Le Monde.fr : Actualit la Une

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  • Vidéo : « En Chine, des caméras devinent qui sont les passants dans la rue »
    http://lemonde.fr/asie-pacifique/video/2017/09/28/en-chine-des-cameras-devinent-qui-sont-les-passants-dans-la-rue_5193010_3216

    La Chine, où seraient installées 170 millions de caméras de surveillance, possède l’un des systèmes de vidéosurveillance les plus vastes au monde. Or depuis quelques années, le pays est également en pointe dans les technologies de reconnaissance faciale. Celles-ci permettent ainsi d’identifier les passants dans les rues ou les modèles de voitures avec un taux d’erreur extrêmement faible. Mais au-delà de la surveillance, la reconnaissance faciale peut désormais être utilisée pour déverrouiller un smartphone ou pénétrer dans un lieu sécurisé.

    #société_de_surveillance #vidéo #reconnaissance_faciale

    • On parle toujours de la Chine mais on oublie qu’en Occident aussi la vie privée est bafouée, et au pays de la liberté les Usa c’’est la NSA qui met toute la planète sous surveillance. On arrive a faire pire que ces pays là .

    • Je crois pas qu’on parle toujours ou trop de la Chine (et des multiples grèves et mouvements populaires qui y ont lieu, par exemple), bien qu’on échappe pas ici au topo : attention, la Chine, ex-atelier du monde, est en train de devenir une nation capitaliste moderne, apte à innover. Jusqu’à reprendre sans barguigner la promo de la boite qui a créée ce logiciel de reconnaissance faciale (0,001 % d’erreurs, disent-ils). En tout cas la vidéo est impressionnante. On constate d’ailleurs que les troubles sociaux en Chine sont dans la ligne de mire (logiciel permettant de détecter la formation de regroupements).

      #technologie

  • Travail : Cash Investigation dévoile l’envers du décor chez Lidl et Free
    https://www.romandie.com/news/835892.rom

    Souffrance au travail et licenciements : le magazine Cash Investigation présenté par Elise Lucet fait son retour mardi sur France 2, avec une enquête sur le « monde merveilleux du travail » qui révèle l’envers du décor au sein de deux entreprises emblématiques, Lidl France et Free.

    Diffusé à 20H55, ce premier numéro de la sixième saison de Cash Investigation, intitulé « Travail, ton univers impitoyable », pointe en pleine réforme du Code du travail des méthodes de management aux conséquences parfois très lourdes, sans se départir de son style décapant.

    L’enquête de deux heures produite par Premières Lignes, commencée il y a plus d’un an, débute par une plongée chez Lidl France et ses 30.000 salariés, et révèle les techniques redoutables mises en oeuvre pour maximiser leur productivité.

    Comme la polyvalence imposée aux caissières, qui permet d’éradiquer les temps morts ; ou la commande vocale qui règne en maître dans les entrepôts, une machine dictant aux préparateurs de commandes les tâches à effectuer.

    – Interview tendue -

    Des témoignages révèlent les revers de ces procédés, comme le poids ahurissant (jusqu’à 8 tonnes) des marchandises manipulées quotidiennement par les préparateurs, et des employés dont les corps peinent à suivre la cadence et qui ont l’impression de devenir des robots.

    L’émission s’interroge aussi sur la disproportion entre les nombreux salariés de l’enseigne licenciés pour inaptitude (2.196 en cinq ans), et l’infime minorité de ceux qui obtiennent un reclassement (22).
    (...)

    #management #travail

  • L’effet dopant des APL sur les loyers contesté, par Isabelle Rey-Lefebvre
    http://lemonde.fr/logement/article/2017/09/09/l-effet-dopant-des-apl-sur-les-loyers-conteste_5183294_1653445.html

    Une note de travail d’un service ministériel remet en cause les arguments du gouvernement en faveur d’une baisse de l’aide au logement.

    Les aides au logement poussent-elles les loyers à la hausse ? C’est en tout cas l’un des arguments du gouvernement pour justifier leur baisse de 5 euros par mois, à partir d’octobre. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires, argumentait, le 25 juillet, à l’antenne de RTL : « Quand on met un euro de plus sur l’APL, ça fait 78 centimes de hausse des loyers », s’appuyant, sans la citer, sur une étude ancienne de l’Insee, datant de 2005, de l’économiste Gabrielle Fack, qui mesurait un impact entre 60 % et 80 %. Une autre étude de l’Insee, de Céline Grislain-Letrémy et Corentin Trevien, parue en novembre 2014, utilisant une méthode différente comparant les loyers aux franges des zones où le niveau des aides change, concluait, comme Gabrielle Fack, à un effet inflationniste, mais bien moindre : de 5 % à 7 % seulement.

    Une très récente note de travail du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), cellule de recherche du gouvernement entre autres dans le domaine du logement, remet ce lien sérieusement en cause. Le document n’a pas été publié, mais une version provisoire, que nous avons pu consulter, circule et fait beaucoup parler. « Les aides personnalisées au logement n’ont pas engendré de surinflation du loyer des logements de leurs bénéficiaires par rapport à celui de l’ensemble du parc locatif privé », y conclut l’auteur.

    La note constate certes que les loyers des 25 % des locataires les plus modestes du parc privé ont bien, entre 1973 et 2013, augmenté de 43 % de plus que la moyenne des loyers (voire 57 % pour le loyer au mètre carré), tandis que les allocations logement étaient, à la suite de la réforme de 1988, distribuées massivement, pour atteindre aujourd’hui 18 milliards d’euros (contre 4,4 milliards d’euros en 1984). Mais l’inflation des loyers résulte plutôt d’effets de structure, en particulier du meilleur confort des appartements et d’une durée d’occupation plus courte.

