• (10) La réanimation pour les nuls - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/21/la-reanimation-pour-les-nuls_1802936?xtor=rss-450

    « Les crises passent les humains au révélateur. Et il y a eu du beau et du bon dans tout ce marasme. L’hôpital public (et le système de santé en général), dont la souffrance n’aura échappé à personne, a su rassembler ses forces, se lever, faire front. Nous avons vu des soignants de tous horizons épuisés, marqués physiquement par ces masques qui serrent trop, et la fatigue. Sans jamais reculer, soupirer, souffler, renoncer. Les biologistes. Les radiologues. Les ouvriers qui ont monté des cloisons à la vitesse de l’éclair. Les informaticiens, qui ont permis aux malades éveillés de communiquer par tablette avec leurs proches. Les administratifs. Tout le monde a apporté sa pierre et magnifiquement œuvré. Il y a eu de vrais héros. Mais pour moi tout cela n’atténuera pas le désastre ambiant. La médecine et la recherche éthiques et propres sont mortes et enterrées à l’occasion de cette crise sans précédent. Sur l’autel de la mégalomanie de quelques gourous à la tête de sectes mafieuses, dont la médiocrité scientifique n’a d’égal que la malhonnêteté intellectuelle. Les fleurs ont été déposées par les légions d’imbéciles des réseaux sociaux, parfois en service commandé. Les couronnes ont été déposées par des pantins de plateaux télé de chaînes d’info en continu irresponsables. Vol au-dessus d’un nid d’irresponsables. La malscience, comme toutes les fake news, tue. La malscience et les fake news précipitent les plus fragiles vers un abîme de détresse psychologique et la vague psychiatrique. La malscience et les fake news sont les mères de tous les relativismes, de tous les complotismes, de la perte de confiance dans les médecins et les chercheurs, au pire moment possible. Et cela, il faudra des années pour s’en remettre. Cette pandémie s’arrêtera un jour. Ça n’est ni la première ni la dernière. Elle s’éteindra dans un déluge de morts, médicaux et économiques, et comme d’habitude, les plus fragiles auront payé le plus lourd tribut. Il faudra alors sévèrement débriefer. Punir ceux qui doivent l’être, les escrocs, les renégats, quels que soient leur grade et leur fonction. Reconstruire pour que ces décès de patients, et ces sacrifices de soignants n’aient pas été inutiles. Je déteste le Covid. »

    • La réanimation, c’est ceux qui n’y foutent jamais les pieds qui en parlent le plus. Tous les paucineuronaux ayant passablement vomi sur les réanimateurs, accusés tour à tour de ne pas suivre le protocole du gourou phocéen, de refuser des malades ou de les euthanasier, j’ai choisi d’ouvrir ces colonnes à l’un d’entre eux pour qu’il confesse ses péchés. Damien Barraud a 45 ans, il est réanimateur à l’hôpital de Metz-Thionville, où il a survécu aux deux premières vagues : le Covid, et les Covidiots.

      « J’ai absolument détesté le Covid. Et je la déteste encore. Pas tant pour ce qu’elle a fait aux malades. C’est une maladie parfois grave, pas la pire. C’est un virus, ça ne réfléchit pas un virus, c’est con comme la Lune. Mais je la déteste pour ce qu’elle a fait aux humains, aux soignants. A la médecine, à la science qui me sont chères. Ce qui devait être une formidable opportunité pour nous tous a tourné en bérézina, ici et aux quatre coins du monde. Rien que d’y repenser me donne la nausée. Mais il faut raconter. C’est important. Parce que le virus rôde toujours et attaque de nouveau, et qu’à l’évidence, beaucoup n’ont pas mesuré ce qui s’était joué dans les réanimations de Paris et du Grand-Est. Cela leur permettra peut-être de ne pas sous-estimer, voire de nier sans la moindre décence les risques actuels.

      « Rembobiner la cassette d’une période extraordinaire. Que dois-je raconter ? La réanimation en période Covid ? Mais le public connaît déjà si mal la réanimation en général. MA réanimation en période Covid ? Comment elle s’est déroulée, comment je la conçois, celle que l’on m’a apprise et que j’essaie de transmettre à mon tour. Après tout c’est moi le héros en blouse blanche d’un jour de Libé, je fais ce que je veux, non ? Non. Comme pour John Carter face à M. et Mme Rubadoux dans Urgences, "It is not about me". Il s’agit des patients, des soignants, d’une médecine et d’une recherche nobles et éthiques.

      « Nous autres soignants des réanimations avons vécu l’histoire. J’imagine que lorsque l’on vit l’histoire en direct, on ne doit pas forcément s’en rendre compte, dans la chaleur du moment et concentré à sa tâche. Cela vient après, à l’heure de se poser et de se retourner. On a vécu un pan d’histoire. Je crois pouvoir dire sans me tromper qu’aucun soignant de réanimation ne veut revivre ce à quoi il a été confronté en mars-avril. Je suis un réanimateur "entre deux âges". En une vingtaine d’années de métier et 2 000 gardes au compteur, j’ai vu à peu près tout ce qui peut se voir dans une réanimation lourde dans un hôpital français. Je n’ai pas peur. Sûr de mes forces, lucide sur mes limites, je sais faire les gestes, j’ai vécu au moins une fois toutes les situations possibles. Eh bien je n’avais jamais vu cela. Jamais. Ce que nous avons vécu au printemps dans le Grand-Est et en Ile-de-France n’était pas une vague. C’était un tsunami de 30 mètres de haut qui emporte tout. On était prêts pourtant. On le croyait. On en avait, des plans. Pleins, à activer au fur et à mesure. Et puis on nous avait déjà fait le coup avec le Sras, le Mers, la grippe aviaire… Les images d’Italie ? C’est là qu’on s’est dit que ça commençait à sentir très mauvais. Les supporteurs de foot se moquent des Italiens. Les réanimateurs, eux, savent que la Lombardie est riche. Qu’elle est surtout riche des plus grands spécialistes du monde dans cette maladie qui n’en est pas une, le Syndrôme de détresse respiratoire aiguë (SDRA). A Milan, on sait oxygéner et ventiler. Alors si c’est la catastrophe là-bas, il devient assez clair qu’on va prendre la foudre. On se prépare. Sérieusement. Mais sans y croire réellement. Sans imaginer que chacun des plans mis au point sera dépassé en trois jours.

      « Début mars, on attend. Une attente mêlant du stress positif, de la concentration, l’envie d’en découdre, comme avant un match. Les Thermopyles. Et puis un matin, ça a commencé. Un malade contact du rassemblement de Mulhouse. Et puis un deuxième. Puis un troisième. Et là nous sommes tous pris dans la lessiveuse. On ne pense plus. On fait. Mécaniquement. Non-stop pendant deux mois. Je suis de l’ancienne école. Le matin en arrivant, je ne consulte jamais le dossier informatisé des malades dans mon bureau, comme le font les jeunes. J’ai besoin de voir les malades en vrai, de "sentir", de penser aux objectifs de soin de la journée, de donner les premières consignes. Une sorte de rituel, souvent joyeux, où l’on dit bonjour aux équipes, où l’on plaisante un peu, avant le deuxième rituel du staff : le café. Et bien pendant deux mois, cette ambiance matinale était remplacée par un silence pesant, une ambiance de tranchées, un bunker. C’est la guerre. Les couloirs des secteurs sont vides. Les soignants sont dans les chambres, pour les toilettes, dans un habit de cosmonaute, véritable étuve fastidieuse à enfiler, désagréable à porter, et, on le sait maintenant, un peu excessive. Il ne fallait pas tomber malade. Pour les patients. Pour soi. Pour ne pas contaminer sa famille, que certains, comme moi, ont tenue à distance. Pour pouvoir continuer à travailler. Pas un bruit. Les portes et les sas des chambres sont fermés. Les malades sont en majorité intubés, et souvent sur le ventre. Seuls les plus graves des plus graves sont là. Les moins graves, on ne les voit pas. Ils sont en secteur, sous des débits déraisonnables d’oxygène. En réa, ceux qui vont un peu mieux après quelques jours, qui redonnent le moral aux troupes, sont… transférés. Dans ces évacuations sanitaires que des malotrus galonnés ont qualifiées de spectacle. Pour faire de la place à de nouveaux arrivants. Ne restent que les plus graves des plus graves. Ceux qui vont avoir des séjours longs, et pour beaucoup, mourir.

      « Cette spécialité est trop riche pour être racontée en peu de mots. Que dire ? Peut-être parler de certains aspects que nombreux ont découverts à cette occasion ? Logiquement, on commence par admettre le patient en réanimation. On nous a accusés de "trier". C’est le mot en vigueur, de "triage" in English. On vient en réanimation quand on a un ou plusieurs organes qui défaillent, et qu’il faut suppléer, le temps que le traitement fasse son œuvre. Et on vient en réanimation pour survivre. Pas pour mourir. La finalité de la réanimation est de rendre au patient, sur le long terme, une vie que lui juge digne d’être vécue. Et la réanimation est un marathon olympique. C’est une rude épreuve, dont on sort déplumé, rincé, essoré, et il ne faut pas l’infliger de manière indue à quelqu’un qui n’a à l’évidence pas les réserves pour l’affronter. Il ne faut pas réanimer à tout prix et coûte que coûte. Il faut trier. Trier n’est pas décider qui va vivre ou mourir. C’est un acte d’humanité, et certainement une des choses les plus difficiles à maîtriser du métier. C’est vrai en temps de paix, tous les jours, avec pour seul horizon le malade. Ça l’est d’autant plus en temps de guerre, avec le spectre du manque de moyens. En médecine de catastrophe, on alloue les moyens aux patients qui ont le plus de chance de survivre. Cette justice distributive ne me perturbe pas non plus. Je ne suis pas responsable des moyens qui sont mis à ma disposition. Je suis juste responsable de leur utilisation optimale. Manquons-nous de lits de réanimation en France ? Je ne pense pas. Cela n’a pas de sens de juger de l’adéquation entre offre et besoin à l’occasion d’une catastrophe centenaire. Cela n’a pas de sens de se comparer au voisin allemand, dont la pléthore de lits ne sert à rien. Cela n’a pas de sens de dire que cet hypothétique manque de lits de réanimation est la cause de tous les maux, dont de prétendues privations de liberté. Il faut des lits activables en cas de besoin. Et surtout du personnel formé. Cela ne se fait pas en six mois, quoi qu’en pensent les populistes, les physiologistes du sport, ou les ânes, entités parfois difficiles à distinguer.

      « Il y a eu plusieurs pandémies en une. Le virus, bien sûr, mais également une épidémie bien française d’ultracrépidarianisme – l’art de parler de ce qu’on ne connaît pas. Après avoir subi des millions d’épidémiologistes et de virologues, nous avons vu apparaître des millions de réanimateurs. On nous a accusés d’avoir fait des conneries, d’avoir intubé très tôt, trop tôt. Que la mortalité observée était liée à nos traitements. Oui, c’est vrai en partie. Cent pour cent de ce que l’on fait dans une réanimation a des effets indésirables. Nous ne sommes pas homéopathes. L’intubation, la ventilation mécanique, la sédation, l’adrénaline, la dialyse rénale, tout cela a des effets indésirables. Ce n’est pas grave. Ce n’est pas grave si le rapport bénéfice-risque a été bien pesé. On accepte ces effets adverses. Et on les minimise, en appliquant cette technique dans les règles de l’art. Pour cela il faut du bon matériel, un peu, et de bons professionnels, beaucoup. Si vous appliquez ces techniques dans des endroits non prévus pour cela, avec du matériel non prévu pour cela, et des personnels non formés… malgré leur admirable dévouement, que croyez-vous qu’il va advenir ?

      « Oui ; il y a eu beaucoup de morts. Selon les endroits et la gravité des patients, 30 voire 40% de décès. 25 à 30%, c’est la mortalité du SDRA sévère. 40% ça doit être ce qu’il arrive quand on réanime des malades graves dans des conditions suboptimales. La mort ne me perturbe pas. Quand on est malade, c’est parfois grave, et quand c’est grave, parfois on meurt. C’est un processus naturel que l’on essaie de freiner, perturber, retarder. On ne peut guérir tout le monde. Nous sommes des soignants, pas le Petit Jésus ou tout autre druide barbichu. S’en rendre compte est vital. Pour ne pas disjoncter. On tente de guérir le malade. Et quand on ne peut pas, il faut savoir s’arrêter, jeter l’éponge de soins devenus futiles, ne pas sombrer dans l’acharnement, et accompagner la fin de vie. A good life, and a good death. Bien accompagner un patient et ses proches, assurer une bonne fin de vie est aussi important qu’aboutir à la guérison. La mort ne me perturbe pas, sauf si un des maillons de la chaîne de la guérison ou de la fin de vie a dysfonctionné. Là, la mort devient inacceptable et une souffrance. La mort par Covid n’est pas une belle mort. Pour plein de raisons. Certes, les malades n’ont pas souffert. On a accompagné la fin de vie comme il se doit, dignement, comme à l’accoutumée, dans le respect de la loi Leonetti-Claeys. Nous n’avons pas eu besoin de recourir au Rivotril pour cela, n’en déplaise à ceux qui nous ont accusé d’euthanasie. On n’y a pas eu recours car on n’a jamais manqué de rien, même si ce fut juste. Je ne sais toujours pas comment nos pharmaciens ont réussi cet exploit. Mais il y a ces corps, enfermés immédiatement dans des sacs étanches, sans toilette mortuaire, et envoyés sans délai au funérarium. Et le plus pesant probablement, il y a cette absence des familles, interdites de visite, au moins au début, et dont le deuil a dû être catastrophique. Les familles sont souvent le seul élément raccrochant à la vie. On les voit, on leur parle tous les jours. Là elles étaient absentes. Et cette rencontre singulière ne peut pas être remplacée par un coup de téléphone, auquel nous n’avions de toute façon pas le temps de répondre. Il n’y a plus beaucoup de vie dans une réanimation Covid. Cela a laissé des traces, des blessures psychologiques. Et aucun soignant de réanimation ne veut revivre cela.

      « Bien sûr, à côté de cela, les accusations de "faire du chiffre", par un vieux professeur n’ayant plus toutes ses facultés, sont dérisoires. Il paraîtrait que l’on code "Covid-19" de manière excessive et que l’on garde trop les patients. Pour gagner de l’argent, un magot caché probablement. Et pour participer à un mensonge d’état. Pour priver les gens de liberté. Non bien sûr. Sauf dans les cerveaux tordus, on code ce que l’on fait, quand on le fait. Ni plus ni moins. Parce que le patient est une fin en soi. Point.

      #réanimation #hôpital #crise_sanitaire

  • L’hôpital de Montreuil sous la montée du Covid-19 : « C’était presque plus facile, la première vague »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/18/l-hopital-de-montreuil-sous-la-montee-du-covid-19-c-etait-presque-plus-facil


    Aux urgences du centre hospitalier intercommunal André-Grégoire de Montreuil (Seine-Saint-Denis), le 16 septembre. BRUNO FERT POUR « LE MONDE »

    Malgré l’afflux de patients contaminés par le coronavirus, l’établissement tente de maintenir l’ensemble de ses activités, car il constitue, pour une partie de la population, une « médecine de premier recours ».

