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  • Le partage des dividendes mondiaux de l’année 2022 bat un nouveau record
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/03/01/le-partage-des-dividendes-mondiaux-de-l-annee-2022-bat-un-nouveau-record_616

    Au total, 1 560 milliards de dollars ont été reversés aux actionnaires, en partie grâce aux pétrogaziers. En France, TotalEnergies et LVMH ont été les plus gros distributeurs de dividendes.

    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 01h48, mis à jour à 07h39

    Temps de Lecture 2 min.

    Alors que l’économie mondiale vacille et que l’inflation asphyxie le pouvoir d’achat des particuliers, les entreprises se sont à nouveau montrées généreuses envers leurs actionnaires en 2022. Le montant total des dividendes reversés est ainsi en hausse de 8,4 % dans le monde par rapport à 2021, année qui avait établi un record en raison du rebond de l’activité économique après la crise sanitaire.

    Selon un rapport du gestionnaire d’actifs, Janus Henderson, publié mercredi 1er mars, ce sont 1 560 milliards de dollars (1 475 milliards d’euros environ) de dividendes qui ont été distribués en 2022 grâce aux bénéfices énormes des entreprises, ce qui alimente le débat sur la taxation des superprofits exceptionnels, mais aussi du partage de la valeur avec les salariés.

    Les producteurs de pétrole et de gaz ainsi que les sociétés financières ont représenté la moitié de cette croissance, selon l’indice Global Dividend qui recense les 1 200 plus grosses capitalisations boursières. En raison de la flambée des prix de l’énergie qui a gonflé leurs bénéfices, ils ont « augmenté leurs distributions de plus de 66 %, sous forme de dividendes ordinaires ou extraordinaires », précise le gestionnaire d’actifs.
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    Les banques ont de leur côté continué de bénéficier de la réautorisation des dividendes, après leur gel par la Banque centrale européenne au début de la pandémie : elles ont contribué pour un quart à la hausse globale.
    L’entreprise minière anglo-australienne BHP en haut du podium

    Le secteur du transport maritime a profité de la hausse du fret, en particulier le danois Maersk, celui de l’automobile de la hausse du prix des voitures et le luxe de l’augmentation continue de la demande. Ces deux derniers secteurs sont le « moteur » de la croissance des dividendes en Europe bien que les « versements spéciaux » des énergéticiens français TotalEnergies et norvégien Equinor y aient « également contribué de manière significative ».

    En 2021, les sociétés minières avaient été à l’honneur, avec quatre entreprises dans le top 10 des entités ayant reversé le plus de dividendes. L’année 2022 a vu le prix des matières premières baisser légèrement, faisant diminuer leurs dividendes. Mais l’entreprise minière anglo-australienne BHP reste sur la première marche du podium tandis que son homologue Rio Tinto se maintient à la 7e place.
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    Le podium 2022 est complété par la compagnie pétrolière d’Etat brésilienne Petrobras et le géant de l’informatique américain Microsoft. Viennent ensuite Apple, la banque China Construction, China Mobile, JPMorgan Chase et Johnson & Johnson.

    Douze pays ont enregistré des records de dividendes libellés en dollars, dont les Etats-Unis, le Canada, le Brésil, la Chine, l’Inde ainsi que Taïwan, et plusieurs autres dans leur monnaie, comme la France, l’Allemagne, le Japon et l’Australie.
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    Si les marchés émergents ont enregistré une progression « d’environ un cinquième », les marchés plus traditionnels comme les Etats-Unis ont observé une croissance relativement « inférieure au reste du monde ». Les dividendes avaient bien résisté durant la pandémie dans le pays, qui est aussi moins exposé aux secteurs ayant explosé cette année. Sept des entreprises du top 10 de Janus Henderson restent américaines.

    Nouveau record en vue pour 2023

    Deux secteurs ont fortement contribué à la croissance des dividendes américains : l’énergie (avec un versement exceptionnel important pour Pioneer Natural Resources et d’importants dividendes pour Chevron et Exxon) et les sociétés financières (avec Wells Fargo, Morgan Stanley et Blackstone notamment). Chevron et Exxon ont par ailleurs assorti leurs dividendes d’énormes rachats d’actions, qui ont eux aussi atteint des records en 2022.

    En France, pays qui a le plus contribué à la croissance des dividendes en Europe avec 59,8 milliards d’euros (+4,6 %), TotalEnergies et LVMH ont été les plus gros payeurs de dividendes. Selon Janus Henderson, 88 % des entreprises (95 % en France) ont augmenté ou maintenu leurs dividendes en 2022.
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    « En ce qui concerne l’année à venir, les perspectives de dividendes sont plus incertaines », affirme Jane Shoemake, gérante de portefeuilles, citée dans le communiqué.

    Le gestionnaire d’actifs table tout de même sur un nouveau record de 1 600 milliards de dollars de dividendes distribués, ceux-ci étant « moins volatils que les bénéfices », soit une croissance moins rapide qu’en 2022 (+2,3 %). « L’inflation, l’ampleur des nouvelles hausses de taux et les risques géopolitiques assombrissent l’horizon », ajoute Mme Shoemake.
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    Le Monde avec AFP

  • #Climat : « Certaines des #technologies envisagées pour maintenir habitable la Terre relèvent du #cauchemar »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/05/29/climat-certaines-des-technologies-envisagees-pour-maintenir-habitable-la-ter

    Sur le front du climat, l’information la plus frappante de ces derniers jours n’est ni la sécheresse qui s’installe en France, ni la succession des canicules qui ont mis plusieurs semaines durant des dizaines de millions d’Indiens et de Pakistanais au seuil de l’invivable. Non : l’actualité climatique la plus inquiétante de ces dernières semaines est la création, au sein du Forum de Paris sur la paix, de la #Commission_mondiale_sur_la_gouvernance_des_risques_liés_au_dépassement_climatique. Le lancement de ses travaux, le 17 mai, est passé inaperçu en France, où seul Le Monde, sous la plume d’Audrey Garric, en a rendu compte. Son mandat devrait pourtant retenir toute notre attention.

    La quinzaine de membres de cette commission – anciens commissaires européens, chefs d’Etat ou ministres de pays du Nord et du Sud, diplomates de haut niveau, etc. – se pencheront sur des problématiques qui n’ont jusqu’ici jamais été examinées à un tel niveau. Cette fois, il est officiellement question de réfléchir aux conditions de déploiement de techniques de #géo-ingénierie – c’est-à-dire des méthodes de modification climatique à grande échelle –, non seulement sur leur faisabilité, leurs bénéfices et leurs risques, mais aussi leur gouvernance.

    Le simple fait que ces techniques soient aujourd’hui officiellement mises à l’agenda devrait susciter une profonde inquiétude . Cela signifie d’abord que l’espoir s’estompe de voir le climat terrestre préservé d’une dérive catastrophique. Ensuite, la radicalité de certaines solutions envisagées pour maintenir l’habitabilité d’une Terre surchauffée donne à comprendre la gravité de la situation. Certaines de ces technologies relèvent d’un cauchemar dystopique inimaginable il y a seulement quelques années. Elles sont désormais sur la table – pas encore celle de la diplomatie de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, mais au moins dans son antichambre.

    Un tabou tombé

    « Si la réduction considérable et rapide des émissions doit être l’objectif central de toute politique climatique, l’action collective contre le [réchauffement] doit prendre en compte l’ensemble des réponses possibles pour réduire activement les risques, explique ainsi la nouvelle commission dans sa présentation. Ces options comprennent des mesures d’adaptation considérablement élargies pour réduire la vulnérabilité climatique, l’élimination du carbone pour retirer le dioxyde de carbone de l’atmosphère, et éventuellement la géo-ingénierie solaire pour refroidir la planète en réduisant le rayonnement solaire entrant. »

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    • Pour documenter le sujet :

      Communiqué de presse du Forum de Paris sur la paix

      https://parispeaceforum.org/co%20mmuniques-de-presse/lancement-dune-commission-mondiale-sur-la-gouvernance-des-risques-l

      La page de la commission mondiale sur la gouvernance des risques liés au dépassement climatique (climate overshoot commission) :

      https://www.overshootcommission.org

      Les membres de la commission :
      https://www.overshootcommission.org/commission

      Et à la manœuvre derrière la #dystopie, on retrouve un certain Pascal Lamy, président du forum de Paris sur la paix et ancien directeur général de l’Organisation Mondiale du Commerce que l’on ne présente plus.

    • tabou tombé

      La simple évocation de la géo-ingénierie solaire fait tomber un tabou. Ce principe, proposé en 2006 par le chimiste de l’atmosphère Paul Crutzen, consiste à injecter dans la haute atmosphère des particules aérosols destinées à occulter une part de la lumière du Soleil. Et à faire ainsi baisser le thermomètre mondial. Mais il y aurait un prix à cet endiguement artificiel des températures. Envois réguliers de dizaines de milliers de ballons dans la stratosphère pour y brûler du soufre et y disperser ainsi des particules sulfatées, ou encore déploiement d’une gigantesque flotte d’avions gros-porteurs destinés à larguer chaque année des millions de tonnes de particules à plus de 10 kilomètres d’altitude.
      Sans compter les effets collatéraux prévisibles : perturbation des moussons, baisses locales des précipitations, altération de courants marins, pollution atmosphérique accrue par la retombée des particules fines de la haute atmosphère, etc. Ce « bouclier » n’aurait de plus aucun effet sur l’acidification des océans.

      Perdre le bleu du ciel

      Surtout, il nous mettrait dans une situation dangereuse : qu’au bout de quelques décennies, il devienne impossible, pour cause de guerre ou de crise économique, par exemple, de poursuivre les opérations complexes et coûteuses d’injection de particules dans la stratosphère et les températures remonteraient presque aussitôt, à une vitesse vertigineuse, rendant illusoire toute possibilité d’adaptation. Le rêve démiurgique de contrôle du climat placerait de facto l’humanité dans une situation inédite de dépendance vitale à l’accélération technique.
      Ces questions sont débattues dans la communauté scientifique depuis une quinzaine d’années. Les idées qui dominent sont généralement que la géo-ingénierie solaire est à proscrire, mais que des travaux doivent néanmoins être poursuivis, pour le cas où une aggravation abrupte du réchauffement ne rende la situation intenable.

      En décembre 2008, au congrès d’automne de l’American Geophysical Union, une table ronde de chercheurs en sciences du climat était organisée sur ce thème. Etaient abordés la science climatique stricto sensu, les résultats des modèles climatiques simulant le déploiement de géo-ingénieries solaires, mais aussi les problèmes posés par la gouvernance de tels systèmes, problématiques qui occuperont la nouvelle commission. Qui aurait la main sur le thermostat de la planète ? Certains pays pourraient-ils déployer unilatéralement de telles technologies ? Comment seraient indemnisés ceux qui auraient à pâtir des conséquences d’une telle volonté de contrôler le climat planétaire ?

