Socialter, le magazine de l’économie nouvelle génération

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    • Je tiens quand même à préciser que je ne remets pas le recyclage en question : dès lors que l’objet a eu une utilité et une vie longue, il est tout à fait normal de vouloir le recycler ! Le problème, c’est l’instrumentalisation de ce processus. Une partie de la responsabilité pèse sur les acteurs économiques qui ont fondé leur modèle sur le jetable et qui, logiquement, mettent en avant le recyclage. Les premières campagnes de sensibilisation sur le tri ont d’ailleurs été menées par des industriels de la boisson aux États-Unis, mais aussi en France. Leurs intérêts économiques sont tellement liés au jetable que le recyclage est pour eux le seul moyen de préserver leur fonctionnement. Aujourd’hui, la marque H&M donne non seulement des bons d’achats pour chaque ancien vêtement rapporté afin de pousser à la consommation, mais elle déculpabilise sa clientèle en expliquant que ces vêtements seront recyclés. Or, à l’échelle globale, moins de 1 % des vêtements sont recyclés pour devenir de nouveaux vêtements. Enfin, il y a en effet ce biais, expliqué dans les travaux de Monic Sun et Rémi Trudel, deux chercheurs de l’université de Boston, qui ont fait des expériences sociales pour montrer que le recyclage avait une connotation tellement positive qu’elle pouvait nous amener à surconsommer une ressource qui nous était proposée.

  • « Clowns », « Khmers verts »... Manuel de décryptage du discours #anti-écolo
    http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/924/_clowns___khmers_verts__manuel_de_dcryptage_du_discours_anti_colo

    Grattez le vert et vous aurez donc du brun… ou du rouge. Car l’argument fonctionne aussi avec le #communisme. Ici, ce n’est pas tant la politique de l’URSS en la matière qui est convoquée qu’une resucée du combat très années 1970 des « nouveaux philosophes », emmenés par Bernard-Henri Lévy et André Glucksmann, contre le #totalitarisme rouge – soviétique ou chinois. Dans Le Nouvel Ordre écologique, Luc Ferry affirme que l’« #écologie profonde » d’Arne Næss « plonge certaines de ses racines dans le #nazisme et pousse ses branches jusque dans les sphères les plus extrêmes du gauchisme culturel ». Vingt-sept ans plus tard, l’ancien ministre n’en démord pas. Dans Le Figaro, où il tient un billet hebdomadaire, Luc Ferry s’est déchaîné tout l’été contre les écologistes. En juillet : « Après la chute du communisme, la haine du #libéralisme devait absolument trouver un nouveau cheval. […] Il fallait d’urgence trouver autre chose pour continuer le combat. Miracle ! L’écologisme fit rapidement figure de candidat idéal. » Puis, en août, à propos des théoriciens de l’effondrement : « C’est désormais l’écologisme radical qui, sous les couleurs de “l’effondrisme” (quel mot ridicule !), prend le relais de leur anticapitalisme, c’est lui qui poursuit l’idéal antilibéral du gauchisme et du tiers-mondisme défunts. » C’est ce qu’on appelle être fidèle à ses idées.

    • Mais vous l’aurez compris, avant même de parler de nazisme ou de haine des hommes, le discours anti-écologie se nourrit d’abord d’un inépuisable carburant : la mauvaise foi.

      Et la diffamation aussi, peut-être ...

      On peut ne pas toujours être d’accord avec le discours de Greta Thunberg, les attaques ad personam de Michel Onfray à son encontre sont abjectes. De plus, cette petite crapule autoproclamée philosophe évite bien sûr d’aborder la problématique de fond.

  • #Décroissance #aéronautique : ne pas céder aux sirènes de l’éco-kérosène
    http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/923/dcroissance_aronautique__ne_pas_cder_aux_sirnes_de_lco_krosne

    La volonté même de recourir à des « #éco-carburants » pose question lorsqu’il s’agit clairement de soutenir le #tourisme lointain, premier pourvoyeur en passagers. En effet, si tant est qu’existent un jour des carburants « verts », leur but premier, comme celui de toute #énergie renouvelable, devrait être de se substituer aux #ressources fossiles, non de permettre de nouveaux usages ou d’accroître ceux existants. Or les intentions mentionnées précédemment s’appuient sur le programme Corsia dont l’objectif affiché est le soutien de la #croissance immodérée du secteur #aérien, qui affichait sans vergogne un quadruplement du trafic d’ici 30 ans au prix d’un triplement de la #consommation énergétique (4).

    La lutte contre le changement climatique n’a aucune chance d’aboutir favorablement si l’on poursuit l’empilement énergétique. En outre, les carburants renouvelables actuels, tous confondus, ne représentent que quelques pourcents des consommations d’essence, de gazole et de fioul : la priorité d’usage d’hypothétiques nouveaux carburants « verts » se doit d’être celle d’usages essentiels, incompressibles, le reste (en l’occurrence le tourisme de masse à travers le monde) devant « quoi qu’il en coûte » décroître.

  • Les pratiques écocitoyennes, une nouvelle forme de distinction sociale ?
    http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/919/les_pratiques_cocitoyennes_une_nouvelle_forme_de_distinction_sociale_

    Les injonctions écologiques visent à rendre les individus plus soucieux des conséquences sur l’#environnement des gestes les plus ordinaires du quotidien : se déplacer, se chauffer, se nourrir... Elles sont promues par l’Etat mais largement abandonnées à la logique des marchés, celle de l’offre et de la demande. Ce faisant, elles en appellent à la seule responsabilité individuelle dans l’adoption de comportements plus durables. Ainsi, il appartiendrait à chacun de réformer son mode de vie pour résoudre les problèmes environnementaux.

