la voie du jaguar

informations et correspondance pour l’autonomie individuelle et collective

  • Déclaration de solidarité avec la lutte
    contre le « Train maya », mégaprojet de mort

    https://lavoiedujaguar.net/Declaration-de-solidarite-avec-la-lutte-contre-le-Train-maya-megapro

    La Sexta Grietas del Norte invite d’autres groupes et personnes à s’unir en solidarité avec nos compas qui luttent contre le dénommé « Train maya ».

    On salue les efforts du Conseil régional indigène et populaire de Xpujil (CRIPX) et on les félicite pour leur réussite à retenir la construction du mégaprojet du train dans le « couloir » de Campeche. C’est un grand succès, particulièrement en ces temps où les gouvernements profitent de la crise du Covid-19 pour faire avancer leurs agendas et attaquent les résistances et les rébellions au Mexique et dans d’autres parties du monde. On sait que la lutte vient juste de commencer et nous appuyons et soutenons les efforts continus pour arrêter de façon permanente la construction du train dans sa totalité. Cette lutte est loin d’être terminée car le gouvernement est décidé à réaliser ce mégaprojet qui apportera de grands bénéfices aux capitalistes qui dirigent le pays, au prix d’un coût très élevé pour la vie humaine et le milieu naturel.

    Nous dénonçons les menaces, harcèlements et toutes les tentatives pour intimider et faire pression sur ceux qui luttent contre la construction du « Train maya » (...)

    #États-Unis #Mexique #solidarité #mégaprojets #résistance #Mayas #capitalisme

  • Ne laissons pas s’installer le monde sans contact
    Appel au boycott de l’application StopCovid-19

    Écran total

    https://lavoiedujaguar.net/Ne-laissons-pas-s-installer-le-monde-sans-contact-Appel-au-boycott-d

    Du point de vue sanitaire, l’épidémie de Covid-19 mettra du temps à livrer tous ses mystères. Le brouillard qui entoure l’origine de la maladie, sa diffusion et sa létalité ne pourra se dissiper que lorsqu’elle cessera de frapper dans autant de pays à la fois. À ce jour, personne n’a l’air de savoir quand une telle accalmie se produira. D’ici là, pour continuer de vivre, nous ne devons ni sous-estimer, ni surestimer cette épidémie en tant que telle.

    Par contre, ce que nous sentons très clairement, c’est que la crise sanitaire a des chances importantes de précipiter l’avènement d’un nouveau régime social : un régime basé sur une peur et une séparation accrues, encore plus inégalitaire et étouffant pour la liberté. Si nous prenons la peine de lancer cet appel, c’est que nous pensons que cela n’est pas joué d’avance et que des possibilités vont se présenter, pour les populations, de l’empêcher. Mais alors que nous, simples citoyens, ressentons violemment la fragilité de nos existences face à la menace du virus et d’un confinement long, l’ordre politique et économique en vigueur semble, lui, à la fois ébranlé et renforcé par la secousse en cours. Il paraît en même temps fragile, et très solide sur ses bases les plus « modernes », c’est-à-dire les plus destructrices socialement. (...)

    #épidémie #technologie #gouvernements #Internet #France #numérisation #stratégie #Chine #traçage #fichage #surveillance #Edward_Snowden #boycott #télétravail

  • L’État masqué

    Miquel Amorós

    https://lavoiedujaguar.net/L-Etat-masque

    La crise actuelle a engendré plusieurs tours de vis dans le contrôle social étatique. L’essentiel dans ce domaine était déjà bien en place puisque les conditions économiques et sociales qui prévalent aujourd’hui l’exigeaient. La crise n’a fait qu’accélérer le processus. Nous participons contraints et forcés en tant que masse de manœuvre à un essai général de défense de l’ordre face à une menace globale. Le Covid-19 a servi de prétexte au réarmement de la domination, mais une catastrophe nucléaire, une impasse climatique, un mouvement migratoire imparable, une révolte persistante ou une bulle financière incontrôlable auraient tout aussi bien fait l’affaire.

    Mais la cause la plus importante et vraisemblable est la tendance mondiale à la concentration du capital, ce que les dirigeants appellent indistinctement mondialisation ou progrès. Cette tendance est corrélée avec le processus de concentration du pouvoir, renforçant ainsi les appareils étatiques de maintien de l’ordre, de désinformation et de répression. Si le capital est la substance d’un tel œuf, l’État est sa coquille. Une crise qui met en danger l’économie mondialisée, une crise systémique, comme on dit maintenant, provoque une réaction défensive presque automatique, et réactive des mécanismes disciplinaires et punitifs déjà existants. (...)

    #crise #Covid-19 #État #économie #capitalisme #concentration #normalité #obéissance #soumission #pandémie #aboutissement #Chine

  • Jëën pä’äm ou la maladie du feu

    Yásnaya Elena Aguilar Gil

    https://lavoiedujaguar.net/Jeen-pa-am-ou-la-maladie-du-feu

    J’écris depuis Ayutla, une communauté mixe de la Sierra Norte d’Oaxaca qui fait face, sans accès à l’eau potable, à la situation engendrée par la pandémie du coronavirus. Alors que nous conversons, concevons et échangeons des idées sur ce qu’il est possible de faire face à cette situation et sur la nécessité de dénoncer l’urgence des circonstances qui sont les nôtres, je ne peux m’empêcher de penser à d’autres épidémies qui ont marqué la configuration de nos communautés à travers l’histoire. Les grandes épidémies du XVIe siècle ont eu une influence déterminante sur la manière dont s’est installé l’ordre colonial sur ces terres au cours des siècles suivants.

