• La thèse Chakabartyienne d’une toute nouvelle conscience environnementale planétaire tient-elle mieux la route que celle de la nouveauté de la société du risque ? Non. Le grand récit d’un passage progressif de l’obscurité aux lumières vertes se révèle incorrect au regard des acquis récents en histoire des sciences et des savoirs ainsi qu’en histoire environnementale. Un désormais important corpus d’études a démontré que nous ne vivons pas ce moment unique et récent où les humains se demanderaient pour première fois ce qu’ils font à la planète. De nombreux travaux sont en effet venus ébrécher la thèse d’un clivage passé entre histoire humaine et histoire naturelle que Chakrabarty attribue à la modernité, et dont il prophétise la remise en cause présente.

      [...]

      En somme, les 3e et 4e traits du « planétaire », à savoir les réflexivités environnementales sensibles au temps long de la Terre et à la planétologie comparative, posés comme nouveaux par Chakrabarty, se révèlent des grammaires réflexives bien plus anciennes, par lesquelles les élites impériales ont pensé les conditions et le devenir de leur hégémonie (en inventant notamment des justifications « vertes » à l’impérialisme). Il ne s’agit pas ici de prétendre que les connaissances et environnementales planétaires du début de l’ère moderne ou du XIXe siècle doivent être considérées comme d’héroïques avant-courriers oubliés des actuelles Sciences du Système Terre, du GIEC et de l’Anthropocène ! Il s’agit plutôt d’historiciser la catégorie du « planétaire » et non pas seulement celle du « global ».

      La critique de Bonneuil est bien vue, mais je commence aussi à me dire que ce débat sur la date de départ de notre réflexivité environnementale est un peu inutile. Je pense qu’on peut soutenir à la fois que celle-ci a toujours existé et qu’on en vit une inédite - et pourquoi pas appeler ça planetary turn.

      Le rappel de Bonneuil, Fressoz et co. est utile – il y a toujours eu des gens qui se sont souciés de leur environnement à plus ou moins grande échelle, qui ont alerté et lutté contre les pollutions industrielles en tout genre, qui en ont souffert, qui ont lié questions politiques et environnementales, commerciales et biogéochimiques (?), y compris parmi les élites européennes. Bref, il est utile de rappeler que nous n’avons jamais été modernes (hu hu !). Ce rappel permet de ne pas se couper fondamentalement du passé, de montrer qu’un autre chemin était possible, que les responsables du massacre n’ont pas agi dans une ignorance complète des conséquences.

      Mais, outre les catastrophes qui se multiplient partout, les sciences du système Terre n’offrent-elles pas justement quelque chose de fondamentalement différent dans notre expérience de la planétarité ? Dans le cas du réchauffement en particulier, on parle de gaz invisibles, qui se mélangent rapidement globalement, qui n’ont aucun effet (direct) sur la santé, et dont les effets se produisent sur des décennies, siècles, millénaires. Les sciences viennent rendre visibles, avec une très grande précision, un truc qui sans elles resteraient inconnus, elles nous rendent plus sensibles aux effets de nos activités, redéfinissent les risques comme étant globaux et se jouant sur de grandes échelles de temps. Le futur de l’humanité est discuté à partir de modélisations climatiques, des traités internationaux sont signés sous l’influence de la science.

      (Parmi ces sciences, celle de Claude Lorius (https://seenthis.net/messages/996066) a joué un grand rôle. Les graphes montrant en parallèle les concentrations de co2/méthane et la température sur des centaines de milliers d’années sont devenus iconiques, ils définissent la « base » à partir de laquelle on a gravement dévié et ils nous font connaître le climat de la Terre sur 1 million d’années. La somme de connaissances issues de sa science avec laquelle on se trouve maintenant est phénoménale, alors qu’au début de sa carrière elle était vue comme un truc d’amateurs et que lui voulait surtout aller jouer les aventuriers en Antarctique.)

  • Voir la nature comme un·e naturaliste : une contre-histoire de la modernité
    https://www.terrestres.org/2022/11/30/voir-la-nature-comme-un-naturaliste-une-contre-histoire-de-la-modernite

    Vanessa Manceron : Quand j’ai commencé mon enquête sur les pratiques naturalistes amateurs en Angleterre, Par-delà nature et culture, était déjà paru. Je lisais dans le même temps les philosophes et les anthropologues qui tiraient les conséquences de l’ontologie naturaliste pour en faire la critique, considérant que cette vision du monde conduit à considérer la nature comme un simple entourage dont les modernes, du fait de leur exceptionnalité et de leur position supérieure dans l’échelle du vivant, se sont extraits par la culture. De sorte, ils ont pu exercer librement leur volonté de puissance et d’assujettissement, qu’il s’agisse d’en faire un stock de ressources dans lequel puiser sans restriction ou qu’il s’agisse de la protéger et, ce faisant, de lui assigner une position subalterne.

    Tandis que j’observais le rapport à la nature qu’expérimentent les observateurs de la faune et de la flore que je suivais sur le terrain un certain nombre de dissonances ont surgi. J’ai en effet découvert des hommes et des femmes qui se relient intensément et pour la vie à certaines catégories d’êtres vivants, qui pour les connaître s’immergent dans leur monde et tentent d’approcher ce que cela veut dire d’être une plante ou un oiseau. Ce sont des gens que les manières d’exister des vivants émerveillent, parce qu’elles sont autres, intrigantes et éminemment variables. Ils aiment et étudient les plantes et les animaux pour ce qu’ils sont et font en situation, sans finalisme, sans désir de transformation ou d’appropriation, ni même d’interaction, car ils cherchent des alignements avec des êtres autonomes et libres, considérant qu’ils font partie du même tissu symbiotique.

    Les naturalistes amateurs échappent donc à la critique du dualisme mortifère parce que celui-ci n’est pas étanche. Mais surtout, et c’est sans doute ce qu’il y a de plus intéressant, ils ne rompent pas pour autant avec l’ontologie naturaliste telle que la définit Descola, ni ne témoignent par leurs pratiques d’un quelconque désir d’animisme. Ils incarnent selon moi une potentialité relationnelle de l’ontologie naturaliste mal connue et impensée, qu’il m’importait de décrire. On a à faire avec un régime de connaissance héritée des débuts de la modernité qui produit des schèmes relationnels symétriques et d’une grande intensité, bien étrangers aux jugements réducteurs sur l’incapacité des modernes à se relier et à considérer avec respect et équité les autres vivants. C’est pour cela que je trouve très important de toujours situer nos connaissances et ne jamais céder à la tentation de cesser de rendre compte des variations et de la singularité des situations.

