• Je fais un post séparé pour ces infos hallucinantes, ces mesures du gouvernement destinées à favoriser la grande distribution, les supermarchés côtés en bourse, aux dépends des petits commerces et des marchés où les prix sont plus bas et où s’alimentent les plus pauvres, en région et dans les quartiers pauvres des grandes villes, souvent racisé.es...
    https://seenthis.net/messages/834154
    https://seenthis.net/messages/835682

    Confinement : des restrictions d’ouverture pour les commerces du quartier de Château Rouge, à Paris
    BFM, le 23 mars 2020
    https://www.bfmtv.com/societe/confinement-des-restrictions-d-ouverture-pour-les-commerces-du-quartier-de-ch

    Une mesure visant à favoriser le respect des mesures d’hygiène

    « De nombreux commerces alimentaires disposent d’un étal occupant la totalité de l’espace public sur le trottoir », estime le préfet de police Didier Lallement, et « de nombreux clients provenant de différents quartiers de la capitale et de banlieues parisiennes s’y retrouvent dans un espace confiné. Ce qui aboutit au non-respect des mesures d’hygiène et de distanciation sociale ».

    Les horaires d’ouverture de ces commerces seront également restreints de 8h à 10h et de 14h à 16h

    Les marchés sont fermés ? Les paysans inventent des solutions
    Estelle Dautry et Victor Point, Reporterre, le 25 mars 2020
    https://reporterre.net/Les-marches-sont-fermes-Les-paysans-inventent-des-solutions

    Lundi 23 mars, Édouard Philippe, Premier ministre, a annoncé la fermeture des marchés de plein air.

    Confinement : la préfecture de police restreint les horaires d’ouverture de commerces du quartier de Château Rouge
    France 3 Ile de France, le 26 mars 2020
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/paris/confinement-prefecture-police-restreint-horaires-ouvert

    Et quand les marchés restent ouverts, les keufs s’arrangent pour que ce soit le bordel :

    Paniers à légumes sous surveillance #2 La cour d’école
    Expansive, le 24 avril 2020
    https://expansive.info/Paniers-a-legumes-sous-surveillance-2-La-cour-d-ecole-2205

    #favoritisme #discrimination #marchés #supermarchés #racisme #classisme #solidarité (manque de) #quartiers_populaires
    #Didier_Lallement #salops #qu'ils_chopent_tous_Ebola

    Voir compile des effets délétères indirects de la pandémie :
    https://seenthis.net/messages/832147

    #coronavirus #travail

  • Petites considérations sociologiques sur le #confinement

    Cette période de confinement liée à l’épidémie du #Covid-19 constitue une #épreuve_sociale inédite, qu’on peut comparer à une expérience de laboratoire in vivo. Le grand historien médiéviste, Marc Bloch, qui avait fait la « grande guerre » et en avait été très marqué, a écrit peu après, en 1921 dans la Revue de synthèse historique, un célèbre article, « Réflexions d’un historien sur les fausses nouvelles de la guerre » (publié aux Éditions Allia en 1999). Il y décrivait la guerre de 14-18 « comme une sorte de vaste #expérience naturelle. On a le droit en effet de considérer comme telle la guerre européenne : une immense expérience de #psychologie_sociale, d’une richesse inouïe. Les conditions nouvelles d’existence, d’un caractère si étrange, avec des particularités si accentuées, où tant d’hommes à l’improviste se sont trouvés jetés, — la force singulière des sentiments qui agitèrent les peuples et les armées — tout ce bouleversement de la vie sociale, et, si l’on ose ainsi parler, ce grossissement de ses traits, comme à travers une lentille puissante, doivent, semble-t-il, permettre à l’observateur de saisir sans trop de peine entre les différents phénomènes les liaisons essentielles ».

    Indépendamment de la déclaration du Président Macron (« nous sommes en guerre… »), il peut être intéressant de tirer ce fil entre situation de #guerre_militaire et celle de confinement. Ce dernier impose de très fortes #privations et #contraintes aux individus qui, dans les sociétés occidentales, n’y sont guère habitués. Les premières questions qui viennent à l’esprit à ce sujet sont les suivantes : le confinement est-il respecté en France ? « Un peu, beaucoup, pas du tout » ? Par qui ? Comment ? Plus en campagne qu’en ville ? plus en centre-ville que dans les « quartiers » ? etc. Faute de données statistiques fiables, le premier réflexe qu’on doit avoir en la matière est celui de la prudence interprétative.

    Avant d’aborder la manière dont on peut procéder par la mobilisation d’une série d’indices, à même de nous guider vers des hypothèses de travail, commençons par un étonnement. Que voici. En fidèle téléspectateur du Journal télévisé (JT) de France 2 (défense du service public oblige…), on remarque que la question du #vécu du confinement dans les #quartiers_populaires y a été fort peu abordée, voire pas du tout. La fuite des Parisiens vers leurs #résidences_secondaires a été un sujet traité, mais la manière dont les jeunes et les familles, parfois nombreuses, vivent leur confinement dans leurs appartements #HLM semble avoir été oubliée. Est-ce un oubli volontaire ? Ou la simple trace médiatique de la moindre importance accordée aux conditions sociales d’existence des #classes_populaires dans le milieu des professionnels de l’information ? On ne saurait laisser de côté l’hypothèse du respect de l’« #union_nationale » requise en cette période de confinement. Celle-ci suppose une mobilisation de l’appareil d’information et l’opération d’un tri dans l’amoncellement des « nouvelles du front ». Priorité est donnée dans le #JT de la #télévision_publique au suivi des opérations dans les hôpitaux, à la découverte du travail de tous les soignants et de leur entier dévouement, à l’écoute des avis des grands professeurs de médecine (« infectiologues »). Bref, une #mise_en_scène télévisuelle de l’« #effort_national » — ce qui, en soi, n’est pas critiquable.
    Sur le versant des effets sociaux de cette #pandémie, les reportages sur les #familles face au confinement (#école_à_la_maison, #télétravail des parents, aménagements divers de cette nouvelle vie…) semblent surtout réservés aux familles de milieu favorisé. Sans doute parce qu’elles laissent entrer plus facilement les caméras à leur domicile. Il ne s’agit pas pour autant de crier tout de suite au complot d’Etat et/ou de dénoncer une chaine de télévision « aux ordres du gouvernement ». Sans doute peut-on penser que le #service_public_télévisé contribue à sa manière à l’union nationale en laissant prudemment dans l’ombre ce qui pourrait l’entacher.

    A géométrie variable

    Une fois examiné la manière dont le thème du confinement est traité à la télévision (publique), donnons un petit coup de projecteur sur la manière dont il est opéré en pratique. Procéder à une petite revue de presse dans les quotidiens régionaux (L’Est républicain, Le Parisien, Le Progrès), permet de recueillir des indices suggestifs, sinon probants, sur le confinement à géométrie variable lors de cette première semaine. Sans surprise, le confinement a mis un peu de temps à se mettre en place et semble respecté de manière inégale.

    Selon les témoignages des directeurs de la #sécurité_publique ou des gendarmes, différents profils de « #déviants » à la #norme apparaissent, comme ici dans la région du Grand est particulièrement touchée. Le lieutenant de gendarmerie François qui coordonne le dispositif dans le sud du Territoire de Belfort fait le diagnostic suivant : « Une grande majorité les respecte… Mais une partie n’a pas compris l’#esprit_du_confinement et une autre n’est pas prête à le comprendre. » Le maire (et infirmier) de la ville ouvrière de Valentigney (proche de l’usine de Sochaux-Peugeot et avec une grande ZUS, les Buis), observe « dans le quartier mais également au centre-ville des comportements dangereux, irresponsables ». La journaliste de L’Est s’est donc rendue dans la cité des #Buis pour aller y voir de plus près et, là, elle a rencontré une dizaine de jeunes près d’une place, plutôt amènes.