    Tenir les deux bouts, à tout prix… mais jusqu’à quand ? Dans les couloirs du centre hospitalier intercommunal André-Grégoire, à Montreuil, l’inquiétude est palpable ce mardi 13 octobre, dans la bouche des soignants. Tout autant que la détermination est nette, chez ceux qui s’affairent de manière presque habituelle désormais, entre les deux circuits « Covid » et « non-Covid ». Impossible de se résoudre à rogner davantage sur les soins des autres patients, comme lors de la première vague de l’épidémie due au coronavirus.

    Dans cette grande barre de béton, plantée dans le Nord-Est francilien, en Seine-Saint-Denis, la deuxième vague est bien là. Voilà plusieurs jours que les douze lits de réanimation sont occupés intégralement par des patients contaminés par le SARS-CoV-2, une trentaine d’autres sont hospitalisés dans les services de médecine. D’une à deux hospitalisations en raison du Covid-19 par jour courant septembre, ce sont désormais quatre à cinq patients atteints du #Covid-19 qui arrivent toutes les 24 heures par les urgences, dans ce centre de 340 lits.

    « On a décidé de contenir le Covid dans certaines unités tant que c’est tenable, de façon à poursuivre les autres activités, explique Albert Boccara, patron de la cardiologie, et chef du pôle des spécialités médicales. Dans quelques jours, ça ne sera peut-être plus le cas, mais, pour l’instant, on arrive à mener les choses de front. » Ce territoire, l’un des plus pauvres de France, est fortement sous-doté en matière d’offre médicale. « Nos chirurgiens opèrent encore des malades qui attendaient depuis mars », rappelle le cardiologue, installé dans son bureau au 3e étage.

    « Solidarité » entre les services

    De premiers ajustements se sont imposés chez lui, comme aux autres étages : un recours plus important à l’ambulatoire, pour éviter de bloquer des lits, un raccourcissement au maximum des durées de séjour… « Déjà on contracte », dit Albert Boccara. La « solidarité » entre les services doit permettre aussi de tenir, chacun essayant d’accepter des patients qui ne relèvent pas forcément de sa spécialité.

    Au rez-de-jardin, les urgences sont en ébullition, comme toujours en début d’après-midi. trente-cinq patients se trouvent dans les couloirs et dans les box, dont « trois “suspi” Covid », énonce le chef de service, Hocine Saal. A l’entrée, un poste central, avec l’infirmière d’accueil, permet de séparer les patients entre le circuit « Covid » et « non-Covid ».

    Avec les réanimations remplies, de premiers transferts de patients ont dû intervenir ces derniers jours, alors que les coups de chauffe se multiplient – neuf patients contaminés par le SARS CoV-2 arrivés dans la nuit de samedi à dimanche, dont trois nécessitant d’aller directement en soins intensifs ; sept patients trois jours plus tôt… « Hier soir, nous avons eu un “patient non-Covid”, mais avec un asthme aigu, qui devait donc aller en soins critiques, les réanimateurs ont réussi à lui trouver une place ailleurs, après avoir appelé deux établissements, souffle-t-il, mais le 93 est sous l’eau… » Sa hantise est claire : « Devoir laisser un patient sur un brancard, ne pas réussir à lui trouver une place », dit le médecin.

    Pas de personnel supplémentaire

    La majorité des patients atteints du Covid-19 qu’il doit hospitaliser arrivent pour quelques-uns en gériatrie, et pour l’essentiel dans le service des maladies infectieuses et de médecine interne. Quand on arrive dans ce long couloir, coupé en deux par le hall d’entrée, pas de doute : l’aile « Est », émaillée de petits chariots où repose toute la gamme du matériel de protection désormais connu, est remplie de patients contaminés par le nouveau coronavirus. On y voit les soignants entrer et sortir des chambres, harnachés de plastique, jonglant entre les 23 patients. Il y a une quinzaine de jours, ils n’étaient que 10, au fond du couloir, aujourd’hui, on craint qu’ils viennent à déborder de l’autre côté, là où 19 « patients non-Covid » sont installés, soit la quasi-totalité des places restantes…

    « Ça a été crescendo, on s’y attendait, raconte le docteur Pierre-Louis Nivose, infectiologue. Et ça commence à coincer. » Rien à voir avec les 200 patients contaminés par le SARS CoV-2 accueillis en même temps au pic de la crise dans l’établissement, mais le défi est tout autre. « En mars, on vivait tous à huis clos sur le Covid, on avait pu mobiliser des infirmiers des salles de chirurgie pour venir nous aider pour ces patients qui nécessitent plus de passage, de charge de travail. Là, ce n’est pas possible, l’activité a repris dans les autres services », souligne-t-il.

    Sans personnel supplémentaire donc, il faut jongler avec cette concomitance de « patients Covid » et « non-Covid » à gérer, avec des visites désormais autorisées. « C’était presque plus facile, la première vague », lâche le praticien de 35 ans, tout en avouant du bout des lèvres son angoisse « que les équipes craquent », alors qu’une « lassitude » se fait sentir.

    Installée au bout du couloir « non-Covid », Jorise G. est soignée pour une complication infectieuse. Elle a eu quelques sueurs froides en arrivant il y a une semaine, sa chambre était alors située de l’autre côté, avec les patients atteints du Covid-19, pour des raisons de place. « Dès que je sortais de ma chambre avec mon masque, dès que quelqu’un s’approchait, j’avais peur », avoue la jeune femme de 23 ans.

    Trouver des places

    Une infirmière termine de lui changer sa perfusion. Elle voit ce retour de l’épidémie avec un certain fatalisme. « On fait des roulements, on n’est pas toujours dans l’aile Covid, comme ça, on peut souffler », dit Emeline, 29 ans, qui ne souhaite pas donner son nom. « Ce n’est pas très motivant, je viens d’apprendre que je vais devoir revenir sur mes congés… lâche-t-elle. Mais bon, il n’y a pas le choix. » Si les congés n’ont pas tous été annulés, explique-t-on à la direction, une « réserve » de personnels mobilisables est en train d’être constituée.

    D’aucuns discutent néanmoins ce choix d’essayer de tenir le plus tard possible sans déprogrammer le reste de l’activité. Le souvenir de la première vague, ce n’est pas seulement la violence de ces semaines où les réanimations étaient saturées, cette trentaine d’hospitalisations par jour, ces 200 patients atteints du Covid-19 au pic… La première vague, c’est aussi « l’après », racontent les médecins.

    Ces patients atteints de maladie chronique, comme le diabète, qui décompensent et reviennent dans un état catastrophique, ces maladies rénales traitées tellement tard qu’il faut immédiatement dialyser, ces cancers et ces insuffisances cardiaques avancés… « Au déconfinement, ça a été la deuxième “maladie” pour nous », résume le docteur Nivose. Lui comme ses collègues le soulignent : ancré en Seine-Saint-Denis, l’hôpital, qui couvre un bassin de population de 400 000 habitants, constitue pour beaucoup une « médecine de premier recours ».

    « La question maintenant c’est, est-ce qu’on continue à prendre des “patients Covid”, ou est-ce qu’on peut encore faire jouer la solidarité régionale, pour ne pas compromettre le reste de l’activité ? », résume Xavier Belenfant, néphrologue et président du collège médical du Groupement hospitalier du territoire Grand Paris-Nord-Est, dont fait partie Montreuil. A ce stade, c’est la seconde option à laquelle on s’accroche à Montreuil, sachant que d’autres hôpitaux franciliens restent moins touchés par la vague, et qu’on réussit encore, au fil de l’eau, à trouver des places pour transférer les patients quand cela est nécessaire.

    « Il faut que l’épidémie ralentisse, sinon nous n’aurons plus le choix », reconnaît le directeur de l’hôpital, Paul Chalvin, à la sortie de sa réunion du soir, désormais quotidienne, avec les chefs de service. Reste à passer le cap des congés de la Toussaint, et surtout le retour des vacances début novembre, là où les projections sont les plus sévères sur la montée de l’épidémie en Ile-de-France. Mais à chaque jour suffit sa peine.

    #hôpital #Montreuil

  • Coronavirus : Au CHU de Nantes, des soignants positifs continuent de travailler | Le HuffPost
    https://www.huffingtonpost.fr/entry/coronavirus-au-chu-de-nantes-les-soignants-positifs-continuent-de-tra

    Cette situation est autorisée pour "assurer la continuité des soins" dans les hôpitaux où les médecins contaminés ne peuvent pas être remplacés.

    HÔPITAUX - Des cas signalés à Nice, à Bourgoin-Jallieu, au Puy-en-Velay et désormais au CHU de Nantes. Faute de remplaçants, “plus de 11 soignants” asymptomatiques de l’hôpital de Loire-Atlantique continuent de travailler et d’assurer leur mission de soins, alors qu’ils sont actuellement positifs et contagieux au coronavirus, annoncent nos confrères de Ouest-France et d’Europe 1 ce samedi 10 octobre.

    Cette situation est légale et validée par le Haut conseil de la santé publique depuis la fin mai, si le médecin positif est asymptomatique et ne peut être remplacé pour “raison de tensions particulières en ressources humaines” au sein de l’établissement.

    “Les soignants se contaminent entre eux”

    Cette décision inquiète cependant le personnel du CHU, selon les syndicats qui tirent la sonnette d’alarme. “Onze, c’était avant-hier, et on nous a informé hier qu’il y en avait encore plus”, a précisé au micro d’Europe 1, Olivier Terrien, le secrétaire général CGT du CHU, précisant que plusieurs services étaient concernés. “Cela provoque un climat complètement délétère, car les agents ont peur”, relaie le représentant du syndicat majoritaire dans l’établissement. 

    “Aujourd’hui, on sait qu’au CHU de Nantes, on a un taux d’incidence supérieur à celui de la population. Les soignants se contaminent entre eux”, ajoute Olivier Terrien. La CGT dénonce “une mise en danger du personnel et des usagers de l’hôpital”.

    #hôpital #crise_sanitaire #santé_publique #soignants

  • Crise du #Covid-19 : pourquoi les #soignants rendent leur blouse blanche - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/societe/sante/crise-du-covid-19-pourquoi-les-soignants-rendent-leur-blouse-blanche-10-1

    Très attachés à leur métier, ils ont résisté tant qu’ils ont pu. Mais depuis le mois de mars, près de deux tiers déclarent que leurs conditions de travail se sont détériorées alors que 34 000 des 700 000 postes sont vacants en cette rentrée. Manque de reconnaissance, salaires trop bas, charge de travail colossale… Là encore les chiffres sont sans appel. Si 33 % des #infirmiers, interrogés, estiment qu’ils étaient en épuisement professionnel avant la crise, ils sont aujourd’hui 57 % à se considérer en #burn-out.

    Bien avant l’épidémie, les soignants criaient leur colère dans la rue contre le manque de moyens, de matériel, d’effectifs à l’#hôpital . Puis la déferlante est arrivée, ils ont tenu, à quel prix ? Un sur cinq n’a pas pris de vacances depuis mars alors même que les #hôpitaux de Paris « souhaitent » que certains soignants renoncent aux congés de la Toussaint pour faire face au rebond épidémique...

  • #Covid-19 : mais où est donc passé le « plan massif » pour l’#hôpital promis par Macron ? - regards.fr
    http://www.regards.fr/politique/article/covid-19-mais-ou-est-donc-passe-le-plan-massif-pour-l-hopital-promis-par-mac

    « On se demande où est le plan massif », déplore Agnès Hartemann. Le seul plan consiste à attendre que l’orage passe, sans jamais rien anticiper. Que dire de cet article du Monde où l’on apprend que les données de Santé publique France sont incomplètes, approximatives – sans parler du manque de transparence –, laissant penser que le gouvernement navigue à vue ? « J’ai l’impression qu’ils jouent à la roulette-russe : on prend nos points faibles de la première vague, on aggrave la situation et on verra ce que ça donne pour la deuxième vague », s’exclame Caroline Fiat.

    #austérité

  • ❌ Selon Macron, les problèmes de l’#hôpital ne sont pas liés au manque de moyens mais à l’organisation.

    Le problème, ce sont les conseillers en organisation qui ont organisé le manque de moyens.

    https://twitter.com/Poulin2012/status/1313871136334241799

    Une organisation gérée depuis des années par des cabinets de conseil (McKinsey, Strategy&, BCG, Roland Berger, Parthenon, Bain, Eurogroup etc) qui ont organisé la casse de l’hopital de service public pour en faire un secteur dépendant des logiques marchandes du secteur privé.

    Rassurez-vous, ce sont les mêmes qui gèrent le déconfinement, les tests, et l’organisation du Ségur de la santé.

    La logique de néomanagement public à l’oeuvre dans la santé est responsable de toutes les défaillances actuelles. Ce sont les responsables de la faillite du service public, qui sont toujours à la manœuvre, continuant la logique de restriction budgétaire, de profit et de flux.

    Les gouvernements passent, mais les vrais pilotes de la casse de l’hôpital public restent les mêmes, petit florilège des réformes idiotes pondues par ces grands stratèges.

    2005 : tarification à l’activité pour un alignement faussé avec le privé car le public garde les pathologies les plus lourdes.

    2009 : La loi "Hôpital, Patients, Santé, Territoires" portée par Roselyne Bachelot, "révolution managériale" qui créé les ARS et impose une logique de rationnement.

    2012 : Marisol Touraine lance son « Pacte de confiance pour l’hôpital », qui revient sur les réformes passée en créant plus de confusion.

    2019 : LREM lance #masanté2022, modifiant les statuts des hôpitaux de proximité et en créant le Projet Territorial de Santé (PTS) sans donner plus de moyens aux hôpitaux en faillite

    Avec un déficit de 650 millions d’euros en 2018 contre 470 millions en 2016, les hôpitaux français ont besoin d’argent, pas de consultants en organisation, n’en déplaise au banquier d’affaire qui squatte à l’Élysée depuis 2017.

    Petits exemples de fiches créées pour piloter l’efficience des établissements de santé. C’est indigent. Vous êtes prévenus :

    https://threadreaderapp.com/thread/1313871136334241799.html

    • La coupe est plus que pleine : un Président qui a encensé les soignants et qui, maintenant, « démasque » son idéologie et son mépris en disant qu’ils sont le problème par leur manque d’organisation et un Gouvernement qui poursuit sa quête du Graal, à savoir : privatiser la santé. Appel vidéo pour une prise de conscience avant qu’il ne soit trop tard.

      https://blogs.mediapart.fr/laurent-thines/blog/111020/alerte-privatisation-des-urgences-vers-la-privatisation-globale-de-n

    • Christian Lehmann est écrivain et médecin dans les Yvelines. Pour « Libération », il tient la chronique d’une société suspendue à l’évolution du coronavirus.

