• Sahara occidental : les réfugiés sahraouis affluent dans les camps de Tindouf, en Algérie
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    Sahara occidental : les réfugiés sahraouis affluent dans les camps de Tindouf, en Algérie
    Par Driss Rejichi (Tindouf, Algérie, envoyé spécial)
    Depuis trois ans, un village de tentes a poussé aux abords d’Aousserd, l’un des principaux camps de réfugiés sahraouis qui enserrent la ville de Tindouf, en Algérie. Des toiles plantées en plein désert, loin des habitations en dur aux toits de tôle, des réservoirs d’eau et des petits climatiseurs, dont sont désormais équipés certains foyers.
    « Sans revenus, on n’a pas les moyens de construire une maison », explique Béchir Mahmoud, un berger de 65 ans, qui partage une tente avec sa femme et ses enfants sans accès à l’eau courante ou à l’électricité. Comme lui, ils sont plusieurs milliers à avoir rejoint les environs de Tindouf depuis 2020, poussés par la reprise des combats entre l’armée marocaine et les indépendantistes du Front Polisario.
    Soutenue par l’Algérie, l’organisation lutte depuis 1973 pour la « libération » du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole figurant sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU. Tête de pont de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) proclamée en 1976, le Front Polisario a combattu les armées mauritanienne et marocaine entre 1975 et 1991, date de la signature d’un cessez-le-feu avec Rabat.
    Mais les victoires diplomatiques obtenues par le royaume chérifien ces dernières années – reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental – et la rupture du cessez-le-feu le 13 novembre 2020 ont mis fin au statu quo qui avait gelé le conflit pendant trente ans de part et d’autre du « mur des sables » érigé par le Maroc sur 2 700 kilomètres pour séparer la partie du territoire qu’il contrôle (80 %) des marches méridionale et orientale (20 %), où s’exerce de facto la tutelle de la RASD.
    Une guerre de faible intensité s’est rouverte, dans laquelle les drones, utilisés par le Maroc pour des missions de reconnaissance ou des frappes, tiennent désormais une place centrale. Pour les Sahraouis qui nomadisaient à travers les « terres libérées » – la partie du Sahara occidental sous contrôle du Front Polisario –, les camps des environs de Tindouf sont devenus un point d’ancrage. Selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), la région accueille plus de 173 000 personnes réparties entre six camps, dont les noms reprennent ceux des principales villes du Sahara occidental.
    Béchir Mahmoud, lui, est arrivé en 2021 après qu’« une bombe » est tombée sur le village de Bir Tiguisit, où il faisait paître son troupeau, près de la frontière avec la Mauritanie. « Tous mes moutons ont été tués, d’un coup », se souvient le vieil homme, qui a rejoint Tindouf avec sa famille, grâce à une caravane de marchands mauritaniens.
    Dans les camps, plusieurs réfugiés évoquent ces bombardements visant des troupeaux et parfois, aussi, des civils. Comme cette femme en larmes, qui raconte avoir perdu son fils, un orpailleur de 22 ans, tué alors qu’il se rendait avec six amis dans la région de Gleibat El Foula, sous contrôle marocain, pour prospecter un filon, en novembre 2021.
    « Quand j’ai appris qu’il était mort, j’ai perdu un morceau de mon cœur, articule-t-elle péniblement. On a seulement retrouvé les corps de mon fils et d’un de ses amis, mais les sept ont été tués. » Tous les Sahraouis interrogés attribuent ces tirs à des drones.
    « Environ 26 000 soldats sahraouis mobilisables »« Nous sommes informés des signalements de frappes à l’est du mur [des sables] et documentons tous les incidents auxquels nous pouvons avoir accès », assure un représentant de la Mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso). Dans son dernier rapport au Conseil de sécurité, la mission note que « la majorité des frappes qui ont fait l’objet d’investigations ont causé des pertes humaines et des dommages matériels ». Fin 2024, le Front Polisario recensait pour sa part 120 décès liés aux aéronefs utilisés par les forces marocaines depuis la rupture du cessez-le-feu.
    Selon l’Institut international d’études stratégiques, l’armée marocaine a acquis, entre 2019 et 2024, des drones de combat chinois Wing Loong II et turcs Bayraktar TB2, ainsi que des appareils de reconnaissance israéliens. « Ces armes électroniques ont complètement perturbé le champ de bataille », reconnaît Cheikh Mahmoud, directeur du bureau de la coordination militaire d’Aousserd. Ce vétéran, qui a pris les armes dans les années 1970, explique que « désormais les drones sont sur le front en permanence, de jour comme de nuit ». « On apprend à nos soldats à les repérer, à suivre les bons itinéraires pour éviter les frappes », ajoute-t-il.
    Dans les camps de Tindouf, les seules défenses visibles sont les ZU-23, un vieux modèle de DCA soviétique. Les Land Rover des combattants du Front Polisario qui reviennent des « territoires libérés » sont couverts de savon et de sable pour ne pas être repérés, et seuls quelques civils prennent encore le risque de s’aventurer dans cette zone en passant par la Mauritanie.« Tout l’équipement des Sahraouis est hérité de la période de la guerre, des armes venues d’Algérie, de Libye et de Cuba », rappelle le journaliste algérien Akram Kharief, spécialiste des questions de défense. Il estime les forces du Front Polisario à « environ 26 000 soldats mobilisables », contre 100 000 militaires marocains gardant le « mur des sables ».
    Mais Rabat ne domine pas seulement le terrain militaire. En 2020, quelques jours avant la fin du premier mandat du président américain Donald Trump, le royaume est parvenu – en échange de son engagement à renouer avec Israël – à faire reconnaître sa souveraineté sur le Sahara occidental par Washington. Madrid a suivi en 2022, puis Paris en 2024.Lors de la visite du président Emmanuel Macron au Maroc, en octobre 2024, d’importants investissements dans la région ont été annoncés. Depuis, les personnalités politiques françaises se pressent à Dakhla et Laâyoune, les principales villes sahraouies, comme la ministre de la culture, Rachida Dati, et le président du Sénat, Gérard Larcher, en février.Dans les camps de réfugiés, cet alignement franco-marocain laisse indifférent. « On n’est pas surpris, surtout pas par la France, qui soutient le Maroc depuis 1975 », explique Salah Zoubir, un trentenaire installé dans le camp de Rabouni et qui a grandi avec sa mère à Laâyoune, en « territoire occupé ».
    A Tindouf, dit-il, tous les réfugiés gardent en mémoire les bombardements français de 1977-1978 contre le Front Polisario : l’opération « Lamantin », lancée par Paris en soutien à l’armée mauritanienne pour obtenir la libération de six otages français capturés par des combattants sahraouis à Zouerate quelques mois plus tôt.Lorsqu’il vivait de l’autre côté du « mur des sables », Salah Zoubir explique avoir « été arrêté plus d’une fois » à cause de sa participation à des manifestations « contre l’occupation ». L’installation de familles marocaines dans le territoire est perçue comme une menace existentielle pour les indépendantistes, parce qu’elle risque de changer la donne en cas de référendum sur le statut du Sahara occidental. Une consultation prévue par le cessez-le-feu de 1991, mais qui n’a jamais pu se tenir faute de listes électorales abouties.
    « La définition des critères pour déterminer qui pourrait participer à un référendum supervisé par l’ONU a toujours été l’un des principaux points de blocage dans les négociations entre le Polisario et le Maroc », rappelle Hugh Lovatt, membre du Conseil européen pour les relations internationales, un cercle de réflexion. « Le Maroc pousse sa population à s’installer au Sahara depuis 1975, y compris en utilisant des incitations économiques », ajoute le chercheur, estimant que, « sur les 500 000 personnes vivant aujourd’hui au Sahara occidental, seulement un tiers est sahraoui ».
    Très attaché à la cause indépendantiste, Salah Zoubir reconnaît que nombre de Sahraouis restés dans les « territoires occupés » se sont accommodés de la présence marocaine, participant à la vie économique et politique de la région. A Tindouf, les réfugiés admettent que l’oubli dans lequel leur cause a sombré nourrit une inquiétude croissante. « Qui va nous aider à nous libérer ? A part l’Algérie, nous n’avons plus d’allié », déplore Béchir Mahmoud, qui redoute de devoir « terminer sa vie ici », dans les camps. Pas question, pour autant, d’accepter une intégration du Sahara sous souveraineté marocaine. S’il le faut, « on finira cette guerre seuls », lâche le vétéran.

    #Covid-19#migrant#migration#saharaoccidental#maroc#algerie#france#mauritanie#refugie#camp#sante#sahraoui

  • Les armes chimiques utilisées par la France pendant la guerre d’Algérie : une histoire occultée

    Le récent film documentaire de Claire Billet Algérie, sections armes spéciales, disponible sur la plateforme France TV, vient jeter une lumière crue sur l’utilisation massive de gaz asphyxiants par la France durant la guerre d’Algérie – des faits largement méconnus qui, du fait de l’amnistie générale incorporée dans les accords d’Évian, ne peuvent être jugés. L’historien Christophe Lafaye, dont les travaux se trouvent à l’origine du documentaire, revient ici en détail sur ces années de guerre chimique.

    https://theconversation.com/les-armes-chimiques-utilisees-par-la-france-pendant-la-guerre-dalge

    #france #algerie #clonisation

  • L’#Italie annonce une enveloppe de 20 millions d’euros pour financer des « #retours_volontaires » depuis la #Tunisie, la #Libye et l’#Algérie

    Rome a annoncé mercredi un programme de 20 millions d’euros pour aider 3 300 migrants en situation irrégulière en Tunisie, Libye et Algérie à rentrer chez eux. Ces « retours volontaires » organisés par l’Organisation internationale des migrations (OIM) « s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à lutter contre l’immigration illégale », s’est félicité le ministre italien de l’Intérieur, #Matteo_Piantedosi.

    L’Italie a annoncé, mercredi 2 avril, le versement d’une #allocation de 20 millions d’euros pour financer le retour volontaire vers leurs pays d’origine des migrants en situation irrégulière présents en Tunisie, en Libye et en Algérie, a indiqué le ministère italien des Affaires étrangères dans un communiqué.

    Une enveloppe qui a également ravi le ministre de l’Intérieur italien Matteo Piantedosi. « Aujourd’hui, j’ai participé [...] à la Commission mixte de coopération au développement […] au cours de laquelle a été approuvé le programme de rapatriement volontaire assisté de 3 300 migrants d’Algérie, de Tunisie et de Libye vers leurs pays d’origine », peut-on lire sur son compte X.

    Ces 3 300 retours volontaires seront chapeautés et mis en œuvre par l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM).

    « Cette initiative, en collaboration avec l’OIM, s’inscrit dans une stratégie plus large visant à lutter contre l’immigration illégale et à renforcer la coopération et le développement dans les pays d’origine des migrants », a encore écrit Matteo Piantedosi.

    Ce n’est pas la première fois que l’Italie soutient des programmes de lutte contre l’immigration clandestine en Afrique du Nord. En 2024, Giorgia Meloni, la cheffe du gouvernement, s’était déjà déplacée plusieurs fois en Tunisie pour encourager les « retours volontaires » et ainsi enrayer les traversées de la Méditerranée vers les côtes italiennes.

    La situation délétère en Tunisie pousse depuis plusieurs mois les migrants à fuir le pays par n’importe quel moyen. Beaucoup envisagent de traverser la Méditerranée pour rejoindre au plus vite - et quels que soient les risques - l’île italienne de Lampedusa. Depuis le discours anti-migrants du président Kaïs Saïed en février 2023 accusant les exilés d’être la source de violences et de crimes, ces derniers sont harcelés par la population et les autorités.

    Conséquence de cette violence : les retours ont explosé. Sur l’ensemble de l’année 2024, l’OIM a accompagné 7 250 migrants subsahariens vivant en Tunisie à rentrer « volontairement » dans leur pays, avait indiqué fin janvier le secrétaire d’État tunisien auprès du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ben Ayed. C’est quasiment trois fois plus qu’en 2023, où ils étaient 2 557 à rentrer depuis la Tunisie vers leur pays d’origine, et 1 614 migrants en 2022.

