• La question n’est pas facile. Mais « le problème ne réside pas dans le média, mais dans son usage » — ce que j’appelle l’argument Télérama — ça a ses limites aussi. Tout comme la cigarette donne le cancer, la télévision bouffe le cerveau. Internet, l’informatique en général, pose aussi des problèmes en soi.

  • Très bonne Préface à l’édition Brésilienne du « Maitre ignorant » de #Jacques_Rancière http://strassdelaphilosophie.blogspot.fr/2013/05/le-maitre-ignorant-jacques-ranciere.html

    Toutes les deux surtout sont enfermées dans le cercle de la société pédagogisée. Elles attribuent à l’Ecole le pouvoir fantasmatique de réaliser l’égalité sociale ou, à tout le moins, de réduire la « fracture sociale ». Mais ce fantasme repose lui-même sur une vision de la société où l’inégalité est assimilée à la situation des enfants en retard. Les sociétés du temps de Jacotot avouaient l’inégalité et la division en classes. L’instruction était pour elles un moyen d’instituer quelques médiations entre le haut et le bas : de donner aux pauvres la possibilité d’améliorer individuellement leur condition et de donner à tous le sentiment d’appartenir, chacun à sa place, à une même communauté. Nos sociétés sont loin de cette franchise. Elles se représentent comme des sociétés homogènes où le rythme vif et commun de la multiplication des marchandises et des échanges a aplani les vieilles divisions de classes et fait participer tout le monde aux mêmes jouissances et aux mêmes libertés. Plus de prolétaires mais seulement des nouveaux venus qui n’ont pas encore pris le rythme de la modernité ou des attardés qui, à l’inverse, n’ont pas su s’adapter aux accélérations de ce rythme. La société se représente ainsi à la manière d’une vaste école ayant ses sauvages à civiliser et ses élèves en difficulté à rattraper. Dans ces conditions, l’institution scolaire est de plus en plus chargée de la tâche fantasmatique de combler l’écart entre l’égalité proclamée des conditions et l’inégalité existante, de plus en plus sommée de réduire des inégalités posées comme résiduelles. Mais le rôle dernier de ce surinvestissement pédagogique est finalement de conforter la vision oligarchique d’une société-école où le gouvernement n’est plus que l’autorité des meilleurs de la classe. A ces « meilleurs de la classe » qui nous gouvernent se trouve alors reproposée la vieille alternative : les uns leur demandent de s’adapter, par une bonne pédagogie communicative, aux intelligences modestes et aux problèmes quotidiens des moins doués que nous sommes ; d’autres leur demandent à l’inverse de gérer, depuis la distance indispensable à toute bonne progression de la classe, les intérêts de la communauté.

    #Education #pedagogie #Autonomie #philosophie #Emancipation #Joseph_Jacotot

  • Les écoles alternatives, tout un programme? (Slate.fr)
    http://www.slate.fr/story/71349/ecoles-alternatives-montessori-steiner-freiner

    Système de notation particulier, rythme adapté à l’enfant, classes multi-âges... leur mode d’enseignement se présente comme centré sur l’épanouissement des élèves.
    […]
    Leçon n°1 : l’enfant au centre de la méthode […]
    Leçon n°2 : valoriser la réussite […]
    Leçon n°3 : former au métier d’enseignant […]

    #éducation #pédagogie_alternative #Montessori #Steiner #Freinet

  • Les tâches complexes : le plein de ressources ! (Le Web Pédagogique)
    http://lewebpedagogique.com/blog/taches-complexes-ressources

    Confronter à une situation-problème, l’élève doit relever un défi : au cours de la séance, l’élève essaye, se trompe, confronte sa vision avec les camarades de son groupe et finalise son travail par une production écrite ou orale. Pour y arriver, il faudra mobiliser “des ressources internes (culture, capacités, connaissances, vécu…) et externes (aides méthodologiques, protocoles, fiches techniques, ressources documentaires…)

    […]

    L’enseignant peut se trouver déstabilisé en constatant que les élèves n’utilisent pas les règles, formules, connaissance, etc. pourtant apprises il y a peu de temps, et ce même quand il s’agit d’élèves qui réussissaient bien les exercices d’application. Pourtant, c’est tout à fait normal ! Lorsqu’ils doivent résoudre une tâche complexe, les élèves sont facilement en surcharge cognitive. Ils reviennent spontanément à des procédures « sûres », « simples », « faciles » pour eux. Ce n’est que dans un deuxième temps, et parfois seulement grâce au guidage proposé par l’enseignant, qu’ils mobilisent des procédures plus complexes, des connaissances plus récemment acquises.

    Voir aussi :

    Situations/tâches complexes (Ac. Rennes)
    http://www.ia29.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/site/ia29/Accueil/pedagogie-formation/socle-commun/pid/20256

    La tâche complexe est une tâche mobilisant des ressources internes (culture, capacités, connaissances, vécu...) et externes (aides méthodologiques, protocoles, fiches techniques, ressources documentaires...).
    Confronter les élèves à des tâches complexes permet de :
    – les former à gérer des situations concrètes, nouvelles de la vie réelle en mobilisant des connaissances, des capacités, des attitudes c’est-à-dire à exprimer de véritables compétences dans des situations nouvelles.
    – faire acquérir à chacun les mêmes connaissances, les mêmes méthodes mais en tenant compte des différences entre individus.
    – laisser à chacun le choix des procédures de base présentes dans le répertoire de ses ressources et de leur combinaison selon sa propre démarche intellectuelle.
    – les motiver tout en leur donnant le goût des sciences.

    Situations-problèmes (Le site francophone des situations-problèmes)
    http://situationsproblemes.com/francais/?page_id=278

    Les TaCos de Thucydide
    http://tacohgec.wordpress.com/2012/03/01/un-peu-de-theorie-pourquoi-enseigner-par-taches-complexes

    En effet, quand on travaille par tâche complexe, on suit le processus suivant :
    1. Proposition de la tâche complexe. Les élèves tentent de la résoudre sans aide de l’enseignant. Celui-ci observe (l’action des élèves et les productions) et repère ce qui fait obstacle.
    2. Proposition d’aides, de guidage, apport ou réactivation de connaissances pour résoudre la tâche complexe… autrement dit, on en arrive automatiquement à la différenciation, puisque certains élèves ont résolu la tâche sans aide, d’autres ont besoin d’aide, mais pas tous de la même aide…
    3. Proposition d’au moins une tâche complexe semblable ou légèrement différente pour que les élèves puissent réinvestir les procédures découvertes.