    […]

    Si l’on passe de l’individu aux classes sociales, on peut constater que le mode de vie des plus fortunés est peu compatible avec une idéologie invitant à la modération et à la sobriété matérielle. Ce constat est d’autant plus vrai que les catégories aisées sont, en dépit des tentatives d’accroître l’acceptabilité environnementale de leurs modes de vie, à la fois celles qui génèrent le plus d’impacts négatifs sur l’environnement et celles qui en subissent le moins. Dans ces milieux délivrés des soucis financiers, il s’agit de maintenir le niveau de confort sans accroître la pollution mais aussi de marquer son rang dans l’espace social.

    #écologie #classes_sociales @antonin1

    • Ceux que j’ai appelé les « désargentés aux études longues » affichent une attitude très conforme à la morale écologique : désintérêt, mise en exergue des interdépendances générationnelles et de l’impact négatif des activités humaines sur la planète. Souvent en situation de déclassement intergénérationnel ou professionnel, ces enquêtés (terme désignant les individus étudiés dans le cadre d’une enquête sociologique, ndlr) à haut niveau de diplôme ne voient généralement pas les restrictions matérielles immédiates comme un renoncement mais plutôt comme une privation volontaire.

      Les injonctions environnementales semblent ajustées aux conditions matérielles et symboliques d’existence de ces individus car elles présentent l’avantage éthique de donner une signification positive à l’autolimitation et plus généralement au déclassement matériel. En matière de protection de l’environnement, bien faire revient, dans bien des cas, à moins faire ou ne pas faire du tout. Les injonctions environnementales sont donc en phase avec la frugalité du mode de vie de ces individus prédisposés par leur capital culturel à s’affranchir des conceptions matérialistes du bonheur.

      #déclassement
      Histoire de ma vie !

  • La continuité pédagogique, cheval de Troie de la numérisation de la vie
    http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/889/la_continuit_pdagogique_cheval_de_troie_de_la_numrisation_de_la_vie

    Morceaux choisis :

    Poussés par leur sens du devoir, leur conscience professionnelle, leur désir de soutenir leurs élèves et d’agir, comme les personnels de santé, au service du bien commun, beaucoup d’enseignants ont cherché à réaliser cette continuité pédagogique, certains s’en félicitent alors que d’autres s’épuisent et déplorent la surcharge de travail.

    En licence de sociologie et d’anthropologie à l’Université Paris 8, à peine 25 % de la population étudiante déclare posséder un accès à internet fiable et sans interruption permettant de télécharger sereinement ; en Licence et Master de sociologie à l’Université de Grenoble, 47 % déclarent être en capacité (technique et économique) d’étudier à distance ; à l’Université de technologie de Belfort-Montbéliard, entre 15 % et 45 % des élèves ingénieurs ne peuvent suivre de la vidéo synchrone ; à l’UTC, école d’ingénieur compiégnoise, 10 % se disent pénalisés par une connexion internet insuffisante.

    De nombreuses personnes font ainsi part de leur difficulté à trouver un lieu de travail isolé, puisque les bibliothèques, aujourd’hui largement dévolues au travail personnel, sont fermées

    L’enjeu ne se limite pas aux inégalités d’accès ou de travail, car le confinement est un cheval de Troie pour la numérisation généralisée des relations sociales. Les magnats du numérique, GAFAM et autres rapaces maquillés en philanthropes, ne s’y sont pas trompés, et ont immédiatement rivalisé de « générosité » en offrant leurs services bien souvent gratuitement aux gouvernements.

    Les entreprises du secteur ont bien saisi que le confinement met le pied des établissements à l’étrier du numérique : leur philanthropie mise sur le cliquet d’irréversibilité que pourrait bien produire la quarantaine généralisée.

    La façon dont la continuité pédagogique a été pensée et mise en place, dans l’urgence et la précipitation, révèlent d’ailleurs combien il s’agit d’un mythe. Au lieu d’imaginer et de créer d’autres rapports au savoir et à la transmission, les innovations numériques ont été imposées sans réelle préparation, à travers un processus essentiellement vertical et technocratique, ignorant de l’inventivité pédagogique de terrain, reproduisant en bref les pires aspects de l’éducation nationale de l’ère Blanquer.

    Mais quelles réponses proposer face l’enthousiasme numérisateur et les politiques publiques qui l’encourage ? Comment ne pas laisser le terrain libre au solutionnisme technologique simpliste ? Dans le domaine de l’éducation il serait possible de demander des soutiens spécifiques pour les étudiants boursiers ou salariés, le remboursement des frais exigés par certaines formations sélectives dans Parcourssup, l’arrêt des notes et examens, le report des concours, etc

    #continuitepedagogique #education

  • Le privilégié n’a pas attendu le coronavirus pour pratiquer la distanciation sociale
    http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/887/le_privilgi_na_pas_attendu_le_coronavirus_pour_pratiquer_la_distanciation_

    Pour l’auteur et essayiste François Bégaudeau, la crise sanitaire révèle en creux, plutôt que l’égoïsme, l’insensibilité des classes privilégiées. …

  • Obfuscation : est-il possible de se camoufler sur internet en 2019 ?
    http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/801/obfuscation__est_il_possible_de_se_camoufler_sur_internet_en_2019

    À l’heure du capitalisme de surveillance, la vie privée est devenue la denrée du commerce des données. Pour retrouver un peu d’anonymat sur le web, il existe des outils : bloqueurs de publicités et extensions anti-traqueurs. Un essai propose une autre stratégie : l’obfuscation.

    Alors que le dernier roman d’Alain Damasio, Les Furtifs (ed. La Volte), imagine un futur dystopique où les données personnelles sont utilisées pour bercer les citoyens dans un “technococon”, on peut se demander s’il est nécessaire – ou même possible – de camoufler son activité sur internet.

