• « Pour une ESS d’émancipation sociale : ESS et Société des Communs - Quelles évolutions du travail ?
    http://www.miroirsocial.com/membre/milesy/post/pour-une-ess-d-emancipation-sociale-ess-et-societe-des-communs-quelles

    Aujourd’hui dans la recherche d’une rupture nécessaire avec le capitalisme, le libéralisme, nous évoquons la perspective d’une « société des communs » qui pourrait représenter un dépassement de certains principes mêmes de l’ESS, tel que celui de la propriété collective.

    Alors que ce débat s’ouvre (de l’ouvrage de Benoît BORRITS, « Au-delà de la propriété », au Hors-série ESS de Politis à paraître en janvier 2019) il nous paraît nécessaire de poser la question du travail et de ses évolutions.

    #ess #communs #travail #évolution #futur_du_travail #société #économie

  • Les communs : une voie pour transformer l’éducation Billets, jeu le 29 nov. 2018, 13:45 | Eventbrite
    https://www.eventbrite.fr/e/billets-les-communs-une-voie-pour-transformer-leducation-52159149420

    En collaboration avec la mission société numérique, cet après-midi dédié sera l’occasion de revenir sur l’événement Numérique-en-commun, de se questionner et de contribuer aux communs de l’éducation.

    #communs #fablab

  • Des graines, des mots, des fiches métiers en libre partage au CDI avec la grainothèque – LudoDOC
    https://ludodoc.wordpress.com/2018/11/19/des-graines-des-mots-des-fiches-metiers-en-libre-partage-au-cdi-a

    Les grainothèques de mots

    Les élèves peuvent au CDI emprunter des mots (choisis pour appartenir au registre soutenu) et les semer librement. Nous avons fait le pari que les élèves allaient employer le mot selon les conseils de culture fournit sur la pochette et enrichir leur vocabulaire …
    Les grainothèques de métiers

    Concernant les métiers, nous avons choisi de faire créer aux élèves sur ce modèle des enveloppes-métiers

    #grainothèque #communs #orientation #séance

  • Urban Planning Guru Says Driverless Cars Won’t Fix Congestion - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2018/10/27/technology/driverless-cars-congestion.html

    Mr. Calthorpe is a Berkeley-based urban planner who is one of the creators of New Urbanism, which promotes mixed-use, walkable neighborhoods. His designs emphasize the proximity of housing, shopping and public space.

    He is not opposed to autonomous vehicles. Mr. Calthorpe’s quarrel is with the idea that the widespread adoption of personally owned self-driving cars will solve transportation problems. In fact, he worries it will lead to more urban congestion and suburban sprawl.

    “One thing is certain: Zero- or single-occupant vehicles,” even ones that can drive themselves, “are a bad thing,” he and the transportation planner Jerry Walters wrote in an article last year in Urban Land, an urban planning journal. “They cause congestion, eat up energy, exacerbate sprawl and emit more carbon per passenger-mile.”

    “The key distinction is the number of people per vehicle,” said Mr. Walters, a principal at Fehr & Peers, a transportation consultancy in Walnut Creek. “Without pretty radically increasing the number of people per vehicle, autonomous systems will increase total miles traveled.”

    He used his software to show that by changing just commercial zoning to permit higher density along El Camino Real — the 45-mile boulevard that stretches through the heart of Silicon Valley from San Francisco to San Jose — it would be possible add more than a quarter-million housing units.

    The Valley’s housing crisis can be explained in data that shows that since 2010, the region has added 11 jobs for every new home built; the median home price has reached $934,000; and rents have gone up 60 percent since 2012. One of the consequences of the growing imbalance between housing and jobs is the increasing traffic and congestion, according to an Urban Footprint report.

    To avoid congestion, the plan requires efficient mass transit. Mr. Calthorpe has proposed an alternative — autonomous rapid transit, or ART — using fleets of self-driving vans in reserved lanes on main arteries like El Camino Real. Those lanes would allow the vehicles to travel faster and require a lower level of autonomous technology. And the vans could travel separately or be connected together.

    Mr. Calthorpe’s plan is an evolution of the concept of “transit-oriented development” he pioneered while teaching at the University of California, Berkeley, in the late 1980s. It focuses on designing urban communities that encourage people to live near transit services and decrease their dependence on driving.

    “You have to redesign the street itself,” he said. “You need to add autonomous transit, and you need to get rid of parallel parking and put in bikeways and better sidewalks.”

    #Mobilité #Automobile #Communs_urbains

  • « La pensée, plus que jamais, n’existe que dans la confrontation »
    https://unphilosophe.com/2018/10/22/entretien-avec-serge-quadruppani-la-pensee-plus-que-jamais-nexiste-que

    Entretien avec Serge Quadruppani sur le site Un Philosophe à propos de son livre « Le monde des grans projets et ses ennemis »

    Je n’ai aucune idée de ce que sont les « penseurs de métier ». Aujourd’hui, on a des personnages médiatiques qui prennent des poses de penseurs, qui sont complètement déconsidérés, que plus personne ne prend au sérieux mais que les médias continuent à promouvoir. Leur fonction n’est évidemment pas d’aider leurs contemporains à penser, mais de les distraire de l’effort de penser, en leur fournissant des banalités de comptoir machinalement répétées (l’obsession du « c’était mieux avant » chez Finkelkraut ou Debray) ou des énormités tonitruantes (comme l’équation « Freud=nazi » chère à Onfray), ou pour s’offrir comme cibles à sarcasmes et dis-penser de prendre quoi que ce soit au sérieux (la dérision généralisée, arme de soumission massive). Parce que la pensée, plus que jamais, n’existe que dans la confrontation. On ne pense pas le monde suivant qu’on s’y soumet à travers les dispositifs spectaculaires et les parcours fléchés du discours dominant, ou qu’on s’y affronte sur le terrain, avec les zadistes, les soutiens aux migrants, les travailleurs en grève. S’il existe bien des chercheurs qui trouvent (comme Grégoire Chamayou, au hasard), c’est-à-dire des gens payés (plutôt chichement, en général) pour accumuler des données, rares sont les données qui donnent quelque chose à la lutte, mais celles-là sont évidemment précieuses. C’est aux gens qui luttent de construire un contre-savoir et un contre-imaginaire. Sur la Zad ou dans la vallée de Susa, et en bien d’autres lieux qui résistent au saccage de la planète, des gens s’y emploient. Ils ne font pas métier de penser, mais ils pensent.

    #grands_projets #grands_projets_inutiles #ZAD #NDDL #Val_Souza #autonomie #communs

  • Lentillères : subversion maraîchère

    A Dijon, 6 hectares promis à l’urbanisation sont occupés depuis 2010. Potager collectif, jardins partagés : le quartier revit. Un reportage publié par Libération en 2014

    Sont-ils frères et sœurs des zadistes de Notre-Dame-des-Landes ? Ou enfants du Candide de Voltaire, qui appelait à « cultiver notre jardin » ? Leur zone à défendre (ZAD) à eux se trouve à Dijon. C’est une ancienne friche à proximité de l’entrée sud de la ville, en contrebas de la voie ferrée. Un triangle de six hectares, promis à l’urbanisation, qu’ils occupent en la cultivant depuis quatre ans. Une subversion maraîchère que la municipalité a tenté en vain de décourager. La ville de Dijon entend en effet construire ici l’un des 14 écoquartiers de son plan local d’urbanisme. Sur 21 hectares qui englobent aussi l’ancien quartier des abattoirs, sont prévus 1 500 logements, 15 000 à 20 000 m2 de bureaux, surfaces commerciales et espaces verts. Une « cité-jardin » brocardée par les squatteurs-jardiniers qui raillent une « dimension environnementale limitée aux normes BBC (bâtiments basse consommation en énergie) ». Contre « le bétonnage écologique », ils défendent ces terres rescapées de l’ancienne ceinture maraîchère de la ville et forgent un modèle d’agriculture bio et vivrière.

    La campagne à la ville

    De l’extérieur, on ne voit pas grand-chose, juste un grand tag « Non à l’écoquartier ». Quand on franchit le portail, on découvre la campagne à la ville. Un paysage hybride et apaisant, une zone plus bucolique qu’horticole parsemée de haies, d’arbres et de chemins sinueux… A l’occasion de l’anniversaire des quatre ans d’occupation, des « squatteurs jardiniers » nous guident dans le « quartier libre des Lentillères ». Il y a d’abord un potager collectif, le Pot’col, un hectare de terre où « on travaille et récolte ensemble », et sans pesticides, explique Thomas, 25 ans, ingénieur en environnement. Fraises, patates, choux, radis, épinards… « Pour notre consommation et pour des soupes ou salades parties grâce auxquelles on collecte un peu d’argent ». A son arrivée à Dijon, en 2011, Thomas avait envie de « faire un jardin ». Il s’est adressé aux jardins familiaux. Mais l’ambiance l’a déçu. Au potager des Lentillères, il a plongé ses mains dans la terre, en a retiré bien plus qu’il n’en attendait : « Ici, on démultiplie nos capacités et nos compétences. »

    Le Pot’col a été « la première surface occupée, la seule jusqu’en 2012 », poursuit Benjamin. Chaussé de bottes de caoutchouc, il se définit comme « un urbain, titulaire d’un bac agricole », qui a trouvé aux Lentillères une opportunité rare d’« accéder à la terre » et de se former au maraîchage. Derrière la haie, des parcelles, des potagers partagés entrecoupés d’arbres, de quelques hamacs, de collecteurs d’eaux pluviales… Comme le « jardin des Marocains », ainsi nommé parce que cultivé par les ouvriers immigrés du foyer voisin. « En 2012, on a commencé à appeler les gens à venir défricher leur parcelle »,dit Thomas, et le mouvement a pris une ampleur inattendue. « On vient autant pour le lien social que pour la production, remarque Yannick Sencébé, sociologue du monde rural à l’Inra de Dijon, qui a fait du potager des Lentillères son terrain d’études (1), à partir, précise-t-elle, « d’une posture de participation observante ». « Chacun choisit sa parcelle et se l’approprie. Beaucoup laissent un barbecue, d’autres une caravane… »

    Vient ensuite « l’espace des maraîchers », grande parcelle horticole, dont la production permet d’alimenter un marché à prix libres, chaque jeudi soir, où se pressent de plus en plus de Dijonnais. Antoine, l’un des maraîchers, vit sur place et partage son temps de travail entre les Lentillères et d’autres terres à 30 kilomètres de là. « Monomaniaque du jardin », il a « découvert ici l’autogestion, le collectif », une expérience qu’il espère valoriser au sein d’une ferme collective.

