• Marc Roux, Didier Coeurnelle, #Technoprog, la contre-culture #transhumaniste qui améliore l’espèce humaine , éd. FYP, 2016.

    http://www.fypeditions.com/technoprog-la-contre-culture-transhumaniste-qui-ameliore-lespece-humain

    Par les deux tarés de l’association française transhumaniste.
    La sous-machine Coeurnelle s’est récemment fait jeter du salon Primevère :

    http://transhumanistes.com/archives/3005

    Il n’y a pas de dialogue possible avec un #fanatique_de_l'aliénation.

    #critique_techno

  • Lewis Mumford, Technique et civilisation

    http://www.editionsparentheses.com/Technique-et-civilisation

    Une nouvelle traduction...

    Cette nouvelle édition de #Lewis_Mumford revient sur une traduction qui était à la fois datée en termes de style et comportait un certain nombre d’erreurs (contresens, illogismes, terminologie erronée, etc.)
    Tout en conservant une certaine trame, nous avons réalisé un très gros travail de recherche, de comparaison, etc., qui, nous l’espérons, donnera un second souffle à cet ouvrage.

    Je vous en dirais des nouvelles dès que possible...

    #critique_techno, #histoire

  • Machines arrière ! (des chances et des voies d’un soulèvement vital)
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=816

    Une revue universitaire vient de nous poser l’une de ces questions qui remplissent les bibliothèques de livres et les penseurs d’angoisse depuis 1945 : « Quelle forme est-il encore envisageable de donner à la résistance ? Peut-on espérer voir se lever les populations superflues contre le capitalisme technologique et ses soutiens politiques ? » Il faudrait pour répondre à pareilles questions avec une certitude scientifique, maîtriser la théorie du chaos et connaître la situation dans toutes ses conditions initiales et toutes les chaînes de réactions qu’elles peuvent déclencher. Heureusement, ni les big data, ni les logiciels des sociologues et de la Rand Corporation, malgré tous leurs modèles, ne peuvent encore traiter l’avenir comme un mécanisme programmé. Le plus sage serait de dire, oui, on peut (...)

    #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/machines_arrie_re.pdf

    • Les ennemis du Progrès, comme les Indiens, ont le choix entre deux façons de perdre.

      Soit ils considèrent que la fin est dans les moyens, ils refusent - à la manière des Amish - de vivre avec leur temps. Ils se retirent dans des isolats temporels, à la campagne, au sein de micro- sociétés et de micro-réseaux, dans l’espoir, au mieux, que leur exemple soit contagieux, au pis, d’assurer leur salut individuel. S’ils sortent de leur refuge pour attaquer le système, ils sont vaincus, sauf exception ; comme les Indiens, avec leurs arcs et leurs flèches, furent vaincus, sauf exception. On ne peut pas éternellement se gargariser du Larzac et de la Little Big Horn.

      Soit ils considèrent que la fin justifie les moyens et ils retournent contre l’ennemi, les armes de l’ennemi. C’est la position des communistes, de Lénine, de Trotski, 5 des nationalistes des pays colonisés, des islamistes aujourd’hui. C’est possible parce que ces courants croient à la neutralité des moyens scientifiques, technologiques, industriels, militaires, etc. Le Progrès est neutre, les moyens sont neutres, tout dépend de leur usage, de ce qu’on en fait, de leur fin. Ainsi l’arme nucléaire devient-elle morale, dès qu’elle devient rouge, communiste, ou verte, islamique. Les drones auraient toutes les vertus s’ils attaquaient Israël, les Etats-Unis et l’Europe, etc. Cette souplesse morale s’étend d’ailleurs aux moyens politiques et guerriers. La fin justifie la terreur : les massacres de septembre 1792, l’extermination des anarchistes et des populistes par le Guépéou bolchevique, et les moyens théorisés par l’Etat islamique dans La Gestion de la terreur, afin de purifier le monde de ses mécréants. C’est ainsi que la Révolution perfectionne l’Etat hérité de l’autocratie russe ou de l’absolutisme royal et que la technologie, conçue et développée en Occident, transforme le monde, modernise/américanise/occidentalise tous ceux qui prétendent l’employer contre l’Occident. Et en fin de compte, « nous sommes tous américains » - mais comme les Américains eux-mêmes - moyennant quelques gris-gris culturels et identitaires, que l’on soit afro-américain, sino-américain, juif américain, hispano-américain etc., ou gallo-ricain pour les résidents de l’Hexagone.

    • Si les ennemis du Progrès, au nom de l’efficacité et du pragmatisme, utilisent les moyens du Progrès pour combattre le Progrès, il leur faut devenir de meilleurs progressistes que les progressistes. Il leur faut, pour vaincre les progressistes sur leur terrain, devenir de meilleurs ingénieurs et techniciens, utiliser mieux de meilleures machines, de meilleurs systèmes et réseaux. Les spécialistes et les experts instaurent aussitôt leur domination et prennent le pouvoir chez les ennemis du Progrès comme ils l’ont pris chez les progressistes. Technocratie contre technocratie, l’identité profonde entre les deux adversaires l’emporte sur l’opposition de surface, et le combat cesse faute de combattants.

    • La technologie, comme tous les moyens, n’est pas neutre (Ne-uter : ni l’un, ni l’autre) ; elle est ambivalente (ambi : ceci & cela), voire polyvalente. Elle n’interprète pas le monde comme la philosophie spéculative, elle le transforme ainsi que ceux qui l’utilisent. De moyen en vue d’une fin, elle devient sa propre fin et celle de ses utilisateurs.

    • L’exemple canonique étant la production des « puces » électroniques, ce composant de base, matériel (hardware), emblématique de la société technologique et de l’économie de la connaissance. Or le coût unitaire et le prix de vente des puces ne cesse de s’effondrer, en même temps que diminue leur taille et qu’augmente leur vitesse de calcul - mais - l’investissement dans une fonderie, une fab, est devenu si vertigineux que des entreprises concurrentes doivent s’associer lorsqu’elles se risquent à en construire une. Ainsi l’Alliance qui regroupe Motorola, TSMC et STMicroelectronics, en 2002, à Crolles, près de Grenoble, pour construire une fab à 3 milliards d’euros (dont 543 millions de subventions publiques) : le plus gros investissement industriel en France, depuis dix ans. Malgré les multiples soutiens de la puissance publique à tous les échelons, du municipal à l’européen, l’Alliance, qui pille les eaux des massifs voisins et bouleverse par sa seule présence le paysage et le marché de l’immobilier, ne cesse de changer de partenaires et de licencier des centaines de salariés, au gré des cycles du marché des semi- conducteurs, en voie de concentration, et des luttes à mort entre constructeurs. La superfluité - la prolétarisation - frappe même les ingénieurs et les techniciens. La part des salariés dans les coûts de production devient toujours plus marginale. Les ouvriers – les « opérateurs » des salles blanches - se réduisant depuis longtemps à une minorité quantitative et qualitative, par rapport aux machines et aux strates supérieures de personnel. Une classe ouvrière réduite à des éléments épars, submergée de robots et de bataillons d’ingénieurs, a perdu toute chance d’être le sujet de l’ultime révolution.

    • Les superflus sont aujourd’hui vraiment superflus. Inutiles comme producteurs concurrencés par l’informatique et l’automation. Insolvables comme consommateurs au point d’en être à quémander une allocation d’existence universelle. Ils n’atteignent même pas à la dignité des prolétaires au sens originel, ceux qui n’ont que leurs enfants à offrir à la cité. Les multiples techniques de reproduction artificielle déjà au point et sans cesse améliorées suffisent bientôt aux besoins en ressources humaines des entreprises et des collectivités, ainsi qu’aux projets parentaux des technarques et de la technocratie : les 1 % mentionnés plus haut.

      Cependant les superflus mangent, boivent, respirent, s’habillent, se logent, circulent, consomment. Dans un monde de raréfaction des ressources en eau, en nourriture, en espace, en énergie et minéraux, ils ne sont pas seulement superflus, mais nuisibles. La technocratie n’a que faire d’opprimer les superflus. Elle se soucie comme d’une guigne de leur assurer les conditions d’existence qui leur permettent au moins de vivre dans la servitude. Elle se moque de leur assurer une existence d’esclaves parce que leur existence d’esclave est pur gaspillage.

    • D’où pourraient renaître les hommes et la conscience humaine, capables de penser la déshumanisation du monde et de s’y opposer ? Et surtout de s’y opposer avec la moindre chance de succès, alors que tant de générations et de héros, autrement résolus et armés, intellectuellement et militairement, et qui combattaient dans un rapport de forces moins défavorable, furent écrasés. C’est de leurs défaites, aussi, que nous restons anéantis. Pour mémoire, la dernière insurrection victorieuse en France remonte à février 1848.

    • Certes, cette image du passé est forcément mythifiée, du moins en partie, et nous sommes loin d’en regretter tous les us et coutumes, mais elle est émouvante , ce qui vaut mieux que d’être mobilisatrice.

      C’est ce mirage, ce passé, qui, depuis un demi-siècle, dans les « sociétés avancées », ramènent des hommes à la campagne, en groupes ou en solitaires. Ceux-là sortent de la superfluité. Ils témoignent pour les autres que c’est possible, éveillant du coup la vision d’une sortie en masse. Ils portent en actes la critique du Progrès, née avec le Progrès lui-même, il y a deux siècles. Précisons pour les malentendants : le progrès technoscientifique contre le progrès social et humain.

    • Ainsi le milieu anti-industriel avait remis en circulation, voici des années, l’idée de « Réappropriation des savoirs-faire », déjà présente dans les communautés post-soixante- huitardes. Heureuse idée, destinée à rendre un peu d’autonomie vis-à-vis de la Mégamachine, à ceux qui la mettraient en pratique ; à conserver des vieilles pratiques ; à renouer avec cette expérience directe, avec cette sensibilité qui façonne les réfractaires à la société industrielle. Nombre de textes, parmi les plus intéressants de l’époque, sont issus de cette mouvance, qu’on peut lire notamment à L’Encyclopédie des Nuisances et dans Notes & Morceaux choisis, le bulletin de Bertrand Louart. Cette idée de « réappropriation des savoirs-faire » circule dans les squats, les communautés, les ZAD, les ateliers et les jardins collectifs et chez bien des gens qui vivent à l’écart, seuls ou en famille. Elle est un point d’ancrage et un point de départ. Elle donne du recul et matière à penser à ceux qui la mettent en pratique, sans prétendre un instant s’être affranchis du système, au sein d’on ne sait quelle Utopie enfin trouvée. Il n’y a pas d’ailleurs, mais des idées nées de la pratique et qui suscitent de nouvelles pratiques, en un perpétuel va-et- vient cumulatif entre l’expérience et la théorie. Une fois passé le seuil du mouvement spontané, de la réaction instinctive née de l’existence même des sujets – et il est aussitôt passé-, ce sont la réflexion et la critique qui commandent la pratique.

      avec du @tranbert dedans

    • Nous qui ne savons ni le grec, ni l’hébreu, et à qui les temps qui s’enténèbrent n’ont permis que de mauvaises études, nous avons proposé la méthode de l’enquête critique afin de produire des idées et des producteurs d’idées. Il y a toutes sortes d’enquêtes. Sans détailler ce qui semble un pléonasme - après tout, une enquête devrait toujours être critique - il s’agissait de pousser tout un chacun à se « réapproprier la pensée », à fabriquer du sens par lui-même, en enquêtant sur le monde à partir de son lieu de vie. Ellul : « Penser global, agir local ». Du concret et du particulier, à l’abstrait et au général. C’est l’exemple que nous avons tâché de développer à partir de la technopole grenobloise qui, de fil en aiguille, s’est transformé en critique du capitalisme mondialisé à l’ère technologique.