    Travailler par tâches complexes permet en outre de résoudre le problème souvent posé par les élèves les plus avancés – ceux qui sont trop rapides, ceux qui ont toujours tout juste, ceux qui s’ennuient en classe. En effet, ils seront motivés par la situation inédite en classe, par le besoin de chercher une procédure qui n’a pas été apprise d’avance. Si le travail se fait en équipe, ils seront moteurs.

    #éducation #pédagogie #tâches_complexes #situations_problèmes #cycle3 #collège

  • L’école sans retenue - Aléas (philosophiques)
    http://carnetderecherche.eklablog.com/l-ecole-sans-retenue-a84045318

    Il y a peu de chances que l’école accepte de retrouver désormais le sens d’une « éducation fondamentale » au sens d’une formation humaniste qui ne soit pas attachée à l’utilité sociale - organisationnelle et consumériste -, ni aux nouvelles formes de l’asservissement volontaire, mais viserait l’épanouissement des capacités réelles (et non des compétences d’adaptation) de la personne (et non de l’individu manipulable).

    #éducation #pédagogies_nouvelles #Freinet

  • Expérience contre expérimentations (Intermèdes)
    http://recherche-action.fr/intermedes/2013/04/23/la-forme-cest-le-fond-qui-remonte-a-la-surface-v-hugo

    Qu’est devenue aujourd’hui la possibilité pour les enfants et même les adultes que nous sommes, de faire des expériences ? Nous n’en avons ni le temps, ni les moyens. Pire encore, il semble que le mot serait banni, douteux et suspect en lui même.

    Faire des expériences, ou plutôt les connaître (tel est le véritable sens du terme) serait devenu l’aveu embarrassant que nous ne saurions déjà pas quoi faire, en en tout lieu et en tout temps.

    Et oui aujourd’hui l’enfant et l’adulte ne peuvent connaître d’expériences car ils devraient toujours savoir ce qu’ils doivent faire par eux même, ou en appliquant le programme de ceux qui le savent pour eux. Le second motif qui rend délicate l’idée d’expérience serait l’idée du risque, du danger, de l’illégitimité, voire même de l’illégalité.

    Tandis que les expériences des adolescents sont de plus en plus entourées de surveillance et répression policière, celles des enfants entre eux, dans les cours d’école, ou au quartier font l’objet de préoccupations inquiètes, psychologisantes, sanitaires et sécuritaires.

    #éducation #pédagogie

  • Ils détruisent, nous bâtissons
    http://recherche-action.fr/intermedes/2013/04/08/ils-detruisent-nous-batissons

    C’est étonnant comme le fait d’enfermer un problème dans une personne, dans un groupe, d’éloigner ce problème, de l’éparpiller, de le diluer dans le temps, peut laisser croire qu’on l’a réglé.

    Et c’est ainsi que nous avançons tous avec des objectifs triomphants et positifs. Nous ne fabriquons pas des sans-abris nous les hébergeons ; nous ne sommes pas submergés par le Chômage, nous créons des parcours d’emploi. À l’école, nous ne somme pas confrontés à l’exclusion, mais à la démission des élèves et à leur décrochage… Et d’ailleurs il n’y a plus d’échec scolaire, il y a que de la réussite éducative.

    #éducation #pédagogie_sociale #Rroms

  • La classe inversée (IClasse 130)
    https://sites.google.com/site/classe130/home/classe-inversee

    La classe inversée consiste comme son nom l’indique à inverser le concept traditionnel de l’école : leçon en classe, activités, exercices à la maison. Avec la classe inversée, la présence du professeur est utilisée au maximum pour réaliser des activités, mettre en activité les élèves, les rendre acteur de leur formation, les aider, individualiser.
    Le travail à la maison, en amont, consiste à consulter des ressources (vidéos, site internet, lecture), copier quelques mots de vocabulaire, les titres... Tout le travail de compréhension est fait en classe en présence et avec l’aide du professeur.

    Dans la série, notre modèle éducationnel du XIXème siècle est mort il en faut un autre : la classe inversée, un concept intéressant qui suscite cependant trois questions :
    – si les devoirs à la maison sont théoriquement proscrits c’est notamment que ce travail « solitaire » est particulièrement générateur d’inégalités, qu’en serait-il de ce travail à la maison, même « préparatoire » ou « interactif » (les activités indiqués semblent nécessiter des élèves particulièrement responsables et autonomes) ?
    – le dispositif repose largement sur les #TICE : quid de la fracture numérique ?
    – « l’intérêt » du dispositif (cf. le 1er schéma) semble être davantage la référence aux concepts de « coopération », « projets intéressants », « pédagogie active », « personnalisation », « plan de travail » (issus des pédagogies nouvelles) que de « l’inversion » même de la classe.

    #éducation #classe_inversée #pédagogie #innovation

  • L’image des immigrés dans les manuels scolaires

    Avec l’importance prise dans la pédagogie par le travail personnel de l’élève autour de documents, les images ont conquis un statut nouveau : de simples illustrations, elles sont devenues la source même du savoir des élèves. Vingt manuels scolaires, d’histoire, de
    géographie et d’éducation civique, sont ici passés au crible d’une étude critique des images de l’immigrant

    http://www.scoop.it/t/geographie-des-migrations/p/3997769807/l-image-des-immigres-dans-les-manuels-scolaires-diversite-ville-ecole-integrat

    #manuels_scolaires #migration #image #pédagogie #éducation #immigrant

  • • Questions de classe(s)
    http://www.questionsdeclasses.org

    L’invention d’un collectif

    L’invention d’un collectif est toujours un moment intéressant, avec ses premiers cris, ses premiers mots... sa première lettre d’amour. Cet éditorial est donc une lettre d’amour, d’une certaine façon. Amour de la pédagogie, amour de la lutte pour une émancipation des enfants-élèves, amour pour ce collectif qui est en train de naître et de s’ouvrir déjà. La lutte pour l’émancipation est jeune, renouvelée en permanence, tout comme la pédagogie puisqu’elles visent toutes deux à renouveler les pratiques, à changer la relation au monde, au savoir, à l’autre.(…)

    Qui sommes-nous

    Lire, écrire... lutter Acteurs de l’éducation : parents, travailleurs, chercheurs, issus de différents horizons associatifs, pédagogiques, syndicaux, etc., nous pensons que la question scolaire est une question politique. Notre pari est de proposer un espace alternatif et sans esprit de concurrence au service de tous ceux et celles qui luttent pour changer la société et son école. « Questions de classe(s) », c’est d’abord un site où chacun peut informer, débattre, populariser ses luttes, mutualiser ses pratiques et ses réflexions.(…)

    Signez l’appel à soutien au lancement de « Questions de classe(s) » !

