• TRIBUNE #Covid-19 : l’impératif coopératif et solidaire

    Nous, acteurs, chercheurs, élus, territoires et réseaux de l’ESS des Hauts-de-France appelons à un #engagement véritablement coopératif et solidaire pour sortir par le haut de cette #crise sans précédent.

    Les crises se succèdent à un rythme effréné

    En un temps court, nos sociétés ont été amenées à faire face à une succession de crises majeures que l’on songe à la crise financière internationale de 2008, à la crise sociale et démocratique des gilets jaunes depuis 2018, à la crise écologique qu’incarnent le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité. L’arrivée et la diffusion mondiale du coronavirus fin 2019 et les réponses qui ont été fournies ont cette fois provoqué une crise multidimensionnelle sans précédent.

    À chaque crise, l’État est appelé à la rescousse : il retrouve de sa superbe, n’est plus conspué ni par ceux qui d’habitude idolâtrent la privatisation des gains ni par ceux qui vantent les bienfaits de l’austérité. À chaque crise, qui provoque un accroissement effroyable des inégalités (sociales, territoriales, de logement etc.), des appels solennels à la solidarité et à la coopération sont lancés. Quelques actes philanthropiques trouvent un large écho dans la presse : tel grand groupe décide de réorienter une ligne de production vers des produits de première nécessité sanitaire ; tel autre achète « à ses frais » des équipements en Chine ou ailleurs ; tel autre encore réduit la part des dividendes qui seront versés à ses actionnaires, tandis qu’il profite par ailleurs du filet de protection sociale du chômage partiel assuré par l’État. Telle grande fortune appelle aussi à une redistribution ponctuelle des revenus (souvent financiers) engrangés.

    L’économie sociale et solidaire, un acteur discret de réponse à ces crises

    Une partie de l’économie pourtant, fait de ces appels, là-bas ponctuels, le cœur structurel de son organisation et de son activité du quotidien. Crise ou pas crise, les initiatives solidaires, l’économie sociale et solidaire, les communs interrogent le sens de ce qu’ils réalisent, orientent leurs productions vers des activités d’utilité sociale, qui répondent à des besoins écologiques et sociaux, fondent leurs décisions sur des principes égalitaires, font de la solidarité et de la coopération la grammaire de leur dynamique.

    De nombreuses initiatives citoyennes, comme autant de solidarités auto-organisées, ont été réactives pour répondre à la crise. Souvent à bas bruit, elles ont abattu, et abattent, un travail considérable pour pallier les défaillances industrielles, et assurer, par exemple, la fabrication de masques via de simples machines à coudre, et parfois via des FabLabs et tiers lieux. Des acteurs de l’économie sociale et solidaire jouent un rôle de proximité dans le déploiement des circuits courts alimentaires, proposent des paniers de fruits et légumes en zones urbaines. Des actions autour de l’alimentaire sont démultipliées grâce à des acteurs de tiers lieux en lien avec des métropoles, ou proposent des solutions de plateformes type « open food network ». Des associations maintiennent une continuité des services publics dans le sanitaire et social malgré les risques de non distanciation physique, qu’on songe à l’aide à domicile, aux Ehpad gérés de manière associative, aux IME, aux maisons d’accueil spécialisées, dont beaucoup ont décidé de rester ouverts. Des associations continuent de défendre les sans-abris et les réfugiés, d’autres encore structurent l’entraide de proximité au quotidien. Tous les secteurs économiques sont durement touchés. Les activités culturelles et artistiques sont parmi les plus affectées. Seuls les réseaux de coopération et de solidarité leur permettent de ne pas disparaître de l’espace public. Dans l’urgence de leur survie, et conscientes de leur forte utilité sociale, certains de ses acteurs nouent des appuis politique et économique avec l’économie sociale et solidaire.

    L’État et les collectivités locales et territoriales savent bien d’ailleurs, en temps de crise, qu’ils peuvent compter sur cette économie solidaire de proximité, et plus largement sur ce tissu socioéconomique territorial, pour en amortir les effets, tandis que les mêmes ont parfois déployé une énergie non dissimulée pour réduire, avant la crise, leurs moyens d’agir et l’ont parfois instrumentalisée ici ou là comptant sur elle pour maintenir une paix sociale à moindres coûts.

    Quelles alternatives ?

    Dans quelques semaines ou quelques mois, chacun des grands acteurs économiques multinationaux espérera la reprise du « monde d’avant », un business as usual qui nous a pourtant conduits dans cette situation. Las. Les crises multiples traversées, et celles qui se succéderont certainement dans les années à venir, rendent urgent de repenser l’économie autrement. Mais vraiment autrement. Il est urgent de remplacer les dogmes du vieux monde par de nouvelles manières de penser et de pratiquer l’économie et par de nouvelles manières de vivre la démocratie. Cela est possible. L’économie sociale et solidaire en est un témoin en actes et un acteur décisif de cet après crise. Le logiciel de l’économie « conventionnelle » est suranné : logiciel de la croissance, logiciel du tout marché, logiciel techno-optimiste : non ce n’est pas dans la croissance pour la croissance, dans le marché et dans le lucre qu’on trouvera le salut de tous nos maux. Cette crise en est le plus spectaculaire contre-exemple.

    Il faut donc réhabiliter l’économie soutenable comme organisation sociale qui se donne les moyens de répondre aux besoins sociaux tout en prenant soin de ses patrimoines, écologique, social, démocratique.

    Faire toute sa place aux « corps intermédiaires »

    Les différentes crises révèlent aussi les faiblesses de nos pratiques de la démocratie. En se privant des expertises et des expériences sociotechniques et politiques des acteurs de terrains, des réseaux, des corps intermédiaires, l’État finit par produire des politiques publiques hors sol ou à rebours des urgences. Les associations écologistes alertent depuis de nombreuses années sur l’urgence climatique ; les acteurs du médico-social ne cessent d’exprimer, et bien avant le Covid-19, le manque de moyens pour faire un vrai travail de soin et de care ; les acteurs de la recherche et de la médiation scientifique en lien étroit avec l’économie sociale et solidaire contribuent à éclairer le débat et à redonner à la science sa juste place dans la société : celle qui permet le maintien d’un esprit critique ; les acteurs de proximité de l’économie sociale et solidaire, alertent depuis longtemps sur la fracture sociale (et numérique) à l’origine du mouvement des Gilets Jaunes.

    L’expertise, le regard et l’avis de tous ces corps intermédiaires, constitués de citoyens organisés et structurés, devront être pris en compte dans les choix de politiques publiques de demain.

    Démocratiser et relocaliser l’économie

    Par-dessus tout, il faut démocratiser les économies : ouvrir des espaces de délibération sur l’identification des activités essentielles, sur le pilotage des politiques publiques, en particulier locales ou sur l’impact environnemental et social des entreprises. Il faut repenser la hiérarchie des priorités économiques. Cette idée n’est pas nouvelle : au Québec, dès 1997 un collectif de l’éducation populaire, le « Collectif pour un Québec sans pauvreté » propose au ministre des Finances de l’époque l’élaboration d’un « produit intérieur doux » : il s’agissait, par la délibération démocratique, de trier les activités utiles socialement des activités nuisibles pour les sociétés. Il s’agissait aussi d’appeler à identifier des activités contributrices au bien-être social et qui étaient ignorées des comptes. De nouvelles initiatives vont dans ce sens aujourd’hui et réclament des délibérations collectives pour définir l’utilité sociale des activités.

    La démocratie ne doit plus non plus rester aux portes de l’entreprise. Il est temps de valoriser les gouvernements d’entreprise qui s’appuient sur un véritable équilibre des pouvoirs, qui rénovent les pratiques managériales et qui réinterrogent le sens du travail humain. L’expérience d’une partie des coopératives, des SCIC, CAE etc., qui sont autant de démarches coopératives et de fabriques sociales démocratiques, permet de construire les capacités socio-économiques locales dont les territoires et leurs écosystèmes ont besoin.

    La relocalisation de la production ne doit pas être synonyme de repli sur soi. L’impératif coopératif et solidaire implique un soutien massif porté, notamment, aux systèmes de santé des pays du Sud. Grands perdants de la mondialisation ils seront les plus durement touchés, à terme, par cette crise sanitaire, comme ils le sont et le seront par la crise écologique. Face aux tentations identitaires et autoritaires, ces valeurs et pratiques de solidarité internationale sont une urgence.