      Pendant trente-six ans, j’ai fait de la médecine générale. Depuis le mois de mars, je fais des actes de médecine générale. Comme lorsque je réalise des consultations le dimanche sur un point de garde fixe. Et ça n’a rien à voir. Pendant trente-six ans, chaque consultation s’est inscrite dans un continuum. A l’issue de chacune d’elles, au-delà de la prise en charge de l’affection du moment, j’ai essayé d’assumer le suivi global du patient sur le long terme : programmer des examens complémentaires, archiver des résultats, suivre l’évolution de telle ou telle pathologie, demander un avis spécialisé, réaliser des examens de prévention.

      Depuis mars, je travaille au jour le jour, sans réelle visibilité. Pendant de nombreuses semaines, les patients ont été confinés chez eux, et pendant plus longtemps encore ils n’ont pu accéder aux soins de seconde ligne chez les spécialistes ou à l’hôpital. Ils rechignaient à se rendre dans les laboratoires d’analyse médicale par crainte des files d’attente et d’une contamination. Les plus âgés dépérissaient. Les examens programmés de longue date, les interventions chirurgicales non urgentes étaient déprogrammées, repoussées, parfois à plusieurs reprises. Et au cabinet, entre la mise en place de téléconsultations pour faire face au flux des demandes et la diminution de nombre de créneaux de consultations présentielles afin d’assurer la sécurité et la décontamination, les délais se sont allongés et ont rendu le suivi plus difficile.

      Depuis mars, j’avais l’impression de gérer l’urgence du moment, mais j’espérais qu’après l’été j’aurais la possibilité de reprendre une activité inscrite dans la durée. C’est la raison pour laquelle pendant la période estivale j’ai refusé de baisser la garde, la raison pour laquelle avec des confrères et consœurs raisonnablement inquiets nous avons milité pour demander la mise en place de mesures dont la finalité était clairement exprimée : « Donnons-nous toutes les chances d’éviter une deuxième vague ! » A chaque intervention, nous avons été taxés d’alarmisme par une bande hétéroclite de négationnistes du Covid. Nous étions des Cassandre, voire des ayatollah, parce que faire l’hélicobite au Hellfest nous semblait prématuré.

      Pourtant nous savions que l’été brasserait les populations sur l’ensemble du territoire, nous pressentions qu’après un printemps de restrictions chacun voudrait enfin souffler et « oublier » un peu le coronavirus. C’est pourquoi, au lieu d’en appeler à la responsabilité individuelle comme si la population devait être traitée comme des enfants incapables, nous avons tenté d’alerter les pouvoirs publics, sur la nécessité de prendre des décisions collectives dont la plus importante fut d’instaurer le port du masque en lieu clos, puis au travail parce qu’Emmanuel Macron avait feint d’imaginer que le virus se comportait différemment dans une supérette que dans un open-space. Il fallut encore revenir à la charge pour l’amener à réduire le délai de la mise en place de cette première mesure, de quinze jours à deux jours. Il fallut batailler encore pour tenter d’obtenir un protocole sanitaire cohérent à l’école, dans l’un des seuls pays au monde où les enfants n’étaient pas vecteurs d’infection avant 11 ans. Il fallut insister encore pour qu’enfin la nécessité d’aérer les lieux clos soit admise et médiatisée.

      La situation actuelle est la résultante de chacun de nos choix collectifs et individuels.

      Les choix d’un exécutif n’ayant pas la crédibilité nécessaire pour prendre des mesures fortes, du fait de ses mensonges originels, du fait de sa gestion calamiteuse de la pénurie, du fait de sa tendance à pointer du doigt la responsabilité des individus sans faire pression sur les employeurs pour privilégier le télétravail. Du fait de la satisfaction béate de ministres fustigeant le comportement négligent de jeunes qu’ils n’hésitent pas à entasser dans des amphithéâtres bondés.

      Les choix de certains médias ayant constamment privilégié des guignols de plateau « rassuristes », ou négationnistes, spécialistes autoproclamés d’une maladie qu’ils n’ont jamais eu à prendre en charge. Un jour, il leur faudra nous expliquer pourquoi un spécialiste de la physiologie du sport et un astrophysicien ont été considérés comme oracles de la fin de l’épidémie, et pourquoi on a continué à les inviter sur les plateaux tandis que les « réa » se remplissaient à nouveau de Covid, que les hôpitaux passaient en plan blanc, que les congés des hospitaliers étaient annulés. Un jour…

      En attendant, le travail a repris, et la situation ne s’est pas améliorée. Elle s’est même dégradée courant septembre parce que là où en mars nous n’avions pas de possibilité de tester les patients, nous nous sommes retrouvés dans une situation pire encore, celle de devoir expliquer aux patients qu’alors que l’exécutif vantait la capacité de tests de la France, en pratique les délais d’obtention de rendez-vous puis de résultats rendaient le testing problématique voire inutile. S’est ajoutée à cela la première vague de rhinoviroses, de nez qui coulent, de fébricules. Covid, pas Covid, tester, pas tester, isoler, pas isoler ? Comment ferons-nous face à la période hivernale dans ces conditions ?

      Aujourd’hui, grâce à l’initiative d’un confrère, nous avons mis en place localement des unités fonctionnelles de prélèvement, permettant à plusieurs petits groupes de médecins de diriger un nombre restreint de patients symptomatiques vers des cabinets infirmiers participants pour obtenir des résultats de PCR en moins de vingt-quatre heures et réussir à isoler les positifs afin de tenter de bloquer les chaînes de contamination.

      La seule bonne nouvelle est que là où les Covid du printemps passaient fréquemment par une phase de gêne respiratoire préoccupante, la majorité des Covid d’automne que je vois sont peu symptomatiques. Je passe plus de temps à gérer avec eux la paperasse administrative qu’à me préoccuper de leur saturation en oxygène. Non pas que le virus ait muté ou soit devenu moins virulent, comme le martelait Didier Raoult dix jours avant d’affirmer exactement le contraire tandis que les hôpitaux de Marseille quémandaient des renforts, mais probablement parce que le respect même imparfait des mesures barrière, le port de masques généralisé, diminue l’inoculum viral dans nombre de contaminations. Mais à la différence de la première vague, l’ensemble du territoire est touché. D’où l’importance en médecine de ne pas uniquement se référer à son expérience personnelle, mais de l’intégrer dans une vision globale, ce dont semblent incapables certains mandarins, apparemment. Je ne vois pas de Covid graves, et pourtant les hôpitaux en sont pleins.

      Nous sommes début octobre, et je ne peux que constater que 2020 aura été une année perdue pour mes patients, en médecine générale. Les programmes de dépistage ont été à l’arrêt de nombreux mois, les examens radiologiques, scanners, IRM, les fibroscopies, ont été stoppés, et il est matériellement impossible de rattraper intégralement ce retard. Il en va de même pour certaines interventions chirurgicales, d’autant que les hôpitaux, tout en ayant conscience de la nécessité de maintenir cette fois-ci l’activité non-Covid, sont confrontés à l’épuisement du personnel et à la fuite des soignants. Les médailles ne suffisent pas, ne suffisent plus. Il n’y a pas de soignants magiques.

      Nous allons vers des semaines très difficiles, avec une vague que nous tentons d’aplatir mais qui va probablement rester sur un plateau élevé du fait du retard de mise en œuvre de mesures plus restrictives, du fait des petits arrangements locaux de politiques chauvins, et de la pusillanimité d’un exécutif qui a un temps été tenté par la théorie de l’immunité collective, alors que comme me le dit un spécialiste de santé publique : « L’immunité collective est un concept de vaccinologie, ça n’a jamais été une stratégie de contrôle épidémique. » Du fait aussi de l’incompétence de certains ministres lunaires, parmi lesquels Jean-Michel « nous sommes préparés à tout » Blanquer, et Frédérique « rien ne nous dit que les contaminations se fassent au sein des universités » Vidal.

      En catastrophe, un mois trop tard, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, sermonne : « Ceux qui peuvent télétravailler doivent le faire », comme si le salarié avait moyen de prendre cette décision seul. Nous sommes mi-octobre. En tant que soignant de ville, je ne reçois plus aucun équipement de protection. Depuis un mois et demi, les patients atteints de pathologies cardiaques ou respiratoires, et nombre d’autres, sont exclus du dispositif de protection des personnes vulnérables. En prime, je ne peux plus leur prescrire de masques. Olivier Véran ment en affirmant que les médecins peuvent arrêter ces patients, et le gouvernement qui a pris cette décision s’emmure dans le déni. Jean-Michel Blanquer et Jean Castex ont cassé le thermomètre pour ne pas fermer de classes, laissant l’épidémie se propager sous le radar en milieu scolaire. Et le Conseil d’Etat tranche que les prisons n’ont pas à fournir de masques ou de tests aux détenus…

      A l’époque du sida, nous avions fait collectivement le constat que le virus profitait de nos failles, du refoulement sexuel, de la précarité, de l’homophobie, pour diffuser dans la société. Trente-six ans plus tard, rien n’a changé. Et je ne suis plus médecin généraliste, pas au sens où je l’entendais. Je suis juste un des types qui écopent au fond de la cale.

      Christian Lehmann médecin et écrivain

  • #Covid-19 : nouvelle alerte sur le manque de bras à l’#hôpital
    https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Covid-19-nouvelle-alerte-manque-bras-lhopital-2020-10-06-1201117981

    Des personnels médicaux épuisés, des postes non pourvus, une charge de travail de plus en plus difficile à porter : le Collectif Inter Hôpitaux alerte sur les besoins de recrutement dans les établissements hospitaliers.

    #politique

  • Exact montant du salaire des #infirmiers : un débat sans fin - Actusoins actualité infirmière
    https://www.actusoins.com/336602/exact-montant-du-salaire-des-infirmiers-un-debat-sans-fin.html

    2329 euros nets. Voici, selon les chiffres de la DREES, le #salaire mensuel dans le secteur #public pour le corps infirmier.

    [...]

    Contactée, la DREES, par la voix de son experte Hélène Chaput, explique la méthodologie utilisée.

    Les chiffres proviennent des bases de données économiques et sociales des entreprises, « recouvrant un champ de données administratives, qui sont ensuite traitées et retravaillées à des fins statistiques ».

    Interrogée quant au différentiel concernant le ressenti des salaires perçus, Hélène Chaput précise que les salaires sont convertis en équivalent temps-plein, et que par conséquent, « les personnels qui ne sont pas en temps plein peuvent donc se retrouver sous ce seuil ».

    Mais l’argument qui compte le plus est sans nul doute que la catégorie « Infirmiers » définie par la DREES inclut les infirmiers spécialisés, Ibode ou Iade etc. « qui tirent la moyenne des salaires vers le haut », reconnaît-elle.

    Enfin, elle revient sur les infirmières en catégorie A et B, prenant en compte que la grille salariale B est un peu inférieure à la grille A, les « sortants d’école optant plutôt pour le A, les plus âgés, pour le B ».

    Thierry Amouroux, porte-parole du SNPI (Syndicat national des professionnels infirmiers), considère ce chiffre comme « totalement fantaisiste ».

    « L’inflation est censée être maîtrisée, or on a toujours plus de mal à finir les fins de mois », rappelle-t-il.

    Avec des infirmières qui gagnent, dit-il, 1500 euros nets en début de carrière, 1800 euros en milieu de carrière, et 2500 euros en fin de carrière, il ne réussit pas à voir comment la moyenne lissée pourrait atteindre les 2329 euros.

    Les chiffres officiels ? Il semble ne leur accorder qu’un faible crédit. « Rappelez-vous le grand plan d’urgence pour l’#hôpital public de novembre dernier et qui devait revaloriser les salaires ? En réalité, cette mesure ne concernait que 4 départements sur 100, et parmi ces 4 départements uniquement 11 % des infirmiers au premier échelon ! Tout est dans l’art de la #communication », lâche-t-il.

    Et quand on évoque le #Ségur de la santé, il regrette que les 300 euros se soient transformés en 183 euros, qui, de plus, ne seront pas comptabilisés sur les fiches de paie « avant janvier ou février ».

    [...]

  • Sortir de la sidération et refuser la destruction de l’hôpital public | Pauline Londeix et Jérôme Martin
    https://www.humanite.fr/sortir-de-la-sideration-et-refuser-la-destruction-de-lhopital-public-694438

    Nous savons tous que l’austérité est en train de détruire l’hôpital et notre système de santé publique. Depuis vingt ans, des dizaines de milliers de lits hospitaliers ont été supprimés, l’activité à l’hôpital augmente, notamment aux urgences, mais le recrutement des personnels ne suit pas. Pourtant, l’action politique ne change pas. Source : via L’Humanité

  • Covid-19 : Paris passe en « zone d’alerte maximale »
    https://www.lefigaro.fr/actualite-france/covid-19-paris-passe-en-zone-d-alerte-maximale-20201004

    Matignon a annoncé dimanche de nouvelles mesures restrictives pour deux semaines, à compter de mardi, pour Paris et sa petite couronne. Les restaurants sont autorisés à ouvrir en respectant un protocole sanitaire renforcé.

    Paris et sa petite couronne passent bien en « zone d’alerte maximale » ce lundi. « Cela faisait peu de doutes… », glissait-on dimanche matin à Matignon. Voilà plusieurs jours que les trois seuils correspondant à la zone d’alerte maximale (taux d’incidence de la maladie ; taux d’incidence pour les personnes âgées ; taux d’occupation des lits de réanimation par des patients Covid) étaient franchis, et « cette tendance s’est confirmée pendant le week-end », a indiqué Matignon.

    Des mesures plus contraignantes vont donc être mises en œuvre à partir de mardi, à Paris et dans les trois départements de la petite couronne pour une durée de 15 jours, au terme desquels elles seront réévaluées. Un protocole sanitaire sera mis en place pour permettre aux restaurants de rester ouverts. Les bars, en revanche, jusqu’ici autorisés à ouvrir jusqu’à 22 heures, devraient fermer totalement à partir de mardi. Les universités devront aussi adapter leurs capacités d’accueil, tous les établissements d’enseignement supérieur (universités, écoles, instituts de formation) situés en zone d’alerte renforcée et en zone d’alerte maximale devront réduire de moitié le nombre d’étudiants accueillis en présentiel. Les ministres concernés devraient préciser les choses lundi, et la maire de Paris Anne Hidalgo tenir une conférence de presse à la préfecture de Paris.

    Une saturation en réanimation attendue mi-novembre

    Mais l’inquiétude première continue à porter sur l’#hôpital et ses capacités à faire face à un nouvel afflux de patients. Des modélisations réalisées par l’Institut Pasteur, à partir de données en date du 25 septembre, estiment que le taux d’occupation par des patients Covid des lits de réanimation actuellement disponibles devrait à la mi-novembre excéder, parfois très largement, les 60 % (seuil de l’urgence sanitaire) dans toutes les régions exceptées le Centre-Val-de-Loire (46 %, en alerte maximale) et le Grand Est (seule région restant « verte » avec 20 % des lits de réanimation occupés par des patients Covid). Le nombre maximal de lits de réanimation mobilisables devrait être franchi dans la première moitié de novembre en Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne Franche-Comté, Guadeloupe, Ile-de-France, Hauts-de-France et Nouvelle-Aquitaine (ainsi qu’en Normandie, mais selon des données trop fragiles). Ces simulations ont été réalisées en supposant une poursuite de la dynamique épidémique actuelle : taux de reproduction à 1,35, 29 hospitalisations pour 1 000 cas, 14 % de passages en réanimation, séjour moyen de 14 jours.