    [...] L’Angleterre offre des décalages très intéressants à penser. Selon l’historienne des sciences Lorraine Daston, les représentations d’après nature naissent au XVIIe siècle. L’histoire naturelle précède ce qu’elle appelle l’objectivité mécanique, quand il s’est agi de mettre le monde à distance sans inférence humaine, pour dévoiler les lois universelles de fonctionnement de la nature. Les naturalistes amateurs, héritiers d’une tradition de recherche des débuts de la modernité, ne considèrent pas que les émotions esthétiques, les affects et l’engagement personnel de l’observateur soient un obstacle à l’objectivation et à une bonne observation. C’est même tout l’inverse. Les savoirs sont justes et précis parce qu’ils ne sont pas exempts de doutes, d’interprétations, voire même dans certains cas d’une certaine dose d’anthropomorphisme. Et c’est sans doute ce que Romain appelle les rémanences de l’analogisme. De la même manière que les illustrations d’après nature n’excluent pas l’artiste de la représentation, les savoirs naturalistes n’excluent pas les observateurs du monde qu’ils étudient. Il s’agit d’une science avec des chercheurs dedans. Cette épistémologie qui assouplit et trouble la coupure entre sujet connaissant et chose à connaître, me semble particulièrement marquée en Angleterre. Et sans doute faut-il y voir l’influence historique de la tradition empirique qui fait de l’expérience sensible l’origine de toute connaissance. Le monde ne se connaît qu’en en faisant l’expérience sensible. C’est là un motif extrêmement fort qui explique sans doute aussi le succès outre-Manche de l’histoire naturelle mais aussi des pratiques amateurs.

    [...] Les naturalistes amateurs ne sont pas dans un mode projectif pour accroître leurs états intérieurs. En se reliant à la nature comme ils le font, ils ne construisent pas un paysage admiré à distance, ils plongent dans les détails, ils s’immergent, ils ont le sentiment qu’ils sont membres d’une espèce parmi les autres et que les êtres qu’ils admirent sont une part d’eux-mêmes. Il ne s’agit donc pas d’un système d’identification à la nature, mais d’un système qui crée la possibilité d’expérimenter une nouvelle version de la réalité, en étant avec et parmi. Ils ne voient pas non plus le sauvage comme un espace des confins où s’ensauvager. Le sauvage est ce qui est libre et autonome, mais qui peut évoluer dans les espaces habités et transformés par les hommes. Ils ne sont pas des romantiques s’extasiant devant un monde sans homme, ils se préoccupent des intrications entre les existants, dans des milieux où les êtres cohabitent avec les humains. Les naturalistes amateurs ont des prises très concrètes sur le monde et une volonté de comprendre comment les vivants habitent le territoire. La nature pour eux est un monde qui a ses propres logiques merveilleuses à observer, et qui transforme la perception qu’ils ont de leur environnement proche, non pas comme un entour et un espace, mais comme un milieu et un lieu auquel s’attacher et dans lequel s’immerger.

    [...] Romain Bertrand : Là où je me retrouve dans la démarche de Vanessa, comme dans celle d’autres anthropologues qui réinvestissent une ethnologie de l’Europe, c’est qu’elle essaye de cerner des régimes de pratiques qui montrent qu’on fait de la politique autrement – à bas bruit, comme tu dis –, laquelle permet des tas de liaisons nouvelles entre les êtres, entre les causes. Ces situations ne sont pas réductibles à des catégorisations idéologiques faciles et rapides. Dès qu’on descend dans l’ordre du quotidien et de la pratique, on est dans la multiplicité, et c’est cette multiplicité qui permet ces prises. Ce que l’histoire peut ajouter, c’est l’écriture d’une histoire de l’Europe qui ne soit plus celle d’une identité enracinée dans une provenance. J’aime bien dire que ça a toujours été un peu flou. Ce que Vanessa documente dans le contemporain, on peut aussi le documenter dans le passé, y déceler une altérité interne à nous-mêmes. C’est très important aujourd’hui, parce que tous les discours conservateurs, ceux qui refusent de penser la sortie du modèle capitaliste, la crise écosystémique, le font toujours au nom d’un même argument : si on faisait les choses autrement, ça ne serait plus nous. Or ce « nous », seule raison refuge qui s’oppose aux changements que la catastrophe impose, est porté par un discours complètement faux. Nous avons aussi été autres : nous avons été analogistes, empiristes, mystiques, etc. La petite contribution des sciences humaines, c’est de le montrer en sapant l’illusion d’une identité au nom de laquelle on refuserait de changer. Il faut qu’on change, oui, et ça n’est pas grave : l’histoire montre que nous n’avons jamais cessé de changer, et l’ethnographie que nous avons des milliers d’alternatives à notre disposition.

    #naturalisme #analogisme #Descola #Latour #nature #sciences #anthropologie #écologie

  • Une économie des communs négatifs
    par Alexandre Monnin- AOC media
    https://aoc.media/opinion/2022/11/28/une-economie-des-communs-negatifs

    L’écologie ne peut se penser comme un retour à la nature (ou à une époque antérieure, post industrielle, post-civilisationnelle, etc.) sous peine de porter avec elle un arrière-plan malthusien ou exterminisme.

    Son défi est désormais d’être une écologie des milieux impurs dans lesquels une part grandissante de l’humanité évolue qui cherche à négocier un passage étroit entre deux écueils : l’abandon brutal et immédiat des infrastructures, technologies et modèles – ce que j’appelle des communs négatifs – dont cette part croissante de l’humanité dépend un peu plus chaque jour, ce qui ne saurait se faire à très court terme, et le maintien de ces mêmes réalités à moyen terme.
    [...]
    La tentation est grande en effet, au-delà même des cosmologies, de puiser dans les savoirs du Sud générés en réponses à des situations de crises, situations dès lors valorisées au-titre d’une anticipation d’événements dramatiques à venir au Nord (hausse du niveau de l’eau, des températures, tropicalisation du climat, etc.).

    Les peuples autochtones ou les habitants d’Haïti seraient ainsi les éclaireurs des peuples du Nord, prenant les risques dont ces derniers entendent se préserver en observant la capacité d’adaptation des premiers.
    [...]
    Ceux qui pointent la responsabilité des pays du Nord ont tendance à rejeter le mot « Anthropocène » et à lui en substituer d’autres : Capitalocène, Anglocène, Androcène, etc. Il en existe mille et une variantes. On peut accepter cette responsabilité historique sans céder à l’ensemble des arguments des promoteur-ices de la notion de Capitalocène. Un point nous semble pourtant décisif : loin d’être une avant-garde, il faut penser le Nord Global comme le porteur et le témoin des futurs obsolètes, qui n’ont d’ailleurs, comme le souligne l’écrivain Amitav Ghosh[6], jamais eu vocation à advenir à l’échelle du Globe. L’échange écologique inégal, ainsi nommé par l’anthropologue Alf Hornborg[7], a vocation à le rester.