      Au terme de la discussion, le physicien de l’atmosphère Alan Robock (de l’université Rutgers, dans le New Jersey), l’un des meilleurs spécialistes du sujet, fit remarquer que la géo-ingénierie changerait aussi la couleur du ciel. Il perdrait son bleu profond pour devenir blanchâtre. « Il faudra qu’on m’explique comment indemniser les milliards d’humains qui seraient privés de la couleur bleue du ciel », ajouta M. Robock. Qui pouvait penser que cette plaisanterie amère pourrait être mise, à peine quinze ans plus tard, à l’agenda des réflexions de distingués diplomates et anciens chefs d’Etat ?
      https://justpaste.it/8fkcy

      #climat #géo-ingénierie_solaire #accélérationnisme

  • L’adolescent russe qui voulait virtuellement faire « sauter le FSB » condamné à cinq ans de prison
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/02/10/l-adolescent-russe-qui-voulait-virtuellement-faire-sauter-le-fsb-condamne-a-

    Nikita Ouvarov était poursuivi pour « terrorisme » sur la base d’aveux que ses amis disent avoir signés sous la pression. Leur projet d’attentat reposait sur le jeu vidéo « Minecraft ».

    Russie : un jeune emprisonné après s’être « entraîné au terrorisme » sur Minecraft
    https://www.journaldemontreal.com/2022/02/10/russie-un-jeune-emprisonne-apres-setre-entraine-au-terrorisme-sur

    Un tribunal russe a condamné jeudi à cinq ans de prison un adolescent accusé de s’être « entraîné au terrorisme » en projetant notamment de faire exploser un bâtiment virtuel des services secrets dans le jeu vidéo Minecraft.

    Russie : trois adolescents condamnés pour avoir voulu faire exploser un bâtiment sur Minecraft
    https://www.nextinpact.com/lebrief/49802/russie-trois-adolescents-condamnes-pour-avoir-voulu-faire-exploser-batim

    Agés de 14 ans, ils avaient été arrêtés en juin 2020 pour avoir affiché des tracts politiques sur le bureau local du FSB qui comprenaient des slogans tels que « le FSB est le principal terroriste », et un soutien à un anarchiste condamné à six ans de prison.

    Après leur arrestation, le FSB avait trouvé dans leurs téléphones des vidéos où ils lançaient des cocktails Molotov sur un mur, ainsi qu’un « complot » visant à faire exploser un bâtiment virtuel du FSB qu’ils avaient construit sur Minecraft.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #justice #faits_divers #terrorisme #attentat #jeu_vidéo_minecraft #nikita_ouvarov #fsb #mauvais_polard

  • Avec « Ready to fly », Air France espère fluidifier l’embarquement des passagers
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/07/17/avec-ready-to-fly-air-france-espere-fluidifier-l-embarquement-des-passagers_

    Avec « Ready to fly », Air France espère fluidifier l’embarquement des passagers. Ce nouveau service gratuit permet aux clients de la compagnie de vérifier au préalable s’ils détiennent tous les documents sanitaires exigés pour leur voyage.
    C’est la hantise des compagnies aériennes cet été. Des files d’attente interminables qui s’allongent dans les aéroports et provoquent d’importants retards à l’embarquement. Pour parer à cette thrombose des aérogares et, parallèlement, « réduire le stress de ses clients », Air France a lancé, samedi 17 juillet, un nouveau service gratuit baptisé « Ready to fly » (« prêt à voler »). Il permet aux futurs passagers de vérifier au préalable s’ils sont en possession de tous les documents sanitaires exigés pour effectuer leur voyage. Une liste qui peut être longue et varier selon les pays de destination.
    Trois jours avant le vol, Air France adresse à chaque passager un courriel avec un accès à une plate-forme vers laquelle « il doit transmettre, selon les cas, les documents sanitaires nécessaires pour son voyage. Le QR code de son passe sanitaire européen [disponible dans l’application TousAntiCovid pour les Français] ou, pour les non-Européens, la photo d’un test PCR négatif ou du justificatif de vaccination », explique Guy Zacklad, directeur du hub de Roissy-Charles-de-Gaulle. Une fois téléchargés sur la plate-forme, les documents sont vérifiés « soit par des agents d’Air France, soit par des sous-traitants de sécurité » qui travaillent habituellement avec l’entreprise, précise M. Zacklad. Cette étape franchie, « les données sont supprimées », assure-t-il. Si le passager a bien fourni tous les papiers exigés, sa carte d’embarquement portera alors la mention « Ready to fly », un sésame qui lui évitera un contrôle de son passe sanitaire à l’aéroport.
    C’est l’obligation, pour les compagnies aériennes, « de s’assurer que tous les passagers ont les documents demandés par le pays de destination » qui est à l’origine de « Ready to fly », souligne M. Zacklad. Air France voit aussi dans ce nouveau service une chance d’accélérer le parcours des voyageurs à l’aéroport, car les contrôles manuels à l’embarquement prennent beaucoup de temps – une minute pour chacun des 470 passagers d’un Boeing 777 d’Air France pour les outre-mer. Et pourtant, elle est l’une des plus rapides. A l’inverse, beaucoup plus tatillonne, l’américaine United Airlines prendrait, au grand dam de Groupe ADP, gestionnaire de Roissy et d’Orly, « environ dix minutes par passager ».
    Après une phase de test auprès de 5 000 clients depuis le 15 juin, Air France a décidé de lancer « Ready to fly » dans un premier temps sur ses vols vers la Corse et les outre-mer (Antilles, Guyane et La Réunion). Sa filiale KLM « a développé un système comparable » opérationnel depuis quelques jours, note M. Zacklad. A terme, « toutes les compagnies aériennes vont s’y mettre, notamment pour éviter les problèmes d’embouteillage à l’embarquement », prédit Augustin de Romanet, PDG de Groupe ADP. La compagnie Corsair a même devancé Air France avec un service similaire à l’œuvre depuis le 12 juillet.Pour « limiter au maximum les files d’attente », M. Romanet souhaite « travailler main dans la main avec la police ». En pratique, il veut obtenir l’aval des autorités pour organiser, à l’instar d’Air France, un contrôle sanitaire des passagers en amont des contrôles de la police aux frontières (PAF). Une sorte de « préfiltrage » qui ne laisserait plus à la PAF que la vérification des voyageurs pour « motif impérieux ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#airfrance#sante#frontiere#controle#circulation

  • Au Népal, l’impossible mesure de l’ampleur du Covid-19 lors de la saison des ascensions
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/15/au-nepal-le-covid-19-a-perturbe-la-saison-des-ascensions-himalayennes_608418

    Lorsqu’il s’est envolé pour le Népal afin de tenter l’ascension du mont Everest (8 848 mètres), le Norvégien Erlend Ness n’imaginait pas qu’il marquerait la chronique himalayenne d’une manière aussi insolite. Ce ne sont, en effet, ni la terrible cascade de glace aux crevasses insondables, ni les avalanches provoquées par l’enneigement inhabituel – dû au passage de deux cyclones – qui l’ont privé de son Graal, mais le Covid-19.
    Le 14 avril, à peine arrivé à pied depuis le minuscule aéroport de Lukla (2 860 mètres) au camp de base (EBC) à 5 345 mètres au-dessus du niveau de la mer, après une petite semaine de trek à travers la vallée du Khumbu, ce propriétaire d’agence immobilière de 57 ans est devenu le premier prétendant au sommet du « Toit du monde » évacué par hélicoptère à cause du virus.« Qui aurait pu prévoir ça, alors que les autorités parlaient seulement de quelques dizaines de cas à Katmandou et nous encourageaient à venir, moyennant un test PCR négatif avant le départ et un à l’arrivée ? », interroge-t-il depuis son domicile de Trondheim, où il récupère « plutôt bien » après une hospitalisation à plusieurs milliers de dollars à Katmandou.
    Enclavé entre la Chine – qui, cette année, a interdit son versant tibétain de l’Everest aux alpinistes – et l’Inde – qui connaît depuis début mars un terrible regain de la pandémie –, le Népal semblait avoir réussi à contenir la vague de Covid-19 du 2020 en fermant ses frontières et ses montagnes.
    Mais très peu de tests y étaient pratiqués et l’énorme manque à gagner, pour ce pays très dépendant du tourisme, a poussé son gouvernement à tenter un pari des plus risqués visant à requinquer l’hôtellerie et le business des expéditions cette année.Il a assoupli son protocole sanitaire qui comprenait à l’origine une quarantaine obligatoire de sept jours. Le département « montagnes » du ministère du tourisme, qui gère l’accès aux sommets népalais de plus de 7 000 mètres, a délivré pour l’Everest le nombre record de 408 permis d’ascension à 11 000 dollars pièce (environ 9 000 euros) à des alpinistes étrangers, divisés en 43 équipes. S’y sont ajoutés environ 150 permis meilleur marché, répartis sur le Lhotse (8 516 mètres), le Nuptse (7 861 mètres) et le Pumori (7 161 mètres) voisins.
    Avec les guides et le personnel logistique, près de 2 000 personnes ont élu domicile à l’EBC de mi-mars à mi-mai. « La Colline » (surnom du camp de base) s’est muée en un cluster géant en puissance, au moment où les villes népalaises et leurs hôpitaux, surchargés et démunis, en appelaient au monde entier pour être ravitaillés en oxygène.Les médecins de l’Association himalayenne de secours (Himalayan Rescue Association, HRA) venus ausculter Erlend Ness sous sa tente n’ont, selon lui, « jamais prononcé le mot de Covid ». Ils ont ordonné son évacuation pour des « symptômes évocateurs d’un œdème pulmonaire ». Et pour cause. Le gouvernement népalais avait interdit la pratique de tests PCR rapides aux préposés de cette ONG népalaise, présente pour la saison à l’EBC : une décision visant à soigner la réputation de l’Everest, vitrine touristique nationale.Erlend Ness n’a été officiellement testé positif au Covid-19, et enregistré comme tel par le ministère de la santé népalais, qu’à son arrivée à l’hôpital à Katmandou. Meera Acharya, chef du département « montagnes » au ministère du tourisme a eu beau jeu d’affirmer, chaque fois qu’elle était interrogée sur l’EBC, qu’elle n’avait « pas connaissance » d’évacuations dues au Covid.
    « Les autorités népalaises donnent des informations sur le Covid [dans les camps de base] en partant des rapports fournis par les chefs d’expéditions au ministère », a plaidé Mme Acharya dans un courriel au Monde, se justifiant de n’avoir pas disposé de ces données durant la période d’ascension, qui a pris fin début juin.Le guide autrichien Lukas Furtenbach, lui aussi, a d’abord cru son équipe à l’abri. Le médecin d’expédition qu’il avait embauché s’était muni de 3 000 tests rapides afin de pouvoir contrôler, tout au long du trek d’approche et des rotations d’acclimation, ses clients et leur encadrement népalais. Par précaution, le patron de Furtenbach Adventures leur avait aussi interdit de frayer avec d’autres expéditions à l’EBC.Mais des cas positifs dans ses rangs et une jam session, animée dans une vaste tente par une star américain de la pop réunissant plusieurs équipes, l’ont décidé à annuler son expédition. « Les leaders des équipes qui ont organisé cette fête s’en sont largement fait l’écho sur les réseaux sociaux, raconte-t-il au Monde, par téléphone, depuis l’EBC. Or, à eux tous, ils avaient déjà évacué une bonne quarantaine de leurs membres infectés au Covid, et il y avait parmi eux des gens sans masque, arrivés du Dhaulagiri (8 167 m), et dont aucun n’avait été testé. »Dénonçant un « scandale », Lukas Furtenbach a levé le camp « en concertation avec [son] médecin d’expédition », sans comprendre pourquoi le ministère du tourisme s’entêtait « à nier une épidémie énorme, au risque de perdre toute crédibilité ».
    « J’ai appelé, sans être entendu, à des tests massifs à l’ECB car la HRA, officieusement, les opérateurs d’expéditions, les pilotes d’hélicoptère qui procèdent aux évacuations, les compagnies d’assurances et les alpinistes infectés confirment tous l’existence d’une multitude de cas, a-t-il insisté. C’est criminel d’un point de vue légal comme d’un point de vue moral d’envoyer pour l’ascension – même s’ils veulent y aller – des clients, porteurs et guides susceptibles de déclarer un virus mortel dans les camps supérieurs où toute évacuation héliportée est impossible. »Pour la Dre Dominique Jean, infectiologue, spécialiste de la médecine d’altitude – à laquelle elle forme des médecins népalais – et vice-présidente de la Société internationale de médecine de montagne (ISSM), amener des groupes étrangers au Népal, ce printemps, était « irresponsable » : « Excepté les guides, porteurs et personnels de cuisine des très grosses agences d’expéditions, nombre de gens n’ont jamais été testés et encore moins vaccinés ».Or, sans tests rapides systématiques à l’arrivée au camp de base, sauf en cas de perte du goût et de l’odorat, il est « impossible de faire la distinction entre les symptômes du Covid et ceux de maladies fréquemment développées en haute altitude (difficultés respiratoires, toux, diarrhées…) ».
    Les conséquences sanitaires de l’existence de clusters de haute altitude au Népal ne seront probablement jamais démontrées, faute d’un dépistage et d’un traçage efficaces. Mais l’Everest et les autres sommets népalais de 8 000 mètres continuent d’aimanter les alpinistes. »