    • Chaque époque, en effet, présente un caractère particulier, qui l’unifie et qui l’affecte dans tous ses aspects. Ainsi le caractère technologique du capitalisme contemporain depuis la 2 e Guerre mondiale nous serait tôt ou tard apparu, que nous enquêtions sur l’élevage ovin en Lozère, la porcelaine à Limoges, le foot spectacle à Marseille ou plus directement sur l’aviation, les télécoms ou les nanotechnologies dans la technopole grenobloise, à Rennes ou à Toulouse. Dire que la technologie est le front principal ne signifie pas qu’on réduise toute opposition à sa contestation. Ce serait aussi absurde que de se battre « contre la Somme » ou « contre le Rhin » parce qu’à un moment donné la ligne de la Somme ou celle du Rhin matérialise le front principal entre deux armées. Le front principal n’est que le théâtre majeur de l’action, celui qui commande les fronts dits secondaires et où se décide l’issue du conflit. C’est-à-dire que toute percée ou recul sur ce front se répercute en cascade sur les autres et transforme la situation. À aucun moment, il ne s’agit de hiérarchiser les mérites de différentes causes, ni ceux de leurs défenseurs (cause des femmes, des homos, des animaux, etc.). Il s’agit de comprendre, avec le moins de retard possible sur le fait accompli, comment la technologie transforme le monde, villes et campagnes, les hommes et les femmes, leurs corps, les rapports sociaux, le rapport à soi, les idées, etc. Et enfin les rapports de force entre nécessaires et superflus, à l’avantage des premiers, bien sûr. Maintenant, si vous pouvez nous dire quel autre facteur que les technosciences a davantage changé l’homme et le monde depuis la révolution industrielle (circa 1800), ou la révolution cybernétique (circa 1945), nous serons vraiment intéressés.

    • Huhu, @aude_v je dirais : pas spécialement : je relève les passages qui me semblent intéressants ou significatifs, ou encore « à discuter ». Là mes citations en sont à 1/3 du document, et pas vraiment rencontré de trucs anti-féministes, homophobes ou du genre, donc ça reste plutôt lisible intéressant. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y aurait pas des choses à discuter/critiquer quand même hein. :D

      Il y a pas mal de rappels historiques et de choses qui sont intéressantes à rappeler ou avoir en tête.

      Je continuerai ce soir ou demain…

    • « Ce soir ou demain » … 4 ans plus tard

      De même qu’un paléozoologue reconstitue l’anatomie, l’alimentation et le milieu d’un dinosaure à partir d’un os, nous avons pu, à partir de la technopole grenobloise, reconstituer le technocapitalisme mondialisé (le stade Silicon Valley du capitalisme), désigner et décrire au fil d’une quinzaine de livres et de centaines de textes, nombre de concepts et de phénomènes associés : la police totale (gestion et contention), la société de contrainte (implants cérébraux), la technocratie (l’alliage du capital et de l’expertise), la reproduction artificielle de l’humain, etc. Nous avons reçu un accueil mondain, la reconnaissance rechignée d’un étroit milieu d’initiés, et un échec politique ; les enquêteurs, les producteurs d’idées et les idées ne se sont pas multipliés à la vitesse nécessaire. La conscience du désastre traîne loin derrière l’emballement technologique. Nous-mêmes, qui y passons notre temps et nos efforts, nous peinons à saisir « ce qui se passe »,« en temps réel ». Et encore plus à le dire, et à y répondre.
      Certes, nous avons parlé avec beaucoup de gens. Nous avons suscité des écrits et des écriveurs, mais finalement nous n’avons rencontré que ceux qui nous cherchaient.

      […]

      Pardon de notre naïveté, nous avons rencontré tant de diplômés, désireux de « nous aider », de « faire quelque chose », en proie à la panique et à la procrastination dès lors qu’on leur proposait - non pas d’écrire - mais de rédiger sur tel ou tel sujet qui leur tenait à cœur. Ils en étaient simplement incapables ; et aussi humiliés que les illettrés à qui l’on demande soudain de lire ou de remplir un document.

    • La plupart des jeunes radicalistes que nous avons croisés, ne s’intéressaient pas plus au local et aux technologies que les vieux citoyennistes. Ils cherchaient surtout des thèmes d’activisme pour se mettre en valeur, des prétextes à réunions, à hauts cris, conciliabules, opérations d’agit-prop’, voire, dans leur plus cher désir, à une émeute réglementaire, avec cagoules, black bloc et bris de vitrines. Il nous incombait de fournir le discours, les faits, les arguments, les textes, justifiant ces envies d’esclandres. Pour peu qu’on féminise les textes collectifs et qu’on ajoute systématiquement « ...et son monde » après l’objet de notre opposition -Contre Ceci et son monde !... Contre Cela et son monde ! - comme un répons de messe, nous avions l’imprimatur. Peu d’entre eux ont vraiment compris ce qu’étaient les nanotechnologies, les technologies convergentes, ni ce que signifiait l’emballement technologique. Nous étions pour eux, comme pour les gauchistes du NPA, une sorte de commission spécialisée, dans un domaine ésotérique et abscons. On ne s’y investit que lorsqu’on n’a rien de plus urgent ou de plus gratifiant à faire ; et on y fait appel quand on a besoin d’une explication ou d’un intervenant sur le sujet. Gauchistes et post-gauchistes n’ont jamais admis que nous étions des généralistes de la politique et non pas des spécialistes des technologies. Il aurait fallu d’abord comprendre que la technologie était devenue la politique de notre temps – la réelle politique du capital et de la technocratie - et non pas un simple moyen, susceptible de « dérives » et de « dysfonctionnements ».

      Il y a des années de cela, une note étonnante du Centre d’Analyse Stratégique - ou d’une officine similaire - nous était passée sous les yeux. L’auteur y déclarait que les risques de tension majeurs à venir en France, étaient soit les controverses technologiques (nucléaire, OGM, nanos, etc.), soit les controverses identitaires (ethniques, confessionnelles, sexuelles, etc.). En tant qu’humains, à qui rien d’humain n’est étranger, nous nous sommes évertués à faire de la lutte contre l’inhumain (transhumanisme, anomie, fanatisme) le souci premier de nos congénères. Devinez qui a gagné.

    • A-t-on jamais vu, malgré des décennies d’appels et de propagande, laFrance d’en bas défiler en masse contre les nuisances qui frappent davantage les quartiers populaires ? Le bruit, l’air et l’eau empoisonnés, la malbouffe, les pesticides, les engrais qui infectent et abrègent la vie. A-t-on jamais vu la jeunesse des cités ou la vieillesse des cantons se soucier de l’intérêt général et se joindre aux protestations contre le nucléaire, les chimères génétiques et l’artificialisation du territoire ? Pour toutes les critiques qu’on leur adresse, et qu’ils méritent, les petits-bourgeois « écolos » restent les seuls, et les derniers, à ne pas séparer leurs intérêts de l’intérêt commun, à faire preuve d’idéalisme et à se battre pour tous, en même temps que pour eux. Qu’ils gagnent et qu’ils s’y prennent bien pour rallier l’ensemble du peuple à la cause commune est une autre affaire. Mais pour en parler, il faut avoir tenté, une fois, d’éveiller un canton d’éleveurs de porcs ou les banlieusards d’une métropole à la critique radicale.

      Demandez à n’importe quel ancien établi, mao ou marxiste-léniniste. Aux derniers prêtres ouvriers et curés des cités. Cela suppose d’y habiter. De se lier aux habitants. D’enquêter. De ne passuivre les idées et les revendications aliénées, aussi populaires soient-elles. De ne pas émettre un langage et un programme tout faits, aussi justes soient-ils dans l’abstrait, mais étranges et incompréhensibles pour la population. De se plonger dans le milieu sans s’y perdre, mais sans heurter. Cela suppose d’écouter, d’observer, de comprendre – « l’analyse concrète de la situation concrète ». De synthétiser les griefs pour produire des idées radicales (et non pas extrémistes), dont les habitants puissent s’emparer, etc. L’expérience de l’établissement (« aller au peuple ») et de l’enquête de masse, depuis le XIXe siècle, ont accumulé là-dessus de multiples règles et leçons qu’on ne discutera pas ici. Mais si vous connaissez des volontaires, on ne demande qu’à leur en faire part.

    • Il ne suffit pas de protester contre la destruction de l’école, de la langue, de la pensée, de la culture, de la mémoire, ni de se réfugier, chacun pour soi, dans la lecture. Il s’agit de créer un réseau de maisons vouées à la conservation et à la transmission de l’œuvre ancienne de l’humanité. Il faut de la pierre : des bâtiments, des librairies, des salles d’étude. Il faut des programmes, des maîtres, des élèves et de l’argent.
      Il n’a jamais suffit de la réunion mensuelle du « café citoyen » ou du « lieualternatif », avec son film-débat ou son conférencier en tournée.Il faut, partout, des centres de recherches sauvages qui analysent constamment, concrètement, la situation et lâchent des essaims d’enquêteurs dans toutes les situations concrètes.
      Il faut sauver tout ce qui peut l’être. Il faut des jardins, des vergers, des potagers ; des semences paysannes et des arches animales. Il faut des ateliers où réapprendre les techniques vernaculaires et autonomes, par opposition aux systèmes technologiques et autoritaires. Il faut donc tout ce qui se fait déjà, depuis des années, de manière éparse et multiple, et qui nourrit ce fond de conscience humaine et vitale, hostile à la mort machine. Mais il le faut de façon beaucoup mieux pensée, beaucoup plus dense et rayonnante. Beaucoup plus sérieuse.
      Il s’agit en somme d’instituer une véritable éducation populaire, du meilleur niveau et pour le plus grand nombre. D’ouvrir des écoles partout.