    La Tunisie a toutefois redemandé la semaine dernière à l’OIM - et aux différentes ONG présentes dans le pays - de faire davantage : « seulement » 1 500 personnes ont été rapatriées depuis le début de l’année, a déclaré la présidence dans un communiqué le 27 mars.

    Les difficultés liées aux rapatriements

    L’OIM promeut aussi son programme de retours volontaires dans de nombreux pays africains, comme au Niger, au Maroc ou encore en Libye où des milliers d’exilés subissent toujours de graves exactions dans les prisons officielles ou officieuses du pays... Sur l’ensemble de l’année 2024, l’OIM a pu rapatrier 16 207 migrants coincés en Libye. C’est plus qu’en 2023 où seuls 9 300 migrants avaient quitté le pays via l’agence onusienne.

    Mais ces retours dans les pays d’origine sont loin d’être évidents à mettre en œuvre. De manière générale, l’OIM est tributaire des processus imposés par les États d’origine pour délivrer les #laissez-passer. Il faut, en effet, obtenir leur feu vert avant de renvoyer les migrants. En attendant ces accords, les migrants peuvent attendre leur rapatriement pendant des mois voire des années.

    Au Niger, par exemple, les retards s’accumulent et les migrants perdent parfois patience. « Il y a des raisons pour lesquelles les retours ne peuvent pas avoir lieu dans un court délai […] Les raisons peuvent inclure la situation politique dans le pays d’origine, les délais pour obtenir les documents de voyage pour ceux qui n’en ont pas, la logistique liée à l’organisation des vols […] », expliquait déjà en 2022 l’OIM à InfoMigrants.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/63771/litalie-annonce-une-enveloppe-de-20-millions-deuros-pour-financer-des-
    #externalisation #asile #migrations #réfugiés #renvois #expulsions #IOM #aide_financière #rapatriements #déportations #retour_volontaire

    • En Tunisie, « le retour volontaire », nouvelle voie pour de nombreux migrants

      Face au verrouillage de la route maritime vers l’île italienne de Lampedusa, l’Organisation internationale pour les migrations propose aux volontaires de financer leurs retours vers leurs pays respectifs.

      Cette fois, c’est fini. « Le voyage est cassé », lâchent-ils. L’esprit est vide, les poches aussi. Pour ces Sénéglais, Ivoiriens ou Sierra-Léonais, les plages non loin d’El Amra, près de la ville de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie, est devenu le terminus de leur « aventure ». L’Europe, leur ultime désir, reste encore une chimère. Toujours Inaccessible.

      Pour eux, une autre voie se dessine, celle d’un retour au pays. Une idée jusqu’alors impensable qu’ils commencent à évoquer du bout du bout des lèvres. Que faire d’autre ? Rejoindre l’île italienne de Lampedusa à partir des plages de Chebba ou Salakta est devenu presque impossible. Depuis le 1er janvier, seuls 432 migrants y sont parvenus, à bord d’embarcations de fortune, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ils étaient plus de 18 000 sur la même période, il y a deux ans.

      Cette chute vertigineuse des traversées clandestines s’explique par l’accord signé à l’été 2023 entre la Tunisie et l’Union européenne (UE). Avec 260 millions d’euros d’aides afin de renforcer, entre autres, les garde-côtes tunisiens, la route maritime est désormais verrouillée. « On est coincés », déplore Fatoumata Camara, une Guinéenne de 27 ans, qui tente, en ce début de soirée, de réchauffer sur sa poitrine sa fille Maryam, née il y a trois mois.

      Elles vivent dehors dans une zone boisée quasi inhabitée à l’entrée de Sfax, adossées à un muret de pierres, avec une dizaine d’autres compatriotes. En regardant son bébé s’agiter – les nuits glaciales l’empêchent de dormir –, Mme Camara s’en prend à elle-même : « Pourquoi je suis partie ? Je n’ai plus rien au pays. Les tentatives de prendre la mer ont échoué. »

      « Il faut rentrer »

      Elle se tait. Une minute, puis deux. « J’ai dépensé des milliers d’euros. Avec cette somme, j’aurais pu faire des choses chez moi. Ce voyage n’en vaut pas la peine. On a perdu notre temps, il faut rentrer », martèle-t-elle. Pour cette coiffeuse qui a quitté Conakry, il y a presque deux ans, « cette politique de nous empêcher de partir a réussi. Ils [l’UE et l’Etat tunisien] ont gagné ».

      Assis chacun sur le couvercle rouillé d’une boîte de conserve, Hassan Traoré, 22 ans, et Omar Touré, 28 ans, l’écoutent dans un silence chargé de chagrin. Eux aussi veulent rentrer en Guinée. C’est bien plus qu’une envie : ils ont entamé les démarches auprès de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui propose aux migrants découragés par le blocage sécuritaire de financer leurs retours vers leurs pays respectifs.

      « OIM ». L’acronyme de cette agence rattachée aux Nations unies est dans de nombreuses bouches. Des taudis informels installés sur les champs d’oliviers près d’El Amra jusqu’à Tunis, les « voyageurs », comme ils se nomment, cherchent à rencontrer les employés de l’organisation.

      Au lendemain du démantèlement de l’immense camp du « kilomètre 30 », le 4 avril, certains ont accouru à son antenne de Sfax pour y déposer une demande de retour volontaire – qui comprend la prise en charge du billet d’avion, des nuitées dans un hôtel avant le départ et une aide médicale. Mais la tâche est ardue, notamment pour ceux qui vivent loin de la ville : les taxis sont chers et les louages (minibus) n’acceptent pas les « Noirs », disent certains.

      Intensifier le rythme

      « Rentrer au pays est une humiliation. Je n’irai pas au village, je ne veux pas qu’on se moque de moi, qu’on dise que j’ai échoué, confie Hassan Traoré, en jetant un œil sur un post-it jaune sur lequel est écrit son numéro de dossier, déposé le 10 avril. Mais je suis fatigué. »

      Fatigué par deux années d’enfer à traverser les déserts algérien et libyen, éreinté par un mois dans une prison sfaxienne pour « séjour irrégulier », épuisé de demander à ses proches au pays de l’argent pour manger… Alors quand l’agent de l’OIM lui a demandé « Hassan Traoré, voulez-vous retourner en Guinée ? Vous n’y êtes pas forcé », il a répondu sans hésiter : « Oui, je veux me retourner. » Et il a signé le document validant sa décision.

      Combien de migrants ont accepté ce retour volontaire ? « Seulement 1 544 » depuis le début de l’année, a indiqué le président tunisien, Kaïs Saïed, dans un communiqué, publié fin mars, pressant l’OIM d’intensifier le rythme. En réalité, l’agence onusienne ne ménage pas sa peine. D’après les statistiques communiquées par l’OIM au Monde, plus de 250 000 migrants bloqués dans six pays de transit vers l’Europe – Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte et Niger – ont été rapatriés chez eux grâce à ce programme depuis 2013. Près de 50 000 rien qu’en 2024, année record.

      En outre, selon les données transmises par la Commission européenne au Monde, Bruxelles a très largement augmenté sa contribution au budget de l’OIM, passant de 85,7 millions d’euros en 2014 à près de 600 millions d’euros en 2024. En dix ans, l’institution a ainsi reçu près de 3,2 milliards d’euros de fonds européens pour différents programmes, dont celui « des retours volontaires » que certains migrants comparent à un système de « déportation ». Ce à quoi un porte-parole de la Commission européenne riposte assurant que ces retours sont « libres et éclairés », organisés en « toute sécurité et dignité ».

      L’Italie a décidé, début avril, d’allouer 20 millions d’euros pour rapatrier les Subsahariens présents en Algérie, Tunisie et Libye vers leurs pays d’origine respectifs, toujours en coopération avec l’OIM. En juin 2023, la France avait octroyé 25,8 millions d’euros d’aide bilatérale à la Tunisie pour « contenir le flux irrégulier de migrants et favoriser leur retour dans de bonnes conditions », avait déclaré Gérald Darmanin, alors ministre de l’intérieur, lors de sa venue à Tunis.

      « Un pis-aller »

      « Toutes ces sommes d’argent sont insuffisantes », s’emporte Tarek Mahdi, député de Sfax. Ce proche du président Saïed plaide pour une réévaluation à la hausse des aides et la mise en place d’« un pont aérien » entre la Tunisie et les pays d’origine des migrants afin d’« accélérer » leur retour.

      « Pour beaucoup de fonctionnaires internationaux, le retour volontaire est perçu comme un dispositif humanitaire, un pis-aller face à des situations qu’ils ont contribué à provoquer », résume Camille Cassarini, chercheur à l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, à Tunis.

      Depuis plusieurs années, ce programme essuie de nombreuses critiques des défenseurs des droits humains à cause des conditions dans lesquelles il est proposé. « Nous avons toujours remis en question le caractère volontaire de ces retours, car ces personnes migrantes sont interdites de se déplacer, de travailler, d’être hébergées, elles sont privées de tout droit », explique Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), qui décrit l’OIM comme une « agence au service des politiques migratoires européennes », dénonçant « la complicité de l’Etat » tunisien.

      Dire « la vérité » aux plus jeunes

      D’ailleurs, en Libye, le Haut-Commissariat aux droits humains des Nations unies avait jugé en 2022 qu’en « raison de l’absence de consentement libre, préalable et éclairé et de voies alternatives viables, sûres et régulières pour la migration », de nombreux migrants sont « effectivement contraints d’accepter des retours ».

      Au Monde, l’OIM reconnaît « que les options offertes aux migrants confrontés à la perspective d’un retour peuvent être limitées et ne pas correspondre aux souhaits de l’individu ». Toutefois, elle défend ce choix « préférable », car « l’aide au retour représente souvent une solution salvatrice pour de nombreux migrants qui vivent dans des conditions particulièrement déplorables ».

      « Salvatrice ? » C’est ce que ressent Omar Touré, ce Guinéen qui vivote à l’entrée de Sfax : il se sent soulagé. Il a averti sa mère pour lui dire qu’il allait rentrer. « Elle a pleuré », lance-t-il. Sept années qu’il a quitté son pays. « Ce voyage, c’est une maladie psychologique. Mentalement et physiquement, nous sommes enfermés », argue-t-il.

      Maintenant, il attend un appel de l’OIM pour lui proposer un départ pour Conakry. Cela peut prendre des semaines ou des mois : l’agence doit vérifier son identité avec les autorités de son pays – il a déchiré ses papiers au début de son voyage – avant que celui-ci ne lui délivre un passeport. Omar Touré a juré, une fois sur ses terres, qu’il dirait « la vérité » aux plus jeunes : ne pas tenter d’aller en Europe. « La mort vous accompagne tout au long de ce voyage, clame-t-il. C’est une fausse route. »

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/18/en-tunisie-le-retour-volontaire-nouvelle-voie-pour-de-nombreux-migrants_6597

  • Migrations, énergie : la méthode italienne qui séduit l’Afrique du Nord - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/63683/migrations-energie--la-methode-italienne-qui-seduit-lafrique-du-nord

    Migrations, énergie : la méthode italienne qui séduit l’Afrique du Nord
    Par RFI Publié le : 31/03/2025
    La France perd de l’influence en Algérie, et cela profite à l’Italie. Le gouvernement de Giorgia Meloni a un plan pour l’Afrique du Nord, axé sur les hydrocarbures et la migration. Le courant passe bien d’Alger à Tunis ou Tripoli. Prochaine étape pour Rome : la Mauritanie. Entretien avec Anne Marijnen, maîtresse de conférences en Science politique, Université Paris 8, laboratoire Cresppa.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#libye#algerie#tunisie#politiquemigratoire#economie#mauritanie

  • En #Algérie, la France coloniale a aussi détruit la #nature

    L’accaparement colonial de la terre en Algérie a détruit des modes d’organisation et de gestion de la terre en commun. Le développement des monocultures et d’une agriculture d’exportation a aussi bouleversé l’environnement.

