ARNO*

Geek dilettante habitant une belle et grande propriété sur la Côte d’améthyste

  • John Mearsheimer : Genocide in Gaza – ScheerPost
    https://scheerpost.com/2024/01/05/john-mearsheimer-genocide-in-gaza

    La conclusion (un peu désabusée) d’un texte important.

    Third, I never imagined I would see the day when Israel, a country filled with Holocaust survivors and their descendants, would face a serious charge of genocide. Regardless of how this case plays out in the ICJ – and here I am fully aware of the maneuvers that the United States and Israel will employ to avoid a fair trial – in the future Israel will be widely regarded as principally responsible for one of the canonical cases of genocide.

    Fourth, the South African document emphasizes that there is no reason to think this genocide is going to end soon, unless the ICJ successfully intervenes. It twice quotes the words of Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu on 25 December 2023 to drive that point home: “We are not stopping, we are continuing to fight, and we are deepening the fighting in the coming days, and this will be a long battle and it is not close to being over.” (8, 82) Let us hope South Africa and the IJC bring a halt to the fighting, but in the final analysis the power of international courts to coerce countries like Israel and the United States is extremely limited.

    Finally, the United States is a liberal democracy that is filled with intellectuals, newspaper editors, policymakers, pundits, and scholars who routinely proclaim their deep commitment to protecting human rights around the world. They tend to be highly vocal when countries commit war crimes, especially if the United States or any of its allies are involved. In the case of Israel’s genocide, however, most of the human rights mavens in the liberal mainstream have said little about Israel’s savage actions in Gaza or the genocidal rhetoric of its leaders. Hopefully, they will explain their disturbing silence at some point. Regardless, history will not be kind to them, as they said hardly a word while their country was complicit in a horrible crime, perpetrated right out in the open for all to see.

  • Gaza destroys western divide-and-rule narratives
    https://new.thecradle.co/articles-id/17611

    Analyse du séisme dans l’opinion arabe de l’après 7-septembre. [On espère en entendre davantage sur les opinions occidentales vis-à-vis d’Israël mais, pour une fois, les sondages ne sont pas très bavards.]

    It could be a clean sweep. Decades of western-led narratives crafted to exploit differences throughout West Asia, create strife amid the region’s myriad communities, and advance western foreign policy objectives over the heads of bickering natives are now in ruins.

    The war in Gaza, it transpires, has blown a mile-wide hole in the falsehoods and fairytales that have kept West Asia distracted with internecine conflicts since at least the 1979 Islamic Revolution in Iran.

    Shia versus Sunni, Iran versus Arabs, secular versus Islamist: these are three of the west’s most nefarious narrative ploys that sought to control and redirect the region and its populations, and have even drawn Arab rulers into an ungodly alliance with Israel.

  • Shlomo Sand, historien israélien : “Je ne suis pas ‘pour’ un état binational mais on n’a pas d’autre solution”
    https://www.telerama.fr/livre/shlomo-sand-historien-israelien-je-ne-suis-pas-pour-un-etat-binational-mais


    Les Palestiniens ont été chassés de leurs maisons par des soldats israéliens lors de la guerre de 1948. Photo Pictures From History/TopFoto/Roger-Viollet

    Dans son passionnant ouvrage qui vient de paraître au Seuil, l’historien Shlomo Sand repose la question d’une solution à deux États et revient sur la génèse du #sionisme pour tenter d’y voir plus clair et d’espérer malgré toute cette folle violence. Entretien.

    Imaginer, au paroxysme de la violence actuelle, qu’Israéliens et Palestiniens puissent un jour vivre côte à côte, au sein d’un État binational, semble une folle utopie. C’est pourtant, comme le met en lumière l’historien israélien #Shlomo_Sand dans son nouvel ouvrage, Deux Peuples pour un État ?, ce que de nombreux intellectuels juifs installés en #Palestine, dès la fin du XIXᵉ siècle et jusqu’à la création d’#Israël en 1948, ont souhaité ardemment. Beaucoup de penseurs sionistes craignaient qu’un État juif exclusif sur une terre peuplée en majorité d’Arabes n’entraîne un conflit sans fin. Aucun ne souhaitait « une solution à deux États », que l’intrication des populations semble désormais rendre impossible. N’y aurait-il d’autre perspective que l’enfermement, la répression, le déplacement, l’expulsion ? Relire l’histoire du sionisme, avec Shlomo Sand, redonne de l’espoir.

    Écrit avant les massacres perpétrés par le Hamas et les bombardements sur Gaza, votre livre serait-il différent si vous l’écriviez aujourd’hui ?

    Dès mon introduction, j’écrivais que, du fait de l’alliance croissante entre #religion et #nationalisme radical, des deux côtés, israélien et palestinien, nous étions condamnés à traverser des catastrophes. Une maison d’édition anglaise m’avait demandé d’ajouter une postface plus optimiste ! Certes, personne ne pouvait envisager le choc inouï du #7_octobre, cette sauvagerie du Hamas. Je suis également bouleversé par les milliers de civils palestiniens que nous tuons à #Gaza. Mais Ariel #Sharon [cofondateur du Likoud, parti de droite israélien, et qui fut plusieurs fois ministre, jusqu’à diriger le gouvernement entre 2001 et 2006, ndlr] a été le premier bâtisseur du Hamas, qu’il envisageait comme un contrepoids à l’OLP. Il a tout fait, ainsi que Benyamin Netanyahou, pour favoriser son émergence. J’ajoute qu’en Israël tout le monde sait que Yahya Sinouar, le petit Staline du Hamas, est l’enfant d’une famille originaire de Ashkelon, qui s’est réfugiée dans le camp de Khan Younès en 1948. Abdessalam Yassine, fondateur du Hamas, était né près d’Ashkelon, poussé lui aussi avec sa famille à Gaza par Israël. Refuser de voir que 60 % des Gazaouis sont venus des lieux où nous, Israéliens, habitons maintenant, c’est être aveugle. On ne peut pas comprendre le 7 octobre sans connaître l’Histoire.

  • Inside Israel’s torture camp for Gaza detainees
    https://www.972mag.com/israel-torture-camp-gaza-detainees

    According to these testimonies, Israeli soldiers subjected Palestinian detainees to electric shocks, burned their skin with lighters, spat in their mouths, and deprived them of sleep, food, and access to bathrooms until they defecated on themselves. Many were tied to a fence for hours, handcuffed, and blindfolded for most of the day. Some testified to having been beaten all over their bodies and having cigarettes extinguished on their necks or backs. Several people are known to have died as a result of being held in these conditions.

    • J’ignore s’il y a une qualification juridique internationale. En France, a priori on n’évoque ni crime de guerre ni crime contre l’humanité, mais depuis Carpentras on a aggravé la qualification :

      Le terme juridique de « profanation » est apparu en France dans les années 1990[réf. nécessaire]. Auparavant, seule la « violation de sépulture » (dégradation matérielle d’une tombe) définie par les Articles 225-17 et suivants du Code pénal [archive] était punie : jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et à 75 000 euros d’amende lorsqu’elle a été accompagnée d’atteinte à l’intégrité du cadavre et a été commise à raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, des personnes décédées à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. De plus, l’Article 16-1-1 du Code civil [archive] précise que « Le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort. Les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence. » La « profanation » relève d’un acte symbolique sur plusieurs tombes4.

    • Par contre, les soldats israéliens qui retournent un cimetière palestinien le font en sachant pertinemment qu’ils commentent une profanation extrêmement grave. Parce que dans leur propre religion c’est un tabou bien connu :
      https://www.lemonde.fr/archives/article/2002/08/02/selon-la-loi-juive-les-corps-doivent-etre-enterres-dans-leur-integralite-l-o

      L’intégrité du corps des morts, dans ce conflit, c’est un enjeu déjà connu et documenté, comme dans l’article ci-dessus. Retourner un cimetière et déterrer les cadavres, ça n’est pas un « incident » anodin.

  • Décès de Niklaus Wirth, auteur de nombreux langages de programmation
    https://linuxfr.org/news/deces-de-niklaus-wirth-auteur-de-nombreux-langages-de-programmation

    Niklaus Wirth, informaticien suisse, père de nombreux langages de programmation dont Euler, Algol-W, Pascal, Modula et Oberon, travaux pour lesquels il fut lauréat du Prix Turing en 1984, est décédé le 1ᵉʳ janvier 2024.

    lien nᵒ 1 : Journal à l’origine de la dépêchelien nᵒ 2 : Fiche de Niklaus Wirth sur le site de l’ETH Zurichlien nᵒ 3 : Annonce sur X par Bertrand MeyerIl a travaillé à l’université Stanford comme professeur assistant (1963–1967) puis à l’université de Zurich et comme professeur à l’ETHZ (1968–1999). Il a également passé deux années sabbatiques au Xerox PARC (1976–1977 et 1984–1985).

    Niklaus Wirth est connu pour son travail remarquable sur les langages de programmation, axé sur la simplicité, la clarté et l’efficacité. Dans les années 60, il travaille sur l’extension et la généralisation d’ALGOL 60, (...)

    • Il y a bien longtemps, quand je suivais les cours du soir du CNAM, j’avais eu une UV projet ou il s’agissait d’écrire un translateur modula2 vers C, le tout écrit en Prolog (car pour transformer des arbres, ici des arbres de syntaxe abstraite, c’est top). On était 4 au début du projet. Au CNAM il y a beaucoup d’abandons (suivre des cours du soir après le taf c’est raide, beaucoup lâchent l’affaire), si bien qu’à mi parcours je me suis retrouvé seul face au monstre. J’y ai passé des nuits, mais à la fin mon translateur était capable de traduire toute la bibliothèque standard de Modula2 en C. J’avais écrit une batterie de tests unitaires utilisant toutes les fonctions de cette bibliothèque (en Modula2), puis fait tourner le translateur sur la blibliothèque et sur les tests, et écrit un prog qui testait si les résultats de la version native en Modula2 et la version traduite étaient identiques. Le prof qui encadrait avait été scotché.
      Je m’étais éclaté comme un malade sur ce truc. Malheureusement j’ai paumé tous les sources. La dernière copie que j’avais était sur un disque magnéto-optique, mon lecteur a rendu l’âme, et je n’ai jamais réussi à en retrouver un pour récupérer ces sources.

  • Nasrallah: ‘If we remain silent over the killing of al-Arouri, all of Lebanon will be exposed’
    5 January 2024 | Middle East Eye
    https://www.middleeasteye.net/live-blog/live-blog-update/nasrallah-if-we-remain-silent-over-killing-al-arouri-all-lebanon-will

    Hezbollah’s secretary general, Hassan Nasrallah, said in a speech on Friday that all of Lebanon would be exposed if the group did not react to the assassination of deputy Hamas chief Saleh al-Arouri in Beirut.