    Car la captation des données personnelles est devenue le modèle économique d’un certain nombre de géants du numérique. C’est une comparaison qui a fait florès ces dernières années : les données seraient devenues notre nouveau pétrole, renfermant un potentiel extraordinaire comme un lot de problèmes. Reste que, contrairement au pétrole, la matière première des données personnelles, c’est nous.

    Multiplier les signaux parasites pour camoufler une trace : et si c’était la meilleure manière de rester anonymes sur internet aujourd’hui ? L’essai d’Helen Nissenbaum et Finn Brunton, Obfuscation, La vie privée, mode d’emploi (C&F éditions) propose une réponse au “contexte de surveillance généralisée” qu’ils dénoncent : l’obfuscation. L’idée est relativement simple : “l’obfuscation consiste à produire délibérément des informations ambiguës, désordonnées et fallacieuses et à les ajouter aux données existantes afin de perturber la surveillance et la collecte des données personnelles”.
    Comprendre l’obfuscation

    Le livre propose plusieurs exemples concrets pour illustrer cette stratégie de résistance née bien avant internet. Utilisons une métaphore : c’est un peu comme cacher les étoiles avec un feu d’artifice. Pour faire plus concret, prenons une scène emblématique du péplum Spartacus (1960) : les soldats romains demandent aux esclaves rebelles d’identifier leur chef pour qu’ils puissent le crucifier ; alors que Spartacus (incarné par Kirk Douglas) s’apprête à se dénoncer, les autres esclaves l’entourent et chacun proclame : “Je suis Spartacus”.

    Si cet exemple date un peu, et relève de l’action collective, l’obfuscation propose d’adopter aujourd’hui cette méthode de saturation sur internet dans le but de “provoquer une révolution” contre la captation des données. Helen Nissenbaum et Finn Brunton détaillent quelques moyens de pratiquer l’obfuscation aujourd’hui.

    L’application TrackMeNot, qu’Helen Nissenbaum a contribué à développer, permet ainsi de saturer un moteur de recherche. Le but n’est pas de “dissimuler les recherches effectuées par l’usager, [mais de] brouiller les pistes par le bruit généré avec d’autres recherches”. Ainsi, si vous recherchez “où sortir à Paris”, l’application peut simultanément entrer les requêtes “chaussures pour enfant”, “meilleures pizzas de Lyon” ou “lampe halogène télescopique”.

    Autre exemple : l’extension AdNauseam (Helen Nissenbaum a également travaillé dessus), qui clique sur toutes les publicités affichées par un navigateur. En conséquence, il devient impossible de savoir lesquelles intéressent vraiment un internaute.
    Rendre le pistage plus onéreux

    Établir le profil d’un utilisateur devient ainsi une tâche bien plus ardue. L’obfuscation ne permet pas de disparaître complètement, mais joue avec un ingrédient clef : le temps. “Les coffres impossibles à forcer n’existent pas. Leur résistance se mesure en temps - c’est-à-dire combien de temps faut-il à un perceur [...] pour les ouvrir”.

    Lorsque des bots Twitter ont saturé les discussions sur les irrégularités des élections Russes en 2011 en utilisant le même hashtag que ceux qui les dénonçaient, il ne s’agissait pas d’effacer les protestations. Les messages parasites rendaient le traitement de l’information plus chronophage : lorsque tout était tiré au clair, il était trop tard pour que l’information soit utilisable.

    L’idée est la même pour le profil d’un internaute : l’obfuscation ne propose pas d’effacer la trace, ni de la rendre invisible. Simplement, le pistage devient plus complexe, donc plus onéreux pour les entreprises, donc moins rentable. Or, le ciblage se justifie (aujourd’hui) avant tout par un motif économique, ce qui fait d’ailleurs dire à la chercheuse Shoshana Zuboff que nous sommes entrés dans l’ère du “capitalisme de surveillance”.
    Une question de morale

    La pratique de l’obfuscation, puisqu’elle relève du resquillage, soulève plusieurs questions.

    Est-ce que c’est malhonnête ? Les auteurs justifient que nous vivons dans un contexte “d’asymétrie informationnelle”, reprenant le concept développé par Frank Pasquale dans son essai The Black Box Society (2015). Selon Helen Nissenbaum et Finn Bruton, “la collecte de données personnelles et leur exploitation sont faites dans des circonstances incompréhensibles, avec des finalités opaques et selon des modalités mystérieuses”. Ce n’est pas parce qu’un utilisateur utilise un moteur de recherche qu’il consent (sciemment) à ce qu’on accède à toutes ses données personnelles. Dès lors, puisque le contrat est biaisé d’un côté, il peut être braconné (pour reprendre un concept de Michel de Certeau) de l’autre.

    Est-ce que c’est responsable d’un point de vue écologique ? Chaque recherche a un coût énergétique – et génère donc son lot d’émissions de CO2 ; on pourrait donc supposer qu’une abondance de requêtes aurait un impact écologique néfaste. “Pour défendre TrackMeNot des accusations de gâchis, argumente l’essai, nous pouvons montrer que l’usage que fait cette application du réseau internet est insignifiant par rapport au trafic généré par les images, les fichiers audios, et les vidéos”. En d’autre termes : non, ce n’est pas écologique, mais c’est un moindre mal. Toutefois, si l’obfuscation était pratiquée non de manière marginale, mais en masse, les conséquences en termes de consommation de bande passante seraient problématiques.

    Est-ce que c’est respectueux vis-à-vis des autres internautes ? Un utilisateur qui passe entre les mailles du filet continuera de profiter (presque) gratuitement des services parce que les autres paient pour lui en laissant leurs données être exploitées. Là, il devient plus épineux de répondre. La justification serait que l’obfuscation est une arme du faible, qui s’adresse d’abord à “ceux qui oeuvrent au niveau local, aux usagers lambda et à la marge du système, qui ne sont pas en position de dire non”.