    Les activités du care

    Les activités de service de care et de soin, d’intérêt général ne doivent plus être mises entre les mains du marché. Il n’est pas besoin d’épiloguer, la fuite en avant du tout marché pour les activités sociales montre toutes ses failles. Il faut appeler à des partenariats durables État, collectivités locales et territoriales et ESS pour la création et le financement d’un service public du grand âge et de la perte d’autonomie : il doit être financé publiquement et géré par des organismes publics ou à but non lucratif. Il doit permettre une revalorisation structurelle des métiers dont la crise a montré de manière éclatante toute la nécessité, alors qu’ils sont souvent les moins bien considérés et les moins bien rémunérés.

    Coopérer et être solidaire

    Il faut appeler à une coopération et une solidarité plutôt qu’une concurrence et une compétitivité qui loin d’amener le bien-être s’avèrent mortifères. La crise écologique rend d’autant plus urgente et nécessaire la remise en cause de ce modèle. Les initiatives types pôles territoriaux de coopération économiques (PTCE) devront être consolidées, étendues, enrichies. Lorsqu’ils jouent vraiment la carte de la coopération, ils deviennent de véritables projets d’avenir. Ils pourront s’appuyer sur les initiatives solidaires et les communs qui s’expérimentent en continu partout sur les territoires. Les monnaies locales complémentaires pourront aussi en être un vecteur innovant, un repère utile pour orienter production et consommation vers des biens et services soutenables.

    Bien sûr il faut faire tout cela sans angélisme. Si l’économie sociale et solidaire est souvent exemplaire, elle n’est pas toujours exempte de critiques. Des financements, devenus scandaleusement exsangues, ont conduit certains acteurs à l’oubli du projet associatif, à la soumission volontaire à la concurrence, à l’acceptation de la précarisation de l’emploi. Tout cela a parfois pris le pas sur l’affirmation du projet politique et sur la coopération et la solidarité.

    C’est la raison pour laquelle il faut en appeler à des coopérations avec l’État, les collectivités locales et les entreprises locales reconnaissant véritablement les fondements et pratiques de l’économie sociale et solidaire. L’ESS doit aussi se mobiliser, avec d’autres forces sociales, pour éviter un retour au vieux monde et impulser sur une large échelle les dynamiques et les initiatives dont elle est porteuse. La mobilisation doit s’opposer au détricotage de la protection sociale, des solidarités locales, des droits démocratiques. En bref. Elle doit être un appel à prendre soin et développer les communs sociaux des territoires.

    Les crises qui ne manqueront pas d’arriver rendent cette mobilisation impérative.

    Les réseaux, acteurs, personnes signataires du présent texte sont conscients de l’immensité de la tâche, et sont convaincus que seule une coopération de tous les acteurs permettra d’infléchir le mouvement, et d’obtenir des décisions utiles à tous les niveaux politiques, institutionnels et sociaux nécessaires.

    Ils s’emploient à en concrétiser les engagements au sein de leurs réseaux par leurs initiatives respectives.

    https://chairess.org/tribune-covid-19-limperatif-cooperatif-et-solidaire
    #recherche #le_monde_d'après #solidarité #ESS #philanthropie #redistribution #alternative #business_as_usual #démocratie #économie #croissance #économie_soutenable #corps_intermédiaires #expertise #relocalisation #relocalisation_de_l'économie #éducation_populaire #produit_intérieur_doux #bien-être_social #utilité_sociale #care #soin #coopération #concurrence #compétitivité #monnaies_locales #communs #commons

  • #Claire_Revol - #Attachements, #Partages, #Communs

    Troisième épisode de notre journée d’études, Occuper le #paysage entre enjeux politiques et esthétiques, proposé par la maîtresse de conférences en philosophie Claire Revol. Cette émission termine notre premier axe d’études qui s’articule autour de la manière dont les habitants s’approprient et s’attachent à un paysage. Occuper un lieu induit de s’y attacher matériellement mais aussi émotionnellement. Le lien sensible qui nous relie à un paysage influence notre façon de l’habiter individuellement ainsi que collectivement. Cet espace partagé devient alors le support d’enjeux politiques et poétiques. Pierre-Yves Racine et Claire Revol questionnent les rapports artistiques et esthétiques qu’entretiennent les habitant.e.s avec le paysage urbain.

    Spécialiste du philosophe Henri Lefebvre, Claire Revol nous propose une réflexion autour de la notion d’appropriation : comment se définit-elle ? Quelle différence pouvons-nous établir entre la propriété et l’appropriation ?
    A partir du film de Marie Voignier, Le Terrain était déjà occupé (le futur) Claire Revol développe, dans cette émission, une réflexion sur l’attachement de l’homme à l’espace, dans sa dimension sensible et poétique. S’appuyant notamment sur les écrits d’Henri Lefebvre, Claire Revol questionne les différentes temporalités de « l’habiter », en interrogeant la notion d’aménagement urbain en tant qu’acte culturel.

    Cette journée d’études est organisée par le pôle programmation culturel et médiation du master Métiers et Arts de l’Exposition de l’université Rennes 2 : Lole Justome, Lizon Fourrage, Justine Forest, Clémence Troussier, Pauline Furon et assistées par Ronan Bonjour, ingénieur du son.

    Cette journée d’études est organisée dans le cadre de l’exposition Il n’est pas question d’explication consacrée au travail de la cinéaste Marie Voignier, pensée par la promotion 2019-2020 du master Métiers et Art de l’Exposition de Rennes 2.

    Les archives utilisées dans le cadre de ce podcast proviennent de l’émission URBANOSE, Chapitre 15, réalisée par Michel Régnier, ©L’Office National du Film du Canada, 1972 : www.youtube.com/watch ?v=0kyLooKv6mU&t=686s

    https://soundcloud.com/user-538961586/episode-3-claire-revol-attachements-partages-communs


    #appropriation #attachement #audio #podcast #conférence #lien_sensible #sensible #habité #habiter #paysage_urbain #villes #urban_matter #propriété #espace #aménagement_urbain

  • Ne laissons pas s’installer le monde sans contact | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2020/04/27/ne-laissons-pas-sinstaller-le-monde-sans-contact

    Tant de gens parlent du « jour d’après », de tout ce qu’il faudra accomplir et obtenir après le coronavirus. Initié par le collectif Ecran total et Ecologistas en accion, ce texte soulève le risque que les bonnes résolutions pour le jour d’après soient déjà neutralisées par l’accélération en cours de l’informatisation du monde. Il propose un boycott massif de l’application Stop-COVID19 qui sera mise en place au mois de mai.

    Par contre, ce que nous sentons très clairement, c’est que la crise sanitaire a des chances importantes de précipiter l’avènement d’un nouveau régime social : un régime basé sur une peur et une séparation accrues, encore plus inégalitaire et étouffant pour la liberté. Si nous prenons la peine de lancer cet appel, c’est que nous pensons que cela n’est pas joué d’avance et que des possibilités vont se présenter, pour les populations, de l’empêcher. Mais alors que nous, simples citoyens, ressentons violemment la fragilité de nos existences face à la menace du virus et d’un confinement long, l’ordre politique et économique en vigueur semble, lui, à la fois ébranlé et renforcé par la secousse en cours. Il paraît en même temps fragile, et très solide sur ses bases les plus « modernes », c’est-à-dire les plus destructrices socialement.

    La possibilité que nous soyons en train de basculer vers un nouveau régime social, sans contact humain, ou avec le moins de contacts possibles et régulés par la bureaucratie, est notamment décelable dans deux évolutions précipitées par la crise sanitaire : l’aggravation effrayante de l’emprise des Technologies de l’information et de la communication (TIC) sur nos vies ; et son corollaire, les projets de traçage électronique des populations au nom de la nécessité de limiter la contagion du COVID-19.

    Le président Macron, quant à lui, se permet de faire des allusions répétées au programme du Conseil national de la Résistance et à son esprit de compromis social ; mais dans les faits, le projet de conversion de la France en start-up nation n’est nullement en pause, au contraire il connaît un grand bond en avant. Cette nouvelle ère de travail sans contact permet de compléter l’offensive contre les salariés entamée bien avant le coronavirus : suppression massive de postes au profit d’applications, de plateformes et de robots ; réduction du travail relationnel au profit de réponses automatisées pilotées par algorithmes ; perte de sens du travail supplanté par d’absurdes routines bureautiques ; exploitation accrue, et affaiblissement des capacités de résistance des salariés, de plus en plus isolés les uns des autres.