    Après avoir été suspendu de RTL début mars pour avoir évoqué les massacres français en Algérie au XIXe siècle, Jean-Michel Apathie a décidé de quitter la station. En pleine surenchère du ministre Bruno Retailleau avec l’Algérie et face à une extrême droite qui clame les bienfaits de la colonisation, le flot de réactions hostiles aux propos de l’éditorialiste rappelle que nombre de Français ne connaissent pas l’ampleur des crimes coloniaux commis par la France en Algérie.

    Face aux tentatives de révisionnisme historique, Reporterre s’est intéressé à un pan méconnu de la colonisation française en Algérie : ses dégâts sur la nature. À l’aube de la colonisation, le socle de la société algérienne reposait sur la paysannerie, l’agriculture était la principale source de richesse et rythmait la vie des populations qui alternait entre le travail de la terre et les transhumances saisonnières. Mais de 1830 jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, l’accaparement des terres par les colons a complètement bouleversé cet équilibre.

    « L’arrivée des colons en Algérie signe l’accaparement des ressources environnementales et celle du foncier. C’était une pratique d’expropriation sans explication, sans excuse et avec une grande brutalité. Pour les Algériens, c’est un monde qui s’effondre littéralement », relate Antonin Plarier, maître de conférence à l’université Lyon 3 et spécialiste de l’histoire environnementale des sociétés coloniales.

    Au total, d’après ses calculs, plus d’1,2 million d’hectares ont été transférés aux Européens entre 1830 et 1917 : soit l’équivalent de 1 000 fois la superficie de Paris, et trois fois celle de la Belgique.

    Pour réquisitionner des terres algériennes, la France a développé un arsenal juridique légalisant un paradoxe : celui d’une société qui défendait le droit à la propriété et d’une colonisation qui foulait au pied celle des Algériens. L’administration coloniale pouvait ainsi s’emparer de n’importe quelle propriété algérienne, qu’elle soit celle d’un individu comme d’une tribu entière.
    Détruire la paysannerie pour « soumettre le pays »

    La doctrine coloniale et militaire se lit à travers les écrits du maréchal Bugeaud, le militaire qui a permis d’étendre la conquête de l’Algérie. Voici notamment ce que précise cette violente figure de la colonisation, spécialiste des enfumades (pratique consistant à asphyxier des personnes réfugiées ou enfermées dans une grotte en allumant devant l’entrée des feux) : « J’y ai réfléchi bien longtemps, en me levant, en me couchant ; eh bien ! Je n’ai pu découvrir d’autre moyen de soumettre le pays que de saisir l’intérêt agricole ». Il faut donc empêcher les populations « de semer, de récolter, de pâturer », pour les priver des moyens d’existence, souligne l’historien Hosni Kitouni, chercheur en histoire à l’université d’Exeter.

    En filigrane, il s’agissait de punir tous ceux qui tentaient de se révolter, et de dissuader ceux qui en avaient l’intention. En 1838, l’ordonnance royale du maréchal Bugeaud indiquait que toute tribu s’insurgeant contre la domination française pouvait voir ses terres séquestrées. Cette politique monta encore d’un cran en 1871 à la suite d’une insurrection initiée contre la puissance coloniale.

    Cette « tempête des spoliations », selon l’expression d’Hosni Kitouni, a non seulement dispersé les populations, contraintes d’abandonner leurs maisons, leurs cultures, leur bétail, mais a également entraîné leur paupérisation, voire pire, leur famine, puis leur mort. En parallèle, la violence des razzias, ces opérations militaires menées dans des campements, a détruit les habitations et les récoltes. Les arbres fruitiers étaient rasés dans les zones de guerre.
    Spoliation de l’eau et des forêts

    « Devenus des paysans sans terre, sans bétail, sans abris, n’ayant que la force de leurs bras à vendre, ils vont alimenter la masse des candidats à toutes les servitudes », écrit Hosni Kitouni. D’anciens propriétaires algériens sont alors parfois revenus sur leurs terres louer leur force de travail aux colons français. « Des paysans algériens vont revenir cultiver la terre, fournir les semences, et les instruments agraires, en échange de quoi ils vont pouvoir récupérer un ou deux cinquièmes de la récolte, le reste revenant au propriétaire », raconte à Reporterre Antonin Plarier.

    Au-delà des terres, la colonisation s’est emparée des communs que sont les forêts et l’eau. Au XIXe siècle, plusieurs opérations de maîtrise des cours d’eau ont fleuri, toujours dans le but d’irriguer les terres des colons. Dans les années 1860, un projet de barrage a vu le jour dans le département d’Oran. Antonin Plarier pointe ainsi ce qui tient de l’évidence : « Lorsqu’une source en eau est maîtrisée, elle l’est uniquement au bénéfice des colons, et donc au détriment des agriculteurs algériens qui en sont de fait dépossédés. »

    La question de l’eau a entraîné plusieurs conflits, tout comme celle des forêts. Dès les années 1830, l’imposition du Code forestier par les colons a restreint peu à peu aux Algériens l’artisanat, le passage du bétail, le ramassage du bois de chauffe, et la coupe de bois pour les diverses constructions.

    Résultat : entre un tiers et la moitié des ressources économiques de la paysannerie algérienne a été menacée par ce nouveau cadre légal, estime Antonin Plarier. Il faut dire que l’administration coloniale y a très vite vu un filon : l’exploitation des forêts en vue de leur commercialisation.

    Dans la montagne de Beni Khalfoun, dans la vallée de l’Isser, l’administration octroya par exemple une concession d’environ 1 000 hectares de chênes-lièges, un bois cher et prisé pour la fabrication de bouchons, à un exploitant français. Difficile de donner un chiffre précis, mais cet accaparement de ressources essentielles n’a pas été sans conséquences sur l’écosystème algérien.

    « C’est toute une série d’éléments liés à la colonisation qui vont contribuer à dégrader l’environnement algérien. En asséchant les sols via la déforestation, l’État colonial a par exemple favorisé l’érosion des sols », dit l’historienne Hélène Blais, professeure d’histoire contemporaine à l’ENS et autrice de L’empire de la nature. Une histoire des jardins botaniques coloniaux.
    Monocultures et rentabilité

    En Algérie, comme ailleurs, la colonisation s’est accompagnée de l’introduction de nouvelles espèces jugées plus rentables, et d’un bouleversement dans les pratiques agricoles tournées vers une pratique intensive et exportatrice correspondant davantage aux besoins de la métropole.

    Ce qui fait dire à Alain Ruscio, historien spécialiste de la période coloniale, que « la totalité de l’écosystème algérien a été affectée par la colonisation » : « Au fur et à mesure que l’armée française considérait qu’une région était complètement contrôlée, des monocultures étaient rapidement mises en place. D’où aussi la construction de routes servant à acheminer ces marchandises vers la France », nous explique-t-il.

    C’est l’exemple de la vigne et de sa vinification, qui priva une partie de la population d’un accès à la culture de céréales, et entraîna la disparition de terres en jachères — qui fournissaient des pâturages jusqu’ici essentiels pour le bétail des paysans algériens. Mais aussi de l’introduction massive de l’eucalyptus, cette plante endémique d’Australie, dès les années 1860 pour tenter d’assainir les zones humides dans lesquelles le paludisme décimait des colons.

    « Des millions d’arbres ont ainsi été plantés. Dans certains endroits, cela a asséché plus qu’il était nécessaire, au détriment d’autres espèces endémiques qui ont été abattues ou abandonnées dans ce cadre », analyse Hélène Blais. L’historienne a également observé des tentatives d’introduction de moutons mérinos, apporté pour sa laine prisée en Europe.
    Chasses coloniales

    Sans oublier les chasses coloniales qui attiraient des Français originaires de tout l’Hexagone venus traquer hyènes, panthères, lions et autres animaux sauvages. Considérés comme des animaux nuisibles, leurs têtes furent mises à prix via une circulaire du général Bugeaud de 1844 offrant une récompense pour tout animal tué « proportionné à la puissance de chaque bête ». D’après les recherches d’Hosni Kitouni, rien qu’en 1860, ce ne furent pas moins de 61 panthères et 38 lions qui avaient été abattus. Si bien qu’à la fin du XIXe siècle, le plus gros de la faune sauvage avait disparu. Le dernier lion fut abattu en 1958.

    « L’ordre colonial s’accommode peu avec la différence biologique, écologique, humaine qui résiste à sa domination, conclut l’historien auprès de Reporterre. D’où la politique de mise en ordre à force de violence et de juridictions d’exception, empêchant la société autochtone de se développer à son rythme selon ses lois naturelles. »

    Au-delà des crimes commis sur les Algériens, peu d’historiens se sont jusqu’ici emparés des destructions des écosystèmes. L’ampleur d’un éventuel écocide lié à la colonisation française reste à quantifier et est un angle de mort de la recherche.

    https://reporterre.net/En-Algerie-la-France-coloniale-a-aussi-detruit-la-nature
    #destruction #paysage #colonisation #France #France_coloniale #histoire #terres #accaparement_des_terres #communs #agriculture #exportation #monoculture #paysannerie #foncier #expropriation #brutalité #violence #réquisition #droit_à_la_propriété #lois #maréchal_Bugeaud #enfumades #moyens_d’existence #insurrection #paupérisation #famine #razzias #arbres_fruitiers #eau #forêts #forêt #barrage #conflits #Code_forestier #érosion_des_sols #ressources #montagne #déforestation #environnement #érosion_des_sols #rentabilité #routes #vigne #jachères #terres_en_jachères #céréales #pâturages #eucalyptus #zones_humides #paludisme #arbres #laine #chasse #chasses_coloniales #ordre_colonial #animaux_sauvages #écocide
    #géographie_culturelle #géographie_du_droit #legal_geography

  • Y eut-il des « Oradour algériens » durant la conquête ? Quelques faits incontournables

    L’évocation « d’Oradours » durant la conquête de l’Algérie par Jean-Michel Aphatie a suscité des réactions indignées qui témoignent d’un déni persistant des connaissances historiques.

    Les déclarations du journaliste Jean-Michel Apathie sur les « nombreux Oradours » commis par l’armée française lors de la conquête de l’Algérie, ont suscité une avalanche de protestations indignées. Leur thème dominant fut : des soldats français ne pouvaient pas avoir fait cela.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/03/18/y-eut-il-des-oradour-algeriens-durant-la-conqu

    #colonisation #algérie

  • Au Niger, l’armée affirme avoir secouru cinquante migrants « en détresse » dans le désert
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/03/17/au-niger-l-armee-affirme-avoir-secouru-cinquante-migrants-en-detresse-dans-l

    Au Niger, l’armée affirme avoir secouru cinquante migrants « en détresse » dans le désert
    Le Monde avec AFP
    Cinquante migrants « en détresse » ont été secourus en fin de semaine dans le nord désertique du Niger, près de la frontière libyenne, point de passage sur la route vers l’Europe, a annoncé dimanche 16 mars l’armée nigérienne.Les cinquante migrants, dont vingt femmes et douze enfants, étaient « en détresse sous des conditions climatiques extrêmes » lorsque le véhicule qui les transportait est tombé en panne, vendredi, a précisé l’armée dans son dernier bulletin des opérations.C’est un détachement de la brigade d’intervention rapide des militaires qui leur a « porté secours » dans la zone nigérienne de Djado, à quelque 200 kilomètres de la frontière libyenne, a-t-elle indiqué.
    Les migrants ont reçu les « soins d’urgence » après leur évacuation vers le « puits de l’espoir », un point d’eau rarissime dans cette région où les voyageurs et des milliers de migrants font souvent escale dans leur périlleuse traversée du désert. L’armée ne précise pas les nationalités des cinquante personnes, qui se dirigeaient vers la Libye.En 2024, plus de 31 000 migrants ont été expulsés d’Algérie vers le Niger voisin, selon l’ONG nigérienne Alarme Phone Sahara (APS), qui évoque un chiffre record. En janvier 2025, 770 migrants nigériens, dont une soixantaine d’enfants, ont été expulsés de Libye, avait indiqué l’armée. Ces derniers avaient été encadrés côté Niger par une escorte militaire et leur accueil avait été coordonné par l’armée et l’Organisation internationale pour les migrations.
    En novembre 2023, le nouveau régime militaire nigérien, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat quelques mois plus tôt, avait abrogé une loi de 2015 criminalisant le trafic des migrants. Depuis, « de nombreuses personnes se déplacent librement » sur « les routes » de la migration « sans craindre les représailles » qu’elles encouraient avant, d’après APS. L’ONG dénonce régulièrement les « traitements violents » voire « mortels » à l’encontre des migrants Ouest-Africains lors d’opérations de refoulement effectuées par l’Algérie et la Libye vers le Niger.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#refoulement#frontiere#algerie#libye#sante#violence#APS