    “The response will inevitably come,” he added.

    In his second speech since Israel killed Arouri in the Lebanese capital, Nasrallah also said that the latest escalation now marks a “historic opportunity” for Lebanon to liberate its land from Israeli occupation.

    However, he said that no agreements can happen before a ceasefire in Gaza.

    Nasrallah also praised the “resistance” from Yemen and Iraq.

    Here are some of the key points from his speech.

    The Islamic resistance in Lebanon conducted 670 operations against Israel in the past three months, targeting border positions 494 times.
    At least 2,000 Israeli soldiers were wounded on the Lebanon-Israel border. Nasrallah also blasted Israel for not releasing clear numbers of casualties on its side.
    The Lebanese front is there to alleviate pressure on Hamas and Gaza, and to impose a ceasefire in Gaza.
    Israelis in the north should ask their government for a ceasefire if they wish to be safe.
    The response to the Arouri assassination will come from the battlefield.

    Nasrallah ended his speech by telling families of fallen Hezbollah soldiers “we are proud of you” and said he would have visited them and “kissed your hands” if the security situation allowed him to.

  • Hé ben voilà, maintenant je vais être obligé de regarder Salem’s Lot (1979) avec David Soul :
    https://www.youtube.com/watch?v=IGYVFtJKztE

    Tobe Hooper’s 1979 television adaptation of Stephen King’s vampire novel.

    Avec un résumé :

    Ben Mears has returned to his hometown to write a book about the supposedly haunted Marsten House. When people around the Marsten House start dying mysteriously, Mears discovers that the owner of the mansion is actually a vampire who is turning them into an army of undead slaves.

    Film rigoureusement inconnu au bataillon.

  • L’Azerbaïdjan nomme le ministre Mukhtar Babayev, ancien de la compagnie pétrolière nationale, président de la COP29
    https://www.connaissancedesenergies.org/afp/lazerbaidjan-nomme-le-ministre-mukhtar-babayev-ancien-de-la

    AFP parue le 05 janv. 2024 - 13h39

    L’Azerbaïdjan a nommé son ministre de l’Ecologie et des Ressources naturelles Mukhtar Babayev, ancien de la compagnie pétrolière Socar, comme président de la 29e conférence de l’ONU sur le climat, qui se tiendra en novembre à Bakou.

    Le #lol, je te dis pas.

  • Le gouvernement embarrassé par un “deepfake” visant Marine Le Pen
    https://www.politico.eu/article/france-gouvernement-deepfake-marine-le-pen

    Alors que le gouvernement français fait de la régulation des deepfakes l’un de ses combats dans le monde numérique, ces trucages destinés à tromper le public ont fait leur entrée dans la bataille politique par le biais d’un représentant du parti présidentiel lui-même.

    Loïc Signor, porte-parole de Renaissance, s’est attaqué à Marine Le Pen en la mettant en scène dans un montage généré par intelligence artificielle, publié sur la plateforme X. De quoi créer un précédent dans le débat français, à quelques mois des élections européennes.

    https://video.twimg.com/amplify_video/1741512612028850177/vid/avc1/1280x720/a0l3yNErDff2P_PZ.mp4

    • Après, assimiler le simple fait de parler russe au fait d’être financé par un gouvernement autoritaire, ça n’a pas l’air de poser de problème. (Fais un montage de Macron qui se mettrait à parler en hébreux, tu vas voir du pays.)

    • déshumaniser / diaboliser l’ennemi…

      en même temps, la question est loin d’être simple : voir la place du russe et de la culture russe en Ukraine. Entre la culture comme soft power (pas forcément si soft d’ailleurs…) en soulignant le passé commun et l’éradication totale rejetant le passé commun (dominé…)

      connaître / comprendre, c’est déjà adhérer.

      On est loin du général de Gaulle dont on me disait quand j’étais petit qu’il avait choisi d’apprendre l’allemand, langue de l’ennemi…

    • J’ai pris allemand seconde langue en hommage à mon père qui avait « fait » la seconde guerre mondiale . Il en est ressorti militant pro Européen. L’allemand restait la langue de l’ennemi qu’il fallait connaitre...une peur restait...

  • A Perpignan, des travailleurs sociaux en dernier rempart contre la prostitution des mineurs : « On ne s’attendait pas à un tel niveau de détresse »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/04/a-perpignan-des-travailleurs-sociaux-en-dernier-rempart-contre-la-prostituti

    Dans la préfecture des Pyrénées-Orientales, un dispositif social innovant a été lancé pour lutter contre l’exploitation sexuelle des jeunes filles. En un an, ses membres accompagnent déjà une quarantaine d’adolescentes, dont la moitié a entre 12 ans et 15 ans.

    Et après, on va te parler de ta liberté imprescriptible à te prostituer dans la joie et la bonne humeur.

    • Selon la logique (présentée comme progressiste) « Sex work is work », ce n’est donc pas un problème de violences sexuelles, mais de non-respect de la réglementation sur le travail des mineurs.

    • Mais nan, j’ai des amis qui étaient instits à Perpignan y’a plus de 10 ans qui en parlaient déjà dépités, voyaient arriver à l’école des gamines de 13 ans enceintes. A Prades, où un pote vivait, la résidence de Castex méritait des bataillons de flics en faction et des restructurations routières. Mais y’a toujours pas un sou pour aider les gamines, nombreuses depuis des années à couler dans la prostitution dans cette petite ville au-dessus de perpignan.

      Mathilde Rodriguez aimerait bien pouvoir payer à Léna un billet de train pour les Pyrénées-Orientales, l’aider à trouver un logement d’urgence et à envisager autre chose que ces prestations sexuelles forcées. « On n’a pas de budget pour ça, Léna va devoir faire plus de passes si elle veut s’échapper », regrette-t-elle.

      Tiens ça c’est pour dans ta gueule le FNAUT (et Bernard GOBITZ) qui ne veut pas de la gratuité des transports.

  • La guerre Israël-Hamas met le monde universitaire sous pression
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/04/la-guerre-israel-hamas-met-le-monde-universitaire-sous-pression_6208923_3224

    Le président du CNRS, Antoine Petit, s’est fendu d’un communiqué, le 12 octobre, adressé à toute la communauté. « Les agents du CNRS peuvent prendre la parole publiquement. Ils ont une entière liberté d’expression, sous réserve de ne pas utiliser leurs fonctions pour manifester leurs opinions politiques et philosophiques personnelles, et d’employer un mode d’expression qui ne jette pas le discrédit sur l’établissement », a-t-il rappelé.

    #censure

    • à mettre en lien avec ces mots d’Henry Laurens dans sa chronique pour L’Orient littéraire La question d’Occident - L’Orient-Le Jour par Henry Laurens
      https://www.lorientlejour.com/article/1363046/la-question-doccident.html

      Un siècle après, les chercheurs forment toujours le chœur grec des observateurs impuissants cherchant au mieux à établir ce qui est dans l’ordre des responsabilités et ce qui est dans celui des processus, entre ce qui appartient à la libre détermination des acteurs et ce qui est le piège des logiques de situations. Parfois, ils reproduisent dans leurs corporations les clivages de leurs domaines d’études.

    • et dans un autre contexte, celui des Etats-Unis : https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/04/etats-unis-l-ex-presidente-demissionnaire-d-harvard-estime-avoir-ete-victime

      Le 5 décembre, dans une atmosphère tendue, Claudine Gay et ses homologues de l’université de Pennsylvanie et du Massachusetts Institute of Technology (MIT) avaient répondu cinq heures durant aux questions de parlementaires.

      Lorsque l’élue républicaine Elise Stefanik avait demandé si « appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard, oui ou non ? », Claudine Gay avait répondu : « Cela peut, en fonction du contexte », avant d’ajouter : « Si c’est dirigé contre une personne. » Sa réponse et celle de ses homologues, visiblement soucieuses de ne pas remettre en cause le sacro-saint droit à la liberté d’expression, avaient provoqué un tollé jusqu’à la Maison Blanche.

      « Ce qui vient de se passer à Harvard me dépasse »
      « Oui, j’ai commis des erreurs. Dans ma première réaction aux atrocités du 7 octobre, j’aurais dû affirmer avec plus de force ce que toutes les personnes de bonne conscience savent : le Hamas est une organisation terroriste qui cherche à éradiquer l’Etat juif », dit Mme Gay dans cette tribune titrée « Ce qui vient de se passer à Harvard me dépasse », arguant être ensuite tombée dans « un piège bien tendu » lors de son audition devant le Congrès.

  • Comment faire pour oublier | Nedjib SIDI MOUSSA
    https://acontretemps.org/spip.php?article1029

    Au cours des derniers mois, plusieurs amis m’ont demandé mon avis au sujet de l’essai de Gloag sur Camus. Mais duquel parlaient-ils ? Si j’avais bien eu l’occasion de lire l’ouvrage signé Oliver Gloag et intitulé Albert Camus. A Very Short Introduction (Oxford University Press, 2020), je ne m’étais pas précipité sur celui d’Olivier Gloag, Oublier Camus. Sans la sollicitation amicale d’À contretemps, je n’aurais certainement pas pris la peine de rédiger la présente recension...

    Autant dire les choses : quand Oliver écrit pour des étudiants anglophones, l’universitaire – Associate Professor of French and Francophone Studies (University of North Carolina) ¬– atténue ses sentiments anticamusiens et accorde une plus grande attention à l’homme ainsi qu’à son œuvre (ce qui n’empêche ni les inexactitudes ni les omissions) ; en revanche, quand Olivier écrit pour des activistes francophones, le pamphlétaire donne libre cours à son tropisme sartrien pour céder au règlement de comptes et flatter un lectorat conquis d’avance.

    Oublier Camus est un livre décevant. On attendait d’O. Gloag des arguments plus solides, une lecture plus rigoureuse des textes, un plus grand respect pour l’histoire (culturelle, politique ou sociale, en France comme en Algérie). Précisons : le problème n’est pas la critique de Camus – voire sa détestation, qui prévaut dans certains cercles – mais plutôt ce qui la fonde. En effet, tant sur la forme que sur le fond, l’essai cristallise tous les travers d’une certaine « radicalité » : ignorance, suffisance, outrance. De vieilles rengaines maquillées d’expressions à la mode. Bref, la misère postmoderne.