    « La numérisation de tout ce qui peut l’être est le moyen pour le capitalisme du XXIème siècle d’obtenir de nouvelles baisses de coût (…) Cette crise sanitaire apparaîtra peut-être rétrospectivement comme un moment d’accélération de cette virtualisation du monde. Comme le point d’inflexion du passage du capitalisme industriel au capitalisme numérique, et de son corollaire, l’effondrement des promesses humanistes de la société [de services] »2. Cette analyse de bon sens n’est pas le fait d’un contempteur du néolibéralisme, en colère contre les choix politiques faits depuis quarante ans sous la pression des milieux d’affaires. Elle est d’un économiste de centre-gauche, participant au Conseil de surveillance du journal Le Monde. Elle suffit à comprendre que si « stratégie du choc »3 il y a, dans le contexte actuel, elle se trouve en bonne partie sous nos yeux, dans ce surcroît de numérisation de la vie domestique et économique.

    Prenons la mesure de l’imposture : dans un contexte de pénurie grave des moyens ordinaires pour lutter contre la contagion (trop peu de masques et de blouses à l’hôpital, manque de soignants et de lits à l’hôpital et en dehors, peu de tests), on nous propose à la place un gadget de science-fiction, les applications de détection électronique de la transmission du coronavirus. Aucune annonce claire n’est faite dans le sens d’un soutien financier massif et structurel aux hôpitaux publics pour faire face à une crise qui va durer ; par contre, on s’apprête à franchir un nouveau cap dans la traçabilité systématique des déplacements et des relations sociales – au moins, dans un premier temps, pour ceux qui l’acceptent. Les résultats sanitaires sont plus qu’incertains ; les conséquences politiques, elles, ne font pas de doute.

    En tous cas, cet épisode est marqué par l’idée que l’efficacité, en matière de lutte contre les coronavirus, serait à chercher du côté de l’Asie en général et de la Chine en particulier. En France, médias et politiques portent plutôt leur regard vers la Corée du Sud, Taïwan ou Singapour, dont l’hyper-modernité technologique n’est pas associée (à tort ou à raison) au despotisme politique. En Espagne, par contre, le début de la crise sanitaire a vu la presse dominante se demander ouvertement si la « démocratie » n’est pas un fardeau qui condamne à l’inefficacité, tandis que de vieux politiciens « libéraux » faisaient part de leur admiration pour l’autoritarisme chinois high tech : géolocalisation des téléphones mobiles, systèmes de notation sociale alimentée par les données recueillies en permanence sur les citoyens avec Internet, reconnaissance faciale, usage de drones pour surveiller et sanctionner la population. C’est un des éléments du tournant que nous vivons peut-être : nous avons été habitués depuis des décennies à lire notre avenir dans les évolutions de la société nord-américaine, et tout à coup, c’est la Chine post-maoïste qui semble devenir notre horizon – elle qui fait un usage véritablement décomplexé des innovations de la Silicon Valley.

    Des dispositifs comme la géolocalisation électronique servent en fait à assurer le maintien d’une organisation sociale pathologique, tout en prétendant limiter l’impact de l’épidémie que nous connaissons aujourd’hui. Le traçage du coronavirus vise à sauver (momentanément) un type de monde où l’on se déplace beaucoup trop, pour notre santé et celle de la Terre ; où l’on travaille de plus en plus loin de chez soi, en côtoyant au passage des milliers de gens qu’on ne connaît pas ; où l’on consomme les produits d’un commerce mondial dont l’échelle exclut toute régulation morale. Ce que les promoteurs de la géolocalisation cherchent à préserver, ce n’est donc pas d’abord notre santé, ni notre « système de santé » : c’est la société de masse. C’est même une société de masse renforcée, au sens où les individus qui la composent seront encore plus esseulés et renfermés sur eux-mêmes, par la peur et par la technologie.


    Bref, les technocrates du monde entier prétendent nous préserver du coronavirus aujourd’hui, en accélérant un système de production qui compromet déjà notre survie demain matin. C’est absurde, en plus d’être voué à l’échec.

    Nous n’avons pas besoin de technologies qui nous déresponsabilisent, en disant et décidant à notre place où nous pouvons aller. Ce dont nous avons besoin, c’est d’exercer notre responsabilité personnelle, pour pallier les défaillances et le cynisme des dirigeants. Nous avons besoin de construire par le bas, avec l’aide des soignants, des règles de prudence collective raisonnables et tenables sur la longue durée. Et pour que les inévitables contraintes fassent sens, nous n’avons pas seulement besoin de savoir en temps réel quelle est la situation dans les services d’urgence. Nous avons besoin d’une réflexion collective et conséquente sur notre santé, sur les moyens de nous protéger des multiples pathologies que génère notre mode de vie : les futurs virus, autant que leurs divers facteurs de « co-morbidité », tels que l’asthme, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, le diabète et bien sûr le cancer11.

    Cette crise met une fois de plus en évidence le problème de la dépendance des peuples envers un système d’approvisionnement industriel qui saccage le monde et affaiblit notre capacité à nous opposer concrètement aux injustices sociales.

    #Stopcovid #Géolocalisation #Manifeste #Communs

  • Vers des jours heureux... | Le Club de Mediapart

    https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/280420/vers-des-jours-heureux

    Un virus inconnu circule autour de la planète depuis le début de l’année. Péril mortel et invisible, nous obligeant à nous écarter les uns des autres comme si nous étions dangereux les uns pour les autres, il a retourné les tréfonds des sociétés comme on retourne un gant et il a mis au grand jour ce que l’on tentait jusqu’ici de masquer. Sans doute provoque-t-il un nombre important de morts et met-il sous une lumière crue les limites des systèmes de santé des pays développés, y compris les plus riches d’entre eux. Sans doute, ailleurs, expose-t-il les populations de pays plus pauvres à un extrême danger, les contraignant pour se protéger à accomplir une obligation impossible, le confinement. Mais ceci n’est que la surface des choses.

    Le gant retourné donne à voir la voie périlleuse dans laquelle le monde se trouve engagé depuis des décennies. En mettant les services hospitaliers sous contrainte budgétaire, là où ils étaient développés, et en les négligeant là où ils sont insuffisants, les responsables politiques affolés se sont trouvés pris de court devant l’arrivée de la pandémie. En France, l’impréparation criante à ce type d’évènements, la liquidation coupable de la réserve de masques, la délocalisation de l’industrie pharmaceutique avec pour seule raison la recherche de profits plus grands, la faiblesse des moyens de la recherche scientifique, mettent le gouvernement en situation d’improvisation. En prenant le chemin du confinement dont il ne sait comment sortir, il s’est engagé dans la voie d’une mise en cause radicale des libertés publiques. S’étant privé des autres moyens de protection de la population, il bénéficie d’un acquiescement forcé de cette dernière. Pour le cas où cet acquiescement manquerait, un discours moralisateur et culpabilisant se déploie. Et pourtant, partout, d’innombrables initiatives contredisent l’individualisme entretenu par le modèle économique et social et témoignent de la permanence de la fraternité entre les humains.

    Mais le gant retourné fait apparaître aussi, au moins aux yeux les plus lucides, que la réponse aux enjeux auxquels l’humanité dans son ensemble est en ce moment confrontée, ne saurait être une addition de politiques nationales, encore moins si ces politiques tentent de se mener en vase clos. Il y manquera toujours une part, celle de la communauté des humains qui ne peut refuser plus longtemps de se voir pour ce qu’elle est : une communauté de destin, ce qu’Hannah Arendt nommait une association politique d’hommes libres.

    Ainsi, derrière la crise sanitaire qui est au premier plan, avec la crise économique qui s’amorce et la catastrophe écologique en cours, c’est une crise de civilisation qui émerge enfin. Le monde entièrement dominé par le système capitaliste qui ne cesse de creuser les inégalités et de détruire la nature, est aujourd’hui un bateau ivre qui n’a d’autre horizon que son naufrage à travers des violences insoupçonnées.

    S’il est encore temps de reprendre les commandes, alors ce séisme inédit est l’occasion que le monde doit saisir pour rompre enfin avec sa destruction largement amorcée et inventer une société entièrement différente. Ainsi, ayant conjuré la terreur de l’inconnu, les peuples danseront de joie sur les décombres du vieux monde qui menaçait de les emporter.