  • Une liste d’Algériens à expulser de France bientôt transmise à Alger
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/03/14/une-liste-d-algeriens-a-expulser-de-france-bientot-transmise-a-alger_6580921

    Une liste d’Algériens à expulser de France bientôt transmise à Alger
    Le Monde avec AFP
    Publié le 14 mars 2025 à 10h22, modifié le 14 mars 2025 à 11h20
    Trois sources gouvernementales ont fait savoir jeudi 13 mars à l’Agence France-Presse (AFP) que cette liste, comprenant « plusieurs dizaines » de noms, devait être officiellement adressée à l’Algérie très prochainement, une source évoquant « cette semaine », une autre « aujourd’hui ou demain », la troisième notant le caractère « imminent ». « C’est une première liste », avait déclaré mercredi sur la radio RTL le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, faisant lui-même état de quelques dizaines de personnes.
    Le refus de l’Algérie d’accepter des ressortissants en situation irrégulière renvoyés par Paris, dont l’auteur d’un attentat qui a fait un mort le 22 février à Mulhouse (est de la France), a fini d’envenimer des relations déjà très dégradées depuis la reconnaissance, par la France, à la fin de juillet 2024, de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
    En accédant à une demande du Maroc, pour qui le Sahara est une cause existentielle, Emmanuel Macron a déclenché de sérieuses turbulences avec Alger. Et les rapports se sont encore tendus avec la détention de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, que Paris juge arbitraire.
    La liste des Algériens expulsables, en l’état, semble loin des aspirations de Bruno Retailleau, qui avait initialement évoqué plusieurs centaines de personnes. Mais d’autres listes pourraient suivre.M. Retailleau a rencontré mercredi Emmanuel Macron, « en tête à tête », a fait savoir à l’Agence France-Presse (AFP) un proche du président français. « Sur l’Algérie, on en fait beaucoup sur leurs divergences », a-t-il souligné, alors qu’ils « sont d’accord sur le principe : expulser des Algériens » sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
    Pour autant, le chef de l’Etat souhaite ne pas crisper davantage le pouvoir algérien sur la question migratoire, pour éviter un effet boomerang sur d’autres sujets sensibles comme le maintien des échanges en matière de renseignement antiterroriste.En toile de fond du réchauffement des relations diplomatiques, se joue en effet la nécessaire coopération pour lutter efficacement contre le djihadisme au Sahel. La stabilité de l’Algérie, le plus grand pays d’Afrique, entouré de voisins dont la situation sécuritaire est chaotique, revêt un intérêt pour la France.
    En outre, Paris a en tête le possible retour, de Syrie, de djihadistes algériens ou franco-algériens, une menace potentielle pour la France. Des diplomates français jugeaient récemment que les deux pays étaient dans une situation de « quasi-rupture ». Emmanuel Macron s’est, lui, efforcé de calmer le jeu en appelant à cesser de « se parler par voie de presse ». « C’est ridicule, ça ne marche jamais comme cela », avait-il lancé fin février.Une réponse au président algérien, Abdelmadjid Tebboune, qui avait dénoncé le « climat délétère » entre les deux pays dans un entretien au journal L’Opinion, évoquant alors la nécessité de reprendre le dialogue, à la condition qu’Emmanuel Macron en exprime le souhait.
    La presse algérienne avait salué « les propos apaisants » du chef de l’Etat français tout en regrettant la surenchère de Bruno Retailleau. Interrogé sur une potentielle reprise de dialogue direct entre les deux présidents, l’Elysée n’a pas répondu.Cette semaine, c’est le ministre des affaires étrangères français qui a signalé la volonté de Paris de reprendre langue avec Alger. « Bien sûr que la France aspire à avoir de bonnes relations avec l’Algérie, qui est un pays voisin avec lequel nos relations sont denses », a assuré Jean-Noël Barrot. « Pour cela, il faut que ces relations s’apaisent. Mais l’apaisement, ça ne se décrète pas unilatéralement », a-t-il néanmoins souligné.
    Il a également appelé les autorités algériennes à se saisir de la liste des ressortissants algériens à expulser afin qu’elles « initient ainsi une nouvelle phase de nos relations qui nous permette de traiter nos différends et d’amorcer d’éventuelles coopérations stratégiques ».
    Pour l’heure, la crispation semble intacte. Les élus de Marseille, Montpellier et Nice ont annoncé que l’Algérie avait rompu ses relations consulaires avec ces villes du Sud. « Nous n’avons reçu aucune notification officielle faisant étant de la suspension, par des consulats algériens, de leurs activités consulaires », a assuré une source diplomatique à l’AFP. « La remise d’une liste de noms à expulser offre un répit mais ne désactive pas les causes de la crise, souligne Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, à Genève. Seule une reprise de l’action diplomatique et d’un dialogue peut permettre une sortie honorable. »

    #Covid-19#migrant#migration#algerie#france#expulsion#OQTF#politiquemigratoire

  • La véritable histoire de la conquête française de l’Algérie - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=tjIcj2wUlL8

    Estimant ne pas avoir « commis de faute » en rappelant sur RTL les massacres français en Algérie au XIXe siècle, Jean-Michel Aphatie a claqué la porte de la radio. Dans « À l’air libre », l’historien Alain Ruscio rappelle la litanie de massacres et de razzias qui ont émaillé cette « conquête ».

  • Libérez Boualem Sansal, là, immédiatement, sans condition !!!

    Emprisonné depuis le 16 novembre 2024, l’immense romancier franco-algérien, est arbitrairement détenu, en Algérie, accusé de « complot contre la sûreté de l’État ».

    Condamné au silence et à l’isolement, il n’a pas pu s’exprimer depuis, tout comme ses avocats. Alors on spécule sur sa condition. D’autant plus que sa santé décline et qu’il est atteint d’un cancer. Mais encore ?

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2015/12/12/lalgerie-comme-seul-sujet-de-boualem-sansal/#comment-65509

    #international #algérie

  • La France va demander un réexamen des accords bilatéraux avec l’Algérie et menace de les remettre en cause
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/02/26/la-france-va-demander-au-gouvernement-algerien-que-soit-reexaminee-la-totali

    La France va demander un réexamen des accords bilatéraux avec l’Algérie et menace de les remettre en cause
    Le Monde
    Pour débattre des moyens visant à « reprendre le contrôle des flux migratoires » et définir ses « orientations » en la matière, François Bayrou a réuni, mercredi 26 février, une partie de son gouvernement, divisé sur le sujet, sur fond de tensions croissantes avec Alger.
    A partir de 14 heures, une dizaine de ministres se sont rassemblés autour du premier ministre pour un comité interministériel de contrôle de l’immigration. A l’issue de ce premier échange, François Bayrou a pris la parole aux côtés de Bruno Retailleau et Elisabeth Borne.
    « La question de l’asile ou de la demande d’asile est aujourd’hui dévoyée comme un moyen de franchir les frontières », a affirmé le premier ministre. « Aujourd’hui, des questions et des problèmes de sécurité, d’ordre public, de relations internationales, se posent. » Annoncé à la fin de janvier puis reporté, ce rendez-vous s’est tenu après l’attaque survenue samedi à Mulhouse (Haut-Rhin), pour laquelle un Algérien de 37 ans en situation irrégulière est accusé d’avoir tué à l’arme blanche une personne et d’en avoir blessé sept autres. « Nous avons vécu à Mulhouse un drame de plus », a commenté mercredi François Bayrou. Le drame de Mulhouse a été rendu possible « parce que quatorze fois ce ressortissant a été présenté à la réadmission, et quatorze fois a été refusé », a déclaré le premier ministre. Au vu de cette situation « inacceptable » et qui ne peut « plus perdurer », la France va demander au gouvernement algérien de « réexaminer la totalité des accords entre les deux pays et la manière dont ils sont exécutés ». « Nous leur donnerons un mois, six semaines », a précisé M. Bayrou.
    Pendant ce temps, « une liste d’urgence sera présentée au gouvernement algérien de personnes qui doivent pouvoir retourner dans leur pays », a poursuivi M. Bayrou. Evoquant les accords de 1968 entre la France et l’Algérie, le premier ministre a annoncé que si des voies ne se trouvent pas pour rendre possible le respect des accords, le gouvernement français considérera que « les termes consentis seront remis en cause et, au bout du chemin, ce sont les accords qui seront remis en cause ».
    Devant la presse, le premier ministre a par ailleurs dit qu’il avait demandé un « audit interministériel » sur la « politique de délivrance des visas » par la France, et avoir « signé [mardi] soir une lettre de mission » demandant cet audit aux inspections générales de la police et des affaires étrangères. « La France respecte les accords, et donne des avantages considérables aux ressortissants algériens, cette situation ne pourra pas durer si les accords ne sont pas respectés, même si ce n’est pas notre souhait », a répété le premier ministre, qui a affirmé ne pas avoir la volonté d’entrer dans « l’escalade » avec l’Algérie.
    Dans ce contexte de relations qui ne cessent de se dégrader entre la France et l’Algérie, le Conseil de la nation – équivalent du Sénat en Algérie – a annoncé mercredi la « suspension de ses relations » avec le Sénat français. Dans un communiqué, le Conseil dit protester contre la visite, lundi et mardi, du président du Sénat, Gérard Larcher, au Sahara occidental, territoire où l’Algérie soutient les indépendantistes du Polisario contre le Maroc.
    Au début de la conférence de presse à l’issue du comité interministériel de contrôle de l’immigration mercredi, François Bayrou a déclaré que « le gouvernement est absolument déterminé à faire en sorte que le contrôle de l’immigration légale soit adapté à notre capacité d’accueil, notamment par le travail ». Pour le renforcement de la lutte contre l’immigration illégale, le premier ministre a évoqué la mise en place d’une « organisation particulière ». La première de ces décisions sera, a-t-il précisé, « le recours à la force aux frontières », qui sera « généralisé à l’ensemble des frontières de l’Hexagone ». A Mayotte, des radars seront redéployés, et une surveillance par satellites permettra, selon le premier ministre, de « repérer les embarcations dont les trafiquants se servent pour l’immigration illégale ».
    Au sujet du pacte européen asile et migration, le premier ministre a annoncé « des évolutions de la législation française pour mettre en place des adaptations nécessaires » auront lieu dans les mois à venir. « Tous ceux qui entrent sur le territoire doivent être identifiés et suivis », a poursuivi François Bayrou, estimant que c’était « important pour le contrôle des flux », notamment.
    « La situation à laquelle nous faisons face sur le littoral nord est inacceptable », a encore déclaré le premier ministre, mercredi. Le gouvernement français sera par ailleurs à l’initiative « pour faire évoluer notre collaboration avec le Royaume-Uni, avant un accord global avec l’Union européenne », a ajouté M. Bayrou. (...).