    Dès la préface de Frederic Jameson – Professor of Comparative Literature (Duke University) –, le lecteur est induit en erreur : « En lisant ce livre, vous constaterez que ses critiques visent moins Camus lui-même que sa canonisation mainstream ; et, par-dessus le marché, la canonisation de son image plutôt que de son œuvre (p. 8). » Or, dans son essai, O. Gloag ne consacre guère plus que quelques lignes au problème de la « canonisation », et encore d’une façon tout à fait impressionniste. Loin de l’ambivalence suggérée dans son premier ouvrage, l’auteur se complaît à brosser le portrait d’un Camus réduit à une caricature de pied-noir : impérialiste, machiste et raciste.

    Dans son introduction, O. Gloag est pris en flagrant délit de malhonnêteté intellectuelle. Selon lui, Camus « veut maintenir l’inégalité entre colonisés et colons » (p. 16). Il s’appuie pour cela sur un article intitulé « La spéculation contre les lois sociales » (Alger Républicain, 12 octobre 1938) dont il ne cite aucun extrait puisqu’il se contente de paraphraser et d’interpréter le texte pour mieux soutenir sa thèse :

    « Camus relève que le salaire des pieds-noirs a augmenté de 20 %, alors que celui des Algériens a augmenté de 60 %. Notons ce qui ne choque pas Camus : le détail du salaire horaire des uns et des autres – les Algériens gagnant, après les grèves, 2,30 F de l’heure et les pieds-noirs 7,20 F. Camus ne remet pas cette injustice criante en cause, au contraire il la prend comme donnée absolue dans ses calculs – c’est l’acceptation de l’axiome impérial : les Européens gagnent plus que les Algériens, à travail égal (p. 16). »

    Pourtant, si l’on se rapporte à l’article de Camus – ce qui n’est pas bien difficile, il suffit d’aller sur Gallica pour lire sa prose journalistique : « Albert Camus dans Alger Républicain » –, on y lit ce passage :

    « La hausse des salaires a donc un peu amélioré la situation du travailleur indigène. Mais lorsqu’il s’agit d’un homme qui gagnait 11 frs 20 par jour, on sent bien qu’une amélioration de cet ordre n’est encore qu’un pis-aller. »

    Il ne s’agit que d’un exemple parmi tant d’autres mais, d’entrée de jeu, O. Gloag expose sa méthode : référence tronquée, extrapolation douteuse et condamnation définitive. Fermez le ban. Les lecteurs honnêtes pourront se demander si Camus accepte « l’axiome impérial » comme le prétend l’universitaire-pamphlétaire… Mais il faudra d’abord respecter les faits et les textes – sans parler du contexte – au lieu de se livrer à ce jeu de massacre dont personne ne sortira indemne.

    Dans le premier chapitre – intitulé « Pour un colonialisme à visage humain » – O. Gloag fait mine de s’appuyer sur l’historien Charles-Robert Ageron pour asséner :

    « Désigner les colons comme des “Algériens” constituerait donc une forme de spoliation. Aujourd’hui, il existe encore des commentateurs pour décrire Camus comme “écrivain algérien” : ces termes trahissent une nostalgie pour une époque où la colonisation allait de soi (p. 19). »

    L’expression de son courroux – qui contribue, au passage, à jeter par-dessus bord toute possibilité de rendre compte avec subtilité de l’usage paradoxal de catégories historiques ou actuelles (cf. l’article de la sociologue Maïlys Kydjian paru en 2019 dans la revue Mots] – s’explique sans doute par une note de fin d’ouvrage où une pique est adressée au journaliste et écrivain Kamel Daoud, qui avait défrayé la chronique en 2016, accusé de revendiquer Camus comme « écrivain algérien » (p. 144). Mais est-ce bien le seul ?

    En 2003, Ali Yédes – Associate Professor of French Language and Literature (Oberlin College) – faisait paraître chez L’Harmattan un ouvrage intitulé Camus l’Algérien. Plus près de nous, Alek Baylee Toumi – Associate Professor of French (University of Wisconsin) – écrivait l’article « Albert Camus, l’Algérien. In Memoriam », paru en 2010 dans la revue Nouvelles études francophones. L’énumération pourrait se poursuivre, mettant en lumière les débats et interprétations contradictoires propres au milieu académique – plus particulièrement en études littéraires et francophones –, mais le plus important en la matière reste sans doute le jugement de ses contemporains.

    Dans son Journal (Le Seuil, 1962), Mouloud Feraoun écrivait le 18 février 1957 : « J’aimerais dire à Camus qu’il est aussi algérien que moi et tous les Algériens sont fiers de lui, mais aussi qu’il fut un temps, pas très lointain, où l’Algérien musulman, pour aller en France, avait besoin d’un passeport (p. 205). » De la même manière, dans son édition datée de mai 1960, l’organe du Mouvement national algérien (MNA) dirigé par Messali Hadj, La Voix du Peuple, relayait, dans sa « Revue de la presse », le point de vue de Camus, « ce grand écrivain algérien », favorable à un règlement pacifique de la guerre d’Algérie et au mot d’ordre de « table ronde ». Sans doute cette inclusion du mouvement indépendantiste était-elle tactique, à un moment où le MNA était en perte de vitesse – conception exclusive de la nation –, mais elle n’en demeurait pas moins importante.

    Évidemment, une telle caractérisation ne faisait pas l’unanimité, avant ou après l’accession de l’Algérie à l’indépendance, comme le rappelle le recueil Alger 1967 : Camus, un si proche étranger, présenté par Agnès Spiquel (El Kalima, 2018). La sympathie ou, au contraire, l’hostilité à l’égard de l’écrivain mettent en lumière les clivages parmi les intellectuels et nationalistes algériens – les intellectuels pouvant être tout à fait nationalistes – au sujet de l’autonomie des artistes, de la conception de la nation algérienne et, plus largement, de la possibilité d’ériger une société pluraliste – par-delà l’opposition de Camus à une indépendance sous l’égide du Front de libération nationale (FLN). Or, en prenant fermement position contre l’algérianité de Camus, O. Gloag s’aligne de fait sur les options les plus conservatrices et rétrogrades – un paradoxe récurrent chez de nombreux intellectuels de la gauche « occidentale », devenus les alliés paradoxaux de la droite « orientale » en raison d’un anti-impérialisme parfois nourri de bons sentiments, mais souvent basé sur une méconnaissance des sociétés colonisées puis décolonisées dont l’histoire longue ne se réduit pas au seul rapport conflictuel avec l’impérialisme occidental.

    Aveuglé par son irrésistible envie de redresser des torts, O. Gloag confirme à plusieurs reprises qu’il ne maîtrise pas son sujet. Sa mauvaise foi l’amène à expliquer la démission de Camus du Parti communiste algérien (PCA), en 1937, par le changement de stratégie de l’organisation qui prendrait alors « le chemin d’un soutien à l’indépendance » (p. 26). Pour appuyer cette idée, l’auteur cite un extrait d’un entretien avec Henri Alleg – paru en 1998 dans la revue Mots –, qui ne portait visiblement par l’écrivain dans son cœur. Pourtant, si l’on se réfère à la notice biographique de Camus, rédigée par l’historien René Gallissot et mise en ligne sur le site du Maitron, nous découvrons une version bien différente :

    « Car Albert Camus est exclu du Parti en octobre-novembre 1937 par une procédure laborieuse qui reprend en main ou plutôt démantèle “la cellule des intellectuels”. Il semble essentiellement qu’il manifestait son opposition à l’outrance de la ligne communiste appliquée alors par l’envoyé du parti français qui était Robert Deloche et le jeune secrétariat algérien promu lors de la transformation de l’ancienne Région d’Algérie en Parti communiste algérien où rivalisent Benali Boukort et Amar Ouzegane.

    La divergence portait sur deux points ; Camus était rétif devant les appels à la défense nationale et à la célébration de l’armée, et conservait des positions pacifistes sinon antimilitaristes voisines des inclinations de courants intellectuels socialistes trotskisants comme les réticences en France des surréalistes et de l’avant-garde du théâtre militant autour de Jacques Prévert, par exemple ; cette orientation pacifiste était largement présente en outre dans le syndicalisme enseignant. D’autre part, Albert Camus rejetait l’assimilation au fascisme – que pratique outrageusement le Parti communiste algérien – du Parti du peuple algérien, le PPA créé au printemps 1937 par Messali qui venait d’être arrêté et inculpé en Algérie (août 1937). Le PCF et le PCA applaudissent à la dissolution de l’Étoile nord-africaine à la fin janvier 1937. Des altercations opposaient messalistes et communistes qui continuaient cependant à cohabiter dans le mouvement syndical CGT. »

    Nous sommes là aux antipodes de la version propagée par les adversaires staliniens de Camus et leurs épigones de la gauche autoritaire… Mais les faits sont têtus.

    Dans sa lecture unilatérale, O. Gloag accuse même l’écrivain de « vouloir intensifier la colonisation » (p. 31) après la répression sanglante de mai-juin 1945 dans le Nord-Constantinois qui a tourné au massacre. Pour cela, il mentionne un article paru le 23 mai 1945 dans Combat, intitulé « C’est la justice qui sauvera l’Algérie de la haine », et dans lequel Camus chercherait à convaincre ses lecteurs « du bien-fondé du colonialisme ». La malhonnêteté est ici à son comble puisque dans ce texte – librement consultable sur Gallica : « Albert Camus dans Combat » –, Camus y affirme :

    « Devant les actes de répression que nous venons d’exercer en Afrique du Nord, je tiens à dire ma conviction que le temps des impérialismes occidentaux est passé. »

    Après avoir donné raison au nationaliste Ferhat Abbas, en se référant à sa brochure J’accuse l’Europe, parue en 1944, Camus ajoute :

    « Aujourd’hui, les hommes libres de cette Europe ont la victoire, ils ont arrêté un moment le terrible cours de cette décadence. Ils veulent maintenant renverser l’histoire. Et ils le peuvent assurément, s’ils y mettent le prix du sacrifice. Mais ils ne feront cette révolution que s’ils la font totalement. Ils ne sauveront l’Europe de ses démons et de ses dieux lâches que s’ils libèrent tous les hommes qui dépendent de l’Europe. »

    Libre à chacun d’apprécier s’il s’agit là de l’affirmation de principes anticolonialistes ou, au contraire, d’une déclaration appelant à « intensifier la colonisation »…

    Dans le second chapitre – intitulé « Représentations coloniales » – O. Gloag s’en prend à l’ouvrage controversé de Michel Onfray, L’Ordre libertaire. La vie philosophique d’Albert Camus (Flammarion, 2012) dont il dénonce, à raison – même si cela ne manque pas de piquant –, le caractère manipulatoire (p. 38). Dans ce cas précis, l’auteur chercher à opposer « la couverture favorable de la part de la grande presse française » et la « critique algérienne », passant sous silence les réfutations émanant du milieu anarchiste, comme celle de Lou Marin – qui a publié l’anthologie Albert Camus et les libertaires. 1948-1960 (Egrégore, 2008) – parue le 2 févier 2012 dans Le Monde libertaire ou celle de Floréal, mise en ligne le 7 mars 2012, ou encore celle d’Albert Gadjo, publiée sur À contretemps, n° 43, juillet 2012.