    Entre les guerres de conquête, les travaux forcés, les abus et les maladies, la colonie s’est peu à peu implantée à partir d’une grande catastrophe démographique. Selon les calculs de John K. Chance, auteur du classique La Conquête de la Sierra. Les Espagnols et les Indiens d’Oaxaca de l’époque coloniale, ce n’est que dans les années 1970 que le peuple mixe a retrouvé la population qui lui était attribuée en 1519. Les chroniques et registres des impacts de la variole et d’autres maladies importées au sein des populations locales sont toujours aussi impressionnants : dans des villages entiers, la situation rendait impossible l’enterrement des défunts. (...)

    #Mexique #Oaxaca #épidémies #peuple_mixe #colonisation #bien_collectif #individualisme #communauté #communalité #Covid-19 #capitalisme

  • Parler corbeau

    Métie Navajo

    https://lavoiedujaguar.net/Parler-corbeau

    Les glycines qui ont merveilleusement éclaboussé les rues ces jours derniers commencent à passer, c’est la première fois qu’elles me rappellent les jacarandas du Mexique, les teintes violet mauve d’Oaxaca vue depuis un sommet : beauté des plus émouvantes de ma vie. Je dois être dans un moment nostalgique. J’ai lu que les cartels dans quelques endroits prennent soin (suivant l’expression épuisée) des plus démunis. La main qui te nourrit est celle qui t’assassine. Et que ne peuvent pas les États ? Ils ne peuvent pas. C’est tout. Ils ne peuvent pas.

    Je voudrais être à Lisbonne. Ça me travaille. Je voudrais être à Lisboa parce que de loin Lisboa a une élégance que je ne vois nulle part ailleurs. Je me trompe sans doute : la distance. Mais ça me plairait d’être dans une capitale qui a décidé de ne pas faire payer de loyers aux locataires de HLM. Dans un pays qui a décidé de régulariser les immigrés en situation irrégulière plutôt que de les laisser crever à petits feux dans un virus, celui-là ou un autre. Juste pour voir ce que ça fait : est-ce qu’on a le teint plus frais et l’œil moins cerné dans un air comme celui-là ? L’élégance est un mot dont je suis nostalgique. (Ne cessera-t-il jamais le son des agonies invisibles ?) (...)

    #Paris #confinement #Oaxaca #cartels #Lisbonne #immigrés #comptoir #bistrot #théâtre #police #basse_besogne #Dick_Rivers #folie #corbeau #parler #finir

  • Notes anthropologiques (LI)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-LI

    Traité sur l’apparence (VI)
    Le naturalisme et la pensée scientifique

    La pensée dite objective (ou pensée positive, ou pensée scientifique) en scellant d’une manière définitive la séparation entre le sujet pensant et son environnement perçu comme non humain se présente comme l’aboutissement de la pensée religieuse. Elle en marque l’accomplissement. Elle entérine la fin de la pensée religieuse, non parce qu’elle en serait la véritable critique, mais parce qu’elle en est l’achèvement, le point final : la séparation entre l’humain et l’au-delà de l’humain dont nous entretenait la pensée religieuse a atteint son aboutissement, l’au-delà de l’humain est tout bonnement le non-humain. Et le non-humain, celui qui n’entre pas comme sujet dans une relation entre sujets, dans une relation subjective, n’a que l’apparence d’un être humain, il est dieu ou esclave. Le marchand est un esclave qui a choisi d’être un dieu, ou, du moins, qui a vu dans l’argent, le dieu tout-puissant à servir. L’au-delà du sujet n’est pas un dieu ou un esprit comme on le croyait communément sans trop réfléchir à la question, mais l’objet, il est l’apparence qui rend l’humain hors de portée (comme l’esclave n’offre que l’apparence de l’humain), qui rend le soi hors d’atteinte, qui rend le soi inaccessible, comme le voulait Kant avec juste raison. (...)

    #anthropologie #idéologie #science #religion #subjectivité #communalisme #Dumézil #esprits #morts #Kenneth_Rexroth #Maître_Eckhart

  • Qu’est-ce qu’il nous arrive ?
    Beaucoup de questions et quelques perspectives
    par temps de coronavirus

    Jérôme Baschet

    https://lavoiedujaguar.net/Beaucoup-de-questions-et-quelques-perspectives-par-temps-de-coronavi

    Il n’est sans doute pas faux de dire que le Covid-19 est une maladie du Capitalocène et qu’il nous fait entrer de plain-pied dans le XXIe siècle. Pour la première fois sans doute, il nous fait éprouver de façon tangible la véritable ampleur des catastrophes globales des temps à venir.

    Mais encore faut-il tenter de comprendre plus précisément ce qu’il nous arrive, en ce qui concerne tant l’épidémie provoquée par le SARS-CoV-2 que les politiques sanitaires adoptées pour l’endiguer, au prix d’une stupéfiante paralysie de l’économie ; car on ne peut, sans ces préalables, espérer identifier les opportunités qui pourraient s’ouvrir dans ces circonstances largement inédites. La démarche n’a cependant rien d’assurée. Pris dans le tourbillon d’informations chaque jour plus surprenantes ou déconcertantes que suscite l’événement, on titube. On n’en croit parfois ni ses yeux ni ses oreilles, ni nul autre de ses sens. Mieux vaut admettre que bien des certitudes vacillent. Bien des hypothèses aussi. Mais il faut bien commencer à tenter quelque chose, provisoirement et partiellement, en attendant que des élaborations collectives mieux assurées ne prennent le relais. (...)

