• Le réel est du côté de la gauche
    https://www.youtube.com/watch?v=ABog6kTbXvE

    Soumaya Benaissa reçoit l’écrivain François Bégaudeau à l’occasion de la parution de ses deux derniers livres : « Notre joie », fruit d’un échange avec un interlocuteur identitaire qui permet d’identifier selon l’auteur le lieu où « les extrêmes ne se rejoignent pas » et le dernier au titre plus que suggestif : « Comment s’occuper un dimanche d’élection » dans lequel il prolonge une réflexion déjà initiée dans « Une histoire de ta bêtise » faisant du vote d’élection un geste très éloigné de la politique.

  • Accord à gauche : nouvelle enseigne, vieilles illusions
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2022/05/04/accord-gauche-nouvelle-enseigne-vieilles-illusions_305343.ht
    Qu’importe le programme pourvu qu’on ait le siège https://journal.lutte-ouvriere.org/2022/05/04/quimporte-le-programme-pourvu-quon-ait-le-siege_305342.html
    Du Front à l’Union populaire : au service de la bourgeoisie https://journal.lutte-ouvriere.org/2022/05/04/du-front-lunion-populaire-au-service-de-la-bourgeoisie_30534 #NUPES

    La marchandise a un goût de déjà-vu et n’a rien d’appétissant. [•••] Ces marchandages politiciens, assez banals somme toute avant de telles élections, s’accompagnent d’une opération politique dont l’enjeu pour les travailleurs et les classes populaires n’est pas sans conséquences : à nouveau tous les tenants de la gauche, jusqu’à une #gauche dite radicale, martèlent à l’unisson que le bulletin de vote peut être un bouclier pour les travailleurs et même un glaive ; à nouveau des partis qui, de l’Union de la gauche de Mitterrand à la Gauche plurielle de Jospin ou, plus près de nous, à la gauche de Hollande, ont utilisé les suffrages des classes populaires pour servir la bourgeoisie et le patronat, sont présentés comme des amis des travailleurs. Dans le passé, le résultat a toujours été de les anesthésier et de les démoraliser.

    « #Mélenchon, Premier ministre », c’est-à-dire la cohabitation d’un gouvernement de gauche avec Macron, est la perspective annoncée par les signataires de l’accord. La croient-ils possible eux-mêmes ? En tout cas, ils voudraient le faire croire aux travailleurs, aux chômeurs, aux retraités, aux familles populaires pour faire le plein de voix au nom du vote utile. Une telle « alternative de gauche », même dans sa variante recyclée et rassemblée par ce vieux politicien qu’est Mélenchon, ne servira qu’à étouffer la colère et les aspirations populaires dans les urnes en faisant miroiter un avenir meilleur par la vertu du bulletin de vote. Et dans l’hypothèse la plus probable où la gauche n’aurait pas la majorité parlementaire à l’issue des #élections_législatives, combien d’électeurs parmi les travailleurs et dans les quartiers populaires vivraient ce résultat électoral comme une défaite, les condamnant à attendre encore cinq ans avant une nouvelle tentative ? [•••]

    Tout le reste n’est que phrases creuses, comme l’éradication de la pauvreté, la #planification_écologique, etc., car nulle part il n’est question de s’en prendre à la dictature des grands trusts sur la vie économique, ni même à leurs profits insensés.

  • « Faut-il désespérer de la gauche  ?  » Rémi Lefebvre - Angle d’Attac mp3

    Les résultats des présidentielles, l’extrême droite au second tour, les thèmes dominants véhiculés  : insécurité, immigration, Islam d’une part, et d’autre part, les coûts sociaux la dette … Laissent à penser que la société s’est droitisée.
    Est-ce vraiment le cas  ?

    On constate que les valeurs d’égalité, de solidarité et de redistribution sociale sont encore bien présentes, auxquelles s’ajoutent une préoccupation de plus en plus grande vis à vis des problèmes écologiques. Thèmes essentiellement portés par la gauche.

    Alors justement, pourquoi la gauche n’arrive-t’elle pas à s’imposer, que manque-t’il dans ses stratégies, son organisation, sa vision de la société ….  ?

    C’est ce que nous vous proposons d’analyser avec notre invité, Rémi Lefebvre  https://univ-droit.fr/universitaires/6383-lefebvre-remi : Politiste, professeur à l’Université et à l’Institut d’Études Politiques de Lille, et auteur de nombreux ouvrages, dont les plus récents sont  :
    – Municipales  : Quels enjeux démocratiques  ? - 2020 – Editions La Découverte https://www.decitre.fr/ebooks/municipales-quels-enjeux-democratiques-9782111571693_9782111571693_10023.htm
    – Faut-il désespérer de la gauche  ? - 2022 – Editions Textuel https://www.editionstextuel.com/livre/faut-il_desesperer_de_la_gauche

    Pour écouter / télécharger l’émission en MP3, le lien : https://www.campuslille.com/index.php/entry/faut-il-desesperer-de-la-gauche-remi-lefebvre-angle-d-attac

    #France #Gauche #ATTAC #Rémi_Lefebvre #Elections

  • L’envolée de la #censure des #livres aux États-Unis

    À l’automne 2021, l’#Association_américaine_des_bibliothèques a indiqué avoir reçu le nombre “inédit” de 330 #signalements. "Une hausse sans précédent", selon la responsable de l’association…

    Depuis plusieurs années déjà, quelques responsables politiques, une poignée d’éditorialistes, quelques intellectuels inquiets nous alertent sur les dangers d’une vague déferlante venue d’Amérique. La "cancel culture". Soit un pseudo "cancer" de la culture, par le truchement duquel des statues sont déboulonnées, des pièces de théâtre empêchées, certains classiques de la littérature passés au grill de la morale "gauchiste", "identitaire", "antiraciste".

    Et Maintenant ? Dans ce constat, une chose au moins se vérifie : les États-Unis sont rongés par la "cancel culture". Dans de nombreux comtés : enseignants, parents et militants exigent de concert la mise à l’index d’un nombre croissant de livres. Ainsi, à l’automne 2021, l’Association américaine des bibliothèques a indiqué avoir reçu le nombre "inédit" de 330 signalements. "Une hausse sans précédent", selon la responsable de l’association…

    Toutefois, contrairement à ce qu’on entend souvent, la #gauche et les #campus ne sont pas les premiers initiateurs de ce mouvement. Et la "cancel culture" est, très largement, l’œuvre et l’instrument du camp conservateur, qui s’attaque aux livres traitant de thèmes allant du #racisme à l’#identité_de_genre. Un exemple : à l’automne dernier, la commission scolaire d’un comté du Kansas a annoncé le retrait de la circulation de 29 livres dans les #bibliothèques_scolaires. Parmi eux : L’Œil le plus bleu de #Toni_Morrison, qui raconte l’histoire d’une jeune afro-américaine durant la Grande Dépression, raillée pour sa peau sombre. La Servante écarlate, dystopie de #Margaret_Atwood et symbole des luttes féministes. Et beaucoup d’œuvres dites progressistes ou qui portent un message, une sensibilité, d’une telle nature. Esther Cyna, docteure en civilisation américaine, spécialiste d’histoire de l’éducation et enseignante chercheuse à l’université Sorbonne Nouvelle, détaille cette tendance effarante.

    https://www.franceculture.fr/emissions/et-maintenant/et-maintenant-du-mercredi-30-mars-2022

    #conservateurs #racisme_anti-noirs #genre #sexe

    ping @isskein @karine4 @_kg_

    #Etats-Unis #USA #cancel_culture

    ping @isskein @karine4 @cede

    • … contrairement à ce qu’on entend souvent, la gauche et les campus ne sont pas les premiers initiateurs de ce mouvement. Et la « cancel culture » est, très largement, l’œuvre et l’instrument du camp conservateur, qui s’attaque aux livres traitant de thèmes allant du racisme à l’identité de genre.

    • Oui, d’où le fait que je trouve que c’est une mauvaise idée de reprendre le terme « cancel culture », terme inventé par les racistes, masculinistes et autre homophobes américains. C’est amusant ponctuellement d’en inverser le sens, mais le banaliser est par contre problématique, parce que je pense que ça entretient la confusion souhaitée par l’extrême-droite ricaine (ah ah là, nous on veut juste interdire ces livres qui veulent nous empêcher de dire ce qu’on pense).

  • Ça fait toujours bizarre de lire le jeudi dans la bouche d’un député une partie des propos entendus le mardi en conférence de rédaction (moins l’enthousiasme, puisque la défaite était annoncée).

    https://www.monde-diplomatique.fr/audio/Podcast_diplo/2022-01-Episode_22.mp3

    Sur les limites de la stratégie « Terra Nova » qui cible la jeunesse progressiste de centre-ville et les quartiers populaires plutôt que la France des bourgs, la France Périphérique, François Ruffin : « Jusqu’ici, nous ne parvenons pas à muer en espoir la colère des “fâchés pas fachos” » https://www.liberation.fr/politique/francois-ruffin-jusquici-nous-ne-parvenons-pas-a-muer-en-espoir-la-colere

    Dimanche soir, à la tombée des résultats et l’élimination, malgré les 21,95 %, de Jean-Luc Mélenchon, quel a été votre premier sentiment ?

    D’abord de la fierté, la fierté du chemin parcouru. Je me suis dit : l’histoire continue, le fil n’est pas rompu. Parce que, sans Jean-Luc Mélenchon, sans nous avec lui, après les années Hollande, après sa créature Macron, la gauche pourrait être liquidée, enterrée. Nous avons ramassé un drapeau en guenille, et regardez maintenant comme il brille. C’est cette fierté que j’ai éprouvée pendant toute la campagne, avec des milliers de personnes dans les meetings, des dizaines de milliers dans les marches : nous sommes là, debout. L’espoir demeure. En même temps, ce dimanche à 20 h 01, c’est « caramba, encore raté ! » Je ne veux pas qu’on devienne des perdants magnifiques. L’équipe de France de mon enfance, celle de Platini, Giresse, Tigana et compagnie, elle était pleine de panache, comme nous, elle faisait les plus beaux matchs, comme nous, mais à la Coupe du monde de 82, à celle de 86, deux fois elle échoue en demi-finale, et deux fois contre l’Allemagne. Quand est-ce qu’on va jouer la finale ? Quand est-ce qu’on va l’emporter ?

    Comment jugez-vous la campagne de Jean-Luc Mélenchon ?

    Notre campagne, je l’ai trouvée joyeuse, un peu à contre-courant de l’époque. Parce qu’après deux années de Covid, avec la guerre en Ukraine, ils nous veulent comment ? Abattus, déprimés, résignés, « restez chez vous », etc. Contre ça, Jean-Luc est parvenu à apporter de l’énergie. C’est un peu notre Johnny, qui vient redonner « l’envie d’avoir envie ».

    Lorsqu’on observe les cartes, on voit que Mélenchon est fort dans les grandes villes et les quartiers populaires. Mais beaucoup moins dans la France périphérique.

    Au fond, ça montre l’efficacité de la campagne. Parce que Jean-Luc s’adresse aux Outre-mer, il s’y rend plusieurs fois, et il est élu président de la Guadeloupe, de la Réunion, au premier tour ! Jean-Luc veut la jeunesse progressiste de centre-ville, celle des marches pour le climat, il met le paquet, et il les emporte largement avec lui. Jean-Luc veut les quartiers populaires, il se pose comme l’anti-Zemmour, et la gauche retrouve droit de cité dans les cités. Finalement, tous les paris de la campagne sont gagnés. La France périphérique, en revanche, celle des bourgs, n’apparaît pas comme une priorité. Et quand on regarde les statistiques issues des urnes, c’est là-dedans qu’on plonge : le vote Mélenchon fait 24 % en agglomération parisienne [+8 points comparé à 2017, ndlr]. Mais c’est 14 % dans les communes entre 20 000 et 100 000 habitants [-7 points]. Un coup d’œil à une carte du pays suffit : pour La France insoumise, une zone rouge autour de Paris. Le bleu foncé de Le Pen, en revanche, s’étend sur tout le Nord, le Pas-de-Calais, la Picardie, la Champagne, la Lorraine, 42 départements, et pour beaucoup des terres ouvrières. C’est là qu’on perd. Au-delà même de la gauche, ça pose une question sur l’unité du pays, ces fractures politico-géographiques : comment on vit ensemble ? Comment on fait nation, sans se déchirer ?

    Le tableau est comment dans votre circonscription ?

    Il offre quasiment un cas chimiquement pur. Sur Amiens, Mélenchon devance Macron, presque à égalité : le président domine dans le centre-ville, mais on cartonne dans les quartiers populaires, avec plus de 60 %. Sauf que, dès que tu t’éloignes de la métropole, à Flixecourt par exemple, qui est ouvrier pourtant, c’est la cata : Jean-Luc plonge à 15 %, Marine Le Pen grimpe à 44 %. Je le pensais déjà en 2017, je le disais : si on veut gagner, on doit aller chercher cette France-là. Le mouvement des gilets jaunes en a montré l’importance politique, il a rendu visible, audible, cette France si longtemps muette. Et à ma mesure, durant la présidentielle, je me suis efforcé de parler à ces périphéries, avec des réunions publiques à Carbonne, à Rochefort, à Epinal… mettant en avant des caristes, des auxiliaires de vie, des salariés de la sous-traitance. Mais à l’évidence, jusqu’ici, les « fâchés pas fachos » ne se tournent pas vers nous. Nous ne parvenons pas à muer leur colère en espoir.

    Mais Jean-Luc Mélenchon s’est adressé à eux ces dernières semaines…

    Ça réclame un travail de longue haleine. Pour les quartiers populaires, ça fait des mois, voire des années, qu’on leur parle, avec des thématiques où ils se reconnaissent, parfois clivantes, comme la police par exemple. Les campagnes populaires exigent le même effort, et en vérité, peut-être dix fois plus d’efforts, pour dix fois moins de rendement, parce que l’habitat y est éclaté, parce qu’un vote Le Pen s’y est ancré. C’est pour moi un objectif électoral, mais aussi moral : on ne peut pas les abandonner au Rassemblement national. On ne peut pas, par une ruse de l’histoire, laisser triompher la logique de « Terra Nova ». Je ne sais pas si vous vous souvenez ? En 2011, ce think tank proche du Parti socialiste recommandait une stratégie « France de demain », avec « 1. Les diplômés. 2. Les jeunes. 3. Les minorités ». Tandis que, pour les ouvriers-employés : « Le FN se pose en parti des classes populaires, et il sera difficile à contrer. » Sous-entendu, inutile même d’essayer. Nous devons, nous, essayer. C’est un impératif.

    Comment faire pour les convaincre ?

    D’abord, il faut en faire un objectif commun : est-ce que cette analyse, est-ce que ce constat est partagé ? Est-ce qu’on se dit, l’Union populaire, ce sont les quartiers populaires – qu’il faut garder – et les campagnes populaires – qu’il faut conquérir ? On doit d’abord le poser comme une priorité, ensemble. Sinon, il n’y a pas de stratégie possible. Ensuite, je pense qu’il faut écouter les gens, faire quasiment du recueil des doléances. On ne fait pas de politique en extériorité, sans porosité. Et peut-être que des thèmes inattendus surgiront. Je te donne un exemple : le numérique. Les candidats ne s’en sont pas saisis dans la campagne. Et pourtant, quand je fais mon boulot de reporter, on me cause de ça, spontanément, dans les bistrots, dans les mairies : à la CAF, à Pôle Emploi, aux impôts, il n’y a plus de guichets. Les gens doivent passer des heures à enregistrer des mots de passe sur Internet, à scanner leurs documents. Faire son dossier de retraite, avec la Carsat, c’est devenu la croix et la bannière. C’est ressenti comme une douleur par les habitants, ça les met dans un sentiment d’impuissance.

    Cette impuissance donne quoi concrètement ?

    Je vais utiliser des grands mots pour de petites expériences, mais je crois que pour eux, c’est la République qui s’éloigne, ça les met dans une souffrance anthropologique : ils n’échangent plus en humains avec des humains, mais avec des machines. Quand j’en parle dans mes meetings, aussitôt je suis applaudi. Parce que chacun a éprouvé la solitude du « tapez 1 », « appuyez sur la touche étoile ». Remettre des agents pour les gens, comment on fait un numérique humaniste, c’est une question à porter. Une parmi d’autres. Les déplacements, bien sûr. La valeur du travail. Leurs loisirs, à ne pas juger. Mais il y a un style, aussi, peut-être, au-delà des idées. Dans une étude, je lisais que les travailleurs de la seconde ligne ne se sentaient pas représentés. Peut-être que, en plus des mesures – le smic à 1 400 €, la retraite à 60 ans, le blocage des prix –, peut-être qu’on doit davantage les incarner, qu’ils sentent qu’on connaît leur vie, leurs conditions concrètes d’existence, qu’on sache en parler, que les candidats soient à leurs côtés, parmi eux.

    Faire comme Ruffin, en somme.

    Donc, pour être majoritaire, il faudrait unir dans le même bloc les quartiers populaires et les campagnes populaires ?

    Le débat est construit, évidemment, pour casser le bloc populaire. Entre jeunes et vieux, entre travailleurs et assistés, entre blancs, Arabes, noirs, et maintenant, même, entre vaccinés et non vaccinés. Ma conviction, mon pari, depuis vingt ans maintenant, c’est que la question sociale peut rassembler. Juste une anecdote. Durant mon mandat, la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, vient à Amiens. J’insiste, très fort, pour qu’elle rencontre des accompagnantes d’enfants en situation de handicap, et la préfecture accepte. On passe une belle heure d’échanges, et comme je connais par cœur, je me mets en écoute flottante. Je roupille à moitié, quoi. Et là, je me dis : ici, il y a Aline, Sandy, Hayat, Assia. Rien que par les prénoms, on perçoit les origines différentes. Ça fait un moment qu’elles causent, ça fait un an que je les filme, à aucun moment elles n’ont discuté de la nourriture à la cantine, de la taille de leurs vêtements, de leurs prénoms français ou pas. Non, elles ont discuté de leur travail, de comment elles peuvent gagner leur vie, de comment apporter un soutien aux enfants. C’est une parabole, à mon avis. Voilà ce qui les rassemble.

    C’est la stratégie à avoir aux législatives pour gagner un maximum de circonscriptions ?

    Franchement, je ne crois pas qu’une telle logique, inscrite dans le paysage, s’inverse en six semaines de campagne. Vraisemblablement, la France insoumise va se renforcer là où elle est déjà forte : dans l’ancienne banlieue rouge, dans les quartiers populaires des métropoles. C’est après qu’il faudra choisir : que vise-t-on ? Des bastions ? Ou se répandre dans les profondeurs du pays ?

    (…)

    • À 10’ du reportage sur la campagne de Ruffin à Flixecourt, ce dernier dit « L’union populaire et Jean-Luc, ils [sic]… » : « Y a pas eu de volonté de regagner la France des ronds-points, la France des gilets jaunes, parce que je pense que dans leur esprit c’était un pari qui était gagnant en plusieurs semaines, en plusieurs mois » https://la-bas.org/la-bas-magazine/reportages/qui-l-eut-cru-la-nouvelle-vraie-gauche-arrive-deja-ruffin-repart-pour-un-tou https://la-bas.org/audio.api/free/aW5sYnM6Ly9mb2xkZXItNDI0MTkvbXAzLTQ3Ni81MzEzMC1wYWRfcmVwb3J0YWdlX2ZsaXhlY291cnRfMl8tX2ludGVncmFsZS5tcDM=/53130-pad_reportage_flixecourt_2_-_integrale.mp3

    • Bompard chez Regards http://www.regards.fr/actu/article/manuel-bompard-une-force-d-alternative-prete-a-gouverner-demain

      Fabien Roussel refuse d’être assimilé à la gauche des métropoles. Il rejoint en partie François Ruffin lorsqu’il dit : « On ne doit pas devenir la gauche des métropoles contre la droite et l’extrême droite des bourgs et des champs. » Est-ce la gauche qui a rompu avec les catégories populaires, ou les catégories populaires qui ont rompu avec la gauche ?
      S’il y a eu une rupture entre la gauche et les catégories populaires, c’est d’abord parce que sa dernière expérience au pouvoir a été vécue comme une trahison. Depuis lors, notre travail a plutôt permis de renouer des liens entre le peuple et la gauche. Jean-Luc Mélenchon est le premier candidat dans les villes les plus pauvres. Il est le candidat des jeunes, des chômeurs, des précaires, et fait des scores plus importants que la moyenne chez les ouvriers et les employés. Pour voir plus loin, il faut commencer par saluer ce bilan et ne pas se tromper sur l’analyse. Quand nous remportons trois circonscriptions en Haute-Vienne, deux en Dordogne, ou encore celle du département de la Creuse, il n’est pas question de métropoles… Et quand l’extrême droite remporte la circonscription des 13e et 14e arrondissements de Marseille, il n’y a pas beaucoup de bourgs et de champs sur ce territoire… La lecture géographique est une vue de l’esprit, qui fait abstraction de l’histoire politique des territoires, de leurs structures sociales comme du travail militant qui y est mené. Oui, le Rassemblement national progresse, et il progresse malheureusement partout. Certains territoires y sont davantage perméables par leur histoire et leur sociologie. Il faut donc le combattre partout. Mais si certains pensent que, pour y parvenir, il faut abandonner les banlieues populaires et renoncer à la dénonciation du racisme ou de l’islamophobie, alors nous avons un désaccord fondamental.

      Le PCF pense que la gauche s’est perdue en menant des combats qu’il juge légitimes – lutte contre les discriminations et les violences policières, féminisme, etc. –, mais au détriment du social…
      Je suis convaincu que ce que vous décrivez ici n’est pas l’orientation du PCF, dont de nombreux militants s’investissent dans ces combats. Mais c’est en effet ce que semble penser Fabien Roussel… Cela me paraît être un contresens total : la bataille pour l’égalité des conditions de vie ne peut pas être déconnectée de celle pour l’égalité de tous, quels que soient son genre, sa couleur de peau, sa religion ou son orientation sexuelle. Ce serait une grave erreur : la gauche n’a rien à gagner à mimer le Rassemblement national ou à masquer certaines batailles pour lui complaire. On ne gagne jamais sur le terrain des autres. Nous nous adressons à tous et nous disons : ces tentatives de division agissent comme des diversions. Le RN cherche à faire vibrer la corde identitaire. Nous voulons faire vibrer la corde sociale et convaincre que le problème, c’est celui de ceux qui se gavent !

    • François Ruffin : « La gauche doit être le camp du travail » | L’Humanité 07/09/2022 https://www.humanite.fr/politique/francois-ruffin/francois-ruffin-la-gauche-doit-etre-le-camp-du-travail-762479

      Comme point de départ de votre livre, vous avez choisi cette phrase que vous avez entendue de la bouche de plusieurs citoyens : « Je ne peux pas voter à gauche, je suis pour le travail. » Pourquoi vous fait-elle bondir ?

      Parce que la gauche, c’est le travail. Son histoire et celle du mouvement ouvrier le montrent. Mais chez nombre de gens ordinaires, beaucoup de ceux avec qui j’ai échangé, s’est ancrée l’idée que « la droite c’est le travail, la gauche c’est l’assistanat ». La droite a réussi à récupérer ce qu’ils appellent la « valeur travail », depuis Nicolas Sarkozy jusqu’à Emmanuel Macron. Ils célèbrent le travail pour mieux le malmener, avec l’idée qu’il faut travailler plus, tout en écrasant les salaires. Par ailleurs, pendant les campagnes, le principal obstacle que nous avons eu, ce n’est pas sur l’immigration ou la sécurité mais sur l’argument « moi je bosse et je n’ai le droit à rien, alors que d’autres touchent des aides » . Je ne veux pas qu’on ferme les yeux sur ce ressenti massif. Selon moi, il faut montrer qui sont les vrais assistés, les hyper-riches. Nous avons le devoir, à gauche, de reposer en permanence ce rapport capital-travail. Un clivage dans lequel nous serions dans le camp du travail et des travailleurs.

      Les élus et militants de gauche n’ont pas pour autant abandonné la défense des travailleurs…
      Non, d’ailleurs, dans nos programmes, beaucoup de mesures répondent en partie aux problèmes des salaires, de précarité des contrats, de pénibilité… Mais nous devons nous demander ce qu’il faut mettre en avant, ce qui convainc, rassemble. Je pense par exemple que la gauche ne porte pas assez la fierté du travail. De la même manière qu’elle avait héroïsé les métallos ou les mineurs dans l’après-guerre, dans la période post-Covid, on aurait pu héroïser le cariste, l’auxiliaire de vie sociale. On a un devoir de représentation. Il faut que les gens se disent « c’est eux qui parlent pour nous ». Ça veut dire aussi connaître leurs conditions concrètes d’existence, pour les transformer et que nos propositions trouvent un vrai écho.