    Pris en défaut

    Laissons la relater la scène et la manière dont ces jeunes pris en défaut de groupement non autorisé tentent de se justifier : « Chez nous, on ne tient pas en place », note l’un d’entre eux qui, comme ses potes, se sent à l’abri du virus. « On se lave les mains, on garde nos distances, c’est la base », souligne un deuxième. Un troisième Doubien montre son attestation : « On a le droit de sortir fumer une clope. Surtout que certains n’ont pas le droit de fumer chez eux… Et puis, on s’ennuie ici, il n’y a rien à faire ! Rester un mois enfermé, c’est inimaginable. » Jeudi soir, ils ont même organisé un barbecue : « Quand on a vu les policiers, on a couru pour leur échapper. Et vous savez ce qu’ils ont fait, Madame, ils ont gazé notre viande. C’est du gâchis. » (Est républicain, 21/03/2020). Dans un article du même jour, le directeur général de la compagnie des bus du Pays de Montbéliard livre des informations congruentes : « En cette période de grave #crise_sanitaire, certains jouent aux #malins. On a dû raccourcir une ligne, que nous sous-traitons, parce que des #jeunes montaient chaque jour dans le bus, à la même heure, pour le squatter ! » Enfin, à Bourg-en-Bresse, selon le commissaire de police, « Ce sont plutôt les plus jeunes et les plus anciens qui bravent l’interdiction. Malheureusement, on a verbalisé certains jeunes à tour de bras dans certains quartiers. Des jeunes disent qu’ils s’en fichent et que le coronavirus est une invention pour casser l’économie » (Le Progrès, 22/03/2020).

    Ces témoignages ne suffisent pas à baliser tout le terrain d’enquête. Loin de là. Ils ont pour principal intérêt de mieux faire entrevoir les raisons qui peuvent conduire certaines fractions de la population à ne pas vouloir – et surtout ne pas pouvoir – respecter le strict confinement désormais imposé en France. Le groupe des plus #réfractaires au confinement a de fortes chances de se retrouver dans une population plutôt jeune et masculine, soit en situation de #décrochage_scolaire, soit appartenant à la population « flottante » des quartiers. A lire entre les lignes ces articles de presse, on pressent quelques facteurs clés de leur penchant pour la #transgression de la règle du confinement : bien sûr, en tout premier lieu, « l’#ennui » et le besoin quasi vital de se retrouver « entre potes » mais aussi la difficulté de cohabiter harmonieusement avec leurs parents et de devoir respecter des interdits au domicile familial (l’exemple de « fumer »). Les divers types de #résistance qu’on voit surgir dans les quartiers déshérités de la République méritent examen et ne doivent pas être renvoyés trop facilement du côté de la #faute_morale.

    Sentiment de #marginalité

    Même s’il est incontestable que le non-respect des règles de confinement fait courir collectivement des #risques_sanitaires, il dit quand même beaucoup de choses sur le sentiment de marginalité (#outcast) qu’ont d’eux-mêmes ces individus. On pourrait à ce titre, se risquer à faire l’analogie avec le mouvement des gilets jaunes et la signification sociale des formes de violence (inusitée) qu’il a employées pour se faire entendre des « puissants ».

    La pratique de la lecture est distribuée de manière très inégale selon les groupes sociaux

    A partir de ces premières incursions en terre de confinement, faut-il déplorer comme notre historien national (autoproclamé) Stéphane Bern le fait dans Le Figaro (22/3/2020), « la perte du #sens_civique » dans notre vieille France ? Ne convient-il pas plutôt de rappeler que ce confinement constitue une très forte #contrainte qui est – et sera – vécue de manière très différente selon les #conditions_sociales de nos concitoyens. D’abord les conditions matérielles : on sait bien que ceux qui possèdent un grand logement, un jardin, qui peuvent sortir les enfants à la campagne, etc., souffrent moins du confinement. Ensuite, les #conditions_culturelles : le président Macron a dit à ses concitoyens : « Lisez ! » Mais la pratique de la #lecture est distribuée de manière très inégale selon les groupes sociaux.
    Ce long moment de confinement opère déjà comme un très grand amplificateur des #inégalités spatiales et sociales. C’est peu dire que les semaines qui s’annoncent vont constituer une véritable épreuve pour ceux qui appartiennent à la catégorie des « pauvres », définis aussi bien à partir de leur #capital_économique que de leur #capital_culturel.

    https://www.alternatives-economiques.fr/stephane-beaud/petites-considerations-sociologiques-confinement/00092259
    #sociologie #Stéphane_Beaud #classes_sociales

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    citations pour @davduf :

    Jeudi soir, ils ont même organisé un barbecue : « Quand on a vu les policiers, on a couru pour leur échapper. Et vous savez ce qu’ils ont fait, Madame, ils ont gazé notre viande. C’est du gâchis. » (Est républicain, 21/03/2020).

    Enfin, à Bourg-en-Bresse, selon le commissaire de police, « Ce sont plutôt les plus jeunes et les plus anciens qui bravent l’interdiction. Malheureusement, on a verbalisé certains jeunes à tour de bras dans certains quartiers. Des jeunes disent qu’ils s’en fichent et que le coronavirus est une invention pour casser l’économie » (Le Progrès, 22/03/2020).

  • Attestation en règle pour faire ses courses de la semaine, contrôle du sac à la sortie du supermarché par la police, 360 € d’amende pour 2 paquets de gâteaux jugés ne pas être de première nécessité.

    Je sais maintenant pourquoi j’avais cette peur sourde au ventre en allant faire les courses hier. Mes proches se demandaient si je vrillais pas parano.

    Non.

    Peut être que je sens un peu en avance certains trucs... et c’est souvent perturbant ou lourd à porter. (Thread)

    https://twitter.com/isAshPsy/status/1242556982042791942?s=20

  • Montage AJ+ sur les violences policières et racistes pendant le confinement :
    https://twitter.com/ajplusfrancais/status/1242165467139186689

    ”Rentre dans ton pays”, “ferme ta gueule” : quand des policiers profitent du confinement pour insulter et frapper. Mais pas dans tous les quartiers.

    https://video.twimg.com/amplify_video/1242126849901301772/vid/720x1280/w_9RSrXhqFChXZtB.mp4

    Comme toujours : ne pas lire les commentaires du thread Twitter, toujours aussi déprimants : mélange du racisme décomplexé usuel et de #moraline du moment sur le thème « c’est normal, parce que les gens ne veulent pas comprendre que le virus est dangereux ».

  • La #démocratie à l’épreuve du #coronavirus

    « Au printemps de 1832, quoique depuis trois mois le choléra eût glacé les esprits et jeté sur leur agitation je ne sais quel morne apaisement, Paris était dès longtemps prêt pour une commotion. Ainsi que nous l’avons dit, la grande ville ressemble à une pièce de canon ; quand elle est chargée, il suffit d’une étincelle qui tombe, le coup part. En juin 1832, l’étincelle fut la mort du général Lamarque. »

    Victor Hugo, Les Misérables

    Les épidémies n’emportent pas seulement les corps, elles mettent les sociétés en tension et les Etats en danger. Les effets de choix politiques de longue durée s’y révèlent, comme la déconstruction obstinée du service public de la santé, mais aussi de l’appareil de production industrielle (notamment de matériel de santé), qui laisse de nombreux pays, dont la France, singulièrement démunis face au virus[1]. Les institutions s’y trouvent mises à l’épreuve, et souvent le fossé entre les principes qu’elles professent et la réalité de leur pratique s’y donne à voir dans toute sa froide réalité. C’est le cas de la démocratie, mot fétiche s’il en est[2]. La démocratie telle que nous la connaissons, fondée sur l’élection de gouvernants supposés agir en faveur du peuple, est censée être le meilleur système politique, le mieux à même de protéger ses citoyens, de les consulter sur les décisions fondamentales, et de leur accorder une importance égale. Le coronavirus vient brutalement mettre cette supériorité démocratique en doute. Face à la pandémie, les Etats dits démocratiques, notamment la France, ne gèrent ni mieux, ni de manière plus démocratique, que les Etats dits autoritaires, en premier lieu la Chine. Alors que depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, et plus encore depuis la chute de l’URSS, les régimes démocratiques dominent la scène internationale, leurs difficultés à faire face à la pandémie affaiblit leurs prétentions hégémoniques. C’est d’autant plus vrai que l’inefficacité des démocraties n’a pas eu comme contrepartie un plus grand investissement démocratique : si les Etats démocratiques n’ont pas mieux affronté la crise, ce n’est pas parce qu’elles auraient passé plus de temps à consulter les citoyens, ou à construire des politiques plus égalitaires. Au contraire, non seulement les réponses des démocraties n’ont pas été plus efficaces, mais elles n’ont pas non plus été significativement plus démocratiques que celles de régimes autoritaires. De même qu’en 1832 l’épidémie de choléra avait révélé l’incurie de la monarchie de Juillet – et l’existence au cœur des villes d’une classe, le prolétariat, que la bourgeoisie laissait mourir dans sa misère – et failli emporter le régime par une insurrection, la pandémie actuelle révèle alors le vide des promesses démocratiques de nos régimes, mettant en danger l’idée démocratique elle-même.