    Dans la grange aménagée en bar et salle de concerts, un diaporama retrace l’histoire de la friche. Au départ, en 2009, il y a Urgence Bio21, un collectif d’associations dont Attac, la Confédération paysanne, Slow Food et les Amap locales. « Sept cents familles étaient sur liste d’attente pour intégrer une Amap et bénéficier chaque semaine d’un panier de légumes bio, relate Yannick Sencébé. Il n’y avait pas assez d’offre. » Le collectif discute avec la ville pour promouvoir une agriculture bio et locale. Selon Benjamin, les associations « se font balader par la mairie qui propose des terres pourries » alors que celles de la ceinture maraîchère sont d’une « qualité agronomique exceptionnelle ».

    Pourtant, au fil des projets d’urbanisation qui se sont succédé sans se concrétiser depuis quinze ans - une gare TGV, une clinique - et depuis 2008, l’écoquartier, les maraîchers sont partis, les propriétaires ont vendu à bon prix les terres que la mairie a préemptées. Une seule famille de maraîchers vit encore là, le reste n’est que ronces, buissons et ordures. Les jeunes militants du collectif - « la génération des zadistes, précise Yannick Sencébé, celle qui passe plus volontiers à l’action que nous, les altermondialistes »- découvrent la friche, nouent des liens avec la famille et avec les habitants du squat voisin, installé depuis 1998 dans les bâtiments des anciens abattoirs. Le 28 mars 2010, du centre-ville jusqu’aux Lentillères, 200 manifestants marchent avec bêches, brouettes et chariots pleins de semis pour « libérer les dernières terres agricoles intra-muros ». « On a fait l’expérience de la force du collectif », se souvient Yannick Sencébé. Les ronces sont arrachées, la terre nettoyée, les salades plantées. « Au début personne ne savait jardiner, admet Thomas, mais les maraîchers nous ont aidés. »

    La renaissance des terres suscite sympathie et soutien. Une fois par an, un paysan vient livrer 12 tonnes de fumier, même s’il lui faut faire une heure de tracteur. Il y a aussi ce gérant de café qui ouvre ses cuisines pour que les potagistes puissent préparer les plats pour les fêtes, ces voisins contents de voir revivre le quartier, ou ces chômeurs pour lesquels le marché à prix libres est une aubaine. Et des sympathisants de France, de l’étranger ou croisés sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes…

    Au fil des mois, l’éventail des motivations s’est étoffé : à la volonté de préserver des terres en ville, de promouvoir une agriculture bio de proximité, s’est greffée l’aspiration de jeunes « paysans sans terre » qui rêvent de « faire sauter le verrou de l’accès au foncier » ; certains potagistes rejettent le salariat et aspirent à une forme de vie collective ; d’autres entendent remettre entre les mains de « ceux qui désirent un bout de jardin les terres sous l’emprise des promoteurs urbains ». S’y ajoute la critique d’une « urbanisation synonyme d’atomisation des vies avec une logique d’habitat individuel et peu de mixité sociale ». « Le but affiché des écoquartiers est d’atteindre les 300 000 habitants, une taille considérée comme critique pour Dijon qui se veut aussi capitale écologique », souligne Yannick Sencébé. La sociologue discerne (1) chez les jeunes potagistes une sensibilité commune : « C’est une génération marquée par les enjeux écologiques et recherchant à travers le rapport à la terre la mise en pratique d’un mode de vie alternatif. »

    Avec l’ex-maire socialiste de Dijon (2001-2014), François Rebsamen - ministre du Travail depuis avril -, le dialogue n’a jamais pu se nouer. En témoigne sur la friche un tas de décombres, vestiges d’une grande maison bourgeoise, rachetée par la mairie mais devenue le QG du potager des Lentillères. En 2010, raconte Thomas, « la mairie a envoyé des bulldozers qui ont rasé la villa ». En 2011, les potagistes demandent un entretien au maire mais leur lettre ouverte, cosignée par une vingtaine d’associations, reste sans réponse. « La deuxième attaque, relate Benjamin, s’est produite en 2012. Une tractopelle a déboulé et retourné une partie de la friche, creusant de gros trous. » Paradoxalement, le saccage cristallise la lutte et la résistance. En 2013, les potagistes profitent de l’enquête publique sur le projet d’écoquartier pour s’exprimer mais, malgré une majorité d’avis négatifs, le commissaire enquêteur conclut à l’intérêt du projet. « Le jardinage, c’est la base, mais là-dessus se greffent plein de projets, observe Yannick Sencébé. On a cultivé un esprit festif avec un programme d’animations culturelles, retapé la grange où l’on organise des concerts chaque semaine. » Entre aubépines et sureaux, sont apparus des tables, des ruches, ou encore le « snack friche », un ancien appentis aménagé pour se mettre au chaud, faire la cuisine… Le quartier des Lentillères fourmille de vie et d’idées.

    L’écoquartier en question

    Au printemps, les potagistes ont profité de la campagne municipale, ils se sont invités à chacune des réunions publiques du maire candidat Rebsamen pour se faire entendre. Avec des discussions houleuses, des squatteurs refoulés, mais aussi une petite avancée. Dans une interview diffusée à la veille du deuxième tour, Rebsamen a reconnu qu’il y avait aux Lentillères de « bonnes terres ». « On va les protéger », a-t-il garanti. La mairie avait jusque-là toujours dit que ces terres étaient polluées et impropres à la culture. Mais le maire a précisé qu’il refusait « l’occupation sauvage », souhaitant que « des associations agréées » gèrent ces espaces.

    Fin avril, au téléphone, Pierre Pribetich, l’adjoint au maire en charge de l’urbanisme, manie le chaud et le froid. Il se dit « respectueux de la démarche » des potagistes, mais dénonce une « occupation illégale ». Il est « ouvert au dialogue », « partisan du compromis » à condition que « chacun fasse évoluer sa position ». Il explique les contraintes auxquelles la ville doit faire face : « D’un côté, une demande récurrente de logements à Dijon (il en faudrait 600 à 700 nouveaux par an pour éviter que la ville périclite). De l’autre, l’obligation qui nous est faite de limiter l’étalement urbain. » Il vante la conception de l’écoquartier qui prévoyait « dès le début, des espaces de culture dédiés, 10 000 m2 de jardins potagers et 1500 m2 de vergers pédagogiques ». Selon lui, la seule divergence porte sur la localisation de ces espaces mais il ajoute qu’aux Lentillères, il n’y a pas de « professionnels ».

    Cela fait sourire les potagistes, fiers de leurs légumes. Ils ne revendiquent que 6 hectares sur les 21 alloués à l’écoquartier. Avec humour, ils ont baptisé le journal des Lentillères le Génie du lieu, en référence à Nicolas Michelin : « Le génie du lieu, disait l’urbaniste dans une interview, c’est l’impression, l’air, l’atmosphère… […] Nous devons nous imprégner de ce qui existe, de l’histoire, des hommes avant de construire. […] Je ne comprends pas ceux qui inventent des systèmes complexes sans tenir compte de l’existant. »

    (1) « Empaysannement de luttes urbaines : Quand la défense de la terre nourricière s’invite au cœur des villes », de Y. Sencébé, in « Pour » n°220, 2013.

    Eliane Patriarca

    #autonomie #communs #ZAD #territoires #grands_projets_inutiles #Lentillères

  • Aux Lentillères, le paradis altermondialiste menacé par l’écoquartier

    Défrichées en 2010, d’anciennes terres maraîchères du sud de Dijon accueillent jardins partagés et squatteurs désireux de vivre en marge de la société. Un laboratoire alternatif à ciel ouvert que la mairie souhaiterait raser pour construire logements, bureaux et commerces.

    La route est courte pour se rendre aux Lentillères depuis le centre-ville dijonnais. Une demi-heure à pied, le temps de voir le paysage évoluer des immeubles haussmanniens aux maisons de banlieue. Et puis la signalisation change : un « zone 30 » devient « zone libre », un affichage annonce le « quartier libre des Lentillères ». L’entrée sur les terres maraîchères se fait sans encombre. A l’inverse de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, aucune barricade ne restreint les allées et venues. Les huit hectares du quartier sont relativement calmes. Seul le bruit des trains qui longent les Lentillères se fait parfois entendre.

