• Une revue des pamphlets ultra-libéraux de Townsend au 18ème, ainsi que des commentaires ultérieures de Flora Tristan. Par Annie Gouilleux chez @tranbert.

    Les pamphlets de Joseph Townsend, 1786-1788
    https://sniadecki.wordpress.com/2015/04/23/townsend-1786-1788

    Nous aimerions reléguer les deux pamphlets de Townsend, avec leur arrogance, leur suffisance et leur mépris envers le peuple, dans la poubelle de l’histoire. Mais il ne fut pas le seul à penser ainsi et ces idées ont perduré. Mais le pire est la notion qui les sous-tend et qu’a bien vue Karl Polanyi : la « naturalisation » de l’infériorité supposée des pauvres, considérés comme une espèce animale que l’on peut, au mieux, domestiquer et, en toute bonne conscience, réduire à la misère abjecte dans l’intérêt du « progrès », du « développement », de la nation.

    #pamphlets #Joseph_Townsend #Flora_Tristan #libéralisme #socialisme #naturalisation #économie #philosophie #morale

  • Liberland : le « pays le plus libre du monde » à la recherche de citoyens

    Sputnik France

    http://fr.sputniknews.com/international/20150424/1015811053.html

    Le Tchèque Vit Jedlicka a proclamé un nouvel Etat européen, le Liberland, un territoire de sept kilomètres carrés entre la Serbie et la Croatie.

    La République libre de Liberland, qui a pour devise « Vivre et laissez vivre » a pour objectif de créer « une société où les honnêtes citoyens peuvent prospérer sans lois, règlements ni impôts d’Etat »

    Bienvenue au Liberland, un nouveau pays européen
    Selon le fondateur et président autoproclamé de la République, l’idée de base est que « les impôts soient facultatifs », ce qui devrait d’après lui permettre de « réduire le rôle de l’Etat au minimum ». Certains médias ont ainsi déjà qualifié le Liberland de nouveau « paradis fiscal ».

    #liberland #utopie #marrant #curiosité

  • La civilisation libérale réalise le fondement social de tout régime totalitaire - L’Etat, Bernard Charbonneau, 1949

    C’est dans l’#économie libérale que s’est élaboré le plus efficacement le monde totalitaire. Dès le début du XIXème siècle la centralisation politique s’est renforcée d’une organisation économique qui tendait à concentrer la puissance en un seul point d’où dépendait tout le reste. Ainsi s’est formée une #humanité habituée à subir, et à subir sans comprendre, pour laquelle le mot de #liberté s’est vidé progressivement de tout contenu. Si nous considérons la tendance de la #technique actuelle à réserver la connaissance à une minorité de spécialistes comme elle réserve la puissance à quelques patrons ou directeurs, sa tendance à s’étendre méthodiquement à tout, sans autre principe que celui de l’efficacité pratique, alors nous pouvons bien affirmer qu’en dehors de toute volonté politique consciente le monde libéral tendait bien à devenir un monde totalitaire, où la #démocratie sociale devenait aussi absurde que la démocratie politique.

    La démocratie tend au partage de la vérité et de la puissance entre tous les #citoyens, la technique tend au #monopole de la vérité autant qu’à celui du pouvoir. Nous payons chaque perfectionnement d’une complication et d’une contrainte, - le tout est de savoir si ce perfectionnement vaut ce prix. Comme le rouage s’ajoute au rouage, l’explication s’ajoute à l’explication, et dans la mesure où l’organisation englobe de nouveaux domaines, elle multiplie les interférences. Ainsi, le sens commun à tous les hommes ne suffit plus, l’individu ne peut plus réaliser la condition de base de toute démocratie : une connaissance élémentaire de ses intérêts matériels, car ceux-ci dépendent d’une foule d’éléments qu’il ne peut plus atteindre directement. Pour juger sérieusement de son #salaire, il lui faut désormais connaître le mécanisme de la #monnaie, le système fiscal, l’économie française et sa situation dans l’économie européenne : une #culture politique et juridique du niveau de la licence en #droit. Dans ces conditions le citoyen ordinaire n’essaie même plus de comprendre, il se jette sur l’explication que lui prépare la #propagande ; atrophiant son aptitude à s’expliquer, la complexité du monde actuel le livre au simplisme du #slogan. Plus les techniques deviennent hermétiques et rigoureuses, plus leur vulgarisation devient vulgaire : l’image ou l’incantation qui s’adresse aux nerfs de la foule compense la formule mathématique qui s’adresse à l’intellect du technicien.

    Submergé par la multiplicité des faits où l’économie complique la #politique et la politique l’économie, l’individu se détourne d’un #pouvoir qui n’a plus de sens pour lui ; sa condition étant d’être dépassé, sa réaction est de s’abandonner. Dans la #nation, dans l’#armée, dans le parti, et dans un #syndicalisme bureaucratisé, il n’est plus qu’un rouage habitué à subir l’impulsion d’un état-major d’administrateurs. Le sens commun - et son représentant le Parlement - n’a plus d’autorité ; dans une société technicisée, ce sont les bureaux qui gouvernent. Le Parlement n’est que le mensonge [...] qui permet aux hommes d’esquiver le problème posé par la fin du bon sens.

    Partout où pénètre la technique recule la liberté, car à la différence de la pensée libérale, ses vérités sont sans appel et leur exécution automatique. La technique comme la #loi impose à tous la même discipline, et partout où elle s’établit, s’établit la loi qui peut seule rendre ses applications possibles : la discipline totalitaire dans ce qu’elle a d’apparemment légitime ne fait qu’exprimer en clair la discipline industrielle. Ainsi sous le couvert du #libéralisme, l’évolution économique réalise dans la vie quotidienne des individus la condition fondamentale du #régime_totalitaire : la démission de l’homme, qu’il s’agisse de l’#indifférence atone du plus grand nombre à des déterminations qui les dépassent ou de la participation frénétique de quelques-uns.

    [...] L’#impuissance individuelle mène au culte de la puissance collective. Quand l’#individu se tourne vers lui-même, il ne trouve qu’incertitude, vide et débilité ; mais quand il considère le monde qui le domine il voit triompher la force. Tout le dissuade de chercher l’autorité autant que le pouvoir en lui-même pour le tourner vers la puissance collective. Tandis que se dressent toujours plus haut des buildings ; dans la fissure de la rue passe l’individu, perdu dans la foule, mais suivi par les contraintes de l’argent et de la loi comme par son ombre ; et sur lui s’effondrent guerres et révolutions, qu’il ne peut que suivre. Alors écrasé, il compense ses complexes d’infériorité individuelle par ses complexes de supériorité collective : celle de sa nation, de son parti ou de sa classe. La révolte de l’individu alimente ainsi les forces qui l’anéantissent.