      Vous faites dans votre livre un état des lieux des mutations du monde du travail, avec des salaires qui n’augmentent pas, des contrats précaires qui se multiplient, les pressions mises sur les travailleurs… Quelles réponses politiques peuvent être apportées ?
      La question est de savoir si on laisse la main invisible du marché tout régler. Or, elle produit l’écrasement du travail dans la durée. Cela a des effets individuels, avec un sentiment d’injustice pour les travailleurs, et collectifs, avec une désorganisation de la société. Aujourd’hui, nous manquons d’AESH dans les écoles, d’auxiliaires de vie sociale : parce que les gens sont fainéants ou parce qu’ils ne veulent pas travailler pour 700 euros par mois ? La République s’est fondée sur l’école mais on ne trouve plus d’enseignants et on recrute en job dating. Il faut refixer des règles communes sur le marché du travail. Sur les salaires, les conditions de travail, les contrats. Pour que le CDI soit la norme, par exemple, il faut régulariser les intérimaires qui en réalité ont des postes permanents, et décourager le recours aux autres contrats. Un contrat en CDD doit être payé plus cher, comme les heures tôt le matin ou tard le soir.

      Votre livre se conclut par l’idée de bâtir un « nouvel horizon commun », qui serait celui de l’impératif écologique. Quelles en seraient les conséquences pour le travail et les travailleurs ?
      Il nous faut passer du « vivre-ensemble », un peu stagnant, gnan-gnan, au « faire ensemble ». Et faire ensemble face au grand défi climatique, qui réclame beaucoup de travail, qui exige que chacun fasse sa part, trouve une utilité dans cette transformation. Encore une fois, ce n’est pas le marché qui va organiser la rénovation thermique, planter des haies, remettre en état les canalisations d’eau, créer des ateliers de réparation dans chaque canton, pour échapper au cycle de la production de consommation… L’État doit donc définir un certain nombre de besoins auxquels on sait que le marché ne va pas répondre. Puis diriger et canaliser les énergies, les moyens, les savoir-faire. C’est aussi un pari humaniste. Il faudrait presque recenser toutes les compétences qui sont aujourd’hui à notre disposition mais qui sont en déshérence, une richesse humaine qui peut exister dans les quartiers ou dans les campagnes et qui est délaissée. Qui sait bricoler, qui sait réparer, qui sait cuisiner ? Toutes ces compétences doivent pouvoir être utiles à la société. C’est aussi un moyen de créer de la dignité par le travail, ce qui est essentiel.

  • Rise Up 1 Faire Bloc. Quelles alliances pour nous aujourd’hui ? - Enquête Critique
    https://enquetecritique.org/projets/auto-defense-auto-education-auto-organisation/article/rise-up-1-faire-bloc-quelles-alliances-pour-nous-aujourd-hui

    Histoire de garder un peu le « moral », si on peut dire, que la lutte continue…

    Rencontres organisées à Nantes le 2 avril 2022 aux ateliers de Bitche par l’Action Antifasciste Nantes

    avec :
    – NARGESSE BIBIMOUNE, membre de l’Action Antifasciste Paris Banlieue et de la Coordination Féministe Antifasciste
    – FRANCOISE VERGES , autrice, militante anti-impérialiste et féministe antiraciste
    – L’OFFENSIVE, nouvelle confédération lilloise regroupant des personnes, des groupes militants, des médias indépendants, des coopératives et des lieux autogérés pour mettre en oeuvre l’écologie sociale
    – LES SOULEVEMENTS DE LA TERRE, Réseau de luttes sociales entre des habitant-es en lutte, paysan-nes et jeunes révolté-es.

    https://www.youtube.com/watch?v=9VHUUGYRlyw

    #lutte #alliance #antifa #gauche #soulèvement_de_la_terre #féminisme #anti-impérialisme #écologie #politique

  • [infokiosques.net] - Tout ce qui fume n’est pas feu
    https://infokiosques.net/spip.php?article1913

    Écrit en pleine "crise" du covid19, ce texte aborde la question du complotisme et du rapport que nos milieux (anti-autoritaires/libertaires/autonomes) entretiennent avec ce système de pensée.

    Sommaire :
    1. Confusionnisme, complotisme et conspirationnisme, tentative de définitions
    2. Quelques théories conspirationnistes qui ont influencé l’Histoire
    3. Deux grands récits conspirationnistes mainstream actuels : QAnon et le « grand remplacement »
    4. New-Age, « santé alternative », fascisme, clics et fric
    5. Face aux complotismes, refuser le rôle de procureur ?
    6. Ne pas laisser de place au complotisme dans nos luttes et nos milieux
    Pour poursuivre, quelques ressources…

    #gauche #émancipation #complotisme #confusionnisme #covid #new_age

    • À propos de l’accusation de mépris de classe, d’une part il apparaît difficile d’affirmer que les complotistes seraient si largement des prolétaires. Les CSP+ ne sont pas en reste lorsqu’il s’agit de diffuser des théories complotistes comme le montrent les exemples cités au fil du texte [15]. Les propagandistes savent très bien quels discours ilselles produisent, quels actes ilselles encouragent. D’autre part, le mépris de classe se place justement dans le fait de croire qu’il n’y a parmi les conspis que des classes populaires et laborieuses sans repère politique et saisissant tout ce qui est à leur portée pour critiquer et attaquer les pouvoirs. En sorte, un retour à l’idée d’un lumpenproletariat intrinsèquement contre-révolutionnaire. Cela participe à dépolitiser leurs actions. Je pense qu’au contraire, bien que la dépolitisation et le manque de culture politique jouent dans leur succès, certainement qu’une bonne part de leurs adeptes savent à quoi ilselles adhèrent. J’ai du mal à imaginer qu’en 2021 on puisse sans le vouloir valider des discours racistes, antisémites, LGBTIphobe, etc. Pourtant c’est ce qui arrive à certaines personnes [16]. Notre rôle devrait alors être, au lieu d’avoir une sorte de complaisance avec ces théories et ceux qui y adhèrent, de lutter encore et toujours pour défendre et diffuser nos idées, ce qui demande de ne pas reprendre la rhétorique et les expressions diffusées par les complotistes mais au contraire de repolitiser le réel et nos discours.

      […]

      Pour autant, et comme on l’a vu auparavant le complotisme est un mode de pensée politique à part entière. Rejeter ce terme parce que nos ennemi⋅es l’utilisent c’est ajouter à la confusion en nous privant d’un mot pour décrire et comprendre un courant politique contemporain actif. De plus il est bien malheureux d’utiliser comme dans « Au procès des complotistes, nous ne soutiendrons pas les procureurs » la technique rhétorique consistant à s’auto-assigner pour empêcher les critiques : « ah mais si je dis ça on va dire que je suis complotiste ! » Technique qui se trouve être justement utilisée jusqu’à plus soif par les complotistes et au passage, par l’extrême-droite : « on ne peut plus rien dire ! On va dire que je suis un fasciste si je dis ça ! Ce n’est pas être raciste de dire ça ! ». Rien d’étonnant si l’on voit les liens existants entre complotismes et extrêmes-droites.

  • Réinventons l’internationalisme (2/4) - La faillite d’un « anti-impérialisme à sens unique »

    Contre le campisme, cet anti-impérialisme à sens unique, qui traverse certains courants de la gauche, il faut tenir enfin compte de l’impérialisme russe. L’étudier de près, ce n’est pas inverser la bêtise campiste ; c’est affirmer que toute analyse qui ne le prendrait pas au sérieux se disqualifie d’elle-même. Le poutinisme est un danger mortel pour les peuples. D’où l’urgence de le combattre sans esprit de faiblesse. 2ème volet d’une réflexion intitulée « Face au nationalisme grand-russe, réinventons l’internationalisme ».

    L’un des pires aspects de cette attitude est de ne faire aucun cas des aspirations populaires des Ukrainiens, mais aussi, pour remonter plus loin, des grands mouvements démocratiques en #Ukraine, en Biélorussie, en Géorgie, au Kazakhstan. Les peuples en question sont réduits à des pions qui n’existent pas vraiment dans ce grand schéma historique abstrait dont le seul acteur véritable est l’Ennemi qui veut étendre sa domination mondiale. Il ne vient pas même pas à l’esprit du campiste de gauche que l’adhésion à l’OTAN de nombreux pays longtemps restés sous la coupe de l’URSS après 1945 était pour eux, faute de mieux, un gage de sécurité après toutes les agressions, annexions ou dépeçages qu’ils avaient subis dans leur histoire. Bien sûr, le réel est « toujours plus complexe », comme le répètent les « non-alignés », mais précisément ils devraient en tirer la leçon : les peuples disposent de leur autonomie, ils ne sont pas les marionnettes des grandes puissances. La pire faute politique du campisme est de considérer que les peuples ne sont rien, que tout se joue en haut. Ainsi le terrorisme islamiste aurait été dès le début à l’œuvre dans la révolution populaire syrienne de 2011. Ainsi les « révolutions de couleur », mobilisations populaires dans l’espace post-soviétique qui ont participé à partir des années 2000 au grand mouvement d’émancipation démocratique aux quatre coins du monde, n’auraient été que des formes déguisées de l’impérialisme américain. Ainsi l’occupation de la place Maidan en 2014, qui fait partie du grand cycle du mouvement d’occupation des places, aurait porté la marque des « néo-nazis ». 

    De ce schéma découle une « relativisation des responsabilités ». Le théoricien de l’altermondialisme et de la « gauche globale », autrefois mieux inspiré, Boaventura de Souza Santos, affirme ainsi sans sourciller que « la démocratie n’est qu’une façade (pantalla) des Etats-Unis » et compare le « coup d’État de 2014 » en Ukraine au golpe qui a renversé Dilma Roussef en 2016 au Brésil. Dans l’un et l’autre cas, il n’y aurait qu’une seule et même tentative d’étendre la sphère d’intérêts des États-Unis : « La politique de changement de régime ne vise pas à créer des démocraties, mais uniquement des gouvernements fidèles aux intérêts des États-Unis ». On ne peut mieux nier la subjectivité démocratique des peuples, réduite à des jouets dans la main de l’impérialisme américain (1). C’est oublier en outre que les multinationales américaines et européennes n’ont jamais autant prospéré que dans le régime mafieux et ultra répressif de Russie qui leur assurait une paix sociale absolue. En réalité, cet auteur ne fait que répéter la vieille doxa du vingtième siècle, comme si la Russie ou la Chine représentait une alternative « progressiste » au capitalisme occidental qu’il faudrait « ménager » parce qu’elle lui ferait contrepoids. En réalité, ces pays offrent des versions parmi les plus monstrueuses du capitalisme en ce qu’elles associent la pire des dictatures politiques sur la population et l’exploitation à outrance des richesses en faveur d’une toute petite classe de prédateurs ultrariches.

    https://blogs.mediapart.fr/pierre-dardot-et-christian-laval/blog/180322/reinventons-linternationalisme-24-la-faillite-d-un-anti-imperialisme

    #Russie #syrie #anti_impérialisme #gauche #anti_impérialisme_des_imbéciles

  • La guerre en Ukraine et les dilemmes de la gauche occidentale Daria Saburova
    14 mars 2022

    Cet article décrit précisément la guerre vue d’Ukraine et la façon dont une partie de la population ukrainienne rejoint la résistance, en particulier les unités territoriales de défense : une vaste mobilisation populaire. Dès lors, Daria Saburova adresse un certain nombre de questions à la gauche anti-impérialiste, en particulier sur l’aide militaire pour la résistance populaire. Faute de quoi, selon elle, le salut internationaliste et la solidarité témoignée au peuple ukrainien risquent de demeurer abstraits.

    Certes, depuis l’invasion, peu de camarades se permettent de nier qu’on ait affaire à une agression militaire nourrie par les prétentions impérialistes de la Russie. Mais les positions campistes restent néanmoins lisibles dans différentes prises de position à travers l’ordre dans lequel les arguments sont présentés (oui l’agression inacceptable de l’Ukraine par la Russie, mais quand même l’encerclement de la Russie par l’OTAN), et qui continuent à soutenir l’image de la Russie comme une puissance impérialiste subalterne et essentiellement réactive. Samedi dernier, dans l’annonce Facebook de la manifestation « pour la paix » organisée par les jeunes du NPA à l’écart de la grande manifestation de soutien au peuple ukrainien qui se déroulait place de la République, on pouvait lire que l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie était une réaction de la Russie à la politique agressive de l’OTAN. On pouvait lire que les organisateurs soutiennent celles et ceux qui « en Ukraine comme en Russie », « se battent contre la guerre ». Or, les Ukrainiens ne se battent pas contre la guerre : ils sont, malgré eux, en #guerre contre la #Russie. Est-ce donc autre chose qu’une invitation à la capitulation ?

    #Ukraine #gauche #anti_impérialisme #OTAN

    https://www.contretemps.eu/guerre-ukraine-dilemmes-gauche-occidentale

    • Après la fin de l’antagonisme idéologique bataillant sur le terrain commun de la production marchande, celui des deux camps dont les performances étaient moindres a fini par quitter l’arène en laissant derrière lui de nouveaux pays tout aussi incapables de rester compétitifs face aux centres capitalistes historiques, pourtant aussi entrés en crise. De ce point de vue, le positionnement actuel de la Russie peut difficilement s’interpréter comme un impérialisme renaissant mais plutôt comme le front avancé de la décomposition globale en cours. Le pays ne peut mettre plus dans la balance que ce vers quoi l’URSS finissante s’était déjà tournée : réserves d’hydrocarbures et industries militaires.

    • Moi aussi, je veux militer pour un monde avec des missiles nucléaires partout. Je vais créer un parti « de gauche » et je vais dire que moi aussi, je veux des missiles nucléaires de l’OTAN pour me sentir protégé des hordes russes.
      On croyait militer pour la fraternité entre les peuples. On se retrouve avec des missiles nucléaires partout.
      On les a prévenu que l’OTAN, ce sont des missiles nucléaires ?
      On les a prévenu que les premiers à quitter les traités anti-prolifération nucléaire, ce sont les membres de l’OTAN ?
      On leur a dit que les premiers à être atterrés et révoltés par cette façon de déchirer les traités issus de la guerre froide ont été les maléfiques russes ?

      L’impérialisme russe, c’est le mal, mais... bon. On le voit. C’était écrit. Dès décembre dernier, les américains expliquaient qu’il n’y aurait que des sanctions, face à une action de guerre en Ukraine. Dès décembre, il était écrit que l’Ukraine serait transformée en nouvel Afghanistan et que les américains n’y mettraient aucun moyen militaire pour l’empêcher, à part les habituels caisses de dollars, de quincaillerie et de chaos. Malgré cela, tous, on a fait comme si les bons sentiments allaient être les plus forts. Oui, on se retrouve tous à dire que la guerre c’est mal. Et après ? Et après ? On fait quoi ? On met des missiles nucléaires. Toujours plus gros. Et dès que possible, on tire les premiers. Comme ça on règle le problème.

      Sérieusement ?

      La doctrine de la première frappe existe, et si les US sont sortis des différents traités, c’est justement pour pouvoir avoir la possibilité de la mettre en œuvre. Avoir la possibilité le moment venu de pouvoir frapper en premier sans riposte de l’ennemi indispensable, fatal, éternel.

      Je comprends que ces choses là soient éloignées du quotidien et qu’on ait du mal à le conceptualiser, mais il y a effectivement des gens dans les états major qui pensent comme cela et qui préparent cela. C’est l’origine de la surenchère russe avec les missiles hypersoniques. Pour signifier à l’OTAN que les bases antimissiles de Pologne et de Roumanie installées par l’OTAN dans les années 2000 ne servent finalement à rien.

      A propos des russes. Voilà au bas mot 15 ans, que je lis des avertissements au sujet du système politique russe, où on t’explique que Poutine, par rapport à ses députés, c’est un modéré. Que Poutine, il passe pour un faible à laisser les choses se faire, en Syrie, en Ukraine, ailleurs. 15 ans qu’on lit qu’il faudrait prendre au sérieux ce qu’il dit, car si on l’éliminait, ce qui viendrait à la place ne sera pas forcément plus commode. Car oui, à priori, il n’est pas tout seul dans une tour d’ivoire coupée du reste de son pays.

      Je l’ai écrit au premier jour de l’entrée en guerre. Quoi qu’il se passe, les pays européens sont à nouveau totalement arrimés à l’OTAN, l’OTAN retrouvant une forme de légitimé pour le pire. Le monde est pour longtemps scindé. Mais il serait bon, malgré tout, que ces positions moralisantes et stérilisantes, faisant fi de la réalité, soient un petit peu plus contrebalancées par ce qu’elles signifient in-fine.

    • Les positions faisant fi de la réalité c’est en premier lieu des partis de gauche éloignés de toute guerre directe, qui donnent des leçons sur ce qu’il faudrait faire aux divers courants de gauche de là bas, d’Europe de l’est, qui sont en première ligne, que ce soit d’Ukraine, Pologne, Russie aussi, etc. Non ?

    • J’ai lu que Fourest était de gauche et qu’elle était désormais spécialiste aussi de l’Ukraine, et qu’elle avait un avis compatible avec les gauches premières concernées à la frontière barbare de l’Europe. Comme quoi, nos gauches aussi peuvent être OTAN-compatibles.
      Ça me fait sourire cette façon de délégitimer les raisonnements. Les « premières concernées » te disent que bon, on peut être de gauche, et pro-nucléaire.

    • Je n’ai vu aucun « raisonnement », j’ai vu que de l’ironie pour l’instant sans autre proposition que de rire aux nez des ukrainiens qui sont un peu pas très contents de se faire envahir par une méga puissance impérialiste aussi, parce que de l’autre côté c’est des méchants nucléaires aussi. Et donc ? Le vrai raisonnement au final c’est quoi ? La piste envisageable ? À part « faut pas critiquer le <guillemet ironique>méchant<guillemet ironique> russe » ?

    • « On » te parle de souveraineté des peuples, et tout ce que tu constates comme résultat, ce sont des bases américaines qui s’installent avec des missiles américains. C’est ça la souveraineté ? Comment peut-on prendre au sérieux ces gens qui te disent qu’ils sont de gauche et qui de fait ne font que te dire que tout cela est sans alternative ?
      Ceci dit, personnellement, je n’ai pas de solution. C’est en dehors de ma sphère d’influence, qui s’arrête à peu près à mon domicile et à mon bureau. Si j’osais, je dirais « à mon clavier ». Les ukrainiens, je les plains. Ils sont traités comme des afghans. Quoi que. Ils ont les cheveux blonds et les yeux bleus, ça semble mériter mieux que les afghans, quand ils arrivent chez nous. Mais pour ce qui est de leurs territoires, on ne leur donne pas le choix. Tout était entre les mains des américains, et en fait, ils s’en sont lavés les mains. Enfin... Je les ai vu les argumentaires expliquant que le coup machiavélique des russes de proposer un traité, c’était pour gagner du temps et préparer leur blitzkrieg, et qu’en fait, ce traité n’était pas sérieux, que c’était du même niveau de duplicité que Staline au siècle dernier. Donc, en fait, les américains, ils ont encore le beau rôle. Ils ont résisté en refusant de prendre ce traité au sérieux, puis ils ont expliqué que Poutine allait attaquer et que les sanctions seraient sévères, puis on nous demande maintenant de psalmodier que l’OTAN, c’est pas si mal et que les sanctions, c’est la seule solution, sinon c’est Munich.

    • Admises enfin, et c’est probablement le plus consternant, par une gauche institutionnelle et partidaire oublieuse de ses fondamentaux, qui, plutôt que de combattre pied à pied l’atroce laisser-mourir macroniste, a semble-t-il fait le choix de sacrifier notre sécurité sanitaire et sociale – et en particulier celle des plus fragiles – à de misérables calculs électoralistes, et se tient coite face à la catastrophe, comme si elle redoutait, à deux mois de l’élection présidentielle, de s’aliéner les hautes consciences « protestataires » pour qui la liberté ne s’arrête pas là où elle menace la vie des autres.

      Par cette gauche accommodée au pire, qui regarde ailleurs quand des collectifs lancent des appels désespérés à « des pratiques de réduction des risques » ayant de longue date fait leurs preuves, et « une autodéfense sanitaire sur nos lieux de sociabilité, les lieux militants, les lieux de travail et d’étude ».

      Par cette gauche qui a oublié la simple évidence que « ces pratiques ne sont pas tant des “sacrifices” que la recherche de la mise en cohérence de notre refus du darwinisme social et du validisme qui l’accompagne ».

  • Des gauches sans possibles ? Haud Guéguen et Laurent Jeanpierre
    https://aoc.media/opinion/2022/02/23/des-gauches-sans-possibles

    Si les gauches ne portent pas d’avenir lisible et désirable, comment pourraient-elles résister à la droite conservatrice ? Face à la désolation des partisans de l’émancipation, il nous faut déplacer le regard vers les potentialités et puissances de ceux qui contestent les pouvoirs en place. Dès lors, pensées critiques, projection utopique et partis de changements peuvent s’engager dans une voie de réconciliation, au bénéfice du plus grand nombre.

    La campagne pour l’élection présidentielle française illustre une fois de plus l’état de fragmentation et de décomposition des organisations politiques rattachées aux gauches. Elle témoigne aussi de la puissance inquiétante acquise par les thématiques portées par l’extrême-droite.

    Pour rendre compte de ce nouveau rapport de forces entre partis et entre cultures politiques, les facteurs matériels et organisationnels occupent une place prépondérante. La crise des organes d’expression des forces de gauche, l’éloignement social, politique et éthique de ses représentants vis-à-vis des groupes qu’ils représentaient, le financement et la démultiplication des titres de journaux, de revues et des chaînes promouvant les idées de droite et d’extrême droite, les transformations de l’actionnariat des médias, en sont, parmi d’autres, des causes essentielles.

    Crises de la critique

    Les facteurs intellectuels de cette transformation de l’échiquier politique dont nous sommes souvent les spectateurs atterrés ne sont pas pour autant négligeables. Parmi eux, il y a la distance voire la défiance, y compris à gauche, entre les professionnels de la politique et les idées des mouvements sociaux et intellectuels.

    De la contestation néo-conservatrice des savoirs critiques, en vogue actuellement en France, au mépris des universités au plus haut niveau de l’État, en passant par l’usage intermittent ou instrumental des sciences pendant la pandémie actuelle et pendant les campagnes électorales : plusieurs épisodes récents viennent rappeler la dévalorisation, dans le monde de la politique et parmi les formations d’extrême-droite, de droite mais aussi de gauche, des idées rigoureusement contrôlées ou discutées, de celles et ceux qui les font vivre. Peut-on prétendre améliorer ou réparer le monde si l’on n’est pas vraiment attentif aux idées nouvelles et à leurs conditions matérielles et socio-économiques d’élaboration ?

    Dans les universités et les laboratoires, c’est aussi la fragmentation qui domine, attisée sans doute par une tentation de repli face à l’hostilité croissante des pouvoirs, des médias et des politiciens. Du côté des sciences humaines et sociales, en particulier, les dernières décennies ont été marquées par une démultiplication des critiques de la réalité existante et des dénonciations des relations et des systèmes de pouvoir. Il y aurait lieu de s’en réjouir : l’état des choses est de plus en plus questionné et ausculté en vue de le rendre plus juste et plus vivable.

    Mais malgré la croissance continue des diplômés, et donc d’un public potentiel des discours universitaires, les effets politiquement bénéfiques de cette hypertrophie de la critique paraissent faibles. Les divisons partisanes ou programmatiques de la gauche reflètent aussi l’éclatement de la critique sociale. Plus grave : les condamnations de l’existant peuvent proliférer, elles restent trop souvent jugées hors sol et, en définitive, inoffensives. Rien ne semble enrayer le mouvement de déliaison entre pensées critiques et partis de changement en faveur du plus grand nombre. C’est même l’impression contraire qui domine : le hiatus entre champ politique et champ intellectuel est devenu tel que, plus les gauches se divisent et s’affaiblissent, plus les critiques de l’ordre social se spécifient et se complexifient à l’instar de ce que donne à voir la configuration nord-américaine.

    De cette situation vient sans doute le procès, devenu commun depuis quelques années, d’absence de véritable projet transformateur de la gauche. Certes, ce sentiment est d’abord la contrepartie directe de l’hégémonie des idées de droite extrême dans l’espace public. Car une diversité foisonnante de mesures, de réformes, d’alternatives concrètes et même – en période électorale – de programmes politiques coexistent en réalité dans le camp de l’autonomie, de l’égalité et de l’entraide. Mais derrière ce foisonnement de plus en plus large il manque tout de même un horizon clair, un dessein d’ensemble. Si les gauches ne portent pas d’avenir lisible et désirable, comment pourraient-elles résister aux droites conservatrice ou modernisatrice et à une extrême-droite n’ayant pour seule aspiration que de revenir à un passé fantasmé et défiguré ?

    La boussole des possibles

    Au cœur de cette dissociation entre critiques et politiques, entre programmes de mesures et tendances sociales de fond – véritable foyer de la crise des gauches depuis plusieurs décennies – il y a une ambivalence fondamentale sur ce qu’il faut tenir comme possible et sur la manière adéquate de s’y relier et d’en faire un principe d’action. Pour secondaire ou abstrait qu’il puisse paraître, ce problème est en réalité central d’un point de vue politique. Avant de le souligner, dissipons d’emblée un malentendu : évoquer les possibles, et leur meilleure appréciation, comme boussoles nécessaires pour transformer la réalité, ce n’est pas réduire le combat d’idées à une simple adaptation ou résignation à l’ordre existant.

