• Plus de 80 millions de réfugiés et de déplacés dans le monde, et cela va empirer si « les dirigeants n’arrêtent pas les guerres »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/12/09/plus-de-80-millions-de-refugies-et-de-deplaces-dans-le-monde-un-nombre-inedi

    A la mi-2020, en pleine pandémie de Covid-19, le monde comptait plus de 80 millions de réfugiés et de déplacés, du jamais-vu, a rapporté l’Organisation des Nations unies (ONU) mercredi 9 décembre. Dans un communiqué, Filippo Grandi, qui est à la tête du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a déploré que le monde ait atteint ce « sombre tournant » et a averti que la situation allait empirer si « les dirigeants du monde n’arrêtent pas les guerres ». « La communauté internationale ne parvient pas à préserver la paix », a-t-il dit, soulignant que les déplacements forcés avaient doublé au cours de la dernière décennie. En début d’année, déjà, le nombre de personnes qui avaient été forcées de quitter leur foyer en raison de persécutions, de conflits et de violations des droits humains s’élevait à 79,5 millions, selon le rapport du HCR.Ce nombre de 79,5 millions inclut 45,7 millions de personnes déplacées dans leur pays, 29,6 millions de réfugiés et autres personnes déplacées de force hors de leur pays ainsi que 4,2 millions de demandeurs d’asile. « Des conflits nouveaux ou déjà existants, ainsi que la pandémie de Covid-19, ont eu des conséquences dramatiques sur leur vie en 2020 », a fait savoir le HCR dans un communiqué. Malgré l’appel urgent lancé en mars par le secrétaire général des Nations unies en faveur d’un cessez-le-feu mondial pendant la pandémie, les conflits et les persécutions se poursuivent. La violence en Syrie, en République démocratique du Congo, au Mozambique, en Somalie et au Yémen a notamment provoqué de nouveaux déplacements au cours du premier semestre de l’année.De nouveaux déplacements importants ont également été enregistrés dans la région du Sahel central, en Afrique, où les civils sont soumis à « des violences inqualifiables », notamment des viols et des exécutions, selon le HCR.Le rapport souligne également que certaines des mesures prises pour freiner la propagation du SARS-CoV-2 ont rendu plus difficile l’accès des réfugiés à la sécurité. En avril, 168 pays avaient fermé totalement ou partiellement leurs frontières, 90 pays ne faisant pas d’exception pour les demandeurs d’asile. Depuis, avec le soutien et l’expertise du HCR, 111 pays ont trouvé des solutions pour garantir que leur système d’asile soit totalement ou partiellement opérationnel, tout en veillant à ce que les mesures nécessaires soient prises pour freiner la propagation du virus. Malgré ces mesures, les nouvelles demandes d’asile ont diminué d’un tiers par rapport à la même période en 2019.

    #Covid-19#migrant#migration#refugie#demandeurdasile#asile#sante#hcr#personnedeplacée#sante#vulnerabilite

  • HCR - Augmentation du trafic d’enfants au Mali en raison du conflit et de la pandémie de Covid-19
    https://www.unhcr.org/fr/news/press/2020/12/5fc63047a/augmentation-trafic-denfants-mali-raison-conflit-pandemie-covid-19.html

    Le conflit, l’insécurité, la pandémie de Covid-19 et la détérioration des conditions économiques entraînent une augmentation de la traite des enfants, du travail forcé et du recrutement forcé par des groupes armés au Mali, met en garde ce jour le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.Des cas plus nombreux de recrutement d’enfants ont été rapportés durant le premier semestre 2020 (230 cas) par rapport à l’année 2019 toute entière (215 cas), selon un rapport récemment publié par le Groupe mondial de la protection (GPC), un réseau dirigé par le HCR qui regroupe des agences des Nations Unies et des ONG assurant des prestations de protection aux personnes affectées par les crises humanitaires.Des groupes armés se livrent également au trafic d’enfants destinés au travail dans les mines d’or, utilisant les profits pour enrichir les combattants des groupes armés, alimenter le commerce des armes et financer la violence. Des « taxes » exorbitantes sont également imposées aux adultes qui travaillent dans ces mines d’or.Comme les écoles restent fermées en raison du conflit, de l’insécurité, de la pandémie de Covid-19 ou des grèves d’enseignants, les enfants sont également poussés vers les mines d’or informelles, notamment à Gao et Kidal où de nombreuses zones sont contrôlées par des groupes armés.Des évaluations rapides sur la protection de l’enfance ont révélé que quelque 6000 enfants, en grande majorité des garçons, travaillent dans huit sites miniers du pays. Ils sont exposés aux pires formes de travail des enfants, à l’exploitation économique, à la violence sexuelle, physique et psychologique.Certains enfants sont arrivés « à crédit » sur le site, car leur transport et leur alimentation ont été préfinancés par une tierce partie. D’autres ont déclaré avoir travaillé des journées entières sans être payés par leur employeur. Les enfants sont contraints de travailler pendant des périodes indéterminées jusqu’au remboursement de leurs « dettes » de recrutement et de voyage.« Du fait du conflit et de la détérioration socio-économique aggravée par la pandémie, nous constatons certaines des violations des droits humains parmi les plus flagrantes au Sahel », a déclaré Gillian Triggs, Haut Commissaire assistante du HCR chargée de la protection internationale. « Les enfants sont forcés à combattre par des groupes armés. Ils sont victimes de la traite des êtres humains, de viols, de vente, ils sont forcés à la servitude sexuelle ou domestique, ou au mariage précoce. Encore davantage d’enfants sont en danger au Sahel, une région en passe de devenir la crise humanitaire qui connaît la croissance la plus rapide au monde. »Les victimes sont des Maliens ainsi que des réfugiés, des demandeurs d’asile ou des migrants.Des informations provenant de la région de Mopti font état de communautés de femmes et de jeunes filles enlevées, agressées sexuellement et violées. Plus de 1000 cas y ont déjà été enregistrés depuis début 2020. Le HCR craint également que les mariages d’enfants n’augmentent de façon exponentielle dans un pays où, selon les estimations, 53% des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans.Malgré le conflit et les restrictions de circulation imposées par le conflit et la crise de Covid-19, le Mali reste un incontournable pays de transit pour les réfugiés et les migrants qui tentent d’atteindre l’Afrique du Nord et l’Europe.
    Certaines personnes en transit sont victimes de la traite et envoyées au travail forcé dans le secteur agricole tandis que d’autres, notamment des femmes, tombent en chemin entre les mains de passeurs vers des emplois promis en Afrique du Nord, en Europe et au Moyen-Orient. D’autres encore sont détournées vers Bamako ou vers des zones minières ou agricoles où elles sont contraintes de se prostituer pour survivre. Le profil des passeurs et de leurs complices va de groupes criminels ou armés organisés à des chefs tribaux et des représentants des autorités, mais parfois aussi les parents, les proches ou les membres de la communauté.

    #Covid-19#migrant#migration#mali#sahel#afrique#europe#moyenorient#traite#violence#sante#vulnerabilite#femme#mineur#refugie#demandeurdasile#transit#economie

  • France : « La rétention administrative, c’est de la criminalisation des personnes étrangères » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/28488/france-la-retention-administrative-c-est-de-la-criminalisation-des-per

    Paul Chiron : Depuis le mois de mars, il y a en moyenne 67 expulsions par mois, dont 37 vers des pays hors de l’Union européenne. En 2019, cette moyenne mensuelle était de 253.Ces chiffres nous permettent de faire un premier bilan de la situation en période de crise sanitaire. Ils confirment ce que l’on savait déjà : il y a désormais très peu de perspectives d’éloignement avec la fermeture des frontières.
    Celles de l’Algérie, par exemple, sont fermées depuis mars. Aucune expulsion n’a pu avoir lieu vers ce pays depuis le 15 mars. Et pourtant, on voit toujours des personnes de nationalité algérienne dans les CRA bien qu’il soit techniquement impossible de les expulser. Rien que dans les centres où nous intervenons, 13% de la population est de nationalité algérienne !
    Le sens légal de ce genre de retenue est par conséquent complètement dévoyé. La loi prévoit en effet qu’une personne peut être privée de liberté dans une perspective « raisonnable » d’éloignement. Or actuellement, la plupart des expulsions n’ont pas lieu et on ne sait pas quand elles pourront reprendre. Visiblement, on veut donc juste enfermer des personnes en rétention sans espoir aucun de les expulser. C’est simplement de la privation de liberté inutile et violente.
    Selon nous, la rétention administrative revient à criminaliser des personnes étrangères. Les CRA ressemblent d’ailleurs de plus en plus à des prisons. L’allongement de la durée maximale de rétention [portée de 45 jours à 90 jours par une réforme « asile et immigration » en septembre 2018, NDLR] va dans ce sens. Cela reflète une volonté d’afficher une fermeté envers les personnes en situation irrégulière et, ça, ce n’est que de la politique.
    IM : Rien que dans le CRA de Toulouse, vous avez récemment déposé 24 demandes de mises en liberté de retenus, qui ont toutes été rejetées. Quels étaient les motifs de ces rejets ?
    PC : Nos demandes étaient axées sur l’illégalité de ces rétentions, étant donné l’absence de perspectives d’éloignement. Les juges ont estimé que, pour eux, ces perspectives existaient bel et bien, soit car certaines frontières sont pour l’instant partiellement ouvertes avec l’exigence de tests PCR, soit car, selon eux, on ne sait pas comment va évoluer la situation, sous entendu les frontières pourraient rouvrir bientôt.
    Pourtant, on ne voit pas spécialement la fin de cette pandémie et il n’est pas imaginable « raisonnablement » - pour reprendre le terme de la loi - de croire que les frontières vont pouvoir rouvrir bientôt. Parmi la population retenue, on observe un véritable sentiment d’injustice par rapport à tout cela : les personnes savent très bien qu’il n’y a pas d’avion pour elles, qu’elles sont là pour rien. Elles sont tout à fait conscientes de l’injustice totale à laquelle elles font face et aussi du fait que ces centres sont des nids à contamination.
    IM : Dans certains CRA, des clusters de contaminations au Covid-19 sont d’ailleurs apparus ces derniers mois. Rien que cette semaine, au moins trois personnes ont été testées positives parmi la population de retenus dans le CRA de Bordeaux…
    PC : Oui. Des clusters sont aussi apparus aux CRA du Mesnil Amelot (établissement situé en région parisienne où sept personnes avaient été testées positives en août, NDLR), dans celui de Coquelles, près de Calais, et, très récemment, dans celui de Vincennes ["Sur les 24 retenus ayant accepté de procéder aux analyses, sept se sont révélés positifs au virus", a annoncé mardi 10 novembre l’Assfam, association qui intervient dans ce centre, sur sa page Facebook. « Parmi eux, plusieurs personnes sont atteintes de pathologies graves (VIH, asthme) et donc tout particulièrement vulnérables », NDLR].
    On le répète déjà depuis plusieurs mois mais ces centres ne sont pas adaptés aux mesures sanitaires qui sont demandées au reste de la population. Le protocole sanitaire qui y est appliqué est soit négligé, soit complètement inefficace. Il faut dire que, dans les CRA, les retenus sont plusieurs par chambre, ils partagent les repas en commun, autant de moments où les contaminations sont favorisées. Pendant le premier confinement, plusieurs centres avaient fermé leurs portes et le taux d’occupation s’était révélé plus faible que d’habitude. Mais aujourd’hui, ce taux d’occupation explose. Au CRA de Bordeaux, lors du premier week-end de reconfinement (31 octobre - 1er novembre), on a constaté un taux d’occupation de 90%. Cela semble assez fou et inadmissible : ces lieux vont totalement à l’encontre de ce qui est décrété pendant le confinement.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#demandeurdasile#refugie#cluster#cra#protocolesanitaire#contamination#retention