    #Capitalocène #maladie #capitalisme #Covid-19 #Yuval_Harari #peste #épidémies #Amérique #colonisation #Anthropocène #zoonoses #Davos #Brésil #Mexique #États-Unis #Chine #Europe #France #Asie #Trump #Bolsonaro #López_Obrador #EZLN #zapatistes #Macron #FMI #auto-organisation

  • Considérations sur les temps qui courent (I)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Considerations-sur-les-temps-qui-courent

    La pandémie du coronavirus, comme tout événement qui touche à notre vie quotidienne, a bouleversé quelque peu, et pour un certain temps, les conceptions figées que nous nous faisions sur la réalité. Des idées toutes faites se sont enfoncées dans l’obscurité alors que d’autres, plus confuses, se sont éclaircies. Comme une lourde pierre se détachant de la falaise rocheuse pour jeter un trouble passager dans les eaux limpides d’un lac, faisant remonter la vase à la surface, cette pandémie a remis au goût du jour des interrogations enfouies dans les profondeurs. Il est sans doute bien trop tôt pour faire un constat honnête de la situation ainsi créée ou même d’en défricher précisément les nouveautés et j’ai le sentiment de plonger en eau trouble pour y chercher un éclaircissement.

    Jusqu’à présent, nous avions trouvé un certain confort intellectuel dans une vision du monde somme toute simpliste qui opposait la nature à la culture, nous n’allions même pas jusqu’à envisager qu’une telle conception de la réalité pouvait bien provenir de l’expérience que nous avions de notre propre réalité, réalité sociale dans laquelle l’inhumain, le corps de l’esclave, se trouvait asservi à une certaine idée de l’humain, ce qui pouvait s’avérer inquiétant, mais passons… Nous ne mettions pas en doute cette opposition qui confirmait notre sentiment de supériorité absolue sur notre environnement et le confortait, nous apportant ainsi une grande satisfaction intérieure. (...)

    #pandémie #nature #réalité #asservissement #virus #individu #sauvagerie #enfer #État #isolement

  • Plus jamais un Mexique sans nous ?

    Yásnaya Elena Aguilar Gil

    https://lavoiedujaguar.net/Plus-jamais-un-Mexique-sans-nous-I

    Un fleuve

    Le nom d’un fleuve qui naît sur le plateau tibétain, passe par l’Inde et traverse le Pakistan raconte une histoire troublante. Son nom, Indo en espagnol, vient d’une langue ancienne réservée aux métiers et aux écritures sacrées de l’hindouisme. Du sanskrit « Sindhu », le mot est devenu en persan « Hindush », en grec « Indos », puis en latin « Indus », et enfin est passé à l’espagnol sous la forme « Indo ». Du nom de ce fleuve dérive aussi celui de la région que nous connaissons comme l’Inde, et, plus tard, du fait d’une histoire de confusions géographiques trop bien connue, l’appellation « indio » a fini par être utilisée pour désigner les membres d’un ensemble de peuples qui habitaient le continent américain à l’arrivée des colonisateurs européens. Le vieux nom d’un fleuve, mentionné dans le plus ancien texte de l’Inde, a également acquis sous de tout autres latitudes une connotation nettement méprisante. Je pense à ce fleuve quand, à bord d’un taxi, j’entends le chauffeur lancer des jurons à une personne qui manque de causer une collision, un chapelet d’insultes qui se termine par un retentissant « ¡indio ! ». (...)

    #Mexique #peuples_originaires #Mapuche #Pedro_Cayuqueo #État-nation #langues #peuples #Oaxaca #autonomie #Chili #communes #justice #santé #éducation #autogouvernement

  • Mexique
    Tourisme colonisateur
    La longue histoire maya menacée

    Alberto Hidalgo, Ana Esther Ceceña

    https://lavoiedujaguar.net/Mexique-Tourisme-colonisateur-La-longue-histoire-maya-menacee

    Le tourisme est devenu un commerce lucratif puissant. Les témoignages des temps anciens, qui, en d’autres temps, ont dû être détruits ou anéantis pour faire place à la modernité capitaliste et à sa volonté de développement expansif et au progrès, sont aujourd’hui de spectaculaires objets de jouissance, d’admiration et de rentabilité. C’est le cas de la forêt ou des sites naturels, des plus exubérants au plus désertiques, qui se vendent en suscitant des rêves d’exotisme. Le sud-est du Mexique est un lieu particulièrement paradisiaque, riche de culture et de biodiversité. Les édifices mayas y sont nombreux au milieu d’une forêt dense, peuplée de jaguars ou d’oiseaux multicolores. Les modernisateurs contemporains ont imaginé le progrès aux couleurs du tropique en faisant de chaque édifice préhispanique une mine d’or, grâce à un train qui surgirait de la forêt y amenant le plus de touristes possibles pour qu’ils admirent de telles richesses. Pour ce faire, comme à Chichén Itzá, on aménage les alentours avec des restaurants et des hôtels, et probablement des antres de vente d’alcool, de drogues et de femmes, comme dans tout autre centre touristique moderne. Parfois ces restaurants, comme à Chichén Itzá, sont si proches des pyramides qu’ils rappellent les scènes des conquistadors édifiant des cathédrales sur les villes indiennes. (...)