    Pour beaucoup, le possible n’est d’ailleurs, au contraire, que le souhaitable, ce qui appelle à être réalisé, un idéal attendant sa propre mise en œuvre. Donnez-nous un « monde d’après », quelques fidèles plus ou moins nombreux pour y croire et s’en faire les prosélytes zélés, et vous obtiendrez, moyennant sans doute des oppositions farouches et des luttes féroces, un nouveau monde.

    Dit autrement : « Quand on veut, on peut » ; de la volonté suit la possibilité. Lorsqu’il n’est pas complice avec l’idéologie dominante du « tout est possible », ce volontarisme sans mode d’emploi, qui anime le désir de réforme plus ou moins radicale, est l’exact contraire de la stratégie. Voilà pourquoi, dans sa conception de la division du travail politique entre militants et intellectuels, le philosophe communiste italien Gramsci entendait corriger cet « optimisme de la volonté » partisane par le « pessimisme de l’intelligence » issu, selon lui, de la théorie marxiste. Ainsi concevait-il la rationalité pratique propre à son camp : comme une équation à la fois savante et intime entre la connaissance approfondie des contraintes de la réalité institutionnelle et sociale et les aspirations intraitables à modifier le monde capitaliste, entre une conscience des limites du possible dans une conjoncture donnée et un appel à leur franchissement indéfini.

    Près d’un demi-siècle après la mort du révolutionnaire italien, Raymond Williams, un autre marxiste, envisageait, quant à lui, un nouage différent du savoir et du vouloir pour les socialismes et les gauches. « Être vraiment radical, écrivait-il à l’adresse, d’abord, des intellectuels engagés, c’est rendre l’espoir possible plutôt que le désespoir convaincant ». Dans le champ de la critique et des sciences sociales, la formule – qui est loin d’avoir eu le même succès que celle de Gramsci – invite à de nouvelles expériences de pensée. Et d’abord celle-ci : plutôt que de partir des limites du possible, regardons les possibilités effectives ou latentes du présent.

    Après deux siècles d’enquêtes, les mécanismes de domination qui structurent l’ordre social sont en effet bien connus. Certes, leur inventaire ne peut jamais être achevé : il s’enrichit à chaque génération de nouveaux points de vue ; il demande à être actualisé à la lumière de l’histoire immédiate. Mais, pour les partisans de l’émancipation, les motifs de désespoir ne manquent pas. La défaite actuelle des gauches n’en est, au fond, qu’un composant supplémentaire. Face à cette impasse, une autre réflexion gagnerait à être renforcée : des raisons d’être des pouvoirs, déplaçons le regard vers les potentialités et puissances de ceux qui les contestent. De l’explication de l’existant, allons vers l’enquête sur les possibles.

    Aucun irénisme dans ce changement d’angle de vue : pas question de remplacer un verre d’eau à moitié vide par le même verre qu’on aura décrété à moitié plein. Pas question non plus de nourrir un nouveau catalogue sans fin de luttes « inspirantes » et de souhaits irréductibles – à quoi beaucoup de programmes politiques finissent par ressembler en période de compétition électorale. L’analyse des espérances d’une époque serait de peu de valeur théorique et pratique si elle n’allait de pair avec celle des obstacles qu’elles rencontrent.

    L’essentiel tient à ce qu’en imaginant l’avenir et en pensant l’action, le savant et le politique ne soient plus condamnés aux possibilités abstraites ni aux devenirs probables. Les utopies et les prévisions ont en effet été les techniques politiques privilégiées pour relier le présent à l’avenir et le savoir à l’agir. Les programmes (de cette élection comme des autres) en témoignent : vœux pieux et statistiques dialoguent et s’y succèdent toujours et encore.

    Or l’utopie tend à détacher l’avenir désirable du présent vécu ; et la prévision, à prolonger le passé pour prédire le futur. La première absolutise la distance du possible et du réel tandis que la seconde la dénie. Du jeu d’aller-retour et de miroir entre ces rapports à l’avenir dérive au passage le partage figé, et réducteur, entre révolutionnaires (« utopistes ») et réformateurs (« réalistes »). Entre ces deux manières usées de nouer la connaissance théorique et la politique transformatrice, il faudrait ménager une autre voie. Cette voie, c’est la recherche non pas de « possibles » préexistants en attente de leur réalisation mais de possibles à explorer et inventer, d’abord par une interprétation de ce que le présent rend ou non faisable : la recherche de possibilités réelles.

    Cartographie nouvelle

    Pour entamer cette quête, commençons par reconnaître que la définition du possible fait l’objet d’une lutte sans merci, que ce conflit est même l’un des ressorts fondamentaux de la politique moderne et des relations de pouvoir. La pandémie récente a livré de ce combat un concentré sans équivalent puisque nous y avons appris chaque jour à comparer et à opposer des prévisions épidémiologiques et économiques, à soupeser des anticipations du « monde d’après », à essayer de nous projeter souvent sans grands succès.

    Bourdieu l’avait bien vu dans ses Méditations pascaliennes, livre tardif dans son parcours, écrit pour cette raison en forme de bilan : au sein des « luttes à propos du sens du monde social », écrivait-il, celles qui portent sur « son orientation, […] son devenir, […] son avenir » représentent « l’un des enjeux majeurs […] : la croyance que tel ou tel avenir, désiré ou redouté, est possible, probable ou inévitable peut, dans certaines conjonctures, mobiliser autour d’elle tout un groupe et contribuer ainsi à favoriser ou à empêcher l’avènement de cet avenir ». C’est dans cette brèche que pourrait opérer un travail de cartographie de possibles « plus ou moins improbables », suggérait-il, apte à ouvrir l’avenir et à inciter à l’action.

    Apparaissaient aussi, en passant, les limites de la critique qu’il avait déployée jusqu’alors et du pari, qui avait été le sien, d’une politique de la prise de conscience des déterminations sociales et d’une mobilisation qui reposerait avant tout sur la diffusion d’une connaissance critique des dominations. La tâche inaugurale et irréductible d’un nouveau savoir ayant pour terrain le possible consiste alors à dessiner, avec le plus de précisions, le théâtre de la guerre symbolique pour la définition des possibles légitimes, tout l’arsenal des instruments de préemption et de canalisation des possibles – avec aujourd’hui, parmi eux, les algorithmes – opérées constamment par les puissances publiques et privées.

    L’enquête sur les possibles ne peut s’arrêter au dessin de ces lignes de front. Elle doit aussi s’attacher à reconstruire l’ensemble de forces immanentes représentées par les formes théoriques et pratiques de l’espérance. Les questions à traiter sont nombreuses. Qui espère et qui est résigné ? Autrement dit : sachant qu’il est établi que la « capacité à espérer » n’est jamais distribuée de manière égale dans la société et qu’elle tend à diminuer ou à osciller avec les ressources et les discriminations subies, à quelles conditions sociales peut-on accéder à un possible distinct du probable de la destinée comme de la rêverie sans lendemain ? Et l’enquête, de se poursuivre à partir de là.

    Quels sont dès lors les effets concrets et visibles des convictions utopiques ? Où sont les institutions et expérimentations alternatives et contre-hégémoniques et quels sont, dans la multitude des secteurs d’activité sociale (santé, écologie, culture, école, production, alimentation, énergie, etc.), leurs visées, leurs contenus, leurs manières de fonctionner et de dysfonctionner ? À quelles conditions peuvent-elles s’améliorer, survivre et se multiplier ? Comment la puissance publique pourrait-elle, pour peu qu’elle le souhaite, favoriser leur développement et leur viabilité ? Et comment l’hypothèse de la catastrophe écologique transforme-t-elle toutes les pratiques de projection et d’espérance ? Au fil d’une recherche qui serait guidée par ces interrogations, c’est toute une carte des possibles, avec les dynamiques qui les soutiennent et les divers obstacles qu’elles rencontrent, qui est susceptible d’apparaître.

    Arrimer l’imagination politique à une effectivité déjà existante : l’examen historique montre par ailleurs que ce projet intellectuel n’a rien d’extravagant ni d’abstrait. Il aura même traversé avec insistance les gauches historiques et la pensée socialiste, une certaine philosophie marxiste ou postmarxiste (qui irait de Ernst Bloch et les théoriciens de l’École de Francfort à Cornelius Castoriadis) et l’essor des sciences sociales (de Gabriel Tarde à Luc Boltanski, sans oublier Marx et Weber, à l’origine de ces questionnements). Pour aborder l’avenir, les socialistes du XIXe siècle n’avaient en effet pas séparé la science, l’utopie et l’émancipation.

    Le XXe siècle et, avec lui, une grande partie de la tradition communiste comme les nouvelles disciplines des sciences de l’homme et de la société ont au contraire dissocié ces pratiques au point même d’opposer sans nuances les faits et les conjectures, la science de l’histoire et la projection utopique, toujours au détriment du second terme. Voilà pourquoi le fantasme encore vif de l’ingénierie sociale a tant contribué aux atrocités inoubliables des cent dernières années. La cartographie des espoirs et des possibilités pratiques que nous voudrions développer ne saurait se confondre avec leur planification.

    En termes de savoir comme de politique, l’enjeu d’une science sociale du possible n’est pourtant pas spéculatif avant tout, mais bel et bien stratégique. Il s’agit de dépasser l’injonction écrasante à la Realpolitik sans sombrer dans l’idéalisme ou l’utopisme abstrait.

    Quelques mois d’une campagne électorale n’y suffiront assurément pas. Formuler et promouvoir une telle perspective de recherches peut même paraître à mille lieues des problèmes de l’élection présidentielle. L’adoption éventuelle d’un meilleur sens du possible n’en est pas moins d’autant plus urgente à un moment où la réalité de l’anthropocène modifie en profondeur les temporalités et les marges de l’agir politique.

    L’utopisme renouvelé et réflexif dont ont besoin les gauches, et que peuvent alimenter les théories et les sciences sociales, n’a pas vocation à se substituer à l’engagement et à la mobilisation. Mais sans son concours, toutes les bonnes volontés pourraient bien se heurter à la décomposition en cours, et les conceptions hors sol du possible nourrir à nouveau un sentiment amer d’impuissance puis de désolation.

     

    NDLR : Haud Guéguen et Laurent Jeanpierre viennent de publier aux Éditions La Découverte La perspective du possible. Comment penser ce qui nous arrive, et ce que nous pouvons faire.

    #gauche #gauches

  • Tout ce qui bouge n’est pas jaune – A propos du « convoi des libertés »
    https://paris-luttes.info/tout-ce-qui-bouge-n-est-pas-jaune-15732

    "Faire du convoi de la liberté une "rupture" ou un "surgissement inédit" pour mieux le rapprocher des gilets jaunes permet d’occulter ces filiations, et avec elles l’ensemble des ambiguïtés des mobilisations contre le pass sanitaire.

    Il faut rappeler que de nombreuses analyses ont montré que ces mobilisations n’étaient pas spontanées. On trouve à la manœuvre des climato-sceptiques recyclés dans le covido-négationnisme, des réseaux complotistes ou d’extrême-droite. Dire que ces collectifs sont à la manœuvre n’implique pas que l’ensemble des participant-e-s à ces mobilisations étaient d’extrême-droite ou conspirationnistes. Nous ne disons pas non plus qu’il n’existait pas dans ces manifs des postures individuelles opposées au pass sanitaire tout en étant favorable à des mesures de protection face au virus. Cela signifie cependant que les mobilisations n’ont pas été noyautées par l’extrême-droite, mais bien d’avantage impulsées par elle. Si noyautage il y a eu, cela a été du fait de forces militantes de gauche. Et, pour notre part, nous considérons que ces tentatives de noyautage ont été un échec. La raison principale en est que l’horizon esquissé par ces mobilisations ne saurait être compatible avec ce qu’il nous faut appeler, faute de mieux, des valeurs (ou affinités) émancipatrices."

    #convoi #tracerdeslignes #antifascisme #toutsequibouge...

  • Solidarität statt offene Grenzen ! | Rubikon
    https://www.rubikon.news/artikel/solidaritat-statt-offene-grenzen

    10.8.2018. von Hans-Jürgen Bandelt - Mit ihrer Hetze gegen Heimatgefühle stärkt die Lifestyle-Linke den neoliberalen Wahn.

    „Solidarität statt Heimat“ — welch abartige Gegenüberstellung, die als Aufruf (a) bereits mehr als 12.000 Intellektuelle aus dem mutmaßlich linken Milieu unterzeichnet haben! Denn Solidarität und Heimat betreffen völlig verschiedene Ebenen. Und vieles wäre vorab zu klären: Für was oder gegen was und überhaupt mit wem soll wer solidarisch sein? Und was ist Heimat? Solidarität mit den Ausgebeuteten und Unterdrückten ist zu üben, in der Heimat wie international. Offene Grenzen sind als Phantasmen zurückzuweisen.

    Solidarität statt Heimat

    Im Sommer und Herbst der Großen Migration war die Welt scheinbar noch in Ordnung: Es gab sie, die Willkommenskultur. Sie wurde gefeiert – ach, wie war das schön und gut. Aber sie war von oben verordnet: „Wir schaffen das!“ war der Zuruf der Bundeskanzlerin an die Zivilgesellschaft und meinte doch übersetzt: Kümmert Euch gefälligst um die, die da in Massen kommen, wir – der Staat – tun es nicht, wir verwalten nur notdürftig – oder erst mal gar nicht.

    Und die Menschen glaubten tatsächlich, daß sie es schaffen könnten. Das konnte so nicht gutgehen, da es nie zuvor eine konsequente Integrationskultur in Deutschland staatlicherseits gegeben hatte.

    Asylanten waren dem Staate immer lästig. Und wenn man sie am Ende nicht loswerden konnte ohne Gesichtsverlust, mußten sie um jeden Sprachkurs, jede Integrationsförderung kämpfen und ansonsten halt sehen, wie sie klarkamen in dieser Gesellschaft.

    Sie schafften sich Subkulturen – generationsübergreifend. Jener denkwürdige Herbst rief ein Nachspüren und Nachdenken hervor, und kritische Stimmen meldeten sich, die die Merkelsche Inszenierung gar nicht gut fanden.

    Nun hat sich ein linksliberales Willkommensmilieu tief getroffen gefühlt und sendet Signale an die Kritiker, um sie als unsolidarische Hetzer zu brandmarken: „Wir erleben seit Monaten eine unerträgliche öffentliche Schmutzkampagne, einen regelrechten Überbietungswettbewerb der Hetze gegen Geflüchtete und Migrant*innen, aber auch gegen die solidarischen Milieus dieser Gesellschaft“ – so lautet es im Aufruf „Solidarität statt Heimat“, den jüngst Intellektuelle aus dem mutmaßlich linken Milieu unterzeichnet und ins Netz gestellt haben.

    Daß von „Geflüchtete und Migrant*innen“ im politisch korrekten Gender-Neusprech statt von „Flüchtlingen und Einwanderern“ in normalem Deutsch gesprochen wird, läßt erahnen, daß hier die Postmoderne die Hand der Aufrufschreiber geführt hat.

    „Wenn diese Welt noch nicht gut ist, darf man sie nicht als gut verteidigen. Und deswegen muss man auch jene kritisieren, die unablässig die Schönheit dieser Welt hervorheben. Das sind die liberalen Moralisten. Sie sind konservativ. Derjenige, der aus Liebe zur Welt handelt, ist progressiv. Er hat noch etwas vor. Er will noch vorankommen. Deswegen kritisiert er.
    Er kritisiert nicht aus rechter Ideologie. Nein, er kritisiert aus Liebe. Aus Liebe zur Welt. Er denkt auch an die, die im Denken eines ,progressiven Neoliberalismus‘ ausgeschlossen sind. Er denkt an die Ausgebeuteten und die Abgehängten. Gerade für sie will er vorankommen. Das ist Liebe. Solidarität. Und genau deswegen muss der liberale Moralismus auch kritisiert werden. Gerade jener, wie er sich in der Flüchtlingspolitik offenbarte“ (Nils Heisterhagen: Die liberale Illusion, J.H.W. Dietz Nachf., 2018, S.24f).

    Heimat

    „Heimat ist ein wesentlicher Teil der Identität! Warum ist das so? Weil Heimat eine Vertrauenswelt darstellt“ (1). Heimat ist ein positives Grundgefühl vieler Menschen, was es ihnen erst ermöglicht, solidarisch zu sein mit anderen Menschen. Aber es ist doch mehr als nur so irgendein Gefühl: Es ist an eine größere, teils lose Gemeinschaft und nicht nur auf die eigene Kernfamilie bezogen. Und damit ist es an einen Ort oder mehrere Orte gebunden. Insofern verkürzen den Begriff Heimat sowohl Mojib Latif, wenn er charmant vorträgt „Heimat ist dort, wo meine Frau ist“, als auch Herbert Grönemeyer, wenn er gepreßt singt „Heimat ist kein Ort, sondern ein Gefühl“.

    Auch die Kulturanthropologin Carola Lipp sagte in einem Interview, daß Heimat immer eine territoriale Komponente hat (2). Und weil uns das Heimatgefühl so wichtig ist, wird dieses immer wieder durch eine reaktionäre Politik von Parteien wie CSU und AfD instrumentalisiert.

    Wenn DIE LINKE nun mit dem Begriff Heimat fremdelt, weil es einen Seehofer und ein Heimat-Ministerium gibt, so schüttet sie das Kind mit dem Bade aus.

    Dadurch, daß nicht nur der politische Mißbrauch abgewiesen wird, sondern auch die individuelle Vorstellung von Heimat dabei verdammt wird, werden gerade die Menschen der Unterschicht, die sich nicht einmal in kleinsten Dosen die Illusion eines kosmopolitischen Lebens leisten können, auch noch ihrer Gefühle enteignet.

    Das ist die Ignoranz und Arroganz der hippen und selbstgerechten, oberen Mittelschicht und unteren Oberschicht. Die Unverbundenheit mit ihrer Umgebung ist dem flexiblen Kosmopoliten eigen: Ihm ist die alte Heimat fremd geworden, weil er sich im Zuge seiner globalen Karriere hat entwurzeln lassen. Er ist immer bei seinesgleichen und nirgendwo richtig zuhause, nirgendwo wirklich solidarisch mit den Menschen, die ihn zufällig umgeben und ihm dienstbar sind. Solidarität kennt er nur abstrakt als moralischen Imperativ. Die Selbstgerechtigkeit, die ihn einhüllt, nimmt er als Heimatersatz überall mit hin.

    Solidarität

    „Vorwärts, nicht vergessen, die Solidarität“ – hatte 1931 einst Ernst Busch gesungen. Welche Solidarität hatte er gemeint? Die der Arbeiterklasse. Denn nur vereint kann sie sich der Ausbeutung erwehren. Das war früher nicht anders als heute. Nur, was heute anders ist: Wer fühlt sich noch zur Arbeiterklasse gehörig? Der Arbeitslose, der Leiharbeiter, der Handwerksgeselle, der noch vom Jobcenter geförderte Scheinselbstständige oder der jeder Willkür ausgesetzte Lehrbeauftragte an einer Universität? Viele Schichten gibt es und scheinbar wenig Gemeinsamkeiten.

    Oder sollten wir an die Flüchtlinge denken und meinen, sie seien der neue Messias der Arbeiterklasse, der alle eint? Auch wenn kein Schwan, sondern ein Rettungsschiff sie brachte. Daniela Dahn fragte dazu (3): „Sind die Flüchtenden das ersehnte revolutionäre Subjekt, das Egalisierung und Ökologisierung zwangsläufig vorantreibt? Endlich eine Globalisierung von unten? Prekarier aller Länder vereinigt euch!“

    Nein, eine Globalisierung von unten kann es nicht geben, dazu haben die Unterprivilegierten nicht die Mittel und Möglichkeiten, die die herrschende Klasse hat, die global bestens vernetzt ist. Und auch das World Wide Web wird eines nicht so fernen Tages ganz und gar von den Mächtigen kontrolliert und zugeteilt werden.

    Und ebensowenig sind die Flüchtlinge selber revolutionäre Subjekte, denn die, die zu uns kommen, wollen nur ihr Leben retten, was ihr gutes Menschenrecht ist, und hoffen, wohl vergeblich, auf ein menschenwürdiges Dasein hierzulande.

    Solidarität kann nicht direkt im Weltmaßstab funktionieren, sondern sich nur unmittelbar in Dialogen und Aktionen entwickeln. Zunächst in einem begrenzten Bereich des Kontaktes, wo Menschen in ähnlicher Weise der Ausbeutung unterliegen. Solidarität ist keine wohlfeile Gesinnung, die man wie eine Monstranz vor sich herträgt, sondern aktives Handeln, wo immer sie gefragt ist – im Klassenkampf gegen Ausbeutung und Unterdrückung.

    Wer also die unbedingte und globale Solidarität preist und gleichzeitig eine beliebte Politikerin, die Ikone der Linken, in die Nähe von Rassisten rückt, muß wohl etwas anderes mit Solidarität meinen. Denn Solidarität meint auch Konsens – und der ist in der Postmoderne mit ihrem ungehemmten Subjektivismus nicht mehr gefragt, sondern nur der Kampf gegen die Anderen, die man dämonisiert.

    Wie es im Solidaritätslied klingt „Unsre Herrn, wer sie auch seien, sehen unsre Zwietracht gern, denn solang sie uns entzweien, bleiben sie doch unsre Herrn“, so ist es auch heute.

    Die Zwietracht, die die urbanen Mittelschichtler – und mit ihr die akademischen Aufrufer zu „Solidarität statt Heimat“ – sähen, nützt genau diesen Herrn – den Profiteuren des Neoliberalismus.

    Denn sie wollen keine Grenzen respektieren, die sie daran hindern könnten, nach Belieben Finanzkapital hin- und herzuschieben und Humankapital, von wo auch immer, einzusetzen und auszubeuten.

    Offene Grenzen
    „Fernziel muss eine Welt sein, in der jeder leben kann, wo er will. Ein Privileg, das die Reichen längst haben“, drückt Daniela Dahn wohl das aus, was wohl auch viele der Aufrufunterzeichner denken mögen (3). In der Tat ist sie damit nicht allein – viele in DER LINKEN würden die naive Forderung „Jeder Mensch muss das Recht haben zu wählen, wo sie oder er leben möchte“ unterschreiben (4). Wir leben aber nicht in Utopia, wo alle Menschen einander wohlgesonnen sind und sich mit Wertschätzung begegnen.

    Wollen wir, die wir uns noch Menschlichkeit bewahrt haben, wirklich rücksichtslos wie manche Superreiche leben? Reiche wollen natürlich nicht mit den Menschen in einer Favela in Rio leben, sondern suchen sich global die abgegrenzten Sahnestücke an Villen mit grandiosem Seeblick und guter Flughafenanbindung aus. Wenn das nun alle wollten – wie sollte das gehen?

    Jenes „Fernziel“ ist eine Utopie mit Geschmäckle. Denn Siedlerkolonisten haben zu allen Zeiten diese sogar als Nahziel gehabt: Sie haben sich das Recht herausgenommen, da zu siedeln, wo sie wollten und wo andere bereits lebten – mit den fatalen Konsequenzen von Ermordung, Vertreibung und Einsperrung der Indigenen, wie einst in Amerika, Südafrika und aktuell noch in Palästina.

    Der Chefkommentator der rechtskonservativen WELT begrüßte jüngst das neue rassistische Nationalitätengesetz Israels und brach in Bezug auf den jüdischen Staat Israel in ekstatischen Jubel aus: „Er ist die Verwirklichung eines Ideals von Heimat, einer Heimat, die die geschundenen Juden über Jahrhunderte ersehnt haben und sich erobern mussten“ (5). Ja, genau, sie haben ihre neue Heimat erobert, nur halt auf Kosten der Palästinenser, die sie massenhaft ermordet, vertrieben oder in Freiluftgefängnisse eingepfercht haben im Laufe der letzten sieben Jahrzehnte.

    Staatsgrenzen haben gerade auch die Funktion, diejenigen, die in einer großen Gemeinschaft leben, zu schützen, indem bestimmte Gesetze nicht verletzt werden dürfen und gewisse Regeln zu beachten sind. Ein globaler Raubtierkapitalismus kann so zunächst daran gehindert werden, ungehemmt seinen Raum des Ausbeutens beliebig zu erweitern.

    Israel hat übrigens keine offiziellen Staatsgrenzen, so daß die Palästinenser unter der Besatzung und Lufthoheit des israelischen Militärs ungeschützt bleiben und der israelische Staat der privilegierten Juden weiterhin Eroberungspolitik auf Kosten der Palästinenser machen kann. Hier rächt sich das Versagen der Weltgemeinschaft, die nicht beizeiten Israel angeklagt und isoliert hat.