    Campagne rattrapée par la ville, le quartier des Lentillères fut aussi une zone industrielle au XIXe siècle et durant les Trente Glorieuses. L’étalement urbain s’amplifiant, les dernières terres agricoles sont enclavées dans les années 80. Quelques maraîchers continuent pourtant à cultiver dans le périmètre actuel du quartier libre des Lentillères. Les décennies passent et en mars 2010, des militants dijonnais décident d’accaparer les terres maraîchères, alors que le terrain appartient à la ville. Souhaitant développer encore les écoquartiers, la municipalité de François Rebsamen et la communauté de communes ont misé en 2010 sur cette parcelle de la banlieue sud pour construire logements, commerces et bureaux. Le bras de fer entre les élus et squatteurs est féroce, entre consultations publiques et actions coups de poing. La première phase des travaux, à proximité de la ZAD, a pourtant débuté en 2016. La deuxième, qui raserait le quartier, fait toujours débat. Du côté de la mairie, aucune date de début de travaux n’est communiquée. Lors du dernier conseil municipal, le sujet est revenu sur la table, menant à des échanges virulents entre majorité et opposition.

    Depuis huit ans, une centaine de personnes vivent en permanence sur cette ZAD urbaine. Ils se nourrissent en grande partie des légumes qu’ils récoltent. Les surplus sont vendus sur place, le jeudi, à l’occasion d’un marché où les prix sont libres. Sur les premiers hectares, les jardins du collectif Pot’Co’Le définissent le paysage. Habitants et jardiniers y cohabitent. Trois ans après le premier défrichage des terres, Monique, retraitée logeant au centre-ville, a pris possession d’une parcelle avec des amis. « Il a fallu quatre mois pour tout défricher, il y avait des arbustes de 3 mètres de haut », se souvient-elle. Elle y cultive fruits, légumes et herbes aromatiques. « J’ai rencontré beaucoup de monde ici. J’ai même sympathisé avec des Touaregs. Ils m’invitent à leurs fêtes et arrosent mes plantations quand je suis en voyage », raconte la retraitée.

    Solidarité, système D, potager

    Un peu plus loin, on rejoint les serres. En cette fin d’après-midi du début octobre, une dizaine d’habitants désherbent. C’est là que nous rencontrons Pablo. Ce jeune Uruguayen vagabonde à travers l’Europe, souhaitant créer un projet culturel à son retour au pays. Bien qu’il n’y vive que pour un mois maximum, Pablo est désireux d’apprendre sur le mode de vie du quartier. « L’éducation scolaire n’apprend pas les méthodes pour entretenir la nature, pointe l’Uruguayen. Ici, cela va à l’encontre de la culture populaire où l’on imagine un champ comme une étendue infinie de blé ou de maïs. Je suis surpris de la manière dont on arrive à nourrir tout le quartier avec aussi peu d’espace. »

    Pablo ne parle pas français, seulement espagnol et un anglais approximatif. « Cela ne m’a pas aidé lors de mon arrivée au quartier. Plusieurs nationalités cohabitent. Heureusement, j’ai été aidé par d’autres habitants qui font la traduction », explique-t-il devant sa caravane.

    En plus d’accueillir des étrangers, le quartier compte dans ses habitants de nombreux Français désireux de vivre en marge de la société. C’est le cas d’Alexis, qui vit aux Lentillères depuis quatre ans. Cet anarchiste raconte ses passages dans des squats à Paris, son implication dans la lutte, ne manquant pas de nous présenter des médias alternatifs, pendant que son enceinte crache du Keny Arkana.

    Quelques instants après notre rencontre, le jeune homme sort de l’enclave des Lentillères et croise quatre voitures qu’il pense banalisées. « J’ai vu un homme sortir de l’une d’elles. Après avoir prévenu mes amis, je l’ai rejoint puis escorté et filmé le temps qu’il longe le quartier. » Finalement, l’inconnu ne s’introduira pas dans la ZAD. « Il n’y a pas eu d’intervention policière depuis plusieurs années, mais c’est obligé que des keufs en civil se baladent dans le quartier. Ils peuvent toujours venir, nous sommes tellement unis qu’on ne lâchera rien. On peut tenir jusqu’en 2025 si on veut », affirme-t-il avant de nous emmener dans son squat.

    La pièce principale de cette maison autrefois abandonnée est colorée : les murs y sont orange mat et bleu ciel. Les cinq habitants de la bâtisse disposent de l’électricité, de meubles, de petit électro-ménager, mais pas d’eau courante. Alors pour le café, c’est au jerrican qu’Alexis remplit le réservoir d’eau de sa machine. Débrouille et récupération font partie des normes du quartier.

    « Nous sommes les ennemis du système »

    Un peu plus loin, on arrive aux petites Lentillères. L’endroit est moins boisé et surtout en face des anciennes tanneries, où est construite en ce moment la phase 1 de l’écoquartier des maraîchers. Un aperçu de l’avenir ? La phase 2, dont les dates de travaux sont encore floues, mènerait au bétonnage du quartier libre. Un décalage entre deux mondes que décrit Franck, vivant à la frontière du quartier. « On entend du bruit toute la semaine, mais on se soigne. L’autre jour, il y avait un ouvrier sur chacun des cinq étages de l’échafaudage, on aurait dit les Village People » s’exclame-t-il avant de confier « être allé danser YMCA devant eux avec un voisin ».

    Son voisin justement, c’est Fred. La cinquantaine, il dort dans une caravane en attendant que sa maison des Lentillères, incendiée, soit reconstruite. Cet amoureux de la nature a peint une pancarte appelant à profiter du chant des oiseaux, qui « donne la force de résister ». Décrivant les Lentillères comme son coin de paradis, il parle du manque de moyens face aux protagonistes de la seconde phase. « Nous n’avons pas grand-chose à défendre, si ce n’est nos terres et la solidarité qui anime le quartier. Ce serait vraiment embêtant qu’une dalle de béton soit coulée sur cet écrin de nature », avoue-t-il tristement. Fred s’inquiète aussi de l’arrivée imminente des habitants de la première phase : « Si des vols ou des incidents ont lieu, les Lentillères seraient immédiatement pointées du doigt. Cela compliquerait notre combat. »

    Lucky est plus radical. Cet Espagnol vit en alternance entre les Lentillères et la péninsule ibérique depuis trois ans. « Nous sommes les ennemis du système. Notre action et notre mode de vie ne vont pas dans son sens », affirme l’Espagnol. Tout comme Monique, Alexis, Franck et Fred, il est prêt à se battre pour défendre les terres maraîchères. Le bras de fer avec la mairie semble interminable, à l’heure où les bulldozers pourraient débarquer au prochain réveil. Un peu comme l’avaient fait par surprise des pelleteuses à l’occasion du second anniversaire du Pot’Co’Le.

    Martin Esposito Photos Claire Jachymiak

    #autonomie #communs #ZAD #territoires #grands_projets_inutiles #Lentillères

  • « Il va bien falloir prendre parti dans la guerre en cours, entre les managers et les alliés du vivant » - Basta !
    https://www.bastamag.net/Il-va-bien-falloir-prendre-partie-dans-la-guerre-en-cours-entre-les-manage
    https://www.bastamag.net/IMG/arton6775.jpg?1529398386

    D’un côté la biodiversité disparaît à grande vitesse, à cause des pesticides, du bétonnage et de la déforestation industrielle. De l’autre, de plus en plus de populations et territoires se soulèvent contre ces projets funestes. Dans son ouvrage Être Forêts, habiter des territoires en lutte, le philosophe et bâtisseur Jean-Baptiste Vidalou se penche sur la forêt, lieu de résistances à l’exploitation de la terre et des hommes, défendue par « ceux qui élaborent et font vivre des communs » : « Un monde pluriel, attaché à des territoires, des animaux, des plantes, un monde qui favorise l’hétérogénéité du vivant plutôt que l’homogénéisation capitaliste. » Entretien.

    #capitalocène #territoire #grands_projets_inutiles #communs

  • Changer le monde, un octet à la fois – Framablog
    https://framablog.org/2018/10/16/changer-le-monde-un-octet-a-la-fois

    L’association Framasoft a 14 ans. Durant nos 10 premières années d’existence, nous avons créé l’annuaire francophone de référence des logiciels libres, ouvert une maison d’édition ne publiant que des ouvrages sous licences libres, répondu à d’innombrables questions autour du libre, participé à plusieurs centaines d’événements en France ou à l’étranger, promu le logiciel libre sur DVD puis clé USB, accompagné la compréhension de la culture libre, ou plutôt des cultures libres, au travers de ce blog, traduit plus de 1 000 articles ainsi que plusieurs ouvrages, des conférences, et bien d’autres choses encore !