    #Mexique #Mayas #tourisme #colonisation #capitalisme #écocide

  • Peuples du monde, encore un effort !

    Raoul Vaneigem

    https://lavoiedujaguar.net/Peuples-du-monde-encore-un-effort

    Le monde change de base

    Le choc du coronavirus n’a fait qu’exécuter le jugement que prononçait contre elle-même une économie totalitaire fondée sur l’exploitation de l’homme et de la nature.

    Le vieux monde défaille et s’effondre. Le nouveau, consterné par l’amoncellement des ruines, n’ose les déblayer ; plus apeuré que résolu, il peine à retrouver l’audace de l’enfant qui apprend à marcher. Comme si avoir longtemps crié au désastre laissait le peuple sans voix.

    Pourtant, celles et ceux qui ont échappé aux mortels tentacules de la marchandise sont debout parmi les décombres. Ils s’éveillent à la réalité d’une existence qui ne sera plus la même. Ils désirent s’affranchir du cauchemar que leur a asséné la dénaturation de la terre et de ses habitants.

    N’est-ce pas la preuve que la vie est indestructible ? N’est-ce pas sur cette évidence que se brisent dans le même ressac les mensonges d’en haut et les dénonciations d’en bas ? (...)

    #effondrement #lutte #vivant #poésie #nature #oppression #peuple #monde #justice #cultures #militarisation #corps #tyrannie #servitude #inhumanité #désastre #autogestion #richesse #volonté

  • Tous(se) aux machines (à coudre)

    Natalie

    https://lavoiedujaguar.net/Tous-se-aux-machines-a-coudre

    Paris, le 7 avril 2020
    Amis,

    En ces heures fort particulières vous voudrez bien, avant tout, me pardonner quelques élucubrations pour certaines par trop évidentes. Il se trouve qu’en lisant des écrits récents publiés sur “la voie du jaguar”, j’y ai perçu une sorte de dialogue entre textes et, pour rompre la monotonie de la solitude peut-être, j’ai eu envie d’y adjoindre le mien tricotage (la raison objective en est que, devenue ici familière de la compagnie des vaches et, le bétail étant régulièrement cité comme source possible de pandémie ces derniers temps, je n’ai pu résister à l’envie de meugler quelques vues).

    Or donc, chacun y va de ses vues, de ses analyses, de ses vérités, chacune prise dans une subjectivité, une vie. Chacun y va donc allègrement de la poursuite infinie du récit… mais pourquoi donc écrire à l’heure qu’il est ? (les éditeurs déconfinés vont crouler sous les manuscrits !). Eh bien car actuellement le salut passe, d’après ce que l’on nous explique à l’envi, soit par le fait de faire quelque chose d’utile pour les autres, soit quelque chose qui soit solidement ancré au cœur des aspirations profondes de chacun. (...)

    #correspondance #confinement #inquiétudes #migrants #mort #mutation #gouvernement #municipales #Pénélope #masques

  • Une corona et deux morts subites

    Louis

    http://en-finir-avec-ce-monde.over-blog.com/2020/04/une-corona-et-deux-morts-subites.html

    https://lavoiedujaguar.net/Une-corona-et-deux-morts-subites

    Alors que la grippe de Hongkong est passée totalement inaperçue, ce qui se passe aujourd’hui, un demi-siècle plus tard, avec le Covid-19 interroge d’autant plus : jamais encore la moitié de la population mondiale n’a été confinée, et jamais encore la production mondiale n’avait été mise quasiment à l’arrêt, le tout en quelques semaines, prenant presque absolument tout le monde de court. Relevons tout de suite que les très rares pays qui étaient préparés à une nouvelle pandémie — Corée, Hongkong, Taïwan… — avaient déjà été malmenés gravement par deux autres pandémies en moins de vingt ans (SRAS de 2003 et MERS de 2015), et qu’ils n’ont évité le présent confinement appliqué ailleurs qu’au prix d’un dépistage médical massif, directement associé à un dépistage néopolicier tout aussi massif à coup de Big Data. (Plus généralement, pourrait-on voir une corrélation au fait que les pays les plus rétifs au confinement sont également ceux qui sont aussi parmi les moins rétifs au néolibéralisme ? — je pose en tout cas la question.)

    Ce qui interroge, c’est donc ce qui pourrait expliquer cette différence de traitement entre ce qui se passe aujourd’hui et la façon dont les pandémies étaient traitées il y a encore quelques décennies. (...)

    #pandémies #Covid-19 #BigData #stratégies #anticipation #échec #crise #État #irresponsabilité #complotisme #résilience

  • Salut à Marcel Moreau

    Raoul Vaneigem

    https://lavoiedujaguar.net/Salut-a-Marcel-Moreau

    Marcel Moreau, né dans le Borinage. Fut longtemps correcteur dans la presse parisienne. Chaque jour levé à cinq heures du matin, réveillé par l’écriture, le soir couché par elle (...)