    Mieux logés

    Désormais, 100 % des logements de locataires modestes sont équipés d’une douche, d’un chauffage et d’un WC, alors que ce n’était le cas que de, respectivement, 25 %, 15 % et 37 % d’entre eux en 1973. Ainsi, les aides au logement, créées en 1977, ont surtout contribué à ce que ces ménages soient mieux logés. Les bénéficiaires de ces aides, qui sont plus jeunes que l’ensemble des locataires désormais, louent, en outre, des logements plus petits et urbains, deux caractéristiques qui poussent également les loyers à la hausse.

    Cette évolution est due au « rajeunissement des pauvres ou la paupérisation des jeunes », dit la note : en 1970, les locataires les plus modestes étaient, en effet, de dix ans plus âgés que la moyenne ; en 2013, c’est l’inverse, ils sont plus jeunes de cinq ans (39 ans au lieu de 44).

    Lire aussi : Au Royaume-Uni, une baisse inefficace de l’aide au logement

    « A l’heure où le gouvernement remet en cause l’aide personnalisée au logement et veut faire des économies, il est incompréhensible qu’il ne rende pas publique cette note du CGEDD, pour alimenter le débat », s’insurge Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre.

    La démonstration du CGEDD enlève au gouvernement un argument pour justifier la réduction du budget alloué aux aides au logement qu’il annonce, bien au-delà des 5 euros déjà programmés, puisque le secteur craint une coupe jusqu’à 2 milliards d’euros. Jacques Mézard a aussi annoncé, mercredi 6 septembre dans Le Figaro, que les aides au logement ne seront réduites qu’à la condition que les loyers baissent dans le parc social, ce qui achève d’irriter les organismes HLM réunis jeudi 7 septembre, en présence du ministre. « Il est un peu paradoxal de nous demander de baisser nos loyers alors qu’ils sont déjà réglementés, avec une augmentation très faible de 0,19 % au cours des trois derniers exercices, et que 55 % des aides vont au parc privé », a plaidé Alain Cacheux, président de la Fédération des offices publics de l’habitat.

    « Mauvaise foi insupportable »

    « Les allocations logement ont, d’ailleurs, progressé deux fois moins vite que les loyers, argumente l’économiste Pierre Madec, de 16 %, entre 2000 et 2010, quand les loyers grimpaient de 32 %. »

    La demande d’Emmanuel Macron aux bailleurs privés pour qu’ils baissent tous, volontairement, leurs loyers de 5 euros ne suscite, elle, qu’ironie et colère du côté des bailleurs : « Avec cette injonction aux bailleurs, on atteint un niveau de mauvaise foi insupportable, proteste Jean-François Buet, président de la Fnaim. Les locataires veulent mieux que la compassion distante et les propriétaires veulent autre chose qu’un doigt accusateur. »

    Les associations de locataires, ravies de l’aubaine, se précipitent, elles, pour rappeler les moyens efficaces à la portée du gouvernement pour alléger les quittances des locataires. La CLCV demande, par exemple, au président de la République « de geler les loyers en 2018, ce qui équivaut à renoncer à une hausse de 0,75 %, et d’appliquer l’encadrement des loyers dans les 28 agglomérations prévues par la loi ALUR, seule solution efficace pour préserver le pouvoir d’achat des ménages ».

    #APL #Logement

  • L’incroyable inflation des prix des médicaments
    http://lemonde.fr/economie/article/2017/09/07/l-incroyable-inflation-des-prix-des-medicaments_5182328_3234.html

    La commercialisation prochaine, aux Etats-Unis, d’un anticancéreux au prix de 475 000 dollars relance le débat sur le prix des médicaments.

    LE MONDE ECONOMIE | 07.09.2017, Chloé Hecketsweiler

    En annonçant un prix de 475 000 dollars (398 570 euros) pour le dernier-né de ses anticancéreux, le géant pharmaceutique suisse Novartis place la barre très haut. Depuis plusieurs années payeurs, médecins et patients s’affolent de l’envolée des prix des traitements, avec un ticket d’entrée à plus de 100 000 dollars pour les nouvelles « immunothérapies ». Ce nouveau record relance la polémique. Approuvé le 30 août par la FDA, l’agence américaine du médicament, le Kymriah consiste à reprogrammer les cellules immunitaires du malade – les lymphocytes T – pour attaquer les cellules cancéreuses. Baptisées « CAR T-cells » dans le jargon, ces cellules ne sont pas des médicaments comme les autres : chaque lot doit être fabriqué sur mesure pour chaque patient, à un coût astronomique.

    Aux Etats-Unis, le Center for Biomedical Innovation du Massachusetts Institute of Technology (MIT) dénombre plus de 600 thérapies géniques et cellulaires en développement. Celles qui atteindront le marché devraient être lancées avec un prix du même ordre que celui du Kymriah de Novartis. Au-delà du coût de fabrication, les laboratoires avancent différentes explications pour justifier leur positionnement. Dans la mesure où elles ciblent des cellules bien précises, le nombre de patients « répondeurs » définit un marché très limité. Leur mode d’action – une modification durable du système immunitaire – est une autre variable dans cette équation complexe. « Avec les médicaments classiques, dans le cadre d’une maladie chronique, la dépense est lissée sur plusieurs années. Là, elle est immédiate », explique John Glasspool, qui pilote au MIT une réflexion sur les modes de financement et de remboursement de ces médicaments innovants.