    #crise_sanitaire

    • Covid-19 : confronté à « une vraie grande deuxième vague », l’exécutif cherche sa boussole
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/10/05/face-a-la-resurgence-du-covid-19-l-executif-cherche-sa-boussole_6054746_8234

      Le gouvernement veut maintenant agir par périodes de quinze jours. Le temps de voir quel est l’impact des décisions imposées sur le terrain. Mais il ne s’interdit pas « de prendre des mesures additionnelles ».

      [...]

      Agir par périodes de quinze jours

      En théorie, le gouvernement veut maintenant agir par périodes de quinze jours. Le temps, pour lui, de voir quel est l’impact des décisions imposées sur le terrain. Mais il ne s’interdit pas, « si ça flambe dans ces périodes, de prendre des mesures additionnelles », souligne-t-on à Matignon.

      Devant différents maires, dont ceux de Paris, Lyon ou Lille, qu’il a reçus dans son bureau, jeudi, Jean Castex a prévenu : il n’hésitera pas à pallier d’autorité les éventuelles carences des politiques locales. Une adaptation quasiment au jour le jour que déplore l’édile socialiste de la capitale, Anne Hidalgo. « La situation est très grave. Si on veut être efficaces, il faut se projeter, avec douze à dix-huit mois d’une situation dans laquelle il va y avoir des hauts et des bas, a-t-elle estimé, dimanche, lors de l’émission « Le Grand Jury » de RTL, LCi et Le Figaro. Se protéger dans ces douze à dix-huit mois, ça veut dire avoir une méthode. On ne peut pas être dans un “stop and go” permanent de nos activités. » Une critique qui agace en haut lieu. « Le virus est imprévisible, l’objectif est de s’adapter en temps réel. Préférerait-elle qu’on confine ? Cela réglerait le problème purement sanitaire », grince un conseiller de l’exécutif.

      Il n’empêche, l’opinion publique, elle aussi, exprime de la défiance. Selon un sondage Elabe pour BFM-TV, publié dimanche 4 octobre, 64 % des Français ne font pas confiance à Emmanuel Macron et au gouvernement pour lutter efficacement contre l’épidémie ; 54 % des personnes interrogées jugent par ailleurs qu’il faudrait mettre en place dès maintenant de nouvelles mesures de restrictions pour freiner le Covid-19. L’exécutif peut au moins être rassuré sur un point : face à la menace, une majorité importante de Français plébiscite l’instauration d’une politique coercitive. Cela tombe bien, la perspective d’un reconfinement n’est pas écartée en cas d’aggravation de la situation.

  • Probablement qu’on y est, l’hôpital s’effondre , Yasmina Kettal, infirmière (93)
    https://blogs.mediapart.fr/yasmina-kettal/blog/021020/probablement-qu-y-est-l-hopital-s-effondre-0

    Infirmière aux urgences de l’hôpital de Saint-Denis, j’ai vécu le pic de l’épidémie dans un des territoires les plus touchés et me suis investie dans les mobilisations. Alors que le Covid revient dans mon hôpital, j’ai voulu partager ma lassitude. Je n’ai pas envie de remettre des gens dans des sacs mortuaires. De faire du tri à l’arrache, du travail à l’arrache. Je veux plus remettre des gens sur des bouteilles d’oxygène dans le couloir.

    Je suis tétanisée à l’idée de répondre aux médias. Cet été, j’avais l’excuse d’être en Guyane mais depuis mon retour je n’arrive plus à répondre à aucune sollicitation. Parfois je ne prends même plus la peine de répondre un « désolée, je ne suis pas disponible ». Parfois c’est vrai, parfois c’est un mensonge. Aller en plateau pour dire quoi ? Quoi de plus ? Participer à la cacophonie qui nous parasite depuis le début de cette crise et qui s’est amplifiée depuis le début du mois ? Pour y être interrogée sur quoi ? Les fermetures des bars, les traitements miracles, les propos d’untel ou d’untel ou telle ou telle statistique ?

    Ah si, peut-être pour y dire qu’on avait raison, probablement qu’on y est, l’hôpital s’effondre. Sauf que contrairement à ceux qui squattent les plateaux, je n’ai jamais été guidée par l’envie d’avoir raison. C’est justement parce que l’on avait pas envie d’avoir raison que l’on s’est battu.es. J’ai l’impression d’en avoir tellement dit que je n’ai plus les mots. Je ne suis pas assez cynique pour que cela ne m’affecte pas profondément. J’avais fait une pause sur Twitter car j’avais envie d’insulter tout le monde. Maintenant je tweete et je supprime aussitôt fatiguée de mes propres commentaires. Je crois que ça y est, je n’ai même plus la force d’être en colère. Après plus d’un an à avoir, en plus de mon boulot, couru à travers les plateaux et bossé comme une dingue pour mobiliser et alerter, que dire de plus ?

    #hôpital

  • Hôpital : plus de 3 400 lits ont été supprimés en 2019
    https://www.francetvinfo.fr/sante/politique-de-sante/hopital-plus-de-3-400-lits-ont-ete-supprimes-en-2019_4122035.html

    Un peu plus de 3 400 lits d’hospitalisation complète (réservés à des patients pour une durée généralement supérieure à une journée) ont été fermés en 2019 dans les établissements de santé français, selon une étude du ministère de la Santé publiée mardi 29 septembre. Dans le même temps, 1 500 places d’hospitalisation partielle, concernant l’accueil de jour ou de nuit et les unités ayant des activités d’anesthésie, de chirurgie ambulatoire ou de médecine ambulatoire, ont été créées.

    Les grèves et manifestations qui ont agité l’hôpital l’an dernier n’ont pas inversé la tendance : les hôpitaux et cliniques ont encore réduit leur capacité d’accueil de 0,9% en 2019 au total. Les 3 005 établissements publics et privés disposaient très exactement de 392 262 lits d’hospitalisation complète, soit 3 408 de moins en un an, précise la direction statistique des ministères sociaux (Drees).


    Un « repli dans la tendance observée depuis plusieurs années », qui « reflète la volonté de réorganiser l’offre, parfois face à des contraintes de personnel empêchant de maintenir les lits ». A l’inverse, le « virage ambulatoire » a poursuivi sa course : 1 499 places « de jour » ont été ouvertes, soit une hausse de 1,9% portant leur nombre total à 78 790. L’hospitalisation à domicile a même enregistré un bond de 5,5%, avec 19 100 patients, « pouvant être pris en charge simultanément sur le territoire ».

    #hôpital #santé_publique (feu la) #lits_d'hospitalisation

  • COVID-19 : point épidémiologique du 24 septembre 2020
    https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/documents/bulletin-national/covid-19-point-epidemiologique-du-24-septembre-2020

    Dans le PDF, page 15, ce tableau sur les clusters depuis le 9 mai :

    On voit que le type « Milieu scolaire et universitaire » représente un tiers (32% !) des « clusters en cours d’investigation ». Je suppose que c’est parce que ce sont les clusters récents (et la rentrée c’est début septembre), et possiblement parce que le services enquêtent en priorité sur ce type de milieux sensibles.

  • Démission aux urgences : « Je ne vais pas mourir à la tâche et dans l’indifférence de l’administration » - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/09/21/demission-aux-urgences-je-ne-vais-pas-mourir-a-la-tache-et-dans-l-indiffe

    Responsable des urgences du CHU du Kremlin-Bicêtre, le docteur Maurice Raphael quitte ses fonctions, lassé de l’indifférence de sa direction. Rien n’a changé, dit celui qui avait déjà alerté il y a moins d’un an.

    Le docteur Maurice Raphael est chef du service des urgences du CHU Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), au sud de Paris. Et il arrête. C’est fini. Il ne craque pourtant pas, il n’est pas en burn-out. Il dit simplement : « Cela suffit, rien ne change, la direction s’en fout, et je ne vais pas mourir à la tâche et dans l’indifférence de l’administration. » Le Dr Raphael vient d’annoncer sa démission de la chefferie d’un des services d’urgences les plus importants de l’Ile-de-France, près de 60 000 entrées par an. « Tous les matins, se retrouver avec au moins seize patients sans lit pour les accueillir, c’est trop, j’arrête. »

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    Après le Covid-19 : comme un sentiment d’abandon chez les soignants

    Et cet homme, apprécié de son équipe, raconte : « Depuis des années, on vit avec, on s’habitue à ces brancards, tout le monde trouve cela normal. Il vous manque des médecins, des aides soignantes, des infirmières ? On laisse faire. » « Ah si, ironise-t-il, la direction va faire un audit. Et après ? Rien se passe, c’est toujours le même constat : si cela marche mal, c’est que vous êtes mal organisé, et c’est en somme de votre faute. » Maurice Raphael se tait un instant : « La direction ne comprend pas, ils ne savent pas que les flux de patients aux urgences, c’est irrégulier. La vraie vie, ce n’est pas comme dans les livres. Nous, on s’épuise. L’équipe, qui s’entend très bien, est en train d’exploser de fatigue. Tout le monde s’en va. On a plus de dix médecins qui ont annoncé leur départ. »

    Rien n’a changé
    Point final. Ce qui est désespérant, c’est que l’histoire ressemble à un disque rayé. Car Maurice Raphael n’est pas un novice. Et sa lassitude ou ses craintes ne sont pas nouvelles. En décembre 2019, c’est lui qui, dans un courrier à sa direction générale rendu public, s’était alarmé, évoquant le « risque majeur d’événements graves » dans son service. Et il motivait, ainsi, sa mise en garde : « La situation pour les semaines à venir s’annonce extrêmement préoccupante. La privation de 100 lits avec une activité qui reste stable, voire qui augmente pendant les fêtes, conduit mathématiquement à un engorgement des urgences et avec pour résultat des patients dans l’attente de lits installés sur des brancards dans les couloirs. » La preuve ? « Le 23 décembre, quand je suis arrivé le matin, nous devions nous occuper de 35 patients sur des brancards, les voir un par un, leur trouver une place, ce qui prend du temps. Et pendant ce temps-là, le flux continue d’arriver et vous êtes toujours en retard. » 

    Voilà. C’était il y a moins d’un an. Et c’était sans compter avec l’arrivée du Covid-19, quelques semaines plus tard. Aujourd’hui, c’est le sentiment que rien n’a changé. « On travaille mal, avec un risque réel : les patients ne sont pas isolés, ils sont sur des brancards qui se touchent, ce n’est ni bon ni sain. Des patients vont attendre des heures avant que l’on ne leur trouve un lit d’hospitalisation. On leur doit au moins que leur attente se déroule dans de bonnes conditions d’hygiène et de sécurité. » Avec son ami, le Dr Pierre Taboulet, ancien chef de service de l’hôpital Saint-Louis à Paris, ils ont montré dans une étude les effets délétères de l’augmentation du nombre de patients qui restent sur les brancards, faute de lits.

    « Je suis prêt à travailler, même beaucoup, même trop »
    Certains, pourtant, se sont voulus optimistes. Ils ont cru que le Covid allait changer les habitudes, modifiant les attitudes des uns et des autres, rendant ainsi l’administration plus à l’écoute, et les services plus solidaires entre eux. Ce n’est manifestement pas toujours le cas. « J’ai dû à nouveau rentrer de vacances pour pallier le manque de médecins », raconte Maurice Raphael. Mais là, cela a débordé. « Je suis prêt à travailler, même beaucoup, même trop. Mais au moins, qu’il y ait un peu de reconnaissance. Jamais la moindre personne de la direction n’est venue voir ce à quoi nous sommes confrontés. Jamais un remerciement, ni un signe. » La suite ? « Je leur ai dit que je démissionnais. Ils m’ont dit : "Bon." Rien d’autre. Je ne veux pas me détruire pour des gens qui n’ont aucune reconnaissance. » Maurice Raphael s’en va. Il dirigeait ce service depuis dix ans. « On a l’impression de n’être que du consommable. »

    #hôpital #urgences #santé_publique

  • Lutte de classe n° 210 / septembre-octobre 2020 | Le mensuel
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org

    Lutte ouvrière dans les élections législatives partielles https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2020/09/13/lutte-ouvriere-dans-les-elections-legislatives-partielles_15 (sans six circonscriptions les 20 et 27 septembre prochains) #Lutte-Ouvriere #LO

    #Biélorussie : l’autocrate, l’opposition libérale et la classe ouvrière https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2020/09/13/bielorussie-lautocrate-lopposition-liberale-et-la-classe-ouv #repression #minsk

    #Liban : l’explosion du port de Beyrouth… et celle du pays https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2020/09/13/liban-lexplosion-du-port-de-beyrouth-et-celle-du-pays_151444 #FranceLiban #imperialisme #corruption #Beyrouth #Hezbollah

    États-Unis : le complexe médico-industriel face à la pandémie https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2020/09/13/etats-unis-le-complexe-medico-industriel-face-la-pandemie_15 (traduction d’un article paru le 19  juillet 2020 dans la revue Class Struggle (n° 105, août-septembre 2020), éditée par le groupe trotskyste américain #The-Spark) #hopital

    Le #chômage, armée de réserve permanente du capital https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2020/09/13/le-chomage-armee-de-reserve-permanente-du-capital_151446.htm #capitalisme #Lutte_de_classe

    Le #télétravail, c’est toujours l’exploitation https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2020/09/13/le-teletravail-cest-toujours-lexploitation_151447.html

    L’#Arctique, enjeu de rivalités entre grandes puissances https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2020/09/13/larctique-enjeu-de-rivalites-entre-grandes-puissances_151448 #pétrole #transport #pipeline #transport-maritime #réchauffement_climatique #extractivisme
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  • Barbara Stiegler : « Le virus risque de permettre au néolibéralisme de se réinventer »
    27 AOÛT 2020 PAR JOSEPH CONFAVREUX

    Dans son dernier livre, la philosophe Barbara Stiegler décrit son « basculement dans l’action » et propose des pistes pour se sortir des rets d’un #néolibéralisme dont le grand récit, forgé à partir d’une lecture tronquée de la révolution darwinienne, continue de nous entraver.

    Dans cette rentrée incertaine, l’exécutif tient le cap de politiques scolaires, économiques ou hospitalières inchangées par rapport aux dogmes antérieurs, montrant que la promesse de « réinvention » n’est guère qu’une reformulation de la mise en demeure permanente à « s’adapter ».

    Barbara Stiegler, professeure de philosophie à l’université Bordeaux-Montaigne, avait fait la généalogie de cette injonction dans son ouvrage publié l’an dernier chez Gallimard, intitulé « Il faut s’adapter ». Sur un nouvel impératif politique, et consacré aux liens originels et oubliés entre le néolibéralisme et la révolution darwinienne.

    Elle publie aujourd’hui chez Verdier un nouveau livre intitulé Du cap aux grèves. Récit d’une mobilisation. 17 novembre 2018-17 mars 2020 , dans lequel elle décrit, de l’irruption des « #gilets_jaunes » à la mobilisation pour les retraites, son « basculement dans l’action » et sa rupture avec des habitudes d’auteure et de chercheuse dont les « mains fines ne se compromettent ni dans les lourdes tâches du monde matériel, ni dans la dureté des luttes ». Elle propose notamment, pour lutter contre la poursuite du cap néolibéral, de « réinventer nos #grèves » et de « miniaturiser les #luttes ».