    #Covid-19#migrant#migration#nepal#inde#chine#sante#cluster#economie#depistage#sport

  • Le Parlement européen appelle le Maroc à cesser sa « pression » sur l’Espagne
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/06/10/le-parlement-europeen-appelle-le-maroc-a-cesser-sa-pression-sur-l-espagne_60

    Le Parlement européen appelle le Maroc à cesser sa « pression » sur l’Espagne. Une résolution votée jeudi à une large majorité déplore une « tension diplomatique sans précédent » après le récent afflux migratoire dans l’enclave espagnole de Ceuta.
    Le Parlement européen a voté à une large majorité (397 pour, 85 contre), assortie de nombreuses abstentions (196), jeudi 10 juin, une résolution appelant le Maroc à cesser sa « pression » sur l’Espagne en organisant le passage massif de ses ressortissants vers l’enclave espagnole de Ceuta. Environ 10 000 personnes ont réussi à pénétrer dans la ville frontalière les 18 et 19 mai, profitant du relâchement des contrôles du côté marocain. Depuis, 8 000 d’entre elles ont été refoulées vers le Maroc. Parmi les 2 000 personnes restant sur place, 1 100 mineurs sont inexpulsables selon la loi espagnole.
    Les eurodéputés rappellent que le phénomène n’est pas lié à la question migratoire mais à l’accueil en avril, par l’Espagne, de Brahim Ghali, chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario. Arrivé pour soigner des complications liées au Covid-19, celui-ci a désormais regagné l’Algérie.
    Le Parlement réclame notamment le retour rapide des mineurs dans leur famille, dans le respect de la convention des droits de l’enfant de l’ONU. La résolution visait toutefois prioritairement à assurer l’Espagne du soutien de ses partenaires et à donner une réponse coordonnée à une question qui, soulignent ses auteurs, ne se résume pas à une relation conflictuelle entre Rabat et Madrid, mais concerne toute l’Union européenne (UE).Les institutions européennes avaient jusqu’ici affiché une grande prudence pour ne pas compliquer les rapports avec le Maroc, « partenaire privilégié » de la politique de voisinage au sein de laquelle il dispose, depuis 2008, d’un « statut avancé ». Le royaume est le troisième bénéficiaire des fonds européens affectés à cette politique.Rabat est aussi présenté comme un pion essentiel dans la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogues. La Commission et le Conseil européen s’en sont donc tenus au rappel de quelques principes, dont l’inviolabilité des frontières extérieures de l’Union, et à une mention de la position des Vingt-Sept sur le Sahara occidental : basée sur les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, elle prône « la recherche d’une solution négociée » à ce conflit.
    Pas question, donc, d’imiter les Etats-Unis qui, quelques jours avant la fin du mandat de Donald Trump, avaient reconnu la souveraineté du Maroc sur la totalité du territoire du Sahara occidental. Et le texte ne fait pas allusion à la menace d’une éventuelle rupture des relations diplomatiques avec l’Espagne, évoquée par Rabat.La résolution votée par les eurodéputés déplore une « tension diplomatique sans précédent ». « Incident injustifiable », l’infiltration des migrants à Ceuta, facilitée par le relâchement du contrôle par la police marocaine, aurait pu provoquer « une véritable tragédie », indique le texte.Même si des vies ont été mises en danger, il faut toutefois en revenir au dialogue et ne pas mettre en péril la relation à long terme avec Rabat, notamment pour régler la question de la migration, dans « l’intérêt mutuel » des parties, soulignent les parlementaires. Ils veulent croire en la décision de réadmission, évoquée le 1er juin par les autorités marocaines, qui concernerait aussi 13 000 travailleurs saisonniers. Le roi Mohammed VI a également parlé de sa volonté de régler « définitivement » la question des mineurs marocains en Europe.Bruxelles mise sur la poursuite par le Maroc de sa stratégie nationale d’immigration et d’asile, fermement soutenue par les Européens, ainsi que sur le partenariat pour la mobilité entre l’Union européenne et le Maroc, relancé en 2019.
    Si Rabat n’a pour le moment pas réagi officiellement au vote, des voix se sont élevées dans la classe politique marocaine pour critiquer une tentative d’« européanisation » de la bataille diplomatique entre le Maroc à l’Espagne. Mercredi, le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, avait averti que la résolution était une « manière de détourner l’attention » sur une crise « qui ne s’est pas terminée le 1er juin », le jour de la sortie du territoire espagnol du chef du Polisario, Brahim Ghali

    #Covid-19#migrant#migration#UE#espagne#maroc#saharaoccidental#sante#politique#mineur#circulation#frontiere#politiquemigratoire#elite

  • A Paris, l’hôpital Robert-Debré veut « réparer » les mineurs isolés
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/06/04/a-paris-l-hopital-robert-debre-veut-reparer-les-mineurs-isoles_6082766_3224.