    Pour cela, il faut :

    – ne pas tricher avec les constats qu’il y a lieu de faire ;
    – mesurer les risques d’une sortie de crise orientée à un retour à la situation antérieure ou à d’autres dérives ;
    – saisir cette opportunité pour poser les fondements radicalement différents d’une société mondiale juste et viable.

    #covid-19 #le_monde_d_après

  • OneWeb : Mort ou vif ?
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/oneweb-mort-ou-vif-845429.html

    SpaceX sera-t-il le vautour de OneWeb ?

    Qui peut reprendre OneWeb, qui a annoncé vouloir se vendre au plus offrant ? Quel investisseur ou consortium d’investisseurs aura les reins solides pour poursuivre les lourds investissements lancés par les précédents actionnaires ? Et qui a intérêt à rependre OneWeb ? Au premier rang, il y a Elon Musk et SpaceX, qui verrait plutôt d’un bon œil la faillite pure et simple de son principal concurrent dans la fourniture de services internet à haut débit grâce à une couverture globale. SpaceX ne peut pas en tout cas se désintéresser du dossier OneWeb s’il suscitait réellement un intérêt de la part de nouveaux investisseurs. D’autant que son concurrent a obtenu les droits de fréquences contrairement à SpaceX avec la constellation Starlink, qui pourrait être composée de plus de 40.000 satellites (soit une constellation initiale de 12.000 satellites, complétée par 30.000 unités supplémentaires).

    OneWeb et SpaceX s’étaient livrés jusqu’ici à une féroce compétition pour attirer les investisseurs dans leur projet respectif. C’était d’ailleurs le nerf de la guerre pour ces deux constellations. Car, tout comme OneWeb, SpaceX semble aussi avoir quelques difficultés à financer son projet Starlink, bien masquées pour l’heure par ses activités de lancement financée par la dépense publique américaine (civile et militaire).

    #Espace #Privatisation #Enclosure #Communs

  • « La biodiversité en ville n’est pas le problème mais une des solutions »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/14/la-biodiversite-en-ville-n-est-pas-le-probleme-mais-une-des-solutions_603657

    Paradoxalement, en ville aussi, la biodiversité s’avère indispensable à nos sociétés. La nature insérée dans le milieu urbain est source de bénéfices en termes de santé psychologique et physique pour les citadins. Les villes les plus minérales font le lit de nombreuses maladies allergies, anxiétés, affections respiratoires et cardiovasculaires…
    Epuration et régulation

    Or, les plantes participent à l’épuration de l’air, de l’eau et du sol. Les arbres, notamment, fixent d’importantes quantités de polluants atmosphériques. Ils jouent un rôle non négligeable dans le cycle du carbone et réduisent les îlots de chaleur urbains, abaissant de plusieurs degrés lors des fortes canicules la température de quartiers entiers.

    Les écosystèmes urbains fonctionnels, riches en espèces animales et végétales spontanées, permettent la régulation d’espèces qui auraient sinon tendance à proliférer dans nos milieux grandement artificialisés.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les acteurs de la santé publique doivent être davantage associés à l’urbanisme »

    L’agriculture urbaine se renouvelle dans nos villes. Ce contact avec le vivant non humain, qu’il vise à une autoconsommation ou à des moments et des lieux de convivialité, est à la base du retour des potagers urbains et jardins partagés. Or, la production de fruits, de légumes, d’aromates, de fleurs nécessite des sols et de l’eau de qualité autant que des insectes pollinisateurs ou des régulateurs des espèces défavorables aux cultures. Ces conditions ne peuvent être remplies sans trop de complications techniques qu’avec l’aide d’une nature urbaine riche et de politiques publiques soucieuses de maintenir ou d’accroître la qualité environnementale des villes.

    Au-delà de ses propriétés régulatrices, la biodiversité urbaine se pare également de vertus culturelles et pédagogiques. Elle fournit l’opportunité de sensibiliser un large public, à commencer par les enfants, aux problématiques environnementales. Une large part des citadins n’a que très peu de contact avec la nature. La consommation ou l’envie d’espèces exotiques chez les urbains, qui aboutit à des comportements absurdes et risqués d’un point de vue sanitaire et écologique, serait plutôt la résultante de cette déconnexion à la nature.

    #Biodiversité #Communs_urbains

  • Nous ne devons pas ignorer le monde au profit de nos modèles | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/04/14/nous-ne-devons-pas-ignorer-le-monde-au-profit-de-nos-mo

    Nous ne devons pas ignorer le monde au profit de nos modèles
    Publié le 14 avril 2020

    Deux remarques pour commencer.

    Il n’y a pas de prix Nobel d’économie mais un prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel. Malgré les dénégations de beaucoup d’économistes, l’économie ne relève pas des sciences dites exactes (comme les mathématiques ou la physique) mais bien des sciences sociales. L’économie devrait nous parler des systèmes de production, de leurs évolutions, de leurs contradiction et des choix démocratiques nécessaires à la construction des futurs.

    Seconde remarque. Ce discours de Stockholm n’est pas une critique de l’économie politique. Il n’y a ici aucune allusion au mode de production, au capitalisme, aux rapports sociaux, aux classes sociales ni au système de genre. Le vocabulaire est infesté de termes du néolibéralisme, à commencer par la gouvernance, le contrat et les partenaires. La critique de l’idée saugrenue – mais idéologiquement très puissante – « des individus isolés et anonymes » me semble plus que faible.

    Alors pourquoi lire ce discours ? Elinor Ostrom, à partir d’études de terrain critique des modèles – que je qualifierai plutôt d’idéologiques que scientifiques – de l’économie diffusée et enseignée (ce qui ne signifie pas que toutes les études soient sans intérêt). Pour celleux qui en douteraient, voir les liens entre l’Ecole de Chicago et la dictature d’Augusto Pinochet…

    Comme l’indique Benjamin Coriat dans sa préface, elle soutient que « le point de départ de la théorie économique dominante n’est pas acceptable », que l’invention d’« un agent rationnel » ne dit pas grand-chose d’utile « à la connaissance des sociétés humaines telles qu’elles fonctionnent véritablement, ne peut-être dérivé de telles prémisses ». Le préfacier souligne aussi l’apport de la notion de « réservoirs communs de ressources », des biens non-rivaux et possiblement d’accès universel, le rôle du « droit d’usage » et donc d’une remise en cause du droit de propriété, le besoin d’« approches polycentriques », la relation que les réservoirs communs de ressources « entretiennent aux droits fondamentaux de la personne et aux droits humains », l’importance accordée à l’écologie…

    Elinor Ostrom discute, entre autres, des réservoirs commun de ressources et des biens publics, des effets des choix discutés et de l’auto-organisation des communautés concernées, d’exemples dans l’organisation des ressources hydrauliques ou forestières, de la différence entre complexité et chaos, de la typologie des biens en regard de leur possible utilisation, des niveaux des organisations humaines pour résoudre « des dilemmes sociaux » (pourquoi ne pas parler de choix démocratiques ?), de ressources partagées, et de niveaux de coopération, de la nécessité d’avoir une approche pluri-disciplinaire…

    « Pour résumer, toutes ces expériences de ressources communes et de biens publics ont prouvé que de nombreuses prédictions nées des théories conventionnelles de l’action collective sont erronées ». Les êtres humains savent coopérer, contrôler, donc gérer – mais qui en doutait ?

    Le titre de cette note est emprunté à l’autrice.

    Au delà des divergences théoriques et politiques, il me semble utile d’engager un dialogue avec celles et ceux qui développent d’autres regards sur les communs…

    Elinor Ostrom : Discours de Stockholm

    En réception du Nobel d’économie 2009

    Préface de Benjamin Coriat

    C&F Editions, Caen 2020, 220 pages, 15 euros

    Didier Epsztajn

    #Elinor_Ostrom #C&F_éditions #Benjamin_Coriat #Communs

  • Leurs Communs numériques ne sont (toujours) pas les nôtres ! | Calimaq
    https://scinfolex.com/2020/04/12/leurs-communs-numeriques-ne-sont-toujours-pas-les-notres

    En 2017, j’ai déjà écrit un billet intitulé : « Les biens communs d’Emmanuel Macron ne sont pas les nôtres !« . Quelques mois après son accession à la fonction présidentielle, Macron s’était en effet essayé à glisser régulièrement des allusions aux « biens communs » dans ses discours, notamment au sujet de sa stratégie en matière de numérique. Mais il le faisait en donnant à cette expression un sens très différent de celui employé par les militants des Communs numériques et j’avais éprouvé alors le besoin de rappeler quelques fondamentaux… Source : : : S.I.Lex : :

  • Croissance, biens communs : 2 concepts clés en économie
    https://www.franceculture.fr/economie/croissance-biens-communs-deux-concepts-cles-en-economie

    C’est franchement intéressant de voir que la notion de « communs », qui a longtemps été marginale est dorénavant considérée comme essentielle pour les élèves de Terminale.