    Vous pouvez nous soutenir en signant en bas de l’appel ce texte de soutien... Questions de classe(s) Lire, écrire... lutter Acteurs de l’éducation : parents, travailleurs, chercheurs, issus de différents horizons associatifs, pédagogiques, syndicaux, etc., nous pensons que les questions scolaires et éducatives (au-delà de l’école) sont des questions sociales. Notre pari est de proposer un espace alternatif et sans esprit de concurrence au service de tous ceux et celles qui luttent pour changer la société et son école. « Questions de classe(s) », c’est d’abord un site où chacun peut informer, débattre, populariser ses luttes, mutualiser ses pratiques et ses réflexions. « Questions de classe(s) », c’est aussi l’expression d’une démarche collective de mise en commun des points de vue sur l’institution scolaire et plus largement l’éducation, au travers de contributions collectives ou individuelles. Groupes, associations, syndicats, mouvements pédagogiques, collectifs de luttes ou individus ont besoin de lieux de convergence et de débat.(…)

    #éducation #lutte #pédagogie

  • Une étude (en cours) sur l’égalité entre les filles et les garçons dans les jardins d’enfants du comté d’Aust-Agder (Sud de la Norvège).

    Depuis six mois, une étude est en cours dans les jardins d’enfants de la commune d’Arendal (sud de la Norvège) pour savoir si les personnels qui encadrent se comportaient de la même manière (ou pas) envers les filles qu’envers les garçons, et s’il existe une discrimination.

    Tout est observé, les situations au vestiaire au moment de préparer les enfants pour sortir, ou quand on les reçoit le matin, pendant les repas, les jeux, les séances de lectures/commentaires, les activités artistiques et culturelles.

    Un rapport de synthèse sera présenté par le gouverneur du comté au mois de février. A suivre

    #égalité #discrimination #enfance #pédagogie #école-maternelle #jardin-d-enfant #norvège

    • En même temps, la formation des animatrices et animateurs n’aborde jamais (je dis bien jamais, j’ai déjà fait faire ce genre de formation) ces questions en France, d’une part. D’autre part, le point essentiel du BAFA se réduit souvent a « sécurité de l’enfant », ce qui s’entend souvent chez les stagiaires par attention aux problème physique. A la limite le psychisme est retenue si l’enfant se met a pleurer... De toute façon a 1 pour 14 et en étant payé moins que le smic grace au contrat CEE, ou tu gagne 35 euros la journée, alors que tu fais 10 heures, ce qui fait 3,5 euros de l’heure (le smic est a 9 euros environ)... il n’est pas étonnant que les gens qui font ce travail n’ont de toute façon, pas trop envie de creuser la question si leur formatrices et formateurs ne les y ont pas poussés.
      En tout cas je suis sur que si on fait ce genre d’enquête en France dans n’importe qu’elle école, les résultats seront hyper-sexiste malheureusement.

    • Je vais suivre ça de très près, puisque c’est là où j’habite et que mes mômes y sont, dès que l’étude sort, je vous en fait une traduction avec du sel et du poivre. Nous attendons tous avec impatience le résultat de ces six mois d’enquêtes, au pays de l’enfant roi et où la préservation de l’égalité entre les sexes est LE truc a très haute priorité

  • USA : un livre pour enfants, anarchiste et mignon, horrifie le Tea Party
    http://www.rue89.com/rue89-culture/2012/12/12/usa-un-livre-pour-enfants-anarchiste-et-mignon-scandalise-le-tea-party

    « Je préfère avoir un monde rempli d’enfants qui se demandent pourquoi ils ont besoin de faire telle ou telle chose plutôt que d’enfants qui obéissent aveuglément à chaque ordre que l’école ou leurs parents leur donnent. »

    #Livre #édition_jeunesse #anarchie #tea_party #pedagogie

  • • Éducation et démocratie : les Républiques d’enfants
    http://www.cnt-f.org/nautreecole/?Education-et-democratie-les

    « Éducation et démocratie. L’expérience des Républiques d’enfants », de Romuald Avet & Michèle Mialet, Éditions Champ Social, 2012,158 p., 16 €.

    Ces Républiques d’enfants sont nées dans des circonstances historiques très variées : peut-on cependant dégager un point commun parmi les inspirateurs, ou est-ce que ce sont des aspirations différentes qui les ont fait éclore ?

    R. A. – Oui, on peut dégager un point commun parmi les inspirateurs malgré la diversité des expériences. L’enfant est devenu un sujet de droit dans les pays démocratiques, mais il ne l’était pas encore au moment où se développaient les Républiques d’enfants. Leurs inspirateurs ont anticipé cet événement en allant d’ailleurs beaucoup plus loin dans l’expérience éducative de la citoyenneté démocratique. Leur aspiration consistait à libérer l’enfant de son aliénation et de son asservissement pour le préparer à un avenir différent dans un monde différent. L’expérience de la guerre et de la barbarie les a confortés dans l’urgence de construire une nouvelle éducation, affranchie non pas de l’autorité mais de l’autoritarisme, dans le respect des valeurs démocratiques. Inventer un nouveau mode de socialisation dans l’éducation, qui ne repose plus sur la domination, la soumission et l’obéissance, s’imposait comme une nécessité.

    #éducation #pédagogie

  • Freinet, Montessori, Steiner : ces #écoles qui changent la vie des élèves et des profs - Education - Basta !
    http://www.bastamag.net/article2682.html

    La solution ? Des #pédagogies modernes, actives, qui « suscitent le plaisir, l’intérêt, la curiosité ». En France, une centaine d’écoles expérimentent ces pédagogies innovantes. Environ 20 000 élèves y sont inscrits. Inspirés notamment par les pédagogues Steiner, Freinet ou Montessori, les enseignants accordent une place aussi importante aux maths et au français qu’aux activités artistiques, physiques, manuelles et sociales. Tout en utilisant des méthodes d’apprentissage différentes.

    « Ces écoles ne mettent pas les savoirs savants au-dessus des autres, explique Marie-Laure Viaud, maître de conférence en Sciences de l’#éducation et auteure de plusieurs livres sur l’éducation nouvelle. Toutes accordent une grande confiance aux ressources propres de chaque élève. Leur credo : on apprend mieux en faisant qu’en écoutant.

    • Oui, ça aurait pu être bien. Mais en France, toutes ces avançées pédagogiques dites modernes datent de plus d’un siècle :
      – M.Montessori 1870-1952
      – R.Steiner 1861-1925
      – Freinet 1896-1966
      et sont, dans l’éducation nationale toujours classées comme expérimentales ou alternatives et donc marginalisées (20 000 élèves sur 7 millions c’est une blague pour gauchistes). Ils existent même des profs qui n’en ont jamais entendu parlé… C’est une honte et une catastrophe quant on voit l’archaïsme des écoles françaises qui ont comme référence un système éducatif répressif datant d’il y a plus de 150 ans saupoudré d’un peu de Dolto dans le meilleur des cas.