    A Paris, l’hôpital Robert-Debré veut « réparer » les mineurs isolés
    Par Juliette Bénézit et Zineb Dryef
    Alors que le nombre de mineurs isolés, souvent étrangers, ne cesse de croître dans la capitale, ce centre pédiatrique du 19e arrondissement développe une stratégie de suivi et d’aide pour tenter de les soustraire à l’emprise des réseaux de drogue et de prostitution.Il y a d’abord eu le premier. A l’été 2016. Un tout petit. Overdose. Et un deuxième, un troisième… Puis ils se sont mis à affluer par dizaines aux urgences de l’hôpital parisien Robert-Debré, le plus grand centre pédiatrique d’Ile-de-France. Des étrangers de moins de 18 ans, venus seuls en France et désignés par l’administration sous l’acronyme MNA, « mineur non accompagné », ramassés dans les quartiers alentour par des pompiers, inconscients ou blessés. Luigi Titomanlio, le responsable des urgences, se souvient de leur état à leur arrivée : « poly-intoxiqués », « comateux » et parfois « très agressifs ».
    Confrontés à cette situation, les urgentistes sollicitent l’aide de leurs collègues pédopsychiatres. Leur chef, le professeur Richard Delorme, décide alors de laisser carte blanche, en interne, à l’équipe spécialisée en addictologie pour les enfants et les adolescents. « Il a fallu imaginer une nouvelle façon de les prendre en charge », raconte la psychiatre Emmanuelle Peyret, chef de cette unité. Celle-ci découvre « des enfants rendus à l’état sauvage, qui se défoncent pour supporter l’insupportable » et n’ont plus confiance en personne.
    Un éducateur, François-Henry Guillot, est mobilisé, ainsi qu’une interne en pédiatrie, Marie Parreillet. Avec la docteure Peyret, ils deviennent les principaux interlocuteurs de ces quelque 200 patients, âgés de 9 à 18 ans – parfois davantage. « Ils se déclarent mineurs, on les prend en charge comme des mineurs, rappelle Marie Parreillet. Notre mission, c’est de réparer ces enfants, pas de trancher sur leur âge. »
    Ce travail de longue haleine, qui confine parfois à la mission impossible, les confronte aux réalités du monde des MNA. Mi-mars, l’un d’eux a perdu connaissance en pleine rue ; il avait avalé six comprimés de Lyrica, un puissant antidouleur. D’après ses papiers, il avait 15 ans. M. Guillot lui en donne quatre de moins. « Il était tout petit », décrit-il. Dans un accès de violence, il a dû être attaché. Il a refusé de parler aux soignants avant d’admettre, du bout des lèvres, habiter « chez un mec à La Chapelle ».
    En décembre 2020, un autre jeune, confié à l’aide sociale à l’enfance (ASE) des Yvelines, avait lui aussi été transporté aux urgences de Robert-Debré. Son corps était couvert de plaies à vif, et d’autres, plus anciennes. Ce soir-là, François-Henry Guillot lui a rendu visite dans sa chambre. « Il suçait son pouce en regardant Gulli », se souvient l’éducateur. Puis il a fugué. Personne n’a retrouvé sa trace.
    Lina, Algérienne, a 15 ans. Orientée vers cet hôpital par l’association France terre d’asile après avoir été renvoyée d’un foyer, cette ado toute menue a été signalée comme victime potentielle d’un réseau de prostitution. La première fois que nous la rencontrons, au mois de février, elle parle de se soigner et de retourner à l’école. Mais, deux semaines plus tard, quand elle revient à l’hôpital, elle présente des traces de scarification sur les avant-bras et des brûlures de cigarettes sur les mains.
    La semaine suivante, la voici de nouveau à Robert-Debré, les cheveux lissés, le visage maquillé, mais de mauvaise humeur. Ses jambes tremblent, elle triture les cordelettes de sa doudoune. Les deux soignants s’inquiètent : elle semble en manque. Depuis quelques semaines pourtant, elle paraissait sevrée du Rivotril, un antiépileptique qui, consommé à hautes doses, désinhibe ces jeunes.« J’en reprends parce que je n’arrive plus à dormir », commence-t-elle. Mais, si elle en a, cela suppose qu’elle est retournée en acheter à la sauvette du côté de Barbès. « Pourquoi tu ne prends pas ton Lyrica ? », l’interrogent les soignants.Pour ces jeunes dépendants, l’une des méthodes de sevrage proposée est de leur prescrire du Lyrica en réduisant les doses au fur et à mesure. « L’idée est de se substituer à leur dealeur et de les ramener petit à petit vers le droit commun », détaille la docteure Peyret. Certains tentent bien d’arracher aux soignants des ordonnances pour du Rivotril, mais leur réponse est ferme : c’est non. Car la priorité est précisément de les faire décrocher définitivement de ce produit, plus dangereux que le Lyrica.Lina, malgré son ordonnance, n’a pas réussi à obtenir son anxiolytique : « La pharmacienne ne veut pas m’en vendre ! » Les soignants ont vérifié auprès de la pharmacienne en question : le produit était en rupture de stock. Une catastrophe pour ces ados qui pourraient être tentés de s’en procurer dans la rue. Ce jour-là, il a fallu plus d’une heure pour convaincre Lina de ne pas retourner à Barbès.
    A Robert-Debré, les consultations s’enchaînent. Hicham, d’origine algérienne, vient ici depuis septembre 2020, lui aussi pour une surconsommation de médicaments. Il est logé par l’ASE dans un hôtel du 17e arrondissement. « Tu te sens triste ? », lui demande François-Henry Guillot. « Comment vous le savez ? », répond en souriant l’adolescent. D’après les médecins, ces patients très particuliers sont tous atteints de stress post-traumatique sévère, lié à l’exil et à leur vie dans la rue.
    « Créer une alliance »
    Quand il est appelé dans leurs chambres par les urgentistes pour tenter d’établir un dialogue, l’éducateur répète les mêmes gestes : baisser la lumière, se présenter, parler à voix basse, en utilisant Google Translate pour parvenir à communiquer avec eux et surtout s’agenouiller. « Je ne dois pas être en surplomb, même physiquement. » Il insiste : « On les regarde comme des enfants victimes, pas comme des délinquants. Et ce n’est pas une posture naïve : c’est le seul moyen de les garder. » Car tous ces soins sont dispensés en ambulatoire : le jeune, une fois sorti des urgences, n’est pas hospitalisé, mais il a des rendez-vous réguliers avec l’« addicto ».
    Pour les faire revenir, les soignants improvisent beaucoup. Avant le Covid-19, il leur arrivait de les emmener boire un café ou un thé en face de l’hôpital. « Même ceux qui finissent leurs joints dans la salle d’attente, on ne les vire pas. On leur demande de fumer dehors », décrit Marie Parreillet. Une fois, François-Henry Guillot a offert un pot de sauce pimentée à Yedo, un petit Ivoirien qui jugeait la cuisine française trop fade. « C’était un moyen de le faire parler de ce qu’il mangeait là-bas, donc de sa vie. » Et Yedo a parlé. « On sort du cadre, c’est évident, mais l’approche classique ne fonctionne pas avec eux », poursuit François-Henry Guillot.L’enjeu : réussir à « créer une alliance » et à faire de ce lieu un espace de répit. Ainsi, ils reviendront et se livreront peu à peu. Tout cela, les équipes de l’unité « addicto » l’ont appris sur le tas, puis en échangeant avec les acteurs institutionnels qui aiguillent ces jeunes vers elles : la protection judiciaire de la jeunesse, le secteur éducatif auprès des mineurs non accompagnés, la section des mineurs du parquet de Paris et les associations de terrain (Hors la rue, CASP, France terre d’asile…).Depuis deux ans, tous les quinze jours, tous se retrouvent à la mairie du 18e arrondissement pour des réunions consacrées aux « mineurs en errance ». Une convention, signée le 13 janvier, a consacré ce partenariat de la Ville avec l’hôpital. « L’idée est de rendre nos outils reproductibles dans les hôpitaux de l’AP-HP [Assistance publique-Hôpitaux de Paris] confrontés aux mêmes difficultés », précise François-Henry Guillot.L’une des principales est celle des fugues depuis les urgences. Trois ans après, tout le service parle encore de ce gamin de 13 ans qui s’est extubé avant de s’enfuir, pieds nus et en pyjama. Quand ils disparaissent ainsi, l’hôpital informe systématiquement le parquet, car il y a suspicion de traite des êtres humains. Ils en sont convaincus : ces mineurs sont pris dans des réseaux de trafic de drogue et/ou de prostitution. « A 13 ans, on ne deale pas de sa propre initiative, explique François-Henry Guillot. A 13 ans, on n’a pas de relations sexuelles avec un majeur qui vous héberge par hasard. Il y a des regards et des silences qui ne trompent pas. Et il y a ce qu’ils finissent par raconter. »L’un des outils mis en place par l’équipe, « la procédure d’urgence vitale sanitaire », est né du cas d’un garçon de 14 ans qui, après s’être enfui des urgences orthopédiques, est revenu deux jours après avec la jambe hypertrophiée et une forte fièvre. Les médecins lui ont dit que sans une opération et une hospitalisation d’au moins trois jours il risquait de perdre sa jambe, voire de mourir. Dans sa chambre, il s’impatientait, fumait cigarette sur cigarette : pas le temps de rester là, trop de choses à faire. « Et il est parti, poursuit M. Guillot. Ça a sidéré tout le monde. C’est là qu’on a pensé à l’alerte sanitaire avec la Mairie de Paris, les associations et le parquet. » Désormais, quand un patient fugue ainsi, une alerte est diffusée dans tous les hôpitaux, commissariats et associations parisiennes. L’ado qui risquait de perdre sa jambe a été récupéré à temps par la police et opéré avec succès.
    (...)Même si l’activité est difficile, chronophage et intense – les jeunes appellent à toute heure, ne reviennent pas ou se trompent de jour de rendez-vous –, ces soignants ne feraient rien d’autre au monde. Ils sont très heureux de la nouvelle vie d’Omar, d’Iyad, qui entame un CAP cuisine, de la petite Lina, presque sevrée au Lyrica et qui a compris qu’il lui fallait quitter Paris. Et de celle de tous les autres. Ils disent : « Ces gamins sont notre avenir. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#paris#sante#MNA#pediatrie#urgence#pedopsychiatrie#association#violence#vulnerabilite

  • A #Marseille, l’école #Bugeaud bientôt rebaptisée du nom d’un tirailleur algérien

    « Une école peut porter le nom d’un #héros, pas d’un #bourreau », estime le maire socialiste Benoît Payan, qui a décidé de retirer le patronyme du conquérant de l’#Algérie au profit de celui d’#Ahmed_Litim, libérateur de Marseille.

    L’école primaire Bugeaud, dans le 3e arrondissement de Marseille, sera bientôt débaptisée pour porter le nom d’un soldat inconnu, Ahmed Litim, tirailleur algérien, libérateur de Marseille, mort à 24 ans le 25 août 1944 sous le feu des occupants nazis.

    La délibération qui doit officialiser cette décision sera présentée au conseil municipal vendredi 21 mai. Mais, pilotée de bout en bout par le maire socialiste Benoît Payan, leader du Printemps marseillais, elle devrait être largement soutenue par la majorité de gauche, écologiste et citoyenne qui dirige la ville.

    « Une école de la République peut porter le nom d’un héros, mais pas celui d’un bourreau », assure le maire de Marseille au Monde pour expliquer son choix. « Chaque matin, des enfants rentrent sous un fronton où sont inscrits à la fois la devise de la République – “Liberté, Egalité, Fraternité” – et le nom de Bugeaud, ce qui est totalement contradictoire », s’indigne-t-il. Maréchal de France, gouverneur général de l’Algérie dès 1840, Thomas Bugeaud (1784-1849) s’est d’abord illustré dans les campagnes napoléoniennes, réprimant férocement les rébellions, notamment en Espagne. Mais il reste dans l’histoire comme l’officier qui a soumis l’Algérie et forcé l’émir Abd El-Kader à déposer les armes, en 1847.

    Une victoire militaire obtenue par des méthodes dénoncées à l’époque jusque devant la Chambre des pairs, notamment la mise à mort de milliers de civils, enfumés dans les grottes où ils avaient trouvé refuge. « Bugeaud met aussi en place la politique de la terre brûlée, dont l’objectif est de dégoûter à jamais la population de toute résistance. Quand il débarque à Alger, il apporte avec lui des malles entières de médaillons portant l’inscription “arabe soumis” », rappelle l’historien Ahmed Bouyerdene, conseiller scientifique de l’exposition Abd El-Kader prévue au printemps 2022 au MuCEM, à Marseille.