  • Paris : sans masques, sans tests, sans douches, les migrants à la rue font « comme ils peuvent » face au Covid-19 - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/28320/paris-sans-masques-sans-tests-sans-douches-les-migrants-a-la-rue-font-

    Paris : sans masques, sans tests, sans douches, les migrants à la rue font « comme ils peuvent » face au Covid-19. Le camp de Saint-Denis, en banlieue parisienne, compte près de 2 000 personnes, incapables de se confiner faute d’un dispositif généralisé de mise à l’abri. Inquiets par la situation sanitaire, Médecins du monde souligne toutefois que la maladie n’y sévit pas de manière dramatique : aucun cas grave n’a pour l’heure été détecté.
    Impossible de savoir combien de malades sont actuellement atteints du Covid-19 parmi les quelque 2 000 personnes du camp informel de Saint-Denis, en banlieue parisienne."Il y a sûrement beaucoup de cas positifs, comme partout ailleurs", explique Louis Barda, coordinateur santé à Paris pour l’ONG Médecins du monde (MdM). « Je ne vois pas pourquoi le campement de Saint-Denis serait épargné ». Mais faute de tests pratiqués à grande échelle, le nombre de personnes contaminées reste une inconnue.
    Pour l’ONG médicale - la seule présente dans le camp aujourd’hui -, réaliser des dépistages sur site n’est pourtant pas une priorité. D’abord parce qu’elle n’a ni les moyens, ni les capacités matérielles de le faire. « Notre ONG a un rôle de veille sanitaire. Nous n’avons pas de partenariat avec des labos, nous n’avons pas le matériel pour pratiquer des tests PCR. C’est au gouvernement de prendre les choses en main ». Ensuite, parce que les chiffres n’auraient aucune valeur en soi. « Entre le temps du test et le temps des résultats, l’impossibilité de retrouver les cas contacts, la difficulté à isoler les gens malades, quelle serait la valeur des résultats ? Les chiffres n’auraient pas de pertinence », souligne Louis Barda. Malgré tout, les personnes souffrantes sont « évidemment » prises en charge, à condition qu’elles se fassent connaître. « Nous n’entrons pas dans le campement pour y repérer des gens qui seraient potentiellement malades du Covid. Les patients sont pris en charge quand ils se présentent d’eux-mêmes à la clinique mobile ». En cas de suspicion, d’apparition de symptômes, une mise à l’abri se déclenche. « Nous les dirigeons vers ce qu’on appelle des ’centres Covid’ », indique le coordinateur de MdM. Mais là encore, tout se complique : il y a ceux qui refusent de s’y rendre « parce qu’ils ne veulent pas s’éloigner de leurs proches » et ceux qui ne restent pas dans les centres et qui disparaissent au bout de quelques heures. « Nous faisons ce que nous pouvons. Nous leur rappelons les consignes : mettre des masques, respecter les gestes barrières, se laver fréquemment les mains. Mais comment voulez-vous qu’ils respectent ces règles quand ils n’ont rien. Ils font comme ils peuvent ».MdM rappelle que la distribution de masques dans le camp est impossible. « Pour protéger efficacement, il faudrait qu’ils changent de masque toutes les quatre heures ». Face à une population de 2 000 personnes, il faudrait constituer des stocks de plus de 7 000 masques par jour. « Irréalisable », tranche Louis Barda.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#camp#depistage#systemesante#sansdomicile#refugie#demandeurdasile#dubline#priseencharge

  • FROM THE FIELD: coping with COVID in refugee camps | | UN News
    https://news.un.org/en/story/2020/11/1076962


    Physical distancing, handwashing with soap, wearing masks: these are some of the most basic, recommendations for slowing the spread of COVID-19, but for many refugees, and other displaced people, they can be very difficult to follow.
    #Covid-19#migrant#migration#afrique#refugie#demandeurdasile#mesuresanitaire#sante#camp

  • « Ici, tu te demandes si tu es un homme ou un animal » : à Saint-Denis, 2 500 migrants vivent sous tentes
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/11/04/a-saint-denis-2-500-migrants-vivent-sous-tentes_6058453_3224.html

    Il y a une semaine environ, la ville de Saint-Denis a fait installer une dizaine de toilettes et des robinets d’eau sur le site. Jusque-là, des latrines avaient été bricolées au-dessus d’une fosse, à la vue de tous. On aperçoit encore des hommes à moitié nus se shampouiner hâtivement le corps entre deux buissons, récupérant un peu d’hygiène et de dignité au milieu de ce qui n’est rien qu’un bidonville crasseux.Ce grand campement à ciel ouvert rappelle les difficultés récurrentes d’hébergement de ceux qui sont, en majorité, des demandeurs d’asile. « Il y a cinq ans, le campement était à Austerlitz [à Paris]. Il y a trois ans, il était à La Chapelle… Celui-ci est le même que tous les autres, sauf qu’il est à une heure de tout, et qu’il y a une pandémie et un confinement national », résume Paul Alauzy, chargé de la veille sanitaire pour Médecins du monde (MDM), qui se rend deux fois par semaine sur place.(...)
    Les cas de personnes atteintes du virus semblent rares, d’après ce qu’observe MDM, lors de la cinquantaine de consultations effectuées ici deux fois par semaine. Sous un petit barnum, Françoise Djebbar, médecin bénévole pour MDM, a reçu lundi une quinzaine de personnes en consultation. « J’ai vu beaucoup de caries et des bouches dans des états pas possibles, des entorses chez des personnes qui se sont battues, pas mal de rhino-pharyngites, énumère-t-elle. Depuis un mois, les cas de gale augmentent. On en voit quinze ou vingt par semaine. »Shakir (le prénom a été modifié) vient justement présenter ses poignets et ses avant-bras grêlés de furoncles et de petites croûtes, symptômes d’une gale surinfectée. Il dit en avoir d’autres sur les jambes et les organes génitaux. Cet Afghan de 20 ans, arrivé sur le campement il y a deux semaines, s’est rendu à l’hôpital il y a quelques jours mais, vraisemblablement mal orienté, il n’a pas obtenu de prise en charge pour les médicaments qui lui avaient été prescrits et n’a pas pu tous les acheter. La médecin envoie le jeune homme vers un centre de MDM pour qu’il obtienne le traitement nécessaire et des sous-vêtements propres, ainsi qu’un insecticide à diffuser dans sa tente. Il devra encore trouver un endroit où prendre une douche.
    « Ici, tu te demandes si tu es un homme ou un animal », confie Besmellah Dawlatzai, assis autour d’un des braseros du camp, sur lequel une poêle remplie d’huile a été posée pour permettre à un petit groupe d’hommes de faire cuire des bolani, des pains afghans farcis aux pommes de terre, vendus 1 euro et à la cantonade. Quand le vent gonfle les flammes et projette des gouttes de pluie dans l’huile bouillante, les hommes se reculent pour éviter l’accident.Besmellah Dawlatzai vit ici depuis trois mois déjà. Débouté de sa demande d’asile en Autriche, où il a vécu cinq ans, et menacé d’être renvoyé en Afghanistan, il est arrivé en France en 2019 dans l’espoir d’y obtenir le statut de réfugié. Placé en procédure Dublin – selon le règlement européen qui prévoit qu’une personne ne peut déposer une demande d’asile que dans un seul pays –, il a perdu le droit à un hébergement et à une allocation de subsistance.Contraint d’attendre dix-huit mois avant de pouvoir faire examiner sa demande de protection internationale par la France, il s’est rendu en Allemagne, a été renvoyé en Autriche, et menacé, encore, d’expulsion dans son pays… pour finalement échouer aux portes de Paris, à Saint-Denis.Son ami Omar Khan, 27 ans, a suivi peu ou prou le même itinéraire que lui. Les deux hommes ont partagé un appartement en Autriche. « Je travaillais comme cuisinier dans un restaurant autrichien », affirme Omar Khan, en égrainant des noms de plats typiques en allemand. « En France, je suis zéro », lâche-t-il, dépité. « On est tous jeunes, on a besoin d’étudier et de travailler », insiste Besmellah Dawlatzai. Tous demandent : « Quand est-ce que la police va venir ? »
    Qu’ils soient demandeurs d’asile, « dublinés », déboutés ou réfugiés, ils espèrent une mise à l’abri. D’après nos informations, celle-ci est repoussée, faute de places en nombre suffisant dans le dispositif national d’accueil (DNA), consacré aux demandeurs d’asile.Sollicitée, la préfecture de Saint-Denis n’a pas donné suite. « Le retard pris depuis des mois pour faire sortir les réfugiés du DNA vers le logement limite le nombre de places offertes aux demandeurs d’asile », justifie Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration. L’hébergement d’urgence classique est lui aussi saturé. Et les campements se reconstituent, inexorablement.

    #Covid-19#migrant#migration#france#ue#camp#sante#dubline#logement#demandeurdasile#politiquemigratoire

  • Grèce : après la quarantaine, la vie reprend dans le camp de Malakasa - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/28218/grece-apres-la-quarantaine-la-vie-reprend-dans-le-camp-de-malakasa

    Après des semaines de confinement, les migrants du camp athénien de Malakasa en Grèce peuvent à nouveau circuler librement. Mais les problèmes essentiels demeurent.Le camp de migrants de Malakasa se trouve à environ 40 kilomètres au nord d’Athènes. Le site est entouré de collines et de forêts. Pendant plusieurs semaines, les portes de ce camp normalement ouvertes aux allers-venues sont restées fermées à cause du Covid-19.La frustration n’avait cessé de grandir parmi les résidents. Certains ont soupçonné les autorités grecques de profiter de la pandémie pour tenir les migrants à l’écart de la société. Car au delà de l’interdiction de mouvement, aucune autre mesure comme des distributions de masques, du désinfectant ou des règles de distanciation physique n’a été mise en place.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#malakasa#camp#refugie#demandeurdasile#sante#quarantaine#mesuresanitaire

    • En 2004, dans Vivre Ensemble, on parlait déjà de ORS...
      Abri PC du #Jaun Pass :

      La logique de la dissuasion

      Le régime d’aide d’urgence imposé aux personnes frappées de non-entrée en matière (NEM) vise à déshumaniser l’individu. Tout est fait pour leur rendre le séjour invivable et les pousser à disparaître dans la clandestinité, comme le montrent les exemples ci-dessous relevés en Suisse allemande, où les personnes frappées de NEM et les requérants déboutés de la procédure d’asile sont placés dans des « centres d’urgence » ou « centres minimaux » (Minimalzentren). Petit tour des lieux dans les cantons de Berne et Soleure.

      Le canton de Berne, pionnier en la matière, avait déjà concrétisé le principe d’assignation à un territoire (art. 13e LSEE) bien avant l’entrée en vigueur de la loi au 1er janvier 2007, en ouvrant deux centres d’urgence, l’un sur le col du Jaun en juin 2004 et l’autre qui lui a succédé en 2005, sur l’alpage du Stafelalp : « Si notre choix s’est porté sur le Col du Jaun », expliquait la Cheffe de l’Office de la population lors d’une conférence de presse le 7 juin 2004, c’est notamment parce que cette solution « (…) n’incite pas à s’attarder en Suisse. » Et que : « D’autres personnes vont l’utiliser également. Il s’agit de personnes qui ont activement empêché leur renvoi ou qui dissimulent leur identité et qui n’ont pas encore fait l’objet d’une décision de refus d’entrer en matière… ».