    • A chaque fois qu’on parle d’écoles soi-disant ouvertes ou d’avant-garde Steiner figure parmi les exemples mentionnées. Je n’accepterai jamais qu’on range parmi les exemples pour une pédagogie éclairée une école basée sur une idéologie religieuse obscure contenant des éléments assez appréciés par le régime nazi.

      La pédagogie de Janusz Korczak par contre n’est quasiment jamais évoquée. Elle est basée sur l’autogestion (attention, wikipedia France oublie de mentionner son engagement pour les républiques d’enfants dans la jeune Union Sovietique) et la conviction que la liberté des élèves est la condition nécessaire pour développer le goût de l’apprentissage.

      Comme quoi le pouvoir s’impose en dictant le contenu du discours public. Autrement on n’accepterait pas, sauf peut-être sous menace de sanctions douloureuses, d’envoyer nos enfants dans des institutions dédiées à l’enseignement de la soumission et du mépris des plus faibles.

    • Oui @klaus, et je vois aussi virer nombre d’écoles dites de « pédagogie nouvelle » inventant des lois dont celle totalement facho des ceintures de mérite qui permettent d’accéder à des droits comme celui (que je considère comme inaliénable) d’aller à la bibliothèque… ou d’utiliser les balançoires… voir à supprimer les droits civiques comme celui d’être délégué ! Et les parents ne disent rien tandis que leurs enfants rêvent d’aller à l’école ’pour tous’.

      #Il_faut_que je me lance un jour à lire Une société sans école d’Ivan Illich (Deschooling Society, 1971). (Mais bon, là aussi on pourra objecter que #Illich était un prêtre formé au Vatican.) N’empêche, Illich secoue la pensée.

    • http://ecolesdifferentes.free.fr/SILENCEILLICH.htm

      L’école, selon Illich, repose sur le postulat que les jeunes êtres humains sont comme des immigrés, de nouveaux venus qui doivent se soumettre à un processus de naturalisation, un processus qui doit les mettre à l’écart de leur milieu naturel et les faire passer par une matrice sociale sous responsabilité de l’Etat, un Etat dont l’enseignant accrédité est d’abord le représentant [p.200-201].

    • je m’incruste pour suivre vos débats ; j’ai été éduqué « inspiré Freinet », mais j’ai aussi eu en 2005 un aperçu du système suédois, qui de façon mainstream applique des méthodes du même genre

    • @Fil, enfants, j’étais fan des B.T (Bibliothèque de Travail, édition qui semble avoir disparu) et c’est bien Freinet que je préfère parmi ces pédagogues. Alors, ton impression, c’était bien ?

    • Dans le cadre de l’institution, les enseignants en sont réduits à faire du « containment » social. D’où les dérives mentionnées par @touti. Il y a 35 ans de cela quand j’étais à l’École Normale (devenue par la suite IUFM) en formation instit, un de mes collègues se plaignait à la directrice de l’établissement de l’unique modèle que l’on nous proposait comme référent en matière de pédagogie : les « écoles d’application » où nous faisions nos premières expériences du métier sous l’égide de maitres-formateurs et il demandait une ouverture sur d’autres pratiques notamment la pédagogie Freinet. La dame patronnesse lui fit cette réponse : « Mais, Monsieur M..., Freinet est mort. ». Ce à quoi, le collègue retorqua : "Napoléon aussi et nous avons toujours le Code Civil). Cela illustre bien que l’institution ne veut pas entendre parler de pratiques différentes que celles qui ont soit disant « fait leurs preuves », c’est à dire qui ont consisté à faire fermer leurs gueules à des générations d’enfants. Quelqu’un qui s’engageait hors de ces sentiers battus devait faire preuve de beaucoup de courage et d’abnégation.

    • C’est pour cette raison que je porte en grande estime les instits engagés. Malheureusement mes observations me font estimer que chez nous il n’y en a qu’entre 2 et 5 pourcent dans la population d’enseignants. Bref, dans une école avec une cinquantaine d’enseignants tu as un ou deux d’excellent.
      Si la direction de l’école sait gérer l’institution d’une manière qui ne les expose pas aux atteintes perpétrées par les collègues médiocres (chez nous le directeur est leur supérieur hierachique ; on aime leur filer les tâches et classes les plus difficiles sous prétexte qu’ils savent mieux se débrouiller), ils peuvent beaucoup apporter aux élèves et à l’ambiance dans l’établissement.

    • @klaus alors c’est la même chose que dans la vraie vie en fait… des gens exceptionnels y’en a pas tant que ça ! Et toujours à se heurter à la bêtise d’un système et à y résister vaille que vaille.

  • L’enfance de l’art en #dataviz | Sabine Blanc
    http://owni.fr/2012/10/25/enfance-art-dataviz

    « Visualisation de données » : le collectif Open #Data de #Rennes organisait le 2 octobre cet atelier avec des enfants de CE2 et CM1, dans le cadre du festival Viva-Cités. Julien Joly, du site d’information indépendant Rennes1720, nous a fait parvenir le récit de cette expérience consistant à intéresser des tout jeunes à ce concept abstrait.

    #Cultures_numériques #Reportage #datajournalism #éducation #Lego #open_data #opendata #pédagogie

  • Ce samedi, les enfants ont cours de hacking | Sabine Blanc
    http://owni.fr/2012/10/12/ce-samedi-les-enfants-ont-cours-de-hacking-hackidemia-ecole

    HacKIDemia fait partie de ces chouettes projets qui entendent renouveler la #pédagogie des #sciences et de la technologie en mettant au centre le (savoir-)faire, et qui puisent leur inspiration dans les valeurs des #hackers, ces bidouilleurs créatifs et partageurs.

    #Education #Reportage #DIY #DIY_(Do_It_Yourself) #éducation #Fab_Lab #hackerspace #Hackidemia #makerspace

  • Le travail à la maison (ICEM)
    http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/24882

    L’arrêté du 23 novembre 1956 aménage les horaires des écoles primaires et inscrit les devoirs pendant le temps scolaire. En application de l’arrêté, la circulaire du 23 novembre 1956 supprime sans équivoque les devoirs à la maison, retenant des arguments d’efficacité et de santé.
    L’application de la circulaire n’est pas satisfaisante, plusieurs textes doivent rappeler l’interdiction : en 1962, 1964, 1971, 1986, 1990. La circulaire du 17 décembre 1964 ajoute même une précision et porte l’interdiction aux « écrits à exécuter hors de la classe », puisque certains enseignants interprètent les textes en déclarant ne pas donner des devoirs, mais des exercices écrits…
    Aujourd’hui, les devoirs à la maison restent interdits ; le travail oral et les leçons sont autorisés. Il est à noter qu’aucun texte ne demande aux enseignants de prescrire un travail aux élèves après la journée de classe.