    #paywall

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/05/11/a-marseille-l-ecole-bugeaud-debaptisee-pour-porter-le-nom-d-un-tirailleur-al
    #école #toponymie #toponymie_politique #tirailleurs #France

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  • Comment Bercy s’est converti dans la douleur à la dépense : 424 milliards d’euros depuis mars 2020 (Elsa Conesa, _Le Monde, 29 mai 2021)
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/05/29/comment-bercy-s-est-converti-dans-la-douleur-a-la-depense_6081957_823448.htm

    « Oups. » Dans les couloirs monochromes de Bercy, la réaction est restée policée. Mais les hauts fonctionnaires du puissant ministère de l’économie et des finances se souviendront longtemps de ce moment où Emmanuel Macron a lâché sa petite bombe, le soir de son allocution du 12 mars 2020. « Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies, quoi qu’il en coûte », l’ont-ils entendu dire, médusés. Crise oblige, nombre d’entre eux étaient encore dans leur bureau du bâtiment Colbert, un œil sur l’écran de télévision. Mais aucun n’avait été prévenu, pas même les directeurs, poids lourds du ministère. « Houston, on a un problème », a ironisé l’un d’eux.

    Bien sûr, il y a cette pandémie qui s’étend comme une marée noire sur l’Europe et contraint à fermer les économies les unes après les autres. Mais ce « quoi qu’il en coûte », il va falloir le financer. Le président n’est pas le seul à décider : l’appétit des investisseurs pour la dette française ne se décrète pas. Et, depuis quelques jours, a resurgi le spectre d’une crise de la dette, à l’image de celle qui avait failli faire éclater la zone euro en 2012. « Ce n’était pas du tout certain que les marchés suivraient, se souvient une figure de la maison. On n’aurait pas eu le plan de relance européen et la #BCE, on partait dans le décor… » (…)

    Une révolution culturelle pour une maison dont les grands commis sont biberonnés au contrôle des deniers publics. « On est passés du chauffage au climatiseur », ironise l’ancien ministre Eric Woerth, aujourd’hui président de la commission des finances à l’Assemblée. Les élus ont, de fait, rarement eu l’occasion d’auditionner un ministre du budget qui, comme Olivier Dussopt, s’applique à sommer des chiffres disparates pour afficher le niveau de dépenses le plus élevé face à la crise − 424 milliards d’euros depuis mars 2020

    (…)

    Sa grande angoisse ? Que les aides d’urgence se pérennisent et fassent exploser le déficit. L’administration n’aurait sans doute pas fait le « quoi qu’il en coûte » parce que c’est « un changement de cap politique majeur dont elle n’a pas l’initiative, rappelle Amélie Verdier, l’actuelle directrice du budget. _*L’administration ne fait pas la politique et c’était très politique de dire qu’on arrête de compter. Elle conseille avant et assure après la mise en œuvre des choix faits. »_ Sa préoccupation, ce ne sont pas les milliards décaissés dans l’urgence, dont personne ne conteste la nécessité. Le problème, « c’est plutôt l’après, la sortie de crise ».

    « La réalité, c’est que les hauts fonctionnaires de Bercy se sont fait marcher sur la tête par le politique, observe un ancien de la maison. Certains en étaient malades. » Valorisés pendant des années dans le rôle ingrat du défenseur de l’austérité, ces moines-soldats ont dû détruire ce qu’ils avaient mis des années à construire, presque du jour au lendemain. Un revirement décrit par certains comme « inhumain ». Ne dit-on pas qu’au budget il y a ce rêve d’être « le dernier qui éteindra les lumières » ? En clair, d’être celui qui, à force d’avoir ratiboisé la dépense, l’a fait… disparaître.

    *Bien sûr, l’urgence de la crise s’est imposée à ces cerveaux bien faits. Mais à la fierté réelle d’avoir contribué à sauver le pays s’ajoute, par moments, le sentiment désagréable de s’être fait avoir. Car dans le chaos provoqué par la pandémie, certains ministères en ont profité pour prendre leur revanche. Des dépenses retoquées dix fois parce qu’elles étaient jugées ineptes ont été validées sans autre forme de procès. (…)

    Dans la tempête, certains de ces gardiens du temple ont tenu bon, conservant un œil sur le déficit quand tous les repères sautaient. Et ont tenté d’alerter : la crise n’excuse pas tout, il faut du contradictoire. « Les premiers mois, on voyait la résistance des “vrais Bercy”, qui continuaient à tenir un discours de rigueur, raconte un fonctionnaire d’un ministère concurrent. On leur disait qu’ils étaient déconnectés de la réalité, mais rien à faire, la culture demeure. » Dans les boucles d’e-mails, les deux discours coexistent, trahissant des débats internes. (…)

    Pour autant, politiques, chefs d’entreprise, élus, tous le disent : la mobilisation du ministère a été exemplaire à tous les étages. Réquisitionnée pour distribuer, partout en France, les chèques du fonds de solidarité, l’administration fiscale a répondu comme un seul homme à des consignes pourtant très inhabituelles : dépenser, décaisser et cesser les contrôles. « Notre mission est plutôt de prélever que de donner, reconnaît Jérôme Fournel, directeur général des finances publiques (DGFIP). Mais il y avait un besoin de sécuriser les versements et la DGFIP a été en capacité de le faire dans des délais très courts. »

    Quitte à détourner le regard, par moments. Comme le raconte cet inspecteur en Rhône-Alpes qui a dû verser des aides à des entreprises qui n’avaient pas fait leurs déclarations depuis des années. « On aurait pu leur dire de régulariser leur situation avant de payer, bougonne-t-il. Mais les consignes, c’était de payer, qu’on verrait plus tard. » Dans le doute, il a fait un courrier de rappel aux entreprises concernées en pointant leurs obligations. « Même si ça ne sert à rien… C’est du jamais-vu qu’il n’y ait pas d’obligation pour lâcher l’argent, ça nous chatouille quand même un peu de voir ça… »

    (…) Même après quinze mois de crise, l’idée même de politique industrielle continue de nourrir des débats entre les différentes directions de Bercy, entre les ingénieurs de la direction des entreprises et les énarques du Trésor. Faut-il relocaliser les filières critiques ? Ou laisser faire le marché ? Quel degré d’implication pour l’Etat ? « La crise a confirmé notre diagnostic selon lequel le fonctionnement du marché crée des vulnérabilités, comme sur les semi-conducteurs ou le paracétamol », fait valoir Thomas Courbe, à la tête de la direction générale des entreprises, qui porte traditionnellement une vision plus interventionniste.

  • Au large du Sri Lanka, un risque de naufrage imminent pour le porte-conteneurs « X-Press Pearl »

    Selon les autorités, le navire transportait notamment vingt-huit conteneurs pleins de ces granulés de polyéthylène, destinés à l’industrie de l’emballage. Nettoyer les plages polluées par ces tonnes de granulés mélangés à du pétrole brûlé et autres débris rejetés par la mer sera un travail de titan. Les bulldozers et la marine sri-lankaise ont été mobilisés pour nettoyer la plage de Negombo. L’armée avait été déployée dès jeudi sur la plage pour la débarrasser des débris d’un conteneur qui s’y est échoué.

    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/29/en-feu-depuis-neuf-jours-un-porte-conteneurs-deverse-des-tonnes-de-plastique
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/02/au-large-du-sri-lanka-un-risque-de-naufrage-imminent-pour-le-porte-conteneur
    ( https://seenthis.net/messages/917572 )

  • Covid-19 : « Le recours temporaire à un passe sanitaire est nécessaire si nous voulons une sortie de crise durable »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/06/01/covid-19-le-recours-temporaire-a-un-passe-sanitaire-est-necessaire-si-nous-v

    Covid-19 : « Le recours temporaire à un passe sanitaire est nécessaire si nous voulons une sortie de crise durable » La généralisation du passe serait la meilleure manière de concilier la prudence sanitaire, la reprise économique et le retour des interactions sociales, expliquent les économistes Philippe Aghion, Philippe Martin, Bary Pradelski, et le mathématicien Miquel Oliu-Barton, dans une tribune au « Monde ».
    Depuis un mois, la situation sanitaire s’améliore nettement : sommes-nous pour autant tirés d’affaire ? Le non-respect des mesures de protection et de distanciation (dû à une lassitude croissante), un ralentissement de la vaccination (dû à une hésitation vaccinale encore élevée, notamment chez les jeunes) ou la prolifération de variants très contagieux (comme le variant indien) font que le risque d’un rebond épidémique, par exemple après l’été, ne peut pas être écarté. Quelle stratégie adopter dans ce cas-là ? Faudra-t-il à nouveau tout refermer ? A plus court terme, comment gérer la réouverture des lieux à plus haut risque de transmission ? Ces questions ne peuvent pas être éludées et pour y répondre, les dimensions sanitaire, économique et psychologique (l’importance du retour des socialisations, en particulier pour les jeunes) doivent être prises en compte. Nous considérons que le passe sanitaire est un élément indispensable d’une stratégie contingente permettant d’ouvrir plus rapidement certaines activités et d’éviter le retour du « stop and go » et l’incertitude qui en résulte.
    Son utilisation temporaire est nécessaire, au-delà des événements rassemblant plus de 1 000 personnes, si nous voulons une sortie de crise durable. Il ne s’agit pas de rendre le vaccin obligatoire, puisque le passe sanitaire est accessible par deux autres voies, tout aussi importantes et reconnues : le test négatif ou le certificat de rétablissement du Covid-19. En outre, il a été conçu dans le respect de la vie privée. L’utilisation du passe se justifie d’autant plus que tous nos compatriotes ont désormais accès à la vaccination. Ceux qui ont choisi le vaccin ne doivent pas voir leur liberté limitée par ceux qui le refusent. De manière très concrète, le passe sanitaire permettrait la réouverture des bars sans restriction, et des discothèques dès le 30 juin, et de fournir l’option de remplacer partout ailleurs les accès avec jauges limitées (sans passe) par des accès pleins avec le passe. Ce serait la meilleure manière de concilier la prudence sanitaire, la reprise économique et le retour des interactions sociales.
    Outre les dommages économiques pour les exploitants de ces lieux pour lesquels aucune solution n’a été trouvée, et qui ont saisi le Conseil d’Etat [afin que soient intégrés en urgence les établissements de nuit dans le plan de déconfinement au même titre que les concerts et les mariages, demande rejetée le 21 mai], s’estimant victimes de discrimination et de mesures disproportionnées, une situation de fermeture prolongée peut amplifier le phénomène des rassemblements clandestins. A contrario, leur ouverture permettrait à la jeunesse de recouvrer sa liberté de socialisation, tout en conservant la possibilité de contrôler l’évolution de l’épidémie. A l’étranger, de plus en plus de pays mettent en place des outils similaires, que ce soit pour voyager (comme en Italie) ou pour participer à des activités sociales (au Danemark, en Autriche, en Hongrie ou en Belgique). Ce ne sont pas les personnes qui sont tracées, mais le virus. Ne l’oublions pas.
    A moyen terme, il faut prévoir une stratégie contingente à un scénario de retour de l’épidémie qui pourrait être la conséquence d’un essoufflement de la vaccination ou de l’apparition de nouveaux variants. Pour donner de la visibilité aux acteurs, en particulier économiques, il faut dès maintenant communiquer sur cette stratégie. Nous sommes favorables à une généralisation du passe sanitaire en cas de reprise de l’épidémie comme alternative aux limitations de jauges, aux fermetures (des restaurants, des lieux de culture, etc.) et à un nouveau confinement. Son utilisation pourrait s’étendre, par exemple, aux lieux fermés, où les mesures de distanciation sociale sont peu respectées, et aux activités comportant un système de billetterie ou de check-in : cafés, restaurants, salles de sport, cinémas, théâtres, musées, concerts, stades, événements, gares TGV et aéroports.
    Cette double utilisation du passe sanitaire (pour ouvrir rapidement les lieux de socialisation les plus à risque, et pour éviter de nouvelles restrictions en cas de reprise épidémique) présente un autre avantage : inciter la population à se faire vacciner. Souvent abordé dans d’autres pays, ce sujet paraît encore tabou dans le débat public en France. Dans le contexte culturel et politique français, les incitations financières seraient certainement contre-productives. Mais des incitations basées sur le retour de la vie sociale seront efficaces.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#passesanitaire#circulation#deplacement#tracking#depistage#vaccination