    #système_technicien #brown_tech

    • Le régime totalitaire vient comme un voleur ; il nous surprend à coup sûr parce-que nous l’attendons monstrueux alors qu’il n’a rien d’étonnant. Progressivement, dans le calme de ce que nous croyons être le temps normal, il s’est adapté à nous, et surtout nous nous sommes adaptés à lui. Il n’est plus loin ; au jour le jour il a déjà fait presque tout le chemin et il n’a plus qu’un pas à faire pour être là.
      [...] Le mal totalitaire n’est pas un fléau étranger qui fondra sur nous à la fin des temps, il grandit en nous dans le silence. Dans la vie quotidienne et dans l’esprit - ou plutôt dans l’absence d’esprit qui y préside : plus que dans nos fureurs, dans notre ennui ; plus que dans nos crises, dans nos petites habitudes. C’est là qu’il nous faudra le découvrir et le combattre. Tout homme doit se préparer à ce jour, et ce jour c’est aujourd’hui.

      #totalitarisme

    • Celui qui voudra résister le moment venu doit savoir qu’il ne sera pas placé d’un coup en face du choix. Le régime totalitaire consacrera l’état de fait plus qu’il ne rompra avec lui ; il nous aura lentement possédés de l’intérieur plus qu’il ne nous forcera de l’extérieur. [...] Songeons que notre régime totalitaire ne se présentera pas sous l’uniforme de l’envahisseur, mais dans l’exaltation de la puissance nationale ; non comme une subversion, mais un effort vers l’ordre universel. En apparence il sera moins un déchaînement de haine que l’irrésistible jaillissement d’un hymne de fraternité ; une unanimité dans laquelle le refus de l’individu ne sera plus affirmation légitime mais scandale.

    • Relu encore à l’instant.

      « perfectionnement » me semble ici très bon et très juste, mais « technique », « la technique » (ne parlons pas du « sens commun » et du « bon sens ») ne passent décidément pas.

      Termes décidément bien trop fourre-tout, qui recèlent autant sinon plus de problèmes cruciaux qu’ils n’apportent de clarifications - en particulier, dans ce que les premiers participent d’un dualisme « nature » vs « artifice » non dit ni assumé qui vient conditionner l’entendement beaucoup trop à mon goût.. (comme on le peut constater régulièrement dans les prises de position des militants « anti-industriels » qui se réclament de ce même Charbonneau).

      de même, l’emploi des catégories « totalitaires » et « libéralisme » me semble ici des plus casse-gueule - et aujourd’hui dépassé pour essayer de saisir les rapports sociaux que nous vivons.

    • Je suis assez d’accord sur l’opposition nature vs artifice, opposition que dépasse le concept d’#écoumène (dont les techniques humaines sont partie prenante cf http://seenthis.net/messages/166201). Cela dit quand Charbonneau parle de technique (même si c’est pas explicite) il parle de technique hétéronome, qui s’autonomise et échappe à la maîtrise commune, par opposition à l’outil convivial (concept forgé plus tard par Illich).
      Sur le glissement vers le totalitarisme en revanche l’analyse de Charbonneau me semble garder sa pertinence. Je trouve que le dernier paragraphe mentionné donne un éclairage saisissant à « l’esprit charlie » et aux derniers propos bellicistes de l’exécutif.

    • @paulo merci

      @koldobika

      Je me suis plongé il y a des mois dans tout ce que j’ai pu lire de Berque sur le web (il y a de la matière), et c’est passionnant, mais je pense que, de par sa singularité dans le paysage intellectuel, (en tout cas, dans le mien), c’est un auteur qui mérite d’être médité et digéré. Je n’ai pas fini d’y revenir.
      Son point de vue déplacé par rapport à la tradition occidentale « classique » et l’étendue de sa culture sont stimulants par l’emploi créatif qu’il en fait, et la notion d’écoumène m’a évidemment beaucoup plu.

      Mais il me semble que son travail reproduit néanmoins des biais fondamentaux, à travers une forme - c’est ce qu’il me semble y lire, je reste néanmoins prudent - d’humanisme universaliste abstrait. Par exemple, je n’ai pas lu chez lui de réflexion sur les rapports humains, les rapports sociaux de domination, (lesquels mettent pourtant en scène la notion de nature de façon récurrente) - j’ai l’impression qu’il y a là l’habituel point aveugle masculin et blanc, aisé, que l’on rencontre trop souvent. Dans ce que j’ai lu, les rapports de domination - sexe, race, exploitation économique - sont quasi-absents, sinon, pour les derniers, du point de vue de leurs conséquences écologiques. Je peux me tromper et avoir manqué cela. Mais j’aimerais les voir explicitement pris en compte : il font partie du milieu, de « l’écoumène », non ? Nous n’appréhendons pas le milieu tou-te-s depuis le même point.

      Pour se déprendre un peu plus du piège de ce dualisme nature-culture, pour être intellectuellement mieux armés face à lui, à défaut de prétendre en finir, les travaux de Colette Guillaumin, qui partent justement des rapports de domination, et en particulier d’appropriation, et qui lient la catégorie « nature » et son emploi à ces rapports sociaux, me semble ouvrir des pistes plus intéressantes dans ce qu’elle proposerait une explication matérialiste de l’existence de cette catégorie - la « nature » ne devant alors son caractère distinct, extérieur... qu’au fait de son appropriation par les humains. Mais là aussi, c’est une lecture que j’ai besoin de digérer - et aussi, en partie, de parvenir à mettre la main dessus (bouquins épuisés, hélas).

    • @martin5 c’est vrai qu’il manque tout ce pan social chez Berque, et ça donne à son propos quelque-chose de très universitaire, qui aime bien causer au calme d’un salon. Autant il a une approche très « habitée » de la question du paysage, autant pour ce qui est des rapports sociaux c’est l’angle mort, ça donne l’impression qu’il parle du rapport d’un humain isolé avec le monde, ou alors d’une culture mais en n’en retenant que la situation géographique et historique et pas les rapports sociaux ni de genre, tout juste aborde-t-il les modes de production, à gros traits.
      J’ai déjà vu passer le nom de Colette Guillaumin, à l’occasion j’en lirai un bout (j’ai déjà une trop grosse pile de bouquins à lire qui m’attend, je m’en sors pas).

    • Du coup je suis retourné plus en profondeur à un autre de ses bouquins, plus récent, que j’ai sous la main (#Le_jardin_de_Babylone), lu il y a trop longtemps.
      Il me semble que Charbonneau - outre des formulations chrétiennes fatigantes : « fils d’Adam » toi même, Bernard ! y donne à lire sans masque la rigidité et les limites d’une pensée banalement conditionnée par les concepts auxquels elle a recours. Si dans un court prologue il semble admettre l’historicité de celui de « nature », c’est ensuite pour en faire à nouveau un absolu et recourir au détour d’un chapitre ou d’un autre à celui de « nature humaine ». Il ne s’agit pas seulement de nature vs technique hétéronome, mais bien d’une incapacité à penser les animaux humains en termes de rapports sociaux, avec leur plasticité, leur historicité.
      Sitôt qu’il s’aventure un peu trop sur ce terrain là, comme p 171 de l’édition de l’EdN :

      si le progrès est illimité, la nature humaine, heureusement, reste immuable : on ne nous a pas encore proposé un superman avec un troisième oeil et des pinces greffées

      (j’italise)
      ,
      la rigidité du paradigme chrétien dans lequel il patauge semble le réduire à recourir immédiatement à une caricature grossière - celle que l’on retrouve, intacte, chez PMO, Escudero, etc, et avec laquelle se complaisent leurs soutiens. Il me semble qu’une pensée engluée dans le dualisme nature vs artifice/technique se condamne à tomber dans ce travers - se privant de la capacité à envisager les rapports sociaux, et donc les pratiques, dans toute leur profondeur en termes de production historique, pratiquant parmi elles une coupure... artificielle entre prétendus « naturels » et soi-disant "artificiels" , absolutisant nécessairement une conception particulière de l’"humain". Sur ce sujet, la confrontation avec la pensée d’une #Hannah_Arendt (#Condition_de_l'homme_moderne) me semble assez éclairante quant à l’espèce d’archaïsme dont on peut dire qu’il caractérisait déjà à l’époque la pensée de Charbonneau.
      Comme si le renoncement à un ancrage dogmatique tel que le sien était pour lui voué à menacer la capacité de juger le présent !