    Grenzen erinnern selbst flüchtige Besucher, daß andere Gemeinschaften andere Sitten und Gebräuche haben, die auch bewahrt werden wollen. So heißt es schon bei Ankunft auf dem Narita Airport mit großen Lettern (seit mehr als einem Vierteljahrhundert): „Welcome to Japan. Please respect the rules. (Willkommen in Japan. Bitte respektieren Sie die Regeln.)“ Da hält man erst einmal inne.

    Eine ungeregelte Freizügigkeit – außer in humanitären Notsituationen – kann es nicht ohne Konflikte geben. „Als international anerkanntes Menschenrecht bezieht sich Freizügigkeit allein auf das Recht eines Bürgers, das eigene Land zu verlassen und wieder dorthin zurückzukehren“ (6). Selbst Staaten müssen nicht absolute Freizügigkeit innerhalb ihrer Grenzen gewährleisten, im Sinne eines postulierten Gemeinwohls, wie das Beispiel der Volksrepublik China lehrt.

    Grenzenlose Utopien

    Wer offene Grenzen, also absolut ungehemmte Freizügigkeit will, müsste eigentlich Staatsgebilde grundsätzlich ablehnen, also einer anarchistischen Utopie folgen. So wie dies seit rund zwanzig Jahren die deutsche Bewegung „Kein Mensch ist illegal“ und das europäische „No-Border-Netzwerk“ tun.

    Nun ist nichts gegen Utopien einzuwenden, seien es anarchistische, kommunistische, christliche oder andere, solange sie auf einem Humanismus gegründet sind, Orientierungen geben und Gedankenspiele bleiben. Man wird doch noch träumen dürfen. Problematisch wird es allerdings, wenn man meint, hier und heute Teile von Utopien realisieren zu wollen – inmitten eines neoliberal-kapitalistischen Umfelds, ohne die Grundfeste des ökonomischen Systems anzugreifen und anzutasten. Die Teilutopien, die dann scheinbar real umsetzbar sind, werden dann genau die sein, die dem Neoliberalismus dienstbar sind.

    „Naiver Kosmopolitismus bringt niemanden weiter. (...) Denn von Globalisierung hat bislang im Grunde nur das Kapital wirklich profitiert. Und die ,neuen Liberalen‘, die ,neuen Linken‘, die helfen seit Jahren dem Kapital dabei, wirklich zu profitieren“ (Nils Heisterhagen).

    Wer Utopien unmittelbar in seiner Tagespolitik verfolgt, ist naiv, weil er die Folgen nicht bedenkt. Früher hieß es im Klassenkampf: Man muß den Klassenfeind studieren, also damals etwa FAZ lesen. Heute ist jeder nur mit seinem beruflichen Vorankommen, seinen sichtbaren Moralattributen auf Facebook und mit der Resonanz in seiner Blase beschäftigt.

    Wer das Edle propagiert, veredelt sich selbst. Offene Grenzen gelten als edel. Und diese beziehen sich nicht nur auf Staatsgrenzen.

    Grenzen im Bildungssystem wurden längst schon ausgemacht. Und die sollen natürlich erst recht weg: Keiner soll ausgegrenzt werden – so lautet die postmoderne Illusion. Ein mehrgliedriges Schulsystem, was allen – je nach Begabung und Nöten – das Beste für jeden bringen soll, ist demnach grundsätzlich böse und schlecht. Konsequenterweise hat sich die Idee von der inklusiven Einheitsschule in das linke Gedankengut eingeschleust. So heißt es im Wahlprogramm DER LINKEN:

    „Eine gute Schule für alle ist eine Schule in der das längere gemeinsame Lernen individuell und gemeinschaftlich so gestaltet wird, dass sich die Kinder und Jugendlichen zu mündigen, lebensfrohen, friedfertigen, weltoffenen und kompetenten Bürgerinnen und Bürgern entwickeln“.

    Naiver ließe sich das kaum formulieren – und obendrein noch Flagge zeigend mit Gender- und Kompetenz-Neusprech. Das könnte die Bertelsmann-Stiftung – aus ganz anderen Interessen – nur voll unterstützen. Ein Zitat von Gernot Bodner (siehe unten) paraphrasierend könnte ebenso Bezug auf unser Bildungssystem nehmen: „Bei ein wenig historischem Gedächtnis ist es schwer zu begreifen, wie das mehrgliedrige Schulsystem für die Linke zu einem derartigen Synonym für das Böse werden konnte.“

    In den sechziger und siebziger Jahren haben vor allem die Kinder aus der Arbeiterklasse einen Bildungsschub erlebt, der ihnen einen Aufstieg bis hin zur technischen und politischen Elite erlaubte. Leider auch einem Gerhard Schröder. Hingegen ist die inklusive Einheitsschule langfristig billiger und bei sinkender Einflußnahme der Lehrer den Eingriffsmöglichkeiten von außen (vom Kapital) stärker ausgeliefert.

    Unterzeichner

    Haben wirklich alle, die den Aufruf unterzeichnet haben, verstanden, worum es geht beziehungsweise worum eben nicht? Wenn es dann hervorgehoben lautet „Nennen wir das Problem beim Namen. Es heißt nicht Migration. Es heißt Rassismus“, dann kann man sich nur wundern, wieso das das Problem sein sollte – hier in Deutschland oder überhaupt in Europa. Unser Hauptproblem ist immer noch der Neoliberalismus, der dabei ist, seinen finalen Sieg zu erringen (7). Die Folgen sind doch hinreichend bekannt: weiterer Demokratieabbau, Tiefer Staat, weiteres Öffnen der Schere zwischen Arm und Reich, stärkere Militarisierung und mehr Beteiligung an illegalen Kriegen und so fort.

    Nicht für alle Unterzeichner des Aufrufs gilt die Unschuldsvermutung. Die drei Mitglieder des Fraktionsvorstands DER LINKEN, Caren Lay, Petra Pau und Bernd Riexinger, wußten genau, was sie da taten, nämlich faktisch zur Spaltung DER LINKEN aufzurufen. In einem Interview mit der jungen Welt vom 22. Juni 2018 erläuterte eine Verfasserin des Aufrufs:

    „Wir leben lange schon in einer Gesellschaft, in der gut 20 Prozent rassistische Auffassungen vertreten – aber im Grunde ist das eine Ideologie, die nicht nur in AfD und CSU zu finden ist, sondern bis weit in die Linke hineinreicht. Dass mit der Sammlungsbewegung um Sahra Wagenknecht ein nationalistischer Versuch von links gestartet wurde, war der Punkt, wo wir aktiv geworden sind“ (8).

    Das ist eine maßlose Unterstellung („20 Prozent rassistische Auffassungen“, „nationalistischer Versuch“) und eine direkte Verleumdung der Fraktionsvorsitzenden Sahra Wagenknecht obendrein. Wer so spricht und schreibt, hat nicht verstanden, was Linkssein bedeutet und was demokratische Spielregeln im Umgang miteinander sind. Ein Arbeiter oder Arbeitsloser kann sich da nur fragen, ob denen da in ihrer Blase nicht ihr elitäres Weltbild komplett entrückt ist. Hier tut sich ein tiefer Graben auf.

    Pikanterweise schrieb ausgerechnet die Geschäftsführerin der parteinahen Rosa-Luxemburg-Stiftung dem Verfasser einer Studie, der hart mit der antikommunistischen Geschichtsklitterung DER LINKEN in Thüringen und ihrer Führung ins Gericht ging, im April ins Stammbuch, daß „heute mehr denn je eine linke Grundsolidarität vonnöten“ sei (Ludwig Elm: Rechte Geschichtspolitik unter linker Flagge, pad-Verlag, 2018).

    Ja, aber eine solche Solidarität gibt es schon lange nicht mehr. Zum Zeitpunkt ihrer Gründung war DIE LINKE noch eine Sammlungsbewegung mit einer gemeinsamen Ausrichtung trotz unterschiedlicher Positionen, jetzt ist sie zu einer postmodern gewendeten Ausgrenzungsbewegung mutiert. Ach ja, die Vorstandsvorsitzende der Rosa-Luxemburg-Stiftung hat den Aufruf auch unterschrieben.

    Die Parteigänger DER LINKEN haben in großer Zahl den Aufruf unterstützt. Aber nicht allein sie sind dabei, sondern auch mehrere Mitglieder der kleinen Deutschen Kommunistischen Partei (DKP). Ja, sie ist noch nicht abgewickelt, erscheint aber politisch wirkungslos, da sie in erster Linie mit sich selbst beschäftigt und gespalten ist auf der Suche nach der richtigen Imperialismustheorie.

    Ein kleiner Verein („marxistische linke – ökologisch, emanzipatorisch, feministisch, integrativ e.V.“), der eine Brücke zwischen Teilen DER LINKEN und der DKP und Sympathisanten, die „die sich dem lebendigen, beweglichen Marxismus verbunden fühlen“, schlagen will, ist mit mehreren Unterzeichnern auch dabei: Unterschrieben haben die beiden Vereinsgründerinnen und mindestens vier weitere Mitglieder.

    Das „Institut Solidarische Moderne“, unterstützt von der Vorsitzenden DER LINKEN, Katja Kipping, hat einen breiten Vorstand, aus dem heraus viele jenen unsolidarischen Aufruf unterzeichnet haben, insbesondere auch ihr Sprecher, einige Sozialdemokraten und zwei Mitglieder jener Marxistischen Linken. Offenbar wird mit diesem Institut intensive Netzarbeit auf verschiedenen Ebenen geleistet. Man nennt das dort wohl Bündnisarbeit. Und bleibt doch unter sich.

    Der Riß geht also quer durch DIE LINKE, die DKP und die SPD und verläuft offenbar zwischen den angeblich beweglichen und den unbeweglichen Teilen. Sind die beweglichen Teile, wohl die dynamischen, etwa die, die mit dem flexiblen Kapitalismus (sprich: Neoliberalismus) ihren ideologischen Frieden gefunden haben? Und sind die unbeweglichen Teile, wohl die dogmatischen, gerade die, die noch etwas vorhaben und noch vorankommen wollen in ihrer Welterkenntnis?

    Es haben viele Mitglieder der absterbenden SPD unterzeichnet, 45 an der Zahl. Und viel mehr Parteigänger der GRÜNEN. Und noch mehr offenbar Parteilose. Niemand von der CDU/CSU, der FDP oder der AfD. Paßt schon. Nicht unterschrieben hat übrigens der IG-Metall-Vorstand Hans-Jürgen Urban, weil, wie er in einem Interview sagte, „dieser Aufruf neben den offenkundigen anti-rassistischen Botschaften, denen ich mich anschließe, auch eine versteckte Agenda enthält. Diese will nicht nach außen einigen, sondern nach innen polarisieren und spalten. Und diese Agenda will ich nicht unterstützen, ich halte sie für fatal“ (9). Das ist sie in der Tat – und markiert womöglich den Anfang vom Ende der Linkspartei, so wie sie jetzt besteht.

    Begriffsverdrehung

    Das hilflose Aufbegehren mancher, die das Heil in der Unterstützung rechtspopulistischer Gruppen suchen, ist ein ernstes Symptom, das das Versagen der postmodernen Linken signalisiert. Und das nicht nur in Deutschland. Rassismus ist dabei nicht das Problem, das als Schreckgespenst hysterisch bekämpft werden muß. Es gab immer und gibt wirkliche Rassisten. Und für die sollte die derzeitige Gesetzgebung hinreichen, um sie, wenn nicht zu läutern, doch wenigstens für ihre Gewaltaktionen und Haßaufrufe zu bestrafen.

    Die übergroße Mehrheit derjenigen, die heutzutage als Rassisten und Antisemiten bezeichnet und verleumdet werden, sind gar keine, sondern nur politische Feinde des Mainstreams, die mit größtmöglichem Haß ausgegrenzt und dämonisiert werden sollen – ganz im Sinne des Neoliberalismus.

    Dabei werden Begriffe im neoliberalen Neusprech zwecks Ausgrenzung der unerwünschten Kritiker schlicht umgedeutet.

    Das fängt schon an mit dem Begriff Nation. Dieser wird inzwischen bei gewissen Linken negativ konnotiert und in einem Atemzug mit Nationalismus genannt. Die Bejahung der Nation hat aber nichts mit Nationalismus zu tun, im Sinne eines übersteigerten Nationalgefühls. Der Wiener Gernot Bodner schrieb jüngst:

    „Bei ein wenig historischem Gedächtnis ist es schwer zu begreifen, wie der Nationalstaat für die Linke zu einem derartigen Synonym für das Böse werden konnte. (...) Der Nationalstaat war der Ort des sozialen Ausgleichs (Sozialstaat) und der parlamentarisch-demokratischen Steuerung. Von ihm ging die Aushandlung internationaler Bündnisse mit anderen Staaten aus. (...) Der Nationalstaat als Ort des Eingreifens in wirtschaftliche, soziale und politische Entwicklungen hat nie aufgehört zu existieren und wird nun in seiner Rolle neu definiert. Die Rechtspopulisten greifen dazu auf ihre völkischen Ideen einer ausschließenden Nation zurück. Die Linke braucht dagegen ein überzeugendes alternatives Narrativ der Nation als Ort demokratischer Willensbildung, sozialen Solidarität und Völkerverständigung“ (10).

    Der Historiker Klaus-Rüdiger Mai meinte:

    „Denn die meisten Bürger wollen zuallererst einen funktionierenden Staat, der an jedem Ort im betreffenden Land seine Hoheitsrechte durchzusetzen vermag – was an den Grenzen beginnt – und der in der Lage ist, eine solidarische Absicherung seiner Bürger gerecht zu organisieren.“

    „Und wie selbstgerecht ist es, den Bezug auf den Nationalstaat und das Verlangen nach Souveränität als gestrigen Nationalismus zu geißeln, wenn für eine erdrückende Mehrheit der Menschen genau dieser Nationalstaat ein zentraler positiver Bezugspunkt bleibt?“ schrieb Sebastian Müller (11).

    Milton Friedman sagt:

    „Man kann einen Sozialstaat haben und man kann offene Grenzen haben, aber man kann nicht beides zugleich haben“ (12).

    Das wird von manchen liberalen Autoren (Jakob Augstein und Rainer Hank) auch sofort eingesehen, die dann prompt daraus folgern, daß der Sozialstaat eben abgebaut werden müsse (13). Und das genau ist ein Ziel des Neoliberalismus. Klingelt es jetzt beim Stichwort „Offene Grenzen“?

    Wundert es nun, daß die ärmeren Bevölkerungsschichten, die ganz besonders auf den Sozialstaat angewiesen sind, genau spüren, daß sie vom linksliberalen Mainstream verraten und verkauft werden und sie es sind, die die Zeche für ungehemmte Einwanderung zahlen sollen? Wundert es dann, daß sich diese Schichten von den linken Moralisten und Selbstgerechten abwenden und überproportional AfD wählen?

    Obendrein werden sie, die ökonomisch in der Abwärtsspirale hängen, dann noch von denen, die ihr schönes linksliberales Lebensgefühl weitgehend unbeschwert genießen können, als Rassisten diffamiert. Mit Verteilung solcher Wutetiketten wird also massiv Wahlkampfhilfe für die AfD betrieben.

    Ein Sozialdemokrat kommentierte auf den Nachdenkseiten: „Liebe Genossen, Ihr habt nicht mehr alle Tassen im Schrank, wenn Ihr so weitermacht und berechtigte Kritik an ungehemmter Zuwanderung mit menschenverachtendem Rassismus gleichstellt und damit den Rassismus trivialisiert. (…) So wird das nix mit rot-rot-grün“ (14).

    Rassismus

    Rassismus ist zu einem Kampfbegriff der linksliberalen Eliten geworden. Damit geht einher, daß im neoliberalen Zeitalter der Rassismusbegriff unzähligen Erweiterungsversuchen unterworfen wurde. Alltagsrassismus ist auch ein solch unzulässiger Begriff, weil da eher Ressentiments gemeint sind. Fremdenfeindlichkeit kann auch nicht unter Rassismus subsumiert werden. Und die feindselige Einstellung gegenüber einer bestimmten Religion ebensowenig.

    Es gibt eben ein ganzes Spektrum vom pauschalen Ablehnungsmöglichkeiten. Die Sprache ist reich genug, diese alle zu benennen und zu unterscheiden. Man muß nur wollen. In derzeitigen Diskursen scheinen jedoch alle Ausgrenzungsarten in Rassismus zu kollabieren, weil damit ein größerer Abschreckungseffekt erzielt werden kann.

    Die folgende populäre „Definition“ von Albert Memmi ist eine überschießende und somit unzulässige Verallgemeinerung (15): „Der Rassismus ist die verallgemeinerte und verabsolutierte Wertung tatsächlicher oder fiktiver Unterschiede zum Nutzen des Anklägers und zum Schaden seines Opfers, mit der seine Privilegien oder seine Aggressionen gerechtfertigt werden sollen.“

    Denn der im Worte Rassismus enthaltene unwissenschaftliche Begriff Rasse (der im Falle von Menschen kein biologisch begründbares Konzept ist) nimmt auf jeden Fall Bezug auf eine mutmaßlich biologische, also mutmaßlich ererbte Form einer äußerlichen Eigenschaft, die sich somit auf eine gesamte Gruppe bezieht, die einer bewertenden Diskriminierung unterliegt.

    Wohin die Aufblähung des Rassismusbegriffs führt, kann man bei dem Sprecher des Instituts Solidarische Moderne (das heißt wirklich so), Thomas Seibert, lernen:

    „Rassismus liegt dort vor, wo Menschen nach entsprechenden Merkmalen selektiert werden: in solche, die hierhergehören, und solche, die hier nur geduldet sind und bald wieder wegsollen“ (16).

    Das ist paßgenau für eine Polemik in der Flüchtlingsproblematik konstruiert. Und dann kommt das Skandalon schrill aus seinem Munde:

    „Wagenknecht stärkt rassistische Positionen in der Wählerschaft der politischen Linken und damit den diffusen Rassismus in rund einem Viertel unserer Gesellschaft. Streng verstanden ist das selbst Rassismus.“

    Von einem Philosophen, auch wenn er für ein Institut der unsolidarischen Postmoderne spricht, würde man eigentlich einen genaueren Umgang mit Begriffen und sauberes Schließen erwarten. Zu den 20 Prozent des Aufrufs gibt er übrigens noch 5 Prozent dazu – wer bietet mehr?

    Das mit dem praktischen Kampf gegen den Rassismus ist auch so eine Sache. Der Co-Vorsitzende DER LINKEN, Bernd Riexinger, will mit dem Aufruf eine („sozialpolitisch fundierte“) Offensive gegen den Rassismus starten (laut Stuttgarter Zeitung, Hauptausgabe vom 20. Juli 2018, S.4).

    Währenddessen machte sich der Co-Fraktionsvorsitzende, Dietmar Bartsch, mit der rassistischen Netanyahu-Regierung Israels gemein und pflanzte ein Bäumchen, angeblich zum Schutze der Israelis vor den Palästinensern. Und er will sein Bäumchen auch wieder besuchen (17). Das ist Treue. Hätte er mal besser ganze Haine gepflanzt zum Gedenken an die vielen ermordeten Palästinenser (18). Aber Solidarität mit den Palästinensern kennt er nicht.

    Stattdessen „Solidarität mit diesem Besatzerstaat auszudrücken, stellt eine Kolonialideologie zur Schau und drückt Verständnis für die brutalen rassistischen Praktiken der Besatzung aus“ (19). Der israelische Marxist Moshe Zuckermann klagte:

    „Wenn DIE LINKE meint, sich mit einem Land wie Israel beziehungsweise mit dem, was aus Israel geworden ist, solidarisieren zu sollen, dann erweist man ihr die falsche Ehre, sie noch als eine linke Partei anzusehen – eine Ehre, auf die sie übrigens vielleicht überhaupt keinen Wert mehr legt“ (20).

    Ganz richtig – DIE LINKE ist mehrheitlich keine linke Partei.

    Die Lifestyle-Linke und ihr Haßhorizont
    Perfide ist die Umdeutung, die überhaupt das Linkssein in der Postmoderne erfahren hat. Links bedeutete stets Solidarität mit den Unterdrückten, auch wenn diese einen anderen Habitus und Sprachstil pflegten. Der Klassenstandpunkt ist wesentlich. Und da das Ideal der Menschlichkeit und der Beseitigung von Ausbeutung real werden soll, gehört ein universeller Humanismus selbstverständlich zum Kern der Leitvorstellungen für eine klassenbewußte Linke.

    Wenn der Klassenstandpunkt im gesellschaftlichen Diskurs schwindet, geraten die ökonomischen Bedingungen leicht aus dem Blickfeld und werden durch Emanzipationsbestrebungen und Identitätsfragen aller Art ersetzt. Es ist die Postmoderne, die große Teile der Linken, sogar bis hin zu den Kommunisten, transformiert hat. Für die kulturelle Emanzipation wird gekämpft, aber der ökonomische Gesichtspunkt fällt unter den Tisch. So konnte zum Beispiel aus einem Feminismus des Klassenkampfes das identitätspolitische Gender Mainstreaming mit seinen Sprachspielen werden.

    Die postmoderne Linke (oder auch Neue Linke), die zumeist im arrivierten Milieu der oberen Mittelschicht und unteren Oberschicht (je nachdem, wo die jeweiligen Einkommensgrenzen gezogen werden) zu finden ist, das sich mit dem Neoliberalismus arrangiert hat, wird auch „Kulturlinke“ genannt. Ein besserer Name wäre jedoch Lifestyle-Linke.

    Diese Lifestyle-Linke vertritt den progressiven Neoliberalismus im Gegensatz zu jenen, die jegliche Spielart des Neoliberalismus abweisen. Diese Linke denkt, wie sie zu leben strebt, nämlich kosmopolitisch. Diejenigen, die sich diesen Lebensstil nicht leisten können und auf Solidarität eines Sozialstaats angewiesen sind, werden dann der sogenannten kommunitarischen Linken zugewiesen.

    Der Gegensatz zwischen Kosmopolitismus und Kommunitarismus ist aber nur ein Aspekt eines tieferen, ideologischen Konflikts innerhalb der Linken und der Mitte der Gesellschaft, nämlich zwischen progressivem Neoliberalismus (wie ihn Nancy Fraser bezeichnet hat) und konsequentem Anti-Neoliberalismus (21). Das Flüchtlingsproblem, an dem sich AfD wie DIE LINKE abarbeiten, ist nur ein Symptom.

    Die AfD und DIE LINKE brauchen einander als Haßobjekt. Die AfD bezieht sich gern auf die Linken, wenn sie von „linksgrün versifft“ spricht. Eigentlich ist ihr wahrer Haßhorizont der progressive Neoliberalismus mit seinem ausgrenzenden Moralismus und seiner politischen Korrektheit. Aber das weiß die Partei nicht, weil sie sich eher von dumpfen Stimmungen leiten läßt und den Neoliberalismus auch gar nicht grundsätzlich ablehnt.

    Andererseits: was wäre, wenn sich die AfD plötzlich in Luft auflösen würde? Dann verlöre DIE LINKE auch gleich ihr Alleinstellungsmerkmal und ihren Haßhorizont und müßte im Wahlkampf kontur- und orientierungslos erscheinen. Denn ihr herausgestelltes Antifa-Gebaren gegen den Rassismus ist in erster Linie auf das Wahlvolk der AfD gemünzt. Dadurch will sie beim Wähler punkten: Seht her, WIR sind die konsequentesten Kämpfer gegen das Übel in Europa, den Rassismus der Rechtspopulisten. WIR sind die Weltretter. Das Dumme ist nur, daß das Wahlprogramm der AfD nichts in Bezug auf Rassismus hergibt.

    Die wirkliche politische Auseinandersetzung mit der AfD unterläßt DIE LINKE – aus gutem Grunde. Die AfD ist dezidiert frauenfeindlich, weil sie alte Benachteiligungen neu auflegen will. Nur DIE LINKE beläßt es einfach bei der ökonomischen Benachteiligung der Frauen, indem sie Identitätspolitik betreibt und das Gender Mainstreaming stützt und ein Feuerwerk von Gendersternchen zündet.

    Die AfD ist rechtsneoliberal und fremdenfeindlich, wie sich aus ihrem Wahlprogramm herauslesen läßt (22). DIE LINKE hingegen ist linksneoliberal, nicht zuletzt, da sie auch auf den Politikfeldern Feminismus und Bildungspolitik dem Neoliberalismus Tür und Tor geöffnet hat.

    Die AfD ist militaristisch und einer kriegstreibenden Politik zugewandt (23). Aber die Israel-Politik DER LINKEN ist kriegstreiberisch, indem sie Netanyahu mit seiner barbarischen Besatzungspolitik und dem Angriffskrieg in Syrien den Rücken stärkt.