    Pour Mediapart, elle revient sur ces propositions, son itinéraire politique personnel, et analyse les ressources intellectuelles et historiques dont nous pouvons disposer pour contester les modes de gouvernement dans lesquels nous sommes pris.

    Le slogan de l’année 2020, « Il faut se réinventer », constitue-t-il une simple déclinaison de l’impératif politique dont vous avez fait la généalogie : « Il faut s’adapter » ?

    Ce qu’on entendait en boucle ces dernières années, à savoir « Adaptez-vous », a effectivement été relayé au pic de la crise sanitaire, par une injonction à se réinventer. On a ainsi inversé la charge puisqu’on a demandé aux victimes d’une certaine politique de se transcender. Mais en réalité, cette inversion des responsabilités sévit depuis très longtemps dans les services hospitaliers, les #universités ou les #écoles, c’est-à-dire dans tous ces lieux où l’on demande aux personnels de prendre #soin des personnes sans leur accorder les moyens nécessaires.

    Cela fait déjà longtemps qu’on demande aux #soignants d’être « créatifs », un terme essentiel dans le secteur managérial du soin fondé sur une rareté malthusienne assumée des ressources. « Se réinventer » veut dire ici faire plus avec moins. Ce qu’a révélé la crise sanitaire, c’est le caractère profondément injuste et destructeur de cette injonction, qui rejoint celle, plus générale et qui régit le champ social et politique depuis des décennies, à l’#adaptation et à la #compétition face à des ressources limitées.

    Dans votre dernier livre, vous racontez votre itinéraire politique et le passage entre la publication de votre ouvrage sur la généalogie du libéralisme à votre basculement dans l’action : qu’est-ce qui décide une spécialiste de Nietzsche, professeur de philosophie politique à Bordeaux, à endosser le gilet jaune en décembre 2018, et non seulement à soutenir le mouvement ?

    La politisation et le combat politique, c’est quelque chose que j’ai eu la chance de connaître dès ma naissance. Enfant, j’entendais des discussions sur tel ou tel retournement « au parti », à une époque où le Parti communiste dominait encore la vie politique. Mais tout cela s’est soldé pour moi, comme pour beaucoup d’autres, par une dépolitisation progressive. Beaucoup d’entre nous, progressivement découragés par l’échec des espérances révolutionnaires et écœurés par la mutation néolibérale des gauches de gouvernement, se sont détournés de l’engagement politique. Tous ces gens ne sont pas devenus pour autant apathiques ou indifférents, mais alors que, quelques décennies avant, ils se seraient sans doute inscrits dans des structures de partis, ils se sont retrouvés seuls et orphelins.

    Pour ma politisation personnelle, la première date importante a été 2009, un combat que j’ai mené dans mon université, à Bordeaux-Montaigne, contre la réforme de l’université engagée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Mais ce qui m’a gênée dans cette première expérience, c’est que nous étions isolés du reste de la société. C’est pour cela qu’en 2018, lorsque j’ai vu que les classes dites « populaires » étaient en train d’entrer dans l’espace public pour parler politique, il y a eu pour moi un véritable basculement.

    C’était quelque chose dont on nous disait que ce ne serait plus possible, qu’après l’échec du mouvement ouvrier, cela n’aurait plus jamais lieu. Devant cette irruption, j’ai endossé à mon tour un gilet jaune, avec tous les problèmes de légitimité que j’évoque dans mon récit, parce que pour la première fois, et depuis si longtemps, des gens qui ne se parlaient plus depuis des décennies allaient peut-être commencer à se reparler. Et c’est justement ce qui s’est ensuite esquissé dans les cortèges pour défendre les #retraites, l’#hôpital et l’#éducation.

    C’était bien sûr ténu et fragile, on n’a certes pas assisté à un vaste mouvement victorieux de convergence mais, mais c’était pour moi une grande différence avec 2009, ce fait que toutes sortes de personnes, issues de milieux culturels et sociaux profondément différents, aient été amenées à se réunir pour s’entendre, ou pour ne pas s’entendre.

    Toutefois, écrivez-vous avec distance, « en marchant dans les rues insurgées, je me dis que je cumule tous les marqueurs d’une fausse gilet jaune »…

    Oui, parce que les gilets jaunes ont surgi avec une série de revendications centrées sur les carburants et sur l’usage de la voiture dans les espaces ruraux et périurbains et ont d’abord été, de ce fait, très marqués géographiquement. Lorsqu’un mouvement social surgit dans l’espace public avec une très grande force, il fait peur à tout le monde, et même à ceux qui le font. Tout le monde se demande avec angoisse ce qui va se passer le lendemain.

    Une manière de conjurer cette peur est de donner une identité fixe à ce qui est en train de se construire, en vue d’enfermer ce qui advient dans quelque chose de rassurant. On a donc rapidement décrété que les gilets jaunes étaient des gens qui habitaient dans des lotissements, en périphérie, dépendants de la voiture, qui avaient joué le jeu de la mondialisation et de l’entrepreneuriat avant d’être déçus. Ce n’est certes pas mon mode de vie à moi. Et je ne nie pas les différences de classe. Mais il y a en réalité beaucoup plus de porosité. Distinguer les « vrais » gilets jaunes, qui seraient les artisans souffrant des fins de mois, des « faux » gilets jaunes qui seraient professeurs et membres de La France insoumise, c’est ridicule. Les gilets jaunes ne constituent pas une identité figée. Opérer une telle distinction vise à ce qu’il n’y ait pas de rencontre dans la lutte.

    Décririez-vous votre itinéraire politique comme celui d’une radicalisation ?

    C’est un terme que je pourrais revendiquer, parce qu’il renvoie à la notion de racine, et par exemple à la proposition faite par le philosophe #John_Dewey de retourner aux racines de la démocratie pour contester le fonctionnement prétendument démocratique de nos sociétés et leur opposer une « démocratie radicale ». Mais cela ne caractérise pas ma propre évolution. Je ne suis pas plus radicale qu’avant dans mon approche des questions politiques. Je dirais plutôt que je suis dans une logique de mobilisation, après avoir été des années immobilisée dans mon bureau, sans bien savoir quoi faire. Ce qui est nouveau dans mon parcours, ce n’est pas la radicalité dans la réflexion, mais le passage à l’action.
    Pourquoi désignez-vous le surgissement des gilets jaunes comme une « #insurrection » et contre qui était-elle alors dirigée selon vous ?

    C’est un terme qui peut engager des débats terminologiques, historiques, comme le terme « révolution », et il est donc délicat de l’employer. Mais j’ai le sentiment qu’il s’est joué quelque chose de cet ordre. Je suis d’ailleurs convaincue que ce surgissement n’est peut-être pas fini, et qu’il a déjà entraîné d’autres choses : il a par exemple donné de la force et du courage au mouvement contre les retraites, de même qu’il a alimenté la révolte des soignants de terrain contre les politiques néolibérales qui détruisent le système sanitaire.

    La cible des gilets jaunes était le pouvoir politique, et en particulier le président de la République. Cela leur a été beaucoup reproché. Je pense au contraire que ce ciblage était parfaitement légitime. Ce qui est très intéressant dans ce mouvement social, c’est qu’il s’est brusquement imposé dans la sphère politique du pouvoir, en posant la question de sa légitimité pour gouverner.

    Alors que certains leur reprochaient de ne pas cibler en priorité le patronat ou le grand capital, on n’a pas suffisamment salué le caractère profondément politique de ce mouvement. C’est ce qui éclaire la focalisation de ses revendications sur les questions de démocratie, de prise de parole, de représentation et de participation, qui ont complètement défait les clichés du discours dominant sur les classes populaires, dont on disait qu’elles ne s’intéressaient pas à la politique, qu’elles n’étaient focalisées que sur leurs intérêts privés, ceux qui se jouent dans l’accès au logement, à l’emploi et au pouvoir d’achat.

    Tout en exprimant votre adhésion aux gilets jaunes, vous faites part d’un doute : « Plutôt que de se détruire lui-même, le pouvoir néolibéral en basculant dans la violence armée n’a-t-il pas eu raison des insurgés ? » Comment répondez-vous aujourd’hui à cette question ?

    Le néolibéralisme est un pouvoir dont le mode de manifestation privilégié n’est surtout pas la violence. Il s’agit plutôt, comme dit #Walter_Lippmann, l’un des inspirateurs américains du néolibéralisme, de fabriquer le #consentement de manière industrielle et d’obtenir l’adhésion des populations, par les médias de masse, par le cinéma, par l’éducation… Il ne s’agit pas de faire montre de manière coûteuse de la force du chef et de l’apparat du pouvoir.

    Le libéralisme fonctionne plutôt à la douceur, sur le modèle pastoral de celui qui guide son troupeau dans la bonne direction. La question du basculement dans la violence se pose donc nécessairement. En faisant usage de la violence, le néolibéralisme avoue-t-il sa défaite ou mute-t-il dans une autre forme de pouvoir, tout aussi efficace dans le contrôle des populations ?

    Vous rappelez que la bienveillance, qui est un des mots préférés du pouvoir actuel, vient du berger qui « veille bien » sur des moutons, et non sur des citoyens…

    Par ce terme, il s’agit en effet d’évacuer le conflit, le négatif, la critique. Un pouvoir néolibéral qui est obligé de passer à la violence armée – pensons aux agissements du préfet Lallement à Bordeaux puis à Paris –, avoue son propre échec. Dans d’autres types de pouvoir, au contraire, le fait de couper des têtes peut être une démonstration de force. C’est ce que Michel Foucault explique très bien pour distinguer les pouvoirs qui « marchent à la souveraineté » de la gouvernementalité libérale, qui essaie au contraire d’économiser la coercition, le déploiement de force et la démonstration coûteuse du pouvoir. D’où la question de savoir si le basculement du pouvoir en place dans la violence d’État signe le basculement dans un autre registre du pouvoir.

    À mon avis, il nous est très difficile de répondre, car juste après cette phase de répression, le virus est arrivé et a permis de redonner du crédit à la fonction du berger. En surface, on a à nouveau évacué la violence, mis en valeur le soin et la bienveillance et tenté de reprendre en main, de préférence dans la douceur, la totalité du troupeau – même si l’on ne doit pas oublier les violences cachées du confinement et le déchaînement de pulsions autoritaires chez les petits chefs.

    Au sommet de l’État, on a plutôt mis en scène la marginalisation du préfet Lallement, sommé de s’excuser en public pour la première fois de sa vie, après avoir fait la bêtise d’affirmer que ceux qui se « relâchaient » dans les parcs étaient ceux qui se retrouvaient intubés ensuite dans les services d’urgence. Ce processus démontre bien en quel sens le virus produit, pour le pouvoir en place, un véritable effet d’aubaine pour reprendre la main et se relégitimer.

    À partir du moment où le nouveau libéralisme théorisé par Walter Lippmann défend une réforme profonde de la société fondée sur une politique ambitieuse en matière d’éducation, de santé et d’environnement, en quoi se distingue-t-il de ce qu’on pourrait attendre d’une véritable social-démocratie ?

    La fabrication du consentement des populations ou des « masses », comme dit Lippmann, passe effectivement par des politiques de santé et d’éducation qui visent à transformer l’espèce humaine. Cette prise en main des populations dès l’enfance ne vise pas à plus de justice sociale, mais à donner aux hommes les compétences qu’on attend d’eux. La grande idée de Lippmann, qu’il prétend fonder sur sa lecture de #Darwin, est que le développement de l’espèce humaine a abouti à une culture où celle-ci n’était capable que de s’adapter à des situations stables, dans des entités géographiques closes.

    Or, pour lui, le sens de l’histoire est d’aller vers un monde totalement mondialisé même si les populations ne pourront pas toutes prendre des avions et des cargos. Ce qui signifie que les classes populaires seront assignées à rester dans leur territoire, tandis que les élites pourront se déplacer. Mais aussi qu’il faudra donner à tous des compétences en termes d’adaptabilité et de flexibilité à un monde entièrement mondialisé où les flux seront appelés à s’accélérer sans cesse. Tout cela deviendra le socle des politiques éducatives promues par l’Europe et par l’OCDE.

    Concernant la santé, l’idée est d’augmenter sans cesse les performances de l’espèce humaine, considérée comme handicapée par des biais psychiques, intellectuels, cognitifs, liés à sa lente histoire évolutive. Dans l’agenda de Lippmann, tout cela doit permettre de mettre en place une compétition générale qui permettra de dégager les meilleurs et d’aller vers le haut. Le confinement a parfaitement bien illustré cette conception néolibérale de l’éducation et de la mobilité : assignés à résidence, tous étaient en même temps sommés par les ministres de rester dans la course et de continuer à capitaliser des performances et des compétences.

    Loin d’apparaître comme une institution sociale et collective, l’école a été présentée comme une affaire entièrement privée, au service de la compétition entre individus, et entièrement soluble, à ce titre, dans l’e-learning et le télétravail. Il aura fallu la résistance des personnels, des familles, des élèves dits « décrocheurs » et des étudiants pour qu’on se souvienne du caractère nécessairement collectif de l’éducation scolaire et universitaire.

    Le néolibéralisme théorisé par Walter Lippmann est, à vous lire, irréductible à une « approche strictement économique du politique ». Cela oblige à se départir de l’idée que, pour vous citer, le « néolibéralisme serait conduit depuis les grandes entreprises et les places financières, avec leur logique de privatisation » et se réduirait à une doctrine économique, ou à une réduction du politique aux logiques économiques de la marchandisation. Si on veut comprendre aujourd’hui pourquoi le néolibéralisme s’est imposé, il faut revenir à la force de son grand récit, qui porte sur la vie elle-même, et non seulement sur l’économie ?

    Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, on est dans une période où, pour le dire comme Nietzsche, Dieu est mort. Les philosophies de l’Histoire ont pris un moment le relais, en cherchant à donner un sens à l’Histoire, qui ne serait pas la résurrection, mais peut être la révolution. C’est une des matrices du socialisme révolutionnaire qui est très puissant à cette époque. Mais aussi de ce qu’on appelle alors l’évolutionnisme, qu’on trouve notamment dans les écrits du sociologue britannique Herbert Spencer.

    À la fin du XIXe siècle, on découvre Darwin et on tente d’imaginer la fin de l’évolution du vivant. Un grand récit sur la vie va alors s’imposer, avec le darwinisme social. Sous l’influence de Spencer, la fin de l’Histoire apparaît alors un monde entièrement industrialisé et mondialisé auquel l’espèce humaine doit s’adapter, dans le cadre d’une division du travail parfaitement coordonnée et compétitive, qui fonctionnerait comme les rouages parfaitement ajustés d’une horloge.