    POUR MIEUX FAIRE PASSER LA PILULE, NOVARTIS S’ENGAGE À NE PAS FACTURER LE TRAITEMENT EN CAS D’ÉCHEC.
    Pour mieux faire passer la pilule, Novartis s’engage à ne pas facturer le traitement en cas d’échec. Ce principe de « satisfait ou remboursé » est une « bonne façon d’avancer », juge M. Glasspool « car il tient compte de la valeur du médicament pour le patient et pas seulement du coût de la recherche et développement ou de la production ». Il reste cependant de nombreux points d’interrogation concernant ce système testé par différents laboratoires. « Recueillir des données en vie réelle est déterminant pour apprécier l’efficacité d’un médicament au-delà des études cliniques », souligne l’expert du MIT.

    « Fictions négociables »

    La question se pose pour tous les nouveaux anticancéreux. Premier à commercialiser un traitement par CAR-T cells, le laboratoire suisse a été devancé sur ce créneau très lucratif des immunothérapies, par les américains Bristol-Myers Squibb et Merck. Appartenant à une autre classe de médicaments – appelés couramment « anti-PD1 » –, leurs produits respectifs, Opdivo et Keytruda, avaient donné le ton : un an de traitement coûte aux Américains jusqu’à 150 000 dollars par an. Prescrits aux patients atteints de cancer de la peau ou du poumon très agressifs, leur effet peut être spectaculaire chez certaines personnes, mais se révèle limité pour la majorité des patients.

    Dans ce contexte, « les prix sont aujourd’hui largement des fictions négociables visant à exploiter au maximum les capacités de paiement d’acheteurs dispersés, mal informés et sous pression sociale », estime Francis Megerlin, professeur à l’université de Strasbourg, qui étudie l’impact des médicaments innovants sur les systèmes de santé.

    Le Kymriah n’est pas encore approuvé en Europe, mais Novartis devrait déposer une demande d’ici à la fin de l’année. D’autres laboratoires sont dans les starting-blocks. S’ils se félicitent de l’arrivée de ces nouvelles options thérapeutiques, les médecins s’interrogent sur les éventuels arbitrages qu’il faudra faire pour les financer.

    « Les coûts d’administration de ces traitements sont faramineux : aux 475 000 dollars payés pour le médicament lui-même, il faudra ajouter 150 000 à 200 000 dollars pour la prise en charge du malade. On nous demande de faire des économies, mais tout ce que l’on peut faire est dérisoire face à de tels montants, estime le Pr Christian Chabannon, responsable du centre de thérapie cellulaire de l’Institut Paoli-Calmettes, à Marseille. A ce niveau-là, la toxicité pour les systèmes de santé devient aiguë. »

    Possible « remise en cause du principe d’égalité d’accès aux soins »

    L’Institut Curie, l’un des plus grands centres français de lutte contre le cancer, publie, jeudi 7 septembre, un sondage sur la perception qu’ont les Français des coûts des traitements. « Ils n’en ont aucune idée, mais ont bien en tête que l’inflation des prix pourrait remettre en cause le principe d’égalité d’accès aux soins », souligne le docteur Thierry Philip, président de l’Institut Curie. Selon les données recueillies, « seuls 3 % des Français donnent un prix en phase avec la réalité, entre 80 000 et 116 000 euros pour un traitement type immunothérapie (…), 21 % imaginent même un coût en dessous de 500 euros ».

    Les dépenses de l’Assurance-maladie dans le cancer (16,7 milliards d’euros au total en 2015) restent principalement liées aux hospitalisations et aux traitements « classiques » (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie avec des molécules anciennes), mais l’essentiel de la hausse des dépenses vient de ces médicaments onéreux, avec un surcoût qui pourrait atteindre 1 à 1,2 milliard d’euros par an dans les prochaines années, selon une estimation d’Agnès Buzyn, la ministre de la santé, publiée, en février 2017, dans le rapport « Prix et accès aux traitements médicamenteux innovants » du Conseil économique, social et environnemental.

    #santé #médicaments #immunothérapies #laboratoires #thérapies_géniques

  • Travailleurs « ubérisés » : la Dares défavorable à un statut spécifique
    http://lemonde.fr/emploi/article/2017/08/24/travailleurs-uberises-la-dares-defavorable-a-un-statut-specifique_5175916_16

    Un rapport de la Dares se positionne contre la création d’un « statut tiers » pour les travailleurs des plates-formes collaboratives, soulignant la difficulté d’établir une norme commune.

    Alors que les polémiques autour de Uber se poursuivent et que les coursiers à vélo de Deliveroo se préparent à manifester dimanche 27 et lundi 28 août dans toute la France, la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) publie une étude sur la régulation de l’économie collaborative qui déconseille la création d’un nouveau statut pour améliorer la protection de ses travailleurs.

    Le rapport – qui pose beaucoup de questions – souligne d’abord combien il est difficile de définir clairement les entreprises qui relèvent de l’« ubérisation » : « quoi de commun, en effet, entre un particulier occupant un emploi à temps plein qui loue son appartement sur Airbnb pendant les vacances, un chauffeur travaillant 50 heures par semaine pour Uber et un conducteur pratiquant le covoiturage » ? interroge Olivia Montel, chargée d’études économiques à la Dares et auteur du document d’études « L’économie des plateformes : enjeux pour la croissance, le travail, l’emploi et les politiques publiques ».

    Le rapport pointe la spécificité des plateformes « partie prenante dans la production et la vente du produit échangé », par exemple en intervenant dans la fixation du prix ou dans l’organisation du travail. « Le fait de toucher une rémunération directement liée à l’échange [sous forme de commission] peut être considéré comme un indice de cette implication dans la production de valeur ajoutée », indique le rapport.

    La difficulté à établir une norme commune amène néanmoins l’auteure à rejeter l’idée d’un nouveau statut juridique pour les travailleurs de ces plateformes, comme le proposait le candidat Macron avant l’élection présidentielle. « La création d’un troisième statut risquerait de remplacer une frontière floue [entre le salariat et le travail indépendant, NDR] par deux délimitations qui auraient également chacune leur part d’incertitude », précise l’étude.