    En l’occurrence, la « critique algérienne » valorisée par O. Gloag émane de Mohammed Yefsah, plus précisément de son article « L’imposture Onfray » paru le 22 août 2012 dans La Tribune et repris sur le site d’Ahmed Bensaada tel que mentionné en note (p. 146). Or, l’extrait cité dans Oublier Camus invite le lecteur à penser que les opposants au régime algérien critiqueraient l’écrivain nobélisé, contrairement à ses défenseurs, à l’instar de Yasmina Khadra, « représentant officiel d’une institution algérienne » (p. 39). S’il est vrai que Y. Khadra dirigeait alors le Centre culturel algérien à Paris – nommé en 2007, il en sera limogé sept ans plus tard –, le clivage présenté par O. Gloag est factice, d’autant qu’A. Bensaada, qui figure parmi les rares « intellectuels algériens » cités en référence (pp. 39 et 146), s’est livré à une odieuse activité de dénonciation et de diffamation à l’encontre de personnalités pendant le hirak, propageant des thèses confusionnistes et conspirationnistes, justifiant la répression du mouvement populaire par le régime militaro-policier. Si O. Gloag s’intéressait à la société algérienne de nos jours – et pas seulement aux polémiques du moment colonial –, sans doute aurait-il évité une telle erreur. En outre, l’article de M. Yefsah, plus subtil que la prose d’O. Gloag, répondait d’abord à l’entretien de M. Onfray accordé à Hamid Zanaz – auteur d’un essai, lui aussi controversé, L’Impasse islamique (Éditions libertaires, 2009), préfacé par M. Onfray –, publié le 10 août 2012 dans El Watan, sur fond de polémique relative à l’exposition consacrée à Camus, prévue en 2013, et dont M. Onfray devait en être le commissaire, après l’éviction de l’historien Benjamin Stora.

    Inévitablement, O. Gloag convoque la fameuse phrase de Camus – « Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice » –, prononcée durant une conférence de presse, le 12 décembre 1957 à Stockholm, pour mieux asséner, péremptoire : « Ainsi, ce refus du mouvement historique vers la décolonisation qu’il sait inévitable fait de Camus une figure baudelairienne : dernier grand écrivain colonial, il est à rebours de l’Histoire (p. 42). » Nous connaissons cette déclaration notamment grâce à l’article du correspondant du Monde, daté du 14 décembre 1957. Interpellé par un représentant du FLN, Camus, lauréat du Prix Nobel de littérature, affirme :

    « Je me suis tu depuis un an et huit mois, ce qui ne signifie pas que j’aie cessé d’agir. J’ai été et suis toujours partisan d’une Algérie juste, où les deux populations doivent vivre en paix et dans l’égalité. J’ai dit et répété qu’il fallait faire justice au peuple algérien et lui accorder un régime pleinement démocratique, jusqu’à ce que la haine de part et d’autre soit devenue telle qu’il n’appartenait plus à un intellectuel d’intervenir, ses déclarations risquant d’aggraver la terreur. Il m’a semblé que mieux vaut attendre jusqu’au moment propice d’unir au lieu de diviser. Je puis vous assurer cependant que vous avez des camarades en vie aujourd’hui grâce à des actions que vous ne connaissez pas. C’est avec une certaine répugnance que je donne ainsi mes raisons en public. J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément, dans les rues d’Alger par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice. »

    On comprend que c’est d’abord le problème du terrorisme – en particulier celui dirigé par des groupes du FLN contre les civils européens – qui préoccupe Camus dont la mère vit toujours à Alger. C’est donc une opposition à un moyen injuste – à savoir le recours à la violence indiscriminée – et non à une cause juste – la décolonisation – qui est ici mise en exergue, même si l’écrivain ne se prononcera jamais pour l’indépendance, ce qu’on pourra toujours lui reprocher sans pour autant mésinterpréter ses propos. D’ailleurs, dans une lettre adressée au Monde, publiée dans l’édition du 19 décembre 1957, Camus exprime même sa compassion sincère pour le militant qui l’avait apostrophé :

    « Je voudrais encore ajouter, à propos du jeune Algérien qui m’a interpellé, que je me sens plus près de lui que de beaucoup de Français qui parlent de l’Algérie sans la connaître. Lui savait ce dont il parlait, et son visage n’était pas celui de la haine mais du désespoir et du malheur. Je partage ce malheur, son visage est celui de mon pays. C’est pourquoi j’ai voulu donner publiquement à ce jeune Algérien, et à lui seul, les explications personnelles que j’avais tues jusque-là et que votre correspondant a fidèlement reproduites d’autre part. »

    Mais tout cela ne va pas dans le sens de la démonstration d’O. Gloag qui expose, dans ce chapitre, ce qu’il y a de pire dans la critique littéraire en se livrant à des interprétations sidérantes de l’œuvre littéraire de Camus, négligeant le travail – certes moins tapageur – des meilleurs connaisseurs du sujet à l’instar d’Alice Kaplan, Looking for the Stranger (The University of Chicago Press, 2016), Jeanyves Guérin, Dictionnaire Albert Camus (Robert Laffont, 2013). Ainsi, à rebours des spécialistes et des contemporains de l’écrivain – comme André Julien dans Le Libertaire, Maurice Nadeau dans Combat ou Marcel Péju dans Franc-Tireur –, O. Gloag propose une « nouvelle lecture » de La Peste (Gallimard, 1947), en avançant, sans démonstration convaincante : « La peste ce n’est pas l’Allemagne ou les Allemands, c’est la résistance du peuple algérien à l’occupation française – phénomène intermittent mais inéluctable, qui s’assimile à une maladie mortelle du point de vue des colons (p. 48). » Reductio ad coloniam… Tel est le travers de certains tenants des études postcoloniales ou du courant décolonial qui prétendent réinventer la science sur la base d’une distorsion des faits.

    Dans le troisième chapitre – intitulé « Sartre et Camus, inséparables » – O. Gloag cherche à mettre en exergue la relation ambivalente entre les deux intellectuels en remontant au compte rendu de La Nausée (1938, Gallimard), paru le 20 octobre 1938 dans Alger Républicain. L’essayiste souligne principalement les « réflexions négatives » de Camus, anticipant ainsi, d’une façon tout à fait anachronique, la rivalité entre les deux auteurs, l’expliquant même par un hypothétique « ressentiment de classe envers Sartre » éprouvé par Camus – splendide inversion accusatoire dans la mesure où l’écrivain s’exposera au mépris de classe de l’intelligentsia parisienne. Pourtant, et sans surprise, O. Gloag fait l’impasse sur la conclusion fort positive de la recension :

    « Au reste, c’est ici le premier roman d’un écrivain dont on peut tout attendre. Une souplesse si naturelle à se maintenir aux extrémités de la pensée consciente, une lucidité si douloureuse, révèlent des dons sans limites. Cela suffit pour qu’on aime La Nausée comme le premier appel d’un esprit singulier et vigoureux dont nous attendons avec impatience des œuvres et des leçons à venir. »

    Mais O. Gloag n’est pas à une manipulation près. Dans le même chapitre, toujours à la gloire de Sartre – et au détriment de Camus –, la série de huit articles parus dans Combat, entre le 19 et le 30 novembre 1946, sous le titre « Ni victimes ni bourreaux » est étrangement interprétée comme le « refus de choisir entre la violence des colonisateurs et la contre-violence des colonisés » (p. 72). Là encore, le contresens est total. En l’occurrence, Camus mentionne trois régimes politiques – Russie, Espagne et États-Unis (19 novembre 1946) –, refuse par principe « la légitimation du meurtre » (20 novembre 1946), souligne la « crise de conscience du socialisme français » (21 novembre 1946), interroge la notion de révolution face à la Guerre froide (23 novembre 1946), esquisse les contours d’un « ordre universel » adossé à une « démocratie internationale » (26 novembre 1946), plaide en faveur de « l’abolition générale de la peine de mort » (29 novembre 1946), pour enfin défendre « le dialogue et la communication universelle entre les hommes » (30 novembre 1946). En réalité, la question coloniale est tout à fait marginale par rapport aux enjeux soulevés par la rivalité américano-soviétique et n’apparaît explicitement que dans un paragraphe de la chronique datée du 27 novembre 1946 :

    « Le choc d’empires est déjà en passe de devenir secondaire par rapport au choc des civilisations. De toute part, en effet, les civilisations colonisées font entendre leurs voix. Dans dix ans, dans cinquante ans, c’est la prééminence de la civilisation occidentale qui sera remise en question. Autant donc y penser tout de suite et ouvrir le Parlement mondial à ces civilisations, afin que sa loi devienne vraiment universelle, et universel l’ordre qu’elle consacre. »

    Une fois de plus, O. Gloag induit les lecteurs en erreur en analysant ce texte comme s’il exprimait la volonté de « maintenir dans le giron colonial » (p. 73) les peuples subjugués par l’impérialisme occidental, au lieu d’y voir une critique du fonctionnement de l’ONU et le souhait de faire triompher un ordre véritablement universel qui ne soit pas soumis aux desiderata des deux « Grands » afin de conjurer le spectre d’une troisième guerre mondiale où l’on emploierait l’arme nucléaire. Or, en cherchant avec une maladresse insistante à réduire l’intervention et la pensée de Camus à la seule question coloniale – notamment dans sa série « Ni victimes ni bourreaux », d’une portée bien plus générale –, O. Gloag passe complètement à côté de son sujet.