    Une reconfiguration des espaces politiques

    La pandémie de Covid-19 distord notre horizon politique. Son caractère mondial nous rend inhabituellement attentifs à sa progression dans différents pays, aux réponses des différents gouvernements – et, par un jeu d’écho, à la manière dont notre propre pays est vu à l’extérieur. Mais le confinement restreint aussi drastiquement, dans la pratique, le champ de la réalité sociale vécue, nous poussant à nous investir exclusivement dans le foyer, l’immeuble, notre cercle familial et amical. A cette hyper-attention au très proche et au très lointain correspond une désagrégation soudaine de toute une série de niveaux intermédiaires. Alors que la France connaît depuis le 5 décembre un mouvement historique de contestation, les engagements se sont brutalement effrités. Le 5 mars, des dizaines de milliers de travailleur.es et d’usager.es des universités et de la recherche ont manifesté dans toute la France ; le 6 et 7 mars une coordination nationale des facs et labos en lutte a rassemblée 500 délégué.es venu.es de toute la France ; les 7 et 8 mars des manifestations féministes déterminées et massives ont battu le pavé… Tout ceci semble avoir entièrement disparu des préoccupations, notamment médiatiques, alors que les causes de ces mobilisations sont toujours présentes – comme en témoigne l’enfumage de Macron, promettant 5 milliards à la recherche sur 10 ans, une augmentation en-dessous des augmentations des années précédentes, et distribuée sous forme de primes, de contrats précaires et de financements de projets, prenant le contrepied de ce que les chercheur.es demandent[3]. La mascarade des élections municipales n’a pas intéressé grand monde, et les résultats n’ont fait l’objet d’aucun commentaire, ou si peu – contrairement au scandale sanitaire de leur maintien obstiné[4]. Les partis politiques eux-mêmes semblent s’être murés dans le silence, et il faut tendre l’oreille pour entendre les syndicats, alors même que la continuité du travail est au cœur de la stratégie économique de crise du gouvernement.

    Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’existerait désormais pour nous que le plus local et l’échelle internationale. Mais l’espace entre les deux est occupé par un seul acteur, massif autant que martial : l’Etat, et en particulier le pouvoir exécutif. Privés de nos collectifs et de nos solidarités, nous, individus, sommes laissés seuls face à l’Etat, qui nous protège et nous soigne dans les hôpitaux[5], qui contrôle nos activités par la police, et surtout qui parle, par la bouche de ses chefs, nous disant comment nous comporter, et nous grondant si l’on ne réagit pas assez vite ou assez bien à ses consignes, dont le contenu change quotidiennement. Mais jusque dans son omniprésence et dans la mise en scène frénétique de son activité, cet Etat révèle aussi ses faiblesses. Il ne peut même pas assurer des conditions minimales de sécurité à ses soignants, en fournissant masques et gel désinfectant. Mettre en œuvre le confinement de la population pose des problèmes logistiques massifs qui n’ont pas été anticipés. L’Etat se trouve d’autant plus en tension que toutes ses actions, tous ses discours, sont attendus, examinés, scrutés. Puisque lui seul occupe l’espace national, tous les regards sont sur lui, dans les médias professionnels comme sur les réseaux sociaux. Les représentants oscillent alors en permanence entre recherche de publicité, au risque de montrer leur incompétence et l’impuissance de l’Etat, et culte du secret, au nom de la raison d’Etat, mais surtout pour masquer le fait qu’ils naviguent à vue. Pour prendre un seul exemple, de multiples réunions ont lieu, avec l’armée, avec des scientifiques, il faut montrer qu’elles ont lieu, mais il ne faut pas dire aux citoyens ce qui s’y dit, ou bien plus tard, trop tard, quand les décisions ont déjà été prises. Cette centralité de l’Etat rend les dirigeants nerveux, et donc dangereux pour leurs citoyens. Ils prennent des mesures incohérentes, suspendent les libertés publiques, le code du travail, tout ce qui dans le droit pourrait encadrer leur action. Ils délaissent entièrement les cadres internationaux de discussion : l’ONU, l’Union européenne, toutes ces institutions supposément centrales dans la gouvernance contemporaine, et qui auraient toutes raisons de l’être face à une pandémie internationale, semblent simplement muettes, ou inaudibles. Chaque Etat européen décide de ses mesures dans son coin, comme si chacun avait, comme la Grande-Bretagne, fait son exit. La seule institution européenne que l’on entend, c’est la Banque centrale, qui active la planche à billets : lorsqu’il s’agit de la santé des entreprises, la coordination est possible ; mais qu’il s’agisse de la vie des habitants, et alors l’Etat reprend, seul, sa souveraineté la plus absolue.

    L’absence de réponse démocratique au virus

    Dans la gestion de cette crise, on peinerait à distinguer entre les réponses des Etats démocratiques et des régimes autoritaires, venant affaiblir encore un peu plus cette distinction si cruciale pour les dirigeants des démocraties occidentales. Dans les pays qui ont choisi des solutions dures de confinement généralisé, on trouve autant la plus grande puissance autoritaire mondiale, la Chine, que des démocraties européennes, qui plus est dirigées par des gouvernements socio-démocrates ou socio-libéraux : l’Italie, la France, l’Espagne. D’autres pays ont plutôt été, au moins dans un premier temps, dans un laisser-faire complet, comme les grandes démocraties libérales que sont les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne, mais aussi des régimes plus autoritaires, comme l’Iran. D’autres pays ont pris des mesures de tests massifs et de quarantaine stricte des malades, des démocraties comme Taiwan et la Corée du Sud, mais aussi la bien moins démocratique Singapour. Les réponses ont été variées, mais enjambent largement les typologies classiques entre régimes. Et une chose est certaine : les démocraties ne se sont pas montrées particulièrement plus efficaces, plus attentives à la santé de leur population, plus honnêtes dans leur communication ou plus soucieuses de la vérité que les régimes autoritaires. Pire : au moment même où Donald Trump ou Boris Johnson semblaient prêts à sacrifier des centaines de milliers de leurs citoyens et mettre en péril la sécurité sanitaire internationale, la Chine prétendait avoir vaincu l’épidémie et envoyait dans le monde entier des experts, des respirateurs et des stocks de masques. C’est un pan central des discours de légitimation des démocraties qui s’effondre. Alors que les démocraties étaient censées se caractériser par un plus grand attachement aux principes à la fois politiques et moraux d’ouverture, de transparence, de solidarité, tout autant que par leur efficacité à prendre soin de leurs citoyens, la pandémie vient révéler qu’il n’en est rien. Dans la crise, les Etats dits démocratiques agissent avant tout comme des Etats, ni pires ni meilleurs que des dictatures, et non comme des démocraties.

    Que voudrait dire, pour des Etats, agir en démocratie face à une pandémie ? Cela nécessiterait, a minima, que les citoyens soient réellement informés des choix possibles, qu’un débat public contradictoire puisse avoir lieu, que le pouvoir puisse être contesté dans ses décisions, voire que les citoyens soient associés au processus[6]. Là est le sens d’une démocratie comme pouvoir du peuple, pouvoir de l’ensemble des citoyens : aucune loi, aucun acte du gouvernement, ne doit être étranger au contrôle des citoyens, et quand c’est possible à leur participation directe. Il ne s’agit bien sûr pas d’éliminer, face à une crise sanitaire, la nécessité de prendre des décisions rapides et scientifiquement fondées : mais le moins que l’on puisse dire est que les dirigeants élus ont été d’une rare incompétence. Il n’est pas dit que le premier venu (ho boulomenos, n’importe qui, cette expression qui venait désigner, à Athènes, un citoyen pris au hasard), correctement informé par des scientifiques, aurait vraiment fait pire. En ce premier sens du mot démocratie, qu’on peut qualifier de politique, la démocratie comme pouvoir de l’ensemble des citoyens, les Etats dits démocratiques n’ont pas affronté la crise en utilisant des moyens démocratiques, mais les moyens, banals, qu’ils ont en commun avec tous les Etats, y compris les plus autoritaires. Par le secret, parfois le mensonge, sans contrôle ni des corps intermédiaires ni des citoyens, en prenant les décisions à quelques-uns, et en utilisant l’urgence bien réelle pour se faire attribuer des pouvoirs démesurés.