      L’abri PC du Jaun

      Un des journalistes présents le décrit ainsi dans le Journal du Jura du 8 juin 2004 :

      « A l’extérieur, des grillages ont été installés afin que le lieu soit un peu isolé, et pour protéger les requérants d’éventuels importuns. (…) Les gens sont répartis dans des chambres de quatre à douze personnes (…) les requérants ne touchent pas d’argent liquide, mais des prestations en nature. Ce sont des bons qu’ils peuvent échanger contre de la marchandise au kiosque tenu par l’ORS (Organisation pour mandats spéciaux et en régie SA) qui gère le centre (…) ».

      Très peu de requérants s’y rendirent ; d’autres s’enfuirent, telle une mère avec une petite fille de deux ans qui vint chercher de l’aide à… Soleure ! Une jeune femme fut hospitalisée, suite à une grève de la faim.

      Sur l’alpage

      A l’abri de protection civile du col du Jaun fermé en novembre 2004, succéda le centre d’urgence du Stafelalp. En 2005, les NEM et d’autres personnes désignées comme des « NIKOS », abréviation de « Nichtkooperativ », ont été logés dans une ancienne colonie de vacances isolée, située sur l’alpage de Stafelalp. Dans ce centre, comme auparavant dans celui du Jaun, les requérants ont été cantonnés dans un périmètre de 2 km autour du centre, avec interdiction formelle de franchir ces « frontières ». Le centre de Stafelalp plus fréquenté que celui du Jaun était considéré comme « trop attractif » pour les autorités, et la durée moyenne de séjour des NEM (52 jours) trop longue. Il fallait trouver autre chose.

      En janvier 2006, le centre fut fermé et les NEM ont été réintégrés dans un centre de transit. Ils ne touchent pas d’argent mais ont droit à trois repas par jour. Ils s’y déplacent plus librement, du moins à pied. Mais le fait qu’ils ne disposent d’aucun pécule pour payer les transports publics restreint leur liberté de mouvement aux alentours et dans la commune de Lyss où est situé le centre.

      Soleure ne fait pas mieux

      Depuis mai 2006 (auparavant ils bénéficiaient d’aide en espèce et aucun hébergement n’avait été mis à leur disposition), les « NEM » soleurois sont logés dans le centre d’accueil pour requérants d’asile situé sur la montagne du Balmberg, mais ils n’y sont pas nourris. Ils y touchent 8 fr. par jour pour leur entretien, versés sur place tous les jeudis par le responsable du centre. Le contrôle de présence est journalier et ceux qui s’absentent perdent leur pécule pour les jours d’absence, voire leur droit à l’hébergement en cas de récidive. Les occupants n’ont pas le droit d’y accueillir des amis pour la nuit. Le visiteur externe doit demander une autorisation au responsable (qui lui est parfois refusée sous divers prétexte) pour y entrer.

      Là-haut sur la montagne !

      Le lieu est isolé. On y trouve trois téléskis et un restaurant, mais aucun magasin, si bien que les requérants frappés de NEM sont obligés d’utiliser l’autobus circulant de Soleure au Balmberg (prix du billet aller et retour : 11 fr.!) pour faire leurs achats et se procurer le nécessaire. Si les requérants d’asile encore en procédure, également logés dans ce centre, bénéficient de tickets de bus gratuits, ce n’est pas le cas des personnes frappées d’une NEM. Ils n’ont le droit de consulter un médecin qu’en cas d’urgence et c’est un des responsables du centre, sans formation médicale, qui prend la décision. Depuis quelques mois, les NEM doivent débourser quelques centimes pour des comprimés : antidouleurs, aspirine etc. (obtenus gratuitement auparavant) distribués sur place par le préposé à la pharmacie.

      Une stratégie efficace

      Le régime drastique, l’isolement et le nombre de descentes de police qui les terrorisent fait qu’au bout de quelques semaines, les NEM soleurois « disparaissent » dans la clandestinité. La méthode, il faut le reconnaître, est efficace et la stratégie de découragement sur laquelle l’Office des réfugiés (actuellement l’Office fédéral des migrations) avait misé dans un rapport de mars 2000 pour se débarrasser des indésirables, a l’air de se réaliser. Les six NEM qui sont encore au Balmberg ne pèsent pas lourd, en regard des centaines de ces « disparus volontaires », soumis dans les centres d’urgence « à une pression psychique insupportable » au point qu’ils ont préféré la clandestinité. Beau résultat pour un pays qui se vante d’être un Etat de droit.

      https://asile.ch/2007/02/05/suisse-allemandecentres-d%e2%80%99urgence-pour-nemla-logique-de-la-dissuasion

    • RTS | Des voix s’élèvent contre la prise en charge des migrants par des entreprises privées

      Amnesty International dénonce la situation dans le centre de migrants de Traiskirchen en #Autriche. L’organisation pointe du doigt la surpopulation et les conditions d’hygiène déplorables qui y règnent. Or ce centre est géré par la filiale autrichienne de l’entreprise privée zurichoise ORS. Une nouvelle qui relance le débat sur l’encadrement des requérants par des privés.

      https://seenthis.net/messages/402089

    • The Corporate Greed of Strangers
      –-> ORS Service AG in Austria and Switzerland

      Other international players like the Swiss company ORS Service AG are also expanding into Germany. ORS in 2015 had five reception centres in Munich.

      ORS Service is based in Zurich in Switzerland and was set up as a private company to work with the Swiss federal government from 1991 to house asylum seekers. For twenty years, through to 2011, although the contract should have been retendered every five years the Swiss government did not put the contract out to tender.

      In 2011 ORS Service outbid European Homecare for the federal contract in Austria for reception centres under the responsibility of the ministry of interior. By the end of 2014, they were providing twelve reception centres including tent camps in Salzburg and Linz and being paid around 22 million euros by the federal government. ORS runs Austria’s main initial reception centre in the town of Traiskirchen, near Vienna, which was designed for around 1700 refugees. By the summer of 2015 over 3,000 refugees were living there, Amnesty International called the ORS camp ‘shameful’, with 1,500 people forced to sleep outside on lawns and nearby roads.

      On its home territory ORS Service works in partnership with the Swiss Securitas private security company in delivering a very controversial reception and accommodation policy which has included remote locations and housing asylum seekers underground in wartime military bunkers. Reception and detention policies have been influenced by Swiss politics which over the past few years have been dominated by the anti-immigrant Swiss People’s Party (UDC) which has become the largest party at the federal level. Currently refugees arriving in Switzerland have to turn over to the state any assets worth more than 1,000 Swiss francs (£690) to help pay for their upkeep, a practice that has drawn sharp rebukes for Denmark.

      https://seenthis.net/messages/465487

    • Quand l’accueil des personnes en exil devient un bizness

      A l’origine, il s’agit d’une agence d’intérim lausannoise créée en 1977 nommée ORS Services SA. En 1992, la société devient ORS Service AG et déménage à Zurich. En 2005, le fondateur de l’entreprise la revend à #Argos_Soditic qui la revend à #Invision en 2009, qui finalement la revend à #Equistone en 2013. Equistone Partners Europe est un fond d’investissement international avec des antennes dans 4 pays européens. ORS déclare un chiffre d’affaires de 65 millions de francs suisses pour 2014, essentiellement en provenance de fonds publics. Selon plusieurs médias, celui-ci atteint 85 millions en 2015 mais son bénéfice n’a jamais été divulgué. Alors quand Claude Gumy, directeur opérationnel à Fribourg dit dans le journal Le Temps « Notre but n’est pas de gagner de l’argent pour le compte d’investisseurs. Nous nous occupons avant tout d’êtres humains », de qui se moque-t-il ? Pour faire des économies l’État suisse délègue la gestion de « l’accueil » a des investisseurs qui après avoir spéculé sur les marchandises et dépouillé les pays pauvres spéculent sur les flux migratoires qu’ils ont ainsi engendrés. Leur entreprise est d’ailleurs réputée pour sa collaboration inconditionnelle avec les services étatique et la police dont les pratiques répressives ne font aucun doute.

      https://seenthis.net/messages/573420

    • Gestion de l’asile | ORS Fribourg : Quand l’État fait la sourde oreille. Business is Business ?

      Pour faire la lumière sur les agissements d’ORS, le mouvement solidaritéS et le collectif Droit de rester ont rédigé un rapport d’une trentaine de pages. Il recense les témoignages de quelques dizaines de personnes : usagèr.e.s d’ORS, bénévoles et travailleurs/euse sociaux/ales. Le groupe s’est confronté à la réticence de certain.e.s témoins potentiels. ORS interdit à ses employé.e.s de parler de l’entreprise à des personnes externes, sous peine de sanctions, même après la fin du contrat.

      https://seenthis.net/messages/786789
      #rapport

    • ODAE-romand | L’envers du décor dans les centres fédéraux

      Une demandeuse d’asile a passé près de six mois dans les CFA de #Zurich, #Boudry et de #Giffers. Dans le bulletin d’Augenauf de novembre 2020, elle raconte les #conditions_de_vie, les #brimades, #vexations et #violences quotidiennes qu’elle y a vécues. L’ODAE romand en publie quelques extraits.

      https://seenthis.net/messages/893672

      Texte original publié par Augenauf (en allemand) :
      https://www.augenauf.ch/images/BulletinProv/Bulletin_106_Nov2020.pdf

    • Lettre ouverte au SEM - Droits humains gravement violés au Centre Fédéral d’Asile de #Boudry : peut-on encore parler d’un centre “d’asile” ?

      Chères et chers journalistes et sympathisant·es,

      Vous trouverez ci-dessous une lettre ouverte que nous avons adressée ce jour au Secrétariat d’Etat aux Migrations, à travers Messieurs Mario Gattiker, Secrétaire d’Etat, et Pierre-Alain Ruffieux, responsable asile pour la Suisse romande. Elle a également été envoyée à Monsieur Jean-Nathanaël Karakash, conseiller d’Etat neuchâtelois en charge du Département de l’Economie et de l’Action Sociale.
      Droits humains gravement violés au Centre Fédéral d’Asile de Boudry : peut-on encore parler d’un centre “d’asile” ?

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      Nous dénonçons depuis longtemps des situations inhumaines au Centre Fédéral d’Asile (CFA) de Boudry (NE)[1], mais les cas de réfugié·es subissant de #mauvais_traitements - le mot est faible - s’accroît de façon préoccupante. Ce qui se passe depuis plusieurs mois maintenant est intolérable et ne peut rester sans réaction de notre part.

      Selon nos informations et observations, nous ne sommes pas face à des cas isolés, mais devant un véritable #système_punitif, qui va au-delà de tout ce qu’on peut imaginer. #Abus_de_pouvoir de certain·es agent·es de sécurité de l’entreprise #Protectas, #mépris et #comportements_racistes qui créent un climat de #peur et poussent à bout certain·es habitant·es du Centre. Visites impromptues du personnel de sécurité dans les chambres, sans frapper, ni dire bonjour, gestion catastrophique des #conflits, sans souci de calmer le jeu, ni d’écouter. "Ils ne savent pas parler, ils répriment”, raconte un habitant du Centre. Des requérant·es jugé·es arbitrairement et hâtivement comme récalcitrant·es sont enfermé·es pendant des heures dans des containers insalubres et sous-chauffés. Plusieurs témoignages attestent d’une salle sans aucun mobilier, avec des taches de sang et des odeurs de vomi et d’urine. Beaucoup en ressortent traumatisés. Une personne s’est récemment retrouvée en état d’#hypothermie [2].