    La vie te salue, Marcel,

    Tu n’as jamais cessé de la célébrer et elle te tient quitte de ces oraisons funèbres que la frénésie du profit multiplie avec une hâte redoutable. À la tristesse de ton départ forcé se mêle une rage. Elle aussi se propage et il me tarde qu’elle réduise au silence et balaie de notre vue la tourbe des assassins dont la sottise et la bouffonnerie ne masquent plus l’ignominie. Que l’on te fasse entrer dans le bilan comptable et complaisant des mortalités participe de ce mépris de l’humain auquel les peuples du monde ont résolu de mettre fin. Car tu n’es pas la victime d’un virus, tu es tombé sous les coups de ce terrorisme d’État qui verse des dividendes aux gestionnaires du profit et envoie à la casse les hôpitaux, les écoles, les services publics. Rien ne serait plus ridiculement odieux qu’une justice populiste et vengeresse qui songerait à décapiter des pantins dont les têtes sont interchangeables. En revanche, c’est au nom des libertés de la vie pleine et entière qu’il faut anéantir ces impostures que sont la liberté du commerce, la liberté d’exploiter, d’opprimer, de tuer.
    Dors en paix, Marcel, on y arrivera.
    En toute amitié,
    Raoul

    #Marcel_Moreau #salut #Vaneigem #liberté #écriture

  • Le vingt et unième siècle commence maintenant

    Jérôme Baschet

    https://lavoiedujaguar.net/Le-vingt-et-unieme-siecle-commence-maintenant

    Les historiens considèrent volontiers que le XXe siècle débute en 1914. Sans doute expliquera-t-on demain que le XXIe siècle a commencé en 2020, avec l’entrée en scène du SARS-CoV-2. L’éventail des scénarios à venir demeure, certes, très ouvert ; mais l’enchaînement des événements déclenchés par la propagation du coronavirus offre, comme en accéléré, un avant-goût des catastrophes qui ne manqueront pas de s’intensifier dans un monde convulsionné, marqué par les effets d’un réchauffement climatique en route vers 3 ou 4 degrés de hausse moyenne. Ce qui se profile sous nos yeux, c’est un entrelacement de plus en plus étroit des multiples facteurs de crise qu’un élément aléatoire, à la fois imprévu et largement annoncé, suffit à activer. Effondrement et désorganisation du vivant, dérèglement climatique, décomposition sociale accélérée, discrédit des gouvernants et des systèmes politiques, expansion démesurée du crédit et fragilités financières, incapacité à maintenir un niveau de croissance suffisant, pour ne mentionner que cela : ces dynamiques se renforcent les unes les autres, créant une extrême vulnérabilité qui tient au fait que le système-monde se trouve désormais dans une situation de crise structurelle permanente. Dès lors, toute stabilité apparente n’est que le masque d’une instabilité croissante. (...)

    #Covid-19 #Jérôme_Baschet #histoire #système-monde #Philippe_Sansonetti #Anthropocène #Capitalocène

  • Notes anthropologiques (L)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-L

    Traité sur l’apparence (V)
    La science comme idéologie : le naturalisme

    Je constate qu’il existe deux sortes d’idéologie, une idéologie tapageuse et qui attire l’attention et une idéologie bien plus insidieuse, moins visible et dont le domaine et la sphère d’influence échappent le plus souvent à la conscience. Je pourrai presque dire qu’il s’agit d’une idéologie subliminale. Alors que la première idéologie ou propagande se trouve directement liée au politique et, dans une large mesure, à l’État, la seconde idéologie suinte du mode de vie que nous connaissons et de l’importance qu’il est en passe d’acquérir. La première idéologie ne conduit pas à une cosmovision, la seconde par contre, qui épouse et travaille l’être en profondeur, finit par déboucher sur l’évidence d’une cosmovision. L’idéologie est trompeuse, comme un train peut en cacher un autre, l’idéologie sous son aspect fracassant et tambourinant en cache une autre plus insidieuse.

    L’idéologie bourgeoise faisant l’éloge de l’activité capitaliste et marchande cache une idéologie plus sournoise, celle de la nature opposée à la culture, faisant l’éloge de la pensée dite objective opposée à l’émotion ou pensée subjective. (...)

    #anthropologie #naturalisme #apparence #idéologie #cosmovision #religion #magie #Asie_Mineure #Mexique #zapatistes #marxisme

  • Du SRAS-cov2 au SRAS-polX
    Du syndrome respiratoire aigu sévère humain
    au syndrome respiratoire aigu sévère politique

    par Louis

    https://lavoiedujaguar.net/Du-SRAS-cov2-au-SRAS-polX-Du-syndrome-respiratoire-aigu-severe-humai

    Le 14 mars 2020, Édouard Philippe (Premier ministre) annonçait « la fermeture à compter de ce soir minuit de tous les lieux recevant du public et non indispensables à la vie du pays ». Par « non indispensables » je voudrais souligner que Philippe, en accord bien entendu avec toutes les strates du pouvoir, pointait justement tous les lieux qui — malgré leurs évidentes limites commerciales — donnent justement un sens à notre existence, tous les lieux qui permettent, malgré leurs limites évidentes, de donner une épaisseur collective à notre vie en société. C’est l’autre qui est le premier besoin de l’humain, l’autre en tant que personne, non en tant que moyen.

    Ont donc été qualifiés de « non indispensables » tous les lieux qui concourent directement à préserver une qualité de vie minimale, tous les lieux de socialisation, ainsi que tous les lieux sans dimension économique directe (parcs, promenades, forêts, plages, etc.). Tout cela permet donc de conclure directement, clairement et sans ambiguïté, que l’indispensable relève de l’économie — mais qui peut bien l’ignorer sur le fond ? — et que le vivant — le « non-indispensable » — n’est qu’à son service. Le cadre général du confinement a donc été on ne peut plus clairement énoncé et révèle avec une indécence crue l’inversion de la réalité dont il procède. (...)