    Une efficacité qui varie selon le contexte

    Produire quelques données parasites qui seront vite englouties par les géants du big data peut, selon les auteurs du livre, avoir un impact : tout dépend des objectifs de l’obfuscateur, de ceux de son adversaire, et des moyens employés par les deux parties dans l’affaire. Selon que l’on souhaite “gagner du temps”, “fournir une couverture”, “brouiller le profilage” ou encore “exprimer [sa] révolte”, on ne répond pas aux mêmes maux.

    Prenant en compte l’évolution du contexte, Finn Brunton estime qu’aujourd’hui, l’une des grandes forces de l’obfuscation demeure la provocation : “L’idée, c’est aussi de ruiner la valeur des données. Lorsque nous avons publié ce livre, nous étions animés par un sentiment de colère. Il est sans doute encore plus grand aujourd’hui.”

    Selon Thomas Bourgenot, chargé de plaidoyer de l’association Résistance à l’agression publicitaire, “l’obfuscation est une stratégie intéressante comme outil de résistance individuel. Appliquée à l’échelle collective, ce serait peut-être plus efficace, mais également très énergivore.”
    D’autres outils pour se camoufler

    Il existe une stratégie qui peut se coupler à l’obfuscation : tenter le pari de l’invisibilité. Parmi la myriade d’extensions qui proposent de protéger des traqueurs, Résistance à l’Agression publicitaire en recommande deux : “Privacy Badger et uBlock font très bien le travail. S’équiper d’autres modules en complément n’est pas nécessaire, et risque de nuire au bon fonctionnement du navigateur”. D’autant que certaines extensions sont douteuses : “AdBlock était recommandable pendant un temps ; puis ils ont créé l’idée de publicités acceptables. Ils ne filtrent pas certaines publicités, notamment celles de Google, or c’est Google qui les finance.” De même, l’association a découvert que Ghostery “utilise les données collectées pour les revendre à d’autres organismes”.

    Si ces solutions constituent un pis-aller acceptable pour se camoufler sur internet, c’est plutôt le système dans son ensemble qu’il faudrait remettre en question : “L’obfuscation ne remet pas en cause le problème de la publicité ciblée ; nous souhaiterions que les sites cessent de mettre des trackers sur leurs pages, continue Thomas Bourgenot. Par ailleurs, si l’on souhaite arrêter d’être pistés, il faut se passer des GAFAMs. Ce sont toutefois des pratiques plus solidement ancrées, qui seront plus lourdes à changer.”

    Pour espérer vraiment naviguer sur internet l’esprit libre, il faudrait donc se tourner du côté du web alternatif et des logiciels libres : adopter toute la galaxie d’applications proposées par Framasoft, remplacer le moteur de recherche de Google par celui de DuckDuckGo, Qwant ou SearX, ou encore utiliser le relais ToR. Autant de moyens de bricoler en attendant une réaction politique qui permette d’imposer une régulation au niveau collectif.

    #C&F_éditions #Obfuscation #Helen_Nissenbaum #Finn_Brunton

    • Ne reculant devant aucune mission, Usbek & Rica analyse de temps en temps l’origine de mots étranges que les plus de 20 ans ne sont pas forcément en mesure de comprendre. C’est le cas de l’obfuscation. Démarche consistant à brouiller ses traces en ligne, elle est un peu « l’arme du faible » du citoyen qui ne souhaite pas jeter sa vie en pâture aux plateformes et tente de brouiller les pistes comme on affiche un poker face. Les scandales récurrents concernant les données personnelles devraient lui assurer un bel avenir. Encore faudrait-il que ça marche…

      https://usbeketrica.com/article/obfuscation
      http://trackmenot.io

  • « Une perte de sens totale » : le malaise grandissant des jeunes ingénieurs face au climat
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/04/16/une-perte-de-sens-totale-le-blues-des-jeunes-ingenieurs-face-au-climat_54509

    Tiraillés entre les réalités des entreprises et l’impératif climatique, de jeunes ingénieurs disent vivre une « dissonance cognitive ». Certains renoncent à une carrière traditionnelle.

    https://www.youtube.com/watch?v=3LvTgiWSAAE

    C’est un discours de remise de diplôme plutôt inhabituel que Clément Choisne, jeune ingénieur de Centrale Nantes, a livré devant ses camarades, le 30 novembre 2018. A contre-courant des discours louangeurs de ce type d’événement, il a choisi de parler de son dilemme : « Comme bon nombre de mes camarades, alors que la situation climatique et les inégalités ne cessent de s’aggraver, que le GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] pleure et que les êtres se meurent : je suis perdu, incapable de me reconnaître dans la promesse d’une vie de cadre supérieur, en rouage essentiel d’un système capitaliste de surconsommation. »

    Devant une assemblée de futurs diplômés, parents, familles, anciens élèves, professeurs, direction et industriels, l’ingénieur de 24 ans a profité de la tribune qui lui était offerte pour se faire le porte-parole d’un malaise que vivent de plus en plus de jeunes diplômés face au réchauffement climatique : « Quand sobriété et décroissance sont des termes qui peinent à s’immiscer dans les programmes centraliens, mais que de grands groupes industriels à fort impact carbone sont partenaires de mon école, je m’interroge sur le système que nous soutenons. Je doute, et je m’écarte. » La vidéo, qui a fait plus de 270 000 vues sur YouTube, est l’un des nombreux échos de ce désarroi éprouvé par les jeunes diplômés face à un monde économique qu’ils jugent en décalage avec l’urgence climatique.

    Deux mois plus tôt, en septembre 2018, un groupe d’étudiants issus de grandes écoles prestigieuses, Polytechnique, Ensta, HEC, ENS – lançaient un manifeste en ligne pour appeler les futurs diplômés à soutenir un changement radical de trajectoire. « Au fur et à mesure que nous nous approchons de notre premier emploi, nous nous apercevons que le système dont nous faisons partie nous oriente vers des postes souvent incompatibles avec le fruit de nos réflexions et nous enferme dans des contradictions quotidiennes », écrivaient les auteurs du manifeste.