    #logiciel_libre #communs

  • Changer le monde, un octet à la fois
    https://framablog.org/2018/10/16/changer-le-monde-un-octet-a-la-fois

    Cette année, comme les précédentes, #Framasoft fait appel à votre générosité afin de poursuivre ses actions. Depuis 14 ans : promouvoir le logiciel libre et la culture libre L’association Framasoft a 14 ans. Durant nos 10 premières années d’existence, nous avons … Lire la suite­­

    #Communs #Contributopia #Dégooglisons_Internet #Fédération #Framabook #Libres_Logiciels #Libres_Services #Communaute #contributopia #Degooglisons #don #EducPop #essaimage #GAFAM #Planet #RezoTIC #soutenir

  • « Dans l’espace, ceux qui arrivent après les explorateurs sont les commerçants »
    https://abonnes.lemonde.fr/sciences/article/2018/10/15/dans-l-espace-ceux-qui-arrivent-apres-les-explorateurs-sont-les-comm ?

    Certains entrepreneurs du NewSpace ont clairement l’ambition d’exploiter les ressources minières spatiales, ce qui va à l’encontre des traités internationaux sur l’espace qui stipulent que ces ressources ne peuvent faire l’objet d’une appropriation. Comment résoudre cette contradiction ?

    C’est l’enjeu principal – juridique, éthique, politique – de cette nouvelle phase. Quand les Etats-Unis en 2015 et le Luxembourg l’année suivante ont dit qu’ils accueillaient les entreprises voulant se lancer dans l’exploitation minière des corps extraterrestres et qu’ils les protégeaient légalement, cela a créé beaucoup de brouhaha dans la communauté juridique parce que cela remet en cause le principe de la non-appropriation de l’espace.

    Par exemple, la Lune a été déclarée patrimoine commun de l’humanité et personne ne peut l’exploiter pour en tirer un profit personnel. Depuis 2015, le Groupe de la Hague sur les ressources spatiales réunit un certain nombre d’acteurs étatiques, institutionnels, universitaires, privés, pour réfléchir à la question de la gouvernance spatiale. Ce qui est intéressant, c’est que, pour une fois, nous avons largement anticipé les problématiques du futur mais aussi que cela nous permet de réfléchir à notre manière de gérer ensemble les ressources communes, ce dont on a également besoin sur Terre…

    Quelle place laissera-t-on à la science sur les objets célestes s’ils sont avant tout considérés comme des ressources économiques ?

    Le risque de la disparition possible de la phase d’exploration scientifique existe effectivement. Celle-ci s’est faite jusqu’ici avec une ­attention portée à la protection et à la non-contamination des corps où nous envoyons des sondes. Or tout cela n’est pas le premier souci – et peut-être même pas un souci du tout – pour des entrepreneurs spatiaux. La question se pose aussi avec les projets de colonisation de Mars : faire débarquer des colons sur cette planète, même si ce n’est que pour quelques jours, c’est immédiatement « polluer » une zone assez étendue sur Mars ! Et donc complètement shunter l’exploration scientifique que ces colons pourraient mener. Qu’est-ce qui peut aujourd’hui empêcher une telle contamination massive, obliger à respecter une démarche scientifique ? Je crois qu’il n’y a rien. Les chercheurs s’imposent des codes de bonne conduite, comment contraindre les entrepreneurs privés de faire de même ?

    #Communs #Espace #Marchandisation #Enclosures

  • Elinor Ostrom : par-delà la tragédie des communs - La Vie des idées
    https://laviedesidees.fr/Elinor-Ostrom-Par-dela-la-tragedie-des-communs.html#nh1

    Excellent résumé des travaux d’Elinor Ostrom

    Toute la carrière universitaire d’Ostrom est axée autour d’un concept qui joue un rôle essentiel en économie, mais qui est rarement examiné en détail : le concept de propriété. Ronald Coase signalait déjà à la profession l’importance de bien définir les droits de propriété lorsque les actions d’un individu ont une incidence sur le bien-être d’autres individus. Or, la principale préoccupation de Coase était la frontière entre l’individu et l’État dans la régulation de ces actions. Ostrom s’attelle à explorer cet entre-deux nébuleux où ce sont les communautés, et non pas les individus ou les gouvernements officiels, qui détiennent les droits de propriété.

    Droits de propriété

    Ronald Coase et Elinor Ostrom se sont tous deux intéressés à la manière dont les droits de propriété affectent l’allocation des ressources. Afin d’illustrer les différences entre leurs approches, considérons le simple exemple suivant. Un écrivain qui apprécie le calme et la tranquillité vit dans un immeuble. Il a pour voisins un groupe de jeunes étudiants qui aiment faire la fête avec de la musique forte. L’écrivain possède les droits sur son appartement et les étudiants sur le leur. Or, ni l’un ni les autres ne détiennent un droit de propriété sur le bruit qui circule entre les appartements. La quiétude partagée par ces deux appartements constitue un bien commun. Dans cette situation, il est tout à fait possible que le bruit atteigne des niveaux qui sont inefficaces, dans le sens où une réduction du bruit serait bénéfique pour l’écrivain bien plus qu’elle n’incommoderait les étudiants. Mais comment faire advenir une telle réduction ?

    Pour Coase, le problème se pose parce que les droits de propriété relatifs au bruit sont mal définis. Si le système judiciaire attribuait clairement les droits à l’une ou l’autre partie, une allocation efficace s’effectuerait par la négociation. Si l’écrivain détenait le droit de décider du niveau de bruit, les étudiants lui verseraient une somme en échange de l’autorisation de faire la fête, dès lors que les bénéfices qu’ils en tireraient excèderaient les coûts imposés à l’écrivain. Si les élèves détenaient ce droit, l’écrivain leur verserait une somme pour qu’ils réduisent le niveau de bruit, dès lors que leurs pertes seraient moindres que ses bénéfices à lui. Coase souligne qu’en ce qui a trait à l’allocation des ressources, peu importe, dans de telles situations, à qui le droit de propriété a été octroyé, du moment que ce droit est clairement défini et que les coûts de transaction sont négligeables. C’est ce qu’on en est venu à appeler le théorème de Coase.

    Ostrom aborde de telles situations sous un angle tout à fait différent. Elle comprend que, dans de nombreux contextes, l’imposition externe des droits d’utilisation est impraticable ou indésirable. Pourtant, les individus qui ont accès à des ressources partagées peuvent parvenir à une allocation suffisamment efficace grâce à des normes sociales renforcées par la menace implicite de sanctions décentralisées. Ils peuvent élaborer des règles formelles ou s’appuyer sur des règles informelles, pratiquant ainsi ce qu’Ostrom nomme l’auto-gouvernance. Par exemple, l’écrivain et les étudiants peuvent parvenir à un accord qui soit acceptable pour les deux parties, déterminé par des normes communes, et imposé par la possibilité que d’autres voisins sanctionnent les violations. Toute tentative d’interférence dans ce processus de la part d’une autorité externe pourrait entraîner une rupture des règles et des normes locales, avec des effets contre-productifs.

    #Communs #Elinor_Ostrom

  • Des métacartes « #Dégooglisons_Internet », #Framasoft double vos dons ce jeudi 27 septembre
    https://framablog.org/2018/09/26/metacartes-degooglisons-internet

    Cet été, à l’occasion de notre venue au Forum des Usages Coopératifs de Brest, Framasoft s’est vue remettre un prototype de jeu « Métacartes ». Prototype que nous avons pu immédiatement tester quelques jours plus tard lors des Rencontres Mondiales du Logiciel … Lire la suite­­

    #Communs #Contributopia #Interview #Animation #carte #Crowdfunding #Degooglisons #Metacartes #Planet #RezoTIC #Ulule

  • Je relaie ici un événement d’importance à Lille.

    Depuis près de 2 ou 5 ans selon comment compte, des militant·e·s lillois·e·s cherchent à monter à #Lille un fournisseur d’accès à Internet (FAI).
    Suivant l’exemple de la @fdn et de @tétaneutral (Paris, Toulouse), ils ont découvert ce monde méconnu du grand public mais qui permet pourtant d’avoir Internet tous les jours.

    Alors en guise d’événement de lancement, yelles organisent une rencontre publique :

    Internet c’est politique, discutons-en !

    Venez nous rencontrer et découvrir les enjeux actuels d’Internet, et ce
    qu’il est possible de changer en créant son propre fournisseur d’accès à
    Internet.

    Le jeudi 27 septembre 2018 à 18h30 au 235 boulevard Paul Painlevé (auberge de jeunesse de l’arrêt Porte de Valenciennes).
    –> Gratuit, sans réservation ;
    –> Possibilité de prendre une bière sur place.

    Au plaisir de vous y voir !
    https://mycelium-fai.org/wiki/groupes_de_travail/sensibilisation/20180927


    https://lille.demosphere.eu/rv/6205

    #ffdn #fai #horssol #informatique #internet #open_source #Dégooglisons_l’Internet #communs

    Tout spécialement pour @ninachani, @tintin, @bce_106_6, @labrique, @echodesgnous, @tout_va_tres, @rezo, @demospherelille, @clementb, @clx_asso, @hlc, @framasoft, @ffdn, @laquadrature, @april, @mycelium

  • Bye bye #Twitter, hello Masto !
    https://framablog.org/2018/09/17/bye-bye-twitter-hello-masto

    C’est dans l’air du temps et c’est tant mieux. Comme à chaque fois que Twitter (ou Facebook) se signale par ses errements manifestes (et comment pourrait-il en être autrement ?), s’ensuit une vague de migrations. Voici par exemple Laura #Kalbag. Cette … Lire la suite­­

    #Communs #Fédération #Internet_et_société #Libres_Logiciels #Migration #agression #Balkan #code_de_conduite #Eugen #harcèlement #JoinMatodon #mastodon

  • Plagiarists or innovators ? The Led Zeppelin paradox endures
    https://theconversation.com/plagiarists-or-innovators-the-led-zeppelin-paradox-endures-102368

    La musique entre usage des communs et plagiat, entre appropriation et « just have fun ». Superbe article.