    L’Etat contre les pauvres

    Mais l’idée de démocratie comme pouvoir de l’ensemble des citoyens n’épuise pas les sens du mot. Il est un autre ensemble de significations qui donnent au mot un sens social : le demos, le peuple, vient aussi désigner la classe la plus nombreuse, c’est-à-dire les travailleurs, les pauvres, par opposition aux privilégiés, aux riches. Une démocratie est un régime qui agit en faveur des dominés, car il donne le pouvoir à la majorité, mais aussi parce qu’il vise la création d’une société plus égalitaire. Or, de ce point de vue, la gestion du gouvernement français apparaît comme encore plus radicalement anti-démocratique. Alors que les entreprises sont massivement soutenues, que les personnes exerçant un métier d’encadrement sont invitées à faire du télétravail, que les bourgeois des villes ont pu tranquillement s’installer dans leurs résidences secondaires et leurs maisons de famille, le message adressé par le gouvernement aux travailleurs, et en particulier aux ouvriers, a été clair : l’économie doit continuer, et pour cela nous sommes prêts à vous faire prendre tous les risques. La ministre du Travail a osé accuser de « défaitisme » les entreprises du BTP qui voulaient mettre en pause les chantiers non prioritaires. Les transports publics continuent de charrier quotidiennement, sans véritable mesure de protection pour ces mêmes conducteurs qui étaient l’objet du plus bas mépris par le gouvernement il y a quelques semaines, des millions de caissier.es, de travailleur.ses du nettoyage, d’ouvrier.es, de livreur.es, de postier.es, d’éboueur.es, et bien sûr de soignant.es. Les effets des dominations de classe, mais aussi de race (beaucoup de ces métiers voient une surreprésentation de racisé.es) et de genre (les métiers plus féminins du soin sont sursollicités, sans parler du poids de la garde des enfants en l’absence d’école, qui retombe massivement sur les femmes), se trouvent alors démultipliés.

    Le virus n’a que faire de notre classe, de notre race ou de notre genre, mais les modalités de sa gestion par le pouvoir restaure et amplifie l’ensemble des inégalités sociales. Les plus grandes capacités des riches, des hommes, des Blancs, à mobiliser des ressources leur permettant de s’extraire du travail, des transports publics, du soin des enfants ou des aîné.es, des courses dans des supermarchés bondés, tout en continuant à bénéficier du travail des pauvres, des femmes, des racisé.e.s va se transformer, face au virus, en plus grande chance d’échapper à la pandémie. Le seul filet de sécurité égalisateur est alors le service public de la santé, où les cas graves sont traités indépendamment de ces considérations – ce même service public que les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de casser. Mais en dehors de ce maillon essentiel, tout dans la gestion de la crise renforce le poids des structures de domination. C’est visible dans le choix de continuer à mettre les pauvres au travail, mais aussi dans la gestion policière du confinement[7]. Dans les quartiers bourgeois désertés, non seulement les supermarchés restent ouverts, et relativement peu fréquentés, mais la présence policière est quasiment nulle. On croise des joggers, des employé.es de commerces faisant une pause, des SDF, des livreurs attendant une course… Au contraire, les quartiers populaires des grandes agglomérations sont l’objet d’un contrôle policier tatillon, d’autant plus insupportable que c’est là qu’il y a des problèmes d’approvisionnement, de promiscuité dans les marchés et supermarchés et de concentration de la population dans les rues – puisque c’est là que la densité d’habitations est la plus forte, les appartements les plus exigus et la proportion la plus faible de privilégiés pouvant télétravailler ou partir à la campagne. C’est là qu’ont lieu les contrôles, là que vont tomber les amendes, là que vont être prises les images montrant comment l’Etat fait bien régner l’ordre. Car au contrôle policier s’ajoute le mépris de médias relayant avec complaisance des images de bousculades dans ces quartiers, des commentateurs fustigeant l’irresponsabilité des pauvres et bien sûr des gouvernants faisant porter la responsabilité morale du confinement aux gens soi-disant indisciplinés, pour mieux camoufler leur culpabilité directe dans l’étendue de la catastrophe.

    Que restera-t-il des démocraties ?

    Les personnes, certainement majoritaires parmi les dirigeants, qui n’en ont cure de la démocratie et de ses valeurs égalitaires, ne voient peut-être pas le problème. Mais il faut prendre la mesure de ce basculement : le fait que les démocraties auto-proclamées ne se soient pas montrées plus efficaces qu’un régime autoritaire face à l’épidémie fait peser un danger véritable sur l’idée démocratique. Que le président élu des Etats-Unis envoie des centaines de milliers d’Américains au casse-pipe quand le secrétaire général du Parti communiste chinois envoie dans le monde entier experts et matériel, après avoir vaincu l’épidémie dans son pays, cela n’a rien d’anodin. On pourra sourire au retournement bienvenu de l’histoire, voire le saluer, par anti-impérialisme ; ce serait sous-estimer le danger réel que ce retournement fait peser sur la démocratie, non pas comme régime fondé sur l’élection des dirigeants, mais comme idée d’un pouvoir exercé par le peuple et pour le peuple. Le fait que les démocraties aient fait si peu de cas de l’avis des citoyens, comme le fait qu’elles aient si souvent, comme en France, pris des décisions qui mettent en danger les pauvres, les dominés, et protègent les entreprises et les riches, affaiblit encore le sens du mot démocratie. La démocratie, comme idée et comme pratique, a besoin que les gens y participent, y adhèrent, y croient. Et pour cela, il faut que la démocratie ait une substance, bien au-delà de l’élection ponctuelle des gouvernants, surtout quand le niveau de désagrégation des partis politiques permet à des Trump ou des Macron d’arriver au pouvoir. Si un virus suffit à éliminer toute spécificité des régimes démocratiques, toute valeur des principes démocratiques, il n’y a aucune raison que les gens y accordent de l’importance, surtout quand des régimes autoritaires se montrent plus efficaces dans la protection de la santé de leurs sujets. Le coronavirus ne met pas en danger la démocratie ; mais nos dirigeants, face au coronavirus, sont en train de sacrifier la démocratie pour dissimuler leur incompétence et se maintenir au pouvoir. Organiser entre nous la solidarité, se battre pour les services publics est plus que jamais nécessaire[8]. Mais face au danger que représentent nos dirigeants pour nos santés autant que pour l’idée démocratique, ce n’est pas suffisant. Nous ne pouvons remettre ces questions à l’après, à la fin de l’épidémie. Il faut, dès maintenant, rappeler les gouvernants à l’ordre, le seul ordre qui vaille en démocratie : celui du peuple[9].

    [1] Pierre-André Juven, Frédéric Pierru et Fanny Vincent, La casse du siècle : A propos des réformes de l’hôpital public, Raisons d’agir, 2019. Frédéric Lordon, « Coronakrach », 11 mars 2020. Auriane Guilbaud, « Il n’est pas possible d’embaucher des milliers de soignants en un claquement de doigts », Le Monde, 13 mars 2020.

    [2] Je me permets de renvoyer ici au livre Démocratie, paru en février 2020 chez Anamosa.

    [3] https://universiteouverte.org/2020/03/19/5-milliards-des-effets-dannonce-mais-toujours-pas-de-moyens-pour-

    [4] Rémi Lefebvre, Nicolas Bué et Fabien Desage, « Le premier tour des municipales n’a pas eu lieu », Libération, 18 mars 2020. Laurent Le Gall, « Le coronavirus révélateur d’une démocratie grippée », Libération, 19 mars 2020.