    Un « manifeste » signé par 30 000 jeunes

    Le texte, signé par plus de 30 000 étudiants, incite les jeunes diplômés à travailler pour des « employeurs en accord » avec les recommandations du manifeste. Depuis, les auteurs de ce texte tentent de capitaliser sur le succès de leur démarche. Ils ont rencontré les cabinets des ministères chargés de la transition écologique, et ont lancé depuis le début de l’année des groupes de travail sur la refonte des programmes de l’enseignement supérieur où l’enjeu climatique est encore trop confiné aux cursus spécialisés.

    A Centrale Nantes, 330 élèves ingénieurs ont signé ce manifeste, « près de 25 % des étudiants de l’école », précise Romain Olla, étudiant en deuxième année et qui a participé à une étude pour mesurer le niveau de connaissance et d’intérêt suscité par la question climatique au sein de la communauté centralienne. Dans ce sondage, une question portait sur l’importance du comportement en matière de bilan carbone des entreprises lors de la recherche d’un stage ou d’un premier emploi. « 89 % des personnes qui ont répondu estiment que ce comportement est important et 38 % déclarent qu’ils pourraient refuser un emploi, voire même ne pas postuler à une offre, si l’entreprise a un mauvais bilan en matière de réchauffement climatique », souligne Romain Olla.
    Le boycott des entreprises qui polluent comme arme de chantage à l’embauche ? Une idée qui fait son chemin chez les jeunes ingénieurs sensibles à la question climatique. Nous avons rencontré plusieurs ingénieurs, tout juste diplômés, qui préfèrent « prendre le temps de réfléchir à leurs responsabilités », ou « faire un pas de côté » en évitant de travailler pour des entreprises qu’ils estiment « coupables ». D’autres, négocient des temps partiels, s’engagent dans des associations, des services civiques ou réfléchissent à prolonger leur engagement dans la recherche.

    « La décision de Nicolas Hulot m’a bouleversé, dans la mesure où elle faisait écho aux tergiversations qui furent les miennes »

    Clément Choisne a joint le geste à la parole. Il est depuis quelques mois professeur contractuel de physique chimie dans un lycée à Nantes. « J’ai grandi au Mans, je viens d’un milieu ouvrier et je suis celui qui a obtenu le plus haut niveau d’études dans ma famille. Etre admis dans une grande école d’ingénieurs, c’était la promesse de faire carrière », explique-t-il. Il lui a fallu trois ans d’études et plusieurs stages dans des entreprises de « transition écologique » pour prendre conscience que le développement durable était une notion « dépassée », selon lui : « Cela donne l’illusion qu’on peut continuer à vivre avec le même modèle économique en y ajoutant une touche verte ». La stratégie des « petits pas » et les contradictions du monde économique le découragent : « La décision de Nicolas Hulot m’a bouleversé, dans la mesure où elle faisait écho aux tergiversations qui furent les miennes. »
    Paul (le prénom a été changé), diplômé de Centrale Lyon, a vécu ce qu’il nomme sa « dissonance cognitive », c’est-à-dire le fait d’être en contradiction avec soi-même. En CDD dans un grand groupe industriel spécialisé dans la construction, il est recruté pour développer un secteur qu’il pense vertueux : l’éolien. Mais voilà, les objectifs de rentabilité priment sur l’enjeu écologique : « il fallait gagner des appels d’offres et in fine mon boulot consistait à vendre du béton ». Lorsque son supérieur lui propose un CDI après dix mois de travail, il préfère décliner. « Je sentais déjà mon malaise dans cette fonction d’ingénieur commercial. J’avais besoin de prendre de la hauteur, sur moi et sur le système dans lequel je m’inscrivais », explique-t-il aujourd’hui.

    Maiana Houssaye, 23 ans, diplômée de Centrale Lyon, évoque elle aussi une « perte de sens totale » et la même dissonance cognitive lors d’un stage en Nouvelle-Zélande, dans une entreprise de biotechnologies. Pendant son année à l’étranger, elle voyage en Asie et se rappelle de son sentiment d’écœurement en nageant dans une mer de plastique à Bali. « Je crois que j’ai fait un burn-out. Mon envie d’agir s’est déclenchée à ce moment-là. J’ai préféré prendre du temps et me déclarer au chômage volontaire pour comprendre la complexité du réchauffement climatique et réfléchir à ce que je pouvais faire », raconte-elle.
    Voilà plusieurs mois qu’elle voyage en France à la rencontre d’ingénieurs qui ressentent « le même malaise ». La réalité se rappelle parfois à elle, un peu abrupte. Alors que ses camarades de promo touchent des salaires, Maiana est retournée vivre chez ses parents à Salies-de-Béarn, dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle donne des cours de physique-chimie en attendant de créer ou choisir un métier qui lui convienne, « en étant honnête et consciente de ses effets sur la société, la nature, le monde ».

    Sentiment d’urgence

    « Je constate, au fil de mes recherches sur la colère des jeunes depuis 2012, que ce sentiment d’urgence face à la catastrophe écologique est de plus en plus prégnant, confirme Cécile Van de Velde, professeure de sociologie à l’université de Montréal et maître de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Cette génération a un rapport au temps particulier : ils ressentent la finitude du monde. En 2008, c’était la crise économique et sociale qui structurait la colère. Aujourd’hui, ce malaise est plus profond, plus intime. » La chercheuse reconnaît dans cette posture le refus d’un héritage trop lourd à porter. C’est aussi « l’autre versant » de la colère des classes populaires : « chez cette jeunesse bien informée, bien formée et qui a des ressources, il y a un refus de transmission du système ».