    Fifty years ago – in September 1968 – the legendary rock band Led Zeppelin first performed together, kicking off a Scandinavian tour billed as the New Yardbirds.

    The new, better name would come later that fall, while drummer John Bonham’s death in 1980 effectively ended their decade-defining reign. But to this day, the band retains the same iconic status it held back in the 1970s: It ranks as one of the best-selling music acts of all time and continues to shape the sounds of new and emerging groups young enough to be the band members’ grandchildren.

    Yet, even after all this time – when every note, riff and growl of Zeppelin’s nine-album catalog has been pored over by fans, cover artists and musicologists – a dark paradox still lurks at the heart of its mystique. How can a band so slavishly derivative – and sometimes downright plagiaristic – be simultaneously considered so innovative and influential?

    How, in other words, did it get to have its custard pie and eat it, too?

    As a scholar who researches the subtle complexities of musical style and originality as well as the legal mechanisms that police and enforce them, such as copyright law, I find this a particularly devilish conundrum. The fact that I’m also a bassist in a band that fuses multiple styles of music makes it personal.
    A pattern of ‘borrowing’

    For anyone who quests after the holy grail of creative success, Led Zeppelin has achieved something mythical in stature: a place in the musical firmament, on its own terms, outside of the rules and without compromise.

    When Led Zeppelin debuted its eponymous first album in 1969, there’s no question that it sounded new and exciting. My father, a baby boomer and dedicated Beatles fan, remembers his chagrin that year when his middle school math students threw over the Fab Four for Zeppelin, seemingly overnight. Even the stodgy New York Times, which decried the band’s “plastic sexual superficiality,” felt compelled, in the same article, to acknowledge its “enormously successful … electronically intense blending” of musical styles.

    Yet, from the very beginning, the band was also dogged with accusations of musical pilfering, plagiarism and copyright infringement – often justifiably.

    The band’s first album, “Led Zeppelin,” contained several songs that drew from earlier compositions, arrangements and recordings, sometimes with attribution and often without. It included two Willie Dixon songs, and the band credited both to the influential Chicago blues composer. But it didn’t credit Anne Bredon when it covered her song “Babe I’m Gonna Leave You.”

    The hit “Dazed and Confused,” also from that first album, was originally attributed to Zeppelin guitarist Jimmy Page. However in 2010, songwriter Jake Holmes filed a lawsuit claiming that he’d written and recorded it in 1967. After the lawsuit was settled out of court, the song is now credited in the liner notes of re-releases as “inspired by” Holmes.
    ‘Dazed and Confused’ by Jake Holmes.

    The band’s second album, “Led Zeppelin II,” picked up where the first left off. Following a series of lawsuits, the band agreed to list Dixon as a previously uncredited author on two of the tracks, including its first hit single, “Whole Lotta Love.” An additional lawsuit established that blues legend Chester “Howlin’ Wolf” Burnett was a previously uncredited author on another track called “The Lemon Song.”

    Musical copyright infringement is notoriously challenging to establish in court, hence the settlements. But there’s no question the band engaged in what musicologists typically call “borrowing.” Any blues fan, for instance, would have recognized the lyrics of Dixon’s “You Need Love” – as recorded by Muddy Waters – on a first listen of “Whole Lotta Love.”
    Dipping into the commons or appropriation?

    Should the band be condemned for taking other people’s songs and fusing them into its own style?

    Or should this actually be a point of celebration?

    The answer is a matter of perspective. In Zeppelin’s defense, the band is hardly alone in the practice. The 1960s folk music revival movement, which was central to the careers of Baez, Holmes, Bredon, Dixon and Burnett, was rooted in an ethic that typically treated musical material as a “commons” – a wellspring of shared culture from which all may draw, and to which all may contribute.

    Most performers in the era routinely covered “authorless” traditional and blues songs, and the movement’s shining star, Bob Dylan, used lyrical and musical pastiche as a badge of pride and display of erudition – “Look how many old songs I can cram into this new song!” – rather than as a guilty, secret crutch to hold up his own compositions.

    Why shouldn’t Zeppelin be able to do the same?
    Willie Dixon’s imprint can be found on a number of Led Zeppelin songs. Brianmcmillen, CC BY-SA

    On the other hand, it’s hard to ignore the racial dynamics inherent in Led Zeppelin’s borrowing. Willie Dixon and Howlin’ Wolf were African-Americans, members of a subjugated minority who were – especially back then – excluded from reaping their fair share of the enormous profits they generated for music labels, publishers and other artists.

    Like their English countrymen Eric Clapton and The Rolling Stones, Zeppelin’s attitude toward black culture seems eerily reminiscent of Lord Elgin’s approach to the marble statues of the Parthenon and Queen Victoria’s policy on the Koh-i-Noor diamond: Take what you can and don’t ask permission; if you get caught, apologize without ceding ownership.

    Led Zeppelin was also accused of lifting from white artists such as Bredon and the band Spirit, the aggrieved party in a recent lawsuit over the rights to Zeppelin’s signature song “Stairway to Heaven.” Even in these cases, the power dynamics were iffy.

    Bredon and Spirit are lesser-known composers with lower profiles and shallower pockets. Neither has benefited from the glow of Zeppelin’s glory, which has only grown over the decades despite the accusations and lawsuits leveled against them.
    A matter of motives

    So how did the band pull it off, when so many of its contemporaries have been forgotten or diminished? How did it find and keep the holy grail? What makes Led Zeppelin so special?

    I could speculate about its cultural status as an avatar of trans-Atlantic, post-hippie self-indulgence and “me generation” rebellion. I could wax poetic about its musical fusion of pre-Baroque and non-Western harmonies with blues rhythms and Celtic timbres. I could even accuse it, as many have over the years, of cutting a deal with the devil.

    Instead, I’ll simply relate a personal anecdote from almost 20 years ago. I actually met frontman Robert Plant. I was waiting in line at a lower Manhattan bodega around 2 a.m. and suddenly realized Plant was waiting in front of me. A classic Chuck Berry song was playing on the overhead speakers. Plant turned to look at me and mused, “I wonder what he’s up to now?” We chatted about Berry for a few moments, then paid and went our separate ways.

    Brief and banal though it was, I think this little interlude – more than the reams of music scholarship and journalism I’ve read and written – might hold the key to solving the paradox.

    Maybe Led Zeppelin is worthy because, like Sir Galahad, the knight who finally gets the holy grail, its members’ hearts were pure.

    During our brief exchange, it was clear Plant didn’t want to be adulated – he didn’t need his ego stroked by a fawning fan. Furthermore, he and his bandmates were never even in it for the money. In fact, for decades, Zeppelin refused to license its songs for television commercials. In Plant’s own words, “I only wanted to have some fun.”

    Maybe the band retained its fame because it lived, loved and embodied rock and roll so absolutely and totally – to the degree that Plant would start a conversation with a total stranger in the middle of the night just to chat about one of his heroes.

    This love, this purity of focus, comes out in its music, and for this, we can forgive Led Zeppelin’s many trespasses.

    #Communs #Led_Zeppelin #Musique

  • Barcelona’s Experiment in Radical Democracy | The New Yorker
    https://www.newyorker.com/news/our-columnists/barcelonas-experiment-in-radical-democracy

    The municipalist agenda is intentionally broad; it’s based, as Pin puts it, on common goals rather than differences. As overgeneral and even naïve as that may sound, it has practical implications: municipalism is not trying to distinguish itself from other political parties, in part because it’s not itself a party. Municipalist programs tend to be focussed on the specific needs of a city’s residents and specific programs that address them. In Barcelona, much of the program is focussed on regulating tourist industries in order to improve the lot of local residents, but also to restore some of the city’s particular character that has attracted tourism in the first place.

    As the name makes clear, Barcelona en Comú is focussed on the commons. Colau speaks of the importance of public space often and articulately. “Public space is the place, par excellence, for democracy: this space that belongs to all of us,” she told me. “Therefore, this is also the space of the most vulnerable people, which is what democratic systems should prioritize: the people who have fewer opportunities. If you have little private space, you have more public space and public services—libraries, beaches, parks. It is the space to meet with others, but also it’s a space where you can be who you want to be—this is the space for freedom. And, therefore, it is a space where you can build up the city with others. So, from that point of view, the more public space there is, and the better its quality, the better the quality of the democracy.” Colau’s government has pushed experiments in community management of space and resources, such as handing over public buildings to local communities. Barcelona is launching a publicly held energy company that will supply energy to municipal buildings.