      […]

      Ce que les résistants attendent, c’est un tour de magie qui ne leur demande rien de plus que « toutce qu’ils font déjà », un simple vœu ; un acte d’opinion. « ils font partie », « Ils soutiennent »... Beaucoup n’espèrent plus qu’en la Catastrophe pour arrêter la catastrophe, mais avec souvent une sorte de complaisance et d’inconséquence. Ils n’imaginent pas concrètement cette catastrophe ; ou alors sans douleur ; ou du moins, après leur mort. Ils déplorent la catastrophe en cours, mais « jusqu’ici, ça va », et s’ils la nomment « catastrophe », c’est davantage par goût des grands mots et de l’exagération militante que par exactitude. La Catastrophe arrivera « un jour », et ce sera un événement subit, d’une violence planétaire.
      Cependant, cette attente apocalyptique qui se coule dans le moule culturel et religieux de nombreux peuples, façonne une mentalité anxieuse et désespérée. Elle sature l’esprit du temps et tourmente, de façon latente, celui des superflus. Ainsi s’accumule un fond de désespoir et d’abattement, telle une nappe de naphte, prête à nourrir des feux spontanés, lorsqu’elle affleure la surface, ou à s’embraser en incendie gigantesque, suite à un accident de forage. Aussi attendu soit-il, l’événement, sur le vif, surprend et stupéfie. Après coup, assez vite, les commentateurs rappellent qu’on s’y attendait, que « ça ne pouvait pas durer » ; même si, en fait, « ça durait » depuis si longtemps qu’on ne voyait pas pourquoi « ça » ne pourrait pas durer aussi longtemps -et même toujours - quoi qu’on s’interdît de le dire par piété révolutionnaire. Ainsi vont les catastrophes dont la théorie n’est plus à faire. Soit la catastrophe provoque la révolution, soit la révolution prévient la catastrophe.

    • Il faut pour agir un but et des moyens.
      Quant au but, nous reprenons notre bien : l’usage partagé des biens communs (de ce qu’il en reste), qui était l’exigence des vrais socialistes et anarchistes du jeune XIXe siècle.
      L’usage prudent, frugal, des biens communs, qui était celle des vrais « écologistes » du jeune XXe siècle (Ellul, Charbonneau et alii) ; le contrôle des naissances revendiqué par Armand Robin et les anarchistes des années vingt (les « néo-malthusiens ») ; la décroissance qui est, en ce début de XXIe siècle, l’autre nom, le « nom obus », du combat contre la société de consommation engagé par les contestataires des années soixante (situs, beatnicks, hippies, etc.) ; tous ces buts et ces moyens participent de cet épicurisme, de cet art choisi et délicat de la vie sur terre, dont le monde porte depuis longtemps le rêve. N’en déplaise aux pieux natalistes, il ne suffit pas de réduire la consommation ostentatoire de quelques-uns pour préserver notre jardin, il faut aussi réduire le nombre des consommateurs. Aussi viable que serait une fourmilière humaine, elle n’en serait pas pour autant vivable, ni enviable. Nous sommes des animaux politiques et non pas des insectes sociaux.

      #biens_communs #communs

      […]

      Peut-on, au-delà, proposer aux superflus et aux résistants des tactiques de lutte, comme l’ancien mouvement ouvrier en avait inventé durant son histoire ?
      En fait, nous pouvons toutes les transposer - grèves, sabotages, occupations, blocages, boycottages - de l’usine à la vie quotidienne, en sachant qu’aucune ne constitue l’arme absolue (aujourd’hui comme hier), et que toutes peuvent être récupérées et retournées par la technocratie.
      Il est ainsi possible pour les radicaux de se lier aux superflus en faisant une propagande intense et constante aux entrées des grandes surfaces, aux sorties des gares, aux arrêts de bus, etc., partout où ils passent et consomment en masse des produits et des services, afin de les informer concrètement des vices de ces marchandises, les inciter au boycottage, leur proposer des alternatives d’achat, et surtout, des alternatives à la consommation. Ces boycottages peuvent cibler d’abord certains produits particulièrement nocifs, socialement et sanitairement, faciles à éviter, et s’étendre ensuite. Le refus d’achat est beaucoup plus facile que le refus de travail : on ne perd pas d’argent, on en gagne. À moins de restaurer la vente forcée, comme celle du sel sous l’ancien régime (la gabelle), on ne peut obliger les clients à acheter. Les partisans de la décroissance, ennemis de la « consommation patriotique » et saboteurs du « moral des ménages », devraient répandre cette tactique, au lieu de la confiner de manière anecdotique et symbolique à leur seul usage. Mais il faut oser parler et apprendre à parler aux superflus. Leur parler en vrai, de vive voix dans le monde réel, et non pas seulement par le biais d’Internet et de publications internes aux milieux « écolos ». Nous pouvons par ce moyen mettre des entreprises à genoux. Nous pourrions, à titre de mythe radical, lancer l’idée d’une grève générale des achats, réminiscente de la grève générale du travail.

      […]

      C’est une membrane qui sépare les initiatives d’autogestion alternative, de l’exploitation par l’Etat du sentiment de fraternité.
      De même qu’autour de l’usine en grève pouvait se développer une « société autogérée », piquets de grèves, fêtes, approvisionnements, occupation et production « sauvage », préfigurant « le monde à venir », le boycottage peut mener à la grève des achats et celle-ci, à la mise en place d’autres circuits, et de proche en proche à l’instauration d’une économie parallèle gérée par des conseils populaires. Sourdement, c’est à quoi tendent les « amap », les « sel », les « zad » etc., quels que soient leurs défauts par ailleurs.

      […]

      Nous l’avons dit maintes fois, nous n’avons pas de « projet » au sens des programmes et théories des vieilles avant-gardes surplombantes, nous n’avons que des rejets. Nous proposons d’agir par soustraction, d’examiner collectivement, une à une, toutes les activités économiques suivant leur utilité ou leur nocivité, et de décider de leur maintien ou de leur abolition. À titre d’échantillons, nous pourrions examiner le sort de l’industrie publicitaire, de la grande distribution, de l’agrochimie, de l’industrie nucléaire, de la spéculation financière, des médias de masse, etc.. Et ainsi, pièce par pièce, en démanteler des pans entiers. Ce qui resterait de ce passage au crible ne serait nullement la société socialiste ou communiste des traités marxiens, mais un pis-aller. Un capitalisme rabougri, ramené des décennies en arrière, et laissant à la société le loisir de débattre au fond, consciemment, de ses formes d’organisation. Ce serait un peu d’air.

  • « La #spéculation financière détruit l’art comme elle détruit les sols »
    http://www.reporterre.net/La-speculation-financiere-detruit-l-art-comme-elle-detruit-les-sols

    Cet #art officiel dit contemporain est un art de #système, totalement démontable, sans nécessité intérieure, sans accroche sensible, sans mystère ni poésie, sans contenu. Il ne peut être ni viable, ni durable, ni partageable, ni transmissible aux générations futures. Ce produit de la spéculation, intellectuelle ou conceptuelle, et financière, détruit l’art comme l’#économie virtuelle détruit l’économie réelle et comme la spéculation sur les céréales et la viande détruit les sols et empoisonne les agriculteurs. C’est un art de la disparition du contenu sensible, charnel et vivant (comme le sol de l’agriculture contemporaine se vide de ses organismes vivants) au profit du contenant le plus spectaculaire et provocateur possible ; au profit du discours d’enrobage et d’endoctrinement à la malbouffe artistique, au profit du discours du « rien à dire mais le faire savoir », au profit d’un bourrage médiatique destiné à combler son absence d’objet et sa #vacuité ontologique. Bref, au profit de ce verbe qui, comme chacun sait, fabrique de l’argent et du pouvoir en soi et pour soi et en vit.

    C’est donc un art de la #communication à vide, de la posture, de la frime, du bidon sonore, et de l’imposture, du n’importe quoi fabriqué et imposé par des gens qui ne comprennent pas l’art, qui ne l’aiment pas et sont qualifiés, payés et fonctionnarisés pour ça, et pour en dégoûter un maximum de citoyens, comme on dégoûte les gens de la bonne nourriture moins rentable que la malbouffe.

    • des gens (...) qualifiés, payés et fonctionnarisés pour ça

      Ces gens (critiques, directeurs de musée, etc.) qu’on entend de plus en plus se prétendre « scientifiques » !
      C’est assez nouveau et très tendance sur France Culture...

      #fatuité

    • Une autre imposture artistique qui, sous couvert d’ésotérisme, rouille « à petit feu » sur une place publique à Chagny (Saône-et-Loire). J’ai nommé « Octagon for Saint Eloi », une masse d’acier octogonale, œuvre de Richard Serra, forgée au Creusot et rebaptisé plus prosaïquement le « boulon » par ses détracteurs locaux :

      http://f6mig.canalblog.com/archives/2015/02/08/31486271.html

      https://dl.dropbox.com/s/enwfxey2x9pcm8h/IMGP2309.JPG?dl=0

    • Art as Alternative Investment Creates Storage Business Tax Haven - SPIEGEL ONLINE
      http://www.spiegel.de/international/business/art-as-alternative-investment-creates-storage-business-tax-haven-a-912798.ht

      One of the world’s most valuable art treasures is being stored in an extremely ugly place, a six-story concrete building known as the Geneva free port. Instead of windows, much of the façade of this giant safe for the world’s wealthy is covered with gray panels.

      Anyone hoping to get into the walk-in lock boxes of this very special Swiss tax haven must first surmount a number of hurdles. At the first door, an employee has to type the right combination of numbers into a small screen. The next hurdle is a large steel barrier that has to be rotated counter-clockwise until it snaps into place, followed by a heavy steel door that resembles a submarine bulkhead. Behind it is a drab corridor with doors on both sides. Only the renters have keys to these doors.

      The employee of Geneva Free Ports & Warehouses Ltd. remains discreetly in the background while the owners of the locked-up treasures count their gold bars or examine their collection of paintings being stored in the warehouse.

      #Port_Franc #Genève

    • Geneva duty-free art warehouses under fire - The Local
      http://www.thelocal.ch/20150603/geneva-duty-free-art-storage

      A free port on the fringes of Geneva where billions of dollars of fine art is stored is under scrutiny for tax evasion and money laundering after a high-profile case involving a top Swiss dealer and a Russian billionaire.