    Dans sa lecture de L’Homme révolté (Gallimard, 1951), O. Gloag récidive en mentionnant la critique acerbe de Francis Jeanson parue dans Les Temps modernes. Mis en opposition avec Camus, Jeanson est présenté comme un futur « acteur du combat métropolitain pour l’indépendance algérienne aux côtés du FLN » (p. 82), ce qui est correct, à ceci près que son engagement anticolonialiste pour l’organisation qui monopolisera la cause nationaliste s’exprimera aussi par la calomnie à l’égard de son rival, le MNA, notamment dans le livre coécrit avec son épouse Colette, L’Algérie hors la loi (Le Seuil, 1955). Ce livre fera réagir, entre autres, Yves Dechézelles – ami de Camus et avocat de Messali – qui, dans une « lettre ouverte » parue au début de l’année 1956 dans La Vérité et La Révolution prolétarienne, exprimera sa stupeur face à la partialité et aux « grosses atteintes à la vérité » qui caractérisent l’ouvrage des Jeanson. Deux ans plus tard, suite à l’assassinat par le FLN, à l’automne 1957, d’Embarek Filali – bras droit de Messali et cofondateur, en 1937, du Parti du peuple algérien (PPA) – dont F. Jeanson n’hésitera pas à salir l’honneur dans le premier numéro de La Giguë, obligeant Dechézelles à répondre dans un article intitulé « L’infamie » et paru en mars 1958 dans La Commune, organe du Comité de liaison et d’action pour la démocratie ouvrière (CLADO) :

    « Quant à l’intégrité intellectuelle, il y a longtemps que M. Francis Jeanson ne fait plus illusion. Il a pris bruyamment parti dans le grave et douloureux conflit qui oppose le FLN et le MNA ; c’était et cela demeure son droit.

    Mais pour un homme qui avait la prétention dans son livre “L’Algérie hors-la-loi” de faire l’historique de la Révolution Algérienne, la passion ne justifiait ni l’erreur, ni la déformation systématique des faits, encore moins leur falsification. »

    Comme un troublant écho du passé, la méthode Jeanson ressemble à s’y méprendre à la méthode Gloag dans la rivalité surjouée par nos contemporains entre Camus et Sartre… Mais en se limitant aux Temps modernes, Oublier Camus ne mentionne guère la réception favorable de L’Homme révolté dans la presse de gauche, comme les articles de Jane Albert-Hesse dans Franc-Tireur, Georges Fontenis dans Le Libertaire, ou encore Jacques Muglioni dans La Révolution prolétarienne. Car il s’agit de forcer le trait et de relire l’histoire – mais aussi interpréter notre présent – à travers le conflit du début des années 1950 quitte à effacer ou minorer les convergences pourtant avérées. O. Gloag décrète ainsi que « Camus et Sartre sont donc paradoxalement devenus inséparables : ils représentent des pôles opposés dans les débats fondamentaux sur le racisme et l’oppression sociale sous toutes ses formes (p. 85). » Si tel était le cas, comment comprendre que Jean-Luc Mélenchon, le fondateur de la France insoumise (LFI) – formation favorablement mentionnée par O. Gloag dans une interview accordée à Jeune Afrique –, fasse si souvent référence à Camus, en l’associant, à l’occasion à Sartre ? En l’espèce, le manichéisme méthodologique, couplé à l’éviction des sources jugées moins prestigieuses selon une certaine conception de l’histoire culturelle, ne rendent pas service à la compréhension des débats politiques et intellectuels en France. Pourquoi ne pas avoir évoqué « l’Appel à l’opinion internationale » paru le 24 décembre 1947 dans Gavroche ? Ce texte – un modèle du genre qui synthétise les meilleures conceptions du socialisme et de l’internationalisme de son temps –, cosigné par Camus, Sartre, ainsi qu’une dizaine d’autres intellectuels de la gauche française stipulait notamment :

    « Si l’on est décidé à apporter une solution aux problèmes nationaux, il est nécessaire de la chercher dans le cadre d’une organisation internationale et si l’on veut établir cette organisation, il faut savoir qu’elle requiert une révolution socialiste et le remplacement de la propriété privée par la propriété collective réelle. En outre, comme cette Europe qui doit se faire comprend en elle plusieurs empires coloniaux, il va de soi que l’émancipation des classes ouvrières, qui est le but et le moyen de la Révolution, n’aurait aucun sens sans l’émancipation parallèle des masses colonisées. »

    Dans le quatrième chapitre – intitulé « L’anti-Sartre » –, O. Gloag se livre aux mêmes interprétations hasardeuses et obsessionnelles de l’œuvre de Camus, plus particulièrement La Chute (Gallimard, 1956), L’Exil et le Royaume (Gallimard, 1957) et Le Premier Homme (Gallimard, 1994). Ce sont certainement les pages les moins intéressantes du livre. Allons directement au dernier chapitre – intitulé « Réceptions » – dans lequel l’auteur déploie ses talents de truqueur. O. Gloag cherche à montrer que Camus n’aurait pas toujours cherché à empêcher les exécutions d’indépendantistes algériens condamnés à mort. Pour ce faire, il cite un extrait du récit de Gisèle Halimi, Le Lait de l’oranger (Gallimard, 1988), qui semble aller dans ce sens : « Ce jour-là, il me refusait toute aide. Brièvement et sans fioritures. » La cause semble tellement entendue qu’il prend bien soin de souligner ce refus. Pourtant, si O. Gloag avait pris la peine de poursuivre la lecture de ce passage, il aurait eu l’honnêteté de reconnaître que Camus a finalement donné son accord à Halimi qui plaidait, aux côtés de Dechézelles – chez qui elle rencontre l’écrivain à l’été 1956 –, en faveur de Badèche Ben Hamdi, orthographié dans son récit Mohammed Ben Hamdi, accusé d’avoir assassiné Amédée Froger, porte-voix des ultras « Algérie française », le 28 décembre 1956 à Alger – on peut lire à ce propos l’historienne Sylvie Thénault, Les Ratonnades d’Alger, 1956 (Le Seuil, 2022). Cet attentat, fomenté par un réseau messaliste, ne sera pas revendiqué par le MNA en raison des divisions de l’organisation nationaliste et des manifestations racistes qui ont suivi cette action.
    Cet épisode, sciemment biaisé par O. Gloag, lui permet d’écrire que « l’opposition de Camus à la peine de mort est donc conditionnelle : il ne veut pas intervenir pour ceux qu’il considère comme terroristes (p. 117). » C’est là un nouveau raccourci pour le moins douteux car il suffit de se pencher sur les écrits et les démarches de Camus pour infirmer ou nuancer ce propos. En effet, dans une lettre adressée le 25 mars 1955 au militant trotskiste Daniel Renard, l’écrivain adhère au Comité pour la libération de Messali Hadj et des victimes de la répression, sans s’interdire d’exprimer sa réprobation du terrorisme :

    « Vous pouvez du moins, dans votre action actuelle, utiliser mon nom chaque fois qu’il sera question de faire libérer des militants arabes ou de les mettre à l’abri des répressions policières. Mais dans la mesure où mon opinion peut intéresser nos camarades arabes, je compte sur vous pour leur faire savoir que je désapprouve totalement le terrorisme qui touche aux populations civiles. (J’ai la même opinion du contre-terrorisme naturellement.) Le seul résultat de ces méthodes aveugles est en effet, j’ai pu le constater, de renforcer puissamment la réaction colonialiste et de réduire à l’impuissance les français libéraux dont la tâche est aujourd’hui de plus en plus difficile. »

    Cette prise de position, énoncée quelques mois avant l’Appel pour une trêve civile en Algérie – qui ne semble guère intéresser O. Gloag –, et à travers lequel Camus cherchait à « assurer la protection de civils innocents » dans un contexte de montée aux extrêmes, est conforme aux principes défendus par Camus qui était déjà intervenu pour dénoncer la répression colonialiste, avant le déclenchement de l’insurrection le 1er novembre 1954, par exemple à l’occasion du procès des membres de l’Organisation spéciale, la branche paramilitaire du mouvement messaliste. Le « grand écrivain » – rangé, pour la circonstance, parmi les « personnalités démocratiques françaises », dont Claude Bourdet et André Mandouze – avait alors adressé au président du tribunal de Blida une lettre dont un extrait sera publié dans L’Algérie libre, le 8 novembre 1951 :

    « On peut au moins dire, en effet, en ce qui concerne les hommes qui sont devant vous qui risquent de douloureuses condamnations que, s’il est possible un seul instant de soupçonner qu’ils aient pu être victimes de détention arbitraire ou de sévices graves, dès cet instant, ils nous faut souhaiter de toutes nos forces que la Justice de notre pays refuse de sanctionner si peu que ce soit, par une condamnation, des actes si intolérables. La cause de la France en ce pays, si elle veut garder un sens et un avenir, ne saurait être que celle de la justice absolue. Et la justice, en cette occasion, pour être absolue, ne peut se passer de certitudes absolues. Et une accusation qui aurait eu la faiblesse de s’appuyer sur des sévices policiers jetterait immédiatement un doute sur la culpabilité qu’elle prenait à charge, pourtant, de démontrer. »

    De même, l’écrivain réagira, dans une lettre parue dans Le Monde daté des 19 et 20 juillet 1953, au massacre des travailleurs algériens à Paris, et qui sera notamment exhumé par l’ouvrage de Maurice Rajsfus, 1953, un 14 juillet sanglant (Agnès Viénot, 2003) :

    « Quand on constate encore que la plupart des journaux (le vôtre est parmi les exceptions) couvrent du nom pudique de “bagarres” ou d’ “incidents” une petite opération qui a coûté sept morts et plus d’une centaine de blessés, quand on voit enfin nos parlementaires, pressés de courir à leurs cures, liquider à la sauvette ces morts encombrants, on est fondé, il me semble, à se demander si la presse, le gouvernement, le Parlement, auraient montré tant de désinvolture dans le cas où les manifestants n’auraient pas été Nord-Africains, et si, dans ce même cas, la police aurait tiré avec tant de confiant abandon. Il est bien sûr que non et que les victimes du 14 juillet ont été un peu tuées aussi par un racisme qui n’ose pas dire son nom. »

    Évidemment, ces prises de position ne cadrent pas avec la grille d’analyse d’O. Gloag. Autant les occulter : c’est plus commode. L’essayiste préfère aller sur un terrain qu’il pense plus favorable à sa thèse mais qui trahit une fois de plus son ignorance en la matière. Ainsi, l’auteur avance, au sujet de la « torture de militants indépendantistes par l’État français via son armée » (p. 122), qu’il s’agit d’une « pratique dont Camus ne parle pas, qu’il refuse de condamner publiquement ». L’écrivain s’en était pourtant expliqué dans l’avant-propos à ses Chroniques algériennes (Gallimard, 1958) dont il faut citer le long passage suivant pour en saisir la portée et les limites :

    « Et quelle est cette efficacité qui parvient à justifier ce qu’il y a de plus injustifiable chez l’adversaire ? À cet égard, on doit aborder de front l’argument majeur de ceux qui ont pris leur parti de la torture : celle-ci a peut-être permis de retrouver trente bombes, au prix d’un certain honneur, mais elle a suscité du même coup cinquante terroristes nouveaux qui, opérant autrement et ailleurs, feront mourir plus d’innocents encore. Même acceptée au nom du réalisme et de l’efficacité, la déchéance ici ne sert à rien, qu’à accabler notre pays à ses propres yeux et à ceux de l’étranger. Finalement, ces beaux exploits préparent infailliblement la démoralisation de la France et l’abandon de l’Algérie. Ce ne sont pas des méthodes de censure, honteuses ou cyniques, mais toujours stupides, qui changeront quelque chose à ces vérités. Le devoir du gouvernement n’est pas de supprimer les protestations même intéressées, contre les excès criminels de la répression ; il est de supprimer ces excès et de les condamner publiquement, pour éviter que chaque citoyen se sente responsable personnellement des exploits de quelques-uns et donc contraint de les dénoncer ou de les assumer.

