Source : Wikimedia/CC/Nasa (photo recadrée)

    #femmes #historicisation #effet_Matilda #sexisme #discrimination #invisibilisation #science

  • Pourquoi Donna Strickland n’était pas sur Wikipédia avant d’avoir son Nobel de physique

    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/10/03/pourquoi-donna-strickland-n-etait-pas-sur-wikipedia-avant-d-avoir-son-nobel-

    Lorsque #Donna_Strickland a obtenu le prix #Nobel de physique mardi 2 octobre, collectivement avec deux autres scientifiques, pour ses travaux sur les lasers, la chercheuse canadienne n’avait pas de page #Wikipédia, contrairement à ses deux confrères. Pourtant, au mois de mai, un brouillon de page à son nom avait été soumis pour création – avant d’être rejeté par un éditeur de l’encyclopédie en ligne.

    Ce rejet a, depuis mardi, valu de nombreuses critiques à l’encyclopédie, sur laquelle les scientifiques femmes sont nettement moins bien représentées que leurs homologues masculins. Plus de 80 % des notices biographiques du site sont en effet consacrées à des hommes, et la disproportion est encore plus importante pour les scientifiques.

    #Jimmy_Wales, le fondateur de Wikipédia, a réagi à la polémique, soulignant qu’il s’agissait d’un sujet « important ». « C’est l’une des choses qui doit changer sur Wikipédia », a-t-il déclaré dans un message publié sur Twitter.

    [...]

    L’encyclopédie a-t-elle failli ou non dans ce dossier ? « Journalistes, si vous vous apprêtez à reprocher à Wikipédia sa couverture des femmes, commencez par balayer devant votre porte », s’est agacée #Katherine_Muahahar, directrice de la fondation Wikimédia, consacrée à promouvoir l’encyclopédie. « Nous sommes un miroir des discriminations du monde, nous n’en sommes pas la source. Nous ne pouvons pas écrire d’articles sur ce que vous ne couvrez pas. »

    Elle a également égratigné le monde de la recherche : « Quand vous ne reconnaissez pas, n’écrivez pas, ne publiez pas ou ne favorisez pas les femmes, les queers, les personnes de couleur et les autres, vous les effacez, eux et leurs contributions. »

    La faute est-elle du côté de Wikipédia, des médias, de la recherche ? « Nous vivons dans un monde où une femme a remporté un prix Nobel sans même avoir été promue professeure, et vous vous demandez pourquoi les femmes quittent le monde universitaire », déplore ainsi une jeune chercheuse sur Twitter. « Entre son statut et la débâcle de la page Wikipédia, ce qui est sûr, c’est que son travail n’est (ou du moins, n’était) pas considéré comme il aurait dû. Ce qui semble récurrent chez les femmes dans le monde universitaire. »

    #page_à_supprimer

  • L’effet Matilda, ou les découvertes oubliées des femmes scientifiques
    https://www.franceculture.fr/sciences/leffet-matilda-ou-les-decouvertes-oubliees-des-femmes-scientifiques

    Nombreuses sont les #femmes qui se voient évincées des remises de #prix, quand il ne s’agit pas carrément d’un prix #Nobel. De la physicienne #Lise_Meitner à la biologiste #Rosalind_Franklin en passant par l’astronome #Jocelyn_Bell, beaucoup de ces #scientifiques n’ont accédé à la #reconnaissance qui leur était due que des années après leurs #découvertes. La minimisation, quand il ne s’agit pas de déni, de la contribution des femmes scientifiques à la recherche n’est pas un phénomène nouveau : l’historienne des #sciences #Margaret_Rossiter l’a théorisé sous le nom d’#effet_Matilda.

  • L’effet Matilda ou le fait de zapper les découvertes des femmes scientifiques
    https://www.nouvelobs.com/rue89/notre-epoque/20180323.OBS4076/l-effet-matilda-ou-le-fait-de-zapper-les-decouvertes-des-femmes-scientifi

    Un jeune stagiaire du CNRS travaillant dans le même service, Jérôme Lejeune, comprend l’importance de la découverte. Il propose à Marthe Gautier de photographier ses lames d’observation microscopique de chromosomes et part dans un congrès à Montréal présenter les résultats... en s’attribuant seul leur paternité.

    L’année d’après, en 1959, paraît un article dans la presse scientifique pour annoncer la découverte. Le nom de Marthe Gautier n’apparaît pas en premier, la position habituellement réservée aux chercheurs ayant mené les expériences. A la place, celui de Jérôme Lejeune, puis celui de la scientifique, mal orthographié et faussé ("Marie Gauthier"), et enfin du professeur Turpin, chef responsable de l’hypothèse de départ.