      Behind its nondescript facade, the heavily-guarded toll- and customs-free zone that makes up the Geneva Freeports is storing a jaw-dropping number of priceless artworks, including Picassos, Van Goghs and Monets, and other precious goods.

      Warehouses in the area spread over 150,000 square metres — with nearly a quarter of that occupied by Natural LeCoultre, a firm that specializes in storing fine art.

      The firm’s owner, Geneva businessman Yves Bouvier, was arrested in Monaco in February after allegations that he laundered money and defrauded Russian billionaire Dmitry Rybolovlev, the owner of Monaco football club, of millions.

      Bouvier, who is suspected of selling works by the likes of Picasso, Modigliani, Degas and Gauguin to Rybolovlev at hugely inflated prices, has denied any wrongdoing.

      Free ports, or bonded warehouses, attract the super rich in hordes as they can store fine art, furniture and other treasures tax-free — and far from the public eye.

      But now the Geneva Freeports finds itself at the centre of unwelcome controversy, amid questions over its role and opaqueness.

    • Et, dans la galerie de 4 photos du Spiegel, l’un des gros concurrents de Genève, Singapour


      Other places are vying for a share of this lucrative business. Luxembourg plans to build a freeport building to be a “fortress of art.” Singapore Freeport, shown here, also stores valuables while offering complete discretion and tax exemption.


      Inside Singapore Freeport: It is widely acknowledged that many of these artworks promptly disappear into art warehouses. Dealers are also quietly aware of how the international art trade can be used to launder money.

    • Aaah, définir #l'art_qu'il_faut, le rêve de tout #critique_d'art !

      L’art, pour être vraiment art, est forcément bio, c’est à-dire libre, naturel, ancré dans la vie et dans un terroir …

      Mais non, c’est juste pas possible de lire ça !

      Autant on peut être d’accord avec ça
      http://www.editionsjcgodefroy.fr/livre/la-bouffonnerie-de-lart-contemporain

      … merci #support-surface pour votre héroïque participation à la lutte des classes.

      Et c’est ainsi que des milliers de jeunes gens normaux, sains de corps et d’esprit, artistiquement doués, doivent chaque année fuir les écoles des Beaux-arts pour sauvegarder leur intégrité mentale et physique.

      Qui est malheureusement vrai, *(entendu l’histoire horrible de l’école de Cergy il y a 20 ans où un étudiant s’est suicidé devant le jury de son diplôme).
      Mais ce manque crucial de sens qui mène au désarroi n’est pas spécifique à l’art, à sa définition, aux écoles d’art, c’est vrai aussi dans la plupart des universités françaises où 50% des étudiants ne passent pas le DEUG. Ce processus destructeur est vrai aussi pour les jeunes gens qui choisissent de croire en la mort et tuent leurs contemporains avec des kalashs. Mais ce n’est pas l’art qui en est responsable, c’est le système capitaliste qui fabrique cette merde, qui détruit l’environnement, les liens entre personnes, et retire la possibilité de donner du sens à nos vies.

      Il y a une désaffection du politique en général mais tout autant dans la notion d’écologie telle qu’elle est véhiculée par les médias. L’apolitisme est vendu par le système capitaliste avec les œillères de la non-critique, c’est confortable, et c’est bien ça le hors-sol mental c’est le hors-politique, un système de consommation. Mais on va pas aller contre les mots ? contre la pédagogie, contre les écoles d’art ? Contre l’art ? Si ? On n’est pas en mesure d’amener à comprendre que le solution ne sera jamais individuelle, où alors elle est nihiliste, que l’art apolitique est un art nihiliste ? De donner les moyens de la critique sociale aux artistes ?
      Mais franchement l’art du terroir ? vraiment, #au_Secours !

      Je serais bien en peine de dire ce que doit être l’art, encore moins que l’art doit être écologique ! La recherche de sens à tout prix c’est également n’importe quoi ! #critique_d'art_contemporain

      http://www.schtroumpf-emergent.com/blog

  • Le marxisme et la #littérature
    http://revueperiode.net/le-marxisme-et-la-litterature

    Dans ce texte d’introduction à une anthologie des Grands textes du marxisme sur la littérature et l’art publiée en 1936, Jean Fréville incite à penser le champ de la création littéraire dans les rapports qu’il entretient avec les structures économiques de la société. Il insiste sur l’importance, pour les marxistes, de ne pas délaisser le champ de la création littéraire et artistique – dont il souligne le potentiel révolutionnaire en tant que terrain de l’avant-garde – mais également sur la nécessité d’adopter une analyse critique de ces mêmes disciplines. Car, comme le rappelle Fréville, tant que la classe dominante possédera les moyens de production, elle conservera le monopole de la (...)

    #Uncategorized #critique_littéraire

  • Herbert Marcuse en français, Progrès technique et répression sociale, sur Radio Zinzine chez @tranbert
    https://sniadecki.wordpress.com/2016/03/01/rmu-marcuse

    Pour lui, la société contemporaine se soumet aux règles de la libéralisation économique et d’une administration de plus en plus totalitaire et son avenir dépend surtout du développement de l’appareil technologique. Deux tendances contraires sont alors analysées : l’abolition ou la perpétuation du travail. En effet, la défense contre un ennemi extérieur, l’accélération du progrès technique, une productivité toujours plus grande et une augmentation du niveau de vie mènent, par souci de contrôle de l’individu, à la répression sociale par un travail obligatoire. Marcuse poursuit sa démonstration philosophique en discutant la théorie freudienne de la civilisation : aurons-nous la capacité de modifier la structure de la société afin de reconstruire un monde qui se rapproche de la rationalité et de la liberté ?

    J’ignorais que Marcuse parlait français, bien que ce soit avec un fort accent germano-américain et une élocution assez laborieuse, ce qui rend le contenu très philosophique de sa conférence plus aisément compréhensible…

    http://www.zinzine.domainepublic.net/emissions/RMU/2015/RMU20151216-Marcuse.mp3

    #radio #audio #radio_Zinzine #Marcuse #Herbert_Marcuse #critique_techno #théorie_critique #Progrès #philosophie #travail #critique_du_travail

  • La liste de sujets retoqués par le « comité d’#investigation de Canal+ »
    https://www.arretsurimages.net/emissions/2016-02-12/Bollore-et-Hollande-ont-un-interet-conjoint-a-etouffer-l-investigati

    De son petit tas de documents, Rivoire, journaliste de #Canal+ et représentant syndicat SNJ-CGT extrait une liste : la liste de sujets retoqués par le « comité d’investigation de Canal+ » - réunion qui se tient tous les deux mois, au cours de laquelle sont validés les projets d’enquête. Alors que sous l’ancienne direction, « 80 à 90% » des sujets étaient retenus en moyenne, depuis la reprise en main de Bolloré, les choses sont nettement moins simples : « Au dernier comité d’investigation, nous avons proposé à la direction onze projets d’enquête. On a eu sept refus. » Il égrène la liste des sujets dont on n’entendra pas parler sur la chaîne cryptée : « Volkswagen, entreprise de tous les scandales », « Le monde selon YouTube », « François Homeland » (une enquête sur le président et les guerres), « Attentats : les dysfonctionnements des services de renseignement », « Les placards dorés de la République » (sur les emplois fictifs dans la haute fonction publique), « La répression made in France » (sur comment la France exporte des matraques électriques, et autres outils de répression, à des régimes pas toujours recommandables), et enfin, « Nutella, les tartines de la discorde », également refusé. Nutella ? Peut-être un lien avec le fait que le groupe Ferrero, qui détient la marque de pâte à tartiner, figure parmi les 50 plus gros annonceurs de France (avec, de surcroît, 76% de son budget pub destiné à la TV) ? Dans ce top 50 figurent également... Volkswagen et Google, qui possède YouTube.

    #journalisme #médias #critique_médias #Bolloré #audiovisuel #censure

  • Peut-on critiquer le capitalisme en régime capitaliste ?
    http://revueperiode.net/peut-on-critiquer-le-capitalisme-en-regime-capitaliste

    À quelle condition peut-on tenir un discours #critique dans le monde capitaliste ? C’est la question que pose Bolívar Echeverría dans cette allocution faite en 2007 à Caracas. Pour y répondre, il rappelle d’abord la difficulté de tout discours critique : les strates multiples de colonisation du monde vécu par le capital et ses agents. En outre, il montre qu’un discours critique n’existe que sur le même mode que le projet d’émancipation collective en tant que tel : celui d’une réappropriation des moyens de production de pensée, qu’ils soient médiatiques ou conceptuels. Ainsi, la pensée critique est nécessairement une critique immanente ; elle réoriente la pensée dominante, la retourne, pour la mettre au service d’une critique radicale de la modernité capitaliste non seulement comme mode de production, (...)

    #Uncategorized

  • « Ne pas intégrer la critique des #médias à son programme lorsqu’on entend changer le monde, c’est se tirer une balle dans le pied avant même de commencer la course »
    https://npa2009.org/idees/societe/ne-pas-integrer-la-critique-des-medias-son-programme-lorsquon-entend-change

    Et quel est donc ce scénario ?

    On pourrait le schématiser de la manière suivante. Première étape, un gouvernement de gauche arrive au pouvoir sans avoir préalablement fait campagne pour la neutralisation de l’oligarchie médiatique et son remplacement par une information de qualité. Deuxième étape, les médias qui accompagnaient et soutenaient les gouvernements néolibéraux, deviennent soudain critiques. Ils attaquent la gauche au pouvoir sans relâche et agissent comme des adversaires politiques. Or ces entreprises de communication sont aussi censées représenter le quatrième pouvoir, la démocratie, le rempart contre le goulag, etc. Ils sont d’ailleurs perçus comme tels à l’étranger.

    Et là, de deux choses l’une. Soit la gauche au pouvoir ne réagit pas et subit la grêle de la désinformation, ce qui la fragilise encore un peu plus, surtout si elle tente de s’appuyer sur les mouvements sociaux. Soit elle décide de casser l’oligarchie médiatique en faisant par exemple adopter une loi sur la propriété des médias ou en appliquant les lois existantes. Et là, c’est le drame. Car ces mesures semblent prises dans l’urgence : elles ne figuraient pas au cœur du programme ; leur nécessité démocratique n’a pas été expliquée, démontrée, argumentée. Elles ne sont donc pas soutenues par une mobilisation populaire.

    Dès lors leur mise en œuvre soudaine apparaît comme un vil mouvement de répression contre des médias qui critiquent le gouvernement. Donc comme une atteinte à la liberté de la presse, aussitôt dénoncée par les éditorialistes du monde occidental. Et repris par l’opposition qui en profite pour mobiliser et déstabiliser le gouvernement.