      Incidemment, l’évocation de la pêche et de la chasse est pour lui l’occasion de pages consacrées à une impudente apologie de la prédation et de l’appropriation conçues comme le rapport le plus intime possible avec "la nature" , qui après tout passait peut-être inaperçue il y a quelques décennies ? (Mais qui me semble remarquablement consistante avec la critique que fait Colette Guillaumin du concept de nature comme face mentale, idéologique, de pratiques d’appropriation, comme avec la critique qu’esquisse #Florence_Burgat dans #Pourquoi_l'humanité_est_elle_carnivore )

      je cite :

      La relation du chasseur et du pêcheur à la nature est totale , parce qu’elle est une relation active . L’employé parisien qu’hypnotise le jeu de son bouchon le long des quais de la Seine est plus près de la vie primitive que le touriste qui contemple les glaciers du Spitzberg

      .
      (p 179, même édition, et j’italise à nouveau)

      L’a priori complaisant quant à une conception de « la vie primitive » se donne à lire sans fard ni doute...
      La suite qui, au prétexte de condamner « l’errance moderne », méprise grossièrement le nomadisme, n’est pas meilleure.

      Le lyrisme torrentiel et la verve de l’auteur dissimulent donc à mon sens très efficacement la superficialité et les a-priori avec lesquels sa pensée entre, comme pensée (de fait, fort peu) dans la foisonnante description qu’il donne du moment historique qu’il se trouve vivre : si son regard de chrétien contribue assurément à lui conserver une vive sensibilité à la brutalité des changements imposés par l’industrialisation, si sa culture de chrétien lui fournit la palette pour la peindre d’une façon des plus saisissantes (je ne lui conteste évidemment pas cela), se référer à lui en ignorant le lieu tout de même particulier, et lui même problématique et critiqué, depuis lequel son regard se porte , se référer à lui en ignorant ses biais, ses points aveugles pose un problème qu’il me semble nécessaire de souligner , puisqu’il s’avère qu’aujourd’hui encore, beaucoup de celleux qui disent s’en inspirer ne le remarquent pas, puisqu’ellils se satisfont de les reproduire quasiment à l’identique.

      Je ne leur reproche pas de lire ni de s’inspirer d’un auteur chrétien : après tout, je ne me cache pas de m’être abondamment nourri des écrits de Léon Bloy, Georges Bernanos, Simone Weil,... Jacques Ellul et Bernard Charbonneau himself, pour n’en citer que quelques un-e-s.
      Je leur reproche de le faire en perdant de vue que ceux-ci sont critiquables, aussi précieux et féconds soient-ils ; et que pour y nourrir notre pensée, nous ne sommes en rien tenus de l’encager dans ce qui fut leur paradigme.

  • Sur le travail sexuel : une perspective féministe révolutionnaire | Période
    http://revueperiode.net/sur-le-travail-sexuel-une-perspective-feministe-revolutionnaire/#identifier_1_1989

    Sur le travail sexuel, l’abolitionnisme mobilise une série d’arguments cherchant à fonder l’idée d’une violence intrinsèque de la prostitution. Face à une question souvent abordée d’un point de vue moral, Johanna Brenner prend ici au sérieux tous les travaux qui prennent le soin d’évaluer la violence physique et psychologique qui accompagne la vente de services sexuels, ainsi que l’impact des législations sur les conditions de travail des prostituées. Dans cette diversité de données, aux implications parfois contradictoires, une chose demeure certaine pour Brenner : la décriminalisation est la seule hypothèse légale permettant de renforcer l’auto-organisation et le pouvoir de négociation de prostituées. C’est dès lors le seul régime légal endossable par une politique féministe révolutionnaire.

    • Ouais, j’avais des doutes quant à l’idéologie du truc. Et puis, ce qui m’a mis la puce à l’oreille c’est le fait qu’on retrouve Morgane Merteuil en tant que traductrice. Alors je me suis dit que peut-être traduisant la pensée des autres, ça lui évitait de dire elle-même des conneries. Non pas que J. Brenner en dise elle-même mais elle confond réformisme et révolution. C’est assez commun chez les États-Uniens.

      http://en.wikipedia.org/wiki/Johanna_Brenner

      Merci @rastapopoulos pour le tag ... Ça situe déjà mieux le propos de l’auteure même si les étiquettes sont parfois « enfermantes ».

    • Oh ce n’est pas un avis tranché définitivement non plus hein. C’est juste comment pour l’instant je perçois ce type de discours sur la prostitution (non pas que je me fais des illusions sur certain⋅e⋅s abolitionnistes non plus).

      Il y a quand même pas mal de revues/sites/blogs à tendance « révolutionnaire »/gauchiste/féministe/anars/etc qui tendent à libéraliser la prostitution et à pousser à la reconnaître comme un travail (presque) comme un autre. Donc on ne peut pas en faire abstraction non plus, comme si ce n’était que un truc de patriarche libéral (de droite ou de gauche).

      Il y a forcément aussi des choses, des idées, des arguments qui peuvent être intéressants. Mais pour l’instant dans ma tête ça reste du libéralisme à l’état pur.

      Et sinon la revue Période publie déjà ses articles ici avec son compte :
      http://seenthis.net/messages/356308

      cc @aude_v

    • Johanna Brenner est une militante révolutionnaire, membre du groupe d’extrême gauche étatsunien « Solidarity ». La position qu’elle soutient dans ce texte n’est pas qu’il faut libéraliser la prostitution, mais favoriser l’auto-organisation des prostituées — et que le seul régime légal pour ce faire est la dépénalisation.

    • @periode Oui, la position de Johanna Brenner est louable dans ce sens mais, pour moi, il ne s’agit que d’une étape et non d’une fin en soi (décriminaliser la prostitution et ainsi favoriser l’auto-organisation des prostituées). C’est dans cette interprétation que je ne trouve pas d’orientation révolutionnaire dans son propos. Quant à savoir si vendre des services sexuels est un travail comme un autre, Johanna Brenner a une analyse très pertinente concernant cette problématique et c’est pour cela que j’ai trouvé cet article intéressant.
      Désolé pour le doublon avec votre post, je ne savais pas que vous aviez un compte SeenThis.