    #Covid-19#migrant#migration#france#frontiere#algerie#accordmigratoire#migrationirreguliere#pacteasilemigration#sante#mayotte

  • Entre la France et l’Algérie, la tension monte sur les accords migratoires
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/02/28/entre-la-france-et-l-algerie-la-tension-monte-sur-les-accords-migratoires_65

    Entre la France et l’Algérie, la tension monte sur les accords migratoires
    Par Frédéric Bobin
    Comme si la rupture était dans l’air entre la France et l’Algérie, chacun raconte comment l’autre en est à l’origine. Au lendemain de l’ultimatum fixé par Paris pour forcer Alger à réadmettre une « liste d’urgence » de personnes expulsées sous peine d’une « remise en cause » des accords migratoires bilatéraux, le ministère algérien des affaires étrangères a réagi, jeudi 27 février, en affirmant que « l’Algérie n’a pris l’initiative d’aucune rupture et a laissé la partie française en assumer seule la responsabilité pleine et entière ». « [Elle] rejette catégoriquement les ultimatums et les menaces », ajoute le communiqué algérien.
    En écho, le premier ministre, François Bayrou, déclare vendredi au Figaro que « cette crise ne vient pas du gouvernement français, [mais] du refus des dirigeants algériens de remplir les obligations auxquelles ils se sont engagés ». La posture offensive adoptée, mercredi, par Paris vis-à-vis d’Alger, à l’issue du comité interministériel de contrôle de l’immigration, dans un contexte alourdi par l’attentat mortel du 22 février à Mulhouse – dont le suspect principal est un ressortissant algérien ayant fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire non exécutée par l’Algérie – s’inscrit dans une escalade des tensions bilatérales sans précédent depuis deux décennies.
    Il faut remonter à 2005, lors de la crise autour d’un article de loi évoquant « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord », pour retrouver une telle animosité entre les deux capitales. Et encore, l’Algérie n’avait pas alors décidé du « retrait » – mesure plus grave que le « rappel » – de son ambassadeur en poste à Paris, comme c’est le cas depuis le 30 juillet 2024 en réaction à la reconnaissance par Emmanuel Macron de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental, l’événement déclencheur de la crise. Depuis lors, les contacts politiques sont suspendus entre Paris et Alger tandis que les relations économiques et commerciales sont au plus bas.
    Dans cette épreuve de force inédite, le narratif du gouvernement algérien se décline autour de trois éléments. D’abord, la prétention au légalisme. Le communiqué du ministère des affaires étrangères impute ainsi à « la partie française » les « manquements constatés aux obligations nationales et internationales », allusion à la décision du tribunal administratif de Paris de suspendre fin janvier l’expulsion en urgence absolue de l’influenceur algérien « Doualemn » prise par le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau. Le dialogue de sourds avec la France qui, elle, assure que le non-respect provient de l’autre partie – ainsi de son refus répété de réadmettre le suspect de l’attentat de Mulhouse avant la survenue du drame – ne saurait être plus total.
    Ensuite, l’Algérie invoque la « réciprocité » pour menacer la France de riposter sur le même terrain des mesures restrictives en matière migratoire. Elle « appliquera une réciprocité stricte et immédiate à toutes les restrictions apportées aux mobilités entre l’Algérie et la France », a précisé le communiqué du ministère des affaires étrangères d’Alger.Outre l’accord de 1968, jugé par Paris excessivement favorable à l’Algérie – laquelle le juge toutefois de facto « vidé de toute sa substance » à la suite de plusieurs révisions –, l’enjeu de ses « mobilités » tourne autour d’un accord de 2013 sur l’exemption réciproque de visas au bénéfice de titulaires de passeports diplomatiques.
    A Paris, on estime que les dirigeants algériens ont dévoyé l’esprit de cet accord en distribuant ces passeports diplomatiques à leurs familles à des fins de voyages privés en France. Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, avait affirmé mardi que des « mesures restrictives » – et « réversibles » en fonction de la coopération d’Alger – avaient été prises contre des « dignitaires algériens », sans fournir toutefois plus de détails.
    Les autorités algériennes ont évoqué pour leur part l’existence de « deux cas » sur lesquels elles avaient demandé des « explications » à Paris. L’un d’entre eux serait Abdelaziz Khellaf, ancien directeur de cabinet du président Abdelmadjid Tebboune, refoulé début février à son arrivée à l’aéroport d’Orly, selon le journal en ligne Twala.
    Enfin, troisième élément de langage diffusé par les communiqués officiels comme par la presse proche du régime : l’imputation de la crise, et peut-être d’une rupture à venir, à l’extrême droite française « revancharde et haineuse », dont le « pari » est « de prendre en otage » la relation franco-algérienne. Une manière de ménager d’autres sensibilités françaises et de laisser la porte entrouverte.

    #Covid-19#migrant#migration#france#algerie#accordmigratoire#visas#mobilite#sante#passeportdiplomatique

  • François Bayrou réunit un comité interministériel de contrôle de l’immigration, sur fond de tensions entre Paris et Alger
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/02/26/francois-bayrou-reunit-un-comite-interministeriel-de-controle-de-l-immigrati

    François Bayrou réunit un comité interministériel de contrôle de l’immigration, sur fond de tensions entre Paris et Alger
    Le Monde avec AFP
    Pour débattre des moyens visant à « reprendre le contrôle des flux migratoires » et définir ses « orientations » en la matière, François Bayrou réunit, mercredi 26 février, une partie de son gouvernement, divisé sur le sujet, sur fond de tensions croissantes avec Alger.
    A partir de 14 heures, une dizaine de ministres seront rassemblés autour du premier ministre pour un comité interministériel de contrôle de l’immigration (CICI). Ils discuteront notamment de « la maîtrise des flux migratoires » et des moyens « nationaux, européens et diplomatiques pour renforcer les contrôles », a appris l’Agence France-Presse auprès de Matignon. A l’issue de ce premier échange, prévu pour une heure, François Bayrou prendra la parole, selon la même source.
    Les ministres de l’intérieur, Bruno Retailleau, des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, de la santé et du travail, Catherine Vautrin, du travail, Astrid Panosyan-Bouvet, de la justice, Gérald Darmanin, et de la santé, Yannick Neuder, entre autres, aborderont également la transposition du pacte européen sur la migration et l’asile – adopté en mai et censé entrer en vigueur mi-2026 –, qui prévoit un durcissement du « filtrage » aux frontières et un mécanisme de solidarité entre les Vingt-Sept.
    Créé en 2005, le CICI a été réactivé par M. Retailleau « dans le contexte d’une immigration importante » et « pour répondre aux attentes des Français en faveur d’une plus grande maîtrise des flux migratoires », par un décret du 22 janvier. Annoncé à la fin de janvier puis reporté, ce rendez-vous se tiendra finalement après l’attaque survenue samedi à Mulhouse (Haut-Rhin), pour laquelle un Algérien de 37 ans en situation irrégulière est accusé d’avoir tué à l’arme blanche une personne et d’en avoir blessé sept autres.
    « Il avait été présenté dix fois aux autorités algériennes pour que son pays d’origine accepte que nous le renvoyions chez lui. Les dix fois, la réponse a été non », a dénoncé lundi François Bayrou, qui juge « inacceptable » le refus d’Alger de reprendre son ressortissant, sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
    Cette nouvelle affaire vient aggraver un peu plus les tensions entre Paris et Alger, qui a refusé à de multiples reprises ces dernières semaines de laisser entrer sur son sol plusieurs de ses ressortissants expulsés de France.
    La question algérienne devrait être au menu des discussions du CICI. Plusieurs solutions ont été évoquées ces dernières semaines, mais elles divisent profondément le gouvernement entre les partisans du « rapport de force », à l’instar de Bruno Retailleau, et ceux de la voie diplomatique, comme Jean-Noël Barrot.Ainsi, le ministre de l’intérieur a récemment plaidé pour « priver un certain nombre de personnalités de la nomenklatura, de diplomates » des « facilités » dont ils bénéficient actuellement. Le chef de la diplomatie, Jean-Noël Barrot, a annoncé, mercredi sur France 2, qu’il allait proposer que les délivrances de visas soient réduites « par tous les pays européens en même temps » pour les Etats qui ne reprennent pas leurs ressortissants expulsés. « Quand on le fait à titre national, malheureusement ça ne fonctionne pas », a-t-il plaidé. (...)
    Le ministre de l’intérieur est allé plus loin en suggérant, comme Edouard Philippe et Gabriel Attal, de « remettre en cause de façon plus générale [l’]accord » avec l’Algérie de 1968. « La question n’est pas forcément d’être aussi abrupt que ça, mais en tout cas la question doit être posée aux Algériens de la réciprocité », a jugé, mardi, Marc Fesneau (chef de file des députés MoDem et proche du premier ministre), sur France 2. « Nous avons tendu beaucoup de fois la main auprès de nos amis algériens, et beaucoup de fois cette main n’a pas été saisie », a-t-il encore relevé, en ajoutant qu’« il faut peut-être changer de registre et de braquet ». « Dire “j’arrête les visas pour un pays donné”, ça ne fonctionne pas », a, à l’inverse, insisté dimanche Jean-Noël Barrot. « Lorsqu’on a réduit les visas, on était à 800 » expulsions par an, mais « lorsqu’on a engagé une coopération exigeante, on a multiplié par trois les expulsions », a-t-il illustré.

    #Covid-19#migrant#migration#france#algerie#OQTF#visas#fluxmigratoires#CICI#accordmigratoire#sante

  • « La France a fait des centaines d’Oradour-sur-Glane en Algérie » : l’Arcom va instruire les propos de Jean-Michel Aphatie
    https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/la-france-a-fait-des-centaines-doradour-sur-glane-en-algerie-larcom-va-in

    Jointe par Le Parisien ce mercredi, l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) a confirmé avoir été saisie par le biais de signalements et va instruire la séquence dans le cadre de ses fonctions.

    • Mais quel pays de merde.

      Je crois l’avoir déjà raconté : c’est la lecture de L’Affaire Audin de Pierre Vidal-Naquet, que j’ai découvert grand-ado-jeune-adulte, qui m’a fait prendre conscience du fossé entre la réalité et sa représentation médiatique. Et donc, par le biais de la « mémoire » largement falsifiée, encore à la fin des années 80, dans laquelle on baignait à propos de la guerre d’Algérie (alors que tout était connu dès les années 50, le bouquin date de 58).

      Et ça continue de me sidérer de constater, régulièrement, que 35 ans plus tard, c’est toujours n’importe quoi.

    • y a que Gérard Araud pour rappeler que la crise actuelle trouve son origine dans la décision, en juillet 2024, tombée du haut de l’Olympe présidentiel de s’aligner sur la position marocaine sur le Sahara occidental ? revenant ainsi sur la position française (et du droit international, aussi) constante depuis bientôt 50 ans

    • Je viens de finir le livre mentionné par @hassan_nya et je me dis que tu ne t’étonnes même pas que la justice n’ait pas été rendue pour les gamins de Bétharram et d’ailleurs. La « république » française nourrit des monstres.

      J’en ai profité pour lire les « fiches » de quelques uns des plus odieux protagonistes de cet épisode de l’histoire. (Tous morts tranquillou quasiment dans leurs lits).
      Et je ne m’étonnes même pas, là non plus, que certains verraient d’un bon œil des actions en justice contre l’encyclopédie libre et collaborative.

    • @cie813 vient de recommander ailleurs A History of Violence in the Early Algerian Colony de William Gallois
      https://x.com/cie813/status/1894528005117989145

      Selon W. Gallois, dans un livre récent [2013] sur le sujet, la pop. ’indigène’, comptée 2 millions par recensement en 1872, peut être estimée à 4 M. en 1830. Il estime à 750k le nombre de tués, 750k les morts de faim & maladies suite à la conquête, 500k réfugiés hors des frontières.

      La population algérienne aurait donc été divisée par deux. Selon lui, ce n’est pas l’estimation la plus haute (la population était peut-être plus nombreuse en 1830, il a retrouvé une note administrative de l’époque l’estimant à 5,6 M.).

      Il insiste sur le fait que Dahra, qui a été un scandale dans toute la presse européenne, n’a pas été un événement exceptionnel. Les ’razzias’, d’abord de spoliation (pour nourrir l’armée), puis d’extermination (brûler les villages et tuer tout le monde), étaient un système.