    Il ne faut pas oublier que dans cette situation particulière où la gauche de gauche accède au pouvoir, le soutien à l’ordre ancien peut se confondre avec la critique du pouvoir en place. D’où la nécessité stratégique, pour une formation progressiste qui se trouve enfin en mesure de mettre ses idées en œuvre, de ne pas donner prise à ces critiques.

    Peux-tu développer cette dernière idée ? Comment faire ?

    Si, au contraire, les progressistes ont intégré la critique des médias à leur programme, s’ils en ont fait un élément central de leur pédagogie économique, s’ils ont promu un autre modèle et promis de le mettre en place sitôt élus, la situation est tout à fait différente. D’une part, l’hostilité des médias à l’égard du pouvoir de #gauche semblera motivée non plus par un soudain élan critique mais par un souci de protéger l’ordre ancien, ses passe-droit et ses prébendes. Et, d’autre part, la remise à plat du système d’information ne sera pas considérée comme un atteinte à la démocratie mais comme la simple mise en œuvre d’une promesse électorale, d’un programme entériné par la majorité.

    Bref, pour le dire en un mot, ne pas intégrer la critique des médias à son programme lorsqu’on entend changer le monde, c’est se tirer une balle dans le pied avant même de commencer la course.

    #critique_médias

    • Pas trop envie d’aller plus loin, ça sent la langue de bois. La phrase de théorie est bien jolie mais n’a rien à voir avec le but de ce gouvernement qui n’a jamais eu en projet de changer le monde.
      Et la balle dans le pied, en général, on se la tire tout seul, peut-être par confusion de desseins politiques et par morgue.

    • @touti pourquoi tu parles de « le but de ce gouvernement », alors que Rimbert parle des partis de gauche (FdG, NPA, etc) ? Il imagine qu’un de ces partis (ou regroupement de partis) arrive au pouvoir sans avoir au préalable intégré la critique des médias (et des solutions) dans son programme de base. Il ne parle pas du parti « socialiste » actuellement au pouvoir.

      Ou bien j’ai mal compris, et tu dis que ces partis là (FdG, NPA, etc) n’ont pas non plus comme projet de changer le monde (ce qui est aussi recevable comme idée hein ! mais c’est différent que de parler du PS).

    • C’est surement le fait de « changer le monde par un gouvernement » qui me fait grincer des dents.

      Première étape, un gouvernement de gauche arrive au pouvoir sans avoir préalablement fait campagne pour la neutralisation de l’oligarchie médiatique et son remplacement par une information de qualité.

      Il y a besoin d’une information de qualité de suite, pas d’un programme de prise de pouvoir qui décide ce qu’est la qualité de l’information.
      L’oligarchie médiatique ou tout autre oligarchie, comme celle de gauche actuelle qui vire au totalitarisme, se reconstruit dans tous les cas par le pouvoir que ses membres exercent et éminemment par l’économie qui leur impose une ligne de conduite. Et je trouve pas très visionnaire de croire qu’on pourrait neutraliser cette oligarchie en mettant au pouvoir d’autres guignols.

  • « William Morris et la critique du travail », par Anselm Jappe
    http://www.palim-psao.fr/2016/01/william-morris-et-la-critique-du-travail-par-anselm-jappe.html

    Préface d’Anselme Jappe à l’ouvrage de William Morris, La civilisation et le travail, Le passager clandestin, 2013.

    Il est toujours un peu banal de présenter un auteur du passé en soulignant son « actualité ». William Morris est resté longtemps assez inactuel, rangé dans la catégorie des « utopistes » qui sont apparus aux marges du grand mouvement ouvrier d’inspiration marxiste. Bien sûr, on n’a jamais oublié le rôle de Morris dans l’histoire des arts appliqués, l’impulsion donnée au mouvement Arts and Crafts et sa défense d’un artisanat de qualité. Mais les écrits dans lesquels il exprimait sa vision de la société n’ont été redécouverts en France que dans les dernières décennies, notamment dans le cadre de l’écologisme et de la décroissance, de la critique antiindustrielle et de l’écosocialisme.

    #William_Morris #Anselm_Jappe #travail #critique_du_travail #critique_techno #utopisme #socialisme #XIXème #capitalisme

    • Morris fait la chose la plus simple et la plus rare au cours la modernité : il pense le travail à partir du résultat et non à partir de sa quantité. Il ne faut pas travailler pour travailler, pour créer de la valeur et de l’argent, ni pour obtenir la plus grande masse de « valeurs d’usage » possible, mais pour produire de beaux objets en transformant autant que possible la peine en plaisir et en limitant la peine inévitable au minimum indispensable – quitte à recourir aux machines, si nécessaire. C’est « la civilisation qui décrète “Évitez les peines”, ce qui implique que les autres vivent à votre place. Je dis, et les socialistes ont le devoir de le dire : “Prenez la peine et transformez-la en plaisir” » (8). Comme chez Charles Fourier, c’est la différence même entre travail et plaisir qu’il faut abolir : « L’essence du plaisir se trouve dans le travail s’il est mené comme il convient » (9). Le dépassement de cette opposition représente pour Morris le véritable but de la « conquête » de la nature : « La nature ne sera pas totalement conquise tant que le travail ne participera pas du plaisir de la vie » (10). Il ne suffit pas que le travailleur reçoive le plein produit de son travail et que le repos soit abondant, il faut aussi que le travail soit agréable. Le repos, aux yeux de Morris, ne sert pas seulement à récupérer ses forces pour revenir ensuite au travail. Au contraire, il représente la véritable finalité du travail. Morris affirme avec force que dans un régime capitaliste, le scandale ne consiste pas seulement dans l’exploitation du travail, mais dans sa nature même. Une grande partie du travail y est inutile et l’on produit surtout des objets nuisibles ou dont personne n’a besoin. Presque tout ce que font les classes moyennes (les « professions libérales ») est inutile aux yeux de Morris, de même qu’une partie du travail des classes laborieuses – soldats, vendeurs, tous ceux qui sont obligés à fabriquer des produits de luxe ou de makeshift (« expédient » voire « ersatz » (11). L’avènement du socialisme n’impliquera donc pas de travailler davantage, comme l’imaginaient Lénine, Ebert, Gramsci et tant d’autres chefs de file du « mouvement ouvrier ». Selon Morris, au contraire, « nous n’aurons plus à produire des choses dont nous ne voulons pas, à travailler pour rien » (12).

  • http://s3.amazonaws.com/auteurs_production/post_images/16855/2.jpg?1407224199

    Mais quand finira ce mois de janvier, véritable hiver chaud, et qui emporte tout sur son passage, Jacques Rivette vient grossir les rangs de l’hécatombe.

    « l’homme qui décide à ce moment de faire un travelling-avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant soin d’inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme n’a droit qu’au plus profond mépris ».

    Jaques Rivette à propos de Kapo de Gilles Pontecorvo

    http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2016/01/29/le-realisateur-jacques-rivette-est-mort_4856051_3382.html#czDqQkllzsWUq0Rr.9

    J’en viens à me demander, si ce n’est pas, aussi, une manifestation de mon âge avancé, plus je viellis et plus les figures tutélaires de la jeunesse, et de l’âge adulte, sont elles-mêmes proches du terme. Sale temps.

    • Gillo Pontecorvo, l’auteur de la très estimable Bataille d’Alger et dont tu notes ici que Rivette lui avait signifié son profond mépris, est mort en 2006. L’hiver de la mort commence à notre naissance.

    • Personnellement tu auras compris que j’ai du mal avec un auteur qui prend des airs supérieurs et parle de son profond mépris (expression on ne peut plus bateau). Mais ça devait être dans ces années où les mao et les situ faisaient office de modérés dans l’espace intellectuel — c’est pardonnable. N’ayant pas vu Kapo je n’ai pas d’avis sur la cause (et ne cherche pas à en avoir).

    • Mais ça devait être dans ces années où les mao et les situ faisaient office de modérés dans l’espace intellectuel

      L’âge d’or.

      Je ne t’encourage pas à télécharger Kapo , c’est plutôt un très mauvais film et on ne peut que trouver fort juste le commentaire de Rivette sur le sujet et lui être reconnaissant (presque) d’avoir douché prospectivement bien des véléités futures de faire de la fiction cinématographique dans les camps. Cette prophylaxie aura duré assez longtemps finalement, et on voit bien, notamment avec le Fils de Saul , qu’une digue est le point de lâcher.

      Pour le ton que tu dénonces, c’est sans doute ce qui m’a longtemps tenu éloigné des Cahiers du cinéma , cycliquement, j’y retourne, puis je m’en détourne, puis j’y retourne, ça fait plus de trente ans que cela dure je crois.

      Et sinon ce que j’aurais voulu mettre pour ce billet (mais je ne peux pas de cet ordinateur), cela aurait été une scène de la Belle Noiseuse ou de Jeanne la Pucelle ou Secret Défense

    • @unagi Le problème, toujours le même, celui de la fiction en camp de concentration.

      Et dans Kapo , effectivement, comme le notait Rivette avec ette attaque très dure à propos d’un certain travelling (au point que ce soit un des travellings les plus célèbres du cinéma), l’esthétisation. Mais c’est dit très vite de ma part et mon souvenir de Kapo doit bien dater d’une vingtaine d’années et je commence sérieusement à me méfier de mes lectures et autres de cette époque tellement lointaine.

    • Merci ! En cherchant je tombe sur une critique qui au contraire de celle de Rivette ne polémique pas sur le travelling mais enterre le scénario, scénario de l’abomination. Entre autres chose.
      http://www.dvdclassik.com/critique/kapo-pontecorvo
      "Car paradoxalement, et Rivette n’en parle pas (Daney encore moins, qui n’a pas vu le film), le film pêche en fait ailleurs, via des procédés bien moins raisonnables que ce simple travelling, faux procès choisi pour l’exemple...

      Après un pré-générique d’une concision glaçante et qui plonge dans l’horreur des camps en cinq minutes terrifiantes, le scénario (pourtant d’une sobriété notable dans son premier tiers) s’enfonce peu à peu dans le mélo bas de gamme, avec l’arrivée dans le camp de prisonniers russes. Les rouages scénaristiques se grippent, et la romance (pas forcément invraisemblable pour autant) édulcore à ses dépends une œuvre jusqu’alors éprouvante et accomplie. Pontecorvo se brouilla un temps avec son scénariste, Franco Solinas, initiateur de ce virage à l’eau de rose qui plût tant aux producteurs italiens qu’ils l’imposèrent au final. Faute de goût majeure, la bluette entame sérieusement le crédit du film.