    Nul artifice ne permettra une généralisation à la population entière du mode de vie californien sans doute l’un des plus marketé à l’échelle du globe en dépit de sa nocivité fondamentale – pour prendre un exemple hélas aussi archétypal que caricatural. Si ces futurs sont obsolètes, il s’agit alors d’hériter à la fois de leurs matérialisations passées et des projets qui adviennent encore chaque jour en leur nom, les « ruines ruineuses » du présent et de l’avenir, à démonétiser symboliquement de toute urgence. Hériter du passé comme de l’avenir, dans un même geste.
    [...]
    Partant du principe qu’aucune transition ne pourra s’accomplir simplement en verdissant l’existant et que tout ne pourra être maintenu en garantissant les conditions d’habitabilité sur Terre, la redirection écologique pose la nécessité de procéder à des arbitrages démocratiques. Qui ne seront pas les mêmes partout et pour tout le monde car nous héritons collectivement des infrastructures de ce que le philosophe Olúfẹmi O. Táíwò[8] appelle the Global Racial Empire, qui opère une distribution des richesses, des biens de première nécessité ou des opportunités, tout à fait inégale.
    [...]
    comment faire changer la trajectoire de modèles (économiques, distributifs, juridiques, managériaux, etc.), d’infrastructures, de technologies non seulement vectrices d’inégalités mais qui détruisent l’habitabilité du monde ? Pour ce faire, il s’agit de les reconnaître pour ce qu’ils sont, de véritables communs négatifs ouvrant sur une nécessaire réappropriation collective à de multiples échelles. Surtout, il convient d’éviter un écueil majeur : les populations attachées, volontairement ou involontairement à ces réalités sont de plus en plus nombreuses, au Nord mais aussi dans le Sud Global, en dépit de l’immense hétérogénéité des situations, ne peuvent s’en extraire et s’en départir du jour en lendemain. En même temps, le business as usual est exclu à moyen terme. Tout l’enjeu consiste donc à emprunter une ligne deux crêtes entre ces deux écueils, qui sont aussi deux positions implicitement exterministes.
    C’est ici que doit s’affirmer le devoir historique des nations et peuples du Nord. Car il s’agit bien de prolonger le fil ouvert par les révolutions industriels et le régime métabolique minier[9] qui a consisté à tirer du sol de nouvelles sources d’énergie qui sont devenues à leur tour la matrice de nouvelles technologies, de nouvelles infrastructures et d’une nouvelle civilisation marquée par des modalités de subsistance impossible à congédier ou à prolonger.

    Des modalités de subsistance qui n’appellent pas nécessairement à passer uniformément sous les fourches caudines des limites planétaires mais à négocier précisément ce à quoi il faut renoncer et qu’il faut tâcher de maintenir pour que la recherche de capacités nouvelles de subsistance ne soit pas un eugénisme masqué des corps sains, enfin libérés des entraves de la Technosphère et rendu à une Nature accueillante.
    [...]
    Face à la dégradation de l’habitabilité, il s’agit d’opérer les nécessaires fermetures pour libérer des espaces où des milieux désormais impurs, comportant des poches de technicités mises par exemple à profits pour perpétuer des soins aux corps le nécessitant, pourront subsister.
    [...]
    Tirer le fil, donc, pour se positionner en arrière-garde d’un monde à venir, composant avec de multiples milieux interlopes.

    Ce rôle d’arrière-garde est généralement échu aux populations indigènes ou aux Nations en passe d’être engloutis par les flots ou sacrifiées pour le maintien du statu quo extractiviste. Têtes de ponts des changements induits par l’Anthropocène, privées d’avenir, et en même temps, avant-garde résiliente, malgré elles, au service des nations du Nord avides de mettre à profit les leçons ainsi glanées. Le statut d’arrière-garde doit être assumé. Prises dans un passé, un héritage, auquel elles se confrontent, les nations du Nord ont vocation à permettre à d’autres pays de représenter l’avant-garde de demain et de négocier avec cette modernité impossible selon leurs propres termes, en s’inspirant à leur guise des savoirs et des arts de la fermeture qu’il est impératif d’expérimenter aux Nord.

    Pour ne pas demander à d’autres d’être nos poissons-pilotes, pour ne pas attendre mais susciter ces bascules, à la fois politique et techniques, pour qu’un premier exemple, coupé de l’attente d’un retour sur investissement ou d’un avantage concurrentiel, ouvre la brèche nécessaire.
    [...]
    Au Nord, désormais, la vie bonne est celle qui prendra en charge les communs négatifs, qui travaillera à les démanteler proprement, avec soin. Premier exercice concret et constructif de réparation[10]. Manière d’assumer une responsabilité historique.

    #décroissance #post-croissance #anthropocène #effondrement

  • Kapitalozän - Zeitschrift Luxemburg
    https://zeitschrift-luxemburg.de/ausgaben/kapitalozaen

    Face à la crise planétaire l’idéologie bourgeoise a pondu le terme #Anthropocène pour nous faire croire que toi et moi sommes responsables pour le dérèglement catastrophique du climat qui menace l’espèce humaine et toute la vie sur terre. C’est simplement faux car ce n’est pas notre existence qui en est la cause. Pour désigner le coupable il faudrait employer le terme #Capitalocène, car ce sont les intérêts du capital et les membres de la classe dominatrice qui ont poussé le monde entier dans l’abîme de la catastrpophe écologique. La revue Luxemburg consacre son dernier numéro à la discussion du Capitalocène .

    Disponible gratuitement en ligne comme PDF et en HTML

    Krieg, Erderwärmung, Inflation: Eine Krise jagt die nächste. Doch sie lösen einander nicht ab, sondern verstärken sich wechselseitig. Wie lässt sich eine Zeit auf den Begriff bringen, die sich selbst überschlägt? Führt der Katastrophenkapitalismus über kurz oder lang zum ökologischen Kollaps? Es ist die kapitalgetriebene Aneignung und Verwertung der Natur, die uns all das eingebrockt hat. Wir leben im #KAPITALOZÄN

    Inhalt

    Kannibalismus des Kapitals
    Welche Strategie braucht die Klimabewegung?
    Kommunismus und Katastrophe
    Streiken fürs Gemeinwohl
    Grüner Kolonialismus und globale Solidarität
    Kalter Krieg in der Heißzeit?
    An der Grenze des Weißseins

    #capitalisme #écologie #catastrophe_climatique #rrchauffement_de_la_terre

  • Book Review Roundtable : Art & Climate Change
    https://urbanpolitical.podigee.io/57-bookreview_art_climate_change

    The book provides an overview of ecologically conscious contemporary art that responds to today’s environmental crisis, from species extinction to climate change. Art and Climate Change collects a wide range of artistic responses to our current ecological emergency. When the future of life on Earth is threatened, creative production for its own sake is not enough. Through contemporary artworks, artists are calling for an active, collective engagement with the planet in order to illuminate some of the structures that threaten biological survival. Exploring the meeting point of decolonial reparation and ecological restoration, artists are remaking history by drawing on the latest ecological theories, scientific achievements, and indigenous worldviews to engage with the climate crisis. (...)