      (les « enfumages » semblent indéniablement préfigurer les techniques nazies d’extermination par le gaz, ce qui obligerait d’éventuelles comparaisons à se faire bien plus... finement, ce qu’excluent les formats rapides façon éditorialiste tévé ; PVN plus là, faut convoquer des historiens étrangers)

      edit après Mulhouse, Retailleau et Bayrou sont décidés à exploiter à mort... le manque de soins et de lits de psychiatrie ici (autant que les algériens n’auront pas ? on leur donne déjà bien assez de n° d’écrou)

      #Algérie #colonialisme #colonialisme_français #colonisation_de_peuplement #histoire

    • https://danielbensaid.org/lhonneur-de-saint-arnaud

      François Maspéro a écrit un livre sur un des généraux de l’armée d’Afrique, Saint-Arnaud, dont la famille s’est empressée de publier la correspondance pour servir sa gloire (j’en trouve un extrait sur internet dans un article de D.Bensaïd). Comme l’explique William Gallois, ce sont les généraux et officiers eux-mêmes qui racontent la campagne de « guerre totale », déployée surtout à partir de 1840-1841 (avec l’accession de Bugeaud au poste de gouverneur-général), dans les milliers de rapports et lettres envoyées à Paris. Il suffit d’aller les lire dans les archives. Comme l’armée d’Afrique, qui atteignait 100 000 hommes, coûtait trop cher (selon les députés à Paris, l’idée était d’abord de se nourrir par spoliations systématiques des villages indigènes, d’où le terme local de « razzia », mais très vite, ces « razzias » ont pris un tour génocidaire : tuer le plus de monde possible, voler tous les troupeaux (ils donnent souvent les chiffres, astronomiques, dans les rapports : 10 000 moutons, 3000 têtes de bétail, etc), brûler les récoltes et les champs, couper tous les figuiers, oliviers, orangers (là aussi, des chiffres effarants : il est souvent question de 5000 ou 10 000 arbres fruitiers coupés), puis d’incendier les villages avec ce qui restait de la population dans les maisons (il y avait aussi viols et mutilations des cadavres). Les survivants, qui avaient réussi à fuir, mourraient souvent de froid ou de faim. Les techniques de « l’emmurement » décrite ci-dessous ou de « l’enfumage » comme dans les grottes du Dahra n’étaient que des variantes du même principe.

      Monotonie de la besogne pacificatrice en Kabylie : « Les beaux orangers que mon vandalisme va abattre ! Que ne puis-je t’envoyer cette jolie forêt-là à Noisy ! Ta femme serait bien heureuse. Je brûle aujourd’hui les propriétés et les villages de Ben Salem et de Bel Cassem-ou-Cassi… Les Kabyles ont éprouvé des pertes considérables ; nous marchons sur leurs cadavres. »

      Dure épreuve des grandeurs et servitudes militaires : « Alors je fais hermétiquement boucher toutes les issues et je fais un vaste cimetière. La terre couvrira à jamais les cadavres de ces fantastiques. Personne n’est descendu dans les cavernes : personne que moi ne sait qu’il y a là-dessous cinq cents brigands qui n’égorgeront plus les Français. Un rapport confidentiel a tout dit au maréchal (Bugeaud) simplement sans poésie terrible ni images. Frère, personne n’est bon par goût ou par nature comme moi. Du 8 au 12, j’ai été malade mais ma conscience ne me reproche rien. J’ai fait mon devoir de chef, et demain je recommencerai. »

    • La première guerre d’Algérie - Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852, Alain Ruscio (2024)

      La « première guerre d’Algérie » commença le 14 juin 1830 à 4 heures du matin, lorsque le premier soldat français posa le pied à Sidi-Ferruch. Les conquérants furent d’emblée confrontés à une force de résistance qu’ils n’avaient pas imaginée, dont la figure emblématique reste l’émir Abd el-Kader. S’ensuivirent deux décennies d’affrontements d’une intensité et d’une violence extrêmes.
      Le maréchal Bugeaud et bien d’autres officiers appliquèrent et souvent amplifièrent sur le terrain la politique répressive décidée à Paris par François Guizot, Adolphe Thiers, Jean-de-Dieu Soult, etc. Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... En 1852, Hugo décrivait cette armée française, « faite féroce par l’Algérie ». Pourtant, cette politique de terreur fut approuvée et même justifiée par de grands intellectuels de l’époque, comme Tocqueville et Lamartine. D’autres, très minoritaires, dénoncèrent la conquête, au nom de critères plus pragmatiques qu’éthiques ou politiques.
      Prélude à cent trente-deux années de présence française, la conquête de l’Algérie constitue un moment décisif dans l’émergence de l’esprit colonial – et racial – qui marqua durablement la société hexagonale, et produit encore aujourd’hui ses effets délétères. Une synthèse inédite et sans concession sur des événements aussi déterminants que méconnus.

      https://www.youtube.com/watch?v=esA_yVSQka0

      edit L’humanité dit que Apathie a raison ah ah ah.

      re
      et, bien sûr, René Vautier sur la colonisation de l’Algérie. « Au nom de la civilisation »
      https://www.youtube.com/watch?v=XjcGrhdvzKk

    • https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/12/un-debat-sur-la-nature-genocidaire-du-fait-colonial-existe-parmi-les-histori

      (L’article commence très bien, mais je ne l’ai pas en entier...)

      Ces crimes bien connus ne sont qu’un aspect de la violence qui s’est exercée au milieu du XIXe siècle sur les populations algériennes. Dans A History of Violence in the Early Algerian Colony [« une histoire de la violence aux débuts de la colonie algérienne », Palgrave Macmillan, 2013, non traduit], l’historien britannique William Gallois en a exploré la dimension environnementale en proposant une histoire des « razzias » opérées par les troupes françaises.
      L’utilisation par le général Bugeaud du terme « razzia », emprunté à la langue arabe, permettait de justifier la violence coloniale comme mimétique, accréditant l’idée que les pratiques militaires françaises ne faisaient que refléter des pratiques locales. En réalité, les razzias théorisées par Thomas Robert Bugeaud n’ont rien à voir avec les raids traditionnels. Les archives militaires rapportent des destructions systématiques de vergers, des villages incendiés, des greniers à blé vidés. Les troupeaux sont particulièrement visés pour saper l’assise des sociétés pastorales et fournir en outre un butin complétant la solde de troupes mal payées. Entre 1840 et 1843, les Français auraient capturé au moins de 170 000 têtes de bétail.

      #paywall

  • Racisme et antisémitisme jusque dans les atteintes aux droits de la défense

    Alors que la presse a révélé que des représentants de l’État algérien avait recommandé à un prisonnier de remplacer son conseil français par un avocat « non-juif », le SAF exprime son soutien le plus total au Confrère concerné.

    Il s’agit d’une nouvelle attaque portée au libre choix de l’avocat.e et à la nécessité pour les justiciables d’avoir un accès effectif à celui où celle-ci, d’autant plus grave que les avocat.es français.es et algérien.nes ont le droit d’assister leurs client.es dans ces deux pays.

    En outre, le SAF s’indigne de ce que pareil motif puisse être avancé par des représentants d’un État pour justifier leur attaque à ces principes fondamentaux du droit.

    https://lesaf.org/racisme-et-antisemitisme-jusque-dans-les-atteintes-aux-droits-de-la-defense

    #algerie

  • #Essais_nucléaires au #Sahara : un #poison pour les populations… et les relations Alger-Paris

    Soixante-cinq ans après les premiers essais nucléaires français dans le Sahara algérien, Alger demande à Paris de reconnaître officiellement sa pleine #responsabilité, d’aider à la #décontamination des sites et d’indemniser les victimes. La résurgence de ce litige mémoriel intervient dans un contexte de fortes tensions entre les deux capitales.

    “Reconnaissance, justice, nettoyage des sites et remise des archives”, tels sont les mots d’ordre énoncés par Ibrahim Boughali, président de l’Assemblée populaire nationale, à l’occasion du 65e anniversaire des premiers essais nucléaires français dans le Sahara algérien, relève le site TSA-Tout sur l’Algérie. Ces propos surviennent à l’occasion d’une journée d’étude organisée par la chambre basse du Parlement algérien le 13 février à Alger sur le thème : “Explosions nucléaires françaises en Algérie : un crime contre l’humanité et l’#environnement”.

    Dénonçant des “#crimes_nucléaires”, Ibrahim Boughali a pressé l’Hexagone de “rendre #justice aux #victimes des #explosions_nucléaires et à leurs familles, à la mesure de l’ampleur du drame qu’ils ont vécu” et de participer à la réhabilitation des zones contaminées par les radiations et les déchets. Il a enfin enjoint l’ex-puissance coloniale de remettre aux experts algériens les archives complètes des sites d’essais, pour qu’ils “puissent évaluer les dégâts et prendre les mesures appropriées à leur égard”.

    #Nuages_toxiques

    Ce dossier fait partie des nombreux points de contentieux historiques et mémoriels entre les deux pays, empoisonnant leurs relations. Les séquelles environnementales de ces essais ont été lourdes, indique The New Arab. Interrogé par média panarabe, Charles K. Johnson, directeur des politiques de l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire, affirme que “les déchets nucléaires continuent d’empoisonner la terre, la santé des populations autochtones et l’écosystème fragile du Sahara algérien”.

    Les conséquences humaines des essais nucléaires sont massives : le 13 février 1960, quand la France a fait exploser sa première bombe nucléaire, baptisée #Gerboise_bleue, près de #Reggane dans le #désert du Sahara, plus de 30 000 personnes vivant dans la région auraient été exposées aux #radiations.

    Pire, les particules radioactives ne se seraient pas arrêtées à la frontière algérienne. Selon le quotidien algérien El-Watan, les retombées auraient touché une grande partie de l’Afrique du Nord et certains pays sahéliens. Les nuages toxiques auraient atteint le Maroc, la Libye, le Niger, le Tchad, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Mali, traversant même la Méditerranée vers les côtes espagnoles et siciliennes. L’armée française avait assuré que la zone touchée par l’explosion était vierge de toute présence humaine. Pourtant, des Touaregs, des agriculteurs et des villageois ont développé des pathologies mystérieuses, allant des migraines intenses aux malformations infantiles, détaille The New Arab.
    Données scientifiques scellées

    Interrogée par ce journal, Sophie Chamelin, une chercheuse qui étudie les répercussions des essais nucléaires en Algérie, indique que :

    “Dans les communautés proches des sites d’essais, les familles souffrent de graves problèmes de santé : cancers, handicaps congénitaux, maladies respiratoires.”

    Selon le média panarabe, ces terres contaminées sont toujours inhabitables, poussant les populations à abandonner leurs terrains agricoles. Un cercle vicieux qui alimente la pauvreté et l’exode.

    Des juristes algériens œuvrent pour faire reconnaître ces essais nucléaires comme crime contre l’humanité. Interrogée par le site d’actualité algérien Jeune Indépendant, l’avocate Fatma Zohra Benbraham révèle que plusieurs obstacles juridiques entravent la procédure. Par exemple, la France refuse toujours d’ouvrir ses archives. Les données scientifiques de l’époque restent effectivement cadenassées, note également El-Watan, à commencer par les mesures des radiations réalisées par Louis Bulidon et Raymond Sené, deux scientifiques mobilisés dans le Sahara algérien en 1962.

    La France a aussi enterré des déchets radioactifs issus des essais et a refusé pendant des décennies de divulguer leurs emplacements, relève The New Arab. “La lutte se poursuit avec détermination”, déclare Fatma Zohra Benbraham.
    Immobilisme français

    Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a plusieurs fois dénoncé publiquement les conséquences des explosions nucléaires. Début février, dans une interview accordée au journal français L’Opinion, il affirmait que les réparations étaient indispensables pour la reprise des relations bilatérales avec Paris, relève le Jeune Indépendant.