    Ces émissions sont indiquées pour les classes de première et de terminale
    Les biens communs

    Qu’est-ce qu’un bien commun ? C’est un bien dont la consommation obéit au principe de rivalité et de non excluabilité. Le fait qu’un bien soit rival signifie qu’il ne peut être consommé par plusieurs personnes sans que cela ne gêne leur consommation respective. Ainsi, la quantité de poissons disponible dans une rivière est un bien « rival » puisqu’il est épuisable. D’autre part, le fait qu’un bien soit non excluable signifie qu’il n’est pas possible d’empêcher un individu de le consommer. On ne peut donc pas forcer un individu à payer pour consommer ce bien. Ces caractéristiques particulières du bien commun font qu’il est bien souvent produit (ou protégé) par l’Etat. Le premier bien commun, c’est bien sûr notre planète et ses ressources épuisables : l’eau, la terre, les forêts, ce que certains économistes appellent d’ailleurs les « communs ». Mais ce terme est convoqué aussi dans d’autres domaines. Parce depuis l’Internet des origines jusqu’aux GAFA d’aujourd’hui, la donne économique qui régit le numérique a beaucoup changée, ce dernier fait également l’objet d’une appropriation par les économistes qui pensent cette notion de commun. C’est pour cela qu’elle est utile pour comprendre de nombreux enjeux qui touchent à la question des ressources, bien au-delà des ressources naturelles.

    #Communs #Formation

  • Flatten the curve, grow the care : What are we learning from Covid-19 - Pirate Care
    http://syllabus.pirate.care/topic/coronanotes

    Très intéressant, et très bon résumé de la situation et de la nécessité de reprendre une « politique du care » comme objectif social constitutif. Sinon, le redressement du capital se fera à nouveau en accentuant les inégalités.

    “Flatten the Curve” has become both a guiding principle for public health responses and a rallying call encouraging people to actively pursue phyisical distancing. The spread of the virus should be slowed down so that around 20% of those who hospitalisation and around 5% of those who require intensive care remain at any moment low enough in number so that hospitals have enough of staff and equipment to provide everyone with the best chances of recovery and survival. The spikes caused by the exponential spread of the virus and medical cases have cripled the healthcare systems in Wuhan and across Italy, and this is what we want to avoid. Hence, “Flatten the Curve”.

    However, we want to claim that “Flatten the Curve” is not enough. Not only do we want to keep the spread of the contagion within the limits of health care system’s capacity, but rather that the social crisis resulting from the response to and the aftermath of the pandemic will require a re-focusing of societies on modalities and capacities of care. Something that we think is already pre-figured in the practices and forms of organisation documented here. Hence, “Grow the Care”.
    A common health care crisis

    The Coronavirus outbreak has demonstrated the weaknesses of the public health system that has far too few ICU beds and ventilator and respirators to deal with the sudden spike in infections, thus contributing to increased mortality from the outbreak. In Italy, the system is so overstretched that the ERs are not able to timely attend to acute conditions such as heart attacks and many surgeries have been postponed, leading to many additional preventable deaths. Time-critical procedures as pregnancy terminations are being postoponed too.

    Medical staff at hospitals is working under conditions of war-like duress - under-equipped, overworked and overexposed - leading to a growing number of them getting infected and having to go into isolation and requiring assistance. Service workers - particularly, cleaners, carers, domestic workers, deliverers, workers in grocery stores, just as many others who can’t work from home - are exposed to the contagion.

    The vulnerability of many at-risk groups is contributing to the crisis. First, there is the elderly and those living with other health conditions. Then there are those who are undocumented migrants and can be refused medical care. Those who don’t have medical care coverage and face a crippling debt if they need testing or end up in hospitals. Those who don’t live in a home of their own: homeless, refugees, elderly in retirement homes, women in safe houses or foreign students on campuses. But also many who cannot avoid to work: cleaners, workers in grocery stores, food industry and transport, carers - and industrial workers, who are asked to continue as nothing is happening.
    A combined crisis of care, work and environment

    Over the last few decades, capitalist development has privatised, defunded and undercut the public mission of the healthcare systems across the world. It has surrendered to market forces many other institutional and non-institutional aspects of social reproduction, such as cleaning, cooking, child care, elderly care, and education. These sectors depend on a large army of labour, frequently consisting of women and migrants, who work in precarious conditions of low wages, limited benefits, zero-hour or on-demand contracts, informal arrangements and illegality. As the societal tasks of care have been subsumed to capitalist accumulation, the forces of labour have been fragmented and individualised, excising their own reproduction from the networks of mutual support and social action. Isolation is already a prevalent condition.

    The last four decades have seen a two-to three-fold increase in zoonotic leaps of viruses from animals to humans. The zoonotic leaps such as Coronavirus, which seems to have originated from bats (and is found also in other animals), are a consequence of the incursion of industrial agriculture and farming into natural habitats and of growing inclusion of wild species into capitalist food commodity chains that have created conditions for such spillovers. Degraded ecosystems, with their complexity reduced to benefit industrial agriculture, have a lower capacity to halt the spread of epidemics. This will only worsen as planetary ecological destabilisation is expected to spawn new pathogens at an increasing rate. Recent studies are also highlighting the correlation between the severity of the impact of coronavirus and the rates of air pollution in affected areas.

    For the majority of people on this planet, who are deemed expendible from the point of view of capital, to die from epidemics or even common viruses has been the norm for a very long time. The pre-existing conditions of neo-colonial poverty, poor health, malnutrition and degraded habitat can weaponise viruses and epidemics. It is believed that 60% of deaths from the Spanish Flue was in Western Bengal. The worst is, however, that many of these diseases have known cures and vaccines. In the UK, for instance, the life expectancy between the richest and the poorest kids is today of 18 years. What Coronavirus is introducing is a class-less variable in the disposition of care provisions, making it impossible, for the moment, to sort out the damned from those who can be saved along the usual axes of discrimination. This condition will not last for long.
    A crisis of domesticity

    Due to the advised physical distancing and the cancellation of many public activities, many precarious workers are now facing weeks and months without work and income. Compensation for self-isolation does not exist in many places. Staying at home in deepening poverty is a horrific prospect. They will be joined by armies of laid-off workers.

    Nurseries, kindergartens and schools are closed, creating an impossible situation for many parents who are required to work. In many cases, the elderly, who are most at-risk from the pandemic, are forced to stay with kids, creating an emotionally difficult situation in homes and families.

    But there are also who suffer mentally ill, disabled and suffering severe conditions for whom remaining isolated to home is not feasible. And then there are those who face domestic violence for whom the lockdown equals continued abuse. The violence will only grow as neither adults nor kids can pursue their interests outside of home nor can socialise. The isolation without a radical rethink of how we organise self-determinative work, free time and conviviality will start to leave its psychological toll.
    Organizing for an alternative future

    The pandemic is likely to push an already unstable global economy into a tailspin, triggering measures to restore capitalist accumulation that will, judging from the past, might bring about further reductions to the public care system, dismantling of labour protections, discouraging civic life and deepening inequality and poverty. The fallout might set back efforts to counter and adapt to climate change that might lead to comparable disasters. Against these prospects, the loss of organising capacity to effectively make political claims while the outbreak is ongoing might prove crippling.

    We are living through a time of deep transformation that will impact our collective future beyond the emergency of containing the epidemic. It is both a time of acceleration, a time of uncertainty expressed in statistical predictions, a time of suspension. The shape of what is to come is not written in stone, but it will greatly depend upon our joint reflection and capacity to organise political actions. There will be an urge to simply “go back to normal, quickly”. And that tendency or hope, however understandable on the psychological level, will need to be collectively addressed, and also healed.

    But we also live in a time where we have been provided with a peek into an alternative future.

    #Coronavirus #Communs #Politique_care

  • [Émissions spéciales] #communs ? COM’ON !
    http://www.radiopanik.org/emissions/emissions-speciales/communs-com-on--7

    En 2018, Radio Panik a été invitée à une phase de pré-recherche autour des communs dans le cadre du Living Lab Commoning, un laboratoire composé de chercheur/euses et de collectifs travaillant sur cette notion. En 2019, la collaboration s’est poursuivie autour de la production d’une série de capsules radiophoniques.