    #urban,political,art,climate_change,anthropocene
    https://audio.podigee-cdn.net/941127-m-7dd3bea7033c8a4d8ab9789b9c521046.m4a?source=feed

  • Nastassja Martin, anthropologue : rencontre avec le peuple Even du Kamtchatka
    France-Inter | La Terre au carré | Lundi 21 novembre 2022
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-lundi-21-novembre-2022-3526315

    L’anthropologue Nastassja Martin et autrice de « Croire aux fauves » revient avec un livre sur les Even. Ces éleveurs de rennes du Kamtchatka sédentarisés, dont un collectif a décidé de regagner la forêt pour renouer avec leur manière d’être au monde, en lien avec les animaux et les végétaux.

    #anthropologie

  • Changer de regard pour affronter l’urgence écologique
    https://www.blast-info.fr/emissions/2022/changer-de-regard-pour-affronter-lurgence-ecologique-iTudST38SxCqHhut-VB4

    Ces dernières années vous avez peut-être entendu le terme d’anthropocène qui désigne une nouvelle époque géologique dans laquelle les humains sont devenus la principale force de changement sur Terre, surpassant les forces géophysiques. Pour Sandrine…

    #Anthropocène #Inégalités
    https://static.blast-info.fr/stories/2022/thumb_story_list-changer-de-regard-pour-affronter-lurgence-ecologi

  • Contribution de Jacques ROBERT
    Professeur émérite de cancérologie, Université de Bordeaux
    Traitements inéprouvés des cancers

    Rapport 2021 MIVILUDES
    Page 202 à 207

    https://bloglextracteur.files.wordpress.com/2022/11/miviludes-rapport2021_0.pdf

    L’imagination des charlatans est sans bornes lorsqu’ils se mêlent de traiter les maladies les plus graves... Il est impossible dans ce domaine d’être exhaustif et je me contenterai de décrire quelques-unes des entreprises menées par des personnages douteux, médecins parfois, hélas, pour abuser de la confiance des malades. Un certain nombre sont isolés, mais d’autres appartiennent à ce qu’ils appellent un « mouvement de pensée » collectif et n’en sont que plus dangereux en raison de l’emprise qu’ils exercent sur leurs affidés. Il s’agit d’un problème que les cancérologues ne peuvent ignorer, car le nombre de personnes qui recourent à des traitements que l’on qualifie pudiquement « d’inéprouvés » est élevé. On estime que plus de la moitié de nos patients y recourent. Certains de ces traitements sont inoffensifs, heureusement ; d’autres sont agressifs, voire létaux, soit en raison de leur toxicité propre, soit parce qu’ils interfèrent avec les traitements prescrits par l’équipe ayant pris en charge le patient, soit enfin parce qu’ils incitent les personnes confiantes mais abusées à interrompre leur traitement. Malheureusement, les patients qui y recourent ne se confient pas à leur médecin, craignant bien sûr sa désapprobation. Or, l’attitude du médecin n’est pas d’approuver ou d’interdire, mais d’informer le patient afin de lui donner la possibilité de choisir de poursuivre ce traitement parallèle ou de l’abandonner, de sa propre volonté.

    Nous avons assisté au cours de la pandémie des années 2020-2021 à une profusion nouvelle de charlatans, pas forcément orientés vers le traitement des cancers, mais sévissant tous azimuts. Je ne résiste pas au plaisir de vous révéler quelques néologismes ou associations verbales étranges : la cohérence cardiaque, la médecine quantique, l’aromathérapie vibratoire, la psychologie énergétique, l’immunomodulation douce. C’est délicieux : on croirait lire les délires poétiques de Léon-Paul FARGUE.

    #anthroposophie #scientologie #médecines_alternatives #cancer #sectes #charlatans

  • Hommage à David Graeber
    http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html#graeber

    A l’occasion de la parution (2 novembre) de son ouvrage inédit en français, La Fausse Monnaie de nos rêves, théorie anthropologique de la valeur, Mediapart, Attac et Les Liens qui libèrent organisent une soirée d’hommage à David Graeber (1961-2020, biographie), anthropologue et militant anarchiste, auteur de nombreux ouvrages (bibliographie). « Des chercheuses, chercheurs, militant·e·s, lectrices et lecteurs viendront parler de l’importance de son travail. Il y aura aussi des lectures de ses textes », nous apprend Jade Lindgaard, journaliste à Médiapart. Dans son article, elle souligne justement que David Graeber, « chercheur obstinément passionné par l’origine des inégalités et les luttes pour les démanteler, activiste déterminé, des mouvements altermondialistes à Extinction Rebellion, en passant par (...)

    #anarchisme #Graeber #valeur #anthropologie #Montreuil

  • Bruno Latour : la destitution des Modernes | par Laurent Jeanpierre
    https://www.en-attendant-nadeau.fr/2022/10/19/latour-destitution-modernes

    Pour ses détracteurs, #Latour était relativiste, postmoderne, anhistorique, irrationaliste, spiritualiste, conservateur, irénique, obscur, cavalier, esthète, et aussi de droite, cela va de soi. La plupart des sociologues ont décrété que Latour ne pouvait pas se déclarer sociologue. La plupart des philosophes ne l’ont pas reconnu comme l’un des leurs. Les institutions académiques parmi les plus prestigieuses du pays lui ont fermé leurs portes alors qu’il était déjà l’un des auteurs les plus lus et cités au monde. Lorsqu’il est arrivé à Science Po Paris, en 2007, le malentendu avec les politistes de l’institution était quasi permanent. Une grande partie de la gauche radicale intellectuelle a, elle aussi, fait de Latour un repoussoir. Derrière ces attaques ou ces rejets, il y a une cause principale, pas toujours consciente, mais à prendre au sérieux : avec un sens consommé de l’humour (parfois potache) et de la provocation, Latour s’est livré à une opération de destitution méthodique et, pour beaucoup, inacceptable des fondements de la culture occidentale, en particulier de ses manières d’envisager la science et la politique.