      En cause aussi, la psychologie d’Edith/Nicole, pourtant campée par une très convaincante Susan Strasberg - fille du célèbre professeur d’art dramatique Lee Strasberg, remarquée pour sa composition d’Anne Franck sur les planches. Jeune juive qui se fait passer pour une prisonnière de droit commun afin d’échapper à la mort, son accession au rang de Kapo semble par trop mécanique, éludant les implications forcément déstabilisantes de cette « promotion » : jamais Edith ne semble vraiment ébranlée par les conséquences de sa nomination, d’ailleurs habilement dissimulée derrière une ellipse grossière.

      Enfin, acoquinée avec un SS, la jeune femme trouvera une rédemption dans un final trop pompeux pour être honnête : on crie haro sur la mise en scène de Pontecorvo, plutôt retenue, quand c’est le script conformiste et racoleur de Solinas qui gangrène finalement le projet. Mise en scène estimable, scénario regrettable : Kapo est un film bancal, sur un sujet qui ne saurait souffrir aucun égarement
      "
      Pour finir, je suis toujours très mal à l’aise avec Nuit et Brouillard et son absence de représentation des camps, l’absence d’image étant l’absence des juifs au coeur de la solution finale.

    • À vos CB....
      “Out 1”, de Jacques Rivette, en dvd
      http://www.telerama.fr/cinema/out-1-de-jacques-rivette-quand-la-nouvelle-vague-etait-en-roue-libre,134457

      Radical, fou, mais surtout invisible depuis vingt ans, le film-fleuve de Jacques Rivette sort enfin en salles et en coffret DVD-Blu-ray. Avec Michael Lonsdale et Jean-Pierre Léaud exaltés, Bulle Ogier et Bernadette Lafont terrifiées.
      C’est le film monstre de la Nouvelle vague. Par sa durée au-delà de toutes les normes – près de douze heures et quarante minutes, de quoi effrayer le propriétaire de salles le plus téméraire. Et par son principe de réalisation, un recours radical, jusqu’au-boutiste, à l’improvision, qui fait de Out 1 un projet unique, « jamais fait avant, et qui ne sera jamais fait après », selon le chef-opérateur Pierre-William Glenn, l’un des artisans de cette folle aventure. Jamais exploité en salles dans sa version intégrale, projeté à de trop rares occasions dans une poignée de festivals au profit de quelques happy few, invisible depuis vingt-trois ans et sa diffusion en huit parties sur La Sept-Arte, le film le plus secret et le plus légendaire de Jacques Rivette revit aujourd’hui en salles, en VOD et dans un somptueux coffret DVD et Blu-ray grâce à la restauration entreprise par Carlotta Films. Retour sur la genèse d’une œuvre culte, en laquelle Eric Rohmer voyait rien moins qu’« un monument capital de l’histoire du cinéma moderne ».

    • Pornographie du « réalisme », esthétisation sans frein ni scrupule, Rivette disait fort bien les raisons pour lesquelles il n’est même pas souhaitable de voir Kapo.

      « Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est difficile, lorsqu’on entreprend un film sur un tel sujet (les camps de concentration), de ne pas se poser certaines questions préalables ; mais tout se passe comme si, par incohérence, sottises ou lâcheté, Pontecorvo avait résolument négligé de se les poser.

      Par exemple, celle du réalisme : pour de multiples raisons, faciles à comprendre, le réalisme absolu, ou ce qui peut en tenir lieu au cinéma, est ici impossible ; toute tentative dans cette direction est nécessairement inachevée (« donc immorale »), tout essai de reconstitution ou de maquillage dérisoire et grotesque, toute approche traditionnelle du « spectacle » relève du voyeurisme et de la pornographie. Le metteur en scène est tenu d’affadir, pour que ce qu’il ose présenter comme la « réalité » soit physiquement supportable par le spectateur, qui ne peut ensuite que conclure, peut-être inconsciemment, que, bien sûr, c’était pénible, ces Allemands quels sauvages, mais somme toute pas intolérable, et qu’en étant bien sage, avec un peu d’astuce ou de patience, on devait pouvoir s’en tirer. En même temps chacun s’habitue sournoisement à l’horreur, cela rentre peu à peu dans les mœurs, et fera partie bientôt du paysage mental de l’homme moderne ; qui pourra, la prochaine fois, s’étonner ou s’indigner de ce qui aura cessé en effet d’être choquant ?

      C’est ici que l’on comprend que la force de Nuit et Brouillard venait moins des documents que du #montage, de la science avec laquelle les faits bruts, réels, hélas ! étaient offerts au regard, dans un mouvement qui est justement celui de la conscience lucide, et quasi impersonnelle, qui ne peut accepter de comprendre et d’admettre le phénomène. On a pu voir ailleurs des documents plus atroces que ceux retenus par Resnais ; mais à quoi l’homme ne peut-il s’habituer ? Or on ne s’habitue pas à Nuit et Brouillard ; c’est que le cinéaste juge ce qu’il montre, et il est jugé par la façon dont il le montre.

      Autre chose : on a beaucoup cité, à gauche et à droite, et le plus souvent assez sottement, une phrase de Moullet : la morale est affaire de travellings (ou la version de Godard : les travellings sont affaire de morale) ; on a voulu y voir le comble du formalisme, alors qu’on en pourrait plutôt critiquer l’excès « terroriste », pour reprendre la terminologie paulhanienne. Voyez cependant, dans Kapo, le plan où Riva se suicide, en se jetant sur les barbelés électrifiés ; l’homme qui décide, à ce moment, de faire un travelling-avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant soin d’inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme n’a droit qu’au plus profond mépris. On nous les casse depuis quelques mois avec les faux problèmes de la forme et du fond, du réalisme et de la féerie, du scénario et de la « misenscène », de l’acteur libre ou dominé et autres balançoires ; disons qu’il se pourrait que tous les sujets naissent libres et égaux en droit ; ce qui compte, c’est le ton, ou l’accent, la nuance, comme on voudra l’appeler – c’est-à-dire le point de vue d’un homme, l’auteur, mal nécessaire, et l’attitude que prend cet homme par rapport à ce qu’il filme, et donc par rapport au monde et à toutes choses : ce qui peut s’exprimer par le choix des situations, la construction de l’intrigue, les dialogues, le jeu des acteurs, ou la pure et simple technique, « indifféremment mais autant ». Il est des choses qui ne doivent être abordées que dans la crainte et le tremblement, la mort en est une, sans doute ; et comment, au moment de filmer une chose aussi mystérieuse ne pas se sentir un imposteur ? Mieux vaudrait en tout cas se poser la question, et inclure cette interrogation, de quelque façon, dans ce que l’on filme ; mais le doute est bien ce dont Pontecorvo et ses pareils sont le plus dépourvus.

      #impersonnel

    • Mon cher @fil Et donc hier soir au ciné-club du Kosmos à Fontenay, j’ai pu voir au cinéma donc la Bataille d’Alger (dont j’avais un souvenir particulièrement flou, le confondant notamment avec d’autres films sur le même sujet). Ben de mon point de vue c’est la même abomination.

      Dramatisation à outrance de certaines scènes avec la musique insupportable d’Enio Moricone, simplifications scénaristiques coupables et le truc assez malhonnête de filmer certaines scènes dans un style documentaire qui plusieurs fois dans le film pourrait laisser à penser (différence de grain, d’éclairage ou encore de développement du film etc...) que des scènes tournées sont des scènes documentaires.

      De mon point de vue, je ne pense pas que la Bataille d’Alger soit si estimable. Ayant revu récemenment Kapo pour me faire une idée plus précise que celle de mon souvenir du fameux travelling , qui n’est, en fait, pas grand chose, mais qui est effectivement abominable, je continue d’être frappé par la vigilance intellectuelle et formelle de Rivette, de son avertissement et finalement, de sa justesse, surtout quand on voit la Bataille d’Alger qui recoure à d’autres procédés mais qui n’en sont pas moins détestables.

      Et une fois de plus se pose la question de la fiction de l’histoire au cinéma. Pour moi il est frappant, par exemple, de constater que Patrick Rotman a réalisé un vrai chef d’oeuvre de documentaire sur le sujet de la guerre d’Algérie, l’Ennnemi intime et qu’il s’est fourvoyé entièrement en écrivant le scénario d’une fiction qui porte le même titre et qui est, elle aussi, une abomination.

  • Visualizing Risk and Potential: Migrants in Zones of Transit

    This month, Youth Circulations features a series of conversations between two migration scholars, Heide Castañeda (University of South Florida) and Kristin Yarris (University of Oregon). Drs. Castañeda and Yarris creatively and critically examine representations of the circulation of Central American and Mexican migrants through what they describe as a zone of transit in Western Mexico. Their research is funded by The Wenner Gren Foundation for Anthropological Research, and is a collaboration with Dr. Juan Manuel Mendoza, of the Universidad Autonoma de Sinaloa.

    This is why photography is a powerful medium: It permits not only the documentation of the risks and desperations associated with migration, but in offering a human portrait of the journey, can provoke a sense of obligation to respond in meaningful ways. As the Department of Homeland Security currently enacts a series of raids targeting hundreds of Central American families, this issue must not be a convenient pawn in the political games of an election year. The circumstances spurring migration have not changed. People must be treated as refugees seeking protection and given meaningful access to due process provisions that exist under U.S. and international refugee law.

    http://www.youthcirculations.com/blog/2016/1/25/visualizing-risk-and-potential-migrants-in-zones-of-transit

    #Mexique #Amérique_centrale #migrations #photographie #critique_photographique #analyse_d'images
    cc @albertocampiphoto

  • Hommes battus ou faits estropiés ?

    https://tradfem.wordpress.com/2016/01/25/hommes-battus-ou-faits-estropies

    Les maris sont-ils battus autant que leurs épouses aux États-Unis ? John Leo, chroniqueur affilié au U.S. News & World Report, en est convaincu.

    « Cela ne fait aucun doute, » a-t-il affirmé à l’émission Crossfire du réseau CNN (7/2/94). « Une chercheuse l’a établi dès 1980 . » [...]

    Ces doléances et insinuations voulant que les « hommes battus » soient un problème aussi répandu et sérieux que celui des femmes battues reflètent des études qui ont été soit discréditées soit citées hors contexte.