    Cette vision du monde, qu’on pourrait croire obsolète, continue de nous hanter : il faut s’adapter, jouer le jeu de la mondialisation, accepter la sélection. Nous restons prisonniers de cette matrice téléologique qui trahit d’ailleurs Darwin, puisqu’il n’a jamais dit qu’il y aurait un but de l’#évolution. La leçon fondamentale de Darwin est précisément inverse : personne ne peut savoir à l’avance où va la vie. La vie va dans tous les sens et explore toute sorte de directions, et c’est accepter cela qui permet de la respecter.

    La pensée de Walter Lippmann trahit non seulement Darwin, mais aussi, pour vous citer, « la #démocratie, car si le sens de l’histoire est déjà fixé, les peuples n’ont pas à en décider ni même à en débattre ». Sa pensée se fonde en effet sur une logique techno-scientifique d’organisation sociale prenant la forme d’une démocratie minimaliste et procédurale éclairée par des experts. Mais ces derniers ne sont pas seulement des économistes, mais aussi des psychologues ou des sociologues…

    Cette forme de démocratie, qui va dominer toute notre histoire contemporaine, est fondée sur l’idée que ce n’est pas le #démos qui a le pouvoir, mais qu’on exerce un pouvoir sur le démos à partir d’un savoir expert par rapport auquel la société n’a pas voix au chapitre. Cette démocratie d’experts, qui est aujourd’hui contestée partout dans le monde, ne repose pas seulement sur une science économique qui passe d’ailleurs son temps à exclure celles et ceux de la profession qui sont considérés comme hétérodoxes.

    Elle mobilise aussi les sciences de l’éducation, les psychologues, les sociologues qui sont sans cesse mis à contribution pour produire des discours d’accompagnement et favoriser, comme on dit dans le jargon des appels à projet qui structurent le monde de la recherche, « l’acceptabilité sociétale des innovations ». L’idée est que le démos, rétif au changement, doit être adapté à la mondialisation et à l’innovation par un discours d’accompagnement produit par les experts.

    Dans « Il faut s’adapter », vous restituez les débats qui ont opposé Walter Lippmann au philosophe pragmatiste américain John Dewey. Sa pensée peut-elle être un antidote au grand récit néolibéral qui nous traverse encore aujourd’hui ?

    Pour Dewey, il ne peut pas y avoir de démocratie avec des experts d’un côté et un peuple de l’autre. La question du savoir est donc un enjeu démocratique fondamental, ce que disaient d’ailleurs déjà les Grecs. À la logique verticale de Lippmann, il oppose ainsi une transformation sociale par l’intelligence collective et une participation active des publics.

    Pourtant, dans votre dernier livre, vous êtes assez vindicative vis-à-vis des processus participatifs de type Nuit debout qui vous paraissent être la marque d’un monde « où l’on expose les points de vue comme autant d’atomes qui se croisent et s’esquivent » ?

    Dewey nous dit qu’il n’y a pas de démocratie sans participation des publics et sans co-construction des savoirs. Mais une fois qu’on a dit cela, comment fait-on ? Il faut du temps partagé et des espaces communs de dispute et de délibération. On vit dans une époque qui détruit les places publiques et un rapport au temps partagé, où donc les conditions minimales d’exercice d’une véritable démocratie où les publics participent sont détruites.

    Face à cela, on assiste régulièrement à la tentative de reconstituer des agoras, que ce soit place de la République, dans certaines salles de mairie ou dans les amphithéâtres de nos universités. Mais il y a souvent tellement peu de réflexion, tant de naïveté ou tant d’indifférence sur les conditions mêmes de l’agora que cela échoue. Bien sûr que l’enjeu dans une AG, c’est de savoir qui prend la parole, et pendant combien de temps. Mais on ne peut pas trancher cela en disant simplement : « deux minutes chacun », car avec une telle règle, on se retrouve avec une myriade atomique de points de vue qui ne permettent de construire ni un discours commun, ni un conflit clairement lisible entre différents partis.

    Autre exemple : l’usage dans les AG est désormais de ne pas applaudir, mais de faire des moulinets avec les mains. Cette nouvelle règle, héritée de la crise du VIH et qui vise à annuler les effets de tribune et le pouvoir que peut conférer la parole, est intéressante, mais elle ne doit pas devenir un nouveau dogme. À force de suspecter toute forme de pouvoir collectif comme une domination, je crains que ce type de règles ne deviennent des machines à détruire le pouvoir politique et la possibilité même d’une quelconque puissance, confirmant finalement la juxtaposition des points de vue individuels et l’atomisation qui détruit les collectifs.

    Mais la pensée politique de Dewey ne manque-t-elle pas de conflictualité par rapport à la situation dans laquelle nous sommes ?

    Dewey est l’héritier de la philosophie de Hegel et a donc un rapport au conflit très important. Il juge que la politique commence quand il y a des problèmes et donc du conflit. Mais il cherche toujours à résoudre le conflit par l’accord, par le commun. Cela peut expliquer pourquoi il passe auprès de certains pour un philosophe du consensus, aisément récupérable par le discours du monde de l’entreprise, qui aime tant parler d’intelligence collective pour évacuer toute forme de conflictualité.

    Même si j’entends ces critiques, mon travail actuel cherche à montrer ce qui, dans le pragmatisme, résiste à cette récupération et pourquoi Dewey ouvre des chantiers de réflexion difficiles et longtemps délaissés par la philosophie politique, alors qu’ils sont pourtant incontournables si on veut encore croire à la démocratie.

    Comment se sortir du paradoxe que, pour vous citer, « tout le monde, ou presque, semble désormais décidé à tourner la page du récit néolibéral, qu’on accuse de détruire le contrat social tout en compromettant l’avenir », mais que ce consensus ne semble pas s’imposer comme a pu s’imposer le consensus de Washington ?

    Le néolibéralisme ressemble aujourd’hui à un animal préhistorique, mais dont on ne sait pas encore comment il pourrait entrer définitivement au musée. Pour moi, la gestion actuelle du virus risque de permettre au néolibéralisme de se réinventer pour regagner encore une ou plusieurs décennies.

    Ce virus nous a pris en pleine #mobilisation pour les retraites. Un mot dont votre dernier livre souligne l’importance politique…

    La retraite au sens plein ne se réduit pas à garantir une pension. C’est aussi l’expérience d’un autre #temps et d’un autre rythme que celui du travail productif. C’est de ce temps de la retraite dont se prévalent déjà, tout au long de l’histoire, ceux qui prient, mais aussi ceux qui éduquent et ceux qui soignent, et qui ne peuvent le faire que s’ils sont protégés de la pression des rythmes productifs. Tel fut pendant des siècles le sens de la clôture des institutions, qu’il s’agisse du cloître, de l’hôpital ou de l’école : celle de protéger le temps de l’étude, de la formation ou du soin de l’accélération des rythmes collectifs.

    Or, tandis que les sociétés anciennes faisaient de la retraite le privilège de quelques-uns, impossible sans le travail des esclaves puis des classes laborieuses, les sociétés contemporaines ont cherché à étendre à tous ce temps de la retraite, au sens de temps ralenti.

    Désormais, loin de permettre un temps de retraite et de protection, le monde de l’éducation et de la recherche et le monde de la santé sont désormais devenus les deux secteurs prioritaires désignés par le néolibéralisme pour fabriquer des populations adaptées à la compétition mondiale et à la course à l’innovation, où il faut « capitaliser des points », comme on le fait dans les jeux vidéo.

    Il serait nécessaire que la course à la compétition ne s’arrête jamais, de supprimer le droit de se retirer. Je ne suis pas hostile à toute forme de compétition – je suis moi-même partie prenante d’une certaine compétition académique, celle de la forme du concours par exemple –, mais ce ne peut être notre seul mode d’être au monde.

    Face au saccage de nos vies et de notre temps, vous faites une proposition singulière : « miniaturiser les luttes. » Pourquoi aurait-on une telle envie ?

    Cela peut paraître heurtant et décevant, car, quand on lutte, on a envie que ce soit fort et grand et que cela ait de grands effets, donc on n’a pas envie de se replier sur des échelles miniatures. Mais un des grands ressorts de l’échec est le découragement face à un objectif trop grand pour nous. Appeler, par exemple, les étudiants d’une salle de cours à attaquer le grand capital, c’est le plus souvent totalement démobilisateur et cela décrédibilise les militants qui portent ce discours. Il me paraît bien plus judicieux et davantage à notre portée de s’en prendre au président de l’université qui applique une mauvaise politique, ou aux collègues autour de nous, ou aux pulsions conservatrices ou de soumission qui sévissent en nous-mêmes, même si c’est, bien sûr beaucoup plus périlleux et difficile.

    Il peut y avoir bien plus d’ambition à transformer notre environnement proche et à s’engager dans des conflits politiques réels, là où l’on se trouve, plutôt que d’afficher des objectifs mondiaux inaccessibles, qui conduisent le plus souvent à ne rien faire du tout et à éviter la réalité des conflits qui se jouent ici et maintenant, dans nos universités, nos écoles ou nos hôpitaux.

    « Plutôt que de se donner un agenda mondial et de contempler lucidement la fin du monde, plutôt que de se soumettre à un agenda national pour affronter le verdict des urnes et retourner nous coucher découragés, il s’agit de dés-automatiser nos conduites », écrivez-vous. Mais est-ce que cette réforme de soi peut véritablement mener à un changement collectif quand ces conduites sont dépendantes d’infrastructures et de superstructures qui les dépassent ?

    Je pense nécessaire de partir de ce qu’on est en train de vivre nous-mêmes, sans attendre de programme universel ou même national. À l’université, je suis souvent frappée de voir des collègues appliquer dans leur travail les réformes générales de l’université qu’ils prétendent combattre : dans la manière dont ils évaluent les étudiants, dont ils conduisent leur politique doctorale, dont ils accompagnent et acceptent les réformes en cours. J’attends et j’espère moi aussi un mouvement national et mondial, structuré et puissant.

    Mais en attendant, on se doit de réfléchir à nos propres pratiques et de tenter de les modifier dans le bon sens, même si c’est l’un des combats les plus difficiles qui soient. Cela me semble le préalable indispensable à toute reconstruction politique de plus grande ampleur, et c’est malheureusement une étape que, le plus souvent, on se garde bien d’affronter. Or c’est pourtant là, peut-être plus encore qu’ailleurs, dans la transformation de nos institutions publiques d’enseignement, de recherche et de santé, que se jouent l’avenir ou la fin de nos démocraties.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/270820/le-virus-risque-de-permettre-au-neoliberalisme-de-se-reinventer?onglet=ful

  • La lourde facture pour les malades du #coronavirus à l’#hôpital | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/economie-france/social/la-lourde-facture-pour-les-malades-du-coronavirus-a-lhopital-1228650

    Mais pourquoi l’hospitalisation est-elle si mal remboursée ? Cela tient aux règles d’exonération du ticket modérateur, cette contribution des patients instaurée il y a presque un siècle afin de les « responsabiliser » et de limiter les dépenses de #santé . Pour alléger la facture, il a été décidé d’exonérer les actes techniques supérieurs à 120 euros. La chirurgie est donc remboursée à 100%, mais pas les consultations de médecine (avec parfois de gros dépassements d’honoraires) ou les séjours longs des personnes âgées, parfois beaucoup plus chers qu’un acte technique.

    On facture donc le coronavirus comme la grippe. Mais le Covid-19 fait entrer l’hôpital dans une autre dimension : plus de 107.000 personnes ont déjà été hospitalisées depuis le début de l’épidémie. Et les patients restent 19 jours en moyenne en réanimation, du moins sur la première vague à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. En région parisienne, une journée en soins intensifs est généralement facturée 2.932 euros. Ce tarif journalier est établi en fonction des coûts, qui sont bien plus élevés que dans un service de médecine classique, avec des respirateurs, des règles d’hygiène renforcées et cinq fois plus de personnel au lit du patient. Le ticket modérateur de 20% approche 600 euros.

  • Covid-19 : première plainte criminelle pour « délaissement » de personnes vulnérables
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/07/29/covid-19-premiere-plainte-criminelle-pour-delaissement-de-personnes-vulnerab

    Un enseignant trentenaire, souffrant de dépression, contraint d’appeler une demi-douzaine de fois le SAMU en une semaine avant de parvenir à être hospitalisé. Il y mourra, des suites du Covid-19… « Les gens qui sont vraiment en grande détresse, en gêne respiratoire, ils parlent beaucoup moins bien », lui avait répondu le SAMU. Arrivé à l’hôpital, il sera directement envoyé en réanimation, au vu de sa détresse respiratoire.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coronavirus : des personnes âgées écartées des hôpitaux pendant la crise sanitaire en France

    Un couple de septuagénaires dans un Ehpad. La femme tente désespérément d’alerter le personnel sur l’état de son mari. L’établissement, jugeant son attitude « alarmiste » et « nuisible », propose de la renvoyer chez ses enfants pour la « séparer » de son époux. La famille finit par obtenir, de haute lutte, l’hospitalisation du vieil homme, atteint du Covid, puis de la femme, également malade. Les deux finissent par en mourir, à quinze jours d’intervalle.

    Une nonagénaire autonome, en Ehpad, présente de graves symptômes du Covid-19. Son fils demande instamment l’hospitalisation. Une infirmière sollicite le SAMU et s’entend dire : « Elle a 93 ans, c’est ça ? (...) Donc elle ne sera pas hospitalisée. (…) Il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas, mais elle n’ira pas aux urgences. (…) Il faut contacter le médecin, qu’il vous donne des consignes pour qu’elle évolue dans le confort. »

    Ces épisodes glaçants – et dix autres – sont consignés dans la plainte contre X avec constitution de partie civile pour « délaissement ayant provoqué la mort », « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner », « discrimination » et « entrave aux soins » dont vingt-huit parents ou ayants droit de treize personnes décédées du Covid-19 ont saisi, avec l’association Coronavictimes, vendredi 24 juillet, le doyen des juges d’instruction du tribunal judiciaire de Paris.

    « En raison de leur âge, de leur isolement ou de leur condition physique ou psychique préexistante, ces treize personnes n’ont pas eu accès à des soins adaptés qui auraient pu les sauver », explique Me Anaïs Mehiri, l’avocate qui a déposé cette plainte collective.

    Dans le document de 32 pages que Le Monde a consulté, les plaignants dénoncent une « stratégie » consistant, selon eux, à « laisser les personnes souffrantes à leur domicile ou dans une structure d’accueil [Ehpad] jusqu’à ce qu’elles atteignent un état de santé critique ». Ils reprochent ainsi « un tri » opéré envers leurs proches.

    #refus_de_soin #Covid #hôpital #plainte #responsabilité_légale #délaissement

  • L’été et le Covid : « Ma bonne dame, on ne trouve plus de petit personnel » - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/07/25/l-ete-et-le-covid-ma-bonne-dame-on-ne-trouve-plus-de-petit-personnel_1795

    La commission d’enquête parlementaire n’a entendu que des pontes. Ministres, sous-ministres, directeurs d’agences régionales de santé (ARS), sont venus se dédouaner sur les conditions d’incurie dans lesquelles le pays a affronté la crise. Palme d’Or de l’indécence à Roselyne Bachelot, égérie sarkozyste brillamment relookée en présentatrice sympatoche et fardée, a moqué ces médecins envoyés au front sans équipements de protection : « On attend que le directeur de cabinet du préfet ou de l’ARS vienne avec une petite charrette porter des masques ? Qu’est-ce que c’est que ce pays infantilisé ? Il faut quand même se prendre un peu en main. C’est ça la leçon qu’il faut tirer. Tant qu’on attendra tout du seigneur du château, on est mal ! »

    De nature prudente voire paranoïaque, je suis depuis longtemps persuadé – et en particulier après H1N1 et les vaccinodromes de Bachelot – de l’incapacité étatique à protéger la population.