    A central aspect of municipalist politics, and also, perhaps, the hardest to define, is a focus on what is called the feminization of politics. “Knowing that emotions and affects are very important in politics” is part of what feminization means, Pin said. “Men don’t say that. Empathy is a political value.” Pin’s work in anti-eviction activism is an example of politics that placed emotions at its center. The Barcelona Housing Platform holds open assemblies to which people bring their cases. “The last platform [assembly] we had, this Colombian woman said, ‘When I came here, I wanted to commit suicide, and since then, I have realized that it’s possible to survive and keep my place and negotiate with the bank,’ ” Pin said. “And other people recognize themselves in it. It’s the biggest expression of dignity I have ever seen. I cry every time—these are tears of dignity.” Pin was crying.

    #Communs_urbains #Barcelone #Fearless_cities

  • Zomia ou l’art de ne pas être gouverné
    https://www.philomag.com/les-livres/lessai-du-mois/zomia-ou-lart-de-ne-pas-etre-gouverne-6995

    Observez sur une carte cette grande zone montagneuse frontalière s’étirant des hautes vallées du Vietnam aux régions du nord-est de l’Inde, traversant le Cambodge, le Laos, la Thaïlande et la Birmanie et se prolongeant vers le Nord sur quatre provinces chinoises. Le territoire n’a d’unité ni administrative, ni ethnique, ni linguistique. Pourtant, cette étendue de 2,5 millions de kilomètres carrés a été identifiée en 2002 par l’historien Willem Van Schendel : c’est Zomia, une zone difficilement accessible, restée insoumise durant des siècles à toute forme d’autorité gouvernementale. Aux yeux de plusieurs anthropologues, Zomia incarne une ultime résistance à l’ordre géopolitique contemporain et permet de relancer le débat sur les normes qui régissent les collectivités humaines.

    Pour James C. Scott, qui travaille depuis les années 1980 sur les formes de résistance à la domination – notamment dans The Weapons of the Weak (Yale University Press, 1985, non traduit) qui prend pour sujet d’étude les paysans vietnamiens –, Zomia constitue un objet de pensée incontournable. Ayant abrité jusqu’à 100 millions de personnes issues de minorités ethniques et linguistiques variées, elle ne peut être appréhendée à partir des concepts de « frontières » ou de « zones de souveraineté ». Politiquement acéphale, elle semble avoir déjoué, depuis l’invention de l’État moderne et jusqu’à la première moitié du XXe siècle, toutes les logiques d’annexion et d’« enclosure » qui ont eu prise sur les populations de la plaine. On y pratique une agriculture nomade sur abattis-brûlis, on y cultive les avantages de l’oralité, en tenant toujours à distance un certain modèle de civilisation sédentaire ancré dans l’écriture et l’assujettissement à une autorité supérieure. Mais cette indiscipline a un prix : les populations zomianes sont considérées comme « parias », non encore civilisées. Pourtant, et c’est la thèse de James C. Scott, les Zomians sont moins des barbares que des fugitifs de la civilisation qui, « dans la longue durée, incarnent un rejet délibéré de l’État dans un monde d’États auquel ils sont adaptés tout en se tenant hors de leur atteinte ».

    Compilant une vaste documentation historique sur l’Asie du Sud-Est précoloniale et coloniale, Scott cite et prolonge les thèses de Pierre Clastres dans La Société contre l’État (Minuit, 1974) qui mettaient en évidence le refus de l’État des peuples autochtones dans l’Amérique du Sud d’après la Conquête. L’enjeu anthropologique est de taille, puisqu’il s’agit d’asseoir l’idée selon laquelle « vivre en l’absence de normes étatiques a été la norme de la condition humaine » : une norme à laquelle elle eût d’ailleurs pu se tenir, avec profit. Car le mode de vie des populations zomianes est au fond, affirme Scott de façon provocatrice, particulièrement adapté aux « post-sujets », « post-sédentaires », que nous sommes. Le drame étant que les jours de Zomia sont comptés, maintenant que les réseaux de communication et de télécommunications ont décuplé le pouvoir d’intrusion de l’État dans les zones autrefois inatteignables. Ces hautes terres abritaient peut-être une « humanité du futur »… mais elle s’est progressivement éteinte à partir de 1945. Et aujourd’hui, elle a en réalité disparu. Les détracteurs de Scott ont alors beau jeu de qualifier sa tentative d’« histoire postmoderne du nulle-part », on peut plutôt y lire les bases anthropologiques d’une utopie postétatique qui continue, depuis les années 1970, d’inspirer ses défenseurs.
    Agnès Gayraud

    #autonomie #communs #commune #communisme #société_contre_l'Etat #Zomia

  • Université d’été des mouvements sociaux : un bon point « communs » par Erwan Manac’h | Politis
    https://www.politis.fr/articles/2018/08/universite-dete-des-mouvements-sociaux-un-bon-point-communs-39245

    Université d’été des mouvements sociaux : un bon point « communs »

    À l’université d’été des mouvements sociaux, impulsée par Attac, des ateliers ont montré comment la philosophie des communs prend sa place dans les revendications démocratiques. Reportage.

    Le facilitateur ne lâche pas son auditoire du regard et introduit l’atelier du jour par une « prise de température ». Au cinquième jour du « Commons camp » (camp des communs) organisé dans le cadre de l’université d’été solidaire et rebelle des mouvements sociaux, qui s’est déroulée du 21 au 26 août à Grenoble, sous la houlette d’Attac, la salle est encore composée pour moitié de nouveaux participants.

    Attac, entremetteur des gauches

    L’association altermondialiste Attac a fait évoluer son ­rendez-vous traditionnel de fin d’été en ouvrant encore un peu plus ses portes : l’Université solidaire et rebelle des mouvements sociaux, coorganisée avec le Centre de recherche et d’information pour le développement, était conçue comme un rassemblement, en partie autogéré, de toutes les composantes du mouvement social. Trois cents organisations et quelque 2 000 participants ont répondu à l’invitation, du 22 au 26 août, pour cinq jours de formation et de rencontres sur le campus universitaire de Grenoble. L’événement a également attiré des militants de douze nationalités, dont la présence remarquée de féministes argentines. On constate aussi l’absence quasi totale de responsables politiques parmi les invités du forum. Signe que l’espoir de changer les choses par les urnes s’est amenuisé au sein du mouvement social.
    L’animateur propose donc dix minutes de retour d’expérience en petits groupes pour accueillir les néophytes : mains agitées au-dessus de la tête pour signifier l’approbation, poignets en croix pour exprimer une opposition radicale. L’assemblée valide sa proposition et se reforme dix minutes plus tard pour entamer un éprouvant travail de mise en commun des propositions de la salle et répondre à la question du jour : comment réaliser la « reliance » entre les acteurs locaux du mouvement des « communs ». Un secrétaire de séance note au tableau les idées qui cascadent, pendant qu’une dessinatrice noircit un paperboard, esquissant peu à peu un schéma général de la séance. En ligne, un « wiki », site participatif, est complété en temps réel pour suivre le déroulement des discussions (1), et chacun est invité à semer ses impressions sur de grandes feuilles de couleur placardées dans le couloir. « La jaune pour ce qui était positif, la verte pour le négatif », clame un jeune brun aux traits tirés par les cinq jours du camp. « Mais non, c’est l’inverse », lance un militant goguenard, tee-shirt défraîchi floqué d’un énorme logo d’Attac.

    L’heure tourne. Il faut faire la synthèse des propositions, conjuguer l’inexpérience des uns avec l’impatience des autres et constituer des groupes de travail. « C’est presque fini », tempère le chef d’orchestre, debout au milieu d’un cercle de chaises en rangs serrés, sentant frémir la frustration. Point technique. « J’ai besoin de le faire maintenant », s’excuse une militante en se glissant au centre du cercle. « Lorsqu’on veut faire l’ordre du jour en commun, cela prend une heure et demie, constate-t-elle_. Si nous avons deux heures d’activité, il faut peut-être prévoir de fonctionner autrement. »_ Réflexion entendue, l’assemblée reprend son cours, tranche les derniers compromis et se dissout en petits groupes de travail qui partent entamer, chacun, leur propre travail de « coconstruction ».

    Bienvenue dans une assemblée des « communs ». Florilège de couleurs et de gestes au service de l’intelligence collective, réapprentissage permanent de l’écoute et de la parole, en partage. La scène peut paraître déroutante, mais elle devient ordinaire dans le paysage militant, comme les références à ce mouvement aux contours flous, parfois difficile à rendre concret. Les « communs », c’est le nom que se donnent les partisans d’une troisième voie, entre la propriété privée (qui conduit à la confiscation d’une richesse) et la gestion publique des biens (souvent vécue elle aussi comme une dépossession). Un local partagé, une régie gérant l’eau potable, Wikipedia ou une monnaie complémentaire : un « commun » peut prendre des formes très variables. Ce qui compte, c’est l’exigence démocratique de chaque instant.

    « Le commun, c’est le mouvement qui va émerger naturellement quand tous les autres modèles auront échoué », résume Gaëlle Krikorian, de Remix the commons, une plate-forme créée pour documenter et appuyer les projets. « Les gens inventent des solutions pour répondre à des besoins qu’ils ont. Des communautés s’organisent, élaborent des règles pour opérer, travailler ou produire ensemble, même si beaucoup n’appellent pas ça des “communs” », applaudit la sociologue.