    #coronavirus #politique #État #économie #fragilité #confinement #solidarité

  • Günther Anders
    Entretien avec Fritz J. Raddatz (1985)

    https://lavoiedujaguar.net/Gunther-Anders-Entretien-avec-Fritz-J-Raddatz-1985

    F.J. Raddatz : Je vois dans l’ensemble de votre travail une contradiction très complexe ; cette contradiction se présente à moi en trois éléments, à vrai dire difficilement conciliables. D’une part vous dites : « Quoi que nous fassions, c’est toujours plus ou moins en vain. » D’autre part l’ensemble de vos travaux ne fait que présenter le contraire, qui est de lutter contre ce « en vain », changer tout de même quelque chose, créer une conscience, au moins combattre l’analphabétisme mental, moral aussi. Mais, j’en viens au troisième point, vous dites quelque part que l’être humain est, c’est votre expression, « contingent ». Comment prétendez-vous relier ces trois éléments très contradictoires ?

    G. Anders : Non, je ne dirais pas qu’il y a là des contradictions ; ce sont tout au plus des contradictions apparentes. S’il m’arrive très souvent d’affirmer, de façon exagérée, que rien ne sert à rien, c’est en fait pour des raisons tactiques, à savoir pour m’opposer à ces hommes politiques et à ces journalistes du happy end, qui ne craignent pas de faire dans l’optimisme. Le mot « espérance », à travers Ernst Bloch, a malheureusement pris un caractère de solennité — pour tout le monde, même pour le plus réactionnaire des hommes politiques. Naturellement, de cet épais volume du Principe Espérance, ils n’ont lu que le titre. Au demeurant, l’espérance n’est absolument pas un principe, mais une émotion justifiée. Si je suis — pour utiliser cette expression triviale — très « pessimiste », c’est pour lutter contre cet optimisme rayonnant, que l’on rencontre même chez ceux qui sont au courant de la situation nucléaire. Au fond, ce que je prêche — mais je sais que par là j’en demande beaucoup à la moyenne des gens, peut-être beaucoup trop — c’est, dans la pratique, de faire des efforts comme s’ils ne savaient pas combien nos chances sont minimes. (...)

    #Anders #philosophie #espérance #Ernst_Bloch #culpabilité #morale #Husserl #Heidegger #Adorno #Horkheimer #Walter_Benjamin #Marcuse #Brecht #Marx #décalage #machine #engagement #Auschwitz #Hiroshima #Beckett

  • L’anarcho-indigénisme
    Entrevues avec Gerald Taiaiake Alfred et Gord Hill

    Benjamin Pillet, Francis Dupuis-Déri,
    Gerald Taiaiake Alfred, Gord Hill

    https://lavoiedujaguar.net/L-anarcho-indigenisme-Entrevues-avec-Gerald-Taiaiake-Alfred-et-Gord-

    Au moins depuis la publication du livre L’Entraide de Pierre Kropotkine, au début du XXe siècle, les anarchistes s’intéressent aux sociétés autochtones qui offrent des exemples de sociétés plus égalitaires et moins autoritaires. En 2005, le Mohawk Gerald Taiaiake Alfred, originaire de Kahnawá:ke, a proposé le terme « anarcho-indigénisme » pour désigner cette dynamique de convergence entre les idées et les pratiques des autochtones traditionalistes et des anarchistes altermondialistes. Nous avons lancé, voilà quelques mois, un projet de livre sur ce thème, dont chaque chapitre sera une entrevue avec un ou une autochtone qui livrera ses réflexions au sujet de la politique, du pouvoir, de l’égalité et de la liberté, en se référant à ses expériences et à celles de sa communauté. Nous vous présentons ici des extraits de deux des entrevues déjà réalisées.

    Francis Dupuis-Déri et Benjamin Pillet
    Possibles, Montréal, hiver 2016

    Le livre L’Anarcho-Indigénisme, entretiens réunis et présentés par Francis Dupuis-Déri et Benjamin Pillet, a été publié en 2019 par les éditions Lux dans la collection « Instinct de liberté ».

    #autochtones #Canada #Québec #Mohawks #résistance #anarchisme #Kropotkine #Clastres #Graeber

    • https://www.luxediteur.com/catalogue/lanarcho-indigenisme

      Dès la fin du XIXe siècle, des anarchistes comme les géographes Pierre Kropotkine ou Élisée Reclus se sont intéressés aux peuples autochtones, qu’on a aussi qualifiés de sociétés sans État ». Au début des années 2000, un peu partout sur le continent américain, des Autochtones ont modelé la notion d’« anarcho-indigénisme » pour attirer l’attention des anarchistes sur l’histoire et, surtout, sur l’actualité de leurs luttes.

      Ce livre se veut une invitation à l’écoute, au dialogue et à l’engagement solidaire et complice. Dans leurs entretiens, Roxanne Dunbar-Ortiz, Véronique Hébert, Gord Hill, Freda Huson, J. Kēhaulani Kauanui, Clifton Ariwakehte Nicholas et Toghestiy révèlent ce que pensée et traditions autochtones et anarchisme ont en commun, sans nier les séquelles que le colonialisme a laissées jusque dans ce mouvement pourtant anti-autoritaire. Une vision du monde qui allie anticolonialisme, féminisme, écologie, anticapitalisme et anti-étatisme.