    Traduction : Tradfem
    Original : publié sur F.A.I.R. (Fairness and Accuracy in Reporting, le 1er octobre 1994) http://fair.org/extra-online-articles/battered-men-battered-facts

    #masculinisme #violences_conjugales #tradfem #F.A.I.R #critique_médiatique

  • Simone Weil et la Science, par Olivier Rey : Une science qui aimerait le monde, 2009
    https://sniadecki.wordpress.com/2016/01/21/rey-science-weil
    chez @tranbert

    Et elle ajoute : « La science, avec la technique qui n’en est que l’application, est notre seul titre à être fiers des Occidentaux, des gens de race blanche, des modernes. » Ce faisant, Simone Weil ne veut pas dire que cette fierté tirée de la science et des techniques est légitime, ou que les Occidentaux ne pourraient pas s’enorgueillir d’autre chose : elle dit que dans les faits, la fierté occidentale – celle, par exemple, qui a présidé au colonialisme, à l’impérialisme militaire, économique, culturel –, a trouvé sa source essentielle dans la science et les techniques qui en sont issues. Le zèle missionnaire comme le combat des anticléricaux ne furent pas, selon elle, indépendants de ce fondement.

    #Simone_Weil #Science #Olivier_Rey #critique_techno

  • Anselm Jappe : « La fin du capitalisme ne sera pas une fin pacifique » (Entretien avec Marc Losoncz)
    http://www.palim-psao.fr/2016/01/anselm-jappe-la-fin-du-capitalisme-ne-sera-pas-une-fin-pacifique-entretie

    Très bonne interview de Jappe, avec des réponses pas du tout cryptiques. :)

    La Wertkritik, au contraire, se réfère surtout au capitalisme contemporain, qui est différent du capitalisme qu’avait connu Marx. La tendance autodestructrice du capital était encore peu visible à l’époque de Marx. Aujourd’hui, elle occupe largement la scène, surtout parce que – comme Marx l’avait déjà montré – il n’y a que le travail vivant qui crée la valeur, tandis que le capitalisme tend à remplacer le travail vivant avec des machines, en diminuant ainsi la création de valeur. Marx a vu que cette contradiction constitue un facteur potentiel de crise pour le capitalisme à long terme, mais il pensait que la révolution prolétarienne arriverait bien avant que le capitalisme atteigne la limite de sa faculté de créer assez de valeur. Cette désubstantialisation de la valeur est finalement advenue, et elle a connu un saut qualitatif à partir des années 1960 avec l’informatisation du travail. C’est à partir de ce moment-là que le capitalisme se trouve dans une crise permanente, et pas simplement dans une crise conjoncturelle. La critique de la valeur n’est pas apocalyptique par parti pris, mais parce qu’elle prend en compte l’épuisement de la logique de base même du capitalisme. Les dernières décennies ont largement confirmé sa théorie de la crise. Cela fait quarante ans qu’on attend le nouveau cycle de croissance promis par les économistes bourgeois. Nous avons vu simplement la croissance des marchés financiers. Il ne s’agit pas de prévoir une grande crise finale future, mais de parler de la crise à laquelle nous assistons déjà. En vérité, la société du travail est déjà dans une crise grave. C’est aussi la crise de l’argent et cela veut dire qu’il y a une diminution de la valeur et une perte de substance de l’argent. Mais beaucoup de courants théoriques, même à gauche, persistent à dire que le capitalisme va toujours très bien.

    […]

    ML : Peut-être faudrait-il ajouter ici la nostalgie du welfare state.

    AJ : Oui. Elle est très répandue en Europe occidentale, donc dans les pays qui ont connu le plus le welfare state. Mais celui-ci était lié à un bref moment du capitalisme, quand le développement économique avait permis de redistribuer de la valeur à l’intérieur de la société capitaliste. Historiquement, c’était une exception qu’on appelle les Trente glorieuses, le miracle économique... Mais c’est ce qui est souvent resté dans les têtes comme le « véritable » capitalisme qui serait « humain » par rapport à toutes les formes venues après. Ces autres formes sont interprétées comme des dégénérescences qu’on pourrait attribuer à des facteurs extérieurs, aux banques par exemple, ou aux politiciens corrompus..., avec l’idée qu’on peut revenir vers cette espèce de capitalisme idéalisé qui serait sain. Évidemment, la critique de la valeur n’est pas du tout de cet avis. La crise qui est venue après le boom fordiste n’était pas le dérèglement d’un système « sain », mais faisait partie de la nature même du capitalisme. On ne pourrait pas revenir aux anciennes recettes keynésiennes-fordistes parce qu’on ne peut pas abolir la technologie qui remplace le travail vivant. Et il ne faut pas oublier que c’était contre la société triste de cette époque-là que se dressaient les mouvements de 1968 ! C’est inconcevable d’en avoir la nostalgie.

    #interview #Anselm_Jappe #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #Marx #travail #économie #informatisation #crise #catastrophisme

  • Les réseaux sociaux sont un piège - Zygmunt Bauman
    http://cultura.elpais.com/cultura/2015/12/30/babelia/1451504427_675885.html

    La question de l’identité a été transformée, d’un élément donné c’est devenu une tâche : vous devez créer votre propre communauté. Mais une communauté est créée de fait, vous l’avez ou pas ; ce que les #réseaux_sociaux peuvent créer est un substitut. La différence entre la communauté et le réseau est que vous appartenez à la communauté, mais le réseau vous appartient à vous. Vous pouvez ajouter des amis et vous pouvez les supprimer, vous contrôlez les personnes avec qui vous êtes en lien. Les gens se sentent un peu mieux parce que la #solitude est la grande menace en ces temps d’individualisation. Mais sur les réseaux c’est si facile d’ajouter ou de supprimer des amis que vous n’avez pas besoin de compétences sociales, celles que vous développez lorsque vous êtes dans la rue, ou allez au boulot etc., et rencontrez des gens avec qui vous devez avoir une interaction raisonnable. Là, vous avez à faire face aux difficultés liées à un dialogue. Le Pape François a choisi de donner sa première interview à Eugenio Scalfari, un journaliste italien qui se revendique publiquement athée. C’était un signal : le dialogue réel ce n’est pas de parler avec des gens qui pensent comme vous. Les réseaux sociaux n’apprennent pas à dialoguer, car il est si facile d’éviter la controverse... Beaucoup de gens utilisent les réseaux sociaux non pas pour unir, non pas pour élargir leurs horizons, mais au contraire pour s’enfermer dans ce que je appelle une #zone_de_confort, où le seul bruit qu’on entend est l’écho de sa propre voix, où la seule chose qu’on voit est le reflet de son propre visage. Les réseaux sont très utiles, rendent des services très agréables, mais sont un piège.

    #narcissisme #entre-soi

  • Les singes de Clinatec ont raté le prix Nobel

    Grenoble vient d’échapper à un tsunami médiatique. Le célèbre neurochirurgien grenoblois Alim-Louis Benabid était pressenti pour devenir Prix Nobel de médecine. Raté : celui-ci est revenu à trois chercheurs étrangers travaillant autour des maladies parasitaires. Pour donner à Benabid un maximum de chances dans sa quête du Saint-Graal, ses collaborateurs ont reçu l’ordre de se taire. Car depuis quelques mois, Clinatec – le centre de recherche autour des maladies du cerveau qu’il a cofondé avec le directeur du CEA (Commissariat à l’énergie atomique) Jean Therme - est en proie à de vives tensions internes. Les singes de Clinatec prennent-ils de l’héroïne ? L’éthique médicale est-elle soluble dans le CEA ? Pourquoi le directeur François Berger a-t-il fait jouer sa clause de conscience pour alerter sur le sens du projet ?

    La suite sur :
    http://www.lepostillon.org/Les-Singes-de-Clinatec-ont-rate-le-prix-nobel.html

    #Minatec #transhumanistes #CEA #Benabid #JeanTherme #Medecinedufutur

  • #pastiche
    http://coutoentrelesdents.noblogs.org/post/2016/01/05/pastiche

    PASTICHE tente d´entreprendre une réflexion aussi #critique que concise concernant le milieu militant, autonome et libertaire. C´est dans les entrailles de la radicalité présomptueuse que se sont figés un certain nombre de ces constats. Au vu de la concurence réactionnaire … Continue reading →

    #JOURNAL #LUTTES #milieu_autonome #militantisme #pensée_critique

  • l’An 2000 - Fact-checking, le malaise - Libération.fr
    http://an-2000.blogs.liberation.fr/2015/12/27/le-probleme-avec-le-factchecking

    "Paradoxe : le fact-checking peut sembler utile dans une société fracturée où la vérité est éclatée entre différents camps. Mais il ne fonctionne réellement que dans une société apaisée qui a confiance en ses institutions."(Permalink)

    #média #journalisme #information #critiquedelinfo

  • Transformations de la biologie fin de siècle vue de l’intérieur : des leçons de choses aux biotechnologies
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=784

    Des « leçons de choses » de son enfance aux biotechnologies d’aujourd’hui, Cécile Lambert, chercheuse à la retraite, retrace sa parabole dans ce bref résumé, de l’émerveillement des années 1960 au désenchantement des années 2000. Certes, l’humain n’a jamais étudié la nature pour s’en émerveiller, « mais pour s’en protéger ou en tirer profit ». Reste qu’il était permis à d’heureux ingénus, tel Aldebert von Chamisso (1781-1838), poète et botaniste, d’ignorer à quoi et à qui servaient ses recherches. C’était avant l’invasion de la génétique et de l’informatique- de la quantification des faits au lieu de l’intelligence des phénomènes. Avant que la recherche ne se vende aux commanditaires privés pour financer ses laboratoires et n’abandonne aux amoureux bénévoles de la nature, le soin des études de terrain. Auteur de (...)

    #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/Transformations_de_la_biologie.pdf

    • C’est ainsi que, dans les années quatre-vingt-dix, dans un laboratoire de physiologie végétale où j’avais échoué faute de mieux, j’ai entendu un chercheur demander à la cantonade « Le soja, c’est une monocot’ ou une dicot’ ? ». Tout l’effondrement de la biologie traditionnelle était contenu dans cette question : l’alliance d’une ignorance radicale (la distinction entre monocotylédones et dicotylédones s’apprend au collège) avec un snobisme épatant (monocot’ et dicot’ ça fait anglophone). Mais c’était logique puisque les tutelles publiques étaient devenues radines, tandis que les recherches se mettaient à coûter de plus en plus cher : c’est le racolage des commanditaires privés qui était devenu l’enjeu vital de la recherche scientifique, pas les connaissances.

      […]

      Au début du XXIe siècle, les recherches purement descriptives étaient passées sous le patronage du secteur associatif. De nos jours, ce sont les naturalistes randonneurs, les protecteurs des oiseaux ou les éco-jardiniers qui ravitaillent gratuitement les labos en observations de terrain. La recherche high tech leur passe la main dans le dos car elle a terriblement besoin de descriptions de phénomènes naturels, pour les expliquer et les breveter, mais ne veut pas dépenser un rond pour se les procurer.