    #éducation #devoirs #pédagogie

  • L’école française, une « fabrique de défiance » ? (Nouvel Obs)
    http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20120924.OBS3375/l-ecole-francaise-une-fabrique-de-defiance.html

    « Les élèves français sont champions de l’absence de travail en groupe, et notre école présente l’un des plus hauts niveaux de conflictualité au monde. Or l’apprentissage de la coopération dés le plus jeune âge favorise de façon spectaculaire l’insertion économique et sociale. »
    L’école française est une machine à trier, classer et diviser, ce qui en fait « un milieu anxiogène où l’élève a sans cesse peur de ne pas être à la hauteur par rapport aux autres ».
    Au sein des 40 pays de l’OCDE, c’est en France que les élèves se sentent le moins « chez eux » à l’école.

    #éducation #école #coopération #défiance #pédagogie

  • L’école Ferrer de Lausanne aux Éditions Entremonde
    http://entremonde.net/L-ecole-Ferrer-de-Lausanne

    De 1910 à 1919, l’École Ferrer de Lausanne a offert à des enfants d’ouvriers un lieu où ils n’acquièrent pas « le savoir inutile » dispensé dans les écoles publiques, où ils ne font pas « l’apprentissage de la docilité ».

    Sa caractéristique a été « d’unir l’atelier à l’école, de faire collaborer parents, instituteurs, ouvriers et enfants, de préparer ces derniers à la vie qu’ils mèneront probablement, en évitant autant que possible le verbalisme, en exaltant leur curiosité et leur joie dans les recherches, en organisant les leçons souvent hors des murs de la classe, dans la réalité, là où se passe la vie ».

    http://entremonde.net/client/gfx/photos/produit/01RUPTURE-Couv2_18.jpg
    #pédagogie

  • Vitruve : une école (hors) du Commun (écoRev)
    http://ecorev.org/spip.php?article912

    Un entretien avec avec Gérard Delbet paru dans le dossier Le #Commun ou la relocalisation du politique, Revue critique d’écologie politique n°39, juillet 2012.

    Gérard Delbet, dit Gégé, est instit à l’école Vitruve depuis 1976. On est venu le chercher à l’époque pour « remplacer quelqu’un qui craquait ». Il faut dire que l’école Vitruve, c’est particulier, ça ne correspond par aux schémas mentaux dominants, ça ne rentre pas bien dans les cases de l’administration, bref ça dérange. Pourtant, il y a tout lieu de penser que l’école Vitruve produit du commun : avant tout une école que les instits, enfants, et même parents gèrent et
    fabriquent ensemble. D’où ça vient, qu’est-ce que c’est, comment ça survit dans le système, quel genre d’enfants en sortent... ?

    Est-ce que Vitruve fabrique du commun, du « vivre ensemble » ?

    Les encadrants de Vitruve ne sont pas partis de cette idée de « fabriquer du vivre ensemble ». Ils ont, à partir de 62, investi un territoire, un lieu, un écosystème, plus ou moins servis par les hasards de l’histoire. Dans ce lieu, ils ont inventé, fabriqué des choses qui sont du commun avec les enfants, entre les #enfants, et pour eux. On dit de nous qu’on est une école « pas comme les autres ». Mais en fait pour nous ce sont les autres qui ne sont pas des écoles ! Pour le dire autrement, on a mis en place un lieu où vivent ensemble plus de 240 gosses et une quinzaine d’#adultes (instits, profs de musique, de dessin, personnes qui font le ménage, s’occupent des repas...) et les #parents, qui sont aussi partie prenante de ce lieu.
    On a réussi à fonder une école qui se démarque totalement des autres. On porte le même nom, « école », mais les autres ne sont en réalité qu’une juxtaposition de propriétaires de classes, de sections. L’institution parle d’ « école » en général, mais ce mot est ambigüe et désigne plutôt le bâtiment, géré par la commune, tandis que le personnel et les « proies » que sont les enfants, sont la propriété de
    l’Éducation nationale ! Le vrai langage de l’institution, d’ailleurs, ce n’est pas « école » c’est « classes administratives ». « École », ça ne correspond à rien pour eux. On le voit quand on se confronte à l’administration et à ses règles, qui par exemple ne peut concevoir ni comprendre qu’on fasse travailler ensemble des enfants de niveaux différents.

    Comment ce commun, cette école, s’est-elle mise en place ?

    L’école Vitruve existe depuis une cinquantaine d’années. À la base, ce sont des militants pédagogiques, dans les années 60, pour la plupart issus du #GFEN, qui cherchent à mettre en œuvre leurs idées, issues de la résistance, notamment les méthodes actives inventées dans le cadre de l’Éducation Populaire. Ces gens ont cherché à investir des lieux et Robert Gloton, un inspecteur de l’Éducation Nationale, militant du GFEN lui-même, un type formidable, a su ruser avec le système en proposant à sa hiérarchie de lancer une #pédagogie nouvelle dans 40 classes expérimentales. Il n’a pas parlé d’école ! Mais il les a regroupées sur 4 lieux géographiques car il avait bien l’idée d’aller vers la fabrication d’écoles. Il dit dans un texte de la fin des années 60 : "En réaction contre l’isolement traditionnel des classes au sein de l’établissement, tout est mis en œuvre pour traduire dans les faits ce principe fondamental : l’unité pédagogique n’est pas la classe, mais
    l’école." Il a pris avec lui des instits volontaires avec l’assentiment de la droite française gaulliste de l’époque, à condition « que ça ne devienne pas les folies bergères ». Vitruve est née dans un quartier défavorisé en voie de réhabilitation accélérée, haut lieu d’immigration, dans un contexte difficile, où l’échec scolaire était important. On est parti d’une école primaire de garçons de réputation violente dont personne ne voulait. Ce fut, paradoxalement, une facilité. Par ailleurs, cette école primaire était gérée en même temps qu’un collège municipal, par un seul directeur. Ce hasard de l’histoire nous a été bénéfique car avec le hiatus croissant entre l’école primaire « différente » et le collège « classique », la prise en charge par directeur unique est vite devenue impossible : cela nous a permis de créer la #coordination. Et elle a tout de suite été une fonction tournante entre nous. Dans les 3 autres écoles créées par Gloton, il y a eu des directeurs militants, mais ça s’est écroulé dès qu’ils sont partis, alors qu’à Vitruve la coordination a permis que le système se reproduise. C’est une gestion collégiale
    avec un coordinateur tournant d’année en année, qui est un instit de l’équipe. Il/elle ne prend pas de classe, mais reste néanmoins en contact avec les enfants.
    Après 50 ans d’expérience, on peut affirmer aujourd’hui que ce format de gestion et d’organisation est clairement un format viable et reproductible.