    Le précédent italien

    Pour étayer sa position, le rapport fait état de l’expérience italienne. En 2003, un « contrat de collaboration de projet » a été mis en place dans le pays, en plus des contrats à durée déterminée et indéterminée classiques. Censé limiter la précarité des travailleurs associés aux plateformes collaboratives, ce nouveau statut est suspecté d’avoir au contraire « créé un transfert important de salariés vers cette catégorie d’indépendants », indique le rapport. Le recours à ces contrats a d’ailleurs été très fortement restreint en 2016, dans le cadre de la réforme du marché du travail mise en œuvre sous le gouvernement de Matteo Renzi.

    L’étude penche plutôt pour le statu quo au niveau du droit social : les travailleurs de l’économie collaborative pourraient être encadrés en s’appuyant sur la législation existante. « L’immatriculation systématique des travailleurs des plateformes comme auto-entrepreneurs – ou autre catégorie d’entrepreneurs individuels – permettrait déjà de répondre à plusieurs problèmes liés à la protection du travailleur ».

    Adapter les prélèvements obligatoires

    « Les pouvoirs publics sont également confrontés à la nécessité d’adapter le système de prélèvements obligatoires », avance le rapport. Le problème se pose tant au niveau des plateformes que de leurs prestataires : en 2014, seulement 15 % des revenus des particuliers issus de l’économie collaborative auraient été déclarés à l’administration fiscale. La transmission automatisée par les plateformes aux services fiscaux des revenus des particuliers issus de l’économie collaborative, programmée pour le 1er janvier 2019, pourrait néanmoins permettre de régler en partie ce problème.

    Reste la question de la participation des plateformes collaboratives à la couverture sociale des leurs prestataires. Contrairement aux entreprises « classiques » qui paient des charges salariales, rappelons que les plateformes collaboratives ne sont pas soumises à des cotisations sociales sur les travailleurs qui passent par leur intermédiaire – mise à part la prise en charge programmée pour 2018 d’une partie de la cotisation de l’assurance « accident du travail », éventuellement souscrite par le collaborateur.

    A la base de leur modèle économique, cet avantage est d’ailleurs l’un des points de litige qui nourrit la polémique autour de ces plateformes, accusées de concurrence déloyale. Au demeurant, l’Urssaf a lancé depuis 2015 une procédure contre Uber pour récupérer plusieurs millions d’euros au titre des cotisations sociales ; l’organisme estime en effet que les chauffeurs associés à la plateforme relèvent du statut de salariés. « On peut se demander […] si la couverture des risques spécifiques au modèle économique des plateformes doit faire appel à la solidarité inter-professionnelle, à la solidarité nationale, ou bien être gérée de façon autonome », pointe le rapport en guise de conclusion, mais il ne tranche pas la question.

    « L’économie des plateformes : enjeux pour la croissance, le travail, l’emploi et les politiques publiques ».
    http://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/de_2013_economie_collaborative.pdf

    Les références citées par le journal sont sous #paywall :

    « Le numérique pose la question d’un statut couvrant les risques sociaux »
    http://lemonde.fr/emploi/article/2015/10/18/le-numerique-pose-la-question-d-un-nouveau-statut-pour-couvrir-les-risques-s

    La montée du travail indépendant pose la question de la protection sociale
    http://www.lemonde.fr/emploi/article/2017/04/19/la-montee-du-travail-independant-pose-la-question-de-la-protection-sociale_5

    A quoi ressemblera l’emploi en 2030 ?
    http://www.lemonde.fr/emploi/article/2017/04/19/a-quoi-ressemblera-l-emploi-en-2030_5113648_1698637.html

    Economie collaborative : quels sont les revenus imposables ?
    https://www.economie.gouv.fr/particuliers/economie-collaborative-revenus-imposables

    Dans le domaine public on trouve de la doc sur le Jobs Act italien, par exemple :
    Italie. Le "Jobs Act", un nouveau pas vers la flexibilité pour les travailleurs et vers la sécurité pour les employeurs
    Udo REHFELDT
    http://www.ires.fr/publications/chronique-internationale-de-l-ires/item/5185-italie-le-jobs-act-un-nouveau-pas-vers-la-flexibilite-pour-les-travailleur
    Austérité et contrôle en Italie : Blocchiamo il Jobs Act !
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=7096
    ...

    #précaires #travail #travailleurs_indépendants #coursiers #économie_collaborative #Jobs_Act

  • #Arte, un soupçon de censure
    http://lemonde.fr/televisions-radio/article/2017/06/03/arte-un-soupcon-de-censure_5138244_1655027.html

    Arte, qui fêtait le 30 mai ses vingt-cinq ans d’existence, se serait bien passée d’une telle polémique. C’est un film intitulé Auserwählt und Ausgegrenzt. Der Hass auf Juden in Europa (« Un peuple élu et mis à part : l’antisémitisme en Europe »), réalisé par les documentaristes allemands Joachim Schroeder et Sophie Hafner, qui a mis le feu aux poudres. La décision, prise le 26 avril par le directeur des programmes d’Arte, Alain Le Diberder, de ne pas diffuser ce documentaire de 90 minutes, produit et financé par la chaîne, a provoqué des remous outre-Rhin. Des historiens allemands, comme Götz Aly ou Michael Wolffsohn, sont intervenus dans les médias pour prendre sa défense, dénonçant « la censure » exercée par la chaîne franco-allemande.