      #témoignage #biologie #Cécile_Lambert #Adelbert_von_Chamisso #génétique #biotech #critique_techno #CNRS #algues

    • les tutelles publiques étaient devenues radines, tandis que les recherches se mettaient à coûter de plus en plus cher : c’est le racolage des commanditaires privés qui était devenu l’enjeu vital de la recherche scientifique, pas les connaissances.

      So true, comme disent les djeuns sur touiteure

    • Au début du XXIe siècle, les recherches purement descriptives étaient passées sous le patronage du secteur associatif. De nos jours, ce sont les naturalistes randonneurs, les protecteurs des oiseaux ou les éco-jardiniers qui ravitaillent gratuitement les labos en observations de terrain. La recherche high tech leur passe la main dans le dos car elle a terriblement besoin de descriptions de phénomènes naturels, pour les expliquer et les breveter, mais ne veut pas dépenser un rond pour se les procurer.

      Tellement ça. Les connaissances en taxonomie par exemple basculent de plus en plus vers le milieu associatif / bénévole. On en revient aux conditions qui prévalaient avant le XIXème où la science était un loisir. Elle s’alimentait de mécénats juteux à l’époque, de temps libre (notamment des retraités) aujourd’hui.

  • Dans l’homme, tout est bon (homo homini porcus)
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=783

    À nos amis : Laurent Alexandre, Claude Allègre, Jean-Claude Ameisem, Henri Atlan, Jacques Attali, Robert Badinter, Alain Badiou, Christian Bataille, Alim-Louis Bénabid, Bernard Bigot, Bruno Bonnel, Gérald Bronner, Pascal Bruckner, Jean-Pierre Chevènement, Vincent Courtillot, René Frydman, Louis Gallois, Pierre-Benoit Joly, Alain Juppé, Jean de Kervasdoué, Etienne Klein, Louis Laurent, Anne Lauvergeon, Philippe Marlière, Jean-Luc Mélenchon, Alexandre Moatti, à la revue Multitudes, à Xavier Niel, Jean Peyrelevade, Jean Therme, Serge Tisseron, à tous ceux qui luttent pour le Progrès et contre l’obscurantisme catastrophiste et réactionnaire. * « Que voulons-nous ? – TOUT ! » (sous-titre de Tout, journal de Vive La Révolution) « Nous chions sur toutes les normes » (lu sur une banderole du GAG, le Groupe (...)

    #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/Dans_l_homme_tout_est_bon.pdf

  • ::::: : Présentation de la page Le New Organum ::::: :

    Le #discours_scientifique est partout présent, omniscient, omniscientifique. Si la #science nous dit la #vérité du monde, ou du moins nous est présentée comme telle, intéressons nous à la manière dont elle entend dire cette vérité, pour tenter de comprendre comment l’autorité vient au discours. On peut concevoir l’activité de #critique de très nombreuses manières. Si la critique est communément associée à la #déconstruction des rapports de domination, nous l’entendons plutôt comme une activité de #construction, de création, au principe même de l’activité scientifique. La critique est moins la négation de l’objet sur lequel elle porte, que la négation des effets d’autorité de ces objets. Il s’agit alors, dans cette perspective, de s’intéresser aux discours, mais aussi à leur mise en forme. Mettre en forme, c’est aussi mettre les formes. Si l’on se demande dans un premier temps comment le discours scientifique légitime l’action politique, il s’agit ensuite de comprendre comment la mise en forme du discours scientifique lui confère une autorité. Cette page est un espace de confrontation et d’interprétations de discours scientifiques. Elle procède par agencements, rapprochements, confrontations, mise en rapport de productions théoriques provenant de sources diverses. Nous emprunterons différentes voies, de manière à donner à voir différents points de vue sur ce paysage accidenté qu’est la production scientifique. Il s’agira de rendre ce terrain praticable, en installant des points de fixation intermédiaires, des prises communes, et ouvrant par ailleurs des voies nouvelles, transversales, et parfois sinueuses.
    Sarah Calba, Vivien Philizot et Robin Birgé

    ::::: : Les auteurs ::::: :
    Sarah Calba, chercheur-arpenteur, a récemment soutenu une thèse en #épistémologie intitulée Pourquoi sauver Willy ? Pourquoi et non comment car, dans cet écrit, il s’agit de définir la science en fonction de ses finalités : la science prétend-elle expliquer le réel, unique, en découvrant des lois naturelles ou souhaite-t-elle comprendre les réalités humaines en construisant des #représentations partagées ? Et puisque différentes finalités engagent différentes manières de faire, c’est en arpentant les voies et les voix de la #recherche_scientifique, et en particulier celles de l’écologie des communautés – discipline dédiée à l’explication de la répartition des espèces biologiques sur la planète bleue –, que Sarah argumente sa thèse. Elle distingue alors deux types de voies : celles abondamment pratiquées, simples, efficaces, aux prises évidentes, de la recherche ici nommée analytique, et celles, soucieuses de leur style, plus sinueuses car procédant par détours voire retours sur leur propre parcours, de la recherche dite synthétique... et c’est, bien sûr, la défense de cette dernière qui est la fin de cette thèse.

    Vivien Philizot est graphiste, doctorant et maître de conférences associé en #design. Il enseigne à l’Université de Strasbourg et à la Head à Genève. Il prépare une thèse qui porte sur le rôle du #design_graphique dans la #construction_sociale du champ visuel et dans la construction visuelle du champ social. Il s’agit notamment d’articuler une épistémologie des sciences avec une histoire critique du design graphique à l’époque moderne, envisagé comme manière de donner à voir et à connaître. Sont ainsi cartographiées, à vue, différentes voies par lesquelles le design graphique s’est construit, souvent envisagées par les grimpeurs modernistes comme des accès privilégiés à la vérité de l’image et du texte. Une approche #pragmatique consiste alors à considérer la pertinence de ces voies de manière locale plutôt qu’universelle, en les rapportant aux conditions historiques et climatiques dans lesquelles elles ont été posées. Le cheminement de la voie, la succession des prises, et l’inclinaison de la paroi ne sont-ils pas plus importants que la hauteur qu’ils nous permettent d’atteindre ? Peut-être faut-il garder à l’esprit que les points de vue que les théories de l’image se sont attachées à naturaliser, restent relatifs aux voies qu’elles nous conduisent à emprunter, et aux postures du corps et de l’œil qu’elles ont ainsi contribué à construire.

    Robin Birgé est doctorant en #anthropo-épistémologie. Il s’intéresse aux voies que prend la construction du savoir scientifique, et particulièrement au statut de la #connaissance quand les chemins bifurquent. Lorsque le premier de cordé arrive à un embranchement et choisi une voie plutôt qu’une autre, une théorie plutôt qu’une autre pendant une #controverse par exemple, nous pouvons (1a) considérer que finalement, ce qui compte, c’est la hauteur finale atteinte, soit l’accumulation de connaissances. Malgré le fait que les voies divergent et “fonctionnent bien d’un point de vue pratique”, il s’agit cependant du même rocher - du même réel ; on s’élève différemment mais pour parler d’une même chose en soi. Finalement, les voies finiraient par se rejoindre, et si les voies ne se rejoignent pas, le réel impitoyable du rocher finira par avoir raison de la vie de nos grimpeurs (les mauvaises théories seront alors éliminées). Une autre façon d’aborder la #philosophie de l’escalade, celle engagée ici, est que (1b) si des voies sont sans issue ou tournent en rond, il est envisageable qu’après tout relais elles prennent des versants différents et ne se rencontrent jamais : autrement dit, des visions du monde divergentes peuvent ne jamais se rencontrer.
    Plus précisément, cette thèse porte sur le statut d’un savoir particulier : celui de la figure de l’#expert en démocratie. Il s’agit notamment de dessiner les différentes façons d’articuler le réel-rocher, à sa connaissance si ce dernier existe, à sa médiation et au à la mobilisation du savoir lors de la prise de décision politique.

  • Anselm Jappe et Clément Homs rompent publiquement avec Serge Latouche pour cause de non distanciation explicite avec l’extrême-droite.

    Anselm Jappe vient de publier en cette fin d’année un dernier livre-débat avec Serge Latouche. Mais annonce désormais que le débat est pour l’instant terminé.

    « Rupture inaugurale », par Anselm Jappe & Clément Homs - Critique de la valeur-dissociation. Repenser une théorie critique du capitalisme
    http://www.palim-psao.fr/2015/12/rupture-inaugurale-par-anselm-jappe-clement-homs.html

    Mais nous devons constater aujourd’hui que la poursuite de ce débat n’a plus de sens. En ce qui concerne Latouche, au lieu de s’améliorer, il a entrepris une démarche où il montre, c’est la moindre des choses qu’on puisse dire, un manque de vigilance envers les récupérations de la décroissance opérées par la « Nouvelle droite ». Latouche semble avoir l’intention de « ratisser large » et de miser sur une espèce de « front décroissant » auquel tout le monde pourrait adhérer, indépendamment de ses positions politiques sur d’autres questions – même A. De Benoist à qui il laisse clairement la porte ouverte dans un entretien de juillet 2013 au site Reporterre[1]. Quand en Italie il n’hésite pas à s’afficher aux côtés d’un certain Diego Fusaro, un disciple de l’ordure Costanzo Preve, qui mange à tous les râteliers des fascistes italiens quand il ne donne pas un entretien en France au magazine Eléments de De Benoist en juillet-septembre 2015 (n°156).

    Dans un moment historique où le nouveau « populisme transversal » avance partout et se propose comme une véritable explication idéologique de la crise du capitalisme destinée à détourner la rage de ses victimes, le refus de participer, fût-ce indirectement ou de loin, à cette entreprise « rouge/brun » est la condition minimale pour qu’un dialogue avec nous soit possible. Nous nous engageons publiquement à cracher au visage de différents De Benoist, Soral, Onfray, Diego Fusaro, etc., dès que nous serons en leur présence, et nous attendons la même attitude de nos interlocuteurs. Latouche ne réussira jamais à enrôler la critique de la valeur dans ses troupes auxiliaires ! Les rares approches contemporaines qui restent fidèles à l’idée d’émancipation sociale combattront évidemment avec toutes leurs forces les nouveaux réactionnaires du populisme transversal – mais sans nécessairement donner raison à la gauche moderniste. La critique de la valeur continuera plutôt à démontrer que ce qui unit ces deux champs, au-delà de leurs différences, est l’anticapitalisme tronqué et la réduction de la critique sociale à une critique de la seule sphère financière.

    #rupture #débat #Serge_Latouche #Anselm_Jappe #critique_de_la_valeur #extrême_droite #décroissance #Nouvelle_Droite #Alain_de_Benoist #sortir_de_l'économie