    « Jeune femme dans un monde masculin, simple fille de paysans », Marthe Gautier ne se bat pas tout de suite pour rétablir la vérité. Elle retourne à ses recherches et se consacre à la cardiopédiatrie.
    « Découvreuse oubliée »

    Jérôme Lejeune, lui, remporte le prix Kennedy pour « sa » découverte sur la trisomie 21. Ouvertement anti-avortement, le professeur de médecine s’est vivement opposé par la suite au dépistage de la maladie in utéro, pour empêcher les IVG.

    #effet_matilda #sexisme #misogynie #catholicisme #anti-IVG #trisomie #invisibilisation #femmes #historicisation

  • La discrimination de genre existe aussi en science - Communiqués et dossiers de presse - CNRS
    http://www2.cnrs.fr/presse/communique/4955.htm

    Les #discriminations de #genre sont un phénomène bien connu. La recherche scientifique n’est pas épargnée par ces questions, notamment la publication académique, une des pierres angulaires du travail #scientifique. Afin d’être validé, tout article doit être approuvé par des chercheurs indépendants. Ceux-ci sont évidemment censés être sélectionnés en fonction de leurs compétences et non pas de leur sexe. Or une équipe internationale s’est penchée sur la question du genre de ces examinateurs. Les résultats sont étonnants : les femmes scientifiques, déjà minoritaires dans leur domaine, sont sous sélectionnées pour la révision de papiers. En cause, la tendance naturelle et inconsciente qu’ont les éditeurs, majoritairement masculins, à sélectionner quelqu’un de leur sexe.

    http://www2.cnrs.fr/sites/communique/fichier/cp_discriminationgenre_cnrs_vf_web.pdf

  • Minority Groups Lose When They Collaborate with Power - Facts So Romantic
    http://nautil.us/blog/minority-groups-lose-when-they-collaborate-with-power

    Cailin O’Connor—a philosopher, scientist, and mathematician—may not enjoy tense situations, but they fascinate her. Last year, in a Huffington Post article titled “Game Theory and The Walking Dead,” she wrote that the zombie show’s “plot lines are rich with strategic tension.” She goes on to analyze three of what she calls “the most strategically compelling scenes,” and seems to relish in the fact that the characters—since they so often die—aren’t great game theorists. (Game theory, as she sometimes has to remind her students at the University of California, Irvine, isn’t really about games, but about predicting rational behavior.) Recently, she’s brought this sort of scrutiny on the behavior of her fellow academics. In a recent paper, she analyzes how they strategically cooperate and bargain at a (...)

    • #théorie_des_jeux #minorités #recherche #femmes #effacement #effet_matilda #invisibilisation_des_femmes #historicisation #femmes #domination_masculine #discrimination #sexisme

      (…) “The Role of Gender in Scholarly Authorship,” where they looked across academic collaboration and showed that in a lot of disciplines women tend not to have the most prestigious author positions. They tend not to be first and last author, which requires some explaining.

      There’s another set of empirical results showing that in a number of disciplines, women and sometimes people of color tend to collaborate less often, are less likely to be on collaborative papers, and when they do collaborate, are more likely to collaborate with their in-group. Women are more likely to collaborate with other women.

      Part of the question I wanted to ask is, “Is there some norm developing where women are getting less and less credit, or possibly doing more work on academic papers, and is that maybe dis-incentivizing them from collaborating?”

    • In our model, resources translate directly into power again. In a new scenario, as norms of bargaining emerge, they’re going to get more and more resources. It’s not just that inequity emerges easily, it’s that once it’s there, it’s self-perpetuating. You see social dynamical factors kind of pushing to more and more inequity. That’s another aspect of this. We can’t just fix it, and then it’s over. But, rather, whenever we have social groups, inequity emerges, and then it can perpetuate itself and get worse.

      Dr. Kiki Sanford holds a Ph.D. in Molecular, Cellular and Integrative Physiology from U.C. Davis, and is a specialist in learning and memory. She is also the founder and host of the radio show This Week in Science.

    • Hé oui les #femmes victimes de l’effet Matilda sont en plus absentifiées de la liste #wikipedia de victimes de la loi de Stigler ! Il faut cliquer sur « Effet Matthieu » dans les « articles connexes », puis sur « Effet Matilda, mécanisme lié inverse concernant les femmes scientifiques » (un libellé d’une grande clarté). J’ajoute un lien direct.