  • Sur le #travail_sexuel : une perspective féministe révolutionnaire
    http://revueperiode.net/sur-le-travail-sexuel-une-perspective-feministe-revolutionnaire

    Sur le travail sexuel, l’abolitionnisme mobilise une série d’arguments cherchant à fonder l’idée d’une violence intrinsèque de la prostitution. Face à une question souvent abordée d’un point de vue moral, Johanna Brenner prend ici au sérieux tous les travaux qui prennent le soin d’évaluer la violence physique et psychologique qui accompagne la vente de services sexuels, ainsi que l’impact des législations sur les conditions de travail des prostituées. Dans cette diversité de données, aux implications parfois contradictoires, une chose demeure certaine pour Brenner : la décriminalisation est la seule hypothèse légale permettant de renforcer l’auto-organisation et le pouvoir de négociation de prostituées. C’est dès lors le seul régime légal endossable par une politique féministe (...)

    #Uncategorized #féminisme #féminisme_marxiste #sexualités #travail_du_sexe

    • Les féministes qui entendent défendre le droit des travailleuses du sexe à vendre des services sexuels affirment qu’un tel travail n’est pas si différent de la plupart des autres métiers de service fortement genrés. J’apprécie ce déplacement thématique de la prostitution : d’une « question de société » abordée sous un angle spectaculaire et sensationnaliste vers celui du travail de tous les jours1. Cependant, en justifiant ce déplacement, ses partisans tendent à minimiser les aspects particulièrement risqués et dangereux de ce travail. Ils ignorent aussi, ou rejettent, les arguments féministes qui théorisent la prostitution comme une expression extrême de sexisme. Dans le camp d’en face, les féministes qui défendent l’idée que la vente de services sexuels est intrinsèquement nocive et devrait être « abolie » minimisent les outils de résistance et de survie des prostituées qui ne considèrent pas leur travail comme exceptionnellement difficile ou dangereux, ou qui retirent de la fierté de leur capacité à négocier ces risques avec succès.

    • Quand on s’engage dans une bataille politique, des pressions immenses mènent à simplifier à l’extrême les termes du débat. Je ne veux pas prendre une position « en retrait » comme si je me tenais au-dessus de la mêlée. Pour autant, je pense que cela ne rend pas service au féminisme lorsque chaque partie de ce débat approche un sujet aussi varié (notamment en tant que phénomène mondial), complexe, et difficile à étudier (en raison de sa nature clandestine) que la prostitution avec des certitudes aussi peu étayées. Je pense également que c’est une erreur de poser en des termes aussi simplistes la question de savoir si le travail du sexe est ou bien oppressif ou bien porteur d’autonomie (empowering).

  • En finir avec le libéralisme économique (et Friedman en particulier)

    Un super blog que je viens de découvrir !

    Le discours traduit de Friedman
    « La responsabilité sociétale de l’entreprise est d’accroître ses profits »
    http://www.communicationresponsable.fr/la-responsabilite-societale-de-lentreprise-est-daccroitre-s

    La critique de ce discours
    http://www.communicationresponsable.fr/la-responsabilite-societale-de-lentreprise-est-de-respecter

    La thèse de Friedman a un autre gros défaut : elle est déséquilibrée, car tous les arguments déployés (au prix d’une mauvaise foi remarquable de constance) visent à faire que le seul but visé soit l’augmentation du capital de l’entreprise, au détriment de toute cohésion sociale. Sa réalisation met en danger la société dans son ensemble, et également l’entreprise.

    Depuis 20 ans, ce programme sociétal a été mis en application, jusqu’à ses limites. Toujours plus de profit à court-terme, au détriment de tout le reste. En particulier au niveau des politiques régulatrices : le désengagement de l’État est général. Ce n’est pas une analyse politique, juste une constatation factuelle. Auparavant, le sort de la société reposait sur les États, pour le positif (le pouvoir de décision de l’évolution de la société) comme pour le négatif (responsabilités de toute sorte, envers tous). Ce rôle a été majoritairement transféré aux entreprises, pour le positif, surtout. Mais elles ne peuvent s’exonérer du négatif, c’est-à-dire de devoir maintenant assumer les conséquences négatives de leurs décisions. On ne peut pas avoir l’argent du beurre sans prendre soin du beurre.

    Un autre problème de la théorie de Friedman réside dans l’absence de limites. En admettant qu’elle réussisse, on aurait : une inflation galopante, des pollutions répétées, et l’exclusion de toujours plus de travailleurs. Toute ressemblance avec une situation réelle étant purement fortuite, ce modèle ne peut perdurer, parce que les entreprises ont besoin d’acheteurs pour leurs produits, et que si les ressources naturelles consommées par l’entreprise venaient à s’épuiser, l’entreprise n’y survivrait pas (qui veut parier avec moi du nombre d’entreprises pétrolières qui seront encore debout dans 50 ans ?). Il faut mettre une limite quelque part. Et comme le législateur semble de moins en moins en mesure de le faire, c’est à l’entreprise d’assurer sa propre pérennité, en contribuant à la société, ce qui en retour ne manquera pas de lui bénéficier.

    #rse
    #responsabilité
    #libéralisme
    #capitalisme
    #entreprises

  • Demain, le retour des #Etats ? - La Gazette des communes
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/114479105820

    La Gazette des communes revient sur une conférence de Marcel Gauchet sur l’avenir de l’action de publique qui explique comment l’Etat super-structure est devenu un Etat infra-structure : « La critique de la bureaucratie a fait naître le New Public Management, qui, à son tour, a paradoxalement contribué à créer de nouvelles formes de bureaucratie. En remplaçant la planification et la prospective par le benchmark, l’Etat moderne uniformise les pratiques des acteurs publics, bride l’innovation et re-bureaucratise l’action publique » analyse Fabien Gélédan, co-organisateur de cette journée.« L’obsession des programmes néolibéraux à réformer l’instrument a produit un aveuglément sur le rôle joué par l’Etat. La démagogie et la paresse intellectuelle ont régné en maître, sans résultats : les promoteurs du NPM (...)

    #politique

  • The Jews and Europe | The Charnel-House
    the capitalist origins of National Socialism.

    http://thecharnelhouse.org/2015/03/20/the-jews-and-europe
    https://rosswolfe.files.wordpress.com/2015/03/antisemitic-demonstration-by-members-of-polands-right-win

    Whoever wants to explain anti-Semitism must speak of National Socialism. Without a conception of what has happened in Germany, speaking about anti-Semitism in Siam or Africa remains senseless. The new anti-Semitism is the emissary of the totalitarian order, which has developed from the liberal one. One must thus go back to consider the tendencies within capitalism. But it is as if the refugee intellectuals have been robbed not only of their citizenship, but also of their minds. Thinking, the only mode of behavior that would be appropriate for them, has fallen into discredit. The “Jewish-Hegelian jargon,” which once carried all the way from London to the German Left and even then had to be translated into the ringing tones of the union functionaries, now seems completely eccentric. With a sigh of relief they throw away the troublesome weapon and turn to neohumanism, to Goethe’s personality, to the true Germany and other cultural assets. International solidarity is said to have failed. Because the worldwide revolution did not come to pass, the theoretical conceptions in which it appeared as the salvation from barbarism are now considered worthless. At present, we have really reached the point where the harmony of capitalist society along with the opportunities to reform it have been exposed as the very illusions always denounced by the critique of the free market economy; now, as predicted, the contradictions of technical progress have created a permanent economic crisis, and the descendants of the free entrepreneurs can maintain their positions only by the abolition of bourgeois freedoms; now the literary opponents of totalitarian society praise the very conditions to which they owe their present existence, and deny the theory which, when there was still time, revealed its secrets.