      Les témoignages vont tous dans le même sens : peur de porter #plainte par #crainte des conséquences pour sa procédure d’asile ou par crainte de recroiser les mêmes agent·es de sécurité. Mais les faits sont là : utilisation abusive du #spray_au_poivre, #plaquages_au_sol, #insultes_homophobes, #harcèlement envers des personnes vulnérables et #hospitalisations suite à l’#enfermement dans des cellules. Plusieurs #tentatives_de_suicide sont attestées et il y a eu #mort d’homme : le 23 décembre, un requérant d’asile est décédé aux abords du Centre de Boudry. Il s’agissait d’une personne vulnérable, suivie en psychiatrie et qui avait déjà tenté de se suicider. Alors que cette personne avait besoin d’aide, à plusieurs reprises, le personnel de sécurité de Protectas lui a refusé l’accès au Centre, du fait de son état d’ivresse.

      A Boudry, la #violence est banalisée. Au lieu d’apaiser les conflits, les agent·es de Protectas les attisent. Des membres du personnel de sécurité abusent de leur pouvoir en faisant régner leurs propres lois. Ainsi, alors que les #cellules_d’isolement ne sont prévues que pour protéger les requérant·es d’asile et le personnel du CFA de personnes ayant un comportement violent et pour une durée n’excédant pas deux heures[3], on constate que la réalité est tout autre. Le moindre dérangement est réprimé par un #enfermement_abusif et qui dépasse souvent le temps réglementaire, allant jusqu’à un #isolement d’une nuit entière. Nous avons eu connaissance d’un mineur qui a été enfermé alors que le règlement l’interdit. De telles #privations_de_liberté sont illégales. Pour échapper à ces mauvais traitements, beaucoup quittent la procédure d’asile en cours de route.

      Les droits humains sont violés dans les CFA, en toute impunité, dans un #silence de plomb que nous voulons briser. Ce qui se passe à Boudry se passe aussi ailleurs[4] et c’est la conséquence d’une logique de camps. C’est tout un système que nous dénonçons et non pas des dysfonctionnements ponctuels.

      ***

      Face à cette gestion désastreuse et les drames humains qu’elle entraîne, nous demandons qu’une enquête indépendante soit ouverte établissant les faits en toute objectivité. En accord avec les personnes qui ont pris contact avec Droit de Rester, nous sommes prêt·es à témoigner.

      Nous demandons que des mesures concrètes soient prises pour mettre fin à ce système défaillant, qui transforme les CFA en prisons. Il n’est pas normal que le budget alloué à l’encadrement sécuritaire par le SEM soit plus important que celui consacré à l’encadrement social et sanitaire dans les CFA. Il est nécessaire de renverser la vapeur en engageant des professionnel·les du travail social et de la santé en nombre suffisant et ayant pour mission de soutenir, d’écouter, de soigner et de répondre aux besoins spécifiques des requérant·es d’asile. Ceci dans l’optique de créer un climat de bienveillance, réparateur des traumatismes vécus sur la route de l’exil par les personnes dont ils-elles ont la charge. Actuellement, les agent·es de sécurité ont des prérogatives immenses qui ne devraient absolument pas leur être confiées en raison d’un manque de formation flagrant.

      Nous demandons la suppression immédiate de ces cellules-containers et la refonte complète du régime de sanctions.

      Nous exigeons la fin de la privatisation du domaine de l’asile ; l’arrêt de toute collaboration avec des entreprises de sécurité ou d’encadrement privées de surcroit cotées en bourse (telles que Protectas, Securitas ou ORS) dans le cadre des CFA et autres lieux d’hébergement. L’asile n’est pas un business. L’argent attribué à ces tâches par l’Etat doit revenir à des structures sociales et de soins publiques.

      Nous exigeons transparence et respect du droit suisse et international. Actuellement les CFA sont des boîtes noires : les règlements internes sont inaccessibles, les requérant·es d’asile n’obtiennent pas les rapports des sanctions prononcées à leur encontre, rapports rédigés par Protectas dont le contenu varie à leur guise afin de justifier les sanctions aux yeux du SEM. Toute sanction devrait être prononcée par du personnel cadre du SEM.

      Nous demandons l’introduction d’un organe de médiation indépendant de gestion des plaintes vers qui les requérant·es d’asile lésé·es pourraient se tourner. Finalement, il est nécessaire d’ouvrir les portes des CFA aux organisations et personnes de la société civile – comme c’est notamment le cas en Hollande, pays dont la Suisse s’est inspirée pour mettre en œuvre le système actuel – afin de rompre l’isolement et de cesser avec ces zones de non-droit.

      Nous demandons aussi la fermeture du Centre spécifique des Verrières, restreignant la liberté de mouvement de ses occupants de par son emplacement-même et conçu comme un centre punitif. C’est de soutien psychologique et de soins dont les requérant·es d’asile, y compris celles et ceux qui sont jugés récalcitrant·es, ont besoin à leur arrivée. L’équité des soins par rapport à ceux offerts à la population résidente doit être effective. Ce sont l’isolement, l’exclusion, la promiscuité et l’armada d’interdits qui accentuent les traumatismes, les addictions, le stress et les tensions. Stop à la logique de camp !

      C’est une alerte que nous lançons. Nous espérons qu’elle sera entendue et attendons qu’elle soit suivie d’effets dans les meilleurs délais.

      Contact médias :
      Denise Graf, 076 523 59 36
      Louise Wehrli, 076 616 10 85
      Caterina Cascio, 077 928 81 82

      [1] Voir par exemple ici : https://rester.ch/wp-content/uploads/2020/05/2020.05.28_Communiqu%C3%A9_de_presse_camp_nous_d%C3%A9non%C3%A7ons-1.pdf ou là : https://www.canalalpha.ch/play/minimag/episode/3819/risque-de-suicide-quel-soutien-psy-pour-les-migrants-a-boudry

      [2] Le 17 février, la radio RTN révèle un cas d’hypothermie survenue au centre de Boudry 2 jours plus tôt : https://www.rtn.ch/rtn/Actualite/Region/20210215-Etat-d-hypothermie-au-Centre-de-Perreux.html

      [3] Voir à ce sujet les p. 51-52 du Plan d’exploitation Hébergement : https://www.plattform-ziab.ch/wp-content/uploads/2020/10/SEM_PLEX_2020.pdf

      [4] A ce sujet, sur les violences au Centre de Giffers : https://asile.ch/2020/06/23/le-courrier-violences-a-chevrilles, sur celles au centre de Bâle : https://3rgg.ch/securitas-gewalt-im-lager-basel , témoignages récoltés par Migrant Solidarity Network (1 et 2), ici le rapport de la Commission Nationale de Prévention de la Torture : https://asile.ch/wp-content/uploads/2021/01/CNPT_CFA_DEC_2020-fr-1.pdf et là le communiqué de humanrights.ch : https://www.humanrights.ch/fr/qui-sommes-nous/commentaire-violences-cfa

      Lettre reçu via la mailing-list Droit de rester, le 12.03.2021

    • Les conséquences de l’asile au rabais

      Le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) est enfin sorti de son mutisme. Mercredi, sous pression, après d’énième révélations sur des cas de mauvais traitements dans les centres d’asile, il a annoncé qu’il mandatait une enquête indépendante concernant plusieurs cas de recours excessif à la force.

      C’est une avancée car, jusqu’ici, l’institution n’avait jamais reconnu de dysfonctionnements. Alors que quatre plaintes avaient été déposées contre la société de sécurité #Protectas en juin dernier par des demandeurs d’asile blessés au centre de #Chevrilles, il n’avait pas bronché, déléguant d’éventuelles sanctions à la société privée. Plus d’un an après, justice n’a toujours pas été rendue. Certains plaignants ont été expulsés…

      Le SEM affirme avoir aussi suspendu 14 membres du personnel de sécurité impliqués dans différentes affaires, notamment pour un recours abusif à des « #salles_de_réflexion », que certain·es nomment « salles de torture ». Berne a été sommé de réagir suite à un enregistrement clandestin qui prouve que les agent·es n’hésitent pas à falsifier des rapports dans le but de justifier le recours à la violence. Le SEM a annoncé qu’il allait réexaminer les modalités de recrutement du personnel de sécurité et leur formation.

      C’est un premier pas, mais insuffisant. Quatorze suspensions pour combien d’incidents impunis ? « J’ai vu des gens se faire tabasser sous mes yeux… la plupart ne portent jamais plainte. Si tu te plains, tu peux être sûr que les sévices doubleront », nous confiait hier un homme qui a résidé au centre de #Boudry et de Chevrilles.

      Les associations actives dans le domaine de la migration dénoncent depuis des années le processus de #privatisation de l’asile. La Confédération recoure à des sociétés privées pour assurer la sécurité et l’encadrement dans ses centres. Or, ces entreprises ont pour objectif de faire du profit. Il n’est pas étonnant qu’elles lésinent sur les moyens. Recrutements à la va-vite, formations inexistantes et contrats précaires engendrent des situations explosives où le personnel est démuni face à une population au parcours extrêmement difficile.

      La Suisse doit faire mieux, elle en a les moyens. Alors que des personnes cherchent ici protection, elles rencontrent violence et mépris. Il est inacceptable que nos impôts continuent à financer un système arbitraire perpétuant une terreur que les personnes migrantes ont fuit au péril de leur vie.

      https://lecourrier.ch/2021/05/06/les-consequences-de-lasile-au-rabais

    • Documentation | Violences dans les centres fédéraux d’asile

      Depuis plusieurs mois en Suisse des cas de violences perpétrées dans et autour des centres fédéraux d’asile (CFA) ont été dénoncés. Sans changements significatifs opérés, d’autres sont à craindre. Pour que les personnes réfugiées ne soient pas à nouveau des victimes isolées, il est important d’apporter un regard externe sur ce qui se passe au sein des CFA. Ces questions touchent à la cohésion sociale. Le 5 mai 2021, les résultats d’une enquête de médias associés ont été présentés au public (https://www.rts.ch/info/suisse/12175381-bavures-et-rapports-trafiques-la-securite-derape-dans-les-centres-feder), révélant à nouveau des exactions commises par les employé.es des sociétés de sécurité envers des résident.es. Le Secrétariat d’État à la migration (SEM) a réagit par voie de presse (https://www.sem.admin.ch/sem/fr/home/sem/medien/mm.msg-id-83389.html) en annonçant l’amorce d’une enquête indépendante. Les médias et la société civile jouent un rôle essentiel pour faire la lumière sur des questions de sécurité publique et de respect des droits humains.