    • j’avais fait ce chemin pour arriver sur l’effet « lié inverse concernant les femmes » (pas que scientifiques)
      Ca m’a permis de trouver la citation de Christine Rochefort sur l’effet Mathieu

      Christiane Rochefort, dans Le Monde est comme deux chevaux, en donne une version paradoxale en disant : « Si tu as un bâton, on te donnera un bâton ; si tu n’as pas de bâton, on te le prendra ».

      Merci pour la modif sur #wikipédia @fil
      #historicisation #invisibilisation_des_femmes #effet_Matilda

      Sur l’effet Matilda il y a des exemples par ici :
      https://cedref.revues.org/503
      Le texte mentionne même l’invisibilité des femmes de l’effet Matthieu

      Mais si Robert K. Merton pouvait, en 1968, faire sourire en attirant l’attention sur la non-équité (entendez l’injustice) du système de reconnaissance de ceux qui étaient déjà connus, et donner un nom à l’« Effet Matthieu » en se fondant sur des anecdotes, Cole a éprouvé les plus grandes difficultés lorsqu’il a tenté de prouver – parfois à trois décimales près – que le même système était juste pour les femmes en science. Il prétendait que, puisque les PhD écrits par des femmes en 1957 étaient bien moins publiés et bien moins souvent cités que ceux des hommes du même domaine soutenus la même année, elles méritaient donc leur statut et leur rang uniformément moins élevés à l’université.

      ....

      Pour rendre hommage à Robert K. Merton, on aurait aussi pu l’appeler « Effet Harriet », en l’honneur de sa collaboratrice invisible Harriet Zuckerman, qui a réalisé l’essentiel du travail sur lequel est fondé l’« effet Matthieu » et aurait dû être en reconnue comme co-auteure (ce qu’il a lui-même admis depuis).

      Liste de cas de l’effet Matilda
      https://en.wikipedia.org/wiki/Matilda_effect

  • Wikipédia : où sont les femmes ? - Le Point
    http://www.lepoint.fr/culture/wikipedia-ou-sont-les-femmes-14-12-2016-2090265_3.php#xtmc=wikipedia-femmes&

    Le bruit court que les femmes ont été effacées de l’histoire. La preuve par l’exemple : si nul n’ignore les travaux de l’ingénieur Thomas Edison, combien se souviennent de ceux, révolutionnaires, de sa brillante contemporaine, l’inventrice américaine Margaret E. Knight, décorée en son temps par la reine Victoria ? À l’origine de la machine à fabriquer les célèbres sacs en papier à fond plat, « la première femme à avoir breveté aux États-Unis » n’a que douze ans lorsqu’elle conçoit le prototype qui la fera connaître : un mécanisme de sécurité adapté aux équipements dans l’industrie textile. Au total, la savante déposera 87 certificats.

    Pour autant, l’auteur de sa nécrologie l’affublera, en 1914, d’un sobriquet bien réducteur : « Madame Edison ». Plus d’un siècle plus tard, la version anglaise de sa page Wikipédia comporte 500 mots quand celle de son équivalent masculin et père du phonographe en comprend 8 500. « Bien sûr, le perfectionnement de l’ampoule électrique d’Edison lui garantit de bonnes critiques, et son héritage mérite un long portrait. Mais son profil contient aussi des détails sur son enfance, son régime alimentaire et son rapport au religieux », relève une journaliste du Guardian dans un article intitulé « Mais où sont passées les femmes, Wikipédia ? ».

    Le quotidien britannique s’inspire de cette différence de traitement pour illustrer un chiffre alarmant dévoilé par la BBC le 7 décembre dernier : moins de 17 % des biographies de l’encyclopédie en ligne concernent des figures féminines. Rien d’étonnant si l’on considère que les femmes représentent à peine 15 % des contributeurs bénévoles de cette inépuisable source d’informations en accès libre. Un phénomène en partie expliqué par le harcèlement latent et autres commentaires misogynes dont sont victimes certaines rédactrices.

    Alors que Wikipédia serait aujourd’hui le cinquième site internet le plus fréquenté dans le monde, le Guardian pointe un problème de taille posé par des représentations des hommes et des femmes aussi disparates. À en croire une étude de 2011, 53 % des internautes américains puisent en priorité leurs connaissances sur Wikipédia. La même enquête indique que près de 70 % des étudiants ont développé cet automatisme au pays de l’Oncle Sam. « Un tel fossé pourrait avoir de vraies répercussions sur des projets de carrière chez les jeunes ou sur le choix des personnes invitées à s’exprimer lors de conférences ou de grands événements », redoute à juste titre le journal anglais.