    [5] Même si les services publics ne sont en fait pas une émanation de l’Etat, mais bien du public qu’ils servent, comme le rappellent Pierre Dardot et Christian Laval, « L’épreuve politique de la pandémie », Médiapart, 19 mars 2020

    [6] Yves Sintomer, « Face au coronavirus, les politiques n’ont pas eu le cran de poser le débat », Le Monde, 18 mars 2020

    [7] Sur les liens entre gestion policière de l’épidémie et contrôle social, voir « Contagion sociale Guerre de classe microbiologique en Chine », Chuang, février 2020, traduit par Des nouvelles du front

    [8] Michèle Riot-Sarcey et Jean-Louis Laville, « Le monde d’après-demain », Libération, 17 mars 2020. « Face à la pandémie, retournons la « stratégie du choc » en déferlante de solidarité ! »

    [9] Merci à Aurélien Angel, Elisabeth Callot et Célia Keren pour leurs commentaires sur une première version de ce texte.

    https://samuelhayat.wordpress.com/2020/03/23/la-democratie-a-lepreuve-du-coronavirus

    #épidémie #service_public #production_industrielle #santé #autoritarisme #promesses_démocratiques #pandémie #Etat #banque_centrale #légitimité #échelles_géographiques #géographie_politique #incompétence #secret #mensonge #urgence #inégalités #travail #économie #classes_sociales #ouvriers #télétravail #BTP #transports_publics #domination #effets_de_domination #genre #inégalités_sociales #structures_de_domination #police #présence_policière #quartiers_populaires #amendes #contrôle_policier #responsabilité #irresponsabilité #culpabilité #mise_en_danger #incompétence #dictature #totalitarisme

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    Petite citation choisie pour @davduf :

    Mais en dehors de ce maillon essentiel, tout dans la gestion de la crise renforce le poids des structures de domination. C’est visible dans le choix de continuer à mettre les pauvres au travail, mais aussi dans la gestion policière du confinement[7]. Dans les quartiers bourgeois désertés, non seulement les supermarchés restent ouverts, et relativement peu fréquentés, mais la présence policière est quasiment nulle. On croise des joggers, des employé.es de commerces faisant une pause, des SDF, des livreurs attendant une course… Au contraire, les quartiers populaires des grandes agglomérations sont l’objet d’un contrôle policier tatillon, d’autant plus insupportable que c’est là qu’il y a des problèmes d’approvisionnement, de promiscuité dans les marchés et supermarchés et de concentration de la population dans les rues – puisque c’est là que la densité d’habitations est la plus forte, les appartements les plus exigus et la proportion la plus faible de privilégiés pouvant télétravailler ou partir à la campagne. C’est là qu’ont lieu les contrôles, là que vont tomber les amendes, là que vont être prises les images montrant comment l’Etat fait bien régner l’ordre. Car au contrôle policier s’ajoute le mépris de médias relayant avec complaisance des images de bousculades dans ces quartiers, des commentateurs fustigeant l’irresponsabilité des pauvres et bien sûr des gouvernants faisant porter la responsabilité morale du confinement aux gens soi-disant indisciplinés, pour mieux camoufler leur culpabilité directe dans l’étendue de la catastrophe.

  • Coronavirus : dans les quartiers populaires, l’incompréhension face aux mesures de confinement
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/23/coronavirus-dans-les-quartiers-populaires-l-incomprehension-face-aux-mesures

    Si la Seine-Saint-Denis concentrait dans les premiers jours du confinement près de 10 % des infractions nationales, dans nombre de quartiers populaires de France, et principalement dans les grands ensembles, les consignes peinent à se faire respecter.

    Grappes de jeunes dans les stades de foot municipaux, adolescents qui fument la chicha aux pieds des immeubles, mères avec de jeunes enfants aux agrès… Les habitudes ont la peau dure et les conditions de vie – familles nombreuses, logements exigus et mal insonorisés, illettrisme, illectronisme… – rendent le quotidien entre quatre murs particulièrement pénible. Les relations très dégradées avec la police n’arrangent rien. Depuis le début du confinement, les échanges musclés et les tensions se multiplient.
    [...]
    Jeudi à Saint-Denis, la tension était montée dans le quartier Franc-Moisin, autour de la place Rouge, au centre du grand ensemble, entre des agents déployés sur le terrain et des habitants du quartier. « Trop difficile » d’être enfermés avec leurs frères et sœurs, avaient expliqué ces derniers. Les policiers se sont contentés de rappeler les consignes de confinement. « On fait tout pour éviter de déclencher des émeutes », assure un policier de Seine-Saint-Denis.

    « Les adolescents et les jeunes adultes sont le public le plus difficile à confiner », observe Christelle Leroy, directrice de deux centres sociaux, Belencontre et Phalempins, à Tourcoing (Nord). Les images de personnes en train de se faire bronzer à la plage, de se balader le long du bord de mer, de déambuler côte à côte sur les quais de Seine à Paris ou parmi les étals des marchés, brouillent encore un peu les cartes. « Tout ça crée beaucoup de confusion, remarque un médiateur de la ville du Nord. Ils se disent “et pourquoi pas nous ?” Ils n’ont pas la notion du danger qu’ils représentent. Ils s’amusent au chat et à la souris avec les forces de l’ordre, ça les occupe. »
    [...]
    Au-delà du message « difficile à faire passer », des conditions de vie difficiles, des réticences à suivre les règles et des relations dégradées avec la police, d’autres freins au respect des consignes existent, notamment en ce qui concerne les attestations. « Avec cette épidémie, la fracture numérique nous explose au visage », remarque Christelle Leroy, à Tourcoing, qui enchaîne les réunions virtuelles avec tous les autres directeurs de centres sociaux de la ville : « On appelle les plus fragiles, on crée des tutos, on liste le matériel dont on dispose et que l’on pourra prêter, comme les tablettes, on imprime attestations et devoirs que l’on dépose ensuite dans les boîtes aux lettres. »

    « Ils sont très nombreux, illettrés ou éloignés du numérique, à ne pas savoir ou ne pas pouvoir remplir les attestations », confirme Florian Soudain, coordinateur des Centres sociaux connectés de la métropole lilloise. Jeudi, en urgence, ils ont lancé le projet Mon centre social à la maison pour « garder le lien avec les habitants et les aider à rester chez eux », détaille M. Soudain, qui pilote le projet. Le site propose notamment des tutos vidéo pour les aider à acquérir des compétences numériques et offre une permanence téléphonique pour assister à distance les plus dépassés par la dématérialisation des démarches.

    Les habitants des quartiers populaires disposent rarement d’une imprimante et pas toujours d’un ordinateur (surtout les personnes âgées). A Poitiers, 2 000 photocopies d’attestations ont ainsi été distribuées en vingt-quatre heures dans les commerces et les boîtes à livres.

    Plusieurs villes à travers le pays ont pris des arrêtés au cours du week-end pour imposer un couvre-feu à la population la nuit. Mais la plupart des quartiers populaires de France ne sont pas concernés par ces mesures difficiles à appliquer sur le terrain. « Le problème avec le fait d’imposer un couvre-feu c’est qu’ensuite, si vous ne faites pas respecter la mesure, vous passez pour un idiot. » Certains maires, notamment en Ile-de-France, ne sont pas pressés d’en arriver là.

    #coronavirus #jeunesse #quartiers_populaires #police
    Tiens, curieusement, l’article n’évoque pas la question des #trafics et plus largement, celle de l’#économie_informelle.

  • Le #confinement, ce #luxe dont les plus #pauvres sont privés | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1584637765-confinement-luxe-dont-pauvres-sont-prives

    "Tous les matins, ces hommes croisent #caissières et femmes de ménages, #vigiles et #livreurs, tous embarquant dans les bus et les RER pour Paris. Ceux-là viennent du nord de #Saint-Denis, dans des quartiers réputés plus établis selon l’échelle de la marginalité locale. Immigration plus ancienne mais également concernée par l’injonction à travailler : il faut bien que les bâtiments soient nettoyés et protégés, que les clients soient servis et livrés. Il faut surtout que la routine soit maintenue, coûte que coûte (« whatever it takes », selon une expression qui revient à la mode au gré des catastrophes collectives).

    Alors, ici, on prend les annonces gouvernementales pour ce qu’elles sont : une vaste supercherie. « Rester chez vous, faites du télétravail », c’est la dernière blague, le mot de la fin d’un monde qui ne finit pas de s’abîmer dans l’absurde. Maintenir autant que possible la routine, protéger l’économie, il y a des jours où ces mots sonnent pour ce qu’ils sont vraiment : « allez crever »."