    Quel est le projet politique de Vitruve ?

    Le projet de départ c’est de réfléchir et d’agir ensemble au niveau de l’école sur deux points : comment lutter contre l’échec scolaire et comment considérer l’enfant dans son rapport au monde adulte, c’est-à-dire produire des pratiques sociales qui vont faciliter sa conquête des savoirs, son indépendance, son émancipation.
    L’idée politique, le projet politique n’ont pas été réellement prédéfinis. Il sont apparus en marchant. Encore une fois, pour filer la métaphore, cet organisme vivant s’est installé dans un milieu, s’est adapté à son écosystème et s’en est nourri (tout en le protégeant) pour se transformer lui-même. On a agi sur lui et il a agi sur nous pour nous rendre mieux réactif, plus réceptif, plus malin.
    Le projet politique est donc apparu au fur et à mesure. Au fur et à mesure des rencontres, des contacts, des recherches, des ramifications possibles. Il a incorporé des événements, inattendus ou provoqués, qui sont devenus, dans un processus évolutif, des bagages-ressources. Il y a eu, comme dirait le biologiste Thierry Lodé, un avantage évolutif par l’équilibre des échanges avec le milieu.
    Le vrai projet politique pour cette école est finalement de « faire école ».
    Bien sûr, au départ, il y avait, chez les instits, l’énonciation de pistes, de questionnements, de souhaits, de valeurs, mais je considère que ce sont des prétextes, qui ont induit la nécessité de produire ce commun qu’est l’école, car on ne peut pas, pour répondre à ces questions, se contenter d’agir 6 heures par jour à destination de groupes d’enfants disjoints : il est nécessaire de globaliser, de #mutualiser, à travers des #rencontres d’enfants, de recourir à des « brisures de segments » (intervention ponctuelle de parents sur leurs domaines de compétence,
    d’enfants entre eux...).
    Les #apprentissages se déroulent de manière globale à travers un projet de production par les enfants d’un spectacle, d’une expo, d’un restaurant... L’écrire, le dire, le compter, le lire... se retrouvent dans ce projet global. Le meilleur moyen c’est d’avoir une vision commune en mettant aussi les enfants dans une #pratique sociale du commun.
    On doit alors nécessairement se poser le problème de la dimension de ce milieu. Il me semble que le changement est possible quand l’individu est dans un rapport simple au commun (un individu en rapport avec 250) mais dès qu’on est trop nombreux (des milliers de personnes...), ça devient compliqué. Comme dit l’adage, « small is beautiful » : les enfants doivent être capables d’aborder l’école dans sa totalité. De l’envisager. D’en connaître le plus possible.
    Alors l’école devient un bien commun qu’il faut porter, protéger, mais aussi pousser à la rencontre de l’extérieur pour une #pollinisation croisée qui va la fertiliser.

    Ce que tu dis sur l’échelle rejoint les constats d’Elinor Ostrom ...
    Peux-tu nous dire plus concrètement comment fonctionne cette gestion commune et comment ça tient dans le contexte sociétal actuel ?

    Quand je suis arrivé, en 1976 (dans cette école de réputation bizarre, où il « se passait des trucs » tout en étant à l’éducation nationale, comble de la bizarrerie !), la norme pour les instits de Vitruve était déjà de travailler en binôme, en mettant en commun les groupes d’enfants de même âge. Depuis 1974, tous les niveaux de l’école partaient chaque année en classe verte et comme il était plus économique de partir à plusieurs classes en même temps, ils avaient a appris à travailler ensemble et, au retour du voyage, avaient rapporté cette idée dans l’école.
    J’ai parlé tout à l’heure de la coordination. Ça n’a pas toujours été facile. Notamment avec le retour de la droite au pouvoir en 1986, on a voulu nous coller un « maître directeur », un patron, car ils voulaient redresser, à leur manière, la situation scolaire de la France. Alors on s’est bagarré. Quand Mitterrand a été réélu en 1988 et que Jospin est devenu ministre de l’éducation nationale, on l’a menacé de tout arrêter à Vitruve si un « maître directeur » était nommé. On a gagné,
    heureusement, et on a réussi à imposer la coordination, mais aussi le fait d’être pris en compte dans notre différence par l’éducation nationale.
    Après cela, on nous a fait déménager car le collège avait besoin d’une extension. On a réussi à participer un peu au projet architectural de notre nouveau lieu, une #architecture qui du coup tient compte du projet de l’école, avec notamment son amphithéâtre et des salles de travail qui sont, non pas en enfilade dans un couloir, mais regroupées autour d’espaces communs.
    Depuis les années 80-90, il existe bien une vision globale de l’école chez les instits y participant. C’est devenu un lieu appartenant à tous et dont tout le monde a la charge. Adultes comme enfants. Ce n’est pas forcément facile pour les nouveaux arrivants (les enfants de CP et ceux qui arrivent en cours de route), mais ils s’y font. Cet équilibre n’est jamais acquis. C’est un apprentissage constant, qui produit de l’imprévu, des nouvelles directions, des questions de recherche.
    Il est frappant de constater que récemment, l’inspecteur venant inspecter l’instit et la classe de CM2 a totalement occulté la séquence collective durant laquelle les CM2 ont été mis en commun avec les CP sur un problème de calcul : l’institution ne comprend toujours pas ce genre de démarche. Cela semble hors de son mode de pensée.
    Dans la fabrication du commun, je pense que le préalable n’est pas de faire des réunions pour se mettre d’accord sur des #valeurs communes (cela a été essayé, notamment par les groupes « Déclic », mais n’a pas abouti), mais d’investir un lieu.
    Le projet politique a posteriori pourrait être également que l’individu, en fin de compte, se développe dans cette école, améliore ses #compétences, amplifie sa pensée, sa #créativité et sa #conscience au monde. Le commun n’entre pas en concurrence avec lui, il devient une affaire personnelle. Ce n’est pas l’appartenance au groupe qui
    construit le commun, mais bien plutôt la gestion du lieu qui va amener une nouvelle réalité commune, et, étrange conséquence absolument pas préétablie : le commun vient « s’inscrire » dans le patrimoine de chacun. On est plus créatif, plus réactif, plus inventif, plus aimant. On gagne en liberté. Améliorant, par réaction en chaîne, le bien être général. Ce sens du « lieu commun » devient partie de l’individu, comme « un geste de plus ». Une utilisation de plus de son individualité. Une nouvelle possibilité d’existence. C’est une pensée prolongée, ramifiée, communicante, une capacité de plus pour chacun de se situer au monde, dans le monde et avec les autres. Moins parmi qu’avec. Le commun n’est pas seulement « plus que la somme des
    membres qui le composent » , il est bien plus, bien au-delà : producteur d’individus en extension.