    #irresponsabilité_organisée #Covid #crise_sanitaire #hôpital #Bachelot

  • Le bilan journalier dérisoire de la pandémie en France, qui ne justifie en rien la VIOLENCE de ce gouvernement #EnMarche
    23 Juillet 2020 : Coronavirus : 7 nouveaux décès, près de 1000 nouveaux cas confirmés en 24 heures en France
    https://www.lefigaro.fr/sciences/coronavirus-7-nouveaux-deces-pres-de-1000-nouveaux-cas-confirmes-en-24-heur
    . . . . . . .
    Au cours des dernières 24h, 7 personnes hospitalisées ont perdu la vie des suites d’une infection au coronavirus.

    Selon les chiffres de la Direction générale de la santé (DGS) publiés ce mercredi 22 juillet, 6366 patients sont toujours pris en charge par les services hospitaliers, 455 d’entre eux sont en réanimation.

    « Le virus circule sur l’ensemble du territoire national », indique la DGS, en soulignant le nombre croissant de clusters. Sur les 561 détectés depuis le 9 mai, 212 sont encore en activité et 14 ont été découverts dans la journée.
    . . . . . . .
    #macro_lepenisme #maintien_de_l'ordre macronien #violence #épidémie #pandémie pas #en_vedette #imposture #confinement
    C’est pas à la une des #médias de #france #propagande #journulliste #journullistes #medias #politique #médiacrates #mass_merdias

    • Amputations, défigurations, fracas maxillo-facial ou dentaire, dilacération oculaire ou énucléation, fracas crânien, hémorragies cérébrales…

      Couvrez ces plaies que je ne saurais voir…
      Le 24 janvier 2019, le professeur Laurent Thines, neurochirurgien au CHU de Besançon, après avoir constaté les dégâts occasionnés par les #LBD, informe les pouvoirs publics et lance une pétition.
      https://www.legrandsoir.info/couvrez-ces-plaies-que-je-ne-saurais-voir.html
      Il écrit : « J’ai été particulièrement choqué par les photos prises et les lésions observées chez les personnes blessées lors des mouvements de manifestation. Beaucoup, très jeunes (potentiellement nos enfants), ont été mutilés alors qu’ils ne représentaient aucune menace spécifique ». Et d’ajouter : « amputation de membre, défiguration à vie, fracas maxillo-facial ou dentaire, dilacération oculaire ou énucléation, fracas crânien, hémorragies cérébrales engageant le pronostic vital et entrainant des séquelles neurologiques, autant de mutilations qui produisent de nouveaux cortèges de « Gueules cassées »…Tant de vies ont été ainsi sacrifiées (…)…Pour toutes ces raisons nous, soignants (médecins, chirurgiens, urgentistes, réanimateurs, infirmiers, aides-soignants…) apolitiques et attachés à l’idéal de notre pays, la France, au travers de la déclaration des Droits de l’Homme, de la Femme et du Citoyen, demandons qu’un moratoire soit appliqué sur l’usage des armes sublétales de maintien de l’ordre en vue de bannir leur utilisation lors des manifestations »(1) .

      Première parenthèse : on dit « létal » pour éviter « mortel », « bâton souple de défense » pour ne pas dire « matraque », « lanceur de balles de défense » pour cacher que le lanceur est une arme d’attaque, « forces de l’ordre » pour indiquer que la violence n’est pas imputable aux policiers, « blessures oculaires » pour que le vilain mot « éborgnement » ne soit pas prononcé.

      Seconde parenthèse : la revendication de l’ « apolitisme » des signataires nous ferait tousser comme un contaminé au Covid-19 si l’on ne comprenait pas qu’il signifie « de diverses opinions politiques ».

      Avec Cathy JURADO, Laurent THINES publie à présent un recueil de textes dont ils disent : « né au cœur des ronds-points et des manifestations de Gilets Jaunes, il témoigne de ce combat historique, par le biais d’une évocation poétique sans concession de la répression contre ce mouvement mais aussi de la ferveur et du courage des militants. Les droits d’auteur seront reversés intégralement au Collectif des Mutilés pour l’Exemple ».

      C’est publié par « Le temps des Cerises » , excellent éditeur qui a publié.

      Maxime VIVAS Pour participer à ce geste de solidarité, contactez : poemesjaunes@gmail.com
      Pour en savoir plus, lisez l’article ci-contre https://www.legrandsoir.info/feu-poemes-jaunes.html

      Note (1) La réponse au cours de l’année a été la violence policière répétée contre le personnel soignant, matraqué et gazé. En mars 2020, des policiers se sont rendus, à la nuit tombée, avec des véhicules de service aux gyrophares allumés, devant des hôpitaux pour y applaudir (à distance) le personnel soignant qui est aux premières lignes dans la lutte contre le Coronavirus. Dérisoire initiative d’un corps de métier qui bénéficie, pour « maintenir l’ordre » de masques de protection qui font défaut dans les hôpitaux et qui usa de la matraque si les soignants manifestaient pour en réclamer. Puis, les manifestations ont repris et les brutalités contre le personnel soignant aussi.

      #violence #violences_policières #police #répression #violences #violence_policière #emmanuel_macron #giletsjaunes #resistances #social #mutilations #mutilés #maintien_de_l'ordre #gilets_jaunes #justice #répression #violence #armes_non_létales #flashball #blessures #langage

    • Le Ségur de la honte ! Jean-Michel Toulouse, ancien directeur d’hôpital public - 22 juillet 2020
      https://pardem.org/actualite/1057-le-segur-de-la-honte

      Certes il était illusoire d’espérer que des décisions à la mesure des besoins de l’hôpital, du personnel et des patients seraient prises au Ségur de la Santé. Sauf à croire au miracle ! 


      Mais la réalité dépasse la fiction : trois syndicats se sont déshonorés en signant les « accords » séguro-macroniens. Non seulement les revendications répétées des personnels hospitaliers depuis de très longs mois ont été piétinées mais il ne subsiste aucun espoir que les problèmes de fond qui minent la santé publique soient réglés.


      Mais l’honneur et la lutte n’ont pas disparu. Ils étaient incarnés le 14 juillet entre République et Bastille à Paris et dans de nombreuses villes par les soignants qui manifestaient et par les 15 organisations médicales et non médicales, qui ont refusé d’être complices du Ségur de la honte.

      Ils ont signé : la #CFDT, #FO et l’ #UNSA - les syndicats les moins représentatifs dans de nombreux hôpitaux et chez les médecins. Après 6 semaines de négociation bâclées, voici ce qu’ont accepté ces organisations : 


      – Un « socle » de 7,6 milliards d’euros pour les personnels para-médicaux (infirmières, aides-soignantes, kinésithérapeutes, etc.) et non médicaux (administratifs, agents des services hos-pitaliers, techniciens divers, etc.) est attribué à 1,5 million d’hospitaliers : une augmentation de salaire versée en deux temps, soit 90 euros au 1er septembre prochain et 93 euros au 1er mars 2021. Au total 183 euros nets mensuels sont octroyés aux agents des hôpitaux et des #EHPAD. Ce qui ne rattrape même pas le blocage du point indiciaire depuis 10 ans ! En effet pour ce rattrapage il aurait fallu 280 euros nets mensuels. Il s’agit donc d’une obole qui montre le mépris du pouvoir pour les salariés, qualifiés de « héros » par Macron ! Il est vrai que la notion de héros est commode : elle dépolitise le problème et, en outre, un héros n’a pas de besoin ! 


      – Une « révision des grilles salariales » - sans autre précision - en avril 2021, et cela ne représentera que 35 euros nets mensuels en moyenne ! Voilà la reconnaissance macronnienne pour celles et ceux qui ont tenu le pays à bout de bras pendant 3 mois et ont limité les dégâts de l’incompétence de ce pouvoir.


      – La « revalorisation » des heures supplémentaires, des primes pour travail de nuit, mais « plus tard » et sans autre précision, ce qui signifie que ce sera indolore pour ce pouvoir !


      – La création de 15 000 postes - sans précision non plus - alors qu’il en faudrait 100 000. De plus, ces postes seront à discuter avec les directions d’établissement, ce qui n’est pas acquis !


      – S’agissant des médecins, le Ségur leur octroie 450 millions d’euros (au lieu de 1 milliard), et 16 « autres mesures » à venir… La principale étant la « revalorisation » de la prime de service exclusif qui passera de 490 euros à 700 euros nets mensuels pour les PHPT (Praticiens hospitaliers plein temps), puis à 1 010 euros en 2021, à condition que ces #PHPT aient 15 ans d’ancienneté...


      – Toujours pour les médecins, révision des grilles salariales mais au rabais (100 millions d’euros), et en 2021, avec la fusion des trois premiers échelons déjà prévue par le plan Buzyn, et en créant 3 échelons supplémentaires en fin de carrière, c’est-à-dire aux calendes grecques !


      – Enfin pour les jeunes médecins et les internes, 124 millions d’euros pour les indemnités aux jeunes praticiens, qui seront portées au niveau du SMIC horaire ! Mais sans revalorisation de leurs grilles indiciaires ! Et cela alors que 30 % des postes sont vacants. Pas de mesure sur les gardes et la permanence des soins. Ce n’est pas avec cela que l’hôpital public sera plus attractif ! On risque même assister à une fuite générale des compétences vers le privé.

      Volet 2 (organisation et investissement) : du pareil au même !
      Monsieur Véran, ministre de la Santé, déclare que ce plan n’est pas fait « pour solde de tout compte ». En effet ! Nous apprenons que ce ne sera pas 15 000 postes qui seront créés mais seulement 7 500 car les 7 500 autres sont déjà inscrits dans le collectif budgétaire prévu dans le plan Buzyn « Ma santé 2022 » ! 


      Ce plan Ségur, animé par Nicole Notat, annoncé par Macron et Castex, proclame que 20 milliards de plus sont alloués aux hôpitaux. Mais en réalité il y en a déjà 13 qui sont sensés contribuer à éponger les dettes des hôpitaux (sur une dette de 30 milliards), ce qui réduit à 6/7 milliards l’ensemble des autres mesures ! 
Notat, qui a remis son rapport sur le volet 2 le 21 juillet, poursuit donc son travail d’enfumage macronien. Ce volet n°2 se limite, en effet, à injecter, sur 4 à 5 ans, 6 à 7 milliards d’euros pour financer les bâtiments, les équipements et le numérique. 6 milliards en 4-5 ans pour l’ensemble de ces mesures alors que l’hôpital est rongé par l’austérité et la réduction de moyens depuis 30 ans ! Sans compter qu’il faudra partager avec le secteur privé « assurant des missions de service public » !

      Considérant l’état des hôpitaux publics, on voit le fossé abyssal qui sépare les besoins réels et cette aumône méprisante ! En guise « d’investissement massif » - comme le promettait Macron - ce ne seront que 2,5 milliards pour les établissements de santé (projets territoriaux de santé, Ville-Hôpital, pour « casser les silos » !), 2,1 milliards pour le médico-social et les EHPAD (rénovation d’un quart des places, équipement en rails de transfert, capteurs de détection de chute, équipements numériques) et 1,5 milliard pour l’investissement dans le numérique et « les nouvelles technologies » . Il est donc évident que ce plan est loin de permettre de « changer de braquet ». Alors que ce sont des milliers de lits qui ont été supprimés depuis 30 ans (quelque 12 000 ces 5 dernières années), le plan Véran-Notat prévoit 4 000 créations mais seulement « à la demande » et « en fonction des besoins » (évalués par qui ?), et pour des motifs de « grippe saisonnière ou d’autres pics d’activité exceptionnels ». En réalité pas un lit ne sera créé pour compenser la destruction systématique de nos hôpitaux. Le COPERMO (Comité interministériel pour la performance et la modernisation de l’offre de soins hospitaliers), véritable instrument de verrouillage de l’investissement dans les hôpitaux publics, sera supprimé et remplacé par un « Conseil national de l’investissement » qui « accompagnera les projets, établira les priorités, répartira les enveloppes uniquement pour ceux qui seront financés sur fonds publics (on ne voit pas comment l’hôpital public serait financé autrement…), ou qui seront supérieurs à 100 millions d’euros » ! Autant dire que seul change le nom du COPERMO mais qu’est conservé l’instrument de verrouillage des investissements hospitaliers ; même si l’intention de le faire cautionner par quelques élus est annoncée comme une mesure formidable !
Ce volet 2 traite de « déconcentration de la gestion des investissements » et envisage de donner plus de pouvoirs aux Délégations départementales des ARS et « aux territoires ». Mais l’on sait que ces Délégations doivent respecter les « plans régionaux de santé » décidés par les ARS... Cette association des élus est donc un leurre !

      Véran annonce que les tarifs de la T2A « vont continuer d’augmenter » les années prochaines, alors que cela fait 10 ans qu’ils baissent… Par ailleurs le ministre propose « de mettre en place une enveloppe qui permettra aux hôpitaux de sortir plus rapidement de ce système » et « d’accélérer la réduction de la part de la T2A... » . Face au caractère fumeux de ces propos il est raisonnable d’être circonspect !

      Parmi « les 33 mesures » annoncées, citons aussi la volonté d’ « encourager les téléconsultations » , de décloisonner l’hôpital, la médecine de ville et le médico-social mais sans mesure concrète, « libérer les établissements des contraintes chronophages » et autres baragouinage sans mesure concrète.


      Le gouvernement veut « une gouvernance plus locale » et une revitalisation des services. Les candidats chefs de service devront présenter un projet : mais c’est déjà le cas ! On ne voit pas très bien le changement… Les pôles sont maintenus, même si les hôpitaux seront libres d’en décider.


      S’agissant des Instituts de formation en soins infirmiers (#IFSI), le gouvernement propose de doubler les formations d’aides-soignantes d’ici 2025 et d’augmenter de 10% celles des #IDE (Infirmières diplômées d’Etat). Ces mesures s’imposaient car l’on sait que la « durée de vie professionnelle » d’une IDE est de 6 ans... Mais au lieu d’augmenter massivement les postes d’IDE et de renforcer les IFSI, le gouvernement « lance une réflexion sur une nouvelle profession intermédiaire entre les IDE et les médecins » … ce qui lui permettra de gagner du temps et ne résoudra pas les manques d’effectifs dans les services !


      S’estimant satisfait d’avoir « remis de l’humain, des moyens et du sens dans notre système de santé » le Ministre conclut en annonçant un autre « Ségur de la santé publique » pour la rentrée et un « comité de suivi » des volets 1 et 2 du Plan Ségur.