    • (...) Dans la dernière phase de l’œuvre, depuis l’Enquête sur les modes d’existence, la politique n’est plus immanente au social, comme elle l’était dans les premiers travaux de Latour où les relations de pouvoir étaient partout disséminées dans de vastes réseaux d’actants. Elle est plutôt conçue désormais comme un régime de vérité et d’épreuve particulier. Toute action politique est d’abord locale (« le système est en bas », disait-il pendant le mouvement des Gilets jaunes dont il fut l’un des seuls intellectuels à saisir la nouveauté) au sens où elle doit passer par un patient travail d’associations visant à produire des collectifs, et qui ne peut être mené que de proche en proche, en tenant compte des médiations et des compromis nécessaires, par traduction et par transformation de soi et des autres.

      Le motif de la paix a longtemps dominé cette théorie politique latourienne à travers les modèles de l’assemblée (Politiques de la nature, 1999), de la diplomatie, de la composition. Une inflexion décisive a cependant été apportée depuis 2015 et Face à Gaïa (La Découverte) lorsque Latour évoque Carl Schmitt et inclut le problème des ennemis dans sa représentation du monde. Dans un entretien récent à Socialter, il illustrait ainsi ce tournant : « Ma vision politique de la nature dans les années 1990 était une version sociale-démocrate : maintenant nous sommes entrés dans un conflit de mondes. Je reconnais que la notion de diplomatie est tendue car depuis quatre ans avec Donald Trump et Greta Thunberg, ce n’est plus une dispute que l’on peut résoudre par la diplomatie mais un conflit planétaire. La vision peut-être un peu naïve du Parlement des choses, avec la représentation des non-humains, était une approche probablement beaucoup trop optimiste de la situation. Reste qu’il faut bien trouver un moyen, et quelle que soit la vision, démocrate ou tragique, que nous essayons d’inventer, il faut simultanément accepter l’état de guerre et en même temps trouver des solutions qui évitent l’extermination. »

      (merci @lyco j’avais manqué ce papier là)

      #Bruno_Latour #anthropologie #écologie #politique

  • Composer un monde en commun. Une théologie politique de l’#anthropocène

    Comment relever les extraordinaires défis que nous lancent les #crises induites par la #destruction de notre #habitat planétaire ? Faut-il réviser le concept même de #propriété_privée ? Remettre en cause la #souveraineté des #États-nations ? Comment construire ensemble les #institutions_internationales qui permettraient de prendre soin de nos #communs_globaux que sont le climat mais aussi la #biodiversité, la #santé, les #cultures et jusqu’à la #démocratie ?

    Car c’est elle qui, aujourd’hui, est menacée par notre refus d’inscrire des limites à la toute-puissance de la #personnalité_juridique, des techniques extractivistes et de la #marchandisation du monde. Où trouverons-nous les ressources politiques, culturelles et spirituelles pour inventer ces limites et en faire une chance plutôt qu’une insupportable privation de liberté ?

    Un tel projet exige de refonder l’#utopie des #Lumières. Et pour cela, de puiser à la source du #christianisme, qui constitue l’une de ses matrices historiques. Il implique donc une révision de la manière dont le christianisme se comprend lui-même : expérience stylistique du retrait d’un Dieu qui s’efface pour nous ouvrir à un horizon démocratique qu’il nous revient d’imaginer ensemble ? Ou #religion d’un Christ glorieux qui légitimerait une souveraineté politique autoritaire, carnivore, phallocratique et colonialiste ? Telles sont quelques-unes questions que pose ce livre.

    Apprendre à y répondre participe peut-être de ce que les traditions bibliques nomment la sainteté.

    https://www.seuil.com/ouvrage/composer-un-monde-en-commun-gael-giraud/9782021474404

    #livre #Gaël_Giraud #communs #commons #Etat-nation #extractivisme #colonialisme #autoritarisme

  • Mieux comprendre l’urbain depuis la périphérie
    https://metropolitiques.eu/Mieux-comprendre-l-urbain-depuis-la-peripherie.html

    À partir de ses recherches sur #Buenos_Aires et #La_Plata, l’anthropologue argentin Ramiro Segura invite à un double décentrement : regarder l’urbain depuis ses périphéries et s’affranchir de théories urbaines largement produites à partir de quelques grandes villes du Nord. Entretien réalisé par Eleonora Elguezabal et Clément Rivière. Ramiro Segura a conduit de nombreuses enquêtes de terrain portant sur les dynamiques de ségrégation, les mobilités et les expériences urbaines dans les agglomérations de #Entretiens

    / #anthropologie_urbaine, #anthropologie, #études_urbaines, #périphérie, Buenos Aires, #Argentine, La (...)

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-entretiensegura.pdf

  • Urbanization: A Contested Concept (Urban Concepts Series)
    https://urbanpolitical.podigee.io/56-planetary_urbanization

    Urbanization has become central in recent political discourses, as well as a contested concept in experts’ spheres. This podcast of the Urban Political delves into the phenomenon of urbanization and traces back how the idea of “expanding cities” is causing disagreement in urban studies and leading researchers to raise questions that have haunted the discipline since the times of Georg Simmel. In this episode, Nicolas Goez, one of our new members of the editorial board at Urban Political, talks with Johanna Hoerning and Hillary Angelo about current discussions around urbanization, against the background of the so-called urban age. Join us in this discussion and tune in! #Urbanization #UrbanTheory #Anthroposcene #UrbanStudies (...)

    #urban,politics,planetary,urbanization,concepts
    https://main.podigee-cdn.net/media/podcast_13964_urban_political_pdcst_episode_887306_urbanization_a_

  • Philippe Descola : « Les lieux alternatifs expérimentent une cosmopolitique inédite »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/09/26/philippe-descola-les-lieux-alternatifs-experimentent-une-cosmopolitique-ined

    L’anthropologue détaille, dans un entretien au « Monde », la manière dont il a travaillé avec l’auteur de BD Alessandro Pignocchi sur les nouvelles façons de faire de la politique, de l’Amazonie à Notre-Dame-des-Landes.

    Professeur émérite au Collège de France, Philippe Descola estime que les différentes manières de vivre observées par les ethnologues sur le terrain peuvent être « des tremplins pour imaginer des futurs différents ».

    Pourquoi l’anthropologie apporte-t-elle la preuve que d’autres voies, que d’autres « mondes à venir » sont possibles ?

    Parce que, conjointement avec l’histoire, elle nous offre le témoignage que d’autres façons d’être au monde sont possibles, radicalement différentes de celles que la modernité a inventées. Si l’on se débarrasse de l’illusion évolutionniste, à savoir que les Indiens d’Amazonie, les Inuits ou les tribus des hautes terres de Birmanie représentent notre passé et qu’il leur reste un long chemin à parcourir pour devenir comme nous, si l’on admet plutôt qu’ils représentent des alternatives originales à ce que nous sommes devenus, alors ces autres manières de vivre la condition humaine représentent non des modèles immédiatement transposables, mais des tremplins pour imaginer des futurs différents.