      Le 5 mai dernier les résultats d’une enquête de la RTS (https://www.rts.ch/info/suisse/12175381-bavures-et-rapports-trafiques-la-securite-derape-dans-les-centres-feder), SRF et la WOZ a été rendue publique. En s’appuyant sur des enregistrements et témoignages, elle documente plusieurs exactions commises par les personnes en charge de la sécurité dans différents centres fédéraux d’asile. “Des rapports sont parfois truqués par les agents de sécurité pour se couvrir. En réaction à ces révélations, le Secrétariat d’État aux migrations a fait suspendre 14 de ces employés de sociétés privées et lance une enquête externe” (RTS). Le téléjournal de midi, de 19h30 et l’émission Forum en ont parlé. Le matin même, le SEM a publié un communiqué annonçant avoir été informé du recours à des “mesures coercitives disproportionnées” de la part d’agent.es de sécurité. Demandé depuis plusieurs années par la société civile, il annonce avoir chargé l’ancien juge Niklaus Oberholzer d’une enquête indépendante et vouloir réfléchir au recrutement et à la formation de ces personnes . Le quotidien Le Courrier (https://lecourrier.ch/2021/05/05/quatorze-agent%c2%b7es-de-securite-suspendu%c2%b7es) est allé à la rencontre du collectif Droit des rester Neuchâtel qui doute de ces dernières mesures : « Nous demandons que ce soit des entités publiques à but non lucratif qui gèrent l’encadrement. Celles-ci doivent engager des professionnel·les de la médiation, du travail social, de l’interculturalité et de la santé. »

      Avant cela, le 28 avril 2021 le Secrétariat d’État à la migration (SEM) avait publié un communiqué (https://www.sem.admin.ch/sem/fr/home/sem/medien/mm.msg-id-83251.html) déplorant l’augmentation des menaces envers les centres d’asile fédéraux (CFA). Il y est fait état de déprédations faites aux bâtiments, mais également de menaces et de mises en danger d’employé.es du SEM. Dans le viseur, des « groupes de gauche radicale » qui feraient appel via leur site à des actes de vandalisme, ou même appel à la violence envers des employé⸱es. Les associations de défense du droit d’asile ont condamné de tels procédés. La Plateforme Société civile dans les centres fédéraux s’est positionnée (https://mailchi.mp/d2895a50615c/neuigkeiten-baz-nouveauts-cfa) en rejetant toute forme de violence. Le collectif bâlois 3RGG -auteur d’un rapport répertoriant les actes violents envers les personnes requérantes d’asile au sein du centre fédéral d’asile du canton de Bâle (BässlerGut) – se distancie également de ces méthodes (https://asile.ch/2021/04/30/3rgg-communique-violences-dans-les-camps-federaux-dasile) qui ne sont pas les leurs. Ses auteurs regrettent que leurs appels à se mobiliser contre les violences impunies du personnel de sécurité envers des résident⸱es isolé⸱es n’ait connu que peu d’échos dans les médias et dans la vie des centres en conséquent.
      Jusqu’ici ce sont d’autres types de dénonciations de violence en lien avec les CFA qui ont été exprimées. En 2021, au CFA de Boudry (NE) c’est un cas d’hypothermie (https://lecourrier.ch/2021/02/17/hypothermies-au-centre-dasile) pour une personne placée en « cellule de dégrisement » qui a servit de révélateur à ce que Droit de rester Neuchâtel décrit comme un « réel système punitif ». En 2020, dans le centre de renvoi de Giffers, quatre #plaintes (https://asile.ch/2020/09/22/solidarite-tattes-giffers-visite-aux-requerants-qui-ont-denonce-des-violences) ont été déposées contre la société de sécurité Protectas pour des exactions envers des résident.es. A BässlerGut, le travail d’enquête (https://asile.ch/2020/07/30/enquete-violences-au-centre-federal-de-bale-quand-le-systeme-deraille) poussé qu’avait publié le collectif 3 RGG faisait état de violences graves perpétrées par des personnes en charge de la sécurité envers les personnes résidentes, avec des processus de dénonciation inefficient à l’interne. La commission nationale de prévention de la torture (CNPT) après une visite au sein de plusieurs CFA en janvier 2021 suggérait elle aussi des améliorations (https://asile.ch/2021/01/20/cnpt-rapport-dobservation-des-centres-federaux-dasile-la-violence-pointee-du-d) concernant la gestion des conflits, la prévention de la violence et la gestion des plaintes. Une des réponses offerte par le SEM est celle de la réouverture du centre spécifique des Verrières pour accueillir les personnes qui « représentent une menace pour elles-mêmes ou pour autrui ». L’OSAR s’inquiète (https://www.osar.ch/communique-de-presse/centre-des-verrieres-les-requerants-dasile-doivent-beneficier-dune-representati) de cette mise à l’écart pour des personnes généralement fragilisées. Selon l’organisation, il vaudrait bien mieux miser sur la prévention de la violence et renforcer l’encadrement.

      Liées à des conditions structurelles, ces dénonciations de part et d’autres ne s’arrêteront probablement pas là. Dans ce jeu du chat et de la souris, les médias et la société civile jouent un rôle important pour faire la lumière sur des dynamiques en présence. L’éditorial du dernier numéro de la revue Vivre Ensemble le rappelait : ” […] les centres fédéraux réunissent les deux ingrédients de la violence institutionnelle : fermés d’accès au regard public, ils donnent au personnel un pouvoir énorme sur une catégorie de personnes. Or, les véritables garde-fous à l’impunité et à l’arbitraire se situent du côté de la transparence. Et la société civile est bien là, du côté des victimes, et ne manque pas de le lui rappeler. “

      https://asile.ch/2021/05/07/documentation-violences-dans-les-centres-federaux-dasile

    • Centres fédéraux | À l’écoute des victimes

      Le #déni des autorités intenable face à la médiatisation des violences

      Le mois de mai aura vu la question des violences dans les CFA tenir une belle place dans l’actualité. D’abord avec les enquêtes de la RTS, de la SRF et de la Wochenzeitung, puis avec le rapport d’Amnesty International qui relate des cas de maltraitances à l’égard de requérant·es d’asile qui pourraient s’assimiler à de la torture [1]. Des témoignages de victimes, mais également d’ancien·es employé·es des centres ont été recueillis et des enregistrements, effectués à l’insu du personnel de sécurité, ont permis d’établir que leurs rapports de sanction à destination du SEM sont truqués.

      Ces enregistrements proviennent du téléphone d’une femme enfermée dans un container-cellule. Le mobile lui avait été confisqué par le personnel de sécurité et a capté deux heures de leurs conversations. Cela se passe donc dans la loge des agent·es de sécurité de Protectas, il y a quelques mois au CFA de Boudry dans le canton de Neuchâtel. On y entend les agent·es discuter du contenu du rapport qu’ils doivent faire parvenir au SEM pour justifier leur mise en cellule. Une agente qui n’a pas assisté aux événements est chargée de le taper. Les cellules, ce sont donc ces containers sans aucuns meubles, dotés seulement d’une petite fenêtre, à l’odeur de vomi, d’urine et tâchés de sang au sol. Les requérant·es d’asile y sont enfermé·es, parfois pendant deux heures, parfois plus. Une caméra permet de les filmer.

      Ces pratiques, éminemment choquantes ne sont pas étonnantes. Elles sont davantage la conséquence d’un système, plutôt que le fait d’individus. Car les événements qui ont eu lieu dans différents CFA, à différentes dates, se ressemblent de façon troublante. À l’origine de ces actes de violence, il y a le plus souvent des événements que l’on pourrait qualifier d’incidents. Un téléphone volé, un masque sous le nez ou une perte de patience dans la longue file d’attente pour le repas. Et plutôt que d’apaiser les conflits de façon non violente et bienveillante, le personnel de sécurité les amplifie en usant de sa force physique et verbale, de ses gros bras et de son uniforme imposant. À cela s’ajoutent des mesures radicales comme ces mises en cellule appliquées de façon arbitraire et non conforme au règlement du SEM. Comme on l’a entendu, il suffit d’enjoliver le rapport pour le SEM pour maquiller ces imperfections. Le SEM doit d’ailleurs en être conscient, mais en déléguant ces tâches à des prestataires privés, il peut allégrement fermer les yeux. La responsabilité est dissoute dans la chaîne hiérarchique. Alors que légalement le SEM est pleinement responsable.

      Les dénonciations de nombreux collectifs dans différents CFA depuis plus d’une année et à de nombreuses reprises ont longtemps été traitées avec mépris par le SEM, qui a toujours nié ou prétendu avoir pris des mesures. Il aura fallu ces preuves irréfutables et un dégât d’image important pour le faire plier, un tout petit peu.

      Il a annoncé la suspension de 14 agent·es de sécurité, un audit interne, une enquête externe à Boudry par un ancien juge fédéral, la suppression des containers et une réflexion sur la mise en place d’un bureau externe chargé de recueillir les plaintes des requérant·es d’asile. On peut se réjouir de ce dernier point. Mais reste encore à voir quelle sera la mise en œuvre concrète. Pour le reste, ne nous méprenons pas. Il ne s’agit pas là d’une révolution, mais bien d’une communication bien rôdée.

      Car évidemment il ne suffira pas que les containers insalubres soient remplacés par de jolies salles de « réflexion » aux couleurs apaisantes. Parce que sales ou propres, cela restera des cellules. Il n’est pas suffisant non plus que les agent·es de sécurité impliqué·es dans les quelques affaires récemment médiatisées soient remplacé·es par d’autres. Tant que le cadre de travail sera le même, les mêmes violences se reproduiront. Il suffit de lire le rapport d’Amnesty et les témoignages d’anciens agents de sécurité ou d’assistants sociaux pour comprendre combien celles-ci font partie de la culture d’entreprise. On ne peut que redouter qu’un nouveau lieu à haut potentiel de violence systémique sorte de terre à Genève, dans le cadre du projet de construction d’un centre fédéral au Grand-Saconnex (lire ici).

      Tant que les requérant·es d’asile continueront à être considéré·es comme une catégorie de la population à part, rien ne changera. Il faudra continuer de dénoncer ce qui se passe derrière les portes de ces centres. Et d’écouter, sans mettre en doute, la parole des réfugié·es qui se seraient bien passé de subir de nouvelles violences, après avoir fui celles de leur pays et en avoir subi sur la route de leur exil. On peut ici souligner le rôle des médias qui ont, à travers leurs investigations, contribué à amener sur la place publique des pratiques dénoncées depuis de nombreuses années par des organisations de la société civile. Et contraint les autorités d’asile à sortir du bois.

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      INÉDIT | Immersion dans la loge des agent·es de sécurité du CFA de Boudry

      L’enregistreur vocal du smartphone était enclenché. Confisqué par des agent·es de sécurité du Centre fédéral de Boudry, le téléphone d’une requérante d’asile a enregistré par inadvertance durant près de deux heures les conversations qui se sont tenues dans leur loge. Nous publions la retranscription complète et inédite de cette capture audio, anonymisée.