    #wikipédia #sexisme #historicisation #invisibilisation_des_femmes #discrimination #domination_masculine #effet_Matilda

  • Faire disparaître les femmes puissantes | Page Seauton | Audrey Alwett
    http://www.audreyalwett.com/faire-disparaitre-les-femmes-puissantes/#more-548

    Au contraire des hommes, les femmes après cinquante ans sont malvenues. Quel meilleur moyen de transmettre cette injonction que d’enrôler au théâtre, au cinéma, à la télé, uniquement des actrices incarnant la jeunesse ? Pour faire disparaître les femmes puissantes, il faut effacer leurs visages. Par rebond, une fois les modèles disparus, la relève se gardera d’apparaître. Quand les actrices de cinquante ans et plus disparaissent, c’est le syndrome d’un mal plus vaste qui doit nous alerter.

    Faire disparaître les femmes de plus de cinquante ans à l’échelle d’une société, c’est se priver de personnes de valeur, des talents les plus affinés et des intellectuelles les plus aguerries. C’est tout un pan de culture qui n’apparaitra pas, qui aurait pourtant rendu notre société plus riche, plus flamboyante, plus puissante.
    judith-gautier

    Avez-vous déjà entendu parler de Judith Gautier, célèbre écrivaine, plus grande orientaliste de son temps et première femme ayant siégé à l’Académie Goncourt ?

    Faire disparaître les femmes de la culture et donc des mentalités, c’est un combat qui a plusieurs siècles. S’il a été mené avec rage par le clergé entre le XIVe et le XVIIe siècle sous le nom de « Querelle des femmes », voilà belle lurette que les femmes l’ont perdu, et elles n’ont toujours pas fini de payer leur tribut aux vainqueurs de l’Histoire. L’Académie Française a largement apporté sa pierre à l’édifice quand elle a supprimé de son dictionnaire, sur lequel elle travaillait pourtant mollement, les mots autrice, écrivaine, poétesse, philosophesse, peintresse… Diderot et Bescherelle ont aussi contribué à cette oppression avec énergie, en effaçant autant qu’ils l’ont pu ces femmes célèbres des encyclopédies et dictionnaires. Ainsi, les femmes ont-elles vu leurs modèles rayés de l’Histoire. Pour l’identification, ça compliquait les choses. Aujourd’hui, elles ont ont reconquis du terrain, mais il reste des obstacles.

    #femmes #historicisation #domination_masculine #discrimination #invisibilisation_des_femmes #male_gaze #misogynie #effet_Matilda

  • « Le comédien Paul Guers et sa femme retrouvés morts à leur domicile »
    http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2016/11/30/le-comedien-paul-guers-et-sa-femme-retrouves-morts-a-leur-domicile_5041070_3

    Selon les premiers éléments de l’enquête, l’acteur serait mort il y a plus d’une semaine. La gendarmerie s’oriente vers un décès naturel, suivi du suicide de son épouse .

    L’ancien secrétaire de la Comédie-Française Paul Guers a été retrouvé mort, lundi 28 novembre, à son domicile de Montsoreau (Maine-et-Loire), près de Saumur, au côté de son épouse écrivaine , a indiqué la gendarmerie.

    Selon les premiers éléments de l’enquête, Paul Guers, 88 ans, serait mort entre le 16 et le 19 novembre, tandis que son épouse Marie-Josèphe, âgée de 66 ans, serait morte après lui . « Il souffrait d’un cancer et devait subir un traitement lourd », a précisé la gendarmerie, qui s’oriente vers l’hypothèse d’un décès naturel de l’acteur, suivi du suicide de sa compagne .

    Paul Guers, de son vrai nom Paul Dutron, est né à Tours en 1927. Pensionnaire de la Comédie-Française de 1953 à 1956, il débute sa carrière au théâtre, notamment dans des pièces mises en scène par Jean-Louis Barrault. C’est le film La Tour de Nesle, réalisé par Abel Gance, qui le fait connaître du grand public en 1955.
    Un homme de théâtre

    Il donnera notamment la réplique à Danielle Darrieux, Bernard Blier et Lino Ventura dans Marie-Octobre de Julien Duvivier, en 1959, puis à Marie Laforêt dans La Fille aux yeux d’or, en 1961. Lorsque sa carrière cinématographique décline au début des années 1970, il se consacre davantage au théâtre et à la télévision.