    Die AfD ist ausgesprochen arbeitnehmerunfreundlich, auch da sie nie davon spricht, Arbeitnehmerrechte und Gewerkschaften zu stärken. DIE LINKE hingegen hat da laut Wahlprogramm sehr viel vor – nur warum glaubt ihr der Wähler das nicht? Das war schon vor einem Jahrzehnt nicht viel anders. Hat DIE LINKE ein Glaubwürdigkeitsproblem? Jetzt ganz gewiß: Wer in einem Rundumschlag die Mehrheit der Deutschen, die so etwas Selbstverständliches wie Staatsgrenzen bewahren wollen, völlig borniert als Rassisten tituliert und damit Björn Höcke und Sahra Wagenknecht in eine Reihe stellt, dem glaubt man einfach gar nichts mehr. Und denkt sich: (pseudo-)linke Spinner.

    Aber die Lifestyle-Linke will und muß aus ihrer Selbstgerechtigkeit heraus hassen – und zwar nicht die Großkonzerne und das internationale Finanzkapital mit ihren Think Tanks. Sondern die, die sich am greifbarsten hassen lassen, nämlich jene, die sich ihren netten Lebensstil nicht leisten können oder sich ihrer selbstgerechten Ideologie verweigern.

    Hillary Clinton hatte einst vom „basket of deplorables“ gesprochen. Hierzulande ist man drastischer und beschimpft solche Menschen gleich als Parias (Rassisten, Rechte, Nazis, Antisemiten und so weiter). Eigentlich müßte sich die Lifestyle-Linke selber hassen: im Besonderen, weil sie die soziale Frage in der Praxis bestenfalls als Charity sieht und den Klassenkampf abgeschrieben hat, weil sie sich selber bestens mit einem hedonistischen Lifestyle arriviert hat und sich vom neoliberalen Kapitalismus hat korrumpieren lassen.

    Konsequenzen

    Die neoliberale Hegemonie manifestiert sich durch die Macht der postmodern gewendeten Begrifflichkeiten, die die Klassengegensätze vertuschen und dabei neue Fronten errichten sollen. Es soll Zwietracht gesät werden unter denen, die als Ausgebeutete eigentlich ähnliche objektive Interessen haben müßten. Divide et impera. Im postmodernen Zeitalter haben sich Losungen wie Freiheit und Emanzipation verselbständigt, Identitäten werden konstruiert und wieder dekonstruiert. Jeder muß um die Anerkennung seines spezifischen Opferstatus ringen. Solidarität ist nur noch innerhalb einer Opfergruppe realisierbar. Die Konkurrenz der Gruppen ist groß.

    DIE LINKE reklamiert bisweilen für sich, anti-neoliberal zu sein – das ist außer Wunschdenken jedoch bestenfalls nur in der Frage der Militäreinsätze der Fall. Selbst auf ökonomischem Gebiet führt sie die Schrödersche Politik der Privatisierung weiter, nämlich in einer runderneuerten Softvariante von ÖPPs (Öffentlich-private Partnerschaft), die verschleiernd als ÖÖPs (Öffentlich-öffentliche Partnerschaft) bezeichnet werden. Die Rosa-Luxemburg-Stiftung plädiert offen für eine „progressive ÖÖP-Praxis“ (Analysen32.Zukunftsinvestitionen; 24). So sollen in Berlin und Thüringen, dort wo DIE LINKE in Regierungsverantwortung steht, die Schulgebäude in eine Gesellschaft übergehen, die noch mehrheitlich in öffentlichen Händen ist (Marxistische Blätter 3-2017, S.15-18; UZ, 16. März 2018, S.5; 25).

    DIE LINKE ist absolut naiv in dieser Hinsicht. Denn gleichwohl wird damit das Geschäftsmodell des neoliberalen Abverkaufs vorangetrieben, das auch noch die letzten staatlichen Bereiche langfristig privatisieren soll. Ralf Wurzbacher nennt es den großen Schulraub (26). Dieser einmal angeworfene Prozeß ist dann kaum mehr rückgängig zu machen, da den staatlichen Verwaltungen nach und nach die Fachleute ausgehen. Die Bauämter in den Kommunen sind jetzt schon völlig ausgedünnt: magersüchtiger Staat. Der rot-rot-grüne Senat von Berlin verhält sich kein bißchen anders als „konservative“ Regierungen, meint auch Magda von Garrel (27).

    Durch die Übernahme postmoderner Vorstellungen geht in anderen Bereichen Identitätspolitik vor ökonomischen Maßnahmen, die das Großkapital schmerzen könnten. Das ist so mit dem fehlgeleiteten Feminismus, bei dem nur die Sprache im Sinne politischer Korrektheit umgebaut wird, aber nicht die Grundpfeiler des Entlohnungssystems, das Frauen nach wie vor benachteiligt (28).

    Der Aufruf „Solidarität statt Heimat“, der – in bewußter Frontstellung gegenüber der Fraktionsvorsitzenden Sahra Wagenknecht – sogar vom Co-Parteivorsitzenden und zwei anderen Mitgliedern des Fraktionsvorstands DER LINKEN unterzeichnet wurde, hat eine katastrophale Außenwirkung auf das Wählervolk, das noch nicht den Slogans der postmodernen Moralisten auf den Leim gegangen ist.

    Wer will denn noch DIE LINKE wählen, die schon lange aufgehört hat, sich als Partei dem neoliberalen Mainstream zu verweigern? Sie paralysiert sozusagen die wenigen linken Kräfte in diesem Land, folgt der Staatsräson und schützt den neoliberalen Staat vor einem effektiven Aufbegehren der Ausgebeuteten.

    DIE LINKE ist also nicht das geringste Übel, welches man zähneknirschend wählen müßte, sie ist neben den GRÜNEN das Übel schlechthin diesseits von Rechts. Eine solche Partei brauchen wir nicht – denn es gibt ja schon die SPD (für die Sozialprosa) und die GRÜNEN (für die Moralkeule) (29). Und der Aufruf demonstriert ja überdies, daß dieser Teil der Kipping-Linken nicht wirklich bündnisfähig ist, weil sie mit Andersdenkenden keinen Konsens sucht, sondern sofort mit Antifa-Gebaren die Rassismuskeule schwingt.

    Georg Seeßlen behauptete jüngst in seinem Beitrag „Dem Volk was vormachen“: „Der Populismus ist eine Kraft, die das Linke zersetzt, von außen wie von innen“ (30). Nein, die bereits vollzogene Zersetzung ist durch die Postmoderne, die linksliberale Leitideologie des progressiven Neoliberalismus, geschehen. Der Linkspopulismus ist lediglich die nötige Antwort darauf, um wieder Gehör und Glauben beim „Volk“ zu finden, das sich in seinen wirtschaftlichen Nöten schon lange nicht mehr politisch repräsentiert sieht.

    Den Unterschied zum Rechtspopulismus hat Bernd Stegemann in seinem Buch „Das Gespenst des Populismus“ (Verlag Theater der Zeit, 2017) hinreichend deutlich dargelegt.
    „Linke Parteien müssen darauf hinarbeiten, ihre Basis wieder zu verbreitern und Wähler zurückzugewinnen“, schrieb Lev Lhommeau (21). Nur, DIE LINKE wie die GRÜNEN können und wollen es gar nicht, da sie mehrheitlich die schlecht verdienenden und hart arbeitenden Menschen mit ihrem linksliberalen Moralismus nachhaltig abschrecken.

    Und die SPD ist sowieso am Ende ihrer Glaubwürdigkeit angelangt. Die beworbene obere Mittelschicht ist eher dünn und wird noch dünner. Mit ihr allein gewinnt man keine Wahlen.
    Nils Heisterhagen hat dennoch die Vision von einem „linken Realismus“, der die linken Kräfte einen soll. Ihm ist zwar klar, daß ein kultureller Kosmopolitismus, der alle nationalen Kulturen aufhebt und enthält, naiver postmoderner Unsinn ist.

    Nur ist dieser als moralische Haltung in der Lifestyle-Linken fest verankert. Ein solcher Habitus und Moralismus läßt sich nicht einfach aus den Köpfen vertreiben und wird noch Jahre, wenn nicht gar Jahrzehnte, überdauern. Eine Einigung ist nicht in Sicht und nur eine saubere Trennung verspricht einen Neuanfang.

    Die Kritiker des liberalen Mainstreams und der Lifestyle-Linken müssen also und werden sich weiter sammeln, um letztendlich eine neue linkspopulistische Partei noch vor der nächsten Bundestagswahl zu gründen – Name egal, Hauptsache klassenbewußt und anti-neoliberal. Dann könnte sie aus dem Stand vielleicht sogar die zweitstärkste Volkspartei werden.

    Die Reste der Linkspartei würden dann hoffentlich ihre Katharsis erfahren und unter die Fünf-Prozent-Hürde gehen und später vielleicht eingehen in ein Bündnis mit den postmodernen GRÜNEN – wo sie eigentlich auch jetzt schon hingehörten. Eine postmoderne linksliberale Mittelschichtpartei in Deutschland reicht völlig. Eine wirklich linke Partei ohne postmoderne Verstrickungen fehlt ganz.

    Solidarität mit den Ausgebeuteten und Unterdrückten ist zu üben, in der Heimat wie international. Offene Grenzen sind als Phantasmen zurückzuweisen.

    Quellen und Anmerkungen:

    (a) https://solidaritaet-statt-heimat.kritnet.org
    (1) https://zahramohammadzadeh.wordpress.com/2010/11/08/was-ist-heimat-fur-mich
    (2) https://www.hna.de/kultur/interview-darum-ist-heimat-ein-trend-9521710.html
    (3) https://www.rubikon.news/artikel/willkommen-und-abschiebung
    (4) https://www.zeitschrift-luxemburg.de/offene-grenzen-sind-machbar
    (5) https://www.welt.de/debatte/kommentare/article179671432/Nahost-Israel-ist-ein-juedischer-Staat-eine-Selbstverstaendlichkeit.html?wtrid=
    (6) https://www.rubikon.news/artikel/der-spaltpilz
    (7) https://www.rubikon.news/artikel/die-unsichtbare-hand
    (8) https://www.jungewelt.de/artikel/334596.wir-erleben-gerade-einen-rechten-putsch.html
    (9) https://www.freitag.de/autoren/der-freitag/anti-rassismus-und-eine-versteckte-agenda
    (10) http://www.antiimperialista.org/de/content/mit-antifa-gegen-rechtspopulismus
    (11) https://makroskop.eu/2018/07/mit-falscher-empfindlichkeit-gegen-den-rauen-wind-des-populismus
    (12) https://www.deutschlandfunkkultur.de/absage-an-ein-vereintes-europa-warum-die-linke- die-nation.1005.de.html?dram:article_id=410341
    (13) https://www.nachdenkseiten.de/?p=44870, http://norberthaering.de/de/27-german/news/995-hank-sozialnazis
    (14) https://www.nachdenkseiten.de/?p=44529#h01
    (15) http://www.dir-info.de/dokumente/def_rass_memmi.html
    (16) http://www.taz.de/!5455168
    (17) http://www.kkl-jnf.org/about-kkl-jnf/green-israel-news/may-2018/life-saving-trees-sufa-dietmar-bartsch/german
    (18) https://www.rubikon.news/artikel/wenn-die-olivenhaine-trauer-tragen
    (19) https://www.jungewelt.de/artikel/336757.protest-aus-pal ProzentC3 ProzentA4stina-gegen-besuch-von-dietmar-bartsch-die-linke-ende-mai-in-israelischer-siedlung.html; https://www.rubikon.news/artikel/die-apartheid-pr
    (20) https://www.rubikon.news/artikel/linker-opportunismus
    (21) https://makroskop.eu/2018/06/der-kosmopolitische-irrweg
    (22) https://www.rubikon.news/artikel/neoliberal-und-fremdenfeindlich
    (23) https://www.rubikon.news/artikel/die-kriegspartei
    (24) https://www.rubikon.news/artikel/die-schulen-werden-privatisiert
    (25) https://www.rubikon.news/artikel/ware-bildung
    (26) https://www.rubikon.news/artikel/der-grosse-schulraub
    (27) https://www.rubikon.news/artikel/der-grosse-coup
    (28) https://www.rubikon.news/artikel/die-grosse-ablenkung
    (29) https://www.rubikon.news/artikel/diese-linke-braucht-kein-mensch
    (30) http://www.taz.de/!5519642

    #Allemagne #polituque #gauche #migration

  • Pourquoi la bourgeoisie adore-t-elle le « communiste » Fabien Roussel ? Frustration magazine, Nicolas Framont, Illustration par Antoine Glorieux
    Fabien Roussel, candidat du Parti communiste français à l’élection présidentielle, a une hype incroyable dans les dîners mondains. En quelques jours, il a reçu les hommages d’Alain Finkielkraut (éditocrate prolophobe), Christophe Castaner (éborgneur de gilet jaune), Jean-Michel Blanquer (ministre de l’instruction patriotique), David Le Bars (syndicat des commissaires de police), Laurent Alexandre (éditocrate eugéniste décomplexé), Jean Quatremer (éditocrate eurobéat), Michel Onfray (éditocrate anarcho-réac) et même Gérald Darmanin (ministre du sexisme et de la répression des masses) – le tout compilé dans cette vidéo https://twitter.com/MarxFanAccount/status/1490727837191573505 . Mais aussi Raphaël Enthoven, Bernard Guetta… Bref, les représentants idéologiques et politiques de la classe bourgeoise adorent… un communiste ?! Mais que s’est-il donc passé pour que le grand parti des travailleurs, celui qui faisait trembler la classe dominante française pendant des décennies, ait engendré en 2022 un candidat qui reçoit tous ses honneurs ? 

    1 – Un programme politique “communiste” qui n’effraie plus le bourgeois
    Longtemps, le Parti Communiste a incarné les intérêts de la classe laborieuse face à ceux de la bourgeoisie. Mais ça, c’était avant.
    . . . . .

    2 – De l’anti-écologisme faussement populo au diapason de Fleury-Michon
    Mais qu’importe la lutte des classes, puisque l’obsession principale de Fabien Roussel c’est la BONNE VIANDE. Depuis janvier, le candidat du PCF est plus remonté que le patron d’un Hippopotamus : tout heureux d’une polémique médiatique l’opposant à l’écologiste Sandrine Rousseau au sujet de la nécessité de donner accès aux « classes populaires » à de la « bonne viande », il en a fait son sujet de prédilection. Dans un meeting récent, il précise ses intentions : ce qu’il veut, c’est offrir de la « bonne vieille viande bien de chez nous » au bas peuple. Merci mon seigneur, vous êtes bien bon.
    https://lh6.googleusercontent.com/z2OGPmRKC-Ge4qbkedIqsvZ0knYyzfGD4yE7cmdaqm6IJSLX3cXPfloRveJE_
    Le siège du Parti Communiste, conçu par l’architecte Oscar Niemeyer … ah non attendez
    . . . . .
    3 – Derrière le candidat communiste, un éditocrate pro-capitaliste
    Roussel est journaliste, fils de journaliste, mais n’a de cesse de défendre ses origines “populaires” en insistant dès qu’il le peut sur son appartenance à la “France périphérique”. S’il plaît tant aux bourgeois, c’est qu’en dépit de son extraction, il apporte la même pseudo-caution « classes populaires » aux questions dites « sécuritaires », où son positionnement est au diapason de toute la classe dominante. Ainsi, il s’est rendu, comme Eric Zemmour ou Yannick Jadot, au rassemblement des syndicats de policiers à Paris, en mai 2021, où avait été notamment attaquée l’institution judiciaire accusée de laxisme. En juin, il affirmait que les réfugiés déboutés du droit d’asile avaient vocation à repartir chez eux, à rebours des positions habituelles de son parti sur le sujet. A la pointe du combat idéologique (non), Roussel n’hésite pas à parler d’assistanat, donnant une caution communiste à ce terme que les idéologues bourgeois ont mis des décennies à construire pour culpabiliser les bénéficiaires des assurances collectives. #Ambroise_Croizat, créateur communiste de la Sécurité sociale, doit se retourner dans sa tombe… Bref, Fabien Roussel est parfaitement aligné sur la pensée dominante en matière d’immigration, de sécurité et même de social et l’on comprend mieux pourquoi il plaît tant aux bourgeois.
    . . . . .
    4 - Sauver la petite entreprise PCF et donner des jobs aux copains : Roussel, un petit patron comme les autres
    Mais alors, pourquoi fait-il tout ça ? Ne faut-il pas être porté par des idéaux pour sacrifier comme ça sa vie, sa tranquillité, à se lancer ainsi dans une campagne électorale qui vous fera affronter en direct Léa Salamé, Nathalie Saint-Cricq ou Cyril Hanouna ? C’est épuisant rien que d’en parler, alors pourquoi Fabien Roussel se donnerait-il tout ce mal, si c’est pour être simplement un énième idéologue de la bourgeoisie, même pas payé en plus ?
    Eh bien c’est qu’il a un business à faire tourner, ce que n’importe quel bourgeois peut comprendre. Le Parti Communiste est une grosse entreprise endettée,
    . . . . . .
    L’article gratuit et dans son intégralité : https://www.frustrationmagazine.fr/roussel

    #pcf #fabien_roussel #Gôche #bourgeoisie #gauche #lutte_des_classes #business #éditocrate #france
     

    • Fabien Roussel : Le candidat "Communiste" chouchou du Système #EnMarche

      https://www.youtube.com/watch?v=hGqo9GjWbwE

      Comment un homme labellisé de gauche, de surcroit issu du Parti Communiste, peut-il susciter l’engouement de personnalités comme le philosophe et polémiste Alain Finkielkraut, l’animateur Cyril Hanouna, ou encore de la ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur Marlène Schiappa ? Pour le co-rédacteur en chef de Frustration magazine Nicolas Framont, auteur d’un article intitulé "Pourquoi la bourgeoisie adore-t-elle le « communiste » Fabien Roussel ?", le candidat du PCF à l’élection présidentielle est salué par la droite car il ne tient plus vraiment des positions de gauche. Qu’il s’agisse de l’écologie, des violences policières ou encore de la lutte contre le racisme et l’islamophobie, Fabien Roussel "se range plutôt du côté de la classe dominante". Pour aller plus loin, Théophile Kouamouo s’est entretenu avec lui depuis le plateau du Média.

  • Le Gauchoscope | Systèmes et discours
    https://sysdiscours.hypotheses.org/gauchoscope

    Le Gauchoscope constitue un projet très simple de vulgarisation et de visualisation ; sa particularité est de s’intéresser exclusivement à la gauche du spectre politique français, notamment pour huit candidat.e.s déclaré.e.s.

    En d’autres termes, il s’agit d’un comparateur des programmes des candidat.e.s de la gauche pour les élections présidentielles (et législatives !) du printemps 2022. Le comparateur s’articule suivant plusieurs thématiques et sera mis à jour au fur et à mesure des évolutions des propositions de programmes.

    Les candidat.e.s concerné.e.s sont : Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Nathalie Arthaud, Anasse Kazib, Philippe Poutou, Anne Hidalgo, Fabien Roussel et Christiane Taubira.

    Les 39 thématiques couvertes sont les suivantes (par ordre alphabétique) :

    Agriculture et alimentation
    Aménagement du territoire
    Animaux
    Banques
    Biodiversité
    Climat
    Culture
    Démocratie et vie institutionnelle
    Diversité
    Drogues
    Eau et mer
    Éducation
    Emploi
    Énergie
    Enfance
    Espace
    Europe
    Femmes
    Forêts
    Fiscalité
    Handicap
    International
    Jeunesse
    Justice
    LGBTQI+
    Logement
    Médias
    Numérique
    Outre-mer
    Planification
    Publicité
    Retraite
    Salaires
    Santé
    Sécurité
    Sport
    Transports
    Travail
    Université

    #élections_présidentielles #programmes #comparaison #gauche

  • Et si la gauche avait raté le coche à Québec ? Pierre Mouterde
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/670992/manifestation-de-camionneurs-et-si-la-gauche-avait-rate-le-coche-a-quebec

    J’étais a priori, tout comme beaucoup de citoyens de la ville de Québec, passablement indisposé par l’idée d’une manifestation de camions sur la colline Parlementaire le samedi 5 février, surtout après celle d’Ottawa et tous les désagréments qu’elle continuait d’occasionner à maints citoyens de la capitale confédérale.


    Photo : Jacques Boissinot La Presse canadienne « Pourquoi cette indéniable manifestation populaire d’exaspération sociale a-t-elle été lancée par la droite et n’a-t-elle pas été le fait de la gauche, elle qui s’est pourtant toujours fait fort de défendre les classes populaires contre l’arbitraire des puissants ? » se demande l’auteur.

    Mais quelle ne fut pas ma surprise, cet après-midi-là, au-delà bien sûr des concerts assourdissants de klaxons et des ronronnements intempestifs des moteurs, de découvrir, tout près du parlement, des milliers de manifestants qui — drapeaux du Canada, du Québec et même des patriotes flottant au vent sous le froid soleil de février — venaient simplement dire « qu’assez c’était assez » et qu’il fallait en finir avec les mesures sanitaires. Et visiblement, ce n’était pas que des gens d’extrême droite qui étaient là, ou encore des chauffeurs de poids lourds tatoués emmenés par des fiers-à-bras à la Rambo et venus pour en découdre avec les pouvoirs publics. Non, c’était ni plus ni moins le peuple du Québec : des jeunes, beaucoup de jeunes, des familles entières, des enfants, des gens d’âge mûr, des retraités, du monde ordinaire, comme on dit ici.

    Mais bien sûr avec un narratif politique des plus simples (celui de la liberté individuelle et d’en finir avec les mesures sanitaires) et qui, comme tel, pouvait être (et était) facilement repris ou récupéré par les antivaccins ou encore par la droite dure à la Éric Duhaime. Mais de là à réduire tous les manifestants (et le ras-le-bol dont ils se faisaient l’écho) à des antivaccins ou à des fauteurs de troubles sans cause légitime, il y a un pas que beaucoup ont eu tendance à franchir. Un pas qui, pourtant, risque de passer à côté de l’essentiel et de nous faire oublier cette question de base : pourquoi cette indéniable manifestation populaire d’exaspération sociale a-t-elle été lancée par la droite et n’a-t-elle pas été le fait de la gauche, elle qui s’est pourtant toujours fait fort de défendre les classes populaires contre l’arbitraire des puissants ?

    Car si, au-delà des élucubrations délirantes des complotistes, l’ennemi sur lequel il faut concentrer ses forces est bien entendu, comme le disait le ministre Duclos, la COVID-19 et non pas les mesures sanitaires, il n’en demeure pas moins que la façon dont ont été mises en place au Québec les mesures sanitaires fait partie de l’équation et a aussi à voir avec ce ras-le-bol populaire que l’on découvre aujourd’hui ainsi qu’avec cette soif de liberté qui en découle.

    Redevenir ce « sel de la terre »
    C’est ce que, tout au long de la pandémie, il a été si difficile aux forces de gauche du Québec (et ici je pense à QS) de faire apercevoir : d’un côté, la nécessité de protéger une population entière d’une dangereuse pandémie, notamment en ayant recours à la vaccination massive ; et de l’autre, la nécessité de dénoncer sans ambiguïté les manières de faire qu’a imposées le premier ministre François Legault. Car ce dernier, tout en se refusant à tirer leçon des compressions néolibérales à répétition passées dans la santé, n’a fait que réagir au coup par coup, dans l’improvisation, sans s’appuyer sur le personnel de première ligne (les infirmières) ou les acteurs du milieu, préférant les manières autoritaires, bureaucratiques et paternalistes, privilégiant le statu quo et le maintien des hiérarchies institutionnelles paralysantes ainsi que la répression, tout en optant pour la perpétuation, au détriment du redéploiement d’une médecine préventive et communautaire, d’un modèle de santé biomédical profondément réducteur.

    Et, presque deux ans plus tard et une fois encaissé le drame des CHSLD du printemps 2020, ce furent le couvre-feu et l’interdiction brutale de rassemblements festifs à la veille du jour de l’An 2022 — symboles par excellence de ces politiques — qui ont mis le feu aux poudres. Pour bien des gens c’en était trop, mais point… pour la gauche, ou si timidement, ou si poliment qu’ayant mis en berne son esprit critique et contestataire, elle a dans cette affaire raté le coche, laissant ainsi tout le champ libre à la droite.

    N’est-ce pas là la leçon à retenir ? Pour que la gauche puisse faire échec à une droite chaque fois plus dangereuse ainsi qu’au populisme de droite qui lui sert d’habits d’emprunt, elle devrait apprendre à redevenir ce « sel de la terre » qu’elle a su être dans le passé, en ne craignant plus de se mettre au diapason des exaspérations et des peurs légitimes qui courent dans la société et, par conséquent, en n’hésitant pas à s’opposer ouvertement aux responsables du « désordre établi » d’aujourd’hui. Ce n’est qu’à ce prix qu’elle pourra retrouver la légitimité qu’elle avait acquise par le passé et redevenir, en ces temps de pandémie et de crises multiples et récurrentes, ce ferment si nécessaire à la naissance de la société nouvelle dont nous avons tant besoin aujourd’hui.