    Les grandes écoles observent depuis plusieurs années cette quête de sens dans l’orientation de leurs diplômés. Néanmoins, « le pas de côté en dehors du monde du travail » est « ultraminoritaire », assure Frank Debouck, directeur de Centrale Lyon, dont « 99 % des diplômés sont en emploi ». Au niveau national, les taux d’insertion à la sortie des grandes écoles battent des records pour les ingénieurs : 71,9 % des jeunes diplômés travaillent, selon l’enquête insertion 2018 de la Conférence des grandes écoles (CGE). Seulement 2,1 % des sondés se déclarent « sans activité volontairement ». « De plus en plus de Centraliens choisissent des petites structures où ils comprennent ce qu’ils font et pourquoi ils sont là. Il y a quinze ans, 50 % d’une promotion s’orientait directement dans les grands groupes », précise le directeur. « Maiana est une lanceuse d’alerte. Mais tout le monde ne peut pas être lanceur d’alerte. C’est bien de crier, mais qu’est-ce qu’on fait après ? », interroge-t-il.
    A Centrale Nantes, le directeur Arnaud Poitou a écouté avec intérêt le message « surprise » de Clément Choisne lors de la cérémonie de remise des diplômés. « Voilà un acte de courage » estime-t-il. Il reçoit depuis plusieurs mois des sollicitations de ses élèves pour identifier les entreprises qui polluent et celles qui ont une forte empreinte carbone. « C’est une demande à laquelle je ne peux souscrire. Je ne peux pas leur dire quelles sont les bonnes et les mauvaises entreprises », admet-il.
    « On ne peut pas avoir une posture moralisatrice de l’extérieur. Pour infléchir ces grands groupes industriels vers des trajectoires écoresponsables, il faut être à l’intérieur »

    A Polytechnique, ils sont 611 à avoir signé le manifeste, soit 25 % des effectifs. Un vrai signal dans cette école très proche traditionnellement des milieux industriels et des postes de pouvoir. Philippe Drobrinski, directeur d’un laboratoire à Polytechnique et climatologue, s’en réjouit : « A mes élèves, je dis toujours : “vous êtes la première génération à prendre conscience de l’urgence à agir, et la dernière génération à pouvoir faire quelque chose”. » Pour autant, « on ne peut pas avoir une posture moralisatrice de l’extérieur. Pour infléchir ces grands groupes industriels vers des trajectoires écoresponsables, il faut être à l’intérieur », tranche le chercheur. Amaury Gatelais, étudiant des Mines ParisTech, estime aussi que le boycott des entreprises n’est pas une bonne idée : « Si tous les plus convaincus et les plus écolos fuient les entreprises comme Total, il ne restera plus que ceux intéressés par l’argent et donc qui ne feront rien pour le réchauffement climatique ».

    Promis à un brillant avenir, que feront, demain, ces bons élèves des grandes écoles ? Paul raconte qu’il a renoué avec une certaine créativité, absente de ses longues études : « c’est une des clés pour tenter de s’adapter aux prochains changements climatiques et sociétaux qui bouleverseront notre confort et pour penser la civilisation suivante. Comment rendre cool et séductrice une société plus sobre énergétiquement ? Comment montrer que faire du vélo, c’est bon pour la santé ? Que prendre l’avion, ce sera un truc rare dans une planète où vivent sept milliards d’êtres humains ? » Clément Choisne aimerait créer au Mans un « espace de solidarité ». Un lieu où l’on pourrait parler de jardins potagers urbains, de modèles décroissants. Dans son discours à Centrale, il a choisi de conclure en citant l’anthropologue américaine Margaret Mead : « N’oubliez jamais qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés peut changer le monde. »

  • Gentrification : pourquoi même les bobos quittent Paris
    http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/766/gentrification__pourquoi_mme_les_bobos_quittent_paris

    ... 5 000 à 6 000 logements (...) se construisent chaque année, secteurs social et privé confondus. (...) On compte aujourd’hui à Paris 100 000 logements entièrement vacants et 100 000 résidences secondaires. Sur un total de 1,4 million de logements,...

  • Pablo Servigne : « L’effondrement a déjà commencé »
    http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/748/pablo_servigne__qleffondrement_a_dj_commencq

    Bien sûr, il y a toute une filiation intellectuelle : ça fait près de cinquante ans que le Club de Rome dit que le système peut s’effondrer. On n’a pas la certitude absolue qu’un effondrement va se produire – et encore moins une date certaine. Mais c’est de plus en plus évident et imminent. En réalité, ça a déjà commencé. Peut-on éviter « un » effondrement (c’est une question piège) ? Qu’entend-on par effondrement ? Il faut selon moi voir cela comme une succession de catastrophes, ponctuelles dans le temps et dans l’espace, sur fond de dégradation globale et irréversible. On a malheureusement tendance à percevoir l’effondrement comme un seul événement, en faire une singularité dans le temps, ce qui biaise l’analyse et empêche d’y répondre correctement au niveau imaginaire, émotionnel, politique… S’il est trop tard pour beaucoup de choses, il n’est pas trop tard pour limiter les dégâts. Il n’est jamais trop tard pour se mettre en action.

  • La cité du futur sera végétale ou ne sera pas !

    #Hugo_Meunier, fondateur de la startup #Merci_Raymond (http://merciraymond.fr), signe ici une tribune pour nous inviter à réintégrer le végétal dans nos villes. Une évolution nécessaire pour nos villes et qui présente de nombreux avantages sociaux et environnementaux.

    En 2050, 70% des 9 milliards d’habitants que comptera la population mondiale vivra en milieu urbain. Effritement des liens sociaux, conséquences néfastes sur le bien-être et la santé des habitants, réchauffement climatique, pollution atmosphérique… ce phénomène de concentration urbaine va inévitablement s’accompagner de problématiques importantes auxquelles les agglomérations devront faire face.