    Le réalisateur Joachim Schroeder entendait explorer les différentes facettes de l’antisémitisme en Allemagne et en France : aussi bien l’antisémitisme d’extrême droite que celui des fondamentalistes musulmans dans les banlieues. Porté par la chaîne publique Westdeutsche Rundfunk (WDR), l’une des onze stations allemandes à alimenter Arte Deutschland, ce projet de documentaire a fait l’objet de nombreuses discussions avant d’être validé par la conférence des programmes d’Arte, en avril 2015.

  • Vous ne verrez plus cette statue de Georg Lukács à Budapest, déboulonnée avant-hier par les autorités de la ville, sur proposition de l’extrême droite (Jobbik), soutenue par le parti national-conservateur du premier ministre Viktor Orbán (Fidesz), qui prétend depuis 2010 « reconnecter la Hongrie au supposé cours naturel des choses et rejeter la gauche, qu’elle soit postcommuniste ou libérale, dans le camp des partisans d’une histoire honnie. »

    Cf. http://lemonde.fr/livres/article/2017/03/30/georg-lukacs-deboulonne-ou-la-memoire-hongroise-en-peril_5103128_3260.html #st

    Quelques archives @mdiplo :

    · Frénésie nationaliste en Hongrie (décembre 2016) https://www.monde-diplomatique.fr/2016/12/LEOTARD/56841

    · Qui veut la peau de Georg Lukács ? (Les blogs du Diplo, 1er novembre 2016) https://blog.mondediplo.net/2016-11-01-Qui-veut-la-peau-de-

    · Décibels et extrême droite en Hongrie (novembre 2016) https://www.monde-diplomatique.fr/2016/11/PIEILLER/56763

    · Le Jobbik, un parti d’extrême droite qui n’exècre pas l’islam (avril 2014) https://www.monde-diplomatique.fr/2014/04/LEOTARD/50337

    http://zinc.mondediplo.net/messages/56356 via Le Monde diplomatique

  • Réactions, mode d’emploi (LeMonde.fr)
    http://lemonde.fr/m-perso/article/2017/03/03/les-commentateurs-du-web-a-confesse_5088871_4497916.html

    La règle

    – Trois réactions pas plus

    Le Monde autorise trois réactions de 500 signes par compte d’abonné derrière chaque article. Cette limitation a été choisie notamment pour bien distinguer les réactions d’une agora philosophique ou d’un bistrot des sports. C’est un espace pour réagir à un article, non pour ouvrir un interminable débat sur un sujet.

    – Pas de propos injurieux

    La charte du Monde interdit les propos injurieux et les réactions sont donc relues par une équipe spécialisée. « Les modérateurs suppriment les messages qu’ils jugent hors sujet, diffamants, insultants, ou s’attaquant de manière violente et injustifiée au travail de notre rédaction ou à d’autres membres », précise la charte. Sur les 657 693 commentaires traités en 2016 sur lemonde.fr, 85 112 (12,9 %) ont été rejetés. Sur la page Facebook principale du Monde, 3 165 386 messages ont été gérés et 592 190 (18,7 %) refusés.

    La pratique

    – Le morcellement

    Certains habitués font de la stratégie. Ils attendent le moment où la discussion est la plus active pour intervenir. Les écureuils gardent toujours une réaction en réserve, pour être certain d’avoir le dernier mot… D’autres, frustrés des 500 signes impartis, morcellent leur réponse dans deux ou trois messages à suivre.

    Il y a une faille dans le système : un bug informatique difficile à régler permet aux contributeurs inscrits avant 2012 de réagir aux réactions des autres, et ce de manière quasi infinie. De nombreux habitués usent et abusent de ce biais du système, créant ainsi des conversations parallèles à l’intérieur d’une réaction dite « racine ». S’ensuivent parfois des échanges à deux interminables et fastidieux entre vieux de la vieille. Ils encombrent l’espace et finissent par agacer les autres, frustrés de n’avoir que leur trois munitions en soute. Jusqu’à ce qu’un modérateur coupe court.

    – L’édulcorant

    Les contributeurs ont en commun d’estimer qu’on laisse dire n’importe quoi… aux autres. Seuls eux sont censurés injustement tandis que le laxisme règne partout. Leur remarquable contribution est stoppée quand ailleurs c’est la cour d’école. L’abonné débouté envoie alors un courriel hurlant aux ciseaux d’Anastasie, au déni démocratique. Il a une haute idée de sa liberté. Les habitués réessayent en édulcorant la première version ou en la postant à une autre heure, espérant que la vigilance sera moindre. Parfois un mail refusé peut être repêché : le contributeur proteste alors que sa réaction est en fait en ligne. Quand la modération tarde, le contributeur impatient renvoie sa réaction qui peut ainsi apparaître deux fois.

    #modération #commentaires #cm

  • « La guerre est une force qui nous octroie du sens », de Chris Hedges (Actes sud) — Par Sébastien Lapaque
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/12/LAPAQUE/56945

    Il y a ceux qui prétendent faire la guerre sans l’aimer… et ceux qui ne l’aiment plus après l’avoir faite. Engagé sur le théâtre des opérations au Salvador, au Koweït, dans l’ancienne Yougoslavie, en Algérie et en Afghanistan, l’écrivain et reporter américain Chris Hedges ne portait pas d’armes. Cela ne l’a pas empêché de voir la mort de près et de revenir de ces campagnes avec une conviction énoncée dans ce livre publié aux États-Unis en 2002 et traduit aujourd’hui par Nancy Huston : « Pour servir la cause de la guerre, on démantèle notre univers moral. Et, une fois démantelé, il est presque impossible de le reconstituer. » Son plaidoyer pour la paix ne rejette pas la raison — et notamment l’ultima ratio regum dont parlaient les Anciens — ni ne met en question la nécessité de défendre ses amis contre ses ennemis. Cela ne l’empêche pas d’observer avec effroi que la guerre, aujourd’hui comme hier, peut faire office de stimulant destiné à « divertir une société au bord de la faillite ». Courageux et surprenant.