    #Gôche #gauche #Peuple #Liberté #Solidarité #manifestation #Canada #pass_sanitaire #Freedom_Convoy_2022 #crise #Camions

  • La Primaire Pop, la Gôche et le Monde

    https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2022/article/2022/01/29/presidentielle-2022-la-gauche-suspendue-au-resultat-de-la-primaire-populaire

    En fonction du résultat, il y a, grosso modo, deux cas de figure envisagés. Christiane Taubira n’est pas désignée par la Primaire populaire : sa précampagne effectuée « à fond », selon Guillaume Lacroix, président du Parti radical de gauche et principal soutien de l’ancienne garde des sceaux, s’arrête brutalement dimanche. La gauche perd une de ses candidatures et la Primaire populaire, dont l’objectif initial était de réduire le nombre de prétendants, aura réussi, petitement, à faire œuvre de clarification. Deuxième option, Christiane Taubira remporte la primaire : le statu quo sera décrété, personne ne se rangera derrière elle, l’unité étant devenue une vue de l’esprit.

    Le vaudeville de la gauche pourra jouer les prolongations avec cinq acteurs principaux qui continueront à faire semblant de s’ignorer, avec un ex-président de la République, François Hollande, caché dans le placard, qui souffle que, « pour l’instant, il n’est pas candidat », en attendant que tout ce petit monde s’épuise pour pouvoir en sortir.

    « Ridicule de la situation »

    Depuis un mois, on s’y perd tout en ne voyant pas bien ce que la gauche pourrait y gagner. Comme le résume Sandrine Rousseau, finaliste d’une autre primaire en septembre 2020, celle des écologistes : « Tous les jours ou presque, une nouvelle variable surgit qui vient encore complexifier l’équation à gauche. L’irruption de Christiane Taubira, François Hollande qui installe une ambiguïté… Il y a quelque chose qui nous renvoie collectivement au ridicule de la situation. »

    Il vous reste 71.87% de cet article à lire cachés derrière le #paywall de Le Monde ; et probablement, on s’en fout.

    #primaire_populaire
    #gauche (ou pas)

    • pendant ce temps, sur Mediapart :

      Zizanie ou « réenchantement », l’aventure de la Primaire populaire s’achève

      Par Mathilde Goanec

      Le résultat du scrutin, qui réunit 467 000 citoyens, sera dévoilé dimanche 30 janvier en soirée. Si l’union promise par la dynamique citoyenne n’a pas eu lieu, l’initiative, hors norme, a contribué à rebattre une partie des cartes à gauche.

    • et sur l’internaute live :

      20:29 - Comment s’organisera l’union à l’issue de la Primaire populaire ?

      Après l’annonce des résultats, le candidat désigné vainqueur pourra se rendre au QG parisien de la Primaire populaire à partir de 21h et jusqu’au lendemain pour être officiellement investi par le vote de l’initiative citoyenne. Cette investiture ne pourra être validée que si le candidat signe « le contrat de rassemblement » qui oblige le candidat à mener l’union de la gauche dans les conditions prévues par les organisateurs de la Primaire populaire. Si le candidat victorieux accepte de représenter l’union de la gauche et le socle commun, des discussions pourraient être entamées pour affiner les conditions de l’union.

    • et commentaire de la Mathilde porte-parole de la primaire pop, sur la télé utube dimanche soir :

      Mediapart titre « l’aventure s’achève » ; c’est tout le contraire : ça continue, et y’a beaucoup de travail pour les mois à venir

  • Deux mots des morts - sur le Manifeste conspirationniste
    http://mathieupottebonneville.fr/2022/01/26/1717

    22 janvier. – Page 1 on peut lire : « La mise en scène d’une meurtrière pandémie mondiale, « pire que la grippe espagnole de 1918 », était bien une mise en scène. Les documents l’attestant ont fuité depuis lors ; on le verra plus loin. Toutes les terrifiantes modélisations étaient fausses.«  . Suit une allusion au refus gouvernemental de considérer d’autre traitement que biotechnologiques (on croit reconnaître, perdu dans une allusion suffisamment faux-cul pour être inattaquable, le profil de médaille de Didier Raoult). On se pince, on tâche de se rassurer, évidemment ça ne durera pas, c’est une préface clickbait, l’ordinaire protestation amphigourique et générale dans le style grand siècle prendra le relais, mêlant rappel des infamies d’époque à l’air d’en savoir long, mais tout de même : on en sera passé par là, par la double négation consistant à réduire la pandémie à une mise en scène et à s’en détourner sitôt qu’elle aura joué son rôle de captatio benevolentiae, parce que compte moins au fond la vie et la mort des figurants de cette mise en scène (on songe aux brésiliens, aux tunisiens, aux 120000 disparus d’ici) que leur aptitude à servir de marchepied pour pérorer à leur place.

    Qu’une part de la gauche soit incapable de penser ensemble la pleine réalité de la crise sanitaire et la critique circonstanciée des effets d’aubaine autoritaires qu’elle représente ne fait pas honneur à son intelligence du présent.

    Que le torchon histrionique dont même le Comité invisible s’est vite démarqué ne se perçoive pas comme ce qu’il est, objectivement eugéniste (s’énoncant au nom de « tout ce qui ose encore respirer, les jeunes les pauvres, les dansants, les insouciants, les irréguliers ») n’étonne guère.
    Qu’il ait trouvé à se loger chez un grand éditeur est tout simplement consternant.
    25 janvier. — « Mais tu ne peux pas critiquer le livre en ayant lu seulement ces vingt-cinq premières pages ! »

    Il me semblait, à moi, que vingt-cinq suffisaient, que s’infuser dans la foulée trois cent cinquante pages de l’habituelle tambouille n’était pas indispensable, mais bon : puisqu’il fallait j’ai lu, du coup.

    Pas encore lu

    https://seenthis.net/messages/944728

    #conspirationnisme #covido-négationnistes

    • Le style conspirationniste
      https://www.en-attendant-nadeau.fr/2022/01/26/manifeste-style-conspirationniste

      Un tableau apocalyptique et halluciné du monde entier, mais aussi des âmes, dont l’objectif semble de provoquer une peur panique. On entend souvent que notre époque est livrée au complotisme. Si cela est le cas, voici le livre qu’elle mérite. Mais comment ce Manifeste conspirationniste fonctionne-t-il

    • Sur la soie des mers
      @Acrimonia1

      J’ai pu jeter un premier oeil sur le Manifeste Conspirationniste, en attendant plus exhaustif, déjà on y apprend que le Covid est une « divine surprise » (le choix de reprendre des mots de Maurras, le choc des photos : essentiellement des mêmes même pas drôles de conspi minables)Et puis, en accord avec la matrice complotiste telle que Vidal Naquet la décrit dans Les assassins de la mémoire : au fil des pages, la pandémie n’existe pas, le virus n’est rien et il a été fabriqué dans une optique contre insurrectionnelle dans les pires labo des technosciencesL’incohérence n’est pas un problème, ça doit être ça « rendre la vérité maniable comme une arme selon le conseil de Brecht » qui comme Kafka, Deleuze, Foucault et tous les poètes du XIXème siècle était conspis comme chacun peut le découvrir dans ce livre plein de scoops...et puis la planche de salut pourrie qui aurait pu éviter de couler complètement, le complot c’est l’Etat et la conspiration c’est la révolution, se retrouve plombée dès le début par un brouillage sciemment orchestré des deux termes, finalement interchangeables et équivalents

    • Les philosophes sont en guerre !

      – Philippe Corcuff attaque Pierre Tenne.

      Extrême droite : l’élégance méconnaissante de Pierre Tenne dans En attendant Nadeau !
      https://blogs.mediapart.fr/philippe-corcuff/blog/030621/extreme-droite-l-elegance-meconnaissante-de-pierre-tenne-dans-en-att

      – Pierre Tenne critique Lordon.

      Pour une nouvelle théorie de la valeur
      https://www.en-attendant-nadeau.fr/2018/11/06/nouvelle-theorie-valeur-lordon

      J’attends avec impatience Lordon critiquant le grand penseur Mathieu Potte-Bonneville ! :)))

      #Critique-de-la-critique #gauche-intellectuelle

      La pandémie de Covid-19, une extraordinaire matière à penser qui bouleverse la philosophie politique
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/06/05/la-pandemie-de-covid-19-une-extraordinaire-matiere-a-penser-qui-bouleverse-l

      Enquête - Si elle a accentué les clivages chez les intellectuels critiques, la crise sanitaire due au coronavirus a aussi révélé le tournant écopolitique de la pensée française et l’émergence d’une nouvelle génération de théoriciens.

      Ainsi un virus mondialisé aura-t-il mis à l’arrêt le monde entier. Le local aura affecté le global et précipité l’avènement de sociétés sans contact où prime la distanciation sociale. La sidération aura provoqué, au cœur même des démocraties, une myriade d’états d’urgence sanitaire et de lois d’exception. Le grand confinement aura succédé à l’ère du consentement. Et, tel un voile non plus islamique mais hygiénique, le port du masque se sera imposé en Occident.

      Malgré le retour du tragique et la débâcle économique, en dépit de l’atmosphère de libération liée au déconfinement des populations, cette crise sanitaire est aussi une extraordinaire matière à penser. Pourtant, tous les intellectuels ne sont pas parvenus à passer du réflexe à la réflexion. Car beaucoup ont trouvé dans cette pandémie une façon assez convenue de confirmer leurs idées, théories, opinions ou points de vue.

      Ainsi a-t-on vu se déployer une critique attendue du « bougisme », du « mondialisme » et de la « société liquide ». De même a-t-on assisté au grand concert des causalités uniques, comme la « nature » (malmenée, donc vengeresse), la « souveraineté » (oubliée, donc impérieuse) ou le « capitalisme » (débusqué jusque dans les marchés traditionnels chinois). Sans oublier les solutions attenantes, comme le nationalisme (étatique et sanitaire), les barrières (hygiéniques et douanières, mais également identitaires), les frontières (nationales, mais aussi psychosociales), la révolte (nationale-populiste), la révolution (sociale-populaire), ou bien encore l’insurrection (qui viendrait enfin).

      Dans ce processus d’autoconfirmation qui affecte le monde politique et intellectuel, « chacun déroule son programme spécifique en y voyant à la fois l’explication (je vous l’avais bien dit) et la solution (la mienne) : l’écologie pour les écolos, le féminisme pour les féministes, le libéralisme pour les libéraux, la nation pour les nationalistes », analyse le sociologue Didier Lapeyronnie. A tel point que certains observateurs, comme Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération, y ont vu les signes d’une « pensée confinée ».

      La pensée confinée, c’est la pensée confirmée par les événements. Elle est indissociable de l’idéologie qui soumet la réalité à la logique d’une idée. Il n’est pas jusqu’à la focalisation quasi immédiate de la presse et de l’intelligentsia sur « le monde d’après » qui ne soit pas le signe d’une difficulté, voire d’une incapacité à penser l’événement. Car penser l’événement, c’est être capable de saisir le surgissement de l’inédit par la réforme de son entendement.

    • Et pour les Fans un colloque :
      https://alter.univ-pau.fr/fr/activites-scientifiques/manifestations-scientifiques/colloques/colloque-creer-le-present-imaginer-l-avenir.html
      Le présent au prisme de la pandémie de covid-19 : contours d’une communauté d’époque.

      Cela a beaucoup été dit, la pandémie que nous traversons est sans doute, à bien des égards, un extraordinaire révélateur des faiblesses et des misères de nos sociétés européennes et mondialisées. Osons qu’elle figure également de manière plus radicale (et avec une force certaine) toute l’angoisse de notre temps, celle d’un présent forclos (« tout est pareil en pire », « demain sera pire qu’hier »), où le désastre en cours est désormais (aussi) rendu sensible dans les images des rues désertes, des agoras vidées de leurs forces vives, et des morts qui s’amoncellent, et finissent par faire partie du décor (« l’ordre ordinaire de la mort ordinaire », écrit J. Andras). On pourrait dire qu’on ne glisse plus à la surface des choses, et que, comme par un approfondissement du regard, ce qui se donne à ressentir dans ce moment si oppressant (et oppressif) de réclusion, d’égarements et de souffrances accrues, donne peut-être la mesure de l’épuisement et de l’asphyxie contemporaines. Deux métaphores qui ont ces derniers temps retrouvé une force sensible inouïe, et suffiraient presque à tracer les contours d’une sorte d’exigence commune de la pensée, ou d’une communauté d’époque, dans l’urgence et l’élan retrouvé « d’ouvrir et de déployer des possibilités de vie nouvelles » : ce qui est aussi le cœur du sursaut éthique tel que le définit Paul Audi (dans l’immanence absolue de la subjectivité) et qu’on retrouve au fondement de sa puissante « esth/éthique » de la création qui replace l’activité créatrice au centre de la vie, où doit se jouer l’accroissement de nos puissances d’agir. Un formidable enjeu éthique pour la philosophie et la littérature contemporaines dont le rapport au monde (et à l’agir) se pose et s’éprouve aujourd’hui dans des termes nouveaux, où de « nouvelles urgences catégoriques » (F. Lordon) imposent aussi des formes, des poétiques, des pensées et des propositions nouvelles : de nouvelles dissidences dont le présent appel se donne pour tâche d’explorer la puissance de questionnement, d’intervention et de reconfiguration utopique (ou hétérotopique) du partage du sensible.

    • Quand l’extrême gauche comprend que le conspirationnisme est la nouvelle intelligence politique

      Ils ont fini par se rendre à l’évidence que ce que le Système interdit est la bonne voie, mais ils y ont mis le temps. Voici que l’extrême gauche française, incarnée non par le ridicule Besancenot, mais par Julien Coupat et ses amis, admet le conspirationnisme, au sens que lui donne le Système, c’est-à-dire la pensée politique interdite, la pensée politique profonde, celle qui s’enfonce au cœur du Système pour le comprendre et en dévoiler la stratégie. Une pensée 3D que L’Express, logiquement, en bon chien de garde, dénonce, en citant avec ironie la 4e de couverture du livre de la bande à Coupat :

      Une couverture noire, un titre choc, un éditeur prestigieux, une quatrième de couverture dont la grandiloquence prête à sourire ("Nous vaincrons parce que nous sommes plus profonds"), mais des auteurs masqués. Défendant une vision complotiste qui se veut de gauche, le Manifeste conspirationniste doit paraître le 21 janvier aux éditions du Seuil.

      Ça leur prête peut-être à sourire, mais en vérité, ça les inquiète, parce que la gauche, en 40 ans, avait été dévitalisée et transformée en gauchisme, cette manière d’être contre le Système, en apparence, tout en étant pour, au fond. C’est ce qui a piégé des millions d’électeurs des classes populaires, et aussi de la classe moyenne, qui se réveillent aujourd’hui, parce qu’ils sont en train de tout perdre : et leurs leaders, et leurs partis, et leurs syndicats, bref, leurs défenseurs. Et leur niveau de vie, accessoirement.

      Le peuple est orphelin, et c’est sa chance historique, celle de se créer de nouveaux leaders, de nouvelles organisations.

      Le constat que font Coupat et ses amis, nous l’avons fait dès le début de l’ épidémie de psychose , parce qu’il s’agissait de cela. Avec une arrière-pensée de re-domination politique.

      « Nous sommes conspirationnistes, comme tous les gens sensés désormais. Depuis deux ans que l’on nous balade et que nous nous renseignons, nous avons tout le recul nécessaire pour départager “le vrai du faux”. Les ridicules auto-attestations que l’on a prétendu nous faire remplir avaient bel et bien pour but de nous faire consentir à notre propre enfermement et de faire de nous nos propres geôliers. Leurs concepteurs s’en félicitent à présent. La mise en scène d’une meurtrière pandémie mondiale, “pire que la grippe espagnole de 1918”, était bien une mise en scène » peut-on lire en préambule. »_

      L’extrême gauche a mis deux ans à se réveiller, quand même, abusée qu’elle a été par les agents du Système, rompus à toutes les stratégies d’étouffement et de récupération, voir la fin gauchiste des Gilets jaunes .

      L’Express poursuit sa dénonciation en opposant au constat lucide les presque 6 millions de morts du covid... Et si on parlait des millions de morts du tabac ou de l’alcool dans le monde ? Ils sont 8 millions chaque année à crever de la cigarette, mais le narratif ne suit pas, évidemment. Les morts, les malades, l’oligarchie n’en a rien à foutre. La preuve, la bande néolibérale qui a mis la main sur l’État, en pleine pandémie supposée, supprime lits et effectifs !

      « L’acharnement furieux à balayer tout traitement qui n’impliquerait pas d’expérimenter des biotechnologies sur des populations entières, réduites à l’état de cobaye, avait quelque chose de suspect. Une campagne de vaccination organisée par le cabinet McKinsey et un “pass sanitaire” plus loin, la brutalisation du débat public prend tout son sens. C’est sans doute la première épidémie mortelle dont il faut convaincre les gens qu’elle existe. »
      Les 5,5 millions officiellement morts du Covid (selon l’Organisation mondiale de la santé, le bilan pourrait être deux ou trois fois plus élevé) ? Une manipulation statistique destinée à accélérer l’agenda néolibéral , si l’on croit cet ouvrage.

      Mais non, il n’y a pas d’agenda, voyons... L’extrême gauche, qui a été roulée dans la farine depuis la fin des années 70, et précisément par la rouerie d’un Mitterrand, qui s’en est attaché les services, pour mieux en faire la collaboratrice – voire la putain ou le flic – du virage néolibéral, c’est à la fois Besancenot, les antifas, et Julien Coupat. Il y a donc plusieurs pièces dans la maison du seigneur gauchiste, et elles ne se valent pas toutes. On met de côté Poutou, qui est un clown. Seule Nathalie Arthaud s’en sort, parce que la base conceptuelle léniniste tient la route, même si elle jure avec la France d’aujourd’hui. Une révolution bolchevique en 2022 est une option peu crédible. Mais si le capitalisme financier va trop loin...

      L’Express tente tant bien que mal de limiter la casse, mais la lucidité finit aussi par monter aux cerveaux des gauchistes, du moins de ceux qui sont encore en état de marche, parce que la réalité devient trop évidente ! Quant au contre-complotisme, il en est réduit à nier les évidences, nier le réel, ce qui est le plus sûr moyen de couler idéologiquement, voir l’autodestruction de la gauche dite de gouvernement. Il ne reste alors plus que la force et la répression pour imposer ses idées malfaisantes.

      Le texte recycle des éléments qui font fureur dans la complosphère. En 2019, le Centre Johns Hopkins, financé par la fondation Bill et Melinda Gates ou le forum économique de Davos, a organisé l’Event 201, un exercice de simulation d’une pandémie de coronavirus. Ce serait là une des « preuves » que l’élite avait bien planifié cette crise sanitaire. Selon les auteurs, le timing de la pandémie ne devrait d’ailleurs rien au hasard. Au vu des mouvements sociaux de 2019 à Hongkong, au Liban, en Catalogne, en Chili ou en Colombie, les « puissances organisées » ayant « intérêt au maintien de l’ordre mondial » auraient voulu « siffler la fin de la récréation ». Et pour littéralement confiner les populations, rien de mieux donc que de créer la frayeur à travers un coronavirus.

      On peut donc écrire que le complotisme intelligent de la droite nationale, ou même d’E&R, a contaminé la partie la plus sérieuse, celle qui réfléchit sans œillères, de l’extrême gauche, et elle est compatible, sur cette base d’accord, avec le populisme intellectuellement avancé, dont nous sommes. Naturellement, la bande à Coupat n’adhérera pas à E&R, mais des programmes communs se profilent, dans une France dystopique, certes morcelée, et à dessein, mais qui se reconstitue, qui se ressoude face à l’adversité. C’est la réconciliation du national et du social. Et l’on voit se dessiner des passerelles entre les deux extrêmes, mais c’est encore une terminologie-Système. En vérité, les pensées avancées sont toujours extrêmes.

      edit le sigle le répète, c’est la boutique du dangereux crétin enrichi Alain S0R@L

    • Tu ne dis pas d’où vient ta citation @colporteur (même sans lien pour pas faire de pub).

      Et puisqu’on me faisait reproche de dénoncer d’abord, dans cette affaire, l’absence de toute mention des morts et la déréalisation radicale de l’épidémie sous son interprétation politique, comme on en était restés là bah je les ai cherchés, les morts. […] J’ai même cherché, tenez, leurs occurrences dans le texte. Où t’as mis le corps, c’est toujours une question intéressante à poser. […]

      – Il est fait mention des morts du fait de la vaccination, aux 18e et 19e siècle, en bref des morts du vaccin (pages 202 et 204)

      – Il est fait mention de deux morts par administration d’anthrax, en bref des morts d’autre chose (page 53)

      – Il est fait mention de la surestimation du nombre de morts par les modèles projectifs, en bref des morts en moins (page 135, page 245)

      – Il est fait mention de l’usage de la psychologie sociale pour manipuler les consciences dans la représentation des morts, en bref des morts hallucinés (page 143)

      – Il est fait mention des vieux en EHPAD morts… de solitude (page 243)

      – Il est fait mention (c’est sans doute ma mention préférée) des « morts-vivants » page 211, en bref des morts pas morts, je vous donne le contexte : « l’Occident a fini par adopter une existence crépusculaire et à étendre indéfiniment les états de morts-vivants – malades à vie, immunodéprimés en sursis de cancer…« . (Les personnes immunodéprimées ou porteuses d’une maladie chronique apprécieront cette délicate énumération, où vibre un discret hommage à ce que le regretté Louis Pauwels appelait il y a longtemps le « sida mental » ; mais juger le livre eugéniste était, parait-il, excessif et la formule « la biopolitique, tyrannie de la faiblesse« , page 217, s’est sûrement glissée dans un chapitre par hasard)

      – Il est enfin, in extremis, fait mention des « morts que nous n’avons pas pu enterrer« . C’est, comme un remords, à la page 306 d’un ouvrage qui en compte 316. Mais on ne saura pas de quoi ils sont morts, les morts. Faut pas exagérer.

      J’arrête là la collecte de ce qu’il me semble difficile de ne pas lire comme un travail méthodique d’effacement

    • Pourquoi le Seuil publie-t-il un brûlot conspirationniste attribué à Julien Coupat ?

      Olivier Tesquet

      Le Seuil publie ce vendredi un pavé anonyme, vraisemblablement écrit par l’ancien meneur du groupe de Tarnac, qui légitime la paranoïa et alimente le risque confusionniste... Une “proposition politique originale”, défend la maison d’édition.

      C’est le mal du siècle autant que l’anathème de l’époque. Et voilà que certains en font une profession de foi. Ce vendredi, les éditions du Seuil publient un curieux « manifeste conspirationniste », épais et anonyme, couverture noire, lettrage blanc, postulat crépusculaire : « Dans un monde de paranoïaques, ce sont les paranoïaques qui ont raison. » En pleine crise de la vérité, qui peut ainsi sciemment choisir de se parer des atours du pyromane et convaincre une maison sérieuse de fournir la mèche ? Le Comité invisible, affirme L’Express. Nos sources précisent : après L’Insurrection qui vient (2007), À nos amis (2014) et Maintenant (2017), ce nouveau brûlot serait bien l’œuvre de « la même nébuleuse ingouvernable. » Et surtout de Julien Coupat, dont le nom reste lié à « l’affaire de Tarnac », sabotages de lignes de TGV en 2008 qui avaient donné lieu à un feuilleton judiciaire et politique très médiatisé. Désormais débarrassé de l’étiquette de « terroriste » à la suite d’une décision de la Cour de cassation, il reprend donc du service – sans le canal historique de son collectif autonome, qui s’est désolidarisé avant même la sortie du pamphlet – pour tenter d’imposer son magistère en complotisme à la gauche de la gauche.

      Ces trois cent soixante-dix-neuf pages verbeuses et contrariantes sont difficiles à restituer. Elles convoquent un cortège de prestigieux macchabées : Brecht (« La vérité doit être maniable comme une arme »), Machiavel (« Le mal doit se faire tout à la fois, afin que ceux à qui on le fait n’aient pas le temps de le savourer »), Kafka (« Nous vivons tous comme si nous étions des despotes »), Dick (« En toute franchise, nous estimons qu’il ne peut rien exister de plus dangereux qu’une société dans laquelle les psychopathes prédominent »). Mais aussi Foucault, Marx, Nietzsche, Freud, Adorno, Deleuze, Rimbaud, Baudelaire, Artaud, Pynchon ou Hegel, afin de démontrer que « les grands auteurs qui font chic dans les bibliothèques de livres jamais ouverts sont tous uniformément conspirationnistes. »
      La pandémie, vaste entreprise de manipulation ?