  • Stratégie d’autoconfinement de l’État et de l’économie

    Louis

    https://lavoiedujaguar.net/Strategie-d-autoconfinement-de-l-Etat-et-de-l-economie

    La mise en place d’un confinement de la population (incroyablement illisible par ailleurs) me semble une réponse, ou plutôt une tentative de réponse, a-économique pour faire face à la faillite des marchés dans l’incapacité d’aborder la problématique soulevée par l’émergence de la crise « sanitaire » du coronavirus.

    Il me semble que toutes les solutions alternatives à opposer au confinement sont des solutions qui, au final, comptent sur les mécanismes du marché et ses capacités industrielles pour gérer la crise : toutes les solutions alternatives (masques, gels, tests, médicaments, vaccins, etc.) supposent la continuité fonctionnelle de la machine économique, alors qu’elle est justement prise en défaut !

    Le confinement est une tentative de réponse de l’État à l’impéritie de l’économie face à la crise « sanitaire ». Il ne fait pour moi absolument aucun doute que si l’État avait pu mettre en scène et en œuvre une solution technique de type généralisation des masques, des tests, distribution massive de médicaments type chloroquine, etc., il n’aurait pas hésité une seule seconde. (...)

    #pandémie #État #marché #économie #confinement #crise #désorganisation #pilotage

    • Mais ce n’est pas parce que la technique du confinement est mise en œuvre autoritairement par l’État que le confinement n’est pas une méthode rationnelle et raisonnable. C’est du moins mon humble avis. Pour moi, toute alternative au confinement revient de facto à attendre une solution, à dépendre d’une solution, parfaitement aléatoire des forces du marché. Or, je n’accorde aucune confiance aux marchés : ne pas confiner en donnant des masques à tout le monde pour que rien ne s’arrête, ne pas confiner en prenant les gens pour des cobayes de l’industrie pharmaceutique pour que rien ne s’arrête, ne pas confiner sous prétexte que sa mortalité/létalité serait limitée et qu’il y aurait donc un nombre de décès acceptables par principe (on meurt bien de tas d’autres choses…), revient finalement à dédouaner le monde de l’économie de toute responsabilité dans ce qui se passe… Mais, de toute façon, ces solutions ne sont pas, à l’heure actuelle, opérationnelles. À l’inverse cela ne revient en rien à relégitimer l’État.

  • Face au coronavirus l’EZLN ferme les caracoles
    et appelle à ne pas abandonner la lutte

    EZLN, SCI Moisés

    https://lavoiedujaguar.net/Face-au-coronavirus-l-EZLN-ferme-les-caracoles-et-appelle-a-ne-pas-a

    Considérant la menace réelle, prouvée scientifiquement, pour la vie humaine que représente la contagion du Covid-19, aussi connu sous le nom de « coronavirus » ;

    Considérant l’irresponsabilité frivole et le manque de sérieux des mauvais gouvernements et de la classe politique dans sa totalité, qui utilisent un problème humanitaire pour s’attaquer mutuellement, au lieu de prendre les mesures nécessaires pour affronter ce danger qui menace la vie sans distinction de nationalité, sexe, race, langue, croyance religieuse, militantisme politique, condition sociale et historique ;

    Considérant le manque d’information véridique et appropriée sur l’étendue et la gravité de la contagion, ainsi que l’absence d’un véritable plan pour affronter la menace ;

    Considérant l’engagement zapatiste dans notre lutte pour la vie ;

    Nous avons décidé :

    Premièrement, de décréter l’alerte rouge dans nos villages, communautés et quartiers, et dans toutes les structures organisationnelles zapatistes.

    Deuxièmement, de recommander aux conseils de bon gouvernement et aux communes autonomes rebelles zapatistes la fermeture totale et immédiate de tous les caracoles et centres de résistance et de rébellion. (...)

    #Mexique #Chiapas #zapatistes #coronavirus #caracoles #fermeture #féminicide #territoire #lutte #vie

  • Coronavirus

    Raoul Vaneigem

    https://lavoiedujaguar.net/Coronavirus

    Contester le danger du coronavirus relève à coup sûr de l’absurdité. En revanche, n’est-il pas tout aussi absurde qu’une perturbation du cours habituel des maladies fasse l’objet d’une pareille exploitation émotionnelle et rameute cette incompétence arrogante qui bouta jadis hors de France le nuage de Tchernobyl ? Certes, nous savons avec quelle facilité le spectre de l’apocalypse sort de sa boîte pour s’emparer du premier cataclysme venu, rafistoler l’imagerie du déluge universel et enfoncer le soc de la culpabilité dans le sol stérile de Sodome et Gomorrhe.

    La malédiction divine secondait utilement le pouvoir. Du moins jusqu’au tremblement de terre de Lisbonne en 1755, lorsque le marquis de Pombal, ami de Voltaire, tire parti du séisme pour massacrer les jésuites, reconstruire la ville selon ses conceptions et liquider allègrement ses rivaux politiques à coups de procès « proto-staliniens ». On ne fera pas l’injure à Pombal, si odieux qu’il soit, de comparer son coup d’éclat dictatorial aux misérables mesures que le totalitarisme démocratique applique mondialement à l’épidémie de coronavirus.

    Quel cynisme que d’imputer à la propagation du fléau la déplorable insuffisance des moyens médicaux mis en œuvre ! Cela fait des décennies que le bien public est mis à mal (...)