    Chris Hedges : «  La démocratie américaine n’est plus qu’une façade  »
    http://lemonde.fr/international/article/2017/01/03/chris-hedges-la-democratie-americaine-n-est-plus-qu-une-facade_5056866_3210.

    Par rapport à la guerre du Vietnam, comment la société américaine vit-elle la guerre en cours ?

    Le conflit au Vietnam était contenu là-bas, alors que celui qui est en cours se traduit par des actes de terrorisme sur le sol américain ou européen. L’autre différence, c’est qu’il n’y a plus de service militaire ni de conscription. La guerre actuelle est menée par les pauvres. Seule une assez petite partie de la population est touchée, contrairement à l’époque du Vietnam. Les gens n’ont pas vu leurs enfants partir ou leurs impôts augmenter. Il n’y a pas d’effet majeur, les Américains peuvent faire comme si la guerre n’existait pas. La preuve, c’est que la presse ne la couvre presque plus, et pas seulement pour des raisons économiques.

    (…)

    Trump va-t-il inaugurer une ère de repli sur soi et d’isolationnisme ?

    C’est ce qu’il dit, mais on verra. C’est le problème des empires : ils s’étendent au-delà de leurs capacités et finissent par s’écrouler de l’intérieur. Traversez les Etats-Unis : c’est une épave, une ruine. Allez à Cleveland, quittez le centre-ville, c’est le tiers-monde ! Pour survivre, l’empire doit alors rapatrier sur le territoire national ses forces répressives : notre police se militarise, s’équipe de drones, use de la force létale sans discernement. Nous déclinons, comme Rome, qui ne parvenait plus à mobiliser ses citoyens pour se défendre et a dû, à la fin de la république, faire appel à des mercenaires qui ont fini par désigner un empereur. Nous avons la même élite gouvernante corrompue et dévoyée. Notre démocratie n’est plus qu’une façade.

    via @opironet #conflit #guerre #États-Unis

  • Spectres de Marx au festival de Berlin
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/180217/spectres-de-marx-au-festival-de-berlin

    Berlin est le plus politique des grands festivals internationaux de #Cinéma. Trois films vus lors de la 67e édition – qui se clôt ce dimanche 19 – le montrent de trois façons différentes : Le Jeune #Karl_Marx de #Raoul_Peck, Drôles d’oiseaux d’Élise Girard et #Strong_Island de #Yance_Ford.

    #Culture-Idées #67ème_Festival_de_Berlin #Drôles_d'oiseaux #Elise_Girard #Jean_Sorel #Le_Jeune_Karl_Marx #Lolita_Chammah #Pascal_Bonitzer #William_Ford

  • A la #prison de Fresnes, le rapport de la #CGLPL sans précédent (14/12/2016)
    http://lemonde.fr/police-justice/article/2016/12/14/la-controleure-des-prisons-alerte-sur-le-traitement-inhumain-des-detenus-a-f

    Dans son courrier de réponse adressé le 13 décembre à Mme Hazan, Jean-Jacques Urvoas, le ministre de la justice, reconnaît lui-même que la maison d’arrêt des hommes affiche un taux d’occupation de 202 % avec 2 474 détenus pour 1 226 places.

    C’est d’ailleurs dans cette même prison de Fresnes que le ministre avait convoqué une conférence de presse le 20 septembre pour dévoiler son plan baptisé « En finir avec la surpopulation carcérale ». Mais là où la contrôleure générale demande des mesures urgentes comme « la suppression immédiate des encellulements à trois », le ministre répond que trois nouvelles maisons d’arrêt pourraient sortir de terre en Ile-de-France d’ici cinq ou dix ans.

    via @isskein

  • Sur Twitter, Donald Trump “break the news”

    Ce qui est intéressant avec #Twitter, c’est qu’il faut être très précis. Quand je dis quelque chose en public ou à des journaux, et que ça n’est pas reproduit avec précision, ça n’est vraiment pas bien. On ne peut pas faire grand-chose contre. Quand on tweete – et je suis prudent –, c’est exact, très exact, et ça fait du “breaking news”.

    http://lemonde.fr/ameriques/article/2017/01/16/trump-s-adresse-aux-europeens-dans-un-entretien-iconoclaste-a-bild-et-the-ti

  • With Zombie, Le Temps wants to give a second life to its evergreen stories – LE BAC À SABLE
    https://blogs.letemps.ch/labs/2016/11/21/zombie-a-new-tool-to-give-a-second-life-to-le-temps-evergreen-stories/amp

    Zombie will analyse articles on Le Temps’ website using data from both Chartbeat and Google Analytics. It will score each article according to its relevance and quality. This score will be calculated using the article’s reading time, viewing history and engagement on social media networks. Zombie will also identify key people, places and events mentioned in the article using semantic analysis APIs. It will create a database that, over time, will hold thousands of articles of interest that could be republished.

    2. Several times a day, Zombie will see what the hottest topics are in Google Trends, Google News and Twitter’s Trending Topics. It will then check to see whether its database contains any articles related to these topics. If so, Zombie will alert Le Temps’ editorial staff in two ways: through a daily email with that day’s suggestions, and with Slack (serving as a real-time alert system).

    Once alerted, the newspaper’s web editor and community manager can decide whether to republish the articles suggested by Zombie or repost them on social media.