      L’état d’urgence sanitaire, les mesures de police, l’irrationalité de certaines décisions politiques, la corrosion des libertés publiques, tout ceci doit être rigoureusement ausculté. Mais Coupat va beaucoup plus loin. Il adopte une position authentiquement antivax, tantôt feutrée – il s’agirait de « se soustraire au parc humain » –, tantôt frontale – « La campagne mondiale de vaccination générale ne correspond à aucune rationalité médicale. Les “vaccins” dominants sont plus néfastes que le virus pour la plupart des gens, et n’immunisent pas contre la maladie en tant que telle. »

      Dans ce qui ressemble parfois à l’addendum étouffe-chrétien du capitalisme de surveillance décrit par Shoshana Zuboff, Coupat prend pour argent comptant les élucubrations des sciences comportementales, disqualifie tous les « fact-checkeurs » de la Terre – « qui veillent au sommeil prescrit » – et préconise un « great reset véritable », en référence à une théorie du complot popularisée par le documentaire Hold-Up. Il assure encore que « le désastre fait partie du plan » et que la crise sanitaire est « une expérience de management par l’incertitude. » Passant sous silence la réalité statistique de l’épidémie, il la réduit à une vaste entreprise de manipulation imprégnée d’exercices militaires, de programmes clandestins et de guerre froide, matrice de tous les maux. À le lire, nous serions toujours en plein dedans, comme prisonniers d’une opération pensée par la CIA...
      “Un livre qui va faire date, parce qu’il propose d’autres perspectives pour penser ce qui nous arrive.” Hugues Jallon, patron du Seuil

      Au téléphone, Hugues Jallon, le patron du Seuil, en est persuadé : « C’est un livre qui va faire date, tout simplement parce qu’il propose d’autres perspectives pour penser ce qui nous arrive. » Séduit par « une proposition politique originale, passionnante, intellectuellement structurée, même [s’il est] en désaccord avec certaines analyses », il a été convaincu par le pedigree des auteurs (sans révéler leur identité) et quelques échanges liminaires sur une messagerie privée. Aurait-il accepté de le publier sans savoir qui l’écrivait ? « Probablement pas. » Son titre ? « Une provocation à l’intelligence. »
      Se venger, mais de qui ?

      Le risque de procès en confusionnisme ? « Il existe. » Car au-delà du fond, il y a la forme. Ce manifeste ambitionne une offensive, Molotov à la main, pour reprendre à l’extrême droite un territoire du langage qu’elle a annexé de longue date. Peut-on se battre avec les mots de l’ennemi ? « L’extrême droite s’est bien appropriée celui de révolution, objecte-t-on au Seuil. Pourquoi ça ne fonctionnerait pas dans l’autre sens ? » L’argumentaire distribué à la presse insiste : le conspirationnisme serait « un réveil politique qu’il serait suicidaire de laisser » aux identitaires, à Zemmour ou à Le Pen. À l’entrée du dernier chapitre, le ton se fait volontiers imprécateur. « Nous voulons nous venger », peut-on lire en toutes lettres. Mais de qui, quand les complotistes voient le mal partout ?

      https://www.telerama.fr/livre/pourquoi-le-seuil-publie-t-il-un-brulot-conspirationniste-attribue-a-julien

    • 26 janvier. On m’apprend que le site Egalité et réconciliation, fédérant comme on sait les amis d’Alain Soral, a publié une critique louangeuse de l’ouvrage, suggérant que ce dernier laisse entrevoir un programme commun, et saluant la réconciliation du social et du national.

      Comme disait l’autre : It escalated quickly.

      Mathieu Potte-Bonneville

      merci @sombre

    • Mais non, il n’y a pas d’agenda, voyons... L’extrême gauche, qui a été roulée dans la farine depuis la fin des années 70, et précisément par la rouerie d’un Mitterrand, qui s’en est attaché les services, pour mieux en faire la collaboratrice – voire la putain ou le flic – du virage néolibéral, c’est à la fois Besancenot, les antifas, et Julien Coupat. Il y a donc plusieurs pièces dans la maison du seigneur gauchiste, et elles ne se valent pas toutes. On met de côté Poutou, qui est un clown. Seule Nathalie Arthaud s’en sort, parce que la base conceptuelle léniniste tient la route...

      Je m’en doutais, ces paroles ne pouvaient venir que du site Egalité et Réconcilation d’extrême droite, fondé par Soral !

      C’est Très Malin, faire un copier-collé du texte intégral de ces salopards de soraliens sans citer sa source, à la suite de celui de Potte-Bonneville pour pouvoir mieux discriminer l’extrême gauche afin de l’associer carrément à l’extrême droite.
      Merci @colporteur et Mathieu Potte-Bonneville !

    • Tu le fais exprès ou quoi @marielle ? C’est justement le problème que ce livre soit récupéré aussi vite par E&R en même pas une semaine, d’où le « It escalated quickly », c’est justement pour ça qu’il faut se poser la question du contenu si en si peu de temps ça peut être récupéré (ce n’est absolument pas le cas de plein d’autres textes).

      Par ailleurs, @colporteur a fait exprès de pas mettre lien pour pas leur faire de la pub et du trafic internet, donc peux tu supprimer au plus vite ce lien d’ici ?

    • J’ai retiré le lien @rastapopoulos mais j’aurais préféré que @colporteur donne clairement, dès le départ à la suite de son post ( comme vous le demandez souvent !) la source du texte d’Egalité et Réconciliation.
      S’il l’avait fait je ne m’y serais pas moi même connectée après avoir effectué des recherches.
      Le fait de l’avoir retranscrit dans sa totalité c’est lui donner une visibilité qu’il ne mérite pas.

      Pour revenir au sujet du livre moi j’aime bien cette définition du conspirationnisme :

      Le conspirationnisme procède de l’anxiété de l’individu impuissant confronté à l’appareil gigantesque de la société technologique.
      Il ne sert donc à rien de balayer le conspirationnisme comme faux, grotesque ou blâmable ; il faut s’adresser à l’anxiété d’où il sourd en produisant de l’intelligibilité historique et indiquer la voie d’une sortie de l’impuissance.

      La vérité est qu’il y a dans le conspirationnisme une recherche éperdue de vérité, un refus de continuer à vivre en esclave travaillant et consommant aveuglément, un désir de trouver un plan commun en sécession avec l’ordre existant, un sentiment inné des machinations à l’oeuvre, une sensibilité au sort que cette société réserve à l’enfance, au caractère proprement diabolique du pouvoir et de l’accumulation de richesse, mais surtout un réveil politique qu’il serait suicidaire de laisser à l’extrême-droite.

      Si vous êtes incapables de comprendre ceci c’est que vous êtes aussi dans une forme de déni.

      Et je termine sur une note positive en reprenant les mots d’ Hervé Kempf (Reporterre), ce que veut dire en fait con-spirer, c’est respirer ensemble, c’est entrer en plein dans la politique.

    • ce que veut dire en fait con-spirer, c’est respirer ensemble, c’est entrer en plein dans la politique

      Ce jeu de mot de Kempf digne de Lacan...

      Toujours pas lu le bouquin mais je pense que ces recensions vont m’en dissuader, ça confirme en tout cas, pour l’instant, le moment fasciste que je pressentais.

    • "cospirare vuol dire respirare insieme" est ici repris à radio Alice
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Radio_Alice

      Bologna 1977 : comunicazione e movimento
      https://www.radioalice.org/index.php?option=com_content&view=category&layout=blog&id=13&Itemid=129

      12 marzo 1977 Lo Sgombero di Radio Alice
      https://www.youtube.com/watch?v=3aFdAxSiZxc

      le « moment fasciste » vient de loin et attrape sur son chemin tout ce qu’il peut de divers héritages critiques

    • Mais encore une fois ça part dans tous les sens sans clarifier le départ : être conspirateur et conspirationniste c’est pas la même chose. Ceux qui « respirent ensemble » ce sont les conspirateurs. Être conspirationniste peut vouloir dire deux choses : c’est pas un acte (conspirer), c’est une idéologie, et la majorité du temps, ça désigne ceux qui voient des conspirations partout chez les autres, ça n’a donc rien à voir avec conspirer soi-même. Mais ça peut aussi désigner une idéologie qui voudrait qu’on se mette tous à conspirer (contre les pouvoirs). Ce qui n’a rien à voir non plus, mais qui peut parfaitement s’additionner à la première idéologie (trouver trop de conspiration partout ailleurs, même où il n’y en a pas ET vouloir qu’on se mette tous à conspirer).

      C’est donc totalement confus si on ne clarifie pas de quoi on parle à propos de telles ou telles personnes.

    • un seen qui avait toute sa place ici s’est évaporé...

      Il y a un lien intrinsèque entre cette espèce de nullité de la politique, ce devenir nul de la politique et cette insignifiance dans les autres domaines, dans les arts, dans la philosophie ou dans la littérature. C’est cela l’esprit du temps. Tout conspire à étendre l’insignifiance.

      Contre le conformisme généralisé - Stopper la montée de l’#insignifiance, Castoriadis
      https://www.monde-diplomatique.fr/1998/08/CASTORIADIS/3964

      ce manifeste con., c’est le monde d’après.

      mise en place de 4000 copies, les ventes démarrent bien, parait-il (pour feuilleter, on trouve un pdf)

      #zeitgeist

    • le « moment fasciste » vient de loin et attrape sur son chemin tout ce qu’il peut de divers héritages critiques

      +

      être conspirateur et conspirationniste c’est pas la même chose

      =

      les conspirationnistes sont des aspirateurs ? :-)

  • Abschiedsbrief von Hans Modrow - »Eine letzte Chance« 
    https://www.jungewelt.de/artikel/419210.partei-die-linke-eine-letzte-chance.html

    Der Ältestenratsvorsitzende von Die Linke warnt vor dem Scheitern der Partei

    Der Vorsitzende des Ältestenrates der Partei Die Linke, Hans Modrow, hat in der vergangenen Woche einen Brief an die Kovorsitzenden der Partei, Susanne Hennig-Wellsow und Janine Wissler, gerichtet, jW dokumentiert im Folgenden das bislang nicht veröffentlichte Schreiben, das als Beitrag zur Diskussion vor dem Parteitag im Sommer in Erfurt gedacht ist.

    Liebe Susanne, liebe Janine,

    zum ersten Mal seit vielen Jahren blieb ich dem stillen Gedenken in Berlin-Friedrichsfelde fern, konnte nicht gemeinsam mit Euch und vielen anderen jene ehren, auf deren Schultern unsere Partei steht. Ich fehlte nicht aus politischen Gründen, wie manch anderer, sondern aus gesundheitlichen: Ich lag im Krankenhaus. Die medizinischen Diagnosen sind nicht eben freundlich, weshalb ich es für angezeigt halte, meine Angelegenheiten zu regeln. Darum auch dieser Brief. Er soll zugleich mein Beitrag sein für die Diskussion im Vorfeld des Parteitages in Erfurt.

    Die Partei Die Linke – hervorgegangen aus WASG und PDS, und diese wiederum aus der SED, welche ihre organisatorischen Wurzeln in der KPD und der SPD hatte – befindet sich in einer kritischen Situation. Diese entstand nicht erst durch das desaströse Resultat bei den Bundestagswahlen. Das Ergebnis machte die innere Verfasstheit lediglich sichtbar. Wenn die Partei sich nicht im klaren ist, wofür sie steht und was ihr Zweck ist, wissen dies auch nicht die Wähler. Warum sollen sie ihre Stimme einer Partei geben, deren vordringlichstes Interesse darin zu bestehen scheint, mit SPD und Grünen eine Regierung bilden zu wollen? Dass diese Vorstellung offenkundig in der Führung und unter den Mandatsträgern dominiert, ist weder dem Wirken einzelner Genossinnen und Genossen zuzuschreiben noch das Resultat einer einzigen falschen Entscheidung. Es ist Folge einer jahrelangen, jahrzehntelangen Entwicklung. Wann dieser Prozess einsetzte, und wer ursächlich dafür verantwortlich zeichnet, lässt sich sowenig beantworten wie die Frage, ob der Realsozialismus nach dem 20. Parteitag der KPdSU 1956 oder mit dem Prager Frühling 1968 hätte gerettet werden können. Wir wissen es nicht.

    Alles auf den Prüfstand

    Wir kennen jedoch die demokratischen Spielregeln. Wir haben uns auf sie eingelassen, wie wir eben auch die gesellschaftliche Realität zur Kenntnis nehmen müssen, ob uns diese nun gefällt oder nicht. Schon Bismarck wusste und handelte entsprechend: »Wir müssen mit den Realitäten wirtschaften und nicht mit Fictionen.« Zu den demokratischen Spielregeln gehört es, dass nach einer krachenden Niederlage alles auf den Prüfstand gestellt werden muss. Die kritische Selbstbefragung schließt Personalien zwingend mit ein. Denn wenn alle Verantwortlichen im Amt bleiben, bleibt auch sonst alles beim alten. Es genügt nicht, Kreide zu fressen und Besserung zu geloben. Aus einem mit politischem Mandat ausgestatteten Saulus ist bislang noch nie ein Paulus geworden. Das war eine biblische Legende.

    Das Maß der Mitverantwortung ist bei jedem Parteimitglied unterschiedlich groß, am größten aber bei jenen, die die Partei führen. Der Bundesgeschäftsführer zum Beispiel trägt eine größere Verantwortung für Wahlstrategie und inhaltliche Ausrichtung der Partei als ein einfaches Parteimitglied – man kann sagen: eine entscheidende. Ansagen der Parteivorsitzenden finden eine höhere Verbreitung als die Meinung einer Basisgruppe; was in der Bundestagsfraktion gesagt wird, besitzt eine andere Wirkung als etwa eine Erklärung des Ältestenrates. Deshalb denke ich, dass ein Neustart nicht ohne personelle Konsequenzen erfolgen kann. Der Parteitag im Sommer in Erfurt ist nach meiner Überzeugung dafür die letzte Chance, es wird keine weitere geben.

    In der Partei, aus der ich komme, kursierte die Losung von der Einheit von Kontinuität und Erneuerung, wobei jedermann und jedefrau sah, dass die Erneuerung allenfalls Phrase war, um die Stagnation zu verdecken. Wohin dies am Ende führte, wissen wir alle. Marx irrte vielleicht doch, wenn er – Hegel zitierend – meinte, dass sich Geschichte zweimal zutrüge, »das eine Mal als Tragödie, das andere Mal als Farce«. Auch wenn sich Geschichte in Wahrheit nicht wiederholt, sind Analogien nicht völlig von der Hand zu weisen. Nach meinem Eindruck scheinen sich in unserer Partei bestimmte Prozesse zu wiederholen. Die SED ging zugrunde, weil die Führung selbstgefällig und arrogant, unbeirrt und unbeeindruckt ihren Kurs verfolgte und ignorierte, was die kritische Basis daran anstößig fand. Damit zerstörte diese Führung objektiv die Partei von oben. Das Ende ist bekannt.

    Am Ende meiner Tage fürchte ich die Wiederholung. Die politischen Folgen des Scheiterns vor mehr als 30 Jahren können wir im Osten Deutschlands besichtigen. Die Folgen des Scheiterns der Linkspartei werden ganz Deutschland und die europäische Linke insgesamt treffen. Das eine wie das andere ist irreparabel. Dessen sollten wir uns bewusst sein! Wir tragen darum eine große Verantwortung – jede Genossin, jeder Genosse und die Partei als Ganzes.

    Als Vorsitzender des Ältestenrates war ich mir immer dieser Verantwortung bewusst. Wir haben gemäß der Bundessatzung der Partei gehandelt: »Der Ältestenrat berät aus eigener Initiative oder auf Bitte des Parteivorstandes zu grundlegenden und aktuellen Problemen der Politik der Partei. Er unterbreitet Vorschläge oder Empfehlungen und beteiligt sich mit Wortmeldungen an der parteiöffentlichen Debatte.« Allerdings musste ich, mussten wir erleben, dass unsere Vorschläge und Empfehlungen ohne sichtbare Wirkung blieben, weshalb ich wiederholt auch öffentlich die Frage stellte, ob es dieses Gremiums überhaupt bedarf. Wir waren augenscheinlich überflüssig und lästig, was die Ignoranz deutlich zeigte. Unsere Erfahrungen brauchte niemand.

    In westdeutscher Hand

    Natürlich gibt es – wie in jeder Familie – auch in unserer Partei einen Generationenkonflikt. Die Neigung der Nachwachsenden, den Rat der Alten als Belehrung oder Bevormundung zu empfinden, ist mir nicht fremd: Ich war schließlich auch einmal jung. Zu diesem Konflikt kommt auch noch der der unterschiedlichen Herkunft. Wer im Osten geboren und aufgewachsen ist, hat eine andere Sozialisation erfahren als die Genossinnen und Genossen aus dem Westen. Sozialisation schließt ein: Bildung, Sprache, Umgangsformen, Mentalität, Erfahrung, Stabskultur … Das alles schwindet mit den Jahren, wie deren Träger auch verschwinden. Es wirkt jedoch nach. Über Generationen. Die Ostdeutschen, auch das muss gesagt sein, sind nicht die besseren Menschen. Sie sind anders. Das sollte sowohl in der Partei selbst als auch in ihrer politischen Arbeit bedacht werden. Geschieht das nicht, erhält man – wie jüngst geschehen – bei Wahlen die Quittung. Bundestagswahlen gewinnt man nicht im Osten, aber man verliert sie dort.

    Ich kann mich nicht des Eindrucks erwehren, dass auch die Partei wie seinerzeit das östliche Land inzwischen in westdeutscher Hand ist. Ihre Vertreter und Verbündeten geben den Ton an. Wie im Staat gibt es keine Einheit, ich nenne den Zustand Zweiheit. Und das scheint nunmehr auch in der Partei der Fall zu sein. Ja, ich weiß, die Zusammensetzung der Partei hat sich geändert, viele junge Leute aus West wie Ost sind hinzugekommen. Sie kommen vornehmlich aus Städten und nicht vom Lande, haben andere Bedürfnisse und Interessen als wir damals, als wir in ihrem Alter waren. Um so wichtiger ist, dass wir ihnen bewusst machen, aus welcher traditionsreichen Bewegung ihre/unsere Partei kommt, was ihre Wurzeln sind und wofür Generationen gekämpft haben: nämlich nicht für die Stabilisierung des kapitalistischen Systems, sondern für dessen Überwindung.

    Und den Charakter des Systems erkennt man nicht mit Hilfe des Ausschnittdienstes und der sogenannten sozialen Medien, sondern aus Theorie und Praxis und deren Verbindung. Ich scheue mich deshalb nicht, eine systematische politische Bildungsarbeit in der Partei zu fordern. Natürlich ist das kein Allheilmittel, aber nützlich, um die Welt zu erkennen und zu bestimmen, was die Aufgabe der Partei ist. Auch wenn deren Zustand im steten Wandel begriffen ist, ändert sich der Charakter der Klassengesellschaft nicht. Lautmalerei, Anglizismen und Gendern oder der Kampf gegen die Klimakatastrophe überwinden die sozialen Gegensätze in der bürgerlich-kapitalistischen Gesellschaft nicht. Das vermeintliche Verschwinden des Industrieproletariats hat doch die Arbeiterklasse nicht ausgelöscht. Die Sozialforschung spricht inzwischen vom Dienstleistungsproletariat, und meint jene abhängig Beschäftigten, die für wenig Geld arbeiten müssen, um zu existieren: Krankenschwestern und Pfleger, Verkäuferinnen im Supermarkt und Außendienstmitarbeiter in Logistikunternehmen, Angestellte bei der Post, im Handel, in der Gastronomie und im Tourismus und so weiter. Sie machen laut jüngsten Untersuchungen inzwischen bis zu 60 Prozent der Beschäftigten aus und sind kaum gewerkschaftlich organisiert. Sie sind ebenso Arbeiterklasse wie die etwa 18 Prozent in Industriebetrieben Tätigen. Diese nahezu vier Fünftel der Gesellschaft kommen in der Wahrnehmung unserer Partei kaum vor. Es ist ja keine Klasse, keine Mehrheit, nur eine Randerscheinung …

    Kampf um den Frieden

    Nicht weniger gefährlich ist diese absurde Äquidistanz zur Außenwelt. Man kann nicht zu allen Bewegungen und Staaten den vermeintlich gleichen ideologischen Abstand halten. Wer in das gleiche Horn stößt wie die kapitalistischen Kritiker Russlands und Chinas, Kubas, Venezuelas usw. macht sich objektiv mit ihren erklärten wirtschaftlichen und politischen Gegnern gemein. Wollen wir ihnen im Kalten Krieg behilflich sein beim Anrichten eines Scherbenhaufens wie in den Staaten des arabischen Frühlings, in Afghanistan, in der Ukraine und in anderen Staaten, wo die Geheimdienste und die Militärmaschinerie des Westens wüteten? Natürlich sollen wir nicht alles gutheißen, was in anderen Ländern geschieht. Aber bei unserer Beurteilung ist es nicht nur nützlich, sondern auch nötig, die Perspektive der anderen einzunehmen. Im Kampf um den Frieden darf es keine Neutralität geben. Der christlich-europäische Kulturkreis, aus dem wir ebenso kommen wie Karl Marx und der ganze Kapitalismus, kann nicht die Elle sein, mit der wir die Welt vermessen. Es gibt Kulturvölker, die uns Jahrtausende voraus sind. Und es gibt Prioritäten, die auch Willy Brandt setzte: Frieden ist nicht alles, aber ohne Frieden ist alles nichts.

    Liebe Susanne, liebe Janine, ich kann versprechen, Euch künftig mit Schreiben wie diesem zu verschonen. Meine Kraft ist aufgezehrt, ich kann nur auf die Enkel hoffen, die es besser ausfechten. Da schwingt Hoffnung mit. Und die stirbt bekanntlich zuletzt.

    Berlin, 17. Januar 2022

    In solidarischer Verbundenheit

    Hans Modrow

    Hans Modrow war von 1958 bis 1990 Abgeordneter der Volkskammer der DDR für die SED, deren Zentralkomitee er von 1967 bis 1989 angehörte. Von November 1989 bis April 1990 war er der vorletzte Ministerpräsident der DDR. Vom 3. Oktober 1990 bis 1994 war er Abgeordneter der PDS im Bundestag und von 1999 bis 2004 des Europaparlamentes. Er ist Vorsitzender des Ältestenrates der Partei Die Linke seit dessen Gründung 2007.

    Am Donnerstag, 27. Januar, feiert Hans Modrow seinen 94. Geburtstag. Er bittet statt um Blumengrüße um Spenden für die Tulpen-Aktion der Modrow-Stiftung. So sollen im kommenden Herbst 6.000 Tulpenzwiebeln auf dem OdF-Feld (Gräberfeld für Opfer des Faschismus) auf dem Zentralfriedhof in Berlin-Friedrichsfelde gesteckt werden.

    Modrow-Stiftung IBAN DE 64 1009 0000 2703 3300 05, Kennwort: Tulpen-Aktion

    #Allemagne #politique #gauche #DDR

  • Oui, des gauchistes et même des anarchistes tombent dans un complotisme facile, ce qui n’est finalement pas nouveau, mais des gauchistes et même des anarchistes trainent dans un anticomplotisme ridicule où devient taboue la critique des technologies vaccinales, de la 5G et des lobbys pharmaceutiques ce qui fait aussi le jeu du gouvernement et du Capital. Il faut aller au bout du processus consistant à mettre dos à dos complotistes et anticomplotistes – devenus irrationnels à force de rationalité. Dans le cas où c’est la peur du virus et de la maladie qui parle chez nos ami.e.s et qui est seule légitime, ce qu’il y a de particulièrement dangereux c’est que le pouvoir et ses solutions biopolitiques peuvent apparaître comme désirables. Non seulement les mesures gouvernementales ont été massivement acceptées mais également désirées jusque chez les radicaux et les anti-système.

    https://lundi.am/Toujours-sur-la-catastrophe-et-comment-en-sortir

    #covid #anticomplotisme

    • N’oublions pas que la convergence objective entre la droite « libérale », qui a toujours été séduite par la vision anglo-saxonne d’un Etat minimal réduit à ses fonctions régaliennes, et une gauche « libertaire » qui rejette toute institution répressive est une réalité.


    • « J’ai lu l’article Sur la catastrophe en cours et comment en sortir, et j’étais trop content de lire un truc sur tout ça, parce que dans nos collectifs, c’est le déni de la situation qui prévaut et l’évitement des débats ! Il faut foutre un coup de pied dans la fourmilière. Après j’étais pas d’accord avec tout, et j’ai eu grave envie d’y répondre, ça a pris la forme d’un article qui est à la fois une réponse et une continuité, qui participe à la réflexion en cours, mais je sais pas... en tout cas ça donne envie de lancer une vraie réflexion collective : quelles positions radicales dans ce bordel ? »

      Un tel texte est nécessaire et désirable car depuis deux ans nous flottons dans une confusion et une stupeur qui suspend les mouvements de la réflexion. Recouvert par la fureur des médias, pris au piège dans les dualismes et les mots de l’ennemi, notre pensée stagne et ne parvient plus à trouver les chemins du dépassement. Dans une telle période historique des franchissements « ne pas savoir » est sûrement une marque de bon sens, mais dernièrement les affects entourant la question de la catastrophe, des vaccins, étaient tellement intenses et virulents que des formes de déni et d’évitement des débats ont pu avoir lieu, il est temps d’y mettre fin. Ouvrir les questions que posent l’époque, nourrir les conflits, déplacer les certitudes, mettre à l’épreuve les théories, voilà ce à quoi nous aimerions participer, voilà la recherche d’une théorie radicale : comment s’en sortir.