    Si changer le visage des villes est une démarche longue et complexe, notamment en France en raison de notre patrimoine historique et des traditions architecturales, on constate déjà l’apparition de nombreuses innovations centrées sur le végétal. Des innovations qui devront, pour rendre la vie quotidienne des urbains moins anxiogène, dessiner le visage de nos quartiers dans les prochaines années.

    Fermes maraîchères, #toits_potagers, cultures en sous-sol… le quartier sera productif

    Il est primordial d’améliorer l’usage de nos #espaces_publics à travers l’installation de lieux productifs partout où cela est possible. Friches, toitures, sous-sols… les innovations en termes de productions maraichères permettent déjà la mise en place de potagers dans ces différents endroits, qui restent encore souvent inoccupés.

    Il est ainsi possible de développer de véritables fermes productives urbaines intégrant des innovations comme les panneaux verticaux. Ce type de ferme verticale ne consomme que le strict minimum des ressources naturelles nécessaires à son bon fonctionnement grâce à un système intelligent et permet ainsi une production locale d’herbes aromatiques et de petits fruits et légumes sur nos toits.

    D’autres formes de cultures innovantes comme l’#aquaponie (culture de végétaux en symbiose avec des poissons) ou l’#hydroponie (culture hors-sol via un substrat inerte) offrent la possibilité de produire micro-pousses et légumes dans des endroits clos comme les sous-sols !

    Autant de méthodes permettant de développer l’agriculture urbaine et par la même occasion une consommation en circuit-courts de produits ultra-frais. Un écosystème de quartier qui entraînera de fait une meilleure connaissance des habitants sur la localité des fruits et légumes et leur saisonnalité (lorsqu’ils sont produits en extérieur), essentielle au mieux-consommer.

    Espaces verts et #jardins_partagés, la nature au service du bien-être et du lien social

    Ces dernières années, de nombreuses études ont constaté que la présence de végétaux en ville a un impact considérable sur le bien-être des individus : diminution du stress ressenti, amélioration des capacités de concentration et de patience, source de motivation à la pratique d’activités physiques (vélo, course à pieds)… Il a même été prouvé que commencer par regarder une plante en se levant permet de passer une meilleure journée.

    Or, nos villes manquent aujourd’hui cruellement d’espaces verts : Paris compte seulement 8% d’espaces végétalisés, après Londres (12%) et Montréal (25%). Il est donc essentiel de redonner une place de choix à la nature dans le milieu urbain, via la création de nouveaux espaces verts d’une part, mais également à travers la mise en place de jardins partagés.

    Ces lieux d’échange et de partage, au-delà des actions pédagogiques qui peuvent y être menées, permettent de recréer du lien social ainsi qu’une forme de solidarité entre les habitants d’un même quartier (qui souvent se croisent sans se connaître) à travers une action positive : le jardinage. La multiplication de ces potagers communs pourrait même à terme créer de nombreuses vocations de jardiniers urbains, notamment parmi la jeune génération de plus en plus en quête de sens dans son travail.
    Lutte contre la pollution et agrothérapie, le vert comme outil de santé publique

    Si les plantes possèdent d’innombrables vertus, la réintégration massive des végétaux au sein de nos villes pourrait notamment lutter efficacement contre deux des principaux enjeux environnementaux de notre époque : la pollution atmosphérique et le réchauffement climatique.

    Via la photosynthèse, les végétaux ont la capacité d’absorber les gaz polluants de manière très efficace : une seule plante suffit pour dépolluer 10m2 ! Mais le végétal pourrait également être un frein efficace à l’augmentation exponentielle des températures en ville.

    Outre l’ombre des arbres, l’évapotranspiration des végétaux permet de rafraîchir l’air en l’humidifiant et évite ainsi la création d’îlots de chaleur. Une augmentation de la surface végétalisée parisienne de 34 % permettrait par exemple de perdre jusqu’à 2 °C lors d’une canicule semblable à celle de 2003[1], et par là même de diminuer la mortalité en ces périodes de fortes chaleurs.

    Les espaces verts sont donc un véritable outil de santé publique, améliorant aussi bien l’état de santé autodéclaré des habitants que leur état diagnostiqué par un médecin. Une hausse de 10 % de la densité d’espaces verts ferait même économiser à la Sécurité Sociale près de 100 millions d’€ par an du fait de la réduction de l’asthme et de l’hypertension.

    De nouvelles méthodes de soins telles que l’agrothérapie – qui consiste à traiter les patients à travers la nature et les plantes – pourraient également être mis en place dans les hôpitaux de nos villes.

    Un quartier vert serait donc synonyme d’habitants bien portants - aussi bien physiquement que mentalement – qui s’entraident davantage, redonnent du sens à leur vie quotidienne et consomment local. Un paysage qui peut certes paraître utopique et qui ne sera rendu possible qu’à la condition que chacun agisse à son échelle et que nos pouvoirs publics prennent réellement conscience de l’étendue des bienfaits de la nature en ville.

    Une chose est sûre : nous disposons, aujourd’hui déjà, de tous les moyens techniques pour créer les villes et quartiers de demain !

    http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/738/tribune_la_cit_du_futur_sera_vgtale_ou_ne_sera_pas_
    #agriculture_urbaine #villes #urban_matter #production_alimentaire #espace_public #quartiers #nature_en_ville #alimentation #Recherche-action_participative

  • "Il existe deux Internets : celui des « précurseurs » et celui des classes populaires"
    http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/709/qil_existe_deux_internets__celui_des_qprcurseursq_et_celui_des_classes_pop

    Ce qui est frappant, c’est que les milieux populaires participent très peu en ligne. Sur Internet, la prise de parole est très fortement associée au niveau de diplôme. Des enquêtes comme celle menée par Trevor Pinch et Filip Kesler montre ainsi que la plupart des top reviewers d’Amazon sont des hommes, très diplômés… Aujourd’hui la vraie fracture est ici, au niveau de la participation et de la production en ligne. C’est comme si maintenant tout le monde avait Internet, mais que certains s’en servaient pour faire des choses que les autres n’osent pas faire. Je pense à une femme qui voulait se remarier et qui me racontait qu’elle avait trouvé beaucoup d’aide sur un forum. Je lui ai demandé si elle avait posté des questions. Elle m’a répondu : « Non mais il y avait une femme qui posait toujours les questions que je me posais. Je pouvais lire les réponses et ça me convenait. » Prendre la parole elle-même ne lui semblait pas pensable. 