    Mais, pour être utile autant qu’équitable, nous devons condamner avec la même force, et sans précautions de langage, le terrorisme appliqué par le FLN aux civils français comme, d’ailleurs, et dans une proportion plus grande, aux civils arabes. Ce terrorisme est un crime, qu’on ne peut ni excuser ni laisser se développer. Sous la forme où il est pratiqué, aucun mouvement révolutionnaire ne l’a jamais admis et les terroristes russes de 1905, par exemple, seraient morts (ils en ont donné la preuve) plutôt que de s’y abaisser. On ne saurait transformer ici la reconnaissance des injustices subies par le peuple arabe en indulgence systématique à l’égard de ceux qui assassinent indistinctement civils arabes et civils français sans considération d’âge ni de sexe. Après tout, Gandhi a prouvé qu’on pouvait lutter pour son peuple, et vaincre, sans cesser un seul jour de rester estimable. Quelle que soit la cause que l’on défend, elle restera toujours déshonorée par le massacre aveugle d’une foule innocente où le tueur sait d’avance qu’il atteindra la femme et l’enfant.

    Je n’ai jamais cessé de dire, on le verra dans ce livre, que ces deux condamnations ne pouvaient se séparer, si l’on voulait être efficace. C’est pourquoi il m’a paru à la fois indécent et nuisible de crier contre les tortures en même temps que ceux qui ont très bien digéré Melouza ou la mutilation des enfants européens. Comme il m’a paru nuisible et indécent d’aller condamner le terrorisme aux côtés de ceux qui trouvent la torture légère à porter. La vérité, hélas, c’est qu’une partie de notre opinion pense obscurément que les Arabes ont acquis le droit, d’une certaine manière, d’égorger et de mutiler tandis qu’une autre partie accepte de légitimer, d’une certaine manière, tous les excès. Chacun, pour se justifier, s’appuie alors sur le crime de l’autre. Il y a là une casuistique du sang où un intellectuel, me semble-t-il, n’a que faire, à moins de prendre les armes lui-même. Lorsque la violence répond à la violence dans un délire qui s’exaspère et rend impossible le simple langage de raison, le rôle des intellectuels ne peut être, comme on le lit tous les jours, d’excuser de loin l’une des violences et de condamner l’autre, ce qui a pour double effet d’indigner jusqu’à la fureur le violent condamné et d’encourager à plus de violence le violent innocenté. S’ils ne rejoignent pas les combattants eux-mêmes, leur rôle (plus obscur, à coup sûr !) doit être seulement de travailler dans le sens de l’apaisement pour que la raison retrouve ses chances. »

    Les lecteurs honnêtes l’auront compris : non seulement Camus parle de la torture mais il la dénonce également en répondant à ceux qui la défendent au nom de l’efficacité. Or, loin de s’en tenir là, il réprouve dans le même mouvement la censure et réitère sa condamnation du terrorisme en s’appuyant sur deux exemples historiques (populisme russe et anticolonialisme indien) pour mieux inscrire sa réprobation dans une perspective résolument émancipatrice. À ce rappel de principes cardinaux s’ajoute la dénonciation de l’hypocrisie en vigueur chez les intellectuels et militants de la gauche française qui, tout en s’opposant à la torture exercée par les autorités françaises, demeuraient néanmoins silencieux face aux atrocités perpétrées par des éléments du FLN, comme ce fut le cas lors du massacre de Melouza-Beni Illemane dirigé fin mai 1957 contre des sympathisants du MNA. À l’époque, en dehors de la minorité anticolonialiste favorable aux messalistes, seule une dizaine d’ « adversaires du gouvernement », parmi lesquels Robert Barrat et Jean Daniel, osa interpeller les indépendantistes dans un texte relayé en juin 1957 dans La Révolution prolétarienne :

    « Sans remettre en question les positions qu’ils ont pu prendre sur le fond politique du problème algérien – et notamment sur la nécessité de mettre fin par une négociation rapide au véritable massacre d’innocents qu’est devenue la guerre d’Algérie – ils lancent un appel instant aux dirigeants du FLN et de l’ALN pour que ceux-ci désavouent publiquement de pareils procédés de combat et mettent tout en œuvre pour qu’il y soit définitivement renoncé. »

    Or, ce climat n’est guère retranscrit dans Oublier Camus qui, faisant abstraction des rapports de forces en perpétuelle évolution dans le champ politico-médiatique français, empêche de saisir la valeur des prises de parole détachées de leur contexte d’énonciation. C’est sans doute pourquoi il vaut mieux « relire vraiment Camus », et sans doute oublier Gloag au passage, pour comprendre le drame qui s’est joué au siècle dernier sur le dos des plus démunis – on ne soulignera jamais assez la violence hypocrite des guerres « françaises » menées par factions « algériennes » interposées, de la lutte de libération nationale à la « guerre civile » des années 1990 – et celui qui se poursuit, aujourd’hui encore, en France, en Algérie, en Israël, en Palestine et partout ailleurs. Et c’est la raison pour laquelle il devient plus évident de se réconcilier avec Camus quand il énonce ce que peut être le rôle des intellectuels.

    Pour conclure, mais sans tout à fait clore la discussion, deux pièces manquent encore au dossier comme c’est souvent le cas chez les anticamusiens comme chez les procamusiens. Contrairement aux intellectuels de la gauche française qui ont gardé le silence sur les violences fratricides entre nationalistes algériens – quand ils ne sont pas allés jusqu’à légitimer l’éviction du courant messaliste par les moyens les plus répréhensibles –, Camus a rédigé un court texte, daté d’octobre 1957 et paru dans le numéro de novembre de La Révolution prolétarienne :

    « Puisque je m’adresse à des syndicalistes, j’ai une question à leur poser et à me poser. Allons-nous laisser assassiner les meilleurs militants syndicalistes algériens par une organisation qui semble vouloir conquérir, au moyen de l’assassinat, la direction totalitaire du mouvement algérien ? Les cadres algériens, dont l’Algérie de demain, quelle qu’elle soit, ne pourra se passer, sont rarissimes (et nous avons nos responsabilités dans cet état de choses). Mais parmi eux, au premier plan, sont les militants syndicalistes. On les tue les uns après les autres, et à chaque militant qui tombe l’avenir algérien s’enfonce un peu plus dans la nuit. Il faut le dire au moins, et le plus haut possible, pour empêcher que l’anticolonialisme devienne la bonne conscience qui justifie tout, et d’abord les tueurs. »

    Le problème soulevé par Camus, qui évoque l’Algérie future – dont il sous-entend qu’elle peut être indépendante –, porte sur les méthodes employées au nom de sa libération – à savoir les assassinats et le terrorisme –, la place des syndicalistes – et donc de la lutte des classes : ce « post-scriptum » servira de référence au Comité de solidarité et de défense des syndicalistes algériens – ainsi que le respect des minorités – par conséquent des libertés démocratiques – dans ce processus. Ce faisant, il se retrouve du côté de la gauche pro-messaliste – ce qui est plus facile pour lui en raison du refus de la direction du MNA d’employer et de légitimer la violence contre les civils – qui publie dans ce contexte un « Appel à l’opinion », rédigé à l’initiative de Jean Cassou – relayé le 17 octobre 1957 dans La Vérité et signé par André Breton, Daniel Guérin, Edgar Morin, etc. – dans lequel nous pouvons lire :

    « Il appartient, certes, aux nationalistes algériens de diriger eux-mêmes leur lutte, et nous n’avons jamais prétendu leur donner de conseils. Mais il est une forme de paternalisme aussi pernicieuse que nous rejetons : c’est celle qui consiste à approuver tout ce que font les nationalistes, quels qu’ils soient, même si leurs actes visent à des fins et usent de méthodes anti-démocratiques. »

    C’est à ce genre de textes, surgis d’une époque révolue, que l’on mesure le degré de décomposition du mouvement ouvrier et révolutionnaire, ainsi que le recul de principes élémentaires dans la réflexion et l’engagement public. Car contrairement à ce qu’écrit O. Gloag, Camus n’a donc pas refusé de s’impliquer dans le conflit algérien (p. 93). Il l’a fait à maintes reprises, par les moyens qu’il jugeait les plus conformes à son éthique – même si cela peut nous paraître insuffisant ou ambivalent à bien des égards, à l’inverse du texte « La trahison permanente » de Louis Janover et Bernard Pêcheur paru en juin 1961 dans Sédition –, comme l’atteste le soutien apporté à l’appel de Jean Cassou en réponse à l’adresse de Messali du 11 juin 1959 et publié en septembre dans La Révolution prolétarienne :

    « Les Français soussignés, émus par l’appel du leader algérien Messali Hadj en vue de la cessation des luttes fratricides entre Algériens et des attentats terroristes, se joignent à cet appel et protestent contre les procédés qui éloignent chaque jour davantage la conclusion de la guerre d’Algérie, l’apaisement des esprit et l’établissement des conditions meilleures et durables de vie et de progrès pour l’Algérie. »

    Pour tout à fait terminer, je souhaiterais exprimer mon accord avec O. Gloag, au moins sur un point de sa conclusion – intitulée « Camus postmoderne avant l’heure –, quand il y énonce : « Oublier Camus tel qu’on nous le présente, c’est également permettre de jeter un regard plus lucide sur les faux-semblants d’une certaine gauche qui masque insidieusement son racisme et son impérialisme avec une fausse universalité, qui masque aussi la lutte de classe avec un égalitarisme de façade » (p. 140).