    Les fêtes à Vitruve sont-elles un moyen de fabriquer du commun ?

    On pourrait parler de « fêtes révolutionnaires » : les révolutions sont des moments tragiques, souvent, ou de fêtes, et la fête peut être révolutionnaire en soit. Dans la « légende de Vitruve », il y a notamment la fête mythique de 1972. L’équipe d’instits décide de faire une fête, et plutôt que de la faire « dans les murs » comme le souhaitent enfants et parents, ils décident de faire « sortir l’école des murs » et de l’organiser sur la place de la Réunion, comme une sorte de carnaval, en invitant des artistes de rue et en créant une monnaie d’échange locale. Cette fête fait partie des moments fondateurs. L’école est allée au contact de l’extérieur, alors que les habitants du quartier avaient une image assez négative de l’école (c’est « l’école des fous » qui démonte les portes de classes et en fait des toboggans !). Vitruve va alors nouer des liens avec le « terrain d’aventure » (un lieu du quartier), avec une association qui s’occupe de vieux, avec le théâtre de l’est parisien. Des ramifications se créent, des pollinisations ont lieu, on apprend de l’extérieur, un lien avec le quartier se crée, qui va déboucher sur des rapports avec une radio parisienne, avec une imprimerie locale, et sur la création d’un restaurant associatif géré par l’école. Aujourd’hui, le contact de Vitruve avec le quartier c’est notamment la « Traviole », journée qui a lieu vers la fin de l’année
    scolaire et durant laquelle enfants, instits, parents déambulent par groupes selon des itinéraire définis qui se croisent dans le quartier, pour aller présenter des projets, des expos, dire des poèmes, chanter des chansons, danser, dans les jardins, sur les places. Quelque chose s’opère et se renouvelle, il y a une porosité, une osmose entre enfants, adultes, école, quartier.
    Autre moment festif et fondateur de commun au début de l’année scolaire, la grande braderie organisée par les enfants, les instits et les parents, au milieu du mois d’octobre, où tous s’investissent à fond pour gagner de quoi financer les classes vertes de tous les enfants de l’école. Cette braderie est aussi l’occasion de retrouver les habitants du quartier dans une grande fête de retrouvailles.
    Ces fêtes, organisées par des petits groupes, avec une #participation élargie, sont des occasions de rencontres et une mise en commun... de la joie !

    Peux-tu nous parler un peu plus de la mise en responsabilité des enfants dans la gestion de l’école ?

    En effet les enfants participent activement à la gestion de l’école. Entre autre, parallèlement à la coordination adulte, dont j’ai déjà parlé, il y a une coordination des enfants. Cela est apparu en 1978, en classes vertes : on a créé un groupe d’enfants (le « groupe 6 ») dont la mission était de gérer l’ensemble de la classe verte, puis en revenant on a investi cette expérience dans l’école.
    À côté de cette coordination il y a d’autres #responsabilités, par exemple les ludothécaires, qui sont chargés de sortir à chaque récré la « boîte à jeux » (cordes à sauter, etc.) et à gérer leur distribution, les gestionnaires de flux, qui font en sorte que les descentes et montées d’escalier se déroulent dans le calme, les médiateurs, qui sont chargés de faire la médiation entre des individus en conflit plus ou moins affiché. À Vitruve quand il y a un problème, si on n’arrive pas à le
    régler à l’amiable on peut « porter plainte ». Il y a 7 ou 8 médiateurs, renouvelés chaque mois (comme les autres responsabilités, l’idée étant que tous les enfants prennent des responsabilités), qui utilisent des techniques de médiation, telles que le fait de s’asseoir entre les belligérants, par terre, éventuellement sous une table, pour faire tomber la violence physique (comme parfois en Afrique l’arbre à
    Palabre). C’est géré par les enfants, jusqu’au point où ça ne suffit pas, et à ce moment les adultes interviennent. Et oui ! Le commun ne produit pas forcément que de la paix et de l’harmonie ! En tous les cas ça n’empêche pas les conflits de surgir.
    La désignation des porteurs de responsabilités et des délégués de classe peut se faire selon 4 modes différents : le hasard, le vote, la désignation par le bureau (car chaque classe a un bureau chargé de la gestion) ou bien par les adultes (pour mettre en avant par exemple un enfant qui n’aurait jamais pris de responsabilité, serait trop timide...). Le choix du mode de désignation est selon les cas discuté avec le bureau, ou alors laissé à la libre initiative des enfants. Les enfants
    aiment bien le vote, mais ceux qui ne sont pas élus peuvent le vivre comme un échec.

    Les enfants se réunissent régulièrement ?

    Oui, depuis le milieu des années 70, une fois par semaine, il y a le « Conseil d’école » qui rassemble les délégués de chaque classe et les coordinateurs, avec un adulte. Cette réunion est précédée d’une prévision d’ordre du jour. 90% des sujets concernent la gestion de la cour d’école, des couloirs, des toilettes mais parfois y sont aussi abordés aussi des problèmes relatifs à l’amitié, au racisme, au
    sexisme... ça dure environ 3/4 d’heures à une heure, chaque jeudi matin. Un compte-rendu est ensuite diffusé, affiché, lu, étudié.

    Peux-tu nous faire le portrait type d’un enfant qui sort de Vitruve ?