    Ernest Mandel
    Introduction : La théorie du fascisme chez Léon Trotsky

    https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/cvf/cvf_intro.html


    « a) La montée du fascisme est l’expression de la grave crise sociale du capitalisme de l’âge mûr, d’une crise structurelle, qui, comme dans les années 1929-1933, peut coïncider avec une crise économique classique de surproduction, mais qui dépasse largement une telle oscillation de la conjoncture. Il s’agit fondamentalement d’une crise de reproduction du capital, c’est-à-dire de l’impossibilité de poursuivre une accumulation » naturelle « du capital, étant donnée la concurrence au niveau du marché mondial (niveau existant des salaires réels et de la productivité du travail, accès aux matières premières et aux débouchés). La fonction historique de la prise du pouvoir par les fascistes consiste à modifier par la force et la violence les conditions de reproduction du capital en faveur des groupes décisifs du capitalisme monopoliste.

    b) Dans les conditions de l’impérialisme et du mouvement ouvrier contemporain, historiquement développé, la domination politique de la bourgeoisie s’exerce le plus avantageusement - c’est-à-dire avec les coûts les plus réduits - au moyen de la démocratie parlementaire bourgeoise qui offre, entre autres, le double avantage de désamorcer périodiquement les contradictions explosives de la société par certaines réformes sociales, et de faire participer, directement ou indirectement, à l’exercice du pouvoir politique, un secteur important de la classe bourgeoise (au travers des partis bourgeois, des journaux, des universités, des organisations patronales, des administrations communales et régionales, des sommets de l’appareil d’Etat, du système de la Banque centrale). Cette forme de la domination de la grande bourgeoisie - en aucun cas la seule, du point de vue historique [1] - est toutefois déterminée par un équilibre très instable des rapports de forces économiques et sociaux. Que cet équilibre vienne à être détruit par le développement objectif, et il ne reste plus alors à la grande bourgeoisie qu’une seule issue : essayer, au prix du renoncement à l’exercice direct du pouvoir politique, de mettre en place une forme supérieure de centralisation du pouvoir exécutif pour la réalisation de ses intérêts historiques. Historiquement, le fascisme est donc à la fois la réalisation et la négation des tendances inhérentes au capital monopoliste et qu’Hilferding, le premier, a décelées, à » organiser « de façon » totalitaire « la vie de toute la société dans son intérêt [2] : réalisation, parce que le fascisme a en fin de compte rempli cette fonction ; négation, parce que, contrairement aux idées d’Hilferding, il ne pouvait remplir cette fonction que par une expropriation politique en profondeur de la bourgeoisie [3]. »

    La machinerie économique nazie
    http://www.laviedesidees.fr/La-machinerie-economique-nazie.html

    #capitalisme #libéralisme #nazisme #histoire

  • #JeNeSuisPasLiberal: Entering the Quagmire of Online Leftism | The American Reader
    http://theamericanreader.com/jenesuispasliberal-entering-the-quagmire-of-online-leftism

    One might think that the radical, anti-liberal left is just bitter that they have been pushed off the edge of the spectrum of political discourse and relegated to ever-shrinking university departments and a handful of sympathetic periodicals. The story, however, is more complicated than that—and its complications have profound relevance to the frustrations and peculiarities of the current Western political landscape. The burgeoning anti-oppression movement is concerned primarily with manifestations of false consciousness, and their diagnoses consequently center not on the overtly reactionary forces of society, but on those claiming to be liberal and progressive. Yet what does it mean to be focused on “racism without racists” when racists are hardly an extinct breed? What led to this focus, and what does it mean to the future of leftism? Classifying leftist ideology in a framework of agency and trust, I find a buried contradiction at the heart of anti-oppressive activism, one in which practitioners pathologically self-position themselves in a space of chronic moral jeopardy.

    #morale #politique #libéralisme #tldr

  • Sous la pression financière internationale, les états Africains ont implosé. Quelle surprise de découvrir que les espaces sociaux abandonnés sont occupés par d’autres...

    "Entre l’évangélisme prosélyte et l’islam radical conquérant. Les deux ont les mêmes méthodes : s’occuper des populations démunies pour, plus tard, préoccuper l’Etat affaibli qui, souvent, brille par le déficit d’Etat dans des secteurs aussi névralgiques que l’éducation, la santé, le social. [..] Les différentes stratégies au Sahel qui se mettent en place, parfois par des schémas top-down, sans ancrage sociologique, doivent, malheureusement, avouer un retard de quarante ans par rapport aux réseaux qu’elles visent à éradiquer aujourd’hui. Les extrémismes de tous bords disposent abondamment de deux ressources faisant cruellement défaut à nos Etats assaillis par les urgences : le temps pour dérouler leurs stratégies à long terme (par fois au prix de compromis temporaires « taqiyya ») et l’argent pour se substituer à l’Etat avant de l’affaiblir à défaut de l’anéantir"
    http://www.sen360.com/actualite/dr-bakary-sambe-enseignant-a-l-ugb-boko-haram-s-inscrit-dans-la-logique-d-un
    #Afrique #Boko_Haram #Nigeria #Sahel #terrorisme #Islam #Evangélisme #Etat #libéralisme #prosélytisme #subversion #Etat

  • Plan d’économies : le Capitole se serre la ceinture
    http://www.ladepeche.fr/article/2015/03/04/2059844-le-capitole-se-serre-la-ceinture.html


    Face A : Toulouse va dépenser un max d’argent pour gentrifier l’hypercentreville vitrine http://seenthis.net/messages/347527

    Face B, 24 heures plus tard, on annonce qui va payer la facture de l’aménagement des quartiers bourgeois :

    Les impôts n’augmenteront pas. C’est une promesse de campagne (ils ont légèrement augmenté à la communauté urbaine). La pression est donc maximale sur le fonctionnement des services. À commencer par les dépenses de personnel qui pèsent plus de la moitié du budget. Mais aussi les dépenses contraintes (chauffage, eau…). Le Capitole a réalisé 5 M€ d’économies en 2014. Il viserait 14 M€ en 2015, selon nos informations, ce qui absorberait la totalité de la baisse des dotations de l’année. Les #associations doivent s’attendre à des baisses de subventions. Côté investissements, tous sont réexaminés. La mairie va rechercher pour la gestion de certains services des cofinancements avec le privé. Elle va revoir tous les tarifs municipaux. Et prépare un plan « ambitieux de cession de terrains et bâtiments ».