    “Le dossier de la décontamination des sites d’essais nucléaires est obligatoire sur les plans humain, moral, politique et militaire.”

    Au cœur de cette tornade diplomatique à venir, la glaciation des relations franco-algériennes joue aussi un rôle. Interrogé par The New Arab, le militant associatif algérien Rachid Aouin affirme ainsi que “tout militantisme sur cette question est réprimé. Le gouvernement l’utilise uniquement comme un outil politique contre la France, sans aucun effort réel pour obtenir justice pour les victimes.”

    https://www.courrierinternational.com/article/diplomatie-essais-nucleaires-au-sahara-un-poison-pour-les-pop
    #indemnisation #Algérie #France

  • Désavoué sur une expulsion, Bruno Retailleau s’attaque au droit
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/02/07/desavoue-sur-une-expulsion-bruno-retailleau-s-attaque-au-droit_6535702_3224.

    Désavoué sur une expulsion, Bruno Retailleau s’attaque au droit
    Par Julia Pascual
    Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, qui clame depuis qu’il est entré en fonctions, en septembre 2024, son désir d’ordre et sa volonté de réduire l’immigration, a fustigé, jeudi 6 février, les « règles juridiques qui (…) entravent », après avoir essuyé un désaveu cinglant de la justice dans son entreprise d’expulsion d’un ressortissant algérien.Boualem Naman, surnommé « Doualemn » et âgé de 59 ans, avait été libéré plus tôt du centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), après que le tribunal administratif de Melun a annulé, tout à la fois, l’obligation de quitter le territoire français (OQTF) sans délai et l’interdiction de retour pendant trois ans, que lui avait infligées la préfecture de l’Hérault, fin janvier.
    Le renvoi de cet homme, dont le compte TikTok, qui comptait 138 600 abonnés avant sa fermeture, diffusait régulièrement des menaces contre des opposants au régime algérien, a déjà été plusieurs fois contrarié. Le 9 janvier, alors qu’il avait atterri à Alger sous escorte policière, les autorités algériennes ont refusé de l’admettre, et il a été refoulé vers la France, portant la crise entre Paris et Alger – nourrie par un contentieux sur le Sahara occidental et l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal – à un niveau de gravité sans précédent depuis une vingtaine d’années.
    Après cela, le 29 janvier, le tribunal administratif de Paris avait validé le retrait du titre de séjour de M. Naman, mais suspendu en référé l’arrêté d’expulsion délivré par le ministre de l’intérieur, considérant que la procédure d’expulsion « en urgence absolue » avait été appliquée à tort. Elle prive un étranger de garanties essentielles, notamment de l’audition par une commission composée de magistrats, alors que M. Naman résidait régulièrement depuis quinze ans en France, où vivent ses deux enfants et sa compagne, tous français.
    Le préfet de l’Hérault (département de résidence de M. Naman) avait prononcé aussitôt une OQTF. « Un détournement de procédure et un acharnement avec pour unique objectif de le maintenir enfermé », dénoncent les avocates de l’intéressé, Marie David-Bellouard et Julie Gonidec. Le tribunal administratif de Melun a enjoint, jeudi, au préfet de réexaminer la situation de M. Naman et, dans l’intervalle, de lui délivrer une autorisation provisoire de séjour.
    Le ministère de l’intérieur a annoncé faire appel et « continuer la procédure d’expulsion ». Invité sur le plateau de LCI dans la soirée de jeudi, Bruno Retailleau a tenté de faire oublier ce camouflet en livrant une attaque en règle contre le droit. « Cette décision tombe bien, a ainsi affirmé le ministre de l’intérieur. Ça va me permettre d’expliquer aux Français tous les obstacles qu’on rencontre. » L’ex-chef de file des Républicains (LR) eu Sénat a expliqué que le droit international, européen et français « rend très très difficile le fait de reprendre le contrôle de l’immigration ». Il a dit vouloir « prend[re] à témoin les Français » de « règles juridiques, qui (…) entravent et ne protègent plus la société ». Peu après sa prise de fonctions, le 29 septembre 2024, il avait estimé dans Le Journal du dimanche : « L’Etat de droit, ça n’est pas intangible ni sacré. »
    De façon presque simultanée, le ministre de la justice et ancien locataire de la Place Beauvau, Gérald Darmanin, s’est déclaré favorable à une modification de la loi pour que « la République et l’Etat ne fassent pas preuve d’impuissance, mais expulsent du territoire national toute personne étrangère irrégulière », alors même qu’il porte la paternité d’un texte sur l’immigration, promulgué en janvier 2024, déjà censé lever un maximum de freins aux expulsions d’étrangers délinquants. M. Darmanin a, par ailleurs, défendu la tenue d’un référendum pour modifier la constitution sur le droit du sol, au sortir de l’Assemblée nationale où venait d’être adoptée une loi plus restrictive pour Mayotte.
    M. Retailleau a, lui aussi, dégainé l’arme référendaire sur le sujet migratoire. « Je pense que le peuple souverain devra tôt ou tard trancher cette question par la voix du référendum », a-t-il déclaré, prenant pour exemple son souhait de conditionner à cinq ans de résidence l’accès à certaines prestations sociales pour les étrangers. Une proposition législative de LR instaurant cette forme de préférence nationale avait été rejetée, en avril 2024, par le Conseil constitutionnel, car jugée disproportionnée. Se prévalant du « soutien des Français », y compris d’une « majorité de Français de gauche » sur les questions de l’immigration, M. Retailleau a rappelé sa volonté de rétablir le délit de séjour irrégulier. Il avait été supprimé en 2012 par la gauche, en application d’une directive européenne interdisant l’édiction d’une peine privative de liberté, remplacé par la possibilité de placer les étrangers en retenue administrative. Le ministre s’est enfin redit en faveur d’une loi pour augmenter la durée maximale de placement en rétention des étrangers sans titre de séjour, qui est de 90 jours depuis 2018.

    #Covid-19#migrant#migration#france#immigration#politiquemigratoire#OQTF#expulsion#algerie#sante#droit

  • Rapatriement des migrants sénégalais bloqués au Niger et en Algérie : l’ONG ADHA appelle à une action urgente
    https://www.dakaractu.com/Rapatriement-des-migrants-senegalais-bloques-au-Niger-et-en-Algerie-l-ONG

    Rapatriement des migrants sénégalais bloqués au Niger et en Algérie : l’ONG ADHA appelle à une action urgente
    Dans un communiqué transmis à Dakaractu, l’ONG ADHA (Action pour les Droits Humains et l’Amitié) a exprimé ses vives préoccupations concernant les conditions de vie de 81 citoyens sénégalais expulsés d’Algérie. L’organisation, fidèle à sa mission de défense des droits fondamentaux, a souligné son inquiétude face à la situation dramatique de ces migrants, actuellement bloqués dans des camps de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) au Niger, ainsi que dans des zones désertiques proches des frontières algériennes. Ces personnes, confrontées à des conditions de vie extrêmes et inhumaines, réclament leur rapatriement et leur réinsertion dans leur pays d’origine.
    Au camp d’Assamaka, dans le nord-ouest du Niger, 33 Sénégalais, présents depuis le 4 décembre 2024, vivent dans des conditions dégradantes. Leur seule demande est un rapatriement immédiat vers le Sénégal, un droit qui leur est dû. À Arlit, 14 compatriotes, dont une femme accompagnée de ses deux enfants, sont dans une situation critique après avoir passé plus de deux mois dans le camp d’Assamaka avant d’être transférés. Leur détresse psychologique et physique est alarmante. Par ailleurs, à 50 km de Niamey, 35 Sénégalais expulsés d’Algérie survivent depuis près de six mois dans des conditions précaires. Bien que l’OIM ait annoncé leur rapatriement pour le 4 février 2025, leur dignité a été gravement mise à mal par cette attente prolongée.
    L’ONG ADHA déplore un manque de soutien de la part des autorités consulaires sénégalaises. Selon les témoignages recueillis auprès des migrants, l’assistance de l’ambassade du Sénégal au Niger serait très insuffisante, voire inexistante. Contrairement à d’autres ambassades qui se déplacent régulièrement sur le terrain ou communiquent fréquemment pour s’enquérir de la situation de leurs ressortissants, l’ambassade sénégalaise semble ne pas répondre aux attentes légitimes des migrants. ADHA appelle donc les autorités consulaires à intensifier leurs efforts pour garantir la dignité et la sécurité de ces compatriotes.
    Face à cette urgence humanitaire, l’ONG ADHA exhorte le Chef de l’État et les autorités compétentes à agir avec diligence et humanité en prenant les mesures suivantes :
    1. Le rapatriement immédiat des 81 citoyens sénégalais : En plus des 34 personnes dont le rapatriement est prévu le 4 février 2025, ADHA insiste pour que cette date soit respectée et que des efforts supplémentaires soient déployés pour assurer le retour de tous les compatriotes bloqués dans les camps et zones désertiques.
    2. Un accueil humanitaire à leur arrivée** : Il est essentiel de fournir une assistance médicale et psychologique adaptée pour atténuer les traumatismes subis durant leur périple.
    3. Une réinsertion socio-économique durable : ADHA souligne la nécessité de revoir les mécanismes de financement de la réinsertion, actuellement plafonnés à environ 1 000 euros par bénéficiaire via l’OIM et les BAOS. Ces fonds, souvent versés tardivement et sans suivi adéquat, poussent de nombreux rapatriés à reprendre la route migratoire. Une refonte complète de ce dispositif est indispensable pour offrir des perspectives viables aux migrants de retour.
    4. L’envoi d’émissaires en Algérie : Selon les informations recueillies, certains Sénégalais, dont des expulsés de Tunisie ou des détenteurs de passeports expirés, seraient regroupés devant les camps de l’OIM en Algérie. Bien que l’OIM ait obtenu l’autorisation de rapatrier 20 personnes sur une cinquantaine, ADHA appelle les autorités sénégalaises à envoyer des émissaires pour évaluer la situation et intervenir efficacement.
    ADHA rappelle que l’État sénégalais a une obligation légale et morale de protéger ses citoyens, quel que soit leur statut ou leur localisation. Les droits humains ne s’arrêtent pas aux frontières nationales, et la dignité humaine ne saurait être reléguée au second plan. L’ONG exige une réponse rapide, coordonnée et respectueuse des droits fondamentaux de ces compatriotes.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#niger#assamaka#OIM#ADHA#BAOS#reinsertion#sante#santementale#algerie#camp

  • Algérie : l’ambassadeur de France convoqué à Alger pour dénoncer des « traitements dégradants » dans les aéroports parisiens
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/01/28/algerie-l-ambassadeur-de-france-convoque-a-alger-pour-denoncer-des-traitemen

    Algérie : l’ambassadeur de France convoqué à Alger pour dénoncer des « traitements dégradants » dans les aéroports parisiens
    Le Monde avec AFP
    L’Algérie a déclaré, mardi 28 janvier, avoir convoqué l’ambassadeur de France à Alger pour dénoncer des « traitements dégradants » auxquels auraient été soumis des passagers algériens arrivés dans des aéroports parisiens, selon un communiqué officiel.
    L’Algérie, en crise diplomatique avec la France, a exprimé sa « profonde préoccupation [face aux] témoignages concordants d’un certain nombre de ressortissants algériens sur des traitements provocateurs, dégradants et discriminatoires auxquels ils sont soumis par la police aux frontières au niveau des aéroports de Roissy - Charles-de-Gaulle et d’Orly », selon le texte.
    « Suite à la confirmation de la véracité de ces informations », le secrétaire d’Etat en charge de la communauté nationale à l’étranger, Sofiane Chaib, a convoqué l’ambassadeur français, Stéphane Romatet, « pour lui signifier la ferme protestation du gouvernement algérien face à de tels agissements totalement inadmissibles », a-t-on ajouté de même source.
    Le responsable algérien « a demandé à l’ambassadeur d’informer son gouvernement de la nécessité de prendre toutes les mesures indispensables, afin qu’il soit mis fin, sans délai, à ces agissements et pratiques inacceptables qui déshonorent le gouvernement français ».« Il a également affirmé le rejet catégorique de l’Algérie de toute atteinte, de quelque manière que ce soit, à la dignité de ses citoyens, ou de les instrumentaliser à des fins de pression, de provocation ou de tentative d’intimidation à l’encontre de leur pays », toujours selon le communiqué.
    Les rapports entre les deux pays se sont dégradés après l’annonce, fin juillet, par Paris d’un soutien au plan d’autonomie marocain au Sahara occidental, territoire au statut non défini à l’ONU et théâtre d’un conflit depuis un demi-siècle entre le Maroc et les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.
    La brouille s’est amplifiée avec la détention en Algérie, depuis la mi-novembre, de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, puis l’arrestation en France, en début d’année, de plusieurs influenceurs algériens et franco-algériens pour apologie de la violence.« Hier [lundi], des voyageurs algériens, munis de visas en règle, ont subi un calvaire à leur arrivée aux aéroports français, notamment à Paris. A l’origine de cette démarche punitive se cache Bruno Retailleau », le ministre de l’intérieur français, a affirmé mardi le quotidien gouvernemental El Moudjahid. « Figure haineuse », M. Retailleau « orchestre une politique d’humiliation visant directement les Algériens », poursuit le journal.