      Discussions entre membres du personnel, interactions avec des requérant·es d’asile : les échanges sont révélateurs d’un climat latent d’irrespect et de violence ordinaire induite par le rapport de force et le choix de confier l’encadrement des résident·es des Centres fédéraux d’asile à des agents de sécurité démunis d’outils de médiation. La gestion uniquement sécuritaire des tensions, inévitables dans des lieux de vie collectifs, l’absence de prise en compte par le personnel d’une réalité évidente, celle que les personnes logées là sont dans une angoisse existentielle liée à leur demande de protection, l’impunité renforcée par des mécanismes visant à tout régler « à l’interne », ressortent de leurs propos. Dans la dernière édition de la revue « Vivre Ensemble », nous avons publié un extrait de cet enregistrement : celui-ci montre comment les agent·es trafiquent un rapport justifiant la mise en cellule d’isolement d’une femme, en accusant celle-ci d’acte de violence. La retranscription complète de l’enregistrement montre que celle-ci était venue solliciter l’aide de la sécurité pour que celle-ci aide un enfant (en pleurs) à récupérer un téléphone portable qu’il s’était fait voler par un homme hébergé au centre, et que face au refus de l’agent, elle avait voulu en référer à la direction du centre. La suite permet de s’immerger dans un huis clos quasi fictionnel.

      https://asile.ch/2021/08/23/centres-federaux-a-lecoute-des-victimes
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      Transcription d’un enregistrement audio réalisé au Centre fédéral d’asile de Perreux (Boudry)

      Date: mercredi 20 janvier 2021, en fin de journée

      Légende

      A : femme requérante d’asile, dont le téléphone a capté cet enregistrement
      AS 1 : agent de sécurité impliqué dans la scène de démarrage du conflit
      AS 2 : agent de sécurité qui vient rapidement en renfort du 1er. Il semble qu’il y ait deux personnes derrière AS 2. Les voix sont difficiles à identifier
      AS 3 : agente de sécurité avec une fonction qui semble supérieur à AS 1 et 2
      AS 4 : agente de sécurité avec une fonction dirigeante, ou en tout cas davantage administrative car elle rédige les rapports
      + autres agent·es non-distingués les un·es des autres
      Le téléphone d’un enfant vient d’être volé dans le centre par un requérant d’asile à qui il l’avait confié. « A » interpelle alors un agent de sécurité pour lui demander d’agir et de retrouver le téléphone. L’agent de sécurité pense que l’enfant est son fils, mais ce n’est pas le cas. A enclenche alors le mode enregistrement sur son téléphone.

      A : You’re the security and you should to take a look
      Agent de sécurité 1 : No, no security for look the child, look your phone there
      A : I’ll complain, I’ll complain about that interacting
      AS 1 : No, what what, the time where you put your phone here, no security must look, it’s your mission.
      A : You’ll not try to search, not at all ?
      AS 1 : No, no, no, that your responsability.
      A : But you’re security
      AS 1 : That your responsability. Look, your children, madame, your children, they go up. The time when something happens to up, you come see security ?
      A : But normally you’re accessing the doors without permission ?
      AS 1 : I ask you, you no see your children you (mot incompréhensible)
      A : I’ll complain about that. What is your name or number of the working ? Because you’re just not searching for this telling stuff but discussing about me
      AS 1 : Yes
      A : You don’t do that. So what is your name because I need to complain.
      AS 1 : For me ?
      A : Yes or number of working.
      AS 1 : My number ?
      A : Yes
      AS 1 : For what ?
      A : For working. Because you’re working here and you have the number. I’ll complain, believe me, you don’t do your work
      AS 1 : No. Madame, I’m telling you something, ok ? I know place you’re coming from, ok ?
      A : Poland
      AS 1 : Ok in Switzer… I don’t know.
      A : We’re complainig pretty much and we’ll complain, not to the SEM, but your boss I’ll complain, Protectas, and to the SEM, to the SEM, to the government and to the everyone.
      AS 1 : If you don’t take your responsability… (en s’adressant à un autre requérant d’asile) Brother, brother, come in please. Tell this woman, ok, « if you come here… »
      A : (également à l’autre requérant d’asile) He doesn’t want to check the stealing stuff but they’re accessing the doors and checking the people. But he can’t check the stealing stuff.
      AS 1 : Can you leave me talk with him ?

      Brouhaha car A et AS 1 parlent en même temps avec beaucoup de bruits en arrière-fond et notamment l’enfant qui s’est fait voler son téléphone qui pleure. On entend plusieurs autres requérants d’asile parler de ce qui s’est passé. AS1 finit par proposer à A de se rendre à la loge des agent.es de sécurité pour discuter de l’affaire.

      AS 1 : Can you go to the security office ?
      A : (A l’enfant qui pleure) Yes, we’ll look for you phone. (à AS 1) You still didn’t tell me your number !

      Echanges entre différents requérants d’asile avec l’agent de sécurité. A redemande le numéro de l’agent et insiste.

      AS 1 : Take my picture
      A : No, I don’t want to take your picture
      AS 1 : Take my picture
      A : Ok no problem

      A le prend en photo. On entend ensuite du bruit et on imagine que l’AS1 essaie de lui retirer son téléphone et user de la force. A commence à gémir « ahouaoua, ahouaha » (« aïe » à de multiples reprises).

      https://asile.ch/2021/06/30/inedit-immersion-dans-la-loge-des-agent%c2%b7es-de-securite-du-cfa-de-boudry

      –—

      Violences | un arrière-goût de déjà-vu

      Une enquête est en cours pour déterminer si des mesures coercitives disproportionnées ont été utilisées à l’encontre de requérants d’asile dans certains centres fédéraux. Il s’agirait, selon certains, de dérives individuelles. Selon d’autres, l’autorité a tort de sous-traiter une tâche régalienne à des sociétés privées.

      En fait, le problème se pose depuis belle lurette. En 1993 déjà, l’aumônerie genevoise auprès des requérants d’asile (AGORA) relevait, dans une lettre à l’Office fédéral des réfugiés (ODR), le SEM d’alors, que le personnel mis en place dans le Centre d’enregistrement de La Praille, inauguré l’année précédente, « n’était ni assez nombreux ni suffisamment formé pour remplir sa tâche. » L’aumônerie ajoutait que ce personnel n’assurait pas « un minimum d’écoute permettant de désamorcer les tensions ».

      La gestion de ce centre avait été confiée à l’ORS Service SA et à Securitas. Le CHERANE (Conseil pour l’hébergement des requérants non-enregistrés) qui, avec le soutien d’associations et du canton, assurait depuis deux ans l’accueil des candidats à l’asile, avait été écarté. Le M. Réfugiés de l’époque, Peter Arbenz, avait déclaré « ne pas avoir besoin d’assistants sociaux avec une mentalité tiers-mondiste ». Le Conseil d’État genevois avait boycotté l’inauguration, expliquant le refus de l’offre du CHERANE par « la crainte d’introduire le loup des œuvres d’entraide dans la bergerie fédérale ». « Les locaux de la discorde », avait titré la Tribune de Genève (18.04.1992).

      L’aumônerie, qui pouvait, avec de strictes limitations, pénétrer dans le Centre d’enregistrement, a dénoncé maintes fois, au cours des années suivantes, ce qu’elle considérait comme des abus. Certes, des membres du personnel faisait preuve d’empathie envers les requérants, mais, dans l’ensemble, le système policier établi manifestait bien plus une méfiance, voire un rejet qu’un accueil de personnes en quête de protection.

      À mes yeux, cette attitude reflétait le regard de peur, ou même d’hostilité porté par une partie de la population et des autorités sur des requérants d’asile dont beaucoup venaient de subir moult épreuves et souffrances. J’ai peur qu’il en soit toujours de même.

      https://asile.ch/2021/08/23/violences-un-arriere-gout-de-deja-vu

      #violence #torture #maltraitance #Protectas #SEM #Boudry #responsabilité

  • Coronavirus : après sept mois de suspension, les vols humanitaires depuis la Libye reprennent - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/28003/coronavirus-apres-sept-mois-de-suspension-les-vols-humanitaires-depuis

    Seize familles et 15 jeunes ont été évacués samedi de Libye vers le Niger à bord d’un avion affrété par le HCR. Ce vol humanitaire est le premier après une interruption de sept mois en raison de la pandémie de coronavirus. Par mesure de sécurité, les 153 passagers observeront une période de quarantaine à leur arrivée.Le HCR, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, a évacué dans la nuit du vendredi au samedi 17 octobre, un groupe de 153 réfugiés et demandeurs d’asile qui résidaient en Libye. Constitué de 16 familles, originaires de Somalie, d’Érythrée, du Soudan et du Soudan du Sud, le groupe compte aussi 15 enfants de moins de 18 ans.
    Après sept mois de suspension, cette reprise des évacuations est un soulagement pour l’ONU. « Les vols humanitaires (avaient) dû être interrompus en mars en raison des préoccupations de santé publique liées à la pandémie de coronavirus, qui ont entraîné la suspension du trafic aérien dans de nombreux pays », rappelle le HCR dans un communiqué.

    #Covid-19#migration#migrant#libye#niger#humanitaire#sante#pandemie#hcr#refugie#demandeurasile

  • France : 4 000 places d’hébergement supplémentaires pour les demandeurs d’asile - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/27604/france-4-000-places-d-hebergement-supplementaires-pour-les-demandeurs-

    Des moyens supplémentaires, soit 37 millions d’euros, seront alloués l’année prochaine pour « financer la création de 4 000 nouvelles places d’hébergement des demandeurs d’asile » afin d’"optimiser l’orientation (...) entre différentes régions", précise le document.Au total, 3 000 places seront créées dans des centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) où ces derniers sont hébergés dans l’attente de l’instruction de leur demande d’asile, et 1 000 autres dans des centres d’accueil et d’examen des situations (Caes), sorte de premiers sas permettant l’orientation des personnes en fonction de leur situation administrative. Le but est de « réduire les tensions observées dans les régions confrontées aux flux le plus importants », en premier lieu la région parisienne, explique le PLF 2021.
    En plus de ces 4 000 places, 2 000 autres seront également financées « temporairement sur la mission ’relance’ », « dans un contexte marqué par la crise sanitaire », ajoute encore le document. Il s’agit pour l’essentiel de places créées dans le dispositif de préparation aux retours, le programme de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), qui permet à un étranger en situation irrégulière de rentrer dans son pays d’origine contre une somme d’argent. Selon un rapport parlementaire présenté mercredi 23 septembre à l’Assemblée nationale, le gouvernement peut faire mieux en termes d’intégration des demandeurs d’asile en France, notamment sur la question du logement, considérée comme « la priorité absolue » par les deux auteurs.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#CADA#demandeurdasile#crisesanitaire#logement#politiquemigratoire

  • Lesbos, symbole de l’échec de la politique migratoire européenne
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/09/27/lesbos-symbole-de-l-echec-de-la-politique-migratoire-europeenne_6053793_3210

    L’histoire de Moria a été émaillée d’incidents et de violences lié au surpeuplement du camp : files interminables pour accéder à la nourriture et aux services de base, sanitaires insuffisants, rixes, saleté, départs de feu causés par les chauffages de fortune, tentatives de suicide, cas d’automutilation chez les enfants… Les ONG dénonçaient régulièrement les conditions de vie « inhumaines » de Moria. Plus récemment, l’épidémie de Covid-19 a aggravé l’enfermement et le désespoir des migrants. Les mesures de confinement imposées depuis le mois de mars ont été durcies début septembre, à la suite de la découverte d’un cas positif. Les incendies début septembre auraient été provoqués, selon les autorités grecques, par des résidents du camp eux-mêmes, pour protester contre la dureté de l’enfermement. Aucune campagne de tests n’avait auparavant pas été organisée par Athènes dans les camps situés sur les îles de la mer Egée, malgré la promiscuité et l’insalubrité qui les caractérisent.
    Début septembre, plus de 14 500 migrants étaient bloqués à Lesbos, dans le camp de Moria, et dans les structures alternatives mises en place au fil des années par la municipalité et les résidents de l’île, à Kara Tepe et Pikpa, ou encore par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Les migrants ayant le droit de se déplacer en Grèce continentale pendant l’étude de leur demande d’asile restaient bloqués sur l’île, faute de mesures prévues pour leur transfert, et les relocalisations vers le continent organisées ponctuellement par les autorités ont toujours été insuffisantes pour désengorger les structures d’accueil de l’île.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#moria#camp#sante#politiquemigratoire#refugie#demandeurdasile#UE#relocalisation