    #privatisation #libéralisme #services_publics #services_sociaux

  • Hacker l’espace public : la citoyenneté insurrectionnelle sur Internet
    http://traces.revues.org/5948

    « C’est la parole à l’état de foudre ; c’est l’électricité sociale. Pouvez-vous faire qu’elle n’existe pas ? Plus vous prétendrez la comprimer, plus l’explosion sera violente. Il faut donc vous résoudre à vivre avec elle, comme vous vivez avec la machine à vapeur. »
    -- Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe

    Les controverses juridico-politiques autour de la liberté d’expression sur Internet offrent le spectacle d’un affrontement entre deux logiques. La première défend le bien-fondé des politiques de restrictions de libertés sur Internet au nom de l’application du droit positif existant et du primat du régime représentatif.
    [...]
    Face à cette approche positiviste-légaliste, les mouvements de la société civile héritiers des utopies pirates du cyberespace incarnent la seconde logique. Défenseurs de la culture libre, militants de la transparence, hacktivistes de tous crins... Autant d’acteurs et de mouvements qui dénoncent la manière dont les États transposent leur droit à Internet, pointent la spécificité de ce moyen de communication par rapport aux médias traditionnels et critiquent des politiques répressives qu’ils estiment attentatoires à l’État de droit.

    [...]

    Internet a surgi dans un paysage politique caractérisé par ce fossé croissant entre les institutions et les formes vécues de la citoyenneté. Il est quant à lui le vecteur d’une seconde tendance lourde à l’œuvre dans nos sociétés, à savoir le développement de l’idéologie politique aux multiples facettes que Benjamin Loveluck a appelé le « libéralisme informationnel ».

    [...]

    Au final, même si ces actions de désobéissance civile constituent un élément important du répertoire d’action de la citoyenneté insurrectionnelle sur Internet, leur recrudescence risque donc de motiver l’adoption de nouvelles mesures d’exception et la sortie plus franche encore de la sujétion du Léviathan à l’État de droit, aggravant les dérives répressives déjà observées. Les insurgés-pirates et les États qui les pourchassent, en sortant chacun à leur manière toujours plus du domaine du droit, engagent une guerre civile en réseau, maintenant Internet dans une sorte d’état de nature hobbesien.

    D’où l’importance que revêt la seconde stratégie en réponse à la répression. Afin que les formes insurrectionnelles de participation à l’espace public qui se déploient aujourd’hui sur Internet puissent être durablement reconnues et protégées, des militants tentent de porter l’éthos du libéralisme informationnel dans les arènes institutionnelles de la démocratie, et promeuvent une réforme juridique qui puisse protéger les nouvelles capacités dont Internet dote la société civile. Si ce recours croissant à des formes classiques de participation politique peut passer par la création de partis politiques – à l’image des partis pirates –, il se traduit le plus souvent par des stratégies d’influence et de lobbying citoyen en direction des élus et autres pouvoirs publics ; ou comment une partie des héritiers des utopies pirates du cyberespace tentent de normaliser leur relation au souverain étatique pour mieux changer sa loi. Il s’agit d’une approche constitutionnaliste visant à refonder le droit de l’espace public en accord avec les valeurs du libéralisme informationnel afin notamment de légaliser la citoyenneté insurrectionnelle de l’espace public, et qui semble aujourd’hui seule en mesure de rétablir la pleine légitimité du régime représentatif à réguler Internet (MacKinnon, 2012, p.219-243).

    [...]

    [L]’avertissement professé par Chateaubriand au sujet de la presse garde aujourd’hui toute sa pertinence s’agissant d’Internet : tant que le pouvoir ne renoncera pas à « comprimer » le « chaos démocratique » engendré par ce réseau de communication et qu’il échouera à produire, comme disait Lefort, « les critères du juste et de l’injuste » face à cette opposition de droit (ibid., p.77), le régime représentatif ne pourra sortir par le haut du conflit de légitimité dans lequel l’entraînent irrémédiablement ces nouvelles incarnations de la citoyenneté insurrectionnelle de l’espace public.

    Et bien en voilà un très bon résumé !

    (Psst ! → http://lstu.fr/ytPeqdOu )

    #Citoyenneté_insurrectionnelle #Contre-pouvoir #Cyberespace #Datalove #Hacktivisme #Internet #Liberté #Politique #libéralisme_informationnel #État

  • « J’aime l’entreprise » ou l’erreur de calcul, par Régis Debray (Le Monde diplomatique, octobre 2014)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2014/10/DEBRAY/50859

    Les déclarations d’amour marquent rarement un tournant historique, mais nos annales retiendront le « j’aime l’entreprise » lancé par notre premier ministre au Mouvement des entreprises de France (Medef) un jour d’août 2014. Les cris du cœur ont leur ambiguïté. Comment interpréter celui-ci ?

    #entreprise
    #medef
    #politique
    #liberalisme

  • L’État plate-forme, vraie source de services publics innovants ou cache-misère ? - Lagazette.fr par @sabineblanc
    http://www.lagazettedescommunes.com/323547/letat-plate-forme-vraie-source-de-services-publics-innovants-o

    Cette stratégie s’inscrit bien sûr dans une contexte budgétaire restreint. À l’heure où l’Etat s’interroge sur ses missions régaliennes, l’État plate-forme sera-t-il une façon douce de réduire la voilure sur les services publics, en en déléguant d’emblée une partie de la création de la version #numérique à des acteurs extérieurs, et en n’assurant que le strict minimum au niveau de l’État ?

    Le texte originel de Tim O’Reilly s’inscrit en effet dans une vision de l’#État très libérale. L’auteur déplore que “l’action collective signifie maintenant plainte collective.” Il invite les citoyens à se prendre en main (“Everyone has something to offer), en donnant en exemple des Hawaïens qui ont réparé eux-mêmes une route car la puissance publique tardait à dégager les fonds pour le faire, menaçant leur moyen de subsistance.

    Tim O’Reilly souscrit à la philosophie de l’open gov (et sa sous branche open data) qui, sous ses aspects consensuels – qui est contre la transparence et la participation citoyenne ? – a pu se traduire par un agenda néo-libéral d’où le public ne ressort par plus efficace pour moins de dépenses, mais simplement diminué par report sur le #privé.

    Parier en partie sur un écosystème privé pour développer des services non pas publics mais au public, c’est prendre le risque de fracture, entre ceux qui susciteront l’attention de “la multitude” et les autres. Sauf à ce que l’Etat ne conserve que ceux des services publics qui n’intéressent pas cette multitude, laissant les autres (les plus rentables, ou rentabilisables) aux acteurs privés.

    La puissance publique française retiendra-t-elle uniquement les aspects positifs de cette vision ? Colin et Verdier sont confiants : « Ces forces de l’#économie de la contribution sont plus faciles à mobiliser lorsqu’on travaille au service de l’intérêt général”, sans étayer l’assertion. Ils soulignent aussi que la fourniture “des services publics s’appuie déjà sur de nombreux intermédiaires privés”, mais sans évoquer les cas où c’est un échec : rail, autoroutes, prisons…

    Si la Disic indique rester maître de tous les services d’ordre régalien, encore faut-il que la notion de service régalien reste immuable.