      Premier point : les complotistes et les anti-complotistes font dispositif, ces deux postures trempent dans l’impuissance et la dénonciation. Mais d’une certaine manière, la posture complotiste est déjà connue et bien documentée ; c’est le complot des anticomplotistes qui passe pour un phénomène exotique. Cette nouvelle raison d’être de la #gauche_bourgeoise, nouveau détour dans la mésaventure de la #pensée-critique, prend peut-être son essor avec l’hystérie anti-Trump. Cela n’est pas assez souligné dans le premier texte, mais l’anticomplotiste est un ennemi de premier ordre, l’évolution monstrueuse du flic-citoyen trop heureux de montrer son pass sanitaire comme preuve de sa bonne moralité. Et puis oui : les complots existent. Le piège grossier de l’attaque sémantique anticomplotiste est évidement de nous cantonner à une #critique-réformiste où l’on ne pourrait plus dénoncer les complots bien réels et historiques des dominants dans leur systématicité et dans leur existence terrestre.

      Bien que les rapports sociaux soient complexes et que la domination est toujours structurelle, il est vital pour les révolutionnaires de pouvoir la contester dans ses incarnations humaines et pas seulement dans le ciel des structures sinon le camp des révolutionnaires se limite aux seules personnes ayant suffisamment de conscience politique et se condamne à un avant-gardisme néfaste. « Quiconque attend une #révolution-pure ne vivra jamais assez longtemps pour la voir », ce n’est pas un spontanéiste qui parle mais bien Lénine lui-même à propos de la révolution de 1905 : « il y avait des masses aux préjugés les plus barbares, luttant pour des objectifs les plus vagues et les plus fantastiques, il y avait de groupuscules qui recevaient de l’argent japonais, il y avait des spéculateurs et des aventuriers, etc. […] sans cette participation, la lutte des masse n’est pas possible. Et tout aussi inévitablement, ils apporteront au mouvement leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leur erreurs. Mais objectivement ils s’attaqueront au Capital. »

      La période est révélatrice : les anticomplotistes préférant ne pas se compromettre avec de mauvais alliés en viennent à se cantonner dans la critique des structures et passent à côté de tous les sursauts de résistance des populations. Ces deux dernières années on a vu l’ultragauche déserter la critique des mesures sanitaires et autoritaires en laissant le champ entier de la défense des libertés aux droites.

      Finalement, l’ennemi ultime est peut-être un rapport social, mais ce rapport s’incarne dans des institutions, des habitudes, des objets, voire des personnes. Il ne suffit pas de dénoncer la police et imaginer comment s’en passer, il faut aussi parfois lui jeter des pavés, alors même qu’existe le risque de la fétichiser et de rester bloqué dans une lutte contre la répression. De la même façon, il ne faut pas caricaturer le pouvoir au point de croire en sa toute puissance et de devoir inventer des forces surnaturelles pour l’expliquer, mais il faut bien donner des responsables concrets et dénoncer les chiens de garde du rapport social : pour Stengers, par exemple, il est important de rendre les petites mains capitalistes responsables du capitalisme, s’en prendre à elles et pas seulement dénoncer « le système ».

      Il y a une tendance humaniste dans la gauche à considérer qu’il n’y a pas de véritables ennemis. Le fait de nommer des ennemis est certes une mauvaise habitude mais « une mauvaise habitude de révolutionnaire » où la politique redevient cette capacité à « reconstituer de nouvelles communautés antagonistes, des lignes de partage, des divisions sans possibilité de synthèse : #destitution ». Donc d’un côté la dénonciation des structures « qui ne descendent pas dans la rue » et de l’autre « le camp des amis de la politique antagoniste ».

      Un grosse erreur, la stupeur mise de côté, fut de ne pas parvenir à se saisir de tous les enjeux quotidiens pour ancrer notre position destituante : pendant deux ans, il n’exista que très peu de discours radicaux sur la catastrophe capables de s’ancrer dans ce que nous vivions pourtant tous – au moins partiellement – comme une rupture de l’ordre et de la réalité capitaliste.

      Deuxième point : la peur n’est pas à fuir, il faut partir d’elle. Nous le saurons pour la prochaine, dans la catastrophe la peur est une émotion partagée et qui partage : que ce soit la #peur-du-virus ou la #peur-de-la-gestion-biopolitique qui domine, notre réaction ne sera pas la même et on se trouvera pris au piège à des endroits différent des dualismes : pro et anti. La peur est généralement cachée, infusant inconsciemment dans les débats – surtout chez les rationalistes. La peur est à la fois ce par quoi on nous gouverne et ce par quoi, si elle est mise en commun et dépassée, on se révolte. Mais la peur est un affect qui pousse à s’organiser si et seulement si on la dépasse collectivement, dans le cas contraire elle n’est qu’une fuite qui mène dans les bras « du premier charlatan ou sauveur auto-proclamé », qu’il soit officiel ou officieux, que ce soit la tisane au miel ou le vaccin magique.

    • Une part du mouvement antivax, certains complotistes, comme d’autres fascistes, surfent sur la peur en roue libre, peur de la science, des autres, du savoir, de la vérité, du virus, qui peut aussi se convertir en peur irrationnelle des étrangers ou du vaccin. Mais la peur est commune à tous, c’est aussi le provax convaincu, militant de « la suspension critique » qui parfois sans le dire, charrie sa peur de la maladie, du virus et qu’il reporte sur les pauvres, les marginaux, ceux qui ne comprennent rien etc.

      La peur paranoïaque est le dénominateur commun de l’époque, il se trouve aussi du côté de ceux qui ont peur de la maladie parce qu’ils ont peur de la mort – peur de la vie qui englobe fatalement la mort et la maladie. On peut certes vouloir être soigné par un robot ultra technologique mais on peut aussi préférer mourir comme Illich. La question n’est pas de savoir ce qui est mieux, ce serait stupide puisque derrière nos préoccupations théoriques, ce sont nos affects qui agissent et qu’on se fout pas mal de savoir comment chacun s’arrange individuellement avec les chantages de l’Empire ...

      ... Si nous sommes assez honnêtes c’est bien là où nous en sommes : à devoir construire une connaissance approchée de la catastrophe en cours. Et dans ces temps de redéfinition une question que l’on se pose est celle que toute politique suppose : quels ennemis, quels amis ? Au delà des choix individuels de se faire ou non vacciner : avec qui pouvons nous construire une santé communiste ?

      [ Cette construction ] pose d’ores et déjà un certain nombre de questions :

      -- Il est inacceptable que le monde de l’économie poursuive son exploitation en temps de pandémie mondiale alors même qu’il en est à l’origine. Comment en témoigner ?

      -- Il est assez évident que la crise du coronavirus est une répétition générale de la fin du monde, que les catastrophes vont continuer à s’enchaîner, la question étant comment tenir une position communiste dans cette époque, en quoi la pandémie aura-t-elle ou pas remis en question les théories de la destitution et ses présupposés ?

      -- Que veut dire matériellement, économiquement et énergétiquement cette ultime alliance technocratique opportuniste de la crise : sommes nous en train d’assister à une transformation profonde du capitalisme ? Quels en sont les contradictions et les faiblesses ?

      -- Stratégiquement, faut-il appuyer la gravité de la pandémie en démontrant les manques de l’État – au risque d’être dans une demande d’État contre-productive et pris au piège dans les règles du jeu sémantique des dirigeants – ou bien refuser la Pandémie comme nouveau paradigme et, sans nier l’existence d’une épidémie de covid 19, s’opposer à l’instrumentalisation par l’État de la crise sanitaire ?

      Rendons cette réflexion collective, car nous aurons besoin de toutes les ressources radicales pour parvenir à une théorie digne de l’époque.

    • Ce texte mérite d’être mis en valeur beaucoup mieux que vous ne l’avez fait, cf le messages/944728 (message un peu fourretout, avec des commentaires du type : En ce 24 janvier, l’organe du Horsolistan persiste dans le n’imp )
      Je suis en train de tenter de « l’analyser » sans prétention :) et de le comprendre en profondeur si on peut dire, d’essayer de faire le tri, et de le taguer.
      Il me semble que Cristina del Biaggio procède très souvent de cette façon en raison de sa profession et j’aimerais pour une fois avoir la liberté de faire de même sans avoir à subir les remarques de la « modération » @rastapopoulos :)

      Maintenant si cela dérange @deun je supprime tout.

  • Covid-19 : réflexions sur la possibilité d’une sortie de « crise », Tendance CLAIRE du NPA
    https://tendanceclaire.org/article.php?id=1734

    Donc, puisqu’il faudra bien relâcher les mesures de restriction un jour, aucune raison sérieuse ne s’oppose à ce qu’on le fasse très prochainement. Les conditions sont réunies pour reprendre une vie normale en société, avec un risque acceptable par rapport au niveau de risque qu’on acceptait déjà avant que fasse irruption le covid. En tout cas, il n’y a pas vraiment de conditions substantiellement meilleures à attendre.

    Tendance fondée par des lambertistes, la Tendance CLAIRE du NPA appelle à voter #Mélenchon tout en menant la bataille contre les impasses réformistes de son programme (14 octobre 2021).

    #covid-19 #covidiots #gauche

  • Sur la catastrophe en cours et comment en sortir - Serge Quadruppani & Jérôme Floch
    https://lundi.am/Sur-la-catastrophe-en-cours-et-comment-en-sortir

    Il y a tout de même pas mal de choses intéressantes dans cet article de Quadruppani (qu’on sait déjà mais dites au public antibiopolitique).

    On a pourtant aussi toutes les raisons d’écouter le cri de rage d’un ami infirmier, à qui j’ai fait lire l’interview de Lamarck : « Je voudrais surtout pas tomber dans le pathos, mais le subjectif est là, et je vais pas le refouler : quand tu as vu des personnes âgées qui ont un nom : Marthe, Francis, Suzanne, Mario, Huguette , Gilberte et tant d’autres, magnifiques, qui ne demandaient qu’à finir leurs vies tranquilles, sereines et entourées, partir en 24 heures, emballées dans des housses mortuaires, sans préparation, sans que leurs proches ne puissent les voir, ne serait-ce qu’une dernière fois, quand tu as vu tes collègues infirmières et aides-soignantes, pourtant pleines d’expérience, et qui savent tenir la « bonne distance » professionnelle avec la mort, te tomber dans les bras et pleurer de détresse, que tu as vu toute l’équipe soignante aller au tapis, frappée de plein fouet par le virus, et les rares soignantes encore valides rester à poste 18h sur 24, que tu as vu le quart des personnes prises en charge mourir en une semaine, les poumons bouffés par le virus, et qu’il s’en fallait à peine d’un mois pour que des vaccins soient disponibles... alors le gus qui te déclare, du haut de son Olympe conceptuel : « c’est la porte ouverte à la modification moléculaire de l’humain », tu as juste envie de lui hurler : « ta gueule, connard ! Tu n’as aucune idée de ce dont tu parles... ! » C’est con, hein ? »

    Non, c’est pas con, et d’autant moins que c’est assorti d’une critique des affirmations lamarckienne qui peut s’avérer fort utile pour dissiper les fantasmes attachés à ce vaccin à ARNm souvent au cœur des argumentaires antivax. « Bien, alors le truc affreux [d’après Lamarck] ce serait ces vaccins à ARN messager modifié « enrobés dans un vecteur complètement artificiel ». Le mot est lâché : « artificiel », sûrement opposé à « naturel ». Ne relevons même pas que bien des produits artificiels se sont révélés forts utiles, et que nombre de produits naturels peuvent être extrêmement nocifs. Le truc ici consiste à faire peur : c’est « artificiel » ! Pas bon ça ! Le vecteur en question est une microparticule avec 4 lipides (dont du cholestérol), 4 sels (chlorures de sodium, de potassium, dihydrogénophosphates de sodium, de potassium), du sucre (saccharose) et de l’eau... (c’est presque Bio !) Non, faut que ça fasse peur ! Car nous disent-ils tout ça « est injecté massivement depuis décembre 2020 sans tests cliniques suffisants tant sur l’innocuité que sur l’efficacité ». C’est évidement faux, les essais de phase I, II, et III ont bien eu lieu, et si la phase III se poursuit c’est pour étudier les effets secondaires inattendus, la durée de protection induite par la production d’anticorps et la mémoire immunitaire induite, et d’envisager le calendrier vaccinal de rappels le cas échéant … à ce jour près de 8 milliards de doses de vaccins contre la Covid ont été administrées, et près de 55% de la population mondiale a reçu au moins une dose (dont seulement 6% dans les pays pauvres). Jamais dans l’histoire des traitements et vaccins il n’y a eu une telle surveillance de pharmacovigilance. »

    Et jamais peut-être il n’a été aussi important d’éclaircir nos rapports avec la science en général, et avec la science médicale en particulier. L’humeur antivax est ancienne, en particulier dans des milieux où les ennemis du capitalisme se recrutent en grand nombre. Au risque de déplaire à bien des amis ou des alliés, disons-le sans détour : cette humeur repose pour l’essentiel sur des fantasmes sans fondement. Deux reproches principaux ont alimenté longtemps le refus de la vaccination, et, malgré tous les démentis, ont resurgi à la faveur de celle contre le Covid : son lien avec l’autisme et les accidents consécutifs à la présence d’aluminium. La première rumeur, qui eut d’abord les honneurs du Lancet, a ensuite été démentie et il s’est avéré que celui qui l’avait lancée était un escroc. Quant à la seconde, s’il est vrai que de l’aluminium a bien été ajouté à certains vaccins pour les booster, et que ce métal a, dans quelques cas, déclenché des réactions locales à l’endroit de l’injection, il n’a jamais entraîné d’accidents graves.

    […]

    On se gardera pourtant de reprendre à notre compte le vocable de « Big Pharma ». Pas seulement parce qu’on le retrouve systématiquement dans des bouches qui ont très mauvaise haleine, — est-ce un hasard ? — mais parce qu’il charrie une vision simpliste de ce à quoi nous faisons face et ne permet donc pas d’en saisir la complexité, les dynamiques et les rouages. « Big Pharma » est à l’ère des gouvernements biopolitiques revendiqués ce qu’était le mythe des deux cents familles au XIXe siècle. Il n’y a pas plus de gouvernement mondial secret que de Big Pharma, ce à quoi nous faisons face c’est à une coalition d’intérêts qui opèrent et prospèrent au sein d’un ordre du monde et d’une organisation sociale organisés par et pour eux. Il y a donc fort à parier que, à l’instar de toutes les structures étatiques, l’INSERM ne soit pas à l’abri de du lobbying général des grandes compagnies pharmaceutiques comme de l’influence de telle ou telle d’entre elles. Mais c’est justement parce qu’il s’agit d’une coalition d’intérêts particuliers et non pas d’une entité monolithique, qu’on peut compter sur l’existence de contradictions en son sein. Peut-on imaginer que s’il existait le moindre soupçon d’effets secondaires néfastes avec l’ARN, Johnson&Johnson et Astrazeneca, les concurrents sans ARN, épargneraient leurs rivaux d’une intense campagne de lobbying pour effrayer la population et récupérer tout le marché ? Et comment s’expliquer, sous le règne omnipotent de « Big Pharma » et du déjà un peu ancien « nouvel ordre mondial » que les stratégies sanitaires, idéologiques et politiques aient été aussi radicalement différentes des Etats-Unis à la France, d’Israël au Brésil, de la Suède à la Chine ?

    […]

    La vérité est à la fois beaucoup plus simple et complexe. Face à la pandémie, à la profondeur de ce qu’elle venait remettre en cause et au risque qu’elle faisait peser soudainement sur l’économie mondiale, les gouvernants ont paniqué. Et c’est cela que leurs litanies de mensonges devaient recouvrir, alors que tout leur pouvoir repose sur leur prétention à gérer et anticiper, ils ont dû bricoler, dans un premier temps du moins. Non pas pour sauver des vies mais pour préserver leur monde de l’économie. Au moment même où les appareils gouvernementaux de toutes les plus grandes puissances mondiales connaissaient leur plus grande crise de légitimité, certains ont voulu y voir le complot de leur toute puissance. Le complotiste aime les complots, il en a besoin, car sans cela il devrait prendre ses responsabilités, rompre avec l’impuissance, regarder le monde pour ce qu’il est et s’organiser.

    […]

    Dans la vidéo « La Résistance », dont le titre est illustré sans honte par des images de la seconde guerre mondiale, le Chant des Partisans en ouverture et Bella Ciao à la fin, on voit défiler les gourous anti-vax sus-cités. Renard Buté y nomme l’ennemi suivant le vocabulaire typique de QAnon : c’est l’ « Etat profond » et les « sociétés secrètes », il nous dit que le vaccin tue, que c’est un génocide qui est en cours, et qu’il faut s’y opposer par toutes sortes de moyens. La vidéo semble vouloir rallier les différentes chapelles antivax, de Réinfocovid au CNTf (organisation délirante, mêlant islamophobie, revendication du revenu garanti et permaculture, et partisane de rapatrier les troupes françaises pour… surveiller les frontières contre la « crise migratoire » et les banlieues), et après un appel à la fraternisation avec l’armée et la police (thème de prédilection du CNTf) débouche sur un autre appel… à la constitution d’une nouvelle banque qui serait entre les mains du peuple. Tout cela se mêle à des thèmes qui peuvent paraître pertinents aux yeux d’opposants radicaux au capitalisme : l’autonomie comme projet de vie, la manière de s’organiser et de faire des manifestations moins contrôlables, la démocratie directe… autant de thèmes et revendications qui pourraient sortir de bouches amies, voire des nôtres. Que ce genre de salmigondis touche pas mal de gens qui pourraient être des alliés, et que des amis proches puissent éventuellement avoir de l’indulgence pour ce genre de Renard fêlé, nous paraît un signe de l’ampleur de la secousse que la crise du Covid a provoquée dans les cerveaux.

    […]

    On a tendance, dans notre tradition très hégélienne de l’ultragauche à considérer que tout ce qui est négatif est intrinsèquement bon. Comme si par la magie de l’Histoire, la contestation de l’ordre des choses produisait automatiquement et mécaniquement la communauté humaine disposée à un régime de liberté supérieur. Pourtant, lorsque l’on se penche sur la nébuleuse anti-vaccin, c’est-à-dire sur les influenceurs et porte-paroles qui captent l’attention sur les réseaux sociaux, organisent et agrègent les énoncés et les rassemblements, on s’aperçoit qu’une écrasante majorité baigne depuis de longues années dans l’extrême droite la plus bête et la plus rance. Militaires à la retraite, invités hebdomadaires de radio courtoisie, lobbyistes contre les violences féminines (oui, oui...), il suffit de passer une heure à « googliser » ces porte-paroles autoproclamés pour avoir une idée assez précise des milieux dans lesquels ils grenouillent. Certes, on pourrait être magnanimes et essayer d’imaginer que l’épidémie de Covid ait pu transformer de telles raclures en généreux camarades révolutionnaires mais comment s’expliquer que les seules caisses de résonances que trouvent leurs théories alternatives sur le virus et l’épidémie soient Egalité et Réconciliation, Sud Radio, France Soir, Florian Phillipot, on en passe et des pires ? En fait, si on se peut se retrouver d’accord sur des énoncés formels, on bute bien vite sur un point fondamental, c’est-à-dire éthique : la manière dont on est affecté par une situation et à la façon que l’on a de se mouvoir en son sein. En l’occurrence, ce qui rend tous ces « rebelles » anti-macron aussi compatibles avec la fange fasciste c’est l’affect de peur paranoïaque qu’ils charrient et diffusent et qui sans surprise résonne absolument avec une longue tradition antisémite, xénophobe, etc. Et c’est là que l’on peut constater une différence qualitative énorme avec le mouvement gilets jaunes. Eux, partaient d’une vérité éprouvée et partagée : leur réalité matérielle vécue comme une humiliation. C’est en se retrouvant, sur les réseaux sociaux puis dans la rue, qu’ils ont pu retourner ce sentiment de honte en force et en courage. Au cœur du mouvement antivax se loge une toute autre origine affective, en l’occurrence la peur, celle qui s’est distillée des mois durant. La peur d’être contaminé, la peur d’être malade, la peur de ne plus rien comprendre à rien ; que cette peur du virus se transforme en peur du monde puis du vaccin, n’a finalement rien de surprenant. Mais il nous faut prendre au sérieux cette affect particulier et la manière dont il oriente les corps et les esprits. On ne s’oriente pas par la peur, on fuit un péril opposé et supposé, quitte à tomber dans les bras du premier charlatan ou sauveur auto-proclamé. Il n’y a qu’à voir les trois principales propositions alternatives qui agrègent la galaxie antivax : Didier Raoult et l’hydroxychloroquine, Louis Fouché et le renforcement du système immunitaires, l’Ivermectine et le présumé scandale de son efficacité préventive. Le point commun de ces trois variantes et qui explique l’engouement qu’elles suscitent, c’est qu’elles promettent d’échapper au virus ou d’en guérir. Toutes disent exactement la même chose : « Si vous croyez en moi, vous ne tomberez pas malade, je vous soignerai, vous survivrez. » Mot pour mot la parole biopolitique du gouvernement, dans sa mineure.

    […]
    Dans la soirée évoquée, ce n’est pas « quelqu’un du public » mais bien Matthieu Burnel lui-même qui avait ironisé sur les suceurs de cailloux !

    Parce que le pouvoir n’a jamais été aussi technocratique, livide et inhumain, certains tendent une oreille bienveillante aux premiers charlatans venus leur chanter « le vivant ». Mais l’engrenage est vicieux et une fois qu’on a adhéré à une supercherie du simple fait qu’elle prétende s’opposer au gouvernement, on a plus d’autre choix que de s’y enferrer et d’y croire. Lors d’une discussion un lundisoir, une personne du public avait commis quelques blagues peu finaudes à propos d’antivax qui lécheraient des pierres pour se soigner du cancer, et cela a apparemment provoqué quelques susceptibilités. Le problème en l’occurrence, c’est que cette plaisanterie n’était caricaturale que dans sa généralisation certainement abusive. Il n’en est pas moins vrai qu’Olivier Soulier, cofondateur de Réinfocovid assure soigner l’autisme et la sclérose en plaque par des stages de méditation et de l’homéopathie, que ce même réseau promulguait des remèdes à base de charbon aux malheureux vaccinés repentis pour se « dévacciner ». Autre nom, autre star, Jean-Dominique Michel, présenté comme l’un des plus grands experts mondiaux de la santé, il se propulse dès avril 2020 sur les devants de la scène grâce à deux vidéos sur youtube dans lesquelles il relativise l’importance et la gravité de l’épidémie, soutient Raoult et son élixir, et dénonce la dictature sanitaire à venir. Neurocoach vendant des séances de neurowisdom 101, il est membre d’honneur de la revue Inexploré qui assure soigner le cancer en buvant l’eau pure de l’une des 2000 sources miraculeuses où l’esprit des morts se pointe régulièrement pour repousser la maladie. Depuis, on a appris qu’il ne détenait aucun des diplômes allégués et qu’il s’était jusque-là fait remarquer à la télévision suisse pour son expertise en football et en cartes à collectionner Panini. Ses « expertises » ont été partagées par des millions de personnes, y compris des amis et il officie désormais dans le Conseil Scientifique Indépendant, épine dorsale de Réinfocovid, première source d’information du mouvement antivax. Ces exemples pourraient paraître amusants et kitchs s’ils étaient isolés mais ils ne le sont pas.

    […]

    Historiquement, ce qui a fait la rigueur, la justesse et la sincérité politique de notre parti, - et ce qui fait qu’il perdure-, c’est d’avoir toujours refusé de se compromettre avec les menteurs et les manipulateurs de quelque bord qu’ils soient, de s’être accrochés à une certaine idée de la vérité, envers et contre tous les mensonges déconcertants. Que le chaos de l’époque nous désoriente est une chose, que cela justifie que nous perdions tout repère et foncions tête baissée dans des alliances de circonstances en est une autre. Il n’y a aucune raison d’être plus intransigeant vis-à-vis du pouvoir que de ses fausses critiques.

    […]

    Au moment où l’idée même que l’on se faisait de la vie se trouvait acculée à être repensée et réinventé, on a critiqué les politiciens. Quand le gouvernement masquait si difficilement sa panique et son incapacité à exercer sa fonction fondamentale et spirituelle, prévoir, on a entendu certains gauchistes même anarchistes caqueter : si tout cela arrive, c’est qu’ils l’ont bien voulu ou décidé. Ironie cruelle, même lorsque l’État se retrouve dans les choux avec le plus grand mal à gouverner, il peut compter sur ses fidèles contempteurs pour y déceler sa toute puissance et s’en sentir finauds.

    Faire passer des coups de force, de l’opportunisme et du bricolage pour une planification méthodique, maîtrisée et rationnelle, voilà le premier objectif de tout gouvernement en temps de crise. En cela, il ne trouve pas meilleur allié que sa critique complotiste, toujours là pour deviner ses manœuvres omnipotentes et anticiper son plein pouvoir. C’est en cela que le gouvernant a besoin du complotiste, il le flatte.

    #Serge_Quadruppani #covid #antivax #gauche #émancipation #réflexion #science