    #coronavirus #apocalypse #Vaneigem #Tchernobyl #totalitarisme #bien_public #catastrophisme #capitalisme #vache_folle #dénaturation #peste_émotionnelle #Espagne #réflexion

  • Notes anthropologiques (XLIX)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-XLIX

    Traité sur l’apparence (IV)
    Idéologie et cosmovision

    Le pouvoir se conçoit comme l’exercice contraignant d’une volonté, celle d’une minorité sur le plus grand nombre, en fin de compte, sur la société ; l’État est la forme prise par cette séparation à l’intérieur d’une société entre une classe sociale (que j’ai définie comme la classe de la pensée) et la population saisie dans sa dimension sociale, réduite le plus souvent à produire des biens (une richesse) qui seront ensuite échangés par ceux qui se trouvent au centre de l’activité sociale (les marchands). L’activité marchande a envahi à un tel point notre vie qu’elle constitue la seule expérience que nous ayons de l’échange. Le commerce de marchandises (le marché) en étant l’unique expérience que nous avons de la vie sociale a profondément modifié et modelé notre vision du monde. Déjà avec Karl Polanyi, l’idée de l’échange n’avait plus qu’une seule signification, celle d’échange marchand. De nos jours, pour les historiens et les anthropologues (comme Testart), le mot échange n’a plus qu’un sens unique. Les autres formes d’échange se trouvent à tel point subordonnées à l’échange marchand qu’elles sont reléguées dans les marges de la conscience pour y disparaître comme un bateau faisant naufrage. La victoire du point de vue du marchand sur d’autres points de vue ? La victoire du marché sur la société est totale. (...)

    #anthropologie #échanges #apparence #non-être #cosmovision #idéologie #Polanyi #van_Gogh #Artaud #Descola #Castaneda #Mexique #Oaxaca #Dumézil

  • Émergence de l’acratie dans la crise de 68 en Espagne

    Miquel Amorós

    https://lavoiedujaguar.net/Emergence-de-l-acratie-dans-la-crise-de-68-en-Espagne

    La période historique qui a émergé dans les années soixante a pris fin depuis longtemps, cependant la société hédoniste, narcissique et postmoderne qui s’est enracinée par la suite ne saurait s’expliquer sans elle. Et, après plus de cinquante ans, on s’étonne encore de l’impact et des effets dissolvants de certains événements circonscrits aux universités. C’est parce que le mouvement étudiant des années soixante a eu la vertu de démasquer et d’accentuer les contradictions insurmontables qui minaient le régime de Franco. La dictature franquiste avait créé autour d’elle un vide d’une telle ampleur que seule la peur parvenait à le préserver. La disparition de cette crainte au sein de la société civile et la tentative de combler ce vide par des comportements plus libres et des institutions alternatives n’étaient qu’une question de temps. La protestation spontanée qui commençait à faire descendre les gens dans la rue, sans autre désir que celui de mettre fin à la dictature, allait oser modeler des esquisses d’auto-organisation comblant l’absence de médiation. Les premières commissions ouvrières furent alors créées dans les usines entre 1957 et 1963, en marge du syndicat vertical la CNS ; puis en 1964 le vaste mouvement assembléiste contre le SEU (syndicat officiel des étudiants) se déclencha. On assista à une libération des mœurs : le joug de la morale catholique fut fortement ébranlé par des comportements plus ouverts notamment à l’égard de la tenue vestimentaire, de la pop anglo-saxonne, de la liberté sexuelle, de l’usage des drogues et d’un sain athéisme.

    L’expansion capitaliste européenne de l’après-guerre, insuffisamment prise en compte, eut des conséquences sur la Péninsule en contribuant à l’industrialisation du pays et à un accroissement très sensible de ses villes. (...)

    #Espagne #années_1960 #Amoros #acrates #García_Calvo #franquisme #dictature #université #anarchie

  • Entretien avec Caitlin Manning
    Résistance aux parcs éoliens dans l’isthme de Tehuantepec

    Alizé Lacoste Jeanson, Caitlin Manning

    https://lavoiedujaguar.net/Entretien-avec-Caitlin-Manning-Resistance-aux-parcs-eoliens-dans-l-i

    Les immenses agglomérations de parcs éoliens dans l’isthme de Tehuantepec sont un exemple édifiant de la destruction que les technologies dites « vertes » impliquent lorsqu’elles sont mises en place par des entreprises qui cherchent à faire du profit, aidées par les gouvernements qui offrent à leurs copains capitalistes toutes sortes d’arrangements et trompent les populations locales avec des mensonges et des fausses promesses — le plus gros mensonge reposant sur l’idée que ces projets sont dans leur intérêt, et vont leur permettre d’accéder à une utopique modernité capitaliste. Comme le dit Bettina Cruz dans la vidéo, la promesse que le développement est à destination des populations locales est un grand mythe.

    Les parcs éoliens de l’Isthme recouvrent des dizaines de milliers d’hectares sur ce qui fut un temps des petits terrains agricoles que les communautés indigènes ont occupés et organisés de manière soutenable pendant des milliers d’années. Ils font pousser du maïs, des légumes, cueillent des plantes médicinales, chassent du petit gibier et font de l’élevage bovin à petite échelle. Ce mode de vie a été gravement mis à mal par les parcs éoliens. (...)

    #Mexique #Oaxaca #éoliennes_industrielles #capitalisme #résistance #peuples #autonomie #zapatistes