    On assiste surtout à l’éclosion d’une nouvelle culture militante, imprégnée du mouvement des places publiques, de Tahrir à Nuit debout en passant par la Puerta del Sol. Une culture du collectif en forte résonance avec l’esprit collaboratif qui domine sur Internet avec les wikis – « les communs numériques » – et dans le mouvement du « libre » en général. Résultat, cette mouvance s’est dotée d’un vocabulaire neuf et de méthodes en complète rupture avec la culture militante traditionnelle et ses conférences virant parfois à la succession de monologues devant un auditoire amorphe.

    « Ce n’est pas qu’une question de méthodologie, précise Frédéric Sultan, de Remix the commons. Il s’agit de faire en sorte que chacun puisse trouver sa place, peu importe où il en est de son cheminement. C’est le souci de faire en sorte que le mouvement soit émancipateur pour l’individu. »

    L’ambition des cinq jours d’atelier était de relier cette dynamique avec le « municipalisme », idée selon laquelle la commune constitue l’échelle idéale pour un changement « par le bas ». L’Espagne est désormais constellée de villes reprises par des mouvements citoyens, et un réseau mondial est en train de se solidifier, démontrant au passage que l’ancrage local peut se conjuguer avec une vision globale.

    La difficulté, éprouvée dans plusieurs villes « gagnées » par des mouvements citoyens, est de trouver la bonne dialectique entre les nouveaux élus et ces mouvements dont ils sont issus. Surtout lorsque l’épreuve du pouvoir se déroule sous contrainte financière, comme à Grenoble, gouvernée par une liste composée de militants des différents mouvements sociaux de la ville. « C’est pour cela que nous avons besoin de la méthode des communs et d’outils pour impulser de la démocratie participative. La puissance publique doit être facilitatrice, agir en appui d’un mouvement, et ne pas faire à la place des habitants », analyse Anne-Sophie Olmos, élue à Grenoble et co-initiatrice de l’Assemblée des communs dans la ville. Elle ressort enthousiaste de ces journées : « J’ai trouvé une qualité d’écoute et un respect de la parole remarquables. »

    La « reliance » devait aussi se faire, pour les organisateurs, avec le mouvement pour le « droit à la ville » : la lutte des habitants de quartiers populaires pour faire entendre leur voix dans les choix d’urbanisme et celle des mal-logés. Communs, municipalisme et droit au logement : trois mouvements très différents qui se sont donné « un espace de rencontre et d’apprentissage », résume Melissa Perez, facilitatrice pour Sense in the city. « À chaque rencontre, j’ai l’impression qu’il y a une évolution », se félicite cette « entremêleuse d’envies » professionnelle.

    Au-delà de ce désir de « reliance », le mouvement des communs tend à se consolider. Une assemblée européenne des communs a vu le jour, « un magma très riche, intéressant et bordélique », rapporte Gaëlle Krikorian. Est également apparu un « archipel d’initiatives » nommé « Osons les jours heureux », qui regroupe une cinquantaine d’organisations. « N’importe qui, même un tout petit groupe, peut y aller. Les gens sont en lien, c’est le plus important », résume une participante. La « plate-forme transiscope », référençant toutes les initiatives, est en cours de développement et doit être lancée courant septembre. Tandis que Bruxelles accueillera les 22 et 23 septembre le deuxième forum des « Fearless cities » (villes sans peur), qui regroupe le mouvement municipaliste global.

    Des efforts simultanés pour se réinventer et faire converger les initiatives, tendus vers une ambition commune : diffuser l’idée que chacun peu agir à son échelle. Au-delà des cercles militants traditionnels.

    (1) frama.link/commonscamp2018
    Erwan Manac’h
    par Erwan Manac’h
    publié le 29 août 2018

    #Communs

  • Du côté des communs

    Bonjour,

    Comme vous le savez si vous suivez depuis longtemps le travail de C&F éditions, la question des communs est un des fondamentaux de notre politique éditoriale.

    Le livre « Pouvoir Savoir » de 2005, est un des premiers à mentionner les communs dans leur relation à la propriété intellectuelle (https://cfeditions.com/pouvoirSavoir). Et en 2011, "Libres Savoirs : les communs de la connaissance "permettait de faire le point avec un regard mondial en convoquant des auteurs des cinq continents (https://cfeditions.com/libresSavoirs ). Les articles de ces deux ouvrages sont en accès libre sur le site de l’association Vecam qui nous a accompagné dans ce travail (https://vecam.org/-Publications-).

    J’ai moi-même commis un ouvrage qui est un recueil d’articles : « En communs : une introduction aux communs de la connaissance » (https://cfeditions.com/en-communs) dont il ne reste que quelques dizaines d’exemplaires (dépêchez-vous, comme il s’agit d’un recueil d’articles disponibles par ailleurs sur le web, il ne sera pas ré-imprimé).

    Depuis, le sujet a pris une grande ampleur, à la fois dans le discours politique public, et dans les recherches en sciences humaines et sociales. Nous avons donc d’autres livres en préparation sur ce sujet, dont un ouvrage traduit de l’espagnol « Des communs au municipalisme » à paraître début 2019. Les deux auteurs, César Rendueles et Joan Subirats, sont à la fois des chercheurs et des personnes engagées dans la gestion des « villes en communs », notamment Barcelone et Madrid.

    Mais nous ne sommes pas les seuls à publier en ce domaine, et heureusement. Aussi voici quelques pistes pour des livres et des revues récents qui vont compléter les travaux que nous avons engagé depuis les années 2000.

    Tout d’abord deux revues scientifiques en accès libre que j’ai eu le plaisir et l’honneur de coordonner :

    – Numéro spécial de la revue TIC & Société : « Communs numériques et communs de la connaissance »
    https://journals.openedition.org/ticetsociete/2347

    – Numéro spécial de la revue NETCOM : « Commns urbains et équipements numériques »
    https://journals.openedition.org/netcom/2593
    (en collaboration avec Philippe Vidal, géographe et aménageur qui va proposer bientôt un ouvrage sur « la convention internet » que nous publierons au printemps 2019).

    Puis un ouvrage essentiel pour celles et ceux qui s’intéressent aux communs, qui regroupe ce que l’on pourrait appeler « l’école française des communs » :
    – dictionnaire des biens communs, ous la direction de Marie Cornu, Fabienne Orsi et Judith Rochfeld, publié aux PUF.

    Enfin, le bilan d’un colloque de Cerisy « Vers une république des biens communs ? », dans lequel interviennent des auteurs avec lesquels nous avons aussi l’habitude de travailler (Frédéric Sultan, Valérie Peugeot,...) a été publié aux Éditions Les liens qui libèrent (qui fait aussi un gros travail sur les communs, en publiant notamment Benjamin Coriat ou Michel Bauwens).

    Amis des communs, vos lectures de rentrée sont avancées. Et pour les bibliothèques qui veulent constituer un fonds sur ce thème, voici une liste de départ, évidemment incomplète.

    Bonne lecture,

    Hervé Le Crosnier

    #Communs #C&Féditions #Vecam

  • How Unpaywall is transforming open science
    https://www.nature.com/articles/d41586-018-05968-3

    After being kicked out of a hotel conference room where they had participated in a three-day open-science workshop and hackathon, a group of computer scientists simply moved to an adjacent hallway. There, Heather Piwowar, Jason Priem and Cristhian Parra worked all night on software to help academics to illustrate how much of their work was freely available on the Internet. They realized how much time had passed only when they noticed hotel staff starting to prepare for breakfast.

    That all-nighter, back in 2011, laid the foundation for Unpaywall. This free service locates open-access articles and presents paywalled papers that have been legally archived and are freely available on other websites to users who might otherwise have hit a paywalled version. Since one part of the technology was released in 2016, it has become indispensable for many researchers. And firms that run established scientific search engines are starting to take advantage of Unpaywall.

    https://chrome.google.com/webstore/detail/unpaywall/iplffkdpngmdjhlpjmppncnlhomiipha
    https://addons.mozilla.org/en-US/firefox/addon/unpaywall
    http://blog.impactstory.org/unpaywall
    https://www.chronicle.com/article/How-a-Browser-Extension-Could/239714
    http://www2.biusante.parisdescartes.fr/wordpress/index.php/unpaywall-libre-access-biu-sante
    https://www.nature.com/news/science-publishers-try-new-tack-to-combat-unauthorized-paper-sharing-1.21959
    http://openaccess.inist.fr/?Libre-Acces-des-outils-pour-vous

    #open_access #open_science #recherche #communs #intelligence_collective #Unpaywall

  • US government considers charging for popular Earth-observing data
    https://www.nature.com/articles/d41586-018-04874-y

    The US government is considering whether to charge for access to two widely used sources of remote-sensing imagery: the Landsat satellites operated by the US Geological Survey (USGS) and an aerial-survey programme run by the Department of Agriculture (USDA).

    Officials at the Department of the Interior, which oversees the USGS, have asked a federal advisory committee to explore how putting a price on Landsat data might affect scientists and other users; the panel’s analysis is due later this year. And the USDA is contemplating a plan to institute fees for its data as early as 2019.

    #grr #images_satellite #données #accès_payant

  • Qu’arrivera-t-il quand on coupera l’eau à 4 millions de personnes ? _ Science Presse 29 Janvier 2018 -
    http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2018/01/29/arrivera-quand-coupera-eau-4-millions-personnes

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=RJ4Z2bOh5jo

    Une métropole moderne peut-elle tomber en panne d’eau ? C’est la première mondiale qu’est apparemment en train d’expérimenter Le Cap, en #Afrique_du_Sud : si la tendance se maintient, à la mi-avril, ses 4 millions d’habitants devront faire la queue pour avoir leur ration d’eau quotidienne. Un avant-goût de ce que d’autres métropoles vont devoir subir dans un futur pas si lointain ?