  • BALLAST Les journaux ? N’en lisez plus – par Léo Ferré
    http://www.revue-ballast.fr/journaux-nen-lisez-plus

    Aragon estimait qu’il faudrait, après Léo Ferré, « réécrire l’histoire littéraire un peu différemment ». Il n’en fut sans doute rien mais le poète n’en demeure pas moins, en langue française, l’un des plus talentueux et singuliers de son siècle. Nous publions ici un de ses textes en prose, « Le Style », peu connu hors des cercles ferréens. Nul n’ignore que le chanteur était anarchiste – il aimait mieux, toutefois, parler d’anarchie, tant, fidèle à la tradition individualiste qu’il revendiquait haut et fort (l’homme est un loup pour son prochain et l’isolement seul l’en préserve), il se méfiait de sa mise en « isme ». L’anarchie, qu’il avait découverte grâce à des Espagnols en exil au lendemain de la guerre civile, était à ses yeux « la formulation politique du désespoir » : « Divine Anarchie, adorable Anarchie, tu n’es pas un système, un parti, une référence, mais un état d’âme. Tu es la seule invention de l’homme, et sa solitude, et ce qui lui reste de liberté. Tu es l’avoine du poète. »

  • A l’encontre » France. « Les ouvertures tardives des magasins, un leurre »
    http://alencontre.org/europe/france/france-les-ouvertures-tardives-des-magasins-un-leurre.html

    Cette stagnation de la demande primaire a conduit la grande distribution à mettre en place un nouveau modèle commercial. Ce dernier privilégie les volumes au détriment du prix et de la qualité d’où une course effrénée au discount avec, en parallèle, la mise en place d’horaires d’ouverture extensibles pour permettre aux enseignes de rester concurrentielles sur un marché déjà saturé. Mais cette recette ne fait pas de miracles comme le montre l’exemple d’IKEA dont certains magasins ouvrent les dimanches et proposent des nocturnes les jeudis et vendredis soirs mais qui enregistre pourtant un recul de 4,3% de son chiffre d’affaires sur son exercice clos au 30 septembre 2013 ainsi qu’une baisse de fréquentation de ses magasins qui est passée de 52 millions à 50 millions de visiteurs sur le même exercice. Pour la plupart des grandes enseignes, la situation n’est guère meilleure et les expertises que nous menons régulièrement dans le secteur du commerce attestent d’une situation préoccupante marquée par : 1° l’érosion de la fréquentation des magasins ; 2° le recul des tickets moyens de passage en caisse ; 3° une baisse du chiffre d’affaires par magasin ? ; 4° la course frénétique à la baisse des prix pour conserver ses parts de marché.? La question des ouvertures tardives n’est donc qu’un leurre qui masque le vrai problème, celui du pouvoir d’achat des ménages.

  • Admettons qu’il n’y ait pas eu de discrimination anti-roms dans cette histoire (j’y crois pas, mais bon), aussitôt derrière apparaît cette incapacité à penser la chose commune...

    Les concessions sont accordées à un prix symbolique et l’entretien coûte cher alors priorité est donnée à ceux qui paient leurs impôts locaux.

    http://www.leparisien.fr/essonne-91/essonne-l-enterrement-d-un-bebe-rom-refuse-a-champlan-03-01-2015-4416633. ?

    qui n’est pas sans lien avec certaine une façon de voir les choses


    (trouvé justement cette semaine sur twitter... je sais pas si c’est une citation authentique, mais le téléscopage de ces deux choses m’a forcément fait réagir..)
    #libéralisme
    #propriété_privée
    #exclusion

  • Le programme économique du FN décrypté par un keynésien
    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/11/03/31001-20141103ARTFIG00273-le-programme-economique-du-fn-decrypte-par-un-key

    Loin d’être une utopie, le #nationalisme_économique est probablement une des rares options alternatives à un libéralisme débridé. Mais la question qui se pose est : Marine Le Pen l’aborde-t-elle correctement ?

    Voici ce qu’elle écrit : « Il faut rompre avec l’extrémisme #ultralibéral… Cela veut dire retrouver notre monnaie, l’adapter à notre économie, ce qui nous permettra de retrouver la compétitivité. Il faut ensuite retrouver la maîtrise de notre économie, faire le choix du patriotisme économique… Et maîtriser nos frontières économiques en mettant en place des droits de douane modulés contre la concurrence internationale déloyale. » Considérer qu’un pays doive retrouver la gestion de sa politique monétaire pour l’adapter à son économie est loin d’être farfelu, en revanche, il convient de s’interroger sur l’objet de cette souveraineté. Marine Le Pen est très claire sur ses ambitions : « retrouver la compétitivité » et lutter « contre la concurrence internationale déloyale ». Elle ne prétend donc pas rompre avec le #libéralisme, elle désire s’y inscrire autrement et positionner la France plus avantageusement. C’est peut-être là que réside l’incohérence de sa proposition. Elle désire que les entreprises françaises aient l’avantage sur le territoire national ; elle désire également protéger la production française sur le territoire national au moyen de droits de douanes ; mais elle désire dans le même temps que les entreprises françaises continuent d’exporter leurs produits librement, et de surcroît que cette exportation soit favorisée par une politique monétaire adaptée. Comment peut-on s’attendre à taxer les produits étrangers et en retour espérer exporter librement nos produits dans ces pays ? Comment, à l’heure de l’hyper-information mondialisée, peut-on imaginer mettre en place une telle politique économique sans que les pays concurrents, et surtout les marchés, ne mettent instantanément en place des mesures propres à la contrer ? Le problème central est que le « patriotisme économique » de Marine Le Pen n’est rien d’autre qu’une forme de #protectionnisme. Et nous savons fort bien que le protectionnisme, qu’il soit douanier ou monétaire, a déjà été utilisé, de très nombreuses fois, et qu’il n’a jamais fait ses preuves. Il peut parfois être utile, de façon temporaire et ciblée, pour protéger certains secteurs fragilisés, mais il ne saurait constituer une politique économique globale d’avenir. La nécessité, non pas d’un patriotisme économique, mais d’un nationalisme économique, demeure cependant. Quelle forme pourrait-il prendre ?