    En quoi est-elle « une science intrinsèquement subversive » ?

    Le « regard éloigné », pour reprendre l’expression de Lévi-Strauss, c’est celui que l’ethnologue acquiert lorsqu’il ou elle partage pendant plusieurs années l’existence d’un peuple dont les mœurs et les institutions sont très différentes de celles dans lesquelles il ou elle a été élevé. Au retour, l’ethnologue ne peut manquer d’appréhender le monde d’où il est issu avec les yeux de ceux dont il a appris à apprécier le style de vie. Apparaissent alors avec une crudité effrayante tous les défauts et toutes les iniquités de nos propres sociétés, les inégalités, l’adoration de la marchandise et de l’argent, la séparation d’avec les autres espèces, etc.
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    Pour quelles raisons avez-vous noué ce dialogue avec l’auteur de BD Alessandro Pignocchi ?

    Nous nous sommes rapprochés au départ parce qu’Alessandro avait voulu partager la vie des Achuar de l’Amazonie équatorienne quelques années après que j’y suis allé moi-même, non pas par curiosité touristique, mais parce qu’il pressentait après m’avoir lu que ce peuple aurait beaucoup à lui apprendre. J’ai trouvé que le compte rendu graphique qu’il a fait de son expérience chez les Achuar était à la fois très juste et plein d’humour (Anent. Nouvelles des Indiens Jivaros, Steinkis, 2016), et j’ai retrouvé le même genre d’ironie dans ses BD ultérieures, notamment ses trois petits traités « d’écologie sauvage ». C’est une autre façon de pratiquer le « regard éloigné ».

    Qu’est-ce qui vous séduit et vous réconforte à Notre-Dame-des-Landes ? Et faut-il rapprocher les ZAD de Sciences Po, où vous avez donné, en cette rentrée, la conférence inaugurale ?

    Je ne suis pas sûr que les ZAD et Sciences Po aient envie d’être appariés. En revanche, j’invite les élèves de cette vénérable institution, et plus encore ceux qui se préparent à devenir de hauts fonctionnaires de l’Etat, à aller se rendre compte par eux-mêmes à Notre-Dame-des-Landes, ou dans des lieux alternatifs du même genre, de ce que peut être une expérience cosmopolitique inédite, une forme de vie commune récusant le productivisme, le consumérisme et l’accumulation, attentive à laisser chacun s’exprimer dans des structures égalitaires et fondée sur une identification profonde entre les habitants humains et non humains d’un territoire autonome.

    Pourquoi vous lancez-vous à présent dans l’élaboration d’une nouvelle cosmopolitique ?

    La plupart des concepts aux moyens desquels nous décrivons notre condition moderne et les institutions au sein desquelles nous la vivons – « société », « nature », « culture », « économie », « politique », « histoire », « progrès », etc. – sont le produit d’une trajectoire historique tout à fait singulière, celle de l’Europe s’émancipant de l’Ancien Régime. Ces concepts décrivent très mal la façon dont d’autres civilisations se représentent leurs modes d’assemblage, leurs rapports aux non-humains et les valeurs qu’elles estiment. Pourtant, ce sont ces concepts que nous employons, depuis la naissance des sciences sociales, pour parler des peuples en marge du front de la modernisation : nous les habillons de nos propres vêtements, en faisant comme s’ils les avaient toujours portés.

    Or, non seulement le vocabulaire des sciences sociales est impropre à parler des autres, il est aussi devenu pathétiquement inadéquat pour parler de l’anthropocène, un régime dans lequel on serait bien en peine de déceler une séparation nette entre humains et non-humains, entre institutions politiques et systèmes techniques, entre récits émancipateurs et évolution des espèces. Un énorme effort de reconceptualisation de ce nouveau monde émergent est donc nécessaire pour que nous puissions disposer des catégories permettant, au minimum, de mieux le décrire.

    De quelle manière êtes-vous affecté par la catastrophe écologique ? Et quelles sont les pistes pour y remédier ?

    C’est la perte de la diversité qui me fait mesurer l’ampleur de la catastrophe, puisque je fais partie des privilégiés qui résident une partie de l’année à la campagne. Qui veut d’un monde vide, totalement anthropisé, où toutes les formes de vie auraient disparu, hormis celles qui nous sont utiles ? Quant à la catastrophe écologique, elle est le symptôme d’un mal plutôt que le mal principal ; elle rend tangible la dévastation que la frénésie d’accumulation capitaliste a répandue sur la planète, et c’est en confrontant ce mal-là que quelque chose pourra enfin changer.

    #Descola #anthropologie #Pignocchi #cosmopolitique

  • La minorité d’une minorité - Nastassja Martin - La Manufacture d’idées 2022
    https://www.youtube.com/watch?v=HYhZNv8UA20

    Choisir la forêt : rencontre avec Nastassja Martin - Modérateur : Emmanuel Favre
    Rencontre en avant-première avec Nastassja Martin pour la parution de « À l’est des rêves », à travers lequel l’anthropologue poursuit la mise en récits de la « catastrophe écologique » et nous livre une anthropologie des réponses autochtones du Grand Nord face au délabrement du monde entrainé par la modernité productiviste.

    Ecoutons ce que les Evènes du Kamchatka ont à dire au monde
    https://www.nouvelobs.com/idees/20220820.OBS62202/ecoutons-ce-que-les-evenes-du-kamchatka-ont-a-dire-au-monde.html

    l’anthropologue Nastassja Martin raconte comment une minorité autochtone de la Russie orientale a choisi de retourner vivre dans la forêt. Pour répondre à des crises qui sont aussi les nôtres.

    Quand elle est bien faite, l’anthropologie est une science merveilleuse, qui rend compréhensible l’altérité, fait résonner en nous la plus radicale différence, et nous invite à réfléchir à nos propres manières de vivre et de penser. C’est la conclusion à laquelle on arrive en refermant le livre de Nastassja Martin « A l’est des rêves » (en librairie le 1er septembre), qui marquera sans doute un jalon dans l’histoire de cette discipline, tant il atteint brillamment ces buts.

    Au départ, rien d’évident. La découverte des peuplades lointaines n’exerce plus guère de fascination – et ça n’est pas forcément une mauvaise chose. Or, à première vue, c’est ce que semble nous proposer Nastassja Martin : rencontrer les Evènes, un peuple du Kamtchatka, province orientale de la Russie, en face de l’Alaska. Même pas tous les Evènes, mais une partie d’entre eux – « la minorité d’une minorité », nous dit la chercheuse –, ceux qui ont décidé, quand s’est effondrée l’URSS en 1991, de quitter les kolkhozes où on les avait rassemblés pour renouer avec leur mode de vie traditionnel dans la région d’Itcha.