    Depuis le début de l’année , les résidents sont « encouragés » à limiter leur consommation quotidienne à 87 litres, et à partir du 1er février, à 50 litres. À moins qu’un miracle météorologique ne fasse remonter le niveau de la nappe phréatique d’ici là, les réservoirs seront à sec à la mi-avril. À titre de comparaison, un Américain moyen utilise plus de 300 litres d’eau par jour . Un Britannique, 150 litres .

    La cause immédiate : le manque de pluie. Depuis trois ans, Le Cap a reçu des précipitations inférieures à la normale, asséchant les terres environnantes et empêchant le renouvellement de la nappe phréatique. La cause plus profonde : le développement urbain accéléré de la métropole depuis une vingtaine d’années a conduit à puiser davantage d’eau dans cette nappe que ce qu’elle est capable de fournir — un phénomène courant dans plusieurs autres endroits de la planète, notamment le Sud-Ouest des États-Unis.

    #São_Paulo au Brésil est venue tout près de devoir couper l’eau il y a trois ans : les restrictions imposées à ses 20 millions d’habitants ont permis d’éviter la crise, mais la #mégalopole reste dans la liste des villes « à risque » .

    Un projet d’usine de désalinisation — transformer l’eau de mer, salée, en eau potable — est en cours près du Cap, mais ne sera pas terminé avant cet automne.

    En attendant, une partie de la population du Cap vit encore dans le déni : selon ce que rapportaient les médias sud-africains la semaine dernière , seulement 39 % des citoyens se seraient conformés aux directives de rationnement de l’eau pendant la première quinzaine de janvier, conduisant les autorités à devancer la journée fatidique du 21 au 12 avril — c’est-à-dire le « jour zéro », celui où l’alimentation en eau sera coupée dans tous les robinets des résidences, des bureaux et des commerces, à l’exception des hôpitaux. Quatre millions de personnes devront alors aller chercher leurs 25 litres quotidiens dans l’un des 200 centres de distribution de l’État, une situation qui pourrait mal tourner, craignent à présent plusieurs résidents .

    La plupart des villes du monde qui voient approcher de telles crises refusent elles aussi d’imposer aux citoyens des réductions d’eau, préférant s’en tenir à des mesures volontaires — avec des résultats plus ou moins heureux. « Ceci devrait être un signal d’alarme pour les autorités municipales et nationales à travers le monde », écrit le Financial Times , un journal conservateur qui a moins l’habitude de s’alarmer des impacts appréhendés des changements climatiques, mais qui est publié dans une ville — Londres — qui fait elle aussi partie de la liste des villes « à risque ».

    Ajout 2 février : Une bataille dans une file d’attente près d’une source naturelle a conduit la ville à placer des gardiens de sécurité . Une personne a été arrêtée.

    Ajout 3 février : “We’ve identified four risks : water shortages, sanitation failures, disease outbreaks and anarchy due to competition for scarce resources”. (The Guardian )

    Ajout 5 février : "Les politiciens du Cap ont réalisé il y a des années que les changements climatiques étaient une menace. Alors ils ont concentré leurs efforts sur la conservation de l’eau, et ces efforts leur ont valu l’attention du monde —et des prix. Mais ce n’était pas assez." (E&E News )

    Ajout 6 février : Un répit. Le jour zéro est repoussé du 12 avril au 11 mai , en partie grâce à des coupes du côté de l’agriculture. Le niveau des six réservoirs a diminué de 0,8% dans la semaine prenant fin le 5 février, pour atteindre 25% de leur capacité. À 13,5%, l’équipement municipal ne sera plus capable de pomper l’eau.

    Ajout 20 février : Un autre répit. Le Cap annonce que le Jour zéro est reporté au 9 juillet.

    Ajout 8 mars : Le jour zéro a beau avoir été repoussé, à long terme, Le Cap fait face à de gros défis et les économies d’eau pourraient bien devenir permanentes .

     #eau #pollution #climat #environnement #sécheresse #gaspillage #communs

  • Éloge des communs
    http://www.francoisdebeaulieu.fr/eloge-des-communs

    Il faut souligner à quel point la « paresse » et « l’esprit routinier » des paysans bretons ont pu être stigmatisés par les brillants esprits ne comprenant rien au subtil agrosystème des landes et aux valeurs profondes de la communauté paysanne. La sociologue Martine Ségalen a avancé à ce sujet la très intéressante hypothèse « d’une société à finalité non productiviste où l’économie et le social sont mêlés ».

    En fait, le refus de partager et de défricher les landes aurait eu au moins autant de profondes raisons socioculturelles que technico-économiques. Dans son livre Stone Age Economics (1972), traduit en français sous le titre Âge de pierre, âge d’abondance, l’anthropologue Marshall Sahlins (né en 1930) a souligné que les économies primitives avaient constitué de véritables sociétés d’abondance où le travail contraint était réduit à sa plus simple expression.

    Pour seul exemple résumant l’état d’esprit des sociétés de chasseurs-cueilleurs, cette réponse d’un nomade à qui l’on proposait de se sédentariser en lui offrant graines, terre et outils : « Pourquoi consacrer plus de temps à la production de nourriture alors qu’il y a tant de noix mongo-mongo de par le monde ». Un aliment abondant dans la nature offre les moyens de la résilience nécessaire. De même, le système économique qui s’est épanoui au XVe siècle avec l’introduction du blé noir garantissant la base de l’alimentation dans un système d’élevage fondé sur le pâturage extensif, laisse deviner une forme d’équilibre propice aux productions culturelles. Les cultures d’exportation, blé et toiles de lin et de chanvre, venant en complément et assurant les productions de prestige (enclos paroissiaux) sans déstabiliser les bases profondes de la société. Il faut peut-être se rendre à l’évidence : les paysans bretons étaient parfaitement conscients du fait que le défrichement des landes leur imposait de changer de vie alors qu’ils n’en avaient aucun désir.

    Mais la question du partage des terres ouvre sur bien d’autres perspectives que nous ne pourrons traiter ici. Nous avions relevé la déclaration du premier préfet d’Ille-et-Vilaine, Nicolas-Yves Borie, qui écrivait en 1801 que « l’état de communauté entraîne la destruction ». C’est à peu de choses près la thèse qu’a défendu en 1968 le biologiste Garrett Hardin (1915-2003) dans la revue Science sous le titre « La tragédie des communs » (The Tragedy of the Commons). L’idée de Garrett Hardin est que « les communs » (qui pour lui intègrent les zones de pâturage mais aussi les parcs publics, les réserves naturelles, la sécurité sociale et même l’air que l’on respire) font l’objet d’une surexploitation par chaque individu aux dépends des autres afin de maximiser son profit. Seul le régime de la propriété privée est aux yeux de l’écologue américain en mesure de préserver la durabilité des ressources. La polémique ouverte par ce texte qui apportait de l’eau au moulin néolibéral en construction est au cœur d’un débat toujours actuel. Il a, en effet, contribué à relancer la réflexion concernant les communs voire, depuis quelques années, « le commun », incluant aussi, par analogie, le champ d’Internet. De très nombreux auteurs appuient leur réflexion sur le mouvement des enclosures en Grande-Bretagne qui a marqué la pensée économique, sociale et politique depuis le XVIIIe siècle. Même un ouvrage récent comme Commun, essai sur la révolution au XXIe siècle écrit par le philosophe Pierre Dardot et le sociologue Christian Laval, ne cite aucun exemple français.

    On aura compris, espérons-le, qu’il y a dans l’histoire des landes de Bretagne la matière pour mieux appréhender le fonctionnement d’autres modèles sociaux que ceux qui font la part belle à un État tout-puissant ou à un marché totalement libéré. C’est ce que suggère Grégory Quenet dans son ouvrage Qu’est-ce que l’histoire environnementale ? quand il affirme que « la gestion collective offre de nombreux exemples historiques d’une gestion soutenable plus efficace que la propriété privée ». Souvenons-nous, par exemple, du procès concernant les landes de Lanveur à Languidic ; il illustre parfaitement le fait que l’usage des communs relève essentiellement d’un droit non-écrit et se fonde sur sur un savoir-vivre populaire qui est le meilleur gardien de la durabilité du patrimoine commun. Les « pauvres de la paroisse » ne sont pas d’égoïstes rapaces qui raclent jusqu’à la roche les maigres landes dont ils peuvent disposer alors que leur besoin en mottes pour faire du fumier ou du feu est sans aucun doute important. Ils sont en fait les gardiens du système menacé par un individu qui, précisément, fonde son pillage irréversible en invoquant le droit du propriétaire du sol. Le commun, c’est d’abord une volonté de vivre ensemble, d’avoir un avenir et de renforcer périodiquement les liens des hommes entre eux. L’écobuage et la fête qui s’y déploie sont précisément, comme nous l’avons dit, l’occasion de renforcer les liens autour d’un moment très particulier d’appropriation privative temporaire. Le groupe social contrôle et autorise.

    Francois de Beaulieu

    #communs #développement_durable #sortir_de_l'économie