  • « Plus que jamais, les Chinois se méfient des étrangers »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/06/01/plus-que-jamais-les-chinois-se-mefient-des-etrangers_6082291_3232.html

    « Plus que jamais, les Chinois se méfient des étrangers » par Frédéric Lemaître
    Chronique. Le recensement de la population chinoise effectué en 2020, dont les résultats ont été publiés le 10 mai, le confirme : la Chine est un pays vieillissant. Les ménages ne cherchent pas à profiter de la nouvelle législation qui, depuis 2016, leur permet à nouveau d’avoir un deuxième enfant. Et rien ne dit que la possibilité qui leur a été accordée le 1er juin d’avoir trois enfants change radicalement la donne. Avec un taux de fécondité de 1,3, la Chine va connaître un rapide déclin démographique. Selon une étude publiée par la revue The Lancet en juillet 2020, la population passerait de 1,4 milliard actuellement à 732 millions (− 48 %) en 2100. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour la planète ne l’est pas pour les dirigeants communistes, dont l’une des fiertés est d’être à la tête du pays le plus peuplé au monde. En 2100, la Chine serait dépassée par l’Inde, mais aussi par le Nigeria.
    Une des solutions pourrait être de favoriser l’immigration. Le pays ne compte, en effet, que 845 697 étrangers, soit deux fois moins qu’en Ile-de-France. Et encore ne s’agit-il que de personnes vivant dans le pays depuis plus de trois mois. L’immense majorité d’entre elles vont repartir. Il serait assez logique que Pékin cherche à attirer ses voisins, notamment les jeunes diplômés. L’Inde offre un réservoir de main-d’œuvre inépuisable. Actuellement, près de 18 millions d’Indiens vivent à l’étranger, essentiellement aux Emirats arabes unis, au Pakistan et aux Etats-Unis. En 2010, ils n’étaient que 15 000 en Chine, et rien ne laisse penser qu’ils sont nettement plus nombreux aujourd’hui. Pourtant, l’écart croissant de niveau de vie entre les deux géants asiatiques rend a priori la Chine attractive. Le PIB par habitant y est désormais cinq fois supérieur. A l’avenir, l’Inde pourrait donc être le réservoir de main-d’œuvre de la Chine, comme le Mexique a été celui des Etats-Unis.
    Le problème de la Chine est qu’elle n’est pas un pays d’immigration. Plus exactement, elle le devient, mais très lentement et en grande partie malgré elle. Il y avait, semble-t-il, environ 20 000 étrangers en Chine dans les années 1980. Ce n’est qu’en 2010 que le recensement les a comptabilisés. Ils étaient alors 593 832 dans le pays, sans compter les Taïwanais, les Hongkongais et les Macanais. En dix ans, l’augmentation est donc réelle (+ 42 %), mais, rapporté à la population, le total reste marginal. Le président, Xi Jinping, est conscient du problème. D’où l’adhésion de la Chine à l’Organisation internationale pour les migrations en 2016. D’où, surtout, la création par Pékin, en 2018, d’une administration nationale de l’immigration (ANI). Comme l’analyse la chercheuse Tabitha Speelman dans la revue Perspectives chinoises (n° 4, 2020), jusque-là, la Chine parlait d’« étrangers » et non de « migrants ». Le changement est donc significatif. Mais il est relatif. « Le gouvernement chinois reconnaît la Chine en tant que pays de destination pour les migrants étrangers. Cependant, cela ne signifie pas que le gouvernement considère la Chine comme un pays d’immigration », note la chercheuse. D’ailleurs la création de cette administration, qui dépend du ministère de la sécurité publique, correspond aussi à une reprise en main par Pékin au détriment des provinces. En 2019, la mise en place de mesures assurant « la sécurité politique et frontalière » a facilité l’expulsion des résidents étrangers illégaux.
    Dans une Chine très nationaliste, le sujet est extrêmement sensible. Mme Speelman rappelle qu’en février 2020 l’ANI a émis sa première proposition législative. Il s’agissait d’ouvrir le statut de résident permanent à un groupe plus large d’étrangers sur le long terme. Mais les réactions de l’opinion publique ont été si critiques que l’ANI a dû faire marche arrière. Apparemment, un débat oppose, au sein du pouvoir, les tenants d’une Chine davantage ouverte sur le monde et ceux qui y voient une source de problèmes à venir. Le Covid-19 ne va évidemment pas arranger la situation. Plus que jamais, les Chinois se méfient des étrangers, notamment des Indiens. L’Inde ne deviendra donc sans doute pas le Mexique de la Chine. Reste à Pékin une dernière solution : inciter la diaspora chinoise à rentrer au pays. Vouloir devenir la première puissance mondiale et se recroqueviller derrière sa Grande Muraille constituerait alors un paradoxe « aux caractéristiques chinoises » sans précédent.

    #Covid-19#migrant#migration#chine#sante#pandemie#immigration#politiquemigratoire#diaspora#demographie#etranger#securite#nationalisme

  • Etats-Unis : « Les restrictions de voyage sont devenues un régime discriminatoire »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/06/01/etats-unis-les-restrictions-de-voyage-sont-devenues-un-regime-discriminatoir

    Etats-Unis : Au moment où les pays de l’UE s’apprêtent à faciliter l’accès à l’espace Schengen aux Américains vaccinés, il est essentiel que l’administration Biden assouplisse les conditions d’accès à son territoire pour les citoyens européens, estime, dans une tribune au « Monde, la politiste Célia Belin.
    En juin, les Etats européens rouvriront leurs frontières aux voyageurs américains vaccinés, un assouplissement non contraignant décidé à vingt-sept, sur proposition de la Commission européenne. La France travaille à une ouverture avant la mi-juin, une fois mis en place un système de vérification vaccinale, encore à l’étude. Pour les Américains interdits de séjour en Europe depuis quinze mois, c’est un soulagement. Non seulement les plages de la Méditerranée leur seront accessibles, mais ils pourront aussi librement retrouver leurs proches. Les Européens, eux, n’ont pas cette chance, et des milliers de familles, de couples et de proches restent séparés par un océan.
    Les restrictions mises en place par proclamation présidentielle américaine en mars 2020, pour limiter le nombre de voyageurs entre les Etats-Unis et l’Europe, sont toujours en vigueur. Brièvement résiliées par le président Trump à son départ en janvier, elles ont été immédiatement réinstaurées par Joe Biden, qui a fait de la lutte contre le Covid-19 la priorité de son administration. A ce jour, l’entrée aux Etats-Unis reste interdite aux voyageurs « physiquement présents au cours des 14 derniers jours » dans l’espace Schengen, au Royaume-Uni et en Irlande, sauf en cas d’attribution d’une national interest exception [exception d’intérêt national].
    Binationaux, titulaires de carte verte, diplomates, journalistes et étudiants ont un droit d’entrée automatique, tandis que les national interest exceptions sont attribuées au cas par cas aux travailleurs « apportant un soutien vital aux secteurs d’infrastructures critiques ». Pour les autres, voyageurs d’affaires ou de tourisme, investisseurs, salariés en poste aux Etats-Unis, créateurs d’entreprise, visiteurs d’échange, dizaines de milliers d’expatriés avec carrière dans un pays et famille dans l’autre, l’interdiction d’entrée n’a connu aucun répit depuis quinze mois. Etre titulaire d’un visa de long séjour lié à un statut ou une activité professionnelle n’ouvre pas pour autant le droit d’entrer aux Etats-Unis. Soumis au même régime que les touristes, ces Européens titulaires de visas dits non-immigrants doivent demander une national interest exception pour pouvoir retourner aux Etats-Unis, ce qui, le plus souvent, leur est refusé. En outre, les services des visas des consulats américains en Europe fonctionnent en régime réduit depuis des mois. D’après le site du département d’Etat, le délai actuel d’attente pour un rendez-vous pour un visa non-immigrant est de 98 jours à Berlin, 165 jours à Madrid, 372 jours à Paris et 999 jours à Rome.
    Acceptées au début de la pandémie de Covid-19 comme une réalité douloureuse mais inévitable, les restrictions de voyage sont devenues un régime discriminatoire, bloquant les populations dans des situations kafkaïennes. Certains renoncent à rendre visite à un parent gravement malade en Europe, sous la menace de ne pouvoir revenir dans le pays où ils ont leur emploi, leurs enfants ou leur conjoint. D’autres se retrouvent coincés pendant des mois en Europe faute d’obtenir un rendez-vous à l’ambassade pour renouveler leur visa, alors même qu’ils continuent de payer leurs impôts aux Etats-Unis.
    Des travailleurs sous visa valide passent quinze jours dans des pays tiers (Mexique, Colombie, Turquie) pour contourner l’interdiction, accroissant leur risque de contamination. Relayés sur les réseaux sociaux par les hashtags #LoveIsNotTourism, #Test4Travel ou #LiftTheTravelBan, des milliers de drames personnels racontent l’isolement, l’angoisse et le désespoir d’individus pris au piège d’une situation qui a trop duré.
    Lire aussi Covid-19 dans le monde : l’Europe lève progressivement les restrictions, malgré la menace du variant indien
    Avec la décision des membres de l’Union européenne d’ouvrir leurs frontières aux Américains vaccinés, l’asymétrie de traitement ne va faire que s’accentuer. Pressés de faire revenir la manne touristique américaine, les Européens n’ont pas attendu l’obtention d’une garantie de réciprocité de la part des Etats-Unis. Le 12 mai, Clément Beaune, secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes, assurait que l’Europe exigerait des pays vers lesquels elle s’ouvre une « situation sanitaire solide, une preuve fiable de vaccination ou de test, et la réciprocité ». Toutefois, alors que la position française et ses modalités restent à définir, l’Europe se dirige vers une réouverture aux Américains sans contrepartie.
    Pour autant, les leaders européens doivent continuer de défendre leurs compatriotes auprès des autorités américaines. A court terme, l’Europe doit demander un assouplissement des conditions de délivrance des national interest exceptions, pour qu’elles soient attribuées automatiquement aux voyageurs sous visa, qu’ils soient visa d’échange, immigrant ou non-immigrant. Les services consulaires américains en Europe doivent également reprendre une gestion normale des processus de visa, afin de remédier au goulet d’étranglement actuel. A moyen terme, les Européens doivent encourager les Etats-Unis à énoncer les critères sanitaires qui déterminent la levée ou le maintien des restrictions, afin de visualiser un horizon de réouverture. A long terme, Européens et Américains doivent travailler ensemble à des protocoles sanitaires durables qui construiront l’industrie du voyage de demain. A ce jour, des restrictions d’entrée aux Etats-Unis affectent aussi les voyageurs en provenance de Chine, d’Iran, du Brésil, d’Afrique du Sud et d’Inde. En outre, la diffusion du variant indien inquiète les autorités sanitaires, américaines comme européennes. Mais perdure depuis près de quinze mois une situation bureaucratique discriminatoire, qui touche en premier lieu les personnes qui constituent le maillage social et économique qui lie nos sociétés. Alors que le président Biden se rend en Europe mi-juin pour une série de sommets mettant en valeur l’engagement américain envers ses alliés, la levée, au moins partielle, des restrictions de voyage à l’égard des Européens serait un geste fort, préalable à la relance de la coopération transatlantique