    Je ne crois pas être le plus mal placé pour pointer les manquements d’une certaine gauche – même si je doute que nous parlions tout à fait de la même chose –, sauf qu’O. Gloag se trompe complètement quand il cible « cette gauche dont Camus est devenu l’un des emblèmes », sans toutefois avancer les noms d’organisations, de courants ou de personnalités qui auraient peut-être permis de sortir de l’équivoque. S’agit-il des militants de la Fédération anarchiste – qui, il est vrai, sont restés fidèles au souvenir de Camus, à l’instar de Maurice Joyeux qui, le 9 novembre 1978, témoigne de son amitié dans Le Monde libertaire – ou des rédacteurs de L’Humanité, qui sont les deux seules institutions de gauche mentionnées en introduction (p. 15) ? Ou alors est-ce plutôt le fait que la popularité de Camus autorise toutes sortes d’appropriations, plus ou moins fallacieuses ? Si tel avait été l’objet du livre d’O. Gloag, celui-ci aurait été salué pour avoir fait œuvre de salubrité publique. Mais en caricaturant à l’excès tous les travers de l’intelligentsia autoritaire, Oublier Camus ne contribuera en rien à l’œuvre de reconstruction exigée par cette époque réactionnaire. Et il faut s’inquiéter de sa réception élogieuse dans certains espaces politico-médiatiques francophones. Car, ainsi que l’écrivait Dechézelles, « critiquer ne veut point dire calomnier ».

    Nedjib SIDI MOUSSA
    24 décembre 2023.

  • Plus de 6 000 soldats blessés : Un défi de taille pour le système de santé - The Times of Israël
    https://fr.timesofisrael.com/plus-de-6-000-soldats-blesses-un-defi-de-taille-pour-le-systeme-de

    « J’ai été blessé pour mon pays dans une guerre à l’intérieur de Gaza. Je suis fier. »

    Mais Kleiman, qui a lui-même été blessé lors d’une opération dans la bande de Gaza au début des années 1990, pense que les autorités ne saisissent pas la gravité de la situation.

    • l’hypothèse officiellement privilégiée, l’EI plus qu’Israël
      https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/04/l-iran-frappe-par-l-attentat-le-plus-meurtrier-depuis-la-revolution-islamiqu

      Peu après le double attentat de Kerman, sur le réseau social X, le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, la plus haute autorité du pays, a menacé les responsables des explosions d’une « réponse ferme ». Le président, Ebrahim Raïssi, a promis que les services de sécurité iraniens « identifieront et puniront bientôt les auteurs de cet acte lâche ». Aucun de ces deux dirigeants n’a pointé du doigt un pays étranger ou un groupe militaire en particulier. Jeudi matin, le ministère de renseignement iranien n’avait pas encore attribué la responsabilité des deux explosions.

      Esmail Qaani, le successeur de Ghassem Soleimani, a accusé « des éléments soutenus par les Etats-Unis et le régime sioniste [Israël, dans la phraséologie officielle iranienne] » d’être à l’origine des explosions à Kerman. Mais, à Téhéran, peu d’officiels ont mis en cause les Etats-Unis ou Israël , deux ennemis jurés du régime iranien. Mercredi, le département d’Etat américain a rejeté l’accusation de M. Qaani. « Nous n’avons aucune raison de croire qu’Israël a été impliqué dans cette explosion », a déclaré Matthew Miller, le porte-parole de la diplomatie américaine, lors d’un point de presse. « Cela ressemble à une attaque terroriste, du type de celles que l’#EI a commises par le passé, et, pour autant que nous le sachions, c’est en quelque sorte, je pense, notre hypothèse de départ à l’heure actuelle », a dit un haut responsable américain, dans des propos rapportés par l’agence Reuters.

      Beaucoup d’experts pointent, en revanche, du côté de l’EI. Pays majoritairement chiite et dirigé par une élite appartenant à la même obédience, l’#Iran a été touché, à de multiples reprises, par des attaques, dont plusieurs ont été attribuées à l’EI. En juin 2017, le groupe avait ainsi revendiqué, pour la première fois, des actions simultanées à Téhéran, l’une près du mausolée du fondateur de la République islamique, Ruhollah Khomeyni, et l’autre au Parlement iranien. Ce double attentat avait tué dix-sept personnes.
      Un an plus tard, lors d’un défilé militaire à Ahvaz, ville située dans le sud-ouest de l’Iran, des hommes armés ont tiré sur les soldats, tuant vingt-cinq personnes. La dernière attaque revendiquée par l’organisation Etat islamique a été menée en octobre 2022, au sanctuaire de Chah-Tcheragh, à Chiraz, ville du sud du pays, lorsqu’une fusillade a tué quinze personnes. L’EI avait ensuite menacé de mener d’autres attaques en Iran. De leur côté, les dirigeants iraniens annoncent très souvent le démantèlement des réseaux appartenant à cette organisation et l’arrestation de plusieurs de ses membres dans le pays.

      Depuis le 7 octobre 2023, Téhéran a exprimé son soutien au Hamas, tout en affirmant n’avoir joué aucun rôle dans l’organisation de l’attaque en Israël. Pour le moment, la République islamique d’Iran prend soin de ne pas s’engager dans une guerre ouverte avec Israël et son allié indéfectible, les Etats-Unis. Mais ses « proxys » (alliés) ne cessent de défier ces deux pays sur plusieurs fronts.

      Condamnations internationales
      Au Liban, les échanges de tirs entre le Hezbollah et l’Etat hébreu le long de la frontière israélo-libanaise, devenus quotidiens, se sont intensifiés depuis l’assassinat de Saleh Al-Arouri, le 2 janvier. En Syrie et en Irak, les forces américaines ont été prises pour cible plus de cent fois par des militants soutenus par l’Iran. Dans la mer Rouge, les rebelles yéménites houthistes attaquent des navires marchands qu’ils estiment « liés à Israël ». Le 1er janvier, la marine américaine est intervenue au sud-ouest d’Hodeïda (le premier port du Yémen, aux mains des houthistes) pour détruire trois des quatre embarcations utilisées par le mouvement rebelle qui cherchaient à attaquer un navire commercial.

      Par le passé, Israël aurait certes procédé à des assassinats en Iran, sans jamais les revendiquer, mais ils ont toujours été ciblés. En novembre 2020, Mohsen Fakhrizadeh, acteur-clé du programme nucléaire de Téhéran, a été tué en plein jour à Absard, une petite ville à l’est de Téhéran. Quelques mois plus tard, le quotidien américain New York Times a révélé que cet assassinat avait été mené par une mitrailleuse de haute technologie pilotée à distance et cachée dans un pick-up stationné au bord de la route. Avant lui, au moins quatre autres scientifiques nucléaires iraniens ont été tués à Téhéran : Massoud Ali Mohammadi et Majid Shahriari, en 2010, Darioush Rezaeinejad, en 2011, et Mostafa Ahmadi Roshan, en 2012.
      Les explosions de Kerman ont été condamnées unanimement par la communauté internationale. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé « les responsables à rendre des comptes ». Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a « condamné cette attaque terroriste dans les termes les plus forts » et « exprimé [sa] solidarité avec le peuple iranien ».
      Alors que les inquiétudes grandissent quant à une possible extension régionale de la guerre à Gaza, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, devait commencer jeudi une nouvelle tournée au Moyen-Orient, qui le conduira notamment en Israël, mais aussi dans des capitales arabes. Ce déplacement sera son quatrième dans la région depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
      Ghazal Golshiri

    • Quand Israël créait un groupe terroriste pour semer le chaos au Liban - Rémi Brulin
      https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/quand-israel-creait-un-groupe-terroriste-pour-semer-le-chaos-au-liban,24

      Dans les années 1979-1982, le gouvernement israélien a créé au Liban une organisation qui a commis de très nombreux attentats terroristes. Dans son livre Rise and Kill First : The Secret History of Israel’s Targeted Assassinations, traduit en français sous le titre Lève-toi et tue le premier (Grasset, février 2020), le chroniqueur militaire israélien Ronen Bergman revient, entre autres, sur cet épisode qui reste largement occulté.

    • D’abord actes de vengeance aveugle, en réaction au massacre d’une famille israélienne de Nahariya par un commando palestinien, ces opérations ont eu pour objectif, après 1981, de pousser Yasser Arafat à attaquer Israël, en violation du cessez-le-feu négocié par les Etat-Unis, pour justifier une invasion militaire au Liban.

  • Comme je suis désormais un vieux con, je suis de plus en plus distant des phénomènes de mode qui touchent les jeunes. Et souvent assez épaté par le fait que les jeunes ont encore beaucoup trop d’argent à dépenser (si j’en crois les modes promues par les interwebz).

    Un iPad Pro pour dessiner. C’est apparemment une mode qui est passée, mais il y a cinq ans, tout·e adolescent·e réclamait à ses parents un iPad Pro pour dessiner avec Procreate.

    Alors que c’est total le pied de dessiner et peindre en traditionnel. À moins d’être professionnel et d’avoir des impératifs de production, ça me semble vraiment difficile de justifier en quoi un iPad pro c’est mieux que du papier. Et c’est même pas très agréable, en fait.

    Si on veut vraiment faire du numérique, et comme forcément on a déjà un ordinateur, ben z’y va une petite tablette graphique pas trop chère (genre petite Wacom) et une application qui fera tout pareil que Procreate, vraiment c’est un truc à essayer. Le fait que tu ne « dessines » pas directement sur l’écran semble insurmontable pour un·e ado, alors qu’en fait pas du tout (pendant des années c’est comme ça que faisaient les illustrateurs qui bossaient en numérique).

    Et sinon, ben les papiers, les crayons, les encres, les aquarelles, les gouaches, et tout et tout, c’est génial, c’est extrêmement sensible et gratifiant. Et ça coûte tout de même beaucoup moins cher qu’un iPad Pro. (Et si tu veux numériser tes œuvres, un scanner A4 d’excellente qualité, ça coûte 80 euros neuf de nos jours.)

    Un clavier mécanique avec des touches qui font « clac-clac ». Ah la vache : ils arrivent à fourguer à des gens qui ont des PC sous Windows des clavier qui coûtent encore plus cher que des clavier Apple, sans que plus personne ne trouve ça ridicule.

    Alors des claviers qui font clac-clac, j’en ai eu pendant des décennies, je tapais des bouquins sous TeX, alors j’en ai usé et c’est pète-couille d’être 8 à 10 heures par jour sur un clavier qui fait clac-clac (après, je dis pas, à force de monter et descendre les doigts d’un gros centimètre et demi à chaque lettre, te voilà prêt à interpréter du Rachmaninov au piano). Et franchement, les vidéos de types qui te jurent que ce clavier à 450 euros c’est une qualité de frappe incomparable, pfiou je trouve ça vertigineux.