    #algorithme #presse #archives

    http://zinc.mondediplo.net/messages/47883 via BoOz

  • « La cinquième bulle » : un petit lexique de la #Silicon_Valley | Stuart Grabler, Le Monde, 26/10/2016 (manque #disruption)
    http://lemonde.fr/idees/article/2016/10/26/la-cinquieme-bulle-un-petit-lexique-de-la-silicon-valley_5020607_3232.html

    La crise des sociétés d’investissements immobiliers cotées (Real Estate Investment Trust, REIT) de 1974-1975 aux Etats-Unis fut la première de l’après-guerre. Chacune des décennies suivantes connut sa bulle, et son krach.

    Dans les années 1980, les razzias de corporate raiders (les « prédateurs d’entreprise ») gonflaient la LBO bubble (bulle des OPA à effet de levier), la vente de junk bonds (obligations pourries) finançait le rachat de poids lourds de la cote. Cette vogue prit fin lors du krach d’octobre 1987, emportant dans son sillage les Caisses d’épargne américaines (Savings & Loans) précarisées par la surenchère hypothécaire.

    La décennie suivante vit l’essor de la bulle Internet (dotcom bubble). Porté par les start-up et les stock options, l’indice Nasdaq de valeurs technologiques toucha un plus haut en mars 2000... avant de perdre 78 % en trente et un mois.

    Pendant ce temps, la quatrième bulle, celle des subprimes (crédits hypothécaires immobiliers), se formait déjà. A la différence des précédentes, hautement médiatisées, celle-ci se développait dans un huis clos financier où se titrisaient à coups d’algorithmes des prêts hypothécaires accordés à des clients peu solvables. Quand, dans la foulée de la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers en 2008, la bulle éclata, elle faillit entraîner toute la planète finance.

    Et ce n’est pas fini, puisque la cinquième bulle, dont l’épicentre est la Silicon Valley, enfle à vue d’œil. En voici une brève description, à travers un petit lexique de la novlangue anglo-saxonne de rigueur.

    Unicorn (licorne) : jeune pousse technologique valorisée au moins 1 milliard de dollars, sur la base du placement initial de ses backers.

    Backer (soutien) : investisseur pionnier dans une unicorn en herbe. Au tout début, un projet plus ou moins ingénieux suffira pour le séduire. Une fois opérationnelle, l’entreprise mettra les bouchées doubles pour accroître le nombre de ses utilisateurs/clients, décuplant ainsi sa capacité à réussir des tours de table supplémentaires. Stratégie en conformité parfaite avec Metcalfe’s Law.

    Metcalfe’s Law (la loi de [Robert] Metcalfe) : une augmentation arithmétique des utilisateurs d’un réseau suscite une croissance exponentielle de son utilité et, par extrapolation comptable, de sa cote. Rouage-clé de cet engrenage vertueux : le giveaway.

    Giveaway (cadeau) : service dispensé sans contrepartie, ou article vendu à prix coûtant, dans le but d’appâter clients ou utilisateurs. C’est le seul but qui vaille à ce stade précoce ; de sorte que les unicorns en devenir sont souvent dépourvues d’un vrai business model.

    Business model (mode opérationnel) : censé transformer un service gratuit en pièces sonnantes et trébuchantes, il se présente généralement comme une plate-forme où des internautes (Facebook, Twitter), passagers (Uber), voyageurs (Airbnb), auditeurs (Spotify, Deezer) ou prêteurs (LendingClub) sont mis en relation avec des annonceurs, chauffeurs, logeurs, maisons de disques ou emprunteurs. Exception : des unicorns industrielles (Tesla, GoPro) emploient un modèle plus classique. Certaines unicorns (Snapchat, Magic Leap) cherchent toujours le leur, ce qui les empêche de monetize leur activité.

    Monetize (monétiser) : à ne pas confondre avec « rentabiliser » ! Car on a beau traduire son activité en chiffre d’affaires, celui-ci n’est pas synonyme de profits. Hors Facebook, exception qui confirme la règle, peu d’unicorns sont véritablement rentables. Naguère surnommée « la nouvelle Facebook », Twitter s’enfonce toujours dans le rouge. Déficitaire de 470 millions de dollars en 2014 et de 1,27 milliard au premier semestre 2016, Uber est champion de la perte opérationnelle. Montent également au podium Airbnb et Tesla. En Europe, le suédois Spotify, le français Deezer et l’allemand Rocket ne sont pas en reste. Conséquence inéluctable de ces flots d’encre rouge : un énorme cash burn.

    Cash burn (consumation de liquidités) : carburant d’une croissance déficitaire, ces fonds partent en fumée. UberChina, avant de jeter l’éponge face à son rival chinois, perdait 1 milliard par an. Dans l’attente de son rachat par Tesla, Solar City (panneaux solaires) brûle 6 dollars pour chaque dollar de revenu. Heureusement, il existe un moyen d’éteindre le feu : le cash out.

    Cash out (décaissement) : exercice qui, conjugué à une levée de fonds, permet aux fondateurs, aux backers et aux dirigeants dotés de stock options de monétiser, moyennant dilution, leurs parts. Pour ce faire, lancer une IPO (introduction en Bourse) était le parcours indiqué. Mais, échaudés par les unicorns s’envolant lors de l’IPO pour plonger ensuite en dessous de la mise à prix, les investisseurs boudent et les IPO se tarissent. Faute d’une IPO, l’unicorn enchaînera les tours de table, sollicitant, contre participation, de l’argent frais, dont une partie finira dans la poche des ayants droit. Sinon, elle pourra se vendre à un géant technologique craignant que la start-up ne l’éclipse un jour (Google/YouTube, Facebook/Instagram), ou alléché par d’éventuelles synergies (Microsoft/LinkedIn), ou cédant au chantage de la start-up qui, vendant à perte sans payer de TVA, lui soutire des parts de marché (Walmart/Jet.com). Mais pour optimiser sa cash-out stratégie, rien ne vaut le creative accounting.