    #Covid-19#migrant#migration#UE#etatsunis#sante#politiquemigratoire#expatrié#binationaux#visas#variant#discrimination#restrictionsanitaire#frontiere#circulation

  • Covid-19 dans le monde : le Vietnam durcit les mesures sanitaires et les variants changent de nom
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/31/covid-19-dans-le-monde-le-vietnam-durcit-les-mesures-sanitaires-et-les-varia

    Covid-19 dans le monde : le Vietnam durcit les mesures sanitaires et les variants changent de nom. Confronté à une nouvelle vague de l’épidémie, le Vietnam a annoncé le confinement partiel d’Ho Chi Minh-Ville, la capitale économique du pays. Par ailleurs, pour plus de clarté, l’OMS a décidé de renommer les variants d’après des lettres grecques.
    Si la pandémie continue de décélérer en Europe, l’inquiétude monte en Asie. Au Vietnam, où un nouveau variant du virus du Covid-19, qualifié de combinaison des variants indien et britannique par les autorités, a été découvert la semaine dernière, les autorités ont décidé de prendre de nouvelles mesures de restrictions à Saïgon, la plus grande ville du pays.
    Le Vietnam s’isole. Une femme derrière une pancarte exigeant de se tenir à 2 mètres les uns des autres, le 31 mai 2021, à Hanoï. Les vols en provenance de l’étranger ont été suspendus dans la capitale vietnamienne.
    Une femme derrière une pancarte exigeant de se tenir à 2 mètres les uns des autres, le 31 mai 2021, à Hanoï. Les vols en provenance de l’étranger ont été suspendus dans la capitale vietnamienne. THANH HUE / REUTERS
    Soumis à une recrudescence du virus causé notamment par un variant hybride, le Vietnam prend des mesures drastiques. Ho Chi Minh-Ville, la plus grande ville du pays, qui avait déjà vu certains commerces fermer leurs portes la semaine dernière, est soumise depuis ce lundi 31 mai à un nouveau tour de vis avec la fermeture des lieux culturels et sportifs ainsi que l’interdiction de toute activité non essentielle. Un confinement total est par ailleurs appliqué dans les quartiers de la ville les plus touchés.
    Parallèlement, la suspension des arrivées de vols internationaux, décidée la semaine dernière à l’aéroport Tan Son Nathsera, sera prolongée jusqu’au 14 juin, selon l’administration de l’aviation civile. Elle devait être levée le 4 juin. La mesure est par ailleurs étendue à l’aéroport Noi Bai de Hanoï à partir de mardi, a annoncé lundi l’aviation civile.

    #Covid-19#migrant#migration#vietnam#sante#circulation#frontiere#restrictionsanitaire

  • Covid-19 : l’Algérie assouplit les conditions de retour face à la colère de la diaspora
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/05/31/covid-19-l-algerie-assouplit-les-conditions-de-retour-face-a-la-colere-de-la

    Covid-19 : l’Algérie assouplit les conditions de retour face à la colère de la diaspora. Air Algérie va assurer six vols hebdomadaires en direction de cinq villes à partir du 1er juin : Paris, Marseille, Barcelone, Tunis et Istanbul.
    L’Algérie a légèrement assoupli les conditions d’entrée sur son sol de ses ressortissants bloqués à l’étranger en raison de la pandémie de Covid-19, en réduisant les frais de confinement obligatoire, a indiqué dimanche 30 mai un communiqué du conseil des ministres.Cette décision survient alors que la nombreuse diaspora algérienne proteste depuis plusieurs jours contre les conditions de retour draconiennes en Algérie à partir du 1er juin.
    Le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné, lors de la réunion du conseil des ministres, de « dispenser les étudiants et les personnes âgées à faible revenu parmi les Algériens de retour au pays de payer les frais d’hébergement relatifs à l’isolement ». Il a également été décidé de « baisser les frais d’hébergement de 20 % pour les Algériens de retour au pays », selon le communiqué. Ces frais avaient été fixés à 41 000 dinars (quelque 250 euros).Le gouvernement avait annoncé la semaine dernière une reprise progressive, à partir du 1er juin, des vols de la compagnie nationale Air Algérie après une suspension de quatorze mois. Il avait alors précisé que les frais de confinement et de dépistage à l’arrivée seraient à la charge des passagers. Un confinement de cinq jours sera obligatoire dans l’un des hôtels sélectionnés par les autorités. Une mesure qui a soulevé la colère des Algériens établis ou bloqués à l’étranger, notamment en France, où des centaines d’entre eux ont manifesté samedi devant des consulats de l’Algérie, pour dénoncer les conditions imposées par le gouvernement pour cette réouverture partielle des frontières.
    Air Algérie a confirmé samedi qu’elle allait assurer six vols hebdomadaires en direction de quatre pays (France, Espagne, Tunisie et Turquie) et cinq dessertes : Paris, Marseille, Barcelone, Tunis et Istanbul.Dans un communiqué publié dimanche, un collectif d’Algériens de l’étranger a réitéré « son rejet de l’ouverture de seulement cinq dessertes » et a demandé « à pouvoir acheter des billets d’avions auprès d’autres compagnies étrangères et alléger ainsi la pression sur Air Algérie ».
    Plusieurs millions d’Algériens de l’étranger ont dû composer avec la fermeture des frontières et la suspension des vols commerciaux et des liaisons maritimes décidées le 17 mars 2020.Depuis, les autorités ont organisé des vols de rapatriement pour leurs ressortissants, sous conditions, mais ces derniers ont été suspendus le 1er mars en raison de l’apparition du variant anglais fin février en Algérie.

    #Covid-19#migrant#migration#algerie#france#diaspora#sante#circulation#frontiere#retour#rapatriement#variant

  • Covid-19 : l’Union européenne propose de dispenser ses résidents vaccinés de test et de quarantaine
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/31/covid-19-l-union-europeenne-propose-de-dispenser-ses-residents-vaccines-de-t

    Covid-19 : l’Union européenne propose de dispenser ses résidents vaccinés de test et de quarantaine. La Commission européenne tente d’harmoniser les mesures auxquelles seront soumis les voyageurs au sein de l’UE avant l’entrée en vigueur, le 1er juillet, du certificat numérique européen. Après s’être mis d’accord sur la mise en place d’un certificat européen, les Vingt-Sept doivent accorder leurs violons sur les mesures liées à ce certificat. Bruxelles a recommandé, lundi 31 mai, de dispenser de test et de quarantaine les résidents de l’Union européenne vaccinés. Elle propose aussi d’exempter de tests les enfants de moins de 6 ans.Destiné à faciliter un retour à la libre circulation au sein de l’Union, le certificat numérique Covid sera valable dans toute l’UE à partir du 1er juillet, mais sept Etats membres vont commencer à l’émettre dès mardi. C’est donc à cette date que le système commence à fonctionner du point de vue technique, selon le commissaire européen Didier Reynders.
    Ce document a une triple dimension : il atteste d’une vaccination, d’un test négatif ou d’une immunité liée à une infection au Covid depuis moins de cent quatre-vingts jours. Afin de relancer le tourisme, la Commission européenne tente d’harmoniser les mesures auxquelles seront soumis les voyageurs au sein de l’UE mais ces décisions sont in fine du ressort des Etats membres.Le commissaire européen Didier Reynders, le 21 mai, à Bruxelles. Il a aussi proposé l’absence d’obligation de quarantaine pour les enfants. « Nous proposons qu’il n’y ait aucun test ni quarantaine imposés aux personnes entièrement vaccinées ou guéries » du Covid, a déclaré M. Reynders lors d’une conférence de presse, précisant que c’était déjà la pratique dans beaucoup d’Etats membres. Une personne sera considérée comme entièrement vaccinée quatorze jours après avoir reçu la dernière dose nécessaire. Les Etats membres peuvent être moins stricts, en décidant par exemple qu’une seule dose de vaccin suffit pour entrer sur leur sol.
    Pour les non-vaccinés, tout dépendrait du taux d’incidencePour les voyageurs qui n’ont pas été vaccinés ou qui n’ont pas contracté le Covid récemment, la Commission propose que les mesures varient en fonction de leur zone de provenance, en s’appuyant sur la cartographie en couleurs publiée chaque semaine par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies.Tests et quarantaine ne pourraient être imposés qu’aux voyageurs en provenance des zones « rouge foncé » ayant un taux d’incidence de plus de 500 cas (sur 100 000 habitants) sur quatorze jours. En outre, la Commission propose d’harmoniser à soixante-douze heures la durée de validité d’un test PCR, et à quarante-huit heures celle d’un test antigénique rapide, quand ce dernier est accepté par l’Etat membre.
    Afin de faciliter les déplacements en famille, alors que les plus jeunes n’ont pas accès à la vaccination, l’exécutif européen préconise de ne pas les soumettre à une quarantaine quand leurs parents en sont exemptés. Il propose aussi de dispenser de test les enfants de moins de 6 ans. Pour les touristes venant de pays tiers, « s’ils viennent en Europe avec une preuve de vaccination, ils pourront avoir accès aussi aux certificats européens pour voyager dans l’UE », a encore ajouté M. Reynders. Concernant les Etats-Unis, qui n’ont pas, « semble-t-il, l’intention pour l’instant d’avoir l’équivalent du certificat à l’échelon fédéral », le commissaire européen a précisé que des discussions ont été entamées avec le gouvernement américain pour permettre une authentification des données qui seront fournies.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#sante#circulation#frontiere#passeportvaccinal#vaccination#paystiers#restrictionsanitaire