    Au théâtre, il a joué dans La Chatte sur un toit brûlant, une pièce mise en scène par Peter Brook en 1956, dans Requiem pour une nonne, mis en scène par Albert Camus en 1961, ainsi que dans de nombreuses tragédies classiques.

    Paul Guers a joué dans une trentaine de films, une trentaine de pièces de théâtre et tourné dans une quinzaine de feuilletons télévisés.

    Sur Marie-Josèphe, son épouse, sa compagne écrivaine on ne dira rien. Sa mémoire n’est pas digne d’interet. Elle n’est qu’une « femme de »

    Pour une fois même les commentaires sur l’e-monde.fr ont remarqué l’énormité de la chose.

    Créatrice du Grand Prix Littéraire de St Emilion Pomerol Fronsac, agrégée des Lettres et Docteur d’Etat ès-lettres, Marie-Josèphe Guers est un écrivain reconnu. Depuis la parution de « La Femme inachevée » (Actes Sud 1987) jusqu’à « Tu te souviens » (Editions du Rocher 2006), elle a publié sept romans et la première biographie de Claudel, tous couronnés de prix prestigieux (Académie française, prix du premier roman, Roland Dorgelès, fondation Charles Oulmont, Société des gens Lettres, prix des lectrices de Elle etc). Editrice, chez Robert Laffont elle a créé et dirigé diverses collections dont « elle était une fois » qui a publié Françoise Giroud, Françoise Sagan etc, chez Hachette elle a créé et dirigé une collection pour enfants « Bestioles ». Créatrice du « Festival des châteaux » pour le théâtre elle écrit elle-même des pièces dont « Alice et la maison des merveilles » créé en 2004. Peintre elle a exposé en France, à Paris et en province, et à l’étranger (Londres, Bruxelles, Namur, Mexico) et crée chaque année les cartes et affiches originales du Grand Prix littéraire. Avec son mari le comédien Paul Guers, elle s’est installée à Saint-Emilion, tout en continuant à vivre à temps partiel à Paris elle consacre plusieurs semaines par an à des voyages autour du monde, sources d’inspiration de certains de ses romans.

    http://www.babelio.com/auteur/Marie-Josephe-Guers/92918

    #invisibilisation_des_femmes #femmes #historicisation #femme_de #effet_Matilda

    on en parle ici aussi :
    https://seenthis.net/messages/546482

  • Ces #femmes oubliées des #Nobel
    http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/10/09/ces-femmes-oubliees-des-nobel_4786195_4355770.html

    S’il y a donc de plus en plus de femmes distinguées par un prix, les heureuses élues le sont le plus souvent dans des catégories « non scientifiques » (littérature et paix), souvent perçues comme moins prestigieuses que les sciences « dures », ou économiques.

    Les statistiques de l’institut suédois montrent que les femmes ont obtenu 30 prix « littérature » et « paix » sur les 49 prix collectionnés au total par la gente féminine. Il faut dire que le monde de la science n’est pas exempt de clichés sexistes.

    ...

    La minimisation des contributions des femmes dans les sciences a d’ailleurs été théorisée : c’est l’« #effet_Matilda », nom donné par une historienne des sciences américaine, Margaret W. Rossiter, au déni et à la minimisation, systématique selon elle, des contributions des femmes à la recheche.

    Au fait, c’est quoi, “l’effet Matilda” ?

    A la suite de Merton, l’historienne des sciences Margaret Rossiter s’intéresse, au début des années 1990, au sort tout particulier des femmes dans la mémoire scientifique.

    Battant en brèche l’idée un peu simpliste selon laquelle le faible niveau d’éducation des filles dans la population globale aurait interdit l’émergence de grandes mathématiciennes, physiciennes ou biologistes au cours des siècles, Rossiter déniche les travaux d’une foule de femmes scientifiques dont certains remontent au Moyen Âge (tels ceux de la professeure de médecine italienne Trotula de Salerne, entre autres exemples cités par elle).

    Elle note dans le même temps que “l’effet Matthieu” de Merton est démultiplié quand il s’agit de considérer l’apport des femmes aux sciences. Elle convertit alors le concept “d’effet Matthieu” en “effet Matilda”.

    http://www.eveleblog.com/approfondir/au-fait-cest-quoi-leffet-matilda
    #sexisme