    C’est intrigant, certes, mais pourquoi s’intéresser à eux en particulier, « qui ne sont qu’une centaine et que les Russes voient comme des pauvres, presque des arriérés, survivant au fond de la forêt »  ? Cette question, on ne se la pose plus à la fin du livre. Tant il est devenu clair que les Evènes ont, selon les mots de Nastassja Martin, « quelque chose à dire au monde ».

    Cet article est réservé aux abonnés.

    [film, sans paywall] « Kamtchatka, un hiver en pays Évène » de Nastassja Martin et Mike Magidson.
    https://www.trekmag.com/news-grand-bivouac-kamtchatka-hiver-pays-evene

    « Quand tu vis ici, lui disait sa mère, tu n’as rien à craindre ». Alors quand le système soviétique s’est effondré et sa politique de sédentarisation avec lui, Daria – qui n’a « même pas peur des âmes errantes » – est retournée vivre en forêt avec sa famille. Finis les grands élevages de rennes et les sovkhozes. Juste la chasse et la pêche pour le quotidien. Et de temps à autre, la peau des zibelines vendue très cher à Paris ou Milan pour payer l’essence, le tabac, le sucre et la farine. Dans l’immensité de la péninsule russe du Kamtchatka, l’ « oasis » de Tvaïan résiste. Dans les tempêtes et le grand froid.

    Kamtchatka. Le mot, à lui seul, est déjà un appel. Alors quand on nous invite à entrer dans son intimité, dans la chaleur du foyer et les confidences de ses hôtes...

    #Kamtchatka #anthropologie #écologie #Nastassja_Martin

  • “L’espèce humaine pourrait être qualifiée de ‘super invasive’”
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/l-espece-humaine-pourrait-etre-qualifiee-de-super-invasive-7011433.php

    La particularité de notre espèce tient à sa faculté d’externaliser dans le monde technique un certain nombre de fonctions essentielles : se vêtir pour réchauffer son corps, s’outiller pour chasser, construire un habitat pour s’abriter… Encore une fois encore, ces comportements de plus en plus sophistiqués ont été rendus possibles par l’évolution de notre cerveau. Désormais, la technologie joue un rôle dominant dans notre adaptation. Cela nous dit quelque chose de nos problèmes contemporains, car cette évolution s’est caractérisée par des besoins énergétiques croissants, qui nous ont conduits à modifier l’environnement à une échelle de plus en plus importante, devenue aujourd’hui planétaire. Cette faculté de transformer ce qui nous entoure a permis notre survie dans des milieux de plus en plus hostiles, y compris dans l’espace. Au lieu de s’adapter à l’environnement, l’espèce humaine adapte l’environnement à elle. La paléoanthropologie nous enseigne que la crise écologique s’enracine loin dans notre évolution.

    https://justpaste.it/4lfil

    #espèces_invasives #paléontologie #anthropologie #homo_sapiens

  • Fun Fact du jour : En 2005, #Greenpeace et la banque de la secte #anthroposophie Nef ont fondé #Enercoop, un vendeur d’électricité dont le but était de supprimer le nucléaire. François Narolles @FNarolles
    https://threadreaderapp.com/thread/1538259187872022536.html

    Le principe est simple : acheter des certificats de production à des producteurs d’électricité (solaire, hydro, éolien, biomasse, méthane) à hauteur de l’électricité consommée par les clients.
    (notez la petite ligne sous la pub)

    Ces clients utilisent pendant ce temps l’électricité du réseau unique électrique français (à 70% alimenté par les centrales nucléaires d’EDF).

    (oui, la pub Funk Town d’Areva date à peu près de la même époque que la fondation d’Enercoop)
    Mais 100000 clients plus tard (0,3% du marché), et alors que la demande est bien plus forte que l’offre (donc les prix augmentent énormément), Enercoop décide de faire appel à l’ARENH.

    Electricité : face à la flambée des prix, Enercoop se tourne vers EDF
    https://www.connaissancedesenergies.org/afp/electricite-face-la-flambee-des-prix-enercoop-se-tourne-ver

    L’ARENH, c’est l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique.
    En clair : une subvention publique obligeant EDF à vendre de l’électricité à ses concurrents quand ils en ont le plus besoin.
    C’est à dire quand il n’y a que le nucléaire qui fasse l’affaire.

    En clair, entre 2005 et 2022, les clients d’Enercoop, attirés par l’argument antinucléaire, ont consommé environ 70% d’électricité nucléaire, et à partir de 2023, leur fournisseur achètera officiellement le courant des centrales nucléaires d’EDF.

    #nucléaire

  • Ah, chez Lundi Matin, on en est encore aux élucubrations les plus crasses en matière de Covid, et que je t’enrobe ça dans un vocabulaire délirant et des paragraphes numérotés.

    Décoloniser la médecine ?
    https://lundi.am/Decoloniser-la-medecine

    Maintenir l’état d’exception théorique qui conduit à penser le covid comme un phénomène absolu, un virus qui existerait, simplement, en dehors de toute cosmologie, c’est fermer la porte à toutes les manières alternatives de le comprendre et donc, potentiellement, d’y faire face.

    […]

    l y a bien entendu des mauvaises conceptions des maladies : par exemple celles qui, empruntant tout au vocabulaire du nationalisme ambiant à l’époque de leur élaboration, font du corps une citadelle et du virus un étranger auquel il faut déclarer la guerre, cette métaphore dégénérant systématiquement en pensée du corps social national à préserver des étrangers. Leurs conséquences politiques sont bien connues. Reste à savoir ce que « nous », nous considérons comme des visions acceptables des maux qui nous affligent et surtout, comment imaginer la coexistence de différentes manières parfois antagonistes de concevoir ce mal selon les régions, les appartenances (ethniques, religieuses, politiques), le lieu et la forme de vie.

    […]

    Mais ce refus, qui s’agrégeait en Guadeloupe à une contestation sociale vivace, était aussi motivé sur la base de raisons religieuses et à partir de savoirs indigènes, certains acteurs affirmant être en mesure de combattre le covid par différentes méthodes locales (notamment les plantes médicinales, comme cela a également été le cas en Chine). Seule une perspective proprement coloniale nous permettrait de réduire ces motifs au rang de croyances insignifiantes.

    • C’est cependant un débat qu’il faudra avoir, dans les milieux de gauche/émancipation/décoloniaux, même en étant totalement opposé avec ce point de vue.

      On pense notamment au rôle de la Miviludes et de l’ordre des médecins dans la répression des médecines dites « alternatives » ou « parallèles » aujourd’hui.