  • « C’est vrai que l’on se sent coupable et égoïste de partir, mais tout régresse » : la Tunisie affaiblie par une hémorragie de médecins
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/06/01/c-est-vrai-que-l-on-se-sent-coupable-et-egoiste-de-partir-mais-tout-regresse

    « C’est vrai que l’on se sent coupable et égoïste de partir, mais tout régresse » : la Tunisie affaiblie par une hémorragie de médecins. La dégradation du système de santé publique pousse toujours plus de praticiens à l’exode vers la France et l’Allemagne, ce qui complique la gestion de la pandémie. Le thème doit être abordé lors de la visite de Jean Castex à Tunis les 2 et 3 juin. En pleine pandémie, Narjes Soua, médecin tunisienne, a posé ses valises en Ardèche méridionale pour travailler en tant que stagiaire associée avant d’obtenir le concours d’équivalence. « C’était très rapide, j’ai commencé ma procédure de départ en août 2020. J’ai eu un contrat assez facilement parce qu’il y a une grande demande de soignants en France », explique la jeune femme de 29 ans, qui est arrivée dans l’Hexagone en octobre, après avoir soutenu sa thèse en Tunisie et fini ses années de stage.Ce départ à l’étranger était un projet de longue date. Au début, il s’agissait d’acquérir « une expérience différente ». Aujourd’hui, Narjes Soua l’envisage plus comme une installation sur le long terme. « C’est très difficile pour moi de savoir si je reviendrai travailler dans mon pays un jour. Nous n’avons aucune perspective d’avenir en Tunisie avec les salaires qu’on nous propose, et la qualité de vie n’est plus la même. Je me sens plus libre ici », confie-t-elle. Maamoun Khamassi, médecin En Tunisie, près de 80 % des jeunes inscrits à l’ordre des médecins ont fait une demande de radiation et sont partis à l’étranger en 2020. Entre 700 et 800 praticiens quittent le pays chaque année, et leur nombre ne fait qu’augmenter. Cette fuite des cerveaux vers la France ou l’Allemagne s’est banalisée pour les nouveaux diplômés, en souffrance face aux salaires proposés dans le secteur public, autour de 1 200 dinars, soit 360 euros par mois (pour un revenu minimum tunisien de 120 euros).« Pendant la pandémie, j’ai préféré travailler bénévolement aux services du SAMU plutôt qu’à l’hôpital, tellement je trouvais ça ridicule d’être payé ce prix-là, lorsqu’on enchaîne les gardes et que l’on est exposé au virus », explique Maamoun Khamassi, 34 ans, lui aussi débarqué en Ardèche, il y a deux mois.
    L’arrivée du Covid-19 en Tunisie a accentué l’effet de loupe sur les défaillances du système de santé publique, pointées du doigt par les soignants depuis des années. « La plupart des recrutements sont bloqués à cause de l’endettement de l’Etat et, lorsqu’on recrute, les contrats sont très précaires et ne fournissent même pas une couverture santé en cas de Covid, considéré comme une maladie professionnelle seulement pour les salariés », explique Ridha Dhaoui, président de l’ordre des médecins de Tunisie.
    « Il est arrivé qu’en plein Covid-19 nous ayons des lits de réanimation, mais sans le personnel nécessaire pour s’en occuper. » Ahlem Belhadj, secrétaire générale du Syndicat des médecins. Ce chirurgien appartient à la génération partie en France pendant sa jeunesse pour enrichir son expérience, avant de revenir exercer en Tunisie. Aujourd’hui, cette mobilité est plus compliquée. D’abord parce que de nombreux professionnels ne souhaitent plus rentrer au pays, découragés par les conditions de travail. En décembre, la mort de l’un d’entre eux après une chute dans une cage d’ascenseur, en panne, dans un hôpital régional, avait suscité la colère et incité les jeunes médecins à descendre dans la rue. Signe que leur statut social s’est dégradé, « les violences de certaines familles de patients se sont multipliées dans les urgences, nous n’avions pas cela il y a dix ans », rappelle Ridha Dhaoui.
    Autre préoccupation, l’impossibilité de la bi-appartenance, un médecin inscrit à l’ordre tunisien ne peut pas exercer en France, et inversement lorsqu’il s’inscrit en France. Un problème pour les anesthésistes et les réanimateurs, l’un des plus gros contingents de l’exode. « Je connais certains médecins de cette spécialité qui font des cycles de garde en France sur quelques mois et qui pourraient revenir exercer dans le public en alternance en Tunisie s’ils en avaient la possibilité », ajoute Ridha Dhaoui, qui estime que cette mobilité pourrait pallier les nombreux départs.
    Douloureux dilemme. De son côté, Ahlem Belhadj, pédopsychiatre et secrétaire générale du Syndicat des médecins, plaide pour la négociation d’accords bilatéraux entre les deux pays, « afin de lutter contre l’hémorragie, sans limiter les libertés individuelles de nos jeunes ». Cet exode a de lourdes conséquences en Tunisie. Et la crise sanitaire n’a rien arrangé. « Il est arrivé qu’en plein Covid-19 nous ayons des lits de réanimation, mais sans le personnel nécessaire pour s’en occuper », poursuit Ahlem Belhadj. Si bien que le gouvernement a été contraint en 2021 d’augmenter de 13 % le budget du ministère de la santé et d’annoncer le ­recrutement de près de 300 médecins. Pour Maamoun Khamassi qui s’acclimate progressivement à son travail dans le service des urgences d’un centre hospitalier régional français, le dilemme est toujours présent. « C’est vrai que l’on se sent coupable et égoïste de partir parce que l’on sait que l’on a besoin de nous, mais tout régresse en Tunisie. Un jeune médecin passe son temps à faire le travail de cinq personnes en même temps, c’est un gaspillage d’énergie. »
    La France ne représente pourtant pas toujours la panacée pour les expatriés tunisiens, qui doivent patienter de longues années avant de pouvoir s’inscrire à l’ordre français et espérer un salaire supérieur à 3 000 euros. Le statut des 5 000 médecins diplômés hors de l’Union européenne et travaillant aux services des urgences et de réanimation des établissements publics français, dont les salaires sont souvent inférieurs à ceux de leurs homologues français, avait été dénoncé à plusieurs reprises au cœur de la crise sanitaire. Mais ces contraintes ne découragent pas les plus jeunes. « Je pense rentrer un jour avec un projet, mais c’est tributaire de l’amélioration de la situation en Tunisie. Le départ n’est jamais une décision facile », conclut Sleh Chehaibi, urgentiste installé en France depuis plusieurs années. Son hôpital a recruté huit Tunisiens cette année.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#france#sante#personnelmedical#circulationthérapeutique#systemesante#circulation#frontiere#diplome#economie

  • Qui est Bella Poarch, la star de TikTok dont le premier single bat des records ?
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/05/31/qui-est-bella-poarch-la-star-de-tiktok-dont-le-premier-single-bat-des-record

    Le 14 mai dernier, une jeune vidéaste populaire sur le réseau social TikTok publiait son premier single sur toutes les plates-formes de diffusion de musique en ligne. Presque deux semaines après sa sortie, son titre Build a B*tch recensait plus de 114 millions de vues sur YouTube, et des milliers de vidéastes plus ou moins amateurs en reprenaient en chœur les paroles sur TikTok. Si l’on n’a pas de compte sur la plate-forme de partage de vidéo, propriété du chinois Bytedance, l’incroyable popularité de sa musique peut interroger : mais qui est donc Bella Poarch ?

    Quelques mois et une trentaine d’autres courtes vidéos plus tard, la jeune créatrice publie un clip d’apparence tout aussi anodine. Sur une musique rythmée, elle se filme en gros plan et multiplie des mimiques kawaii (« mignon », en japonais) qu’on croirait sorties d’un anime japonais. Le tour est joué : Bella Poarch devient en quelques jours le visage le plus connu de la plate-forme en publiant la vidéo la plus regardée de TikTok de tous les temps (49,5 millions de vues à ce jour).

    #TikTok #Kawai #Bella_Poarch #Célébrité #Culture_numérique

  • « Raoult. Une folie française » : les extraits exclusifs du livre-enquête d’Ariane Chemin et Marie-France Etchegoin
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/05/31/retrouvez-les-extraits-de-raoult-une-folie-francaise-une-enquete-d-ariane-ch


    « Raoult. Une folie française », d’Ariane Chemin et Marie-France Etchegoin (Gallimard, 256 pages, 18 euros).

    Qui est ce professeur marseillais au sujet duquel la France s’est déchirée en pleine pandémie ? Dans leur livre, à paraître jeudi 3 juin chez Gallimard, les deux journalistes dévoilent son passé, les ressorts de son ambition et les coulisses de sa défense acharnée de la chloroquine dans la lutte contre le Covid-19.

    Bonnes feuilles. « Je vais vous raconter une chose que je n’ai confiée à personne », lance Didier Raoult. Nous sommes assises face au célèbre professeur dans le bureau qui lui sert de QG à Marseille. En ce début de printemps 2021, nous venons de lui demander s’il a déjà fait mesurer son intelligence dont il semble faire si grand cas. C’est là qu’il livre son secret : « Un jour, alors que j’avais 14 ans, un pédopsychiatre a dit à mon père : “Ecoutez, votre gosse a 180 de QI. Laissez-le faire. Tout ira bien.” »

  • A Belle-Ile-en-Mer, les vignes de la colère
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/05/31/belle-ile-en-mer-se-divise-autour-d-un-projet-viticole_6082168_3234.html


    JULIETTE PAVY / DIVERGENCE POUR « LE MONDE »

    Les exploitants du domaine bio Les Vignes de Kerdonis, propriété du milliardaire Christian Latouche, mettent en avant les potentielles retombées économiques. En face, des associations dénoncent l’impact écologique et une voie menant à la « gentrification de l’île ».