    John Maynard #Keynes a été, en plus du penseur de l’Etat providence, un critique sérieux du libéralisme : « Le capitalisme international, et cependant individualiste, aujourd’hui en décadence, aux mains duquel nous nous sommes trouvés après la guerre, n’est pas une réussite. Il est dénué d’intelligence, de beauté, de justice, de vertu, et il ne tient pas ses promesses. » L’économiste de Bloomsbury a, en outre, répondu à la question que nous nous posons en pointant du doigt le nœud du problème libéral, ce qui l’a amené à sympathiser « avec ceux qui souhaitent réduire au minimum l’interdépendance entre les nations ». Lorsque le périmètre économique excède le périmètre politique d’une nation, comment éviter sa fragilisation, surtout connaissant la nature imparfaite de la concurrence internationale ? Pour être plus précis, une entreprise nationale, en exportant de sa production, se soumet, sans que l’Etat n’y puisse rien, aux aléas de la conjoncture internationale (perte de compétitivité prix ou qualité, « désengouements » pour les produits fabriqués en France, influences des taux de change, des politiques nationales, etc.) Le nationalisme économique implique que les deux sphères politiques et économiques coïncident le plus possible, afin de permettre au politique de jouer son rôle de régulateur. Cette position est semblable, voire symétrique, à celle qu’ont prise les partisans de la création d’autorités régulatrices supra-étatiques vis-à-vis du marché mondial. Mais, prenant acte de l’incapacité de ces organismes à jouer efficacement leur rôle du fait de la souveraineté des nations, le nationalisme économique prend le problème à l’envers, et prend pour postulat de son raisonnement la nation, pour l’étendre ensuite à des régions économiques plus larges, comme l’Europe. Partir de la nation pour penser une politique économique signifie emboiter le pas à Keynes lorsqu’il affirme : « Les idées, la connaissance, l’art, l’hospitalité, les voyages : ce sont là des choses qui, par nature, doivent être internationales. Mais produisons des marchandises chez nous chaque fois que c’est raisonnablement et pratiquement possible… » Et l’on doit ajouter, de façon impérative, « et consommons ces marchandises chez nous chaque fois que c’est pratiquement et raisonnablement possible. » Le nationalisme économique ne saurait en effet se limiter à un nationalisme producteur, car il doit englober également la consommation pour que les débouchés de la production nationale soient assurés. Il s’agit d’un contrat de la nation tout entière avec elle-même : les entrepreneurs s’engageant à #renationaliser leur production, de manière à favoriser l’emploi national, et à demeurer dans les limites de la nation pour respecter le cadre économique défini par Keynes et éviter d’accroître l’interdépendance, source de perturbations économiques potentielles ; et les consommateurs s’engagent à soutenir de façon ferme et constante cette production, car sans soutien, une telle politique n’aura aucune chance de voir le jour.

    Keynes est très lucide sur ce type de politique. Il sait qu’une renationalisation globale est impensable, et que toute tentative doit être le fruit de la patience, et ne se faire que lorsque c’est « pratiquement et raisonnablement possible. » Certains secteurs économiques sont ainsi plus propices que d’autres - le secteur #agricole par exemple, avec le développement des circuits courts et d’économies locales. Par ailleurs, il ne s’agit pas ici de protectionnisme, comme dans le cas du patriotisme économique prôné par le FN, car si le protectionnisme vise en effet à limiter l’importation de biens manufacturés, il suppose en revanche de conserver intacte l’exportation. Keynes, lorsqu’il évoque l’#autosuffisance #nationale inclut à la fois #production et #consommation à l’intérieur du pays. On remarque par ailleurs que le désengagement de l’Europe est devenu inutile ; il peut même être contre-productif, car la régionalisation économique, la coopération politique et le maintien d’une monnaie commune constituent des facteurs facilitants. Il semble donc que, contre le protectionnisme économique du Front National et de certains souverainistes, Keynes demeure pertinent, audacieux, et visionnaire…

  • Bon débarras !
    http://blog.monolecte.fr/post/2014/12/26/bon-debarras

    Franchement, l’année 2014 était médiocre pour la plupart d’entre nous. En dehors de la poignée de profiteurs pour lesquels le pillage des biens communs s’est traduit par un enrichissement personnel totalement indécent, pour la grande majorité des gens, ils peuvent s’estimer…Lire la suite →

    #Brouhaha #Le_Monolecte_expliqué_aux_enfants #bled #chroniques #civilisation #confiscation_démocratique #démocratie #inégalités #Les_Affabulateurs #libéralisme #lutte #politique

    • Ce que je nous souhaite ce n’est pas du pognon qui rend tout mou, tout veule et tout satisfait de sa merde, mais une grosse envie de reconstruire du collectif, du partagé, du gratos, du bienveillant, du solidaire, quelque chose qui balaie l’égoïsme flatté chaque minute par les marchands et qui nous permette de nous rendre compte que non, l’essentiel n’est pas et ne sera jamais à vendre !

  • Pourquoi les intellectuels n’aiment pas le libéralisme, par Raymond Boudon - Institut Coppet
    http://www.institutcoppet.org/2013/01/25/pourquoi-les-intellectuels-naiment-pas-le-liberalisme-boudon

    À l’invitation du Parti libéral suisse, Raymond Boudon a prononcé cette conférence à Morges, dans le canton de Vaud, en septembre 2003. Une version développée de ce texte est proposée dans un ouvrage publié aux éditions Odile Jacob.

    #sociologie #épistémologie #libéralisme
    Au final, il ne démontre pas vraiment son propos...

    • C’est amusant, il ne semble pas vraiment comprendre pourquoi il y a des intellectuels qui ont une autre vision que le libéralisme, car il ne semble pas comprendre tout ce qui ne rentre pas dans la matrice libérale :
      la sociologie, le marxisme, tout ce qui permet de modéliser les phénomènes sociaux et dont l’influence sur l’individu est énorme...
      Oui, le social agit à notre insu. La culture qui nous façonne, nous oriente, nous polarise, nous pilote, ce n’est pas le fruit de la seule construction individuelle. Bien sûr qu’on se veut rationnel, mais la complexité est telle, l’influence inconsciente est telle, que l’individu n’a pas les capacités de rationaliser tout ce qui l’anime.
      C’est dingue de voir les libéraux s’agripper à cette croyance simpliste de l’individu indépendant et rationnel. Que ce modèle ait été utile pour franchir un palier durant le siècle des lumières, très bien, mais c’est la vertu du progrès que d’affiner les modèles et de les dépasser pour améliorer notre compréhension du réel... Il est vraiment temps de passer à autre chose

      Le paragraphe qui en dit long :

      Le libéralisme conçoit l’homme comme rationnel. Il le voit comme soumis à des passions et à des intérêts et comme cherchant à satisfaire ses passions et ses intérêts en utilisant les moyens qui lui semblent les meilleurs ; plus généralement, comme ayant des raisons de faire ce qu’il fait ou de croire ce qu’il croit. Il le voit comme mû par des passions et des raisons compréhensibles plutôt que par des causes qui agiraient à son insu. La psychologie mise en œuvre dans les théories libérales coïncide en un mot avec la psychologie ordinaire : celle d’Aristote et des moralistes du XVIIe siècle ; celle qu’on a pratiquée de toute éternité et qu’on met en œuvre tous les jours. Faute d’un meilleur terme, on qualifie cette psychologie de « rationnelle ». C’est celle qu’utilisent tous les auteurs libéraux : Adam Smith, Tocqueville, Max Weber.

    • Pour celleux qui souffrent du syndrome de Trop Long, Pas Lu, voila un résumé : Le marxisme est la cause de toutes les discriminations de la planète et le libéralisme c’est bien.

      (Mais à la fin du texte on ne sait toujours pas pourquoi.)