  • « C’est un enfer sans fin » : le plus grand camp de réfugiés d’Europe est parti en fumée
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/09/10/moria-est-mort-le-plus-grand-camp-de-refugies-en-europe-est-parti-en-fumee_6

    Selon le ministre grec des migrations, Notis Mitarachi, plusieurs feux se sont déclenchés en même temps mardi soir, et des demandeurs d’asile qui protestaient contre la quarantaine imposée après la détection de cas de Covid-19 dans le camp seraient à l’origine de la catastrophe. La semaine dernière, un premier cas avait été détecté chez un résident du camp et avait entraîné la mise en quarantaine de celui-ci : les réfugiés n’étaient plus autorisés à sortir, seul le personnel de sécurité – après que leur température a été prise –, pouvait se rendre à l’intérieur de la structure. Quelques jours plus tard, 35 personnes, dont la plupart étaient asymptomatiques, avaient été placées en isolement dans une clinique à l’extérieur du camp. Les autorités sanitaires devaient continuer le dépistage lorsque la révolte a grondé mardi.Depuis mars, les centres d’identification et de réception situés aux frontières de la Grèce avec la Turquie étaient déjà soumis à des mesures restrictives limitant les sorties, les activités et l’intervention des ONG dans les camps. « Après tant d’années, où les violences se multipliaient et les conditions devenaient de plus en plus sordides dans le camp, les autorités grecques auraient dû se douter qu’un jour la situation allait exploser mais les transferts des personnes vulnérables étaient trop lents et les seules décisions prises comme les mesures restrictives liées à l’épidémie due au coronavirus n’ont fait que détériorer les conditions de vie des demandeurs d’asile à Moria qui étaient à bout », estime Salam Aldeen, un volontaire de l’ONG Team Humanity. Depuis l’accord entre l’Union européenne (UE) et la Turquie de 2016, le camp de Moria était conçu pour dissuader les migrants de venir en Europe. Les exilés qui s’y trouvaient devaient rester dans la structure le temps de l’examen de leur demande d’asile puis, ensuite, étaient soit gratifiés du statut de réfugié, soit renvoyés en Turquie ou vers leur pays d’origine.Mais la surcharge de travail des services d’asile et les arrivées qui ne se sont jamais totalement taries, ont finalement conduit à créer un « monstre », qui s’étalait désormais dans les champs environnants. Les services, les sanitaires, les douches, n’étaient plus adaptés pour autant de personnes.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#lesbos#moria#UE#sante#politiquemigratoire#refugie#demandeurdasile

  • En Grèce, un énorme incendie dévaste le camp de migrants de l’île de Lesbos
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/09/09/un-incendie-se-declare-dans-le-camp-de-migrants-de-moria-a-lesbos_6051482_32

    D’après l’agence de presse grecque ANA, les feux auraient été déclenchés à la suite de la révolte de certains demandeurs d’asile qui devaient être placés en isolement, ayant été testés positifs au coronavirus ou proches d’une personne détectée positive.« Il y a 35 cas positifs et ils doivent être isolés (…) pour empêcher la propagation » du virus, a déclaré Selios Petsas à la chaîne publique ERT. Tous les réfugiés du camp ont l’interdiction de quitter l’île, a-t-il ajouté. Selon le site d’information locale Lesvospost, plus de 3 000 tentes, des milliers de conteneurs, des bureaux de l’administration et une clinique au sein du camp ont été brûlés.
    Les pompiers affirment dans leur communiqué avoir « été empêchés d’entrer dans le camp pour intervenir » par certains groupes de réfugiés à leur arrivée, et avoir fait appel aux forces de l’ordre pour pouvoir poursuivre l’opération de sauvetage. Stand by Me Lesvos, une association regroupant locaux et réfugiés, rapporte de son côté certains témoignages selon lesquels « des locaux bloquent le passage [des réfugiés] dans le village voisin ». « Depuis plusieurs heures, des grands feux entourent le centre de réception. Les foyers se multiplient (…) et, avec la force du vent, le feu s’étend rapidement », commente sur sa page Facebook l’association des habitants de Moria et des autres villages environnants.
    « La zone paie le prix de l’indifférence et de l’abandon », poursuit Stand by Lesvos, qui appelle les autorités à agir rapidement pour trouver une solution pour les demandeurs d’asile qui se retrouvent sans abri. La semaine dernière, les autorités ont détecté un premier cas de coronavirus à Moria et ont mis le camp en quarantaine pour quinze jours. Après la réalisation de 2 000 tests de dépistage, 35 personnes ont été détectées positives au Covid-19 à Moria et placées à l’isolement.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#lesbos#moria#isolement#refugie#demandeurdasile#sante#politiquemigratoire#UE

  • A Lampedusa, des centaines de demandeurs d’asile transférés sur un ferry - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/27090/a-lampedusa-des-centaines-de-demandeurs-d-asile-transferes-sur-un-ferr

    Plus de 750 demandeurs d’asile ont été transférés, dimanche, de l’unique centre de réception de l’île italienne de Lampedusa vers un ferry afin de désaturer les lieux qui accueillent actuellement 10 fois plus de personnes que leur capacité totale. Aucun exilé concerné par le transfert n’a été testé positif au coronavirus.Les conditions de vie étaient devenues intenables : des centaines de migrants accueillis dans l’unique centre de réception de la petite île italienne de Lampedusa ont dû être transférés, dimanche 6 septembre, à bord d’un ferry afin de libérer de la place. Qu’ils aient été secourus en mer ou qu’ils soient arrivés par eux-mêmes sur l’île à bord d’embarcations de fortune, les migrants ont afflué tout l’été à Lampedusa où ils étaient plus de 2 000 pour une capacité d’hébergement de moins de 200 places. Le maire de l’île, Salvatore Martello, a indiqué que 752 demandeurs d’asile avaient été déplacés au total. Ils devront passer 14 jours en quarantaine sur le ferry, crise du Covid-19 oblige, avant d’être installés en Sicile ou ailleurs dans la péninsule pendant que leur demande d’asile est examinée. La Croix-Rouge a précisé qu’aucun des migrants transférés dimanche n’était positif au coronavirus. Un nouveau test sera pratiqué dès qu’ils seront installés convenablement à bord du ferry ainsi qu’un troisième avant leur départ dans deux semaines.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#sicile#lampedusa#hotspot#centrereception#sante#test#demandeurdasile

  • Angela Merkel assume avoir agi « avec humanité » en ouvrant les frontières allemande en 2015
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/08/29/cinq-ans-apres-angela-merkel-se-rejouit-de-l-integration-des-refugies_605028

    En réalité, le bilan est plus ou moins positif selon les indicateurs que l’on choisit de mettre en avant. En matière d’emploi, les chiffres d’aujourd’hui sont plutôt meilleurs que ceux sur lesquels tablaient les experts il y a quelques années. Selon une récente étude du très sérieux Institut de recherche économique DIW, qui a interrogé environ 8 000 réfugiés arrivés en Allemagne entre 2013 et 2016, 43 % ont trouvé un travail ou suivent une formation. Quant au nombre de ceux exerçant une activité leur donnant droit à une couverture sociale, il est passé de 84 500 à 362 600 de septembre 2015 à décembre 2019. « Dans l’ensemble, les réfugiés arrivés ces dernières années en Allemagne se sont mieux intégrés au marché du travail que ceux des années 1990 » venus principalement d’ex-Yougoslavie, explique Victoria Rietig, spécialiste des questions migratoires à la DGAP, un cercle de réflexion berlinois spécialisé dans l’étude des relations internationales. La crise due au coronavirus pourrait toutefois casser cette dynamique. « La montée du chômage va rendre plus difficile l’accès à l’emploi de ceux qui sont arrivés comme migrants », a reconnu Mme Merkel, vendredi, face à la presse. Ces chiffres globaux cachent néanmoins de fortes inégalités. Entre les sexes, d’abord : alors que 57 % des hommes ont trouvé un travail ou une formation, ce n’est le cas que de 29 % des femmes. Selon les nationalités, ensuite : entre les Syriens, dont 26 % ont fait des études secondaires, et les Afghans, qui ne sont que 8 % dans ce cas, selon les chiffres du DIW, les chances de s’intégrer en Allemagne ne sont pas du tout les mêmes. Le plus grand facteur d’inégalité est cependant lié au statut légal des individus, entre ceux qui ont le doit de séjour et ceux qui ne disposent que d’une « tolérance » (Duldung), autrement dit ceux dont la demande d’asile a été rejetée mais qui ne peuvent pas être expulsés, soit parce qu’ils sont malades, soit parce que leur pays d’origine refuse de les accueillir, soit parce qu’ils suivent une formation en Allemagne. Leur nombre est aujourd’hui estimé à 200 000, soit deux fois plus qu’en 2013. « C’est là qu’est le gros problème. Il s’agit d’une population de deuxième classe dont les conditions de vie souvent très précaires reflètent l’absence de stratégie claire de la part des dirigeants allemands qui, d’un côté, ne poussent pas à leur expulsion mais, de l’autre, ne veulent pas prendre le risque de les régulariser », explique Victoria Rietig.

    #Covid-19#migrant#migration#allemagne#integration#economie#sante#syrien#afghan##demandeurdasile#politiquemigratoire#inegalite#precarite

  • HCR - La pandémie de Covid-19 entraîne la faim et le désespoir pour les réfugiés nicaraguayens
    https://www.unhcr.org/fr/news/briefing/2020/8/5f48f11ba/pandemie-covid-19-entraine-faim-desespoir-refugies-nicaraguayens.html

    Plus des trois quarts des réfugiés et des demandeurs d’asile nicaraguayens au Costa Rica souffrent de la faim. Ils ne se nourrissent qu’une ou deux fois par jour en raison de l’impact socio-économique de la pandémie de Covid-19. Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, craint que cela n’entraîne des retours dans des conditions défavorables. Avant le début de la pandémie, et grâce à des initiatives d’intégration locale efficaces au Costa Rica, seulement trois pour cent des réfugiés ne prenaient qu’un repas par jour ou moins. Aujourd’hui, ce chiffre a plus que quadruplé pour atteindre 14%. C’est le résultat d’une évaluation humanitaire menée par le HCR en juillet et août, visant à aider les autorités costaricaines à répondre aux besoins de plus de 81 000 Nicaraguayens arrivés dans le pays en quête de protection internationale.
    La majorité des réfugiés et demandeurs d’asile nicaraguayens dans le pays, soit 63%, déclarent ne prendre que deux repas par jour.
    Les communautés d’accueil de réfugiés sont confrontées à des conditions similaires et le ralentissement économique de ces pays rendra encore plus difficile le rétablissement des réfugiés et de leurs hôtes.
    Le Costa Rica accueille généreusement près de 80% de tous les réfugiés et demandeurs d’asile nicaraguayens qui ont fui les violations des droits humains et la persécution, soit quelque 81 000 personnes. Ce pays fait partie des dix pays du monde qui ont reçu le plus grand nombre de nouvelles demandes d’asile l’année dernière, soit quelque 59 200. La majorité des personnes déracinées en Amérique latine dépendent de l’économie informelle, surtout lorsqu’elles commencent à s’intégrer dans les communautés qui les accueillent. De ce fait, les mesures de quarantaine liées à la pandémie de Covid ont aujourd’hui un impact sur les moyens de subsistance et entraînent l’insécurité alimentaire.