    Alors prenons un môme qui a fait toute sa scolarité à Vitruve, qui a pris ou observé les différentes responsabilités. Il sait qu’il va entrer dans un autre monde et il sait qu’il n’a pas appris comme ailleurs. Il a souvent une vision de son apprentissage scolaire quelque peu dévalorisée (faiblesses en orthographe, en règles de grammaire...) mais il sait qu’il a une capacité à s’adresser aux adultes et surtout à s’adapter, à s’organiser, à être à l’écoute. A Vitruve on essaye d’émanciper les enfants, dans le sens où on tâche de les sortir d’une dépendance à leur éventuelle ignorance, aux adultes et à leurs parents. Si cette #émancipation a bien eu lieu, l’enfant sait apprécier quand il y a une « fenêtre de tir », quand intervenir, même si c’est assez perturbateur pour eux d’arriver dans ce monde où on ne peut plus s’adresser aussi librement aux adultes, où on passe du tutoiement au vouvoiement, où existent des protocoles de #communication.
    Par ailleurs souvent les anciens de Vitruve ont la volonté d’être délégué (ce qui en fait au collège est un truc vraiment bidon car il suffit que le prof ne soit pas d’accord avec le résultat pour casser les élections !), car ils ont un rapport développé à la parole et à la #revendication. Ils découvrent au fur et à mesure qu’ils savent des choses, y compris sur le plan scolaire. Nous avons fait plusieurs évaluations, notamment en 1988 et les années suivantes. Puisqu’à Vitruve, on ne redouble pratiquement pas, le ministère nous avait demandé, à juste titre, de
    fournir des indications sur le devenir scolaire de nos élèves. Les résultats étudiés et validés sont tout à fait honorables.
    Un des acquis qu’il faut souligner néanmoins, c’est la capacité de clairvoyance de ces collégiens, passés par Vitruve. Ainsi j’ai été frappé récemment, par le témoignage d’un ancien de Vitruve disant « au collège, c’est super sévère, mais c’est le bordel ». Comme quoi ce n’est pas parce qu’on invoque l’ordre et la #discipline que le collectif est bien géré, de même que ce n’est pas parce qu’on a des rapports de confiance, humains et détendus, qu’il n’y a pas de règles de
    fonctionnement !
    On observe également une certaine nostalgie chez les anciens : au bout d’un moment ils sont nombreux à revenir à Vitruve, aux fêtes, à la braderie, à reprendre contact, probablement par ennui, car ils gardent le souvenir de moments forts qu’ils souhaitent reproduire, revivre sans doute.

    Quel est le rapport de Vitruve avec les autres communautés éducatives ? Pourquoi Vitruve ne fait pas tâche d’huile ?

    Il faut encore une fois réinterroger les mots pour le dire et, humblement, reconnaître que les « communautés éducatives », c’est plutôt rare. La plupart, pourtant nommées comme telles, ne sont que des lieux de savoirs séparés, segmentés, en matières ou en heures, avec des êtres vivants tout autant séparés les uns des autres, un grand étouffoir hiérarchique posé par-dessus.
    Nos rapports avec les autres s’améliorent néanmoins, notamment avec les profs du collège avec qui on essaye de travailler. On essaye d’entrer en contact, mais c’est difficile. Il y a énormément d’idées reçues, d’idées toutes faites, des torticolis conceptuels sur nous. Ils ne comprennent pas bien ce qu’on fait, ce qu’on est. Une école différente, c’est forcément une école qui n’apprend rien ou mal.
    Avec les Maternelles, c’est un peu plus facile. On se sent plus proche de leur façon de procéder. Encore qu’aujourd’hui, l’école maternelle est en train de perdre sa spécificité pour devenir l’antichambre du bachotage scolaire. Certains voudraient même que les enfants apprennent à lire à 4 ans.
    En fait, nous avons passé notre temps à chercher d’autres interlocuteurs pour mener des débats transversaux sur l’éducation : avec des parents (pas forcément les nôtres), avec des profs de collège ou lycée qui s’occupent des « décrocheurs » (FESPI), avec des profs de l’enseignement agricole, avec des chercheurs français ou étrangers...
    En 2008, avec les parents d’élèves, on a organisé des « petits déjeuners débats » autour de thème comme l’évaluation, les notes, le samedi matin ouvert aux parents, les devoirs à la maison...
    Notre longévité, si elle peut servir de tâche d’huile, de vinaigrette ou de
    tire-bouchon, rappelle qu’on peut résister à la dominance, ensemble, ici ou là. Il y a plein d’expériences à mener et à maintenir en choisissant bien son espace d’intervention et sa dimension humaine. En conclusion, je voulais rappeler notre formule célèbre : Vitruve ? Une expérience qui a de l’expérience !

    #éducation #école #ihaveadream #éducation_populaire #échec_scolaire #communauté_éducative

  • Didactique scientifique (L’écume des heures)
    http://dcalin.fr/wordpress/?p=67

    Si l’école enseignait la belote…
    … au bout de quatre ans d’études,
    les trois quarts des élèves se jugeraient complètement incompétents,
    le quart restant aurait théoriquement le niveau,
    sans jamais avoir touché une carte.

    Mais évidemment il n’en aurait plus la moindre envie.

    #éducation #pédagogie #apprentissage_de_la_lecture #belotique #humour

  • Appel aux équipes enseignantes (Les Cahiers pédagogiques)
    http://www.cahiers-pedagogiques.com/Appel-aux-equipes-enseignantes.html

    Nous souhaitons contribuer à la circulation des idées, des projets, favoriser les échanges, les débats, la mutualisation au sein et entre les établissements de réflexions et de pratiques. […]
    Quatre domaines nous semblent plus particulièrement à suivre actuellement :
    – Le travail collectif dans les écoles et les établissements : quels contenus, quel déroulement proposer pour des journées de travail en cette fin d’année scolaire ou lors de la prochaine rentrée ? Quel rôle pour le conseil d’école, le conseil pédagogique ? Quelles propositions, quelles conditions pour améliorer la coopération entre collègues ?
    – L’accueil des stagiaires et enseignants débutants : comment en faire l’affaire de toute une équipe et pas simplement d’un tuteur, une occasion de réfléchir sur les pratiques collectives et pas seulement la transmission d’astuces et de routines ?
    – L’aménagement du temps scolaire : alors qu’est annoncé le retour à une demi-journée d’école au primaire, alors qu’on prépare les emplois du temps dans le secondaire pour l’année prochaine, comment faire pour organiser le temps des équipes et des élèves de façon la plus utile aux apprentissages, au travail collectif ?
    – Les dispositifs d’aide aux élèves : quelle alternative à l’aide personnalisée, quelles modalités pour un accompagnement utile pour les élèves en difficulté ?

    #éducation #pédagogie #réformes

  • À bas les petites roues de vélo (Slate.fr)
    http://www.slate.fr/story/56331/velo-petites-roues-draisienne

    On ne sait pas exactement quand les petites roues sont devenues populaires, mais les historiens estiment que c’était probablement au début des années 1900. En revanche, on comprend facilement pourquoi elles ont eu le succès qu’on leur connaît. Elles étaient la solution évidente à un problème évident : comment convaincre quelqu’un de monter sur un engin qui de toute évidence ne tient pas debout ?
    […]
    Pour apprendre à faire du vélo, il faut résoudre deux problèmes : celui du pédalage, et celui de l’équilibre. Les petites roues ne règlent que le problème du pédalage — le plus facile, donc. Apprendre à garder l’équilibre sur un vélo est bien plus difficile, et un outil « d’apprentissage » qui élimine la nécessité de garder l’équilibre est pire qu’à côté de la plaque.
    Les petites roues ne vous apprennent qu’à faire du vélo équipé de petites roues.

    Étonnant comme, par analogie, cet article permet de comprendre en quoi les méthodes syllabiques pures sont inefficaces pour l’apprentissage de la lecture…

    #éducation #pédagogie #vélo