Dans la ville de Loire-Atlantique, Dorothée Pacaud succède à Yannick Morez, devenu le symbole des menaces grandissantes envers les élus. Une dizaine de militants d’extrême droite sont venus perturber la réunion du conseil municipal vendredi 9 juin au soir.
Un mois après la démission choc de Yannick Morez, les conseillers municipaux de Saint-Brevin, en Loire-Atlantique, ont élu ce vendredi 9 juin leur nouveau maire. Il s’agit d’une nouvelle maire, puisque la première adjointe Dorothée Pacaud a été choisie, sans surprise. Cette enseignante de 45 ans, sans étiquette, devient la première femme à prendre la tête de cette station balnéaire de 14 800 habitants. Son prédécesseur avait démissionné avec fracas après des mois de tensions autour du déplacement d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada).
Après l’incendie volontaire de son domicile, le 22 mars, l’ancien maire avait dénoncé « l’abandon » des services de l’Etat face aux graves menaces venues de l’extrême droite. Il avait fini par démissionner le 10 mai. Auditionné au Sénat puis reçu par la Première ministre Elisabeth Borne à la mi-mai, Yannick Morez ne cachait pas son amertume, dans un contexte où les menaces contre les élus se multiplient.
Une dizaine de militants d’ultra-droite
La réunion du conseil municipal, vendredi en début de soirée, s’est tenue dans une ambiance un peu tendue. Une dizaine de jeunes militants d’ultra-droite se sont présentés devant les vitres du conseil municipal en brandissant des fumigènes et criant « Hier Annecy, demain Saint-Brevin », avant d’être repoussés par les gendarmes. Ces militants n’étaient pas originaires de la commune, selon les gendarmes.
« Je m’attendais à cette entrée en matière et j’y étais préparée », a déclaré à la presse Dorothée Pacaud, 45 ans, ceinte de son écharpe tricolore. « Pour autant, j’aborde avec beaucoup de sérénité les trois années qui viennent », a-t-elle ajouté. « Je pense que la parole de mon prédécesseur a porté haut et j’ai bon espoir d’être davantage soutenue. »
Depuis l’acceptation de la démission du maire par le préfet, Dorothée Pacaud exerçait la fonction de maire par intérim. Mère de trois enfants, jamais encartée dans un parti, cette professeure d’histoire-géographie en collège a été élue pour la première fois à Saint-Brevin en 2014. D’abord en charge de l’environnement, elle était devenue première adjointe en 2017. Elle était jusqu’à présent chargée de la culture, du patrimoine et du jumelage.
Le centre d’accueil de demandeurs d’asile toujours sur les rails
Vendredi, devant l’entrée du conseil municipal, quelques habitants opposés au Cada avaient distribué un tract signé de Bernard Germain, porte-parole de la « Coordination Partout Callac », faisant lui aussi référence au drame d’Annecy. Interpellée par deux habitants anti-Cada à l’issue du conseil municipal, elle a dénoncé un « amalgame scandaleux » avec le drame d’Annecy, soulignant que « le racisme n’est pas une opinion politique mais un délit ».
Elle a précisé que les travaux du Cada allaient se poursuivre et qu’il ouvrirait comme prévu à la fin de l’année. « Je suis persuadé qu’une fois qu’il sera ouvert, tout va se calmer », a commenté Yannick Morez. « Depuis 2016 et l’arrivée des premiers migrants, nous n’avons jamais eu aucun problème à Saint-Brevin », a-t-il ajouté.