  • #Minorités / #Majorités

    Des #villes coupées, couturées, rafistolées, des vies assignées, mais aussi émancipées : de l’analyse des #politiques_ségrégationnistes aux réflexions sur le caractère inclusif des #espaces_publics en passant par la #négociation des expériences minoritaires individuelles et collectives, les villes constituent des lieux privilégiés de l’analyse des relations entre #groupes_minoritaires et #groupes_majoritaires. La vive actualité scientifique sur le sujet en France comme ailleurs en témoigne. On peut notamment penser au colloque Question raciale / questions urbaines (https://www.pacte-grenoble.fr/actualites/question-raciale-questions-urbaines-frontieres-territoriales-et-racia) : frontières territoriales et #racialisation organisé en février 2019 à Grenoble, au dernier numéro de l’Information géographique (2019) consacré aux géographies de la #différence en ville, ou encore aux nombreuses sessions de la conférence annuelle de l’American Association of Geographers 2020 (https://aag.secure-abstracts.com/AAG%20Annual%20Meeting%202020/sessions-gallery) abordant des questions urbaines sous l’angle des #rapports_sociaux (perspectives féministes, marxistes, empruntant à la Critical Race Theory ou aux approches du Settler Colonialism). C’est dans la continuité de cette actualité que s’inscrit le #13 de la revue Urbanités. En refusant de donner a priori la primauté thématique d’un rapport social sur un autre tout en mettant l’accent sur les mécanismes de production du minoritaire et du majoritaire, ce numéro propose une pluralité de lectures des manières dont les contextes urbains participent à la (re)production des positionnements sociaux, et par conséquent, à la redéfinition du rapport entre minorités et majorités en ville.

    http://www.revue-urbanites.fr/13-edito

    Sommaire :

    Edito

    #Minorités_sexuelles en #exil : l’expérience minoritaire en ville à l’aune de #marginalisations multiples

    Les riverains contre le nourrissage des #pigeons à #Paris

    Construire sa place en #montagne quand on vient des #quartiers_populaires : un enjeu pour l’#éducation_populaire

    Mouvements de #résistance autochtones et #street-art décolonial aux #États-Unis. De la réserve de #Standing_Rock aux murs d’#Indian_Alley

    Hiérarchie sociale et politique pour la visibilité sur le territoire dans un espace ségrégé. Le cas des républicains nord-irlandais

    « L’infusion » d’approches genrées dans l’urbanisme parisien : métaphore d’une propagation aux échelles organisationnelles et individuelles

    Point(s) de rencontres dans les villes émiriennes : le partage d’espaces publics où les minorités sont majoritaires

    #revue #urban_matter #géographie_urbaine #ségrégation #genre #peuples_autochtones #Irlande_du_Nord #Emirats_Arabes_unis #USA

    –---

    Avec cette note :

    La revue Urbanités a la joie de vous annoncer la parution en ligne de son treizième numéro thématique, consacré à la question des rapports entre minorités et majorités en ville. Nous tenons également à souligner que ce numéro ne pourrait pas exister sans les apports précieux de chercheur·e·s aux statuts largement précaires. Sans elleux, ce numéro ne compterait qu’un article et sa direction serait amputée. Ces contributeur·trice·s essentiel·le·s au fonctionnement des revues méritent une plus grande visibilité et une plus grande stabilité professionnelle, garantes d’une recherche de qualité.

  • Nommer la violence d’Etat - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/01/28/nommer-la-violence-d-etat_1775798
    #didier_fassin

    En refusant de reconnaître la #banalité et la #gravité des #violences_policières sur l’ensemble de la société, les #autorités de l’Etat se rendent de facto #complices des #exactions des #forces_de_l’ordre.

    Jusqu’à récemment, on avait pu ignorer cette #violence_d’Etat car elle frappait essentiellement les #quartiers_populaires et leurs habitants, pour la plupart d’origine immigrée, auxquels elle imposait un #traitement_d’exception. Désormais, on ne le peut plus guère, car elle s’abat sur l’ensemble de la société, ou tout au moins sur celles et ceux qui protestent contre la politique conduite par un #gouvernement qui, par faiblesse autant que par arrogance, croit que l’autoritarisme peut pallier sa perte d’#autorité. Hier atteinte aux droits de certains, elle est aujourd’hui atteinte aux droits de tous.

  • Selfie, avoir 16 ans à #Naples

    Alessandro et son meilleur ami Pietro, équipés d’un iPhone, filment leur vie à Traiano, un quartier de Naples contrôlé par la mafia locale et connu pour ses trafics de drogue. Les deux jeunes racontent leur amitié et aussi l’histoire de leur ami Davide, qui a été tué par un carabinier. Davide avait seize ans, leur âge aujourd’hui.


    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/55207_1
    #film #documentaire #film_documentaire
    Filmé en #smartphone...

    #violences_policières #meurtre #Traiano #jeunes #jeunesse #camorra #quartiers_populaires #Davide_Bifolco #médias #police #impunité #Italie

  • A #Istanbul, le flow contre la destruction des #quartiers_populaires

    Leur histoire commence en 2008 à Istanbul, alors qu’ils sont encore au lycée : trois jeunes gens, issus de différentes minorités, se rencontrent, #Asil_Koç alias “#Slang”, #Veysi_Özdemir alias “#V.Z.” et #Burak_Kaçar, alias “#Zen-G”. Alors que leur quartier de #Sulukule subit une #gentrification violente, ces trois amis choisissent de transmettre leur colère aux sons de leurs #flows enflammés et sur des beats acérés. Radio Parleur les a rencontrés et vous livre leur histoire à travers ce reportage, qui a reçu le 2e prix du concours Paroles Partagées 2018.

    https://radioparleur.net/2018/07/03/a-istanbul-flow-contre-destruction-quartiers-populaires

    #Turquie #résistance #audio #urban_matter #villes #géographie_urbaines #musique_et_politique #musique

    https://vimeo.com/5071818


    https://www.youtube.com/watch?time_continue=15&v=czcscMoVziI

    ping @sinehebdo

  • En #Appuii aux habitants

    Si on vous dit 1968-2018 ? Vous répondez cinquantenaire du joli mois de mai ? Oui, mais pas que : on célèbre aussi les 50 ans du Droit à la ville, livre d’Henri Lefebvre. L’occasion parfaite d’interroger Sylvain, salarié d’Appuii, #association qui lutte aux côtés des habitants de #quartiers_populaires confrontés à la #démolition ou à la #rénovation de leurs lieux de vie.

    Comment est née l’association Appuii [1] ?

    « Tout a commencé en 2005, à La Coudraie, un quartier populaire sur les hauteurs de Poissy, en Île-de-France. Il est situé sur un terrain très attractif, dans une ville et un département plutôt riches. De quoi donner des envies à certains… Le maire avait ainsi pour idée de détruire ce quartier d’habitat social. Mais les habitants ne se sont pas laissé faire, luttant contre une décision qu’ils jugeaient arbitraire et méprisante. Certains d’entre eux sont même allés toquer à la porte de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette. Et des étudiants ont accepté de leur donner un coup de main – certains se sont investis bien au-delà du cadre de leurs études. Une mobilisation très large, qui a payé : le quartier n’a pas été rayé de la carte.

    La bataille s’est menée sur deux fronts. Un volet ‘‘classique’’ : manifestations, occupation et médiatisation. Et un volet technique, en fournissant des éléments précis, en faisant des propositions, en épluchant les dossiers… Les habitants mobilisés ont ainsi acquis des compétences, jusqu’à être plus au fait des processus urbains que les élus. Et ils l’ont fait dans un vrai esprit de vivacité démocratique : ils se réunissaient et se réunissent encore chaque semaine, ils débattent et avancent ensemble.

    Dans la foulée de cette mobilisation, des chercheurs, amicales de locataires et habitants ont commencé à travailler ensemble dans le cadre d’un programme de recherche-action centré sur la rénovation urbaine et financé par la région Île-de-France. Il s’agissait de monter des actions communes, de réfléchir aux situations de conflit – à Vitry-sur-Seine, ça a même donné un film, Apprendre à travailler ensemble. Un succès. À tel point qu’à la fin du programme, certains participants se sont dit que ça répondait à un vrai besoin et qu’il fallait continuer. Avec pour objectif de créer un outil commun qui réponde aux questions des habitants concernés. À leur envie d’être acteurs, et non passifs ou dépossédés. Une sorte de SOS urbain.