    Creative accounting (comptabilité créatrice) : quitte à publier des résultats conformes aux normes comptables, une unicorn peut aussi communiquer sur une version enjolivée non conforme. Ainsi, Lending Club avait annoncé des bénéfices de 56,8 millions de dollars... et une perte de 5 millions selon les normes. Manipulation qui n’abusera que les initiés imbus de la crédulité symptomatique d’un Ponzi scheme.

    Ponzi scheme (pyramide de Ponzi) : locution apte à qualifier la cinquième bulle, où la haute technologie est mise au service non pas d’une rentabilité pourvoyeuse d’emplois, mais de l’élaboration d’expédients permettant le cash out avant le souffle fatidique du krach...

    • La haute technologie n’était déjà plus pourvoyeuse d’emplois dès la première bulle évoquée, mais il est vrai que cela devient de plus en plus évident avec chaque nouvelle étape

      cf. https://seenthis.net/messages/541433#message549597 et https://seenthis.net/messages/541433#message550356

      Comment expliquer alors la (très) forte valorisation des GAFAM ? Justement par le fait qu’ils opèrent dans la phase renversée du capitalisme où la création de valeur a été remplacée par sa simulation comme moteur de l’économie (y compris « réelle »). Leur valorisation n’est pas le reflet de leur capacité à produire de la valeur, mais à être des « porteurs d’espoirs » pour la production de titres financiers. Cette production doit toujours en effet avoir un point de référence dans « l’économie réelle » (Un indice quelconque corrélé à un espoir de production de valeur et projeté dans le futur). Dans le cas des plateformes numériques, ce point de référence, c’est l’accumulation permanente de données dont tous les acteurs de la sphère financière s’accorde à dire qu’elles sont les ressources pour de futures activités marchandes. Certes, ces activités seront marchandes, mais la quantité de valeur qu’elles produiront sera toujours décevante et il faudra donc se projeter encore dans de nouvelles simulations...

  • Pourquoi les commentateurs commentent-ils sur le Web ?
    http://lemonde.fr/big-browser/article/2016/11/30/troller-debattre-ou-se-repeter-pourquoi-commenter-un-article-en-ligne_504099

    A travers un questionnaire rempli par 8 500 personnes, FiveThirtyEight dresse le portrait de ses commentateurs et de leurs motivations, un travail qui ne saurait être représentatif de l’ensemble d’Internet, mais dans lequel on trouve des pistes familières :

    19 % d’entre eux interviennent pour « corriger une erreur ».
    18 % pour « ajouter quelque chose à la conversation ».
    10 % pour « donner leur perspective personnelle ».
    Certains articles déclenchent plus de commentaires que d’autres, et il semble presque impossible, en tout cas empiriquement, de savoir à l’avance si un article va inspirer les commentateurs. FiveThirtyEight a donc demandé aux lecteurs quelles étaient les circonstances dans lesquelles ils avaient le plus de chance de commenter.

    => https://fivethirtyeight.com/features/we-asked-8500-internet-commenters-why-they-do-what-they-do
    [Sont-ce les mêmes qui répondent aux questionnaires sur Internet ?]

    Dans 55 % des cas, c’est quand ils « savent quelque chose sur le sujet qui n’était pas dans l’article », et 41 % lorsqu’ils « s’identifient au sujet abordé ». Sans surprise, les lecteurs ont donc tendance à s’engager dans la « conversation » quand le sujet les concerne ou qu’ils ont l’impression d’avoir quelque chose de nouveau à apporter.

    #commentaires #forum #conversation #CM

  • Les #algorithmes de la #surveillance israélienne en Cisjordanie
    http://lemonde.fr/international/article/2016/11/25/les-algorithmes-secrets-de-la-surveillance-israelienne-en-cisjordanie_503799

    Selon plusieurs sources interrogées par Le Monde, l’#armée israélienne dispose d’un système de détection du risque et de prévention reposant sur des algorithmes. Il a été perfectionné depuis un an. « Tout dépend des impératifs du moment, explique un responsable de l’appareil sécuritaire. Les critères de recherche changent si l’on s’intéresse aux “loups solitaires” ou aux groupes armés locaux, qui, eux-mêmes, se divisent entre Hamas et djihadistes salafistes. Ce système émet plusieurs alertes par jour. Il aide au processus de décision, mais l’ordinateur ne remplace pas l’agent de renseignement. » Selon ce responsable, « plusieurs centaines d’attaques ont pu être ainsi évitées, même si on ne peut être sûr à 100 % que toutes les personnes interpellées allaient commettre une attaque imminente ».

    Ce système est conçu comme une pyramide à trois étages. A la base figure la quasi-totalité des Palestiniens de Cisjordanie (environ 2 millions, sur un total de 2,9 millions d’individus). Puis sont appliqués des critères démographiques et géographiques permettant d’affiner les recherches. Au deuxième niveau se trouvent tout au plus quelques dizaines de milliers de personnes. Au troisième et dernier niveau, il y a les individus considérés à hauts risques, suivis pas à pas, voire neutralisés au plus vite. C’est à ce stade que leur identité complète apparaît. « L’algorithme est créé pour scanner cette population sur la base d’informations administratives, en provenance d’Internet, du renseignement humain classique et de signaux téléphoniques, explique une source familière de ce dispositif. Parfois, il s’agit de données pures, sans signification en soi, qu’il faut croiser. C’est comparable, dans le secteur privé, à l’application #Waze qui propose au conducteur un itinéraire dans la circulation. »

    #silicon_army cc @opironet

  • Et si on arrêtait avec les bulles de filtre ? – L’image sociale
    http://imagesociale.fr/3666
    Le Monde n