    Des réalisatrices et réalisateurs ont répondu à cette invitation pour imaginer une série de podcasts. Qu’est ce que les communs ? Comment la notion de commun est-elle investie par des personnes et des groupes, en ville comme à la campagne ?

    Couvrant des champs aussi divers que l’identité musicale, le traitement de l’eau, la préservation des forêts ou la lutte contre l’obsolescence programmée, ces réalisations se sont répandues sur les ondes du 105.4 fm du lundi 2 mars au vendredi 6 mars 2020 (...)

    #studio_volant #émission_collective #studio_volant,communs,émission_collective
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/emissions-speciales/communs-com-on--7_08403__1.mp3

  • Se soigner tout·es pour se soigner mieux - Mon blog sur l’écologie politique
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/Se-soigner-tout-es-pour-se-soigner-mieux

    La santé est un bien commun et ça nous éclate au visage aujourd’hui : une personne mal soignée est une personne qui peut en infecter d’autres. Les maladies infectieuses sont moins présentes aujourd’hui dans le paysage sanitaire des pays riches et ont été remplacées par les maladies chroniques (qui nécessitent d’autres politiques de prévention). Mais les voilà de retour avec notamment ce coronavirus qui engage les gouvernements à mettre en place des mesures, y compris coercitives, pour freiner sa propagation.

    #santé #politique #bien_commun #communs #étranger

    • #CMU #AME #sécu #migrants #asile #santé_publique #coronavirus

      Revenons à notre droit au soin pour les personnes étrangères en séjour irrégulier. « Les bénéficiaires de l’AME souffrent plus fréquemment que les autres assurés de pathologies infectieuses graves, telles que la tuberculose, les affections hépatiques, ou le VIH (3) », ne serait-ce que parce qu’ils et elles viennent de ces pays plus pauvres où les maladies infectieuses sont plus présentes. Restreindre leur accès à la médecine de ville et aux soins tout court, c’est retarder la prise en charge et laisser les malades attendre des situations plus aiguës pour consulter, soit parce qu’une consultation hospitalière est plus lourde qu’en ville, soit parce que ces soins ne sont dispensés gratuitement que lorsque leur « absence mettrait en péril le pronostic vital (3) ». Des prises en charge rapides sont d’autant plus efficaces et moins coûteuses. Elles bénéficient à la santé de l’ensemble de la population.

      Au-delà de la décence qui interdit de laisser crever autrui devant sa porte, au-delà de la mesquinerie des calculs à court terme sur la santé publique dans nos pays sous gouvernance néolibérale, il y a cet intérêt-là, plus fort que tout : c’est ensemble que nous serons en bonne santé. Ou non. Et le raisonnement vaut aussi pour d’autres biens communs.

    • Autre exemple de comment les #maillons_faibles sur lesquels chie le libéralisme sont la clef de la bonne santé globale d’une société...

      En ce moment à Singapour, les chiffres de contamination explosent. C’est dû aux conditions de logement des travailleurs migrants.

      Coronavirus : Letter on dorm cases xenophobic, says Shanmugam, Singapore News & Top Stories - The Straits Times
      https://www.straitstimes.com/singapore/letter-on-dorm-cases-xenophobic-shanmugam
      https://www.straitstimes.com/sites/default/files/styles/x_large/public/articles/2020/04/18/fhdorm18.jpg?itok=FlO3iDn0

      While the average number of cases in the local community has stayed stable in recent days, the number of cases in dormitories has soared to the hundreds and now forms the majority of new cases.

      This is primarily due to communal living and is not just a question of personal habits, Mr Shanmugam told Zaobao.

      “Personal habits are extremely important: washing of hands, keeping yourself clean,” he said.

      “But when you put people together, when they sleep in the same room, they cook together and they are in close proximity over a long period of time, of course there will be high levels of transmission, just like we know (there are) also transmissions in households.”

      Instead of pointing fingers, Singaporeans should be coming together to take care of the foreign workers here, he added, as he credited them for helping to build Singapore’s Housing Board flats and infrastructure and keeping the country clean.

      Réponse des autorités : signaler ces cas à part pour mettre sur le compte de la moralité de « ces gens-là » les contaminations !

      [Sent by Gov.sg]

      COVID-19: 22 Apr update

      New cases: 1,016
      – Imported: 0
      – Cases in community: 17 (15 S’poreans/PRs, 2 Work Passes)
      – Work Permit holders (residing outside dormitories): 32
      – Work Permit holders (residing in dormitories): 967

      cc @reka et @cdb_77

    • Singapore socialite Jamie Chua apologises for ‘insensitive’ Instagram post
      https://cnalifestyle.channelnewsasia.com/trending/singapore-socialite-jamie-chua-apologises-insensitive-

      The local socialite, who has more than one million followers on Instagram, had posted on her IG stories about a “disturbing nightmare” she had.

      “I’m sooooo tired today. Woke up at 3.47 am from a disturbing nightmare, dreamt of Indian workers dorm and they were all rushing into my house. Been so affected by the recent cases, I’ve (sic) suffering from mild anxiety,” she wrote in the now-deleted post. “I think I may need another coffee to stay awake today.”

      The original post is no longer available and has since been replaced by the same photo, this time with the offending portion removed and a “self isolation” sticker in its place instead.

      Chua made another post on her Instagram stories later that same day to apologise, writing: “I would like to apologise for a post I made earlier today. While my intention was solely to share how this pandemic has taken a toll on my mental well-being, I realise that it was insensitive and ignorant.”

      #xénophobie #racisme

  • [Émissions spéciales] Bruxelles Ruisselle - Au Jardin Essentiel
    http://www.radiopanik.org/emissions/emissions-speciales/bruxelles-ruisselle-au-jardin-essentiel

    L’eau, ressource commune par excellence, une évidence ? À Bruxelles, longtemps séquestrée, tuyautée, voûtée, elle rejaillit, naturellement ou accidentellement selon les sources, pour creuser de nouveaux sillons entre les citoyen.ne.s. Entre la réalité politique en surface et l’infiltration d’idées en sous-terrain, chacun.e apporte sa petite goutte pour faire tourner le grand moulin commun.

    Épisode 1 : Au Jardin Essentiel avec Fabienne Apt

    Réalisation : Chloé Despax et Leslie Doumerc Mixage : Vincent Matyn-Wallecan

    #communs-comon
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/emissions-speciales/bruxelles-ruisselle-au-jardin-essentiel_08378__1.mp3

  • [Émissions spéciales] Bruxelles Ruisselle - Au Marais Wiels
    http://www.radiopanik.org/emissions/emissions-speciales/bruxelles-ruisselle-au-marais-wiels

    L’eau, ressource commune par excellence, une évidence ? À Bruxelles, longtemps séquestrée, tuyautée, voûtée, elle rejaillit, naturellement ou accidentellement selon les sources, pour creuser de nouveaux sillons entre les citoyen.ne.s. Entre la réalité politique en surface et l’infiltration d’idées en sous-terrain, chacun.e apporte sa petite goutte pour faire tourner le grand moulin commun.

    Épisode 2 : Au Marais Wiels avec Geneviève Kinet

    Réalisation : Chloé Despax et Leslie Doumerc Mixage : Vincent Matyn-Wallecan

    #communs-comon
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/emissions-speciales/bruxelles-ruisselle-au-marais-wiels_08379__1.mp3

  • [Émissions spéciales] Bruxelles Ruisselle - Les Choses de l’Eau
    http://www.radiopanik.org/emissions/emissions-speciales/bruxelles-ruisselle-les-choses-de-l-eau

    L’eau, ressource commune par excellence, une évidence ? À Bruxelles, longtemps séquestrée, tuyautée, voûtée, elle rejaillit, naturellement ou accidentellement selon les sources, pour creuser de nouveaux sillons entre les citoyen.ne.s. Entre la réalité politique en surface et l’infiltration d’idées en sous-terrain, chacun.e apporte sa petite goutte pour faire tourner le grand moulin commun.