    Tout ça s’est formalisé en 2012 avec la création d’Appuii, association un peu hybride. Y participent des universitaires, des professionnels (ou futurs pros) des métiers de la ville, des militants de quartiers populaires et des habitants qui vivent (ou ont vécu) des projets urbains importants. Toutes les participations sont bénévoles – je suis le seul salarié, chargé de coordonner les différentes actions. »

    En théorie, la loi impose la concertation avec les habitants d’un quartier sur le point d’être rénové, a fortiori quand le financement provient de l’Anru [2]... Ce n’est que de la poudre aux yeux ?

    « La concertation est certes inscrite dans la loi. Et des bureaux d’études sont missionnés par les acteurs institutionnels qui portent un projet urbain, pour le présenter à la population. Mais ça ne marche que dans un sens : les habitants peuvent au mieux exprimer des avis, sans savoir s’ils seront pris en compte. C’est très insuffisant. Il faut de vrais espaces de débat, dans lesquels les habitants disposent d’outils pour faire valoir leurs droits, peser dans le processus, émettre d’autres propositions. D’où l’idée de créer une sorte de plate-forme, de réseau.

    Les discours des décideurs ont évolué sur la question de la participation, mais cette évolution n’a pas forcément été suivie d’effets. Parfois, tout est même fait pour étouffer les initiatives… L’Anru reconnaît elle-même le manque de concertation de sa première vague de rénovation urbaine, dans les années 2000. Elle a donc lancé des conseils citoyens pour la deuxième vague, qui a débuté il y a deux ans. Avec Appuii, on a mené un gros travail pour voir si ces conseils fonctionnaient. Au final, on a constaté qu’ils ne changeaient pas grand-chose : la démolition/reconstruction imposée aux habitants reste la norme. »

    De quelle façon intervenez-vous ?

    « Appuii n’est ni un labo de recherche, ni une association de professionnels, ni un collectif local de quartier. Mais un peu tout ça mélangé – il y a différentes sensibilités et des membres d’horizons divers. On intervient seulement quand on est sollicités par un groupe d’habitants déjà constitué et mobilisé. Quand c’est le cas, on essaye de rapidement nouer contact avec d’autres habitants et collectifs locaux, puis on élargit à d’autres structures – par exemple, le Dal [3], Pas Sans Nous, des associations de locataires…

    Mais on n’est pas un syndicat des quartiers populaires, il n’y a aucune volonté de représenter. Notre rôle tient d’abord aux conseils (techniques, méthodologiques, voire juridiques), puis à la mise en réseau, en tissant des liens et en apportant des retours d’expérience d’autres quartiers. Avec pour objectif qu’il y ait des échanges entre les groupes concernés par des rénovations urbaines (surtout quand elles relèvent de la politique nationale de l’Anru). Appuii est d’abord un facilitateur. On fait par exemple circuler des chartes de relogement produites par des groupes locaux, afin que d’autres s’en emparent, ainsi que des conseils juridiques, des astuces pour financer un avocat…

    L’association ambitionne aussi, à un autre niveau, d’amener les professionnels à s’interroger sur leurs pratiques. Par exemple, dans le domaine juridique : la plupart des avocats spécialisés dans l’urbain travaillent pour les aménageurs, promoteurs et collectivités. Ils se placent rarement au service d’habitants en lutte. Résultat : il y a peu de recours sur les opérations de renouvellement urbain, et trop peu d’attention est portée aux droits des résidents. D’où notre idée de constituer une sorte de réseau de compétences solidaires. Et ce n’est pas qu’une question de diplôme. Par exemple, quand il y a eu des problèmes de plomberie à La Coudraie, c’est un habitant bossant sur des chantiers qui comprenait le mieux les défauts de la réhabilitation et était capable de les expliquer. »

    Y a-t-il une lutte dont tu voudrais particulièrement parler ?

    « Celle de Fresnes à la cité des Groux, une cité de 200 logements. On a été appelé par l’association locale, Renaissance des Groux, qui lutte contre un projet de démolition totale du quartier, ni justifié, ni concerté. Les gens l’ont appris du jour au lendemain. Ils n’avaient pas l’habitude de s’exprimer et se sont demandé comment empêcher le bailleur d’effacer leur quartier et comment faire face aux pressions. Appuii est alors venue leur prêter main-forte. Depuis deux ans, on a lancé (et participé à) pas mal d’initiatives : des ateliers pour enfants, des pétitions, des recueils de témoignages d’habitants, la construction d’une maquette du quartier, une expo de photos… Le but : redonner une place centrale aux habitants. Pour qu’ils construisent des envies communes pour le futur, sans se laisser abattre par le mépris des institutions – par exemple, le bailleur ne répond ni à leurs sollicitations, ni à leurs courriers… En parallèle, Appuii a aussi lancé une procédure pour avoir accès aux documents administratifs. »

    Comment vois-tu les différentes luttes d’habitants dans l’Hexagone ?

    « Que ce soit en Île-de-France, à Nantes, à Échirolles, à Marseille ou à Clermont-Ferrand, un même constat se fait jour, celui de la nécessité d’une convergence des luttes urbaines. Il faut croiser les luttes, qu’il s’agisse de sauver des terres agricoles ou de combattre des projets imposés et destructeurs. C’est la seule façon d’exister face à la machinerie de communication des métropoles ou promoteurs. Et de faire échec aux logiques de la ville industrielle, puis post-industrielle : relégation des plus pauvres et accaparement des terres pour le seul profit. Des logiques très bien exposées par Henri Lefebvre dans Le Droit à la ville, livre fondamental dont on fête cette année les cinquante ans. Pour célébrer cet anniversaire, une série d’événements auront d’ailleurs lieu de mars à mai à Paris-Nanterre, Grenoble, Tours, Lille, etc. Il ne s’agit pas seulement de commémoration, mais de luttes actuelles pour faire vivre ce droit à la ville. »

    http://cqfd-journal.org/En-Appuii-aux-habitants
    #résistance #urban_matter #villes #géographie_urbaine #logement #droit_à_la_ville #concertation #participation #Fresnes #cité_des_Groux #France

    • Appuii

      L’association APPUII est composée d’enseignants-chercheurs, de professionnels des métiers de la ville, d’étudiants, de membres d’associations locales et d’habitants de quartiers populaires.

      APPUII intervient en soutien à des demandes de collectifs informels ou associations reconnues qui se mobilisent pour que la ville se fasse avec eux et non contre eux.

      Il s’agit de mobiliser des ressources, de renforcer des capacités, de mettre en place des intermédiations avec ces collectifs et associations afin de produire d’autres informations, des #alternatives d’aménagement ou des méthodes de débat.

      APPUII se positionne aussi à l’échelle nationale pour contribuer à alimenter une action sur la ville COOPERATIVE, SOUCIEUSE D’ECOUTE ET D’EGALITE.

      https://appuii.wordpress.com
      #alternative

  • Patrick Simon : un discours sur l’immigration qui vise à « créer des antagonismes »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/170919/patrick-simon-un-discours-sur-l-immigration-qui-vise-creer-des-antagonisme

    Le sociodémographe Patrick Simon rappelle qu’une partie significative des classes populaires sont elles-mêmes immigrées ou descendantes d’immigrés"." Et que cette opposition entre classes populaires et immigrés apparaît surtout comme le fruit d’une construction politique.

    #Entretien #quartiers_populaires,_discriminations,_immigration,_A_la_Une

  • Decathlon, à fond la street | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1558715335-decathlon-fond-la-street

    « Ça représente le quartier, c’est nos valeurs. Que je perce ou pas, je vais continuer à porter ça », balance Stavo, membre de 13 Block, groupe de rap phénomène. Dans un de leurs morceaux, Zidane, ils rappent « Toujours en Quechua, taille M Quechua, taille M Kipsta ». La phrase est instantanément devenue un mème sur les réseaux sociaux. JUL, SCH, RK, Koba la D, Nihno, PLK, Sofiane, 4Keus, Naps, Zola et bien d’autres stars du rap citent régulièrement les marques du groupe Decathlon. « C’est incroyable le nombre de ref qu’on a », commente Yann Amiry, à la fois amusé et impressionné. Depuis 2 ans, il co-gère la stratégie réseaux sociaux des différentes filiales du magasin. Et sur Twitter, il est devenu une petite célébrité, à force de répondre aux rappeurs, mais aussi pour avoir géré la polémique autour du hijab de running du magasin. Résultat : le nombre d’abonnés de certains comptes Twitter de l’entreprise a bondi de 20 à 30%. S’y ajoute un capital sympathie énorme.