    #Covid-19#migrant#migration#france#algerie#politiquemigratoire#frontiere#sante#droit

  • Au Niger, des réfugiés expulsés d’Algérie se sentent abandonnés et manifestent
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/01/25/au-niger-des-refugies-expulses-d-algerie-se-sentent-abandonnes-et-manifesten

    Au Niger, des réfugiés expulsés d’Algérie se sentent abandonnés et manifestent
    Par Nissim Gasteli
    Depuis plus de quatre mois, des réfugiés et demandeurs d’asile se réunissent tous les jours devant les bureaux de l’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), dans le centre humanitaire d’Agadez, dans le nord du Niger, pour réclamer leur relocalisation vers d’autres pays. Sur des photos transmises par l’un des manifestants au Monde, on voit des hommes, femmes et enfants, debout, au milieu d’un paysage désertique, tenir des écriteaux sur lesquels on peut lire des appels à l’aide : « Nous ne sommes pas seulement des réfugiés ! Nous sommes aussi des êtres humains qui rêvent d’une vie décente ! Nous ne voulons pas rester ici. »
    « La situation est très difficile, confie Ismaïl Yousef, un exilé soudanais, joint par téléphone. Nous vivons loin de la ville, en plein milieu du désert. » Sa voix balayée par le vent, le trentenaire dénonce des conditions de vie « catastrophiques ». Et de lister les problèmes : « L’accès à l’eau est limité. En ce qui concerne la nourriture, nous recevons, chaque mois, une carte alimentaire d’une valeur de 8 800 francs CFA [environ 13 euros], avec laquelle nous ne pouvons manger que dix jours si nous voulons manger à notre faim. L’électricité manque. Même l’accès à Internet est difficile. Il n’y a pas de travail, pas d’accès à la santé. Les enfants, sans éducation, ont perdu espoir. Les personnes âgées, les malades et les handicapés souffrent énormément. »
    « Ce qu’ils disent n’est pas faux », reconnaît le représentant du UNHCR au Niger, Emmanuel Gignac. « Mais c’est une question de nuance », tempère-t-il, précisant qu’il existe sur le site des points d’eau, une école ainsi qu’un centre de santé fonctionnel, bien que les soins y aient été interrompus pendant deux mois à cause de problèmes externes. « En raison de la baisse de financements des bailleurs internationaux, nous avons de plus en plus de difficultés à mobiliser les ressources nécessaires pour fournir aux réfugiés tout ce dont ils ont besoin », regrette-t-il.
    Le centre humanitaire, un camp fait de bâtiments en dur, de préfabriqués et d’abris en toile, posé sur le sable à 15 kilomètres d’Agadez, a été ouvert en 2018 pour offrir « un abri, une sécurité et une protection à ceux qui attendent une décision des autorités sur leur demande d’asile », selon le UNHCR. Les manifestations y sont fréquentes, parfois violentes. En 2022, elles avaient mené à la mort d’un exilé soudanais, tué par un jet de pierre attribué à un réfugié, selon la version officielle. Ce que contestent les protestataires, qui évoquent un tir de la police nigérienne.
    Le centre abrite aujourd’hui près de 1 900 personnes. « Ce sont majoritairement des Soudanais, des Centrafricains, des Ethiopiens, des Erythréens, qui ont fui les conflits, précise Rhoumour Ahmet Tchilouta, chercheur associé à l’organisation Border Forensics et à l’université de Bologne. Ils ont tous subi des violences chez eux, dans les pays par lesquels ils sont passés, notamment la Libye, et désormais au Niger. »
    En grande majorité, ces personnes sont arrivées à Agadez contre leur volonté, après avoir été expulsées de l’Algérie voisine. C’est le cas d’Ismaïl Yousef. Après avoir fui en 2019 le Kordofan du Sud, région soudanaise alors en proie à des combats meurtriers, puis la Libye, où il était confronté aux violences extrêmes qu’y subissent les personnes migrantes, il est arrivé en Algérie avant d’être arrêté et reconduit à la frontière avec le Niger. Comme lui, plus de 30 000 personnes ont été expulsées par les autorités algériennes en 2024, selon Alarm Phone Sahara. Un « record », précise Moctar Dan Yaye, responsable des relations publiques de l’organisation.
    Dans son rapport annuel, Alarm Phone Sahara estime « qu’une des raisons de cette évolution est le renforcement de la coopération entre les pays du Maghreb », avec notamment « une augmentation des expulsions en chaîne, au cours desquelles des personnes sont expulsées de Tunisie vers la frontière algérienne, puis par les forces de sécurité algériennes vers la frontière nigérienne. »
    « Si ces gens se retrouvent ici, au Niger, c’est parce que les routes vers l’Europe leur ont été barrées par les moyens conséquents mis à la disposition des pays de transit par l’Union européenne », juge Rhoumour Ahmet Tchilouta. Pour les autorités locales et les Nations unies, ce phénomène a pour conséquence la congestion des centres d’accueil de la région d’Agadez.
    Pour les naufragés des routes migratoires, le choix est alors âpre. L’Organisation internationale pour les migrations propose un programme de « retour volontaire » pour ceux qui veulent et peuvent rentrer dans leur pays. Le UNHCR dispose bien d’un programme d’évacuation vers des pays tiers pour les personnes éligibles au statut de réfugié, mais il est limité par « la baisse drastique des places disponibles », selon Emmanuel Gignac. Reste l’option de retenter sa chance en Libye grâce à la reprise de l’économie du passage transfrontalier, favorisée par l’abrogation d’une loi criminalisant le trafic des migrants par la junte militaire au pouvoir au Niger depuis le putsch de juillet 2023.

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    Plus de 30 000 migrants ont été expulsés par l’Algérie vers le Niger en 2024, selon Alarme Phone Sahara
    Par La rédaction Publié le : 14/01/2025
    L’ONG Alarme Phone Sahara a alerté, dans un communiqué publié lundi, sur le nombre de migrants expulsés par l’Algérie vers le Niger au cours de l’année 2024. Plus de 30 000 personnes ont été refoulées par les autorités algériennes et envoyées dans le désert. Un nombre record par rapport aux années précédentes.
    Jamais autant de migrants n’ont été expulsés d’Algérie vers le Niger qu’en 2024. C’est le constat dressé par l’ONG Alarme phone (APS) qui a publié, lundi 13 janvier, un communiqué à ce sujet. « Au moins 31 404 personnes (...) ont été expulsées d’Algérie à la frontière du Niger pendant l’année 2024 », avance l’ONG qui dénonce les « traitements violents » voire « mortels » à l’encontre de ces exilés.
    Dans un précédent rapport, APS indiquait que l’Algérie avait refoulé quelques 20 000 migrants, rien qu’entre janvier et août 2024. Depuis 2014, des migrants irréguliers nigériens mais aussi d’autres pays africains, dont des femmes et des mineurs, sont fréquemment refoulés d’Algérie, point de transit vers l’Europe. Mais, en 2024, le nombre de personnes expulsées par Alger a « dépass[é] tous les chiffres documentés des années précédentes », y compris celui de 2023 avec 26 031 refoulés, souligne Alarme Phone Sahara.
    Ces expulsions ont lieu après des arrestations massives de migrants dans le pays. Or, ces interpellations de masse sont de plus en plus fréquentes. « Les forces de sécurité algériennes effectuent régulièrement des raids et des arrestations massives sur les lieux de vie et de travail des migrants », rapporte APS dans son communiqué.
    « On observe depuis 2023 une augmentation des expulsions en chaîne, au cours desquelles des personnes sont expulsées [depuis la] Tunisie, souvent après des pushbacks en mer, vers la frontière algérienne, puis par les forces de sécurité algériennes vers la frontière nigérienne », ajoute l’organisation.
    Depuis 2014, InfoMigrants a recueilli de nombreux témoignages d’exilés qui ont été expulsés d’Algérie après avoir été arrêtées dans leur quotidien ou bien à la suite d’une tentative de traversée de la Méditerranée avortée. Les exilés sont alors déposés dans le désert au sud de l’Algérie et sommés de traverser la frontière à pieds jusqu’à rejoindre la ville nigérienne d’Assamaka, où se trouve un centre de transit de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
    Mamadou, un Sénégalais de 22 ans, a notamment affirmé à InfoMigrants avoir passé plus de 20 jours dans une prison algérienne après son arrestation dans le pays. Le jeune homme a ensuite été menotté et forcé à monter dans un bus."Au bout de cinq ou six heures […], on nous a déposés dans le désert, il n’y avait rien autour. La police algérienne nous a crié : ‘Voilà Assamaka !’ en pointant le doigt vers l’horizon. ‘L’OIM [Organisation internationale des migrations], c’est tout droit’. On s’est mis en marche, je ne sais plus pour combien de temps. Tout ce dont je me souviens, c’est que j’étais épuisé, complètement à bout de forces. J’ai quand même réussi à faire la dizaine de km qui nous séparaient d’Assamaka", a-t-il raconté.En avril, les autorités nigériennes ont convoqué l’ambassadeur d’Algérie pour « protester » contre « le caractère violent » de ces opérations de rapatriement et de refoulement. À son tour, Alger a convoqué l’ambassadeur du Niger tout en jugeant « sans fondements » les allégations des autorités nigériennes.
    Mais les expulsions depuis l’Algérie ne sont pas les seules à inquiéter APS. Ces derniers mois, les expulsions de Libye vers l’est du Niger - et notamment vers la ville de Dirkou - se multiplient.
    Le 1er janvier, 770 migrants nigériens refoulés de Libye ont « regagné le territoire national », selon l’armée nigérienne. Mais cette opération d’expulsion initiée par Tripoli a été « encadrée par une escorte (militaire) jusqu’à la localité de Dirkou », côté nigérien, précise l’armée qui indique que leur accueil a été « coordonné » par les forces de sécurité et l’OIM.
    L’augmentation de ces expulsions et l’afflux de migrants à Dirkou créé un goulot d’étranglement dans le minuscule centre d’accueil de l’OIM qui ne compte qu’une trentaine de place. En conséquence, une centaine de personne s’est retrouvée à devoir dormir à l’extérieur du centre à partir de la mi-novembre. « Certains sont même là depuis trois mois », alertait déjà Azizou Chehou, coordinateur de la plateforme d’APS au Niger.La situation s’est depuis aggravée. Dans la nuit du vendredi 3 au samedi 4 janvier, 613 migrants nigériens sont arrivés dans la ville de Dirkou après avoir été expulsés de Libye. Pour les autorités de Dirkou et l’OIM, la seule solution de désengorgement est que ces personnes soient transférées vers Agadez. Mais les centres d’accueil de la capitale nigérienne manquent eux aussi de places d’hébergement.

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