    Épisode 3 : Les Choses de l’Eau avec Dominique Nalpas

    Réalisation : Chloé Despax et Leslie Doumerc Mixage : Vincent Matyn-Wallecan

    #communs-comon
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/emissions-speciales/bruxelles-ruisselle-les-choses-de-l-eau_08380__1.mp3

  • [Émissions spéciales] C’est à qui le son à la radio ?
    http://www.radiopanik.org/emissions/emissions-speciales/c-est-a-qui-le-son-a-la-radio-

    Camille aimerait bien rendre hommage aux vieilles émissions radio type courier du coeur en en réutilisant les archives sonores. L’occas’ d’appeler la Sabam, l’Ina et autres instances détentrices ou gestionnaires des droits des archives radio pour leur demander comment faire, surtout quand on est une radio associative sans but lucratif et à visée d’éducation populaire : tout un débat s’ouvre sur les droits d’auteurs de la création sonore et des musiques qui passent à la radio et à qui va l’argent, le copyleft, les Creative Commons et les artistes qui travaillent à partir de samples de musiques produites par d’autres, notamment People Like Us aka Vicki Bennet.

    Avec : Camille Dupont-Lahitte du Labo (Radio Television Suisse), qui travaille sur les archives sonores dans le cadre de son mémoire de (...)

    #communs-comon
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/emissions-speciales/c-est-a-qui-le-son-a-la-radio-_08381__1.mp3

  • [Émissions spéciales] Equal rights
    http://www.radiopanik.org/emissions/emissions-speciales/equal-rights

    Qu’est ce que Ishawna chanteuse jamaicaine et son tube dance-hall pro-cunnilingus « Equal Rights » a à voir avec les communs ? Tout, comme l’explique Eric, puisque si les systèmes juridiques occidentaux ont instauré une distinction entre la mélodie et le rythme pour protéger la propriété intellectuelle de l’une et laisser l’autre dans le domaine public, les ridms jamaicains constituent donc un commun...

    La bande-son de la capsule est constituée exclusivement de samples transformés du morceau « Equal Rights » d’Ishawna.

    Avec Eric Schrijver auteur de Copy This Book

    Réalisation : Magdalena Le Prévost Mixage : Vincent (...)

    #communs-comon
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/emissions-speciales/equal-rights_08382__1.mp3

  • Les communs, renouveau de la démocratie locale
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/11/les-communs-renouveau-de-la-democratie-locale_6032562_3232.html

    Histoire d’une notion. Alors que l’écologie s’impose comme le thème central des élections municipales, les notions de « bien commun » et de « commun », déjà présentes lors du scrutin présidentiel de 2017, sont encore largement mobilisées cette année dans les discours et jusqu’aux intitulés des listes électorales.

    Mais que recouvre précisément un commun, en particulier dans un contexte municipal ? Si le terme est suffisamment fédérateur pour que chaque candidat y projette ses propres aspirations, la notion, elle, commence à être bien documentée. Hasard du calendrier, vient de paraître en France la traduction du discours prononcé à Stockholm par la politiste américaine Elinor Ostrom (1933-2012), première femme récompensée en 2009 par le prix Nobel d’économie pour ses recherches sur les communs (Discours de Stockholm, C&F, 118 p., 16 €). Ce texte ainsi que la préface de l’économiste Benjamin Coriat éclairent opportunément les enjeux d’une notion qui ouvre de nombreux champs dans le monde des idées à l’heure où l’humanité est confrontée à des crises sociales et écologiques majeures.

    A travers l’action collective, c’est bien un projet de réappropriation de la politique qui est en œuvre, et que les élus peuvent accompagner. Benjamin Coriat voit d’ailleurs dans l’« extraordinaire vitalité » des communs urbains « l’origine de la renaissance d’un nouveau municipalisme, qui nourrit lui-même le renouveau de la citoyenneté ». En France, un collectif d’organisations documente outils et propositions sur le site Politiques des communs, dans la perspective des élections municipales. Selon lui, cette dynamique appelle à une « transformation de la culture politique de l’administration, des élus et des habitants ». Un renouvellement de la démocratie locale dont une large part reste à inventer.

    Claire Legros

    #Communs #Elinor_Ostrom #C&F_éditions

  • Immobilier : comment devenir propriétaire à moindre coût
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/05/les-nouvelles-manieres-de-devenir-proprietaire-a-moindre-cout-se-multiplient

    Dissocier la propriété du terrain et celle du bâti, pour alléger la charge financière à l’achat, n’est pas une idée neuve. Elle est réapparue depuis 2017 dans les zones les plus chères avec les organismes fonciers solidaires (OFS), créés par la loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové de 2014, et avec le bail réel solidaire créé, lui, par la loi dite Macron, du 7 août 2015. C’est Audrey Linkenheld, alors députée du Nord et chargée du logement à la mairie de Lille, qui a porté ce projet de loi et fait en sorte que sa ville soit la première, en février 2017, à créer un OFS et mettre en route deux programmes d’immeubles vendus en bail réel solidaire.

    Dans ce montage, un OFS sans but lucratif achète un terrain financé avec un prêt d’une durée de quatre-vingts ans consenti par la Caisse des dépôts, ce qui permet d’en lisser la charge. Ce terrain sera loué aux occupants des logements, sélectionnés en fonction de leurs ressources plafonnées et liés à l’OFS par un bail réel solidaire d’une durée limitée, dix-huit ou vingt ans. Ils sont donc à la fois locataires du terrain, pour quelques euros par mois le mètre carré, et propriétaires du bâti qu’ils achètent.

    A leur départ, les occupants pourront revendre le bien mais aux conditions fixées par le bail réel solidaire : au prix initial, éventuellement indexé et majoré des travaux réalisés entre-temps. Ils renoncent certes à la plus-value mais récupèrent leur mise de départ, un avantage comparé au statut de locataire. Ce dispositif coupe court à toute spéculation et remet indéfiniment le logement à la disposition de personnes aux revenus tout aussi plafonnés, agréées à leur tour par l’OFS.

    « Il y a beaucoup d’autres pistes à explorer, comme l’accession progressive, l’achat des parties communes de l’immeuble par un opérateur qui les entretient et les loue aux copropriétaires, allégeant ainsi l’investissement de départ, la vente de volume que les acquéreurs aménagent selon leurs souhaits…, témoigne Me Michèle Raunet. Ce foisonnement d’idées renouvelle la conception de la propriété, privilégiant l’usage plutôt que la détention, ce que les Français semblent prêts à accepter. Mais, pour clarifier le paysage, il faudra évaluer ces différentes expériences et choisir les meilleures. »

    Logement #Offices_fonciers_solidaires #Community_Land_Trust #Communs

  • [Émissions spéciales] #Communs ? Com’on !
    http://www.radiopanik.org/emissions/emissions-speciales/communs-com-on-

    En 2018, Radio Panik a été invitée à une phase de pré-recherche autour des communs dans le cadre du Living Lab Commoning, un laboratoire composé de chercheur/euses et de collectifs travaillant sur cette notion. En 2019, la collaboration s’est poursuivie autour de la production d’une série de capsules radio.

    Des réalisatrices et réalisateurs ont répondu à cette invitation pour produire une série de podcasts. Qu’est-ce que les communs ? Comment la notion de commun est-elle investie par des personnes et des groupes, en ville comme à la campagne ? Couvrant des champs aussi divers que l’identité musicale, le traitement de l’eau, la préservation des forêts ou la lutte contre l’obsolescence programmée.

    Ces réalisations s’égreneront du lundi 2 mars au vendredi 6 mars 2020, tous les matins à 10h.

    Aujourd’hui : (...)

    #citoyenneté #solidarité #partage #ateliers_Merlin #citoyenneté,solidarité,partage,Communs,ateliers_Merlin
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/emissions-speciales/communs-com-on-_08283__1.mp3

  • [Émissions spéciales] Expert de rien de François De St Georges - #Communs ? Com’on !
    http://www.radiopanik.org/emissions/emissions-speciales/communs-com-on--2

    Des réalisatrices et réalisateurs ont répondu/es à l’invitation de Radio Panik pour produire une série de podcasts autour de la notion des communs. Qu’est ce que cette idée ? Où la trouve-t’on ? Comment la notion de commun est investie par des personnes et des groupes, en ville comme à la campagne. Couvrant des champs aussi divers que l’identité musicale, le traitement de l’eau, la préservation des forêts ou la lutte contre l’obsolescence programmée.

    Ces réalisations s’égreneront du lundi 2 mars au vendredi 6, tous les matins à 10h.

    Lundi :

    ’Aux #ateliers_Merlin' de Marcan et Lydia Baziz

    Mardi :

    ’Bois commun’ de François St Georges A Virginal, un joli #bois était à vendre. Et ils ont décidé, eux, les Virginalois, que ce serait un bois commun. Acheter une #forêt, rouvrir des chemins, expérimenter…Ca passe par (...)