    « Depuis petit, on est accrochés à cette marque », explique Stavo, 25 ans, par téléphone. Le rappeur de Sevran raconte qu’enfant il avait la panoplie Kipsta pour le foot, et les vêtements Quechua pour le reste du temps. « C’est pas cher et de bonne qualité. On n’avait pas d’argent pour du Nike. Imagine, en hiver, avec 20 euros dans la poche, tu peux acheter des vêtements de randonneur et ne pas avoir froid. » Aujourd’hui, il a toute une collection de lunettes et de vestes de la marque. Récemment, il a interpellé Decathlon sur les réseaux sociaux pour réclamer un survet Quechua, « haut et bas. Faut penser aux mecs des quartiers maintenant ».

    #CM #médias_sociaux #quartiers_populaires cc @baroug

  • #Médias et #quartiers : #Grenoble, la réplique

    Ce vendredi, quatrième épisode de la série documentaire « Médias : les quartiers vous regardent ». Des habitants de la #Villeneuve à Grenoble reviennent sur un reportage d’#Envoyé_spécial de 2013 qu’ils ont jugé stigmatisant. Procédure judiciaire, création d’un média local, comment ont-ils répliqué ?

    À la rentrée 2013, France 2 diffuse un reportage dans son émission Envoyé spécial intitulé « Villeneuve, le rêve brisé ». La Villeneuve, quartier populaire de Grenoble, y est décrit comme une « #cité » et un « #ghetto » où règnent essentiellement « #chômage, #pauvreté, #délinquance et #violence ». Le #reportage, très critiqué, provoque une #mobilisation sans précédent. Dans cet épisode de notre série « Médias : les quartiers vous regardent », retour à la Villeneuve, pour raconter comment les habitants ont perçu ce reportage et comment ils se sont emparés de leur droit de réponse et ont intenté une action en #justice contre #France_Télévisions.

    
S’ils ont échoué à faire condamner le groupe audiovisuel public, les habitant·e·s de la Villeneuve ont gagné leur revanche médiatique : le #CSA a reconnu que France Télévisions avait bien « manqué aux #obligations_déontologiques » avec un reportage qui n’était « pas suffisamment équilibré ». Que dit la riposte des habitant·e·s de la Villeneuve des rapports entre médias et quartiers ? Des habitant·e·s mobilisé·e·s pendant la procédure judiciaire racontent ce qu’ils ont découvert et comment ils ont réagi.

    https://www.mediapart.fr/studio/documentaires/france/medias-et-quartiers-grenoble-la-replique

    #stigmatisation #quartiers_populaires #déontologie #colère #plainte #image #stéréotypes

    signalé par @albertocampiphoto

  • « L’État punitif remplace progressivement l’État Social » (Didier Fassin, L’Humanité, 16.05.19)
    https://www.humanite.fr/letat-punitif-remplace-progressivement-letat-social-672159

    L’usage excessif de la force contre un #mouvement_social est toujours un signe de faiblesse du #pouvoir, et l’#autoritarisme déployé par le gouvernement témoigne d’une perte d’autorité, laquelle suppose l’exercice de la volonté sans exercice de la #violence.
    […] Mais la dynamique a été enclenchée bien avant, en particulier avec la déclaration de l’#état_d’urgence en 2015 et le vote d’un texte introduisant les principales mesures de l’état d’urgence dans la loi ordinaire en 2017.
    […] Il y a le maintien de l’ordre lors de manifestations, comme ce à quoi on assiste tous les samedis depuis novembre dernier. Une version plus dure encore s’exprime dans la #répression de désordres qui éclatent après la mort d’une ou plusieurs personnes lors d’interactions avec la #police. Et il y a les activités dites de #sécurité_publique, qui visent essentiellement les #quartiers_populaires et leurs habitants, sur leur lieu de résidence aussi bien que dans les lieux publics, notamment les gares, sur la base d’un #profilage_racial. Elles consistent en une pression quasi quotidienne par des contrôles d’identité et de fouilles au corps, s’accompagnant de formes diverses d’#humiliation, brimades, menaces, parfois de sévices et d’interpellations.
    Alors que le maintien de l’ordre est spectaculaire et abondamment commenté dans les médias, les activités de sécurité publique demeurent presque #invisibles et rarement dénoncées, hormis lorsqu’un accident grave survient.

  • Improvised Lives: Rhythms of Endurance in an Urban South

    The poor and working people in cities of the South find themselves in urban spaces that are conventionally construed as places to reside or inhabit. But what if we thought of popular districts in more expansive ways that capture what really goes on within them? In such cities, popular districts are the settings of more uncertain operations that take place under the cover of darkness, generating uncanny alliances among disparate bodies, materials and things and expanding the urban sensorium and its capacities for liveliness.

    In this important new book #AbdouMaliq_Simone explores the nature of these alliances, portraying urban districts as sites of enduring #transformations through rhythms that mediate between the needs of residents not to draw too much attention to themselves and their aspirations to become a small niche of exception. Here we discover an urban South that exists as dense rhythms of endurance that turn out to be vital for survival, connectivity, and becoming.

    https://www.barnesandnoble.com/w/improvised-lives-abdoumaliq-simone/1128653560
    #urbanisme #urban_matter #livre #Sud_global #rythme #géographie_urbaine #quartiers_populaires
    ping @reka

  • #Venezuela : loin des regards, la #répression dans les #quartiers_populaires

    Hors champ, le pouvoir maduriste et ses soutiens répriment dans la violence. Les quartiers populaires, qui avaient précédé par des mobilisations l’autoproclamation de Juan Guaidó comme président, sont en première ligne. Les soutiens du président « socialiste » assurent, eux, faire face à des « délinquants ».

    https://www.mediapart.fr/journal/international/200319/venezuela-loin-des-regards-la-repression-dans-les-quartiers-populaires?ong
    #violence #invisibilité

  • Les Coups de leurs Privilèges

    En #France, chaque année, entre 10 et 15 personnes non-armées meurent pendant ou suite à une interpellation par les #forces_de_l’ordre. Dans la majorité des cas, il s’agit de personnes issues de la colonisation ou de l’esclavage, vivant dans les #quartiers_populaires. Les policiers sont rarement jugés, et lorsque c’est le cas, ils écopent d’une peine symbolique ou de quelques mois de sursis, ce qui n’a aucun impact sur leur carrière professionnelle. Ce film traite de deux affaires : celle de #Wissam_El-Yamni, décédé suite à une interpellation le 1er janvier 2012 à Clermont-Ferrand, et celle de #Morad_Touat, décédé le 4 avril 2014 à Marseille.
    Il rend hommage aux luttes de l’immigration qui ont eu lieu depuis les années 60 jusqu’à aujourd’hui sur cette question, et analyse le rôle de la police dans le système de socio-apartheid français.

    http://www.cinemeteque.com/film/les-coups-de-leurs-privileges
    #film #violences_policières #impunité #luttes #résistance #justice
    #Sabrina_Chebbi
    ping @davduf

  • « Dans les quartiers, ça fait 40 ans qu’on est Gilets Jaunes »

    Dimanche 17 février, 150 personnes assistaient au meeting « Alliance #Gilets_Jaunes et #quartiers_populaires ». L’occasion de réfléchir à la façon dont peut s’amplifier l’implication des habitants des quartiers populaires au sein d’un mouvement où les manifestants issus de milieux périurbains et ruraux semblent plus visibles.


    https://radioparleur.net/2019/02/25/gilets-jaunes-quartiers-populaires
    #Seine-Saint-Denis
    ping @isskein

  • Cause toujours, Monsieur le maire !
    https://la-bas.org/5424

    « Dis-moi ce dont tu as besoin, je te dirai comment t’en passer ! » Qui est dupe du « grand débat » ? Cette fois, Macron pousse le bouchon jusque dans les #Quartiers_populaires. Voilà ce que le maire de Grigny aurait voulu faire comprendre à Macron. « Cause toujours… »Continuer la lecture…

    #Vidéo