    Si tu cibles le djeunes très très con, tu mets des LED RGB sous les touches, comme ça ça fait des lumières qui donnent envie de vomir en plus de faire clac-clac, et tu appelles ça un « clavier gamer » (note en passant : ce qu’on appelle « gamer », c’est tout ce qui tourne sous Windows et qu’on essaie de vendre plus cher que du Apple, mais en moche avec des LED fluo).

    L’appareil photo argentique. Depuis un ou deux ans, le djeuns qui fait des photos en ville se fait un devoir de se promener avec un vieux Nikon à papa parce que la « photo argentique », c’est trop mieux que le numérique. Alors là non. Par la force des choses j’ai commencé avec un appareil photo avec de la pellicule dedans, et non ça n’est pas « mieux ». C’est juste plus chiant et beaucoup plus cher.

    Alors je comprends le kif de développer des photos noir et blanc dans sa salle de bain, je comprends le kif de trimballer un moyen-format pour faire des paysages… mais par contre tu me convaincras pas que ton 35mm avec des pellicules Fuji périmées, ça a le moindre intérêt.

    Surtout : jamais tu me convaincras que c’est une façon d’apprendre à faire de la photo. Parce que le fait de devoir attendre pour développer, d’avoir une pellicule à sensibilité unique, le prix extravagant par photo, c’est un frein absolu pour apprendre la technique de la prise de vue (vitesse / ouverture / sensibilité). Ça fait de la photo « artistique » uniquement parce que tu fais des photos ratées, pas parce que tu maîtrises le truc.

    Et purée, vraiment : mais ça coûte la peau du cul, l’argentique. Entre la pellicule et le développement, ben merde alors, t’en as pour au moins un euro à deux euros par photo (y compris les photos ratées).

    Et si tu ne développes pas tes photos dans ta baignoire, tu perds totalement la maîtrise du développement (ce qui est au contraire la puissance irremplaçable du développement de fichiers Raw en numérique).

    Les objectifs anamorphiques. Alors ça c’est pour le jeune geek avec un bel appareil hybride-qui-fait-vidéo : filmer en 16/9e c’est ringard. Tu as un ordinateur qui permet de faire du montage en 4K, qui parvient à compresser ta vidéo Youtube en moins d’une demi-heure par minute de film, bravo : maintenant il te faut un objectif anamorphique.

    Parce que c’est plus « cinématique ».

    Yeah. Tu as trop de sous, et pourtant tu n’es pas encore un dentiste à la retraite.

    Les objectifs à grande ouverture pour exploser le bokeh d’arrière-plan. Alors ça ça me semble une mode qui est plus ou moins passée. Sans doute parce qu’acheter un réflex numérique avec un objectif qui ouvre de folie qui arrivent à produire du flou d’arrière-plan parfaitement légitime, ça coûte désormais moins cher qu’un smartphone neuf qui fait un flou d’arrière-plan factice et assez merdique.

    Alors maintenant ce n’est plus faire du bokeh avec un reflex pas trop cher qui est cool : c’est d’avoir un « look cinématique » avec un smartphone à 1500 euros.

  • On a de la vedette à #Montpellier :
    https://www.midilibre.fr/2023/12/31/legion-dhonneur-les-artistes-montpellierains-mathilde-monnier-et-vincent-b

    Mathilde Monnier et Vincent Bioulès : deux artistes montpelliérains distingués dans l’ordre de la Légion d’honneur, à l’occasion de la traditionnelle promotion du 1er janvier, dévoilée ce dimanche 31 décembre et publiée au Journal officiel.

    Vincent Bioulès, on est assez fans, dans la famille, depuis qu’on a visité l’exposition qui lui était consacrée au musée Fabre en 2019 :
    https://musee.info/Vincent-Bioules

    #y’a_d’la_vedette

    • Toi qui croyais que Napoléon était un dictateur assoiffé de sang et de pouvoir, tu vas pourtant avoir l’insigne honneur grâce à lui de mettre tes filles ou tes petites filles ou même tes arrières petites filles (sauf si t’es pas français et dans ce cas tu dois demander au grand maitre) dans des écoles qui leur sont réservées pour qu’elles apprennent les manières honorables c-a-d à être de bonnes reproductrices mariées et croyantes et tout ça en uniforme uniforme. Faut avant accepter de te la faire accrocher à la boutonnière même si la liste des pourritures avec légion d’honneur ne donne vraiment pas envie d’en être décoré.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_d'%C3%A9ducation_de_la_L%C3%A9gion_d'honneur

      L’Empereur, dans une lettre du 15 mai 1807, donna lui-même les grandes lignes de l’éducation qu’il voulait procurer aux jeunes filles : « Élevez-nous des croyantes et non des raisonneuses. » Il préconisait des études simples, visant à « maîtriser la vanité qui est la plus active des passions du sexe » et à faire en sorte que les élèves deviennent des mères de famille modestes.

      #sapin #foutaises #éducation #fillettes

  • Sur France Info : le reportage le plus indigne du réveillon - Contre Attaque
    https://contre-attaque.net/2023/12/31/sur-france-info-le-reportage-le-plus-indigne-du-reveillon

    Sur France Info : le reportage le plus indigne du réveillon
    31 décembre 2023Extrême droite, Guerre, Médias dominants, Moyen Orient, Nos articles favoris
    Cette année, France Info est sur le podium des titres les plus monstrueux et indécents du réveillon. « Les Israéliens se préparent à un réveillon morose » titre le média de service public, ce 31 décembre 2023. Ce reportage commence par : « à Tel-Aviv, l’esprit n’est pas à la fête pour ce passage à l’année 2024 ».

    La distance entre Tel Aviv et Gaza est de 74 kilomètres, moins que la taille d’un département français. On peut sans doute y entendre la détonation des bombes d’une tonne larguées sur la population palestinienne.

    Pourtant, France Info nous raconte que Katy, patronne de restaurant, n’aura pas de DJ dans son établissement ce soir, et que Ofir, autre commerçant, va peut être perdre du chiffre d’affaire ce réveillon. Terrible. Nous sommes sommés de compatir avec des restaurateurs israéliens pendant qu’un peuple meurt.

    C’est déjà indécent quand, en France, les médias aux ordres tentent de nous faire pleurer pour des petits patrons qui perdent du chiffre d’affaire pendant les grèves, ça l’est encore plus ici. À quelques kilomètres de Tel-Aviv, la population de Gaza est effacée et meurt dans la famine, les bombes et l’effroi.

    Nous subissons la propagande interne d’un pays en guerre comme si la France était elle-même en guerre. Israël est l’alpha et l’oméga de l’actualité. Et le pire, c’est que les « journalistes » Willy Moreau et Sandrine Mallon qui ont pondu ce sujet ne se rendent sans doute même pas compte de leur inhumanité. Ils ont totalement intégré que 10.000 vies palestiniennes restent négligeables par rapport à une soirée sans DJ en Israël. Il faut bien comprendre qu’une rédaction d’un grand média public national s’est dit qu’il était pertinent et utile de mettre des moyens pour un tel sujet, que c’était normal, légitime. La banalité du mal est intacte.

    France Info avait déjà titré le 14 décembre que 2023 était l’année où le nombre de journalistes tués était « au plus bas niveau » depuis 20 ans, reprenant les mensonges de l’association Reporters Sans Frontières, sans aucun travail d’enquête, alors qu’une centaine de journalistes ont été tué en Palestine. Une négation absolue d’allumer de crimes répétés contre la presse.

    Le 26 novembre, France Info écrivait après une descente néo-nazie dans un quartier de Romans-sur-Isère en représailles à la mort du jeune Thomas : « un militant de 20 ans hospitalisé après avoir été agressé par des jeunes ». D’entrée de jeu, l’information principale n’était pas que des néo-nazis aient attaqué un quartier pour frapper des noirs

    Sur le même registre, au 20 heures, sur France2, il y a deux jours le speaker a terminé son édition en évoquant les guerres dans le monde, dixit « en Ukraine et en Israël ». Dans le genre invisibilisation des colonisés qu’on extermine, c’est quand même gratiné.

    Au moment du confinement, ne supportant plus le rituel du JT, on a coupé net le cordon avec la « télé de service public » (on ne regarde la TV que très épisodiquement sur une tablette) et là, avec cette nouvelle tentative, on ne peut pas dire que ça donne envie de s’y remettre.

  • Le passage entre Gaza et l’Égypte « doit être entre nos mains », lance Netanyahu

    https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231230-en-direct-population-gaza-r%C3%AAve-fin-des-affrontements-treve-humanit

    Publié le : 30/12/2023 - 20h25

    « Nous devons discuter de colonies dans la bande de Gaza », plaide le ministre israélien des Finances

    Bezalel Smotrich a déclaré dans un entretien télévisé qu’après le démantèlement du Hamas, Israël devrait prendre le contrôle civil de Gaza. « Nous devons discuter de colonies dans la bande de Gaza », a-t-il ajouté, comme le rapporte le journal Haaretz. Selon le ministre, Israël doit encourager les habitants de l’enclave à partir volontairement : « Nous devons les aider à partir et trouver des pays qui accepteront de les accueillir, cela devrait être l’effort national. Nous serons obligés de gouverner là-bas pendant une longue période, car fuir la terreur encourage la terreur », estime-t-il.

    20h10 : La zone frontalière entre Gaza et l’Égypte « doit être entre nos mains », assure Benyamin Netanyahu

    Le Premier ministre israélien a déclaré en conférence de presse que la zone frontalière entre Gaza et l’Égypte, actuellement sous contrôle du Caire, devrait être sous contrôle israélien. Cette zone « doit être entre nos mains », a-t-il lancé. Il faut que le passage « soit fermé » à ses yeux. « Il est clair que tout autre arrangement ne garantirait pas la démilitarisation que nous recherchons », ajoute M. Netanyahu.

    Concernant par ailleurs les Houthis yéménites, « j’ai discuté avec de nombreux dirigeants de la nécessité d’établir une coalition internationale pour maintenir la liberté de navigation internationale en Égypte. Je salue la formation de cette coalition. Mais en aucun cas, nous ne permettrons que cette menace nuise aux citoyens israéliens ou à l’économie israélienne », explique le chef du gouvernement.

    « Quant à l’Iran, poursuit-il, l’Iran est à la tête de l’axe du mal et de l’agression contre nous sur différents fronts. Cette agression est dirigée non seulement contre Israël mais contre le monde libre tout entier. Nous agissons contre l’Iran tout le temps, partout et de toutes les manières, et je n’entrerai pas dans les détails. » Selon M. Netanyahu, « tout le monde comprend aujourd’hui que la menace iranienne sera multipliée par plusieurs si l’Iran possède l’arme nucléaire ».