    #Covid-19#migrant#migration#ameriquelatine#sante#alimentation#refugie#demandeurdasile#economie#retour

  • Grèce : l’île de Lesbos ajoutée à la liste des territoires où le Covid-19 circule activement - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/26840/grece-l-ile-de-lesbos-ajoutee-a-la-liste-des-territoires-ou-le-covid-1

    L’île grecque de Lesbos, sur laquelle vivent plus de 15 000 demandeurs d’asile, a été placée sur une liste de territoires qui abritent des « clusters » du coronavirus. Pour l’heure, aucun cas de contamination n’a été détecté dans le camp surpeuplé de Moria, à l’extérieur duquel une clinique spéciale Covid-19 vient d’être inaugurée.

    #Covid-19#migration#migrant#grece#lesbos#cluster#demandeurdasile#contamination#sante

  • HCR - Le HCR se félicite de l’engagement du Canada à accorder la résidence permanente aux demandeurs d’asile travaillant en première ligne contre le Covid-19
    https://www.unhcr.org/fr/news/press/2020/8/5f3a2810a/hcr-felicite-lengagement-canada-accorder-residence-permanente-demandeurs.html

    Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, se félicite de l’annonce du Canada d’ouvrir une nouvelle voie vers la résidence permanente pour les demandeurs d’asile qui travaillent dans le secteur des soins de santé et qui œuvrent en première ligne dans le cadre des efforts canadiens de prévention et de lutte contre le Covid-19.« C’est un acte de solidarité exemplaire en hommage aux efforts et au dévouement de certains des membres les plus marginalisés et les plus vulnérables de la société. C’est un rappel des contributions exceptionnelles que les réfugiés et les demandeurs d’asile apportent en retour aux communautés qui les accueillent », a déclaré Rema Jamous Imseis, la représentante du HCR au Canada. Le HCR comprend que la décision bénéficiera aux demandeurs d’asile à travers le pays qui remplissent les conditions d’éligibilité et qui jouent un rôle crucial dans les institutions de santé durant la pandémie.
    « Nous avons constaté, à travers le monde, que des réfugiés, des demandeurs d’asile et des déplacés internes ont des compétences et des ressources qui peuvent compléter les efforts de lutte et de prévention », a indiqué Rema Jamous Imseis. « Ils risquent leur propre vie pour aider et soigner les autres dans la lutte contre le Covid-19. De la Colombie au Bangladesh, de l’Ouganda au Canada, des histoires incroyables ont vu le jour alors que des gens se rassemblent pour lutter contre une maladie qui ne connaît pas de frontières. »

    #Covid-19#migrant#migration#canada#demandeurdasile#sante#personnelmedical

  • Coronavirus: Canada to offer residency to asylum seekers on pandemic front lines | South China Morning Post
    https://www.scmp.com/news/world/united-states-canada/article/3097485/coronavirus-canada-offer-residency-asylum-seekers

    Canada is to offer permanent residency to asylum seekers who put themselves at risk to care for coronavirus patients, Immigration Minister Marco Mendicino said on Friday. They will be able to apply for residency for themselves and their families if they had submitted their application by March 2020, even if their demand had already been rejected. The measure will apply to asylum seekers who have helped directly care for the sick in a health clinic, a nursing home or a household, Mendicino told a news conference.“As these individuals face an uncertain future in Canada, the current circumstances merit exceptional measures, in recognition of their exceptional service during the pandemic,” Mendicino said

    #Covid-19#migrant#migration#canada#demandeurdasile#accessante#sante

  • HCR - Au Brésil, le HCR renforce son appui aux réfugiés et aux communautés d’accueil alors que le Covid-19 y fait des ravages
    https://www.unhcr.org/fr/news/briefing/2020/7/5f1ac0daa/bresil-hcr-renforce-appui-refugies-communautes-daccueil-covid-19-fait-ravages

    Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, intensifie ses efforts au Brésil pour protéger des dizaines de milliers de réfugiés et de migrants du Venezuela ainsi que leurs communautés d’accueil, alors que ce pays d’Amérique latine lutte contre la pandémie de Covid-19. Le Brésil est devenu le deuxième pays le plus touché au monde, avec près de 83 000 décès et une augmentation continue des cas confirmés. Considéré comme l’un des épicentres de la pandémie en Amérique latine, la situation au Brésil fait payer un lourd tribut aux populations les plus vulnérables, notamment les plus pauvres, les communautés autochtones et les réfugiés. Tous ont été touchés de manière disproportionnée. Le pays accueille plus de 345 000 réfugiés et demandeurs d’asile, pour lesquels les conséquences de la pandémie sont particulièrement sévères. Bien que le nombre total de réfugiés qui ont contracté le virus au Brésil soit inconnu en raison de l’absence de statistiques détaillées selon le statut et de l’absence de tests généralisés, le HCR a connaissance d’au moins 19 décès liés au Covid-19 parmi les réfugiés, dont neuf étaient des réfugiés autochtones vénézuéliens.

    #covid-19#migrant#migration#bresil#venuezuela#refugie#sante#autochtone#vulnerabilite#demandeurdasile#test#epicentre#pandemie

  • Cinquième prolongation du confinement en Grèce : « La discrimination ne protège pas du Covid-19 » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/26187/cinquieme-prolongation-du-confinement-en-grece-la-discrimination-ne-pr

    Alors que la population grecque est sortie de son confinement depuis le 4 mai, les centres d’accueil et camps de migrants du pays doivent poursuivre leur quarantaine au moins jusqu’au 2 août. Une vingtaine d’associations, dont Amnesty International, dénoncent une politique « discriminatoire », « contre productive » et même « dangereuse » pour la santé des dizaines de milliers d’exilés agglutinés dans des camps insalubres. Entretien avec Adriana Tidona, chercheuse en immigration pour Amnesty International.
    InfoMigrants : Qui est concerné par cette nouvelle prolongation du confinement en Grèce ? « Toutes les populations de migrants, réfugiés et demandeurs d’asile sont concernées. Et cette fois-ci, cette prolongation est pire que la précédente : la dernière fois, le gouvernement avait décidé que le confinement ne touchait que les migrants des centres de réception et d’identification (RIC) se trouvant sur les îles de la mer Égée. Désormais, toutes les structures d’accueil des îles, comme du continent, doivent se confiner. Cette généralisation du confinement est totalement disproportionnée, discriminatoire et ça ne s’appuie sur aucun fondement scientifique, ni aucune étude. On a aucune preuve que les précédents confinements depuis mars aient été efficaces. La discrimination ne protège pas contre le Covid-19 »

    #Covid-19#migrant#migration#covid-19#grece#camp#confinement#sante#discrimination#refugie#demandeurdasile#RIC

  • #Santé_mentale des #migrants : des #blessures invisibles

    Une prévalence élevée du trouble de stress post-traumatique et de la #dépression

    Les #migrations, les migrants et leur #santé ne peuvent être compris indépendamment du contexte historique et politique dans lequel les mouvements de population se déroulent, et, ces dernières décennies, les migrations vers l’#Europe ont changé. L’#immigration de travail s’est restreinte, et la majorité des étrangers qui arrivent en #France doivent surmonter des obstacles de plus en plus difficiles, semés de #violence et de #mort, au fur et à mesure que les #frontières de l’Europe se ferment. Ils arrivent dans des pays où l’#hostilité envers les migrants croît et doivent s’engager dans un processus hasardeux de #demande_d’asile. Ce contexte a de lourds effets sur la santé mentale des migrants. Ces migrants peuvent être des adultes ou des enfants, accompagnés ou non d’un parent – on parle dans ce dernier cas de mineur non accompagné*. S’il n’existe pas de pathologie psychiatrique spécifique de la migration1 et que tous les troubles mentaux peuvent être rencontrés, il n’en reste pas moins que certaines pathologies sont d’une grande fréquence comme le trouble de stress post-traumatique et la dépression.

    Facteurs de risque

    Pour approcher la vie psychique des migrants et les difficultés auxquelles ils font face, nous distinguerons quatre facteurs à l’origine de difficultés : le vécu prémigratoire, le voyage, le vécu post-migratoire, et les aspects transculturels.

    Vécu prémigratoire

    Avant le départ, de nombreux migrants ont vécu des événements adverses et traumatiques : #persécution, #guerre, #violence_physique, #torture, violence liée au #genre (#mutilations, #viols), #deuils de proches dans des contextes de #meurtre ou de guerre, #emprisonnement, famine, exposition à des scènes horribles, etc. Les violences ont fréquemment été dirigées contre un groupe, amenant une dislocation des liens communautaires, en même temps que des liens familiaux. Ces traumatismes ont un caractère interhumain et intentionnel, et une dimension collective, témoignant d’une situation de violence organisée, c’est-à-dire d’une relation de violence exercée par un groupe sur un autre.2, 3 Cette situation de traumatismes multiples et intentionnels est fréquemment à l’origine d’une forme particulière de troubles appelée trouble de stress post-traumatique complexe. Les nombreuses pertes, deuils et pertes symboliques fragilisent vis-à-vis du risque dépressif.

    Départ et #voyage

    La migration est en elle-même un événement de vie particulièrement intense, obligeant à des renoncements parfois douloureux, déstabilisante par tous les remaniements qu’elle implique. Ce risque est pris par ceux qui partent avec un #projet_migratoire élaboré. En revanche, l’exil dans une situation critique est plus souvent une fuite, sans projet, sans espoir de retour, bien plus difficile à élaborer.1 Vers une Europe dont les frontières se sont fermées, les routes migratoires sont d’une dangerosité extrême. Nous connaissons tous le drame de la Méditerranée, ses morts en mer innombrables.4 Les adolescents venant seuls d’Afghanistan, par exemple, peuvent mettre plusieurs années à arriver en Europe, après des avancées, des retours en arrière, des phases d’incarcération ou de #prostitution. Durant ce long voyage, tous sont exposés à de nouvelles violences, de nouveaux traumatismes et à la traite des êtres humains, surtout les femmes et les enfants.

    Vécu post-migratoire

    Une fois dans le pays hôte, les migrants se retrouvent coincés entre un discours idéal sur l’asile, la réalité d’une opinion publique souvent hostile et des politiques migratoires contraignantes qui les forcent sans cesse à prouver qu’ils ne sont pas des fraudeurs ou des criminels.5 Les réfugiés qui ont vécu un traumatisme dans le pays d’origine vivent donc un nouveau traumatisme : le déni de leur vécu par le pays d’accueil. Ce déni, qui est pathogène, prend de multiples aspects, mais il s’agit d’être cru : par les agents de l’Office de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) qui délivre le statut de réfugié, par les conseils départementaux, qui décident, avec un certain arbitraire, de la crédibilité de la minorité des jeunes non accompagnés. L’obtention d’un statut protecteur dans un cas, l’obligation de quitter le territoire dans l’autre. Mais raconter en détail des événements traumatiques que l’on n’a parfois jamais pu verbaliser est difficile, parfois impossible. Lorsque des troubles de la mémoire ou des reviviscences traumatiques les empêchent de donner des détails précis, on leur répond...

    #migration #mental_health #trauma #depression #violence

    https://www.larevuedupraticien.fr/article/sante-mentale-des-migrants-des-blessures-invisibles