      Qui peut se faire encore des illusions après cet enfumage cynique ?
      L’aumône concédée aux soignants, loin de leurs revendications qui préexistaient au Covid-19, ne suffit même pas à corriger le blocage du point d’indice depuis 10 ans alors que des centaines de milliards d’euros sont offerts aux multinationales et au #MEDEF.


      Rien n’est dit sur les ordonnances Juppé de 1995, sur la loi #HPST (hôpital, patients, santé, territoire) de la ministre de la Santé de Sarkozy, Roselyne Bachelot, qui vient de faire un grand retour en qualité de ministre de la culture ! Rien sur les lois Touraine et Buzyn qui ont continué à fermer des lits et détruire des postes !

      Rien sur le matériel, les respirateurs, les médicaments, les postes à créer, les hôpitaux à moderniser ! Rien sur les lits de réanimation dont on a vu la pénurie pendant ces 6 derniers mois ! Rien sur les 30 000 morts dont le pouvoir est responsable, faute de production locale de masques, de gel hydro-alcoolique, de gants, de tenues de protection, de médicaments, alors qu’une autre vague de la Covid-19 menace ! Où est le plan de relocalisation des industries de santé ?

      La signature de cet « accord » par la CFDT, FO et l’UNSA est une infamie ! Et cela alors que ces syndicats savent que Macron-Castex vont remettre sur la table la contre-réforme des retraites ! 


      Ils prétendaient après le volet 1 que les « autres volets » Ségur arrivaient : investissement et financement des hôpitaux, réforme de la #T2A, organisation territoriale, et « gouvernance » de l’hôpital. Pipeau !


      Qui peut se faire encore des illusions après cet enfumage cynique ? 


      Qui peut encore gober les déclarations officielles faisant des soignants des héros alors qu’ils ont été maltraités, le sont et le seront encore après ce Ségur de la honte ?


      Comment l’hôpital public va-t-il s’en sortir alors que la France est en voie de paupérisation et qu’il y aura un million de chômeurs de plus à la fin de l’année ?

      Ce qu’il faut retenir, c’est que 15 organisations n’ont pas signé cet « accord » déshonorant ! Parmi lesquelles la CGT, Sud, l’AMUF, la Confédération des praticiens des Hôpitaux, le Syndicat Jeunes Médecins, l’Union syndicale Action Praticiens des Hôpitaux, le Syndicat des professionnels IDE, etc. Leur manifestation du 14 juillet contre ce « plan » Macron-Castex-Véran-Notat est le début de la réplique contre l’indécent « hommage » de ce pouvoir aux soignants ! Il faut espérer que le mouvement social n’en restera pas là ! Que les citoyens s’en mêleront !

      Un seul objectif s’impose à nous : virer ce pouvoir inféodé aux multinationales, à la finance et à l’Union européenne !

      #Santé #santé_publique #soin #soins #enfumage #baragouinage #ségur #capitalisme #économie #budget #politique #olivier_véran #nicole_notat #agnès_buzyn #jean castex #alain_juppé #roselyne_bachelot #marisol_touraine #paupérisation #médecine #hôpital #inégalités #médecins #médecine #services_publics #conditions_de_travail #infirmières #infirmiers #soignants #soignantes #docteurs #budget #argent #fric #ue #union_européenne

  • La Belgique compte 8 % de millionnaires de plus en un an
    https://www.solidaire.org/articles/la-belgique-compte-8-de-millionnaires-de-plus-en-un

    Année après année, les grosses fortunes sont de plus en plus nombreuses et… de plus en plus riches. Les moins riches (la grande majorité) sont quant à eux de plus en plus pauvres. Mais ce qui augmente aussi, c’est la voix de tout ceux qui veulent taxer ces gros patrimoines.

    La Belgique est un paradis fiscal pour les riches. Mais c’est un enfer mathématique quand il s’agit de mesurer cette richesse. Ce n’est pas un hasard. Heureusement, des initiatives internationales permettent de se faire une idée sur la situation en Belgique.

    Ainsi, selon le Rapport sur la richesse mondiale que vient de publier le bureau d’étude international Capgemini, la Belgique comptait, en 2019, 132 000 millionnaires en dollars (un million de dollars étant équivalent à 882 000 euros). Ça fait 8 % de plus en seulement un an, et 60 % de plus par rapport à l’année 2012. Une hausse impressionnante.

    Les millionnaires sont plus nombreux, mais ils sont également plus riches. Capgemini a ainsi calculé qu’en 2019, ils possèdent chacun un patrimoine de 2,5 millions d’euros. C’est 62 % de plus qu’en 2012. C’est une moyenne : ça signifie que certains sont beaucoup plus riches. Si vous multipliez ce patrimoine moyen par le nombre de millionnaires, vous arrivez à un montant total qu’on peut difficilement se représenter : 330 milliards d’euros.

    Pour vous faire une idée, imaginez que vous fabriquez une guirlande en billets de cent euros collés les uns aux autres. Avec cette somme, votre guirlande pourrait aller jusqu’à… la lune. Et encore, on sait que ce genre de statistiques, basées sur des enquêtes, a tendance à sous-évaluer les plus gros patrimoines...

    LA MAJORITÉ DE LA POPULATION S’APPAUVRIT
    Au mois de mai, une autre étude a également montré que les riches sont toujours plus riches. Il s’agit des enquêtes HFCN menées tous les trois ans par la Banque Centrale Européenne et sous-traitée à la Banque Nationale pour la Belgique. Selon cette étude,1/5ème de la population (les plus riches) détenait moins de deux tiers (59 %) du total des richesses du pays en 2014. En 2017, elle détenait plus des deux tiers des richesses (64%). Il y a donc bien une augmentation de la part détenue par les plus riches sur le total du patrimoine détenu par l’ensemble de la population.

    Si on répartit toute la population en cinq parties comptant le même nombre de ménages, classées des moins riches (1) aux plus riches (5), on constate que le patrimoine moyen du groupe 5 (le plus riche) est le seul qui augmente (de 3,1%), tandis que ce patrimoine moyen diminue pour les groupes 1 à 4. Cela confirme que non seulement la part détenue par les plus riches sur l’ensemble des richesse augmente, mais que cette fortune que possèdent les plus riches augmente aussi.

    En fait, les 10 % les plus riches possèdent presqu’autant que les 90 % restants, relèvent même Sarah Kuypers et Ive Marx, de l’Université d’Anvers.

    28 FAMILLES MILLIARDAIRES EN BELGIQUE
    Il y a les millionnaires, mais il y a aussi les milliardaires. Selon le journaliste Ludwig Verduyn, début juillet, la Belgique comptait une famille milliardaire de plus (voir son blog : https://derijkstebelgen.be). Le capitaliste Charles Beauduin, actionnaire du fabricant de machines textiles Vandewiele et du groupe Barco, est venu s’ajouter aux 27 familles milliardaires de Belgique.

    En 2000, toujours d’après Ludwig Verduyn, il n’y avait qu’une seule famille milliardaire en euros. Aujourd’hui, les 28 familles milliardaires cumulent un patrimoine total qui dépassent 100 milliards d’euros. En appliquant la taxe corona défendue par le PTB rien que sur ces familles, on obtiendrait déjà 5 milliards d’euros.

    PLUS DE RICHES, MAIS AUSSI PLUS DE VOIX QUI S’ÉLÈVENT POUR LES TAXER
    « Les inégalités de patrimoine augmentent en Belgique », confirme un journaliste financier du Tijd dans un article https://www.tijd.be/politiek-economie/belgie/economie/vermogensongelijkheid-stijgt-in-belgie/10226239.html , face à ces nouveaux chiffres. Il avertit même ses lecteurs : « Cette enquête pourrait mettre la pression pour l’instauration d’une taxe sur les grosses fortunes afin de supporter le coût de la crise du coronavirus. Le PTB a déjà soumis une proposition de loi dans ce sens. »

    LA BONNE IDÉE DU PTB QUI CHEMINE À L’ÉTRANGER
    Cette taxe de solidarité « corona » proposée par le PTB inspire au-delà des frontières belges. Le médias français CNews explique ainsi : « Allons-nous vers des taxes "corona" en Europe ? Dans plusieurs pays européens, dont la Belgique, la Suisse, la France ou l’Italie, des partis de gauche réclament une taxe de solidarité sur les grosses fortunes, afin d’éponger une partie des dettes liées à la crise du coronavirus, et protéger les salariés. L’idée est née en Belgique à la fin du mois de mars, avec la proposition du Parti du travail de Belgique (PTB) de mettre en place une contribution exceptionnelle de 5 % sur les fortunes de plus de 3 millions d’euros, ce qui ramènerait 15 milliards d’euros dans les caisses de l’État, selon cette formation politique. L’idée étant d’utiliser ensuite cet argent pour garantir les revenus de tous les travailleurs touchés aujourd’hui par la crise. »

    Des économistes de renom, comme le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz ou Thomas Piketty, auteur du best-seller Le capital au 21ème siècle, défendent également cette idée de taxer les plus riches. Aux États-Unis, les « Piketty Boys » Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, de l’Université de Berkeley (Californie), conseillers des candidats les plus à gauche de la primaire démocrate américaine, ont également imposé, dans le débat politique, la contribution fiscale des grosses fortunes.

    N’oublions pas que, lorsque les riches échappent à l’impôt, c’est la population qui paie. Le mouvement des gilets jaunes en France l’a parfaitement démontré, en dénonçant une taxe carbone socialement injuste, alors que, dans le même temps, le gouvernement supprimait l’ISF, l’impôt de solidarité sur la fortune.

    #richesse #Belgique Pas de #ruissellement #inégalités #économie #pauvreté #capitalisme #riches #richesse #fortune #politique #crise #pauvres #paradis_fiscal

    • #MDR : La mention Paiement final et sans recours au #Quebec

      Une résidente de Lévis qui avait cumulé une dette de 5800 $ sur sa carte de crédit a réussi à s’en libérer avec un simple chèque de 100 $.

      La banque Capital One a tenté de récupérer la différence en s’adressant à la Cour des petites créances, mais le juge vient de donner raison à la cliente.

      La femme qui détenait une Mastercard Platine a commencé à avoir des difficultés financières en 2017, à la suite d’un divorce et de la perte de son emploi.

      La Lévisienne accumule alors les défauts de paiement, et le montant de sa créance grimpe rapidement.

      “Paiement final et sans recours”
      En 2018, alors qu’elle est talonnée par l’institution financière pour régler sa dette, la femme demande l’aide de ses parents, qui lui prêtent 100 $.

      Elle transmet alors à Capital One un chèque de 100 $, en prenant soin d’indiquer au verso la mention “Paiement final et sans recours”.

      Après avoir encaissé le chèque, un avocat de la banque communique avec la dame le mois suivant, qualifiant alors de “ridicule” la somme reçue comme un paiement libératoire.

      Jurisprudence claire
      Après avoir analysé le dossier, et la jurisprudence, le juge Christian Brunelle de la Cour des petites créances a donné raison à la consommatrice.

      Selon le magistrat, la banque aurait dû aviser sa cliente de son désaccord avant d’encaisser le chèque.

      Il cite une cause similaire qui établit qu’avant d’encaisser un chèque comme paiement final, “le demandeur aurait dû manifester son opposition et informer la défenderesse qu’il encaissait le chèque, malgré cette mention, et sans pour autant renoncer à réclamer tout solde pouvant encore être dû”.

      Pire pour une banque
      Ces règles doivent s’appliquer avec encore plus de rigueur, selon le juge Brunelle, lorsque le créancier est une institution financière. Les banques ont un statut de professionnelles du prêt d’argent, rappelle le juge.

      Le magistrat indique que la Banque Capital One “est réputée pour connaître l’état de la jurisprudence relative à l’effet juridique de la mention du paiement final, d’autant plus qu’elle agissait par l’intermédiaire d’un avocat”.

      Au surplus, la femme avait ajouté le terme “sans recours”, “rendant même encore plus explicites les intentions de madame”, écrit le juge.

      “Un banquier raisonnablement prudent et diligent, de surcroît insatisfait de l’ordre énoncé au chèque […] aurait plutôt fait valoir ses réticences ou objections auprès de [la débitrice]”, indique le magistrat.

      En plus de rejeter la demande de la banque, le juge a condamné l’institution financière à payer à son ancienne cliente les frais de justice de 101 $.

      #banque #banquier #chèque #dette #argent

    • URBEX : un Hôpital abandonné #gaspillage #consternant
      Les véhicules du SAMU avec leur matériel sont encore là
      https://youtu.be/N8SJ3VQQ5aU

      juil. 2019 – Explorations de plusieurs endroits abandonnés dans le domaine hospitalier en France et en Belgique. Des hôpitaux et véhicules laissés, abandonnés sur des grands terrains hospitaliers. Du matériels neuf jamais utilisé et laissé sur place. Des pièces remplies d’ustensiles de médecine et dossiers de patients. Un constat ironique que l’on retrouve dans nos explorations, alors que les personnels des urgences continuent à sonner l’alerte sur des critères de surcharge, de manque de place et de personnel, de manque de moyens financiers et que d’autres pays manquent cruellement de matériel de soins. La crise hospitalière ne fait que s’alourdir dans tous les pays. Notre observation ne fait que confirmer les désastres futurs dans lesquels notre monde est plongé.

      AdcaZz

      https://bang-bang.tv/revolte/echanges-analyses/decryptages-reflexions/le-gachis-materiel-des-hopitaux-abandonnes

      Collaborations : @lens_pic98 – @chvt_ – @Cyriac AdcaZz : – Facebook : https://www.facebook.com/adrien.adcaz – Email : adcaz75@gmail.com Lampe : Seeker 2 Pro – Lien : https://amzn.to/2JlllC7
      Nous sommes les observateurs de ce monde.

      #Santé #Hôpital #destruction

  • Castex, « Monsieur T2A », casseur de l’Hôpital | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/040720/castex-monsieur-t2a-casseur-de-l-hopital

    Le monde de l’hôpital ne connait certes pas Jean Castex, mais il connait par contre très bien les effets de son passage au ministère de la santé. Il y fut en effet le promoteur zélé d’une réforme de la tarification dite « T2A », l’un des piliers de la transformation de l’Hôpital en entreprise.

  • COVID-19: Iraq announces new increase in cases, crosses 2000 total deaths - Kurdistan 24

    The Iraqi Ministry of Health and Environment on Wednesday announced an increase of 2,415 new coronavirus cases, a new high in the past few days. The ministry also announced another 107 fatalities, raising the national total coronavirus-related death tally to more than 2000 since the outbreak began in Iraq.

    In its daily statement, the ministry mentioned that 11,378 tests had been conducted in 24 hours, making the total nearly 556,000. It also outlined the total number of infections had reached 51,524 confirmed infections, including 26,267 recoveries, 2,050 deaths, and 23,207 active cases.

    Today’s figures do not include the most recent developments in the Kurdistan Region, which has its own health ministry and typically announces results later in the day. As such, Kurdistan’s figures are usually added to the following day’s national tally.

    #Covid-19#Iraq#Crisesanitaire#Pandémie#Santé#hôpital#migrant#migration

    https://www.kurdistan24.net/en/news/0a9b0ff7-b0a2-451e-aa75-aee8e0011596