    Il existe ainsi deux Internets : celui des gens qui innovent, produisent, sont créatifs etc. et l’Internet des classes populaires, qui est un Internet à bas bruit, où l’on communique avec les gens de sa famille et qui est très présent dans la vie, très central – mais qui n’est pas le même que l’autre. Et il n’y a pas d’échanges entre l’internet « précurseur » et l’internet à bas bruit, qui est très très important pour ceux qui l’ont, mais n’est pas ouvert sur autre chose.

    #internet #classes #appropriation_différentielle

  • « Dans le dernier numéro de Socialter, Alain Damasio s’est prêté au jeu du grand entretien. Pouvoir des imaginaires, dangers de la technique [n’importe quoi, on dirait une introduction à un interview de Finkielkraut, la vision de la technique de Damasio est bien plus riche que ça], ambiguïté de la science-fiction, ZAD... Une conversation riche et fouillée, à cheval entre littérature, philosophie et militantisme. »

    http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/682/alain_damasio__qrendre_dsirable_autre_chose_que_le_transhumanismeq

    #philosophie #technique #Internet

    • [...]

      Un exemple ?

      Je prends généralement le GPS comme exemple. Tu arrives à Marseille, tu ne connais rien, tu veux aller à un endroit, le GPS t’y amène. Quand tu fais ça, en réalité, tu ne mémorises rien. Tout est fluidifié, sans efforts, sans tensions, mais tu ne remarques pas qu’à tel endroit il y avait un café bleu, qu’ici tu as longé la mer, qui était de tel côté, que là-bas il y avait les calanques… A contrario, sans GPS, tu habites la ville, tu en fais l’expérience, car tu es obligé de prendre des repères. Ces repères te permettent de faire émerger la ville en toi, de la reconstituer, et c’est une richesse, une puissance. Je pense aussi à Miguel Benasayag qui a dit quelque chose de très beau à propos du portable. On n’est plus jamais seul, on est dans un continuum de connexions et de relations avec nos proches, mais si l’on n’est pas capable de couper par moments, alors on tombe dans la régression vers le stade du bébé où il n’y a plus de distinction entre la mère et l’enfant. On est dans une sorte de fusion relationnelle avec nos proches, mais ça ne permet pas de faire monter le désir qui naît de l’absence, de créer ce moment où tu n’as plus de rapports avec tes proches et tu les fais monter en toi. Quand tu es dans le continuum, tu as le pouvoir toucher tes proches tout le temps, mais tu perds la capacité qu’ils ont de vivre en toi, d’exister en toi et de sentir à quel point ils sont importants.

      [...]

  • [Témoignage] Contre la #malnutrition, a-t-on tout essayé ?
    http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/509/tmoignage_contre_la_malnutrition_a_t_on_tout_essay

    Avec seulement trois écoles publiques, une quarantaine d’écoles communautaires ont vu le jour. Kangemi Ressource Center, qui existe depuis 2008, est un centre éducatif qui permet aux écoles locales d’avoir accès à une bibliothèque, une salle d’ordinateur et de bénéficier de programmes d’éducation, y compris d’éducation à la santé et à l’hygiène (notamment hygiène dentaire et lavage de mains).

    Le centre distribue également de l’eau potable pour les habitants des bidonvilles grâce à un système de filtration. Il s’agit d’un lieu de vie inspirant, animé par de gens passionnés par l’éducation et créé par une femme franco-belge qui a passé une dizaine d’années sur place pour tisser des liens avec les populations locales, des bénévoles et des mécènes.

    Ayant été particulièrement marquée par le succès du programme Nutrissimo Junior en France, je cherchais un support adapté pour les pays en développement afin d’effectuer des formations nutrition/hygiène de façon ludique. Ainsi ai-je identifié le jeu Nutricartes, conçu par des pédiatres français pour apprendre à classer les aliments entre différentes catégories : aliments de construction (protéines animales et végétales), aliments d’énergie (glucides, lipides), aliments de protection (légumes verts, fruits) et les boissons. Avec un plateau de jeu et 150 cartes photos d’aliments, le but est de faire comprendre l’utilité d’une alimentation variée pour grandir et rester en bonne santé. Rien d’autre que du bon sens, mais qui s’avère fort utile dans ce contexte.

    Les futures mères devraient également être sensibilisées à l’importance de l’alimentation des « 1.000 premiers jours »*. C’est durant cette période cruciale que se construit la santé du futur adulte et que la consommation de protéines revêt une importance particulière. Si certaines protéines animales (viande, poisson) sont souvent jugées trop chères pour les populations locales, les œufs sont plus abordables et les protéines végétales (lentilles, pois chiches, haricots…) semblent plus ancrées dans les habitudes alimentaires.

    L’ugali, farine de maïs cuite à l’eau est aussi très répandue dans l’alimentation kényane car elle est peu chère et nourrissante, mais elle a une faible densité nutritionnelle. Aussi convient-il d’expliquer que l’alimentation sert avant tout à apporter des nutriments destinés à donner de la force, des vitamines et de l’énergie, et pas uniquement à assouvir sa faim. Les aliments issus de notre mode de vie occidental ont également fait largement leur apparition, notamment bonbons, gâteaux sucrés et Coca Cola… qui est moins cher que l’eau !