    #creative_commons #citoyenneté #repair_café #parc #solidarité #partage #eaux #Brusseau #jardin_essentiel #marais_Wiels #El_encuentro #creative_commons,citoyenneté,repair_café,parc,solidarité,bois,partage,forêt,eaux,Brusseau,jardin_essentiel,marais_Wiels,Communs,El_encuentro,ateliers_Merlin
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/emissions-speciales/communs-com-on--2_08234__0.mp3

  • La France périra faute de bois - Ép. 3/5 - Des forêts qui brûlent
    https://www.franceculture.fr/emissions/matieres-a-penser/matieres-a-penser-emission-du-mercredi-19-fevrier-2020


    Il y a une forme de contestation sociale qui se retrouve en forêt. Par exemple, je suis frappé de voir la manière dont les zadistes se costument, se drapent, se moquent, qui ne sont pas sans rappeler les guerres de demoiselles, qui ne sont pas sans rappeler les black faces de Thomson, etc. La stratégie, le travestissement, la stratégie de la communauté […] donc, voilà, il y a là des passerelles qui sont, à mon avis, intéressantes à creuser et qui sont inattendues.

    Sébastien Poublanc pose la question de la violence de la répression en forêt (#Rémi_Fraisse et un activiste allemand) alors qu’on ne tue plus de manifestant·es en ville.

    Il parle aussi de @mondes Mondes sociaux et de l’écriture numérique de l’histoire. Voir le blog qu’il tient avec ses étudiant·es.

    https://tribulations.hypotheses.org/author/seblue

    #histoire #forêt #sylviculture #communs #Colbert #audio

  • Terrasses chauffées : les villes invitées à en finir avec une « hérésie » climatique
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/11/terrasses-chauffees-les-villes-invitees-a-en-finir-avec-une-heresie-climatiq

    « Une gabegie énergétique »

    D’après une étude de l’association négaWatt, la consommation d’une terrasse moyenne durant un hiver équivaut à la consommation annuelle en électricité de neuf familles, hors chauffage et eau chaude. D’après cette même enquête, une terrasse de 75 m2 équipée de cinq braseros au gaz rejetterait autant de dioxyde de carbone (CO2) au cours de l’hiver qu’une voiture neuve faisant trois fois le tour de la Terre (40 000 km), soit 13,7 tonnes émises dans l’atmosphère. Or, à Paris seulement, on estime que plus de 12 500 terrasses sont chauffées.

    « Les terrasses chauffées constituent une gabegie énergétique et ont des impacts environnementaux colossaux alors qu’elles sont acceptées par tous », constate l’énergéticien Thierry Salomon, fondateur de l’association négaWatt et auteur de Changeons d’énergies - Transition, mode d’emploi (Actes Sud, 2013). Selon une étude réalisée en décembre 2019 par l’institut YouGov, plus de deux Français sur trois considèrent que les terrasses chauffées représentent une importante déperdition d’énergie, mais seulement un sur trois se dit « favorable » à leur interdiction.

    Dans la capitale, les écologistes ont déjà tenté à trois reprises de l’obtenir : en 2007, 2008 et 2011. En 2011, le chauffage au gaz avait été interdit. Mais l’interdiction a été annulée deux ans plus tard par le tribunal administratif de Paris, après un recours du Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs et du Comité français du butane et du propane (CFBP), au motif de « ne pas disposer d’élément permettant de justifier un traitement différencié entre les dispositifs de chauffage au gaz et à l’électricité » par rapport aux « impératifs de développement durable ».
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pour ou contre les terrasses chauffées

    La ville de Lille, qui avait pris un arrêté interdisant les dispositifs de chauffage au gaz la même année, a connu un sort identique. Saisi par le CFBP et l’Association française du gaz, le tribunal administratif de Lille invoquait, dans sa décision de 2016, « une atteinte injustifiée au principe de liberté du commerce ». « Echaudée par cette expérience », la ville entend adopter « une stratégie différente », explique Jacques Richir, adjoint chargé de l’espace public. Plutôt qu’une « interdiction pure et dure », la ville mise, comme Paris, sur la « concertation avec les commerçants », précise l’élu. Si les établissements ne semblent « a priori pas favorables à cette interdiction », M. Richir évoque, dans un premier temps, « une démarche de volontariat ». Une réunion sur le sujet doit se tenir après les élections municipales de mars.

    Dans la ville de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), qui interdit les dispositifs chauffants depuis 2012, une solution simple a été retenue : les couvertures. C’est d’ailleurs l’alternative adoptée dans de nombreux pays aux températures moins clémentes qu’en France, comme l’Allemagne, le Danemark ou la Suède.

    Si la simplicité de la solution pourrait prêter à sourire, elle participe d’un changement vers une politique générale d’écologie urbaine. « Il faut que les villes montrent l’exemple, sinon les citoyens ne s’engageront pas dans cette transition écologique », estime M. Salomon. Il invite les municipalités à réfléchir à « l’ensemble des consommations aberrantes en milieu urbain », comme les vitrines éclairées la nuit ou les écrans vidéo qui peuplent les lieux publics.

    #Climat #terrasses_chauffantes #Communs_urbains

  • Hélène Mulot et Marion Carbillet : L’Ecole du partage à la Coopérative Pédagogique Numérique 29 - Innovation Pédagogique
    https://www.innovation-pedagogique.fr/article6219.html

    Un article repris de https://www.bretagne-educative.net...

    Hélène Mulot et Marion Carbillet ont écrit l’ouvrage A l’’école du partage : Les communs dans l’enseignement. A l’automne 2019, la Coopérative Pédagogique Numérique du Finistère et le réseau Prof@brest les ont invitées pour un temps d’échanges. Voici quelques échos de cette rencontre.

    Votre ouvrage porte sur « les communs dans l’enseignement » : que signifie pour vous cette notion de « communs » en général ?

    Cela vient de la lecture de Libres Savoirs en 2012 avec la prise en compte de la question centrale de la gouvernance (communs plus que biens communs). Nous ne savions pas bien que faire de la notion, comment la prendre en compte dans notre pratique pédagogique mais nous sentions qu’elle était riche et inspirante.

    Que recouvre-t-elle dans le domaine éducatif ?

    Il s’agit de passer de la culture du partage à la culture de la participation : de former les jeunes et les adolescents à participer à la vie culturelle et la vie politique – ce qui est un enjeu citoyen de première importance. C’est-à-dire de former les jeunes qui ne viennent pas naturellement dans certains lieux, de donner les moyens à tous de participer aux dispositifs voire d’en créer un peu eux-mêmes.

    Il y a dans la société des lieux de participation (fablabs, médiathèques tiers lieux, associations...), mais ces lieux concernent souvent un certain type de public, averti. Pour qu’ils fonctionnent de façon réellement inclusive, avec tous types de publics, il faut sans doute que tous les individus soient en amont formés à la participation. Or où est-ce que cela peut se faire hormis à l’École ?

    Les outils changent très vite chez les adolescents. Dès lors il ne s’agit pas de leur transmettre nos savoirs, qui sont déjà décalés par rapport aux pratiques adolescentes. Cette attitude permet de transmettre des savoirs y compris sur des outils qui n’ont pas encore intégré les programmes : Google à l’époque où l’école n’en parlait pas, Wikipedia par la suite, et aujourd’hui Youtube. Il faut accepter que les élèves viennent avec leurs pratiques et prendre du recul avec eux. Cela ne peut pas être nous qui disons quoi faire. Ils viennent avec leurs pratiques et nous apportons les clés par rapport à nos grilles de lecture. Le but, c’est de les amener à réfléchir à leurs pratiques et à leur impact sur les autres.

    Comment voyez-vous le possible affrontement entre la culture horizontale des communs et celle, verticale, de l’Éducation nationale ?

    Il faut prendre conscience des marges de manœuvre et les utiliser. Est-ce qu’une part de la difficulté ne vient pas de notre propre difficulté à imaginer, inventer les choses autrement ? On est toutes les deux formatrices et on centre nos formations sur la question : comment faire pour faire bouger les pratiques ? Les freins sont personnels : attention à ce que les freins présumés de l’institution ne soient pas des excuses pour ne rien faire. Regardons nos propres moyens d’agir - faisons et regardons ce qui bloque.

    #Marion_Carbillet #Hélène_Mulot #Ecole_Partage #C&F_éditions #Communs