      #médecine #santé #religion #anthropologie #relativisme #science #décolonial #Foucault #Bruno_Latour #vaccination #antivax #Guadeloupe #Paracelse

    • La Revue du Crieur aussi : Et si l’on battait le capitalisme sur le terrain du désir ? Alain Damasio, Revue du Crieur 2022/1 (N° 20)
      https://seenthis.net/messages/933520#message955946

      L’époque a un problème avec l’altérité. Elle ne sait plus vraiment comment l’accueillir, l’accepter, nouer avec elle, s’y articuler. Elle ne sait plus faire avec.

      Les migrants, les virus, les pas-comme-nous, les pas-de-chez-nous, les autres espèces, les autres genres ou les autres règnes : au mieux indifférence, angle mort, tache aveugle. Au pire conjuration et rejet. Expulsion. Exil. L’affect dominant est de fuir et chasser tout ce qui ne nous ressemble pas.

    • Bon, pas d’auteur et beaucoup de post-posts ou encore un travers du constructivisme que j’appelle le déconstructionnisme. Dire que quelque chose est le fruit d’une construction sociale, d’histoire, de rapports de force etc., ça ne veut pas dire que le processus que l’on mets en évidence abouti à des objets qui n’existent pas.

      Par ex, qu’il y ait tout un appareillage politique et de luttes sociales qui accompagne la « victoire » de l’approche de Pasteur contre les explications de type génération spontanée, ça ne veut pas dire que l’approche pastorienne n’est pas opérante du point de vue biologique ou médical.

      C’est un raccourci qui est assez fréquent chez certain·e·s lecteur·ice·s de Latour, Foucault etc...

      On a une situation - une épidémie par exemple - dont l’étendue est le fruit de différentes opérations humaines, de rapports de forces (impériaux ou coloniaux par exemple, mais aussi de classe ou industriels dans d’autres cas) et le fait qu’il y ait une accumulation d’erreurs humaines, d’intérêts particuliers et de rapports de force, voudrait presque dire que la maladie qui cause l’épidémie n’existe pas. A classer dans la catégorie #raccourcisexpéditifs

      Ps : Après, c’est aussi à mon avis un contre-coup de l’exploitation sans reconnaissance financière, notamment, de nombreux savoirs vernaculaires en phytothérapie par l’industrie pharmaceutique sous forme de molecules propriétaires qui renforce ce type de discours. De manière générale, le fait de balayer toute connaissance populaire (ex : la connaissance des patients sur leur propre maladie, celles de femmes sur les naissances etc...) d’un revers, ouvre la porte au charlatanisme et aux amalgames.

  • L’archéologue et l’anthropologue
    https://laviedesidees.fr/L-archeologue-et-l-anthropologue.html

    À propos de : David Graeber & David Wengrow, Au commencement était... Une nouvelle #Histoire de l’humanité, Les Liens qui libèrent. L’ouvrage monumental de David Graeber et David Wengrow sur la formation des sociétés et des inégalités rompt les barrières entre #archéologie préhistorique et ethnologie pour ouvrir sur un vaste projet anthropologique. Il échoue toutefois à articuler le champ politico-culturel et celui de la nature.

    #anthropologie #préhistoire
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220509_stepanoff-graeber.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220509_stepanoff-graeber.pdf

  • Viaggio nell’Italia dell’Antropocene. La geografia visionaria del nostro futuro

    Come ormai tutti purtroppo sappiamo, l’impatto dell’umanità sul pianeta sta producendo effetti devastanti. La realtà geografica che identifichiamo con l’Italia è stata nei millenni estremamente mobile per ragioni tettoniche, morfogenetiche, climatiche, ma in ultimo anche antropiche e possiamo dunque affermare, con rigore scientifico, che Homo sapiens sta contribuendo a cambiare il clima e pertanto anche la conformazione della superficie terrestre: non è un fenomeno recente, ma non era mai accaduto in tempi così rapidi e con conseguenze così vaste.

    Considerata questa inedita accelerazione, non possiamo fare a meno di chiederci: come muterà l’aspetto del mondo nel futuro prossimo? Se tutto continuerà ad andare per il verso sbagliato e non attueremo le giuste misure per evitarlo, assisteremo alla fusione dei ghiacci perenni e all’innalzamento del livello dei mari…
    Per farci riflettere sui rischi concreti a cui potremmo andare incontro, il filosofo ed evoluzionista Telmo Pievani e il geografo Mauro Varotto hanno immaginato come si trasformerà l’Italia proiettandoci, in maniera distopica, nell’anno 2786. Esattamente 1000 anni dopo l’inizio del viaggio in Italia di Goethe, comincia così il tour di Milordo a bordo del battello Palmanova attraverso la geografia visionaria del nostro futuro: la Pianura padana sarà quasi completamente allagata; i milanesi potranno andare al mare ai Lidi di Lodi; Padova e tantissime altre città saranno interamente sommerse; altre ancora si convertiranno in un sistema di palafitte urbane; le coste di Marche, Abruzzo e Molise assumeranno l’aspetto dei fiordi; Roma sarà una metropoli tropicale; la Sicilia un deserto roccioso del tutto simile a quello libico e tunisino…

    Tappa dopo tappa, al viaggio di Milordo farà da contraltare l’approfondimento scientifico che motiverà, con dati e previsioni, le ragioni del cambiamento territoriale – illustrato, per l’occasione, con una serie di mappe dettagliatissime create da Francesco Ferrarese. Uno scenario giudicato per fortuna ancora irrealistico, ma utile per farci capire che l’assetto ereditato del nostro Paese non è affatto scontato e che la responsabilità di orientarlo in una direzione o nell’altra è tutta nostra.

    https://abocaedizioni.it/libri/viaggio-nellitalia-dellantropocene-telmo-pievani-e-mauro-varotto

    #livre #Italie #anthropocène #géographie #ressources_pédagogiques #dystopie #scénario #futur #effondrement #collapsologie #voyage

  • L’agriculture que l’on mérite
    https://laviedesidees.fr/L-agriculture-que-l-on-merite.html

    À propos de : Matthieu Calame, Enraciner l’agriculture : société et systèmes agricoles du Néolithique à l’Anthropocène, Puf. Alors que les critiques s’accumulent autour de l’agrobusiness, Matthieu Calame affirme qu’aucune vraie transition agricole ne pourra avoir lieu tant que les cadres politiques et culturels ne changent pas aussi.

    #Histoire #environnement #agriculture #anthropocène

  • Ce que figurer veut dire
    https://laviedesidees.fr/Ce-que-figurer-veut-dire.html

    À propos de : Philippe Descola, Les formes du visible, Seuil. Les images ne sont que les figurations de notre rapport au monde – de nos manières de faire monde. P. Descola le montre dans une étude monumentale, qui fait droit à la diversité des cultures, des époques et des œuvres d’art.

    #Philosophie #anthropologie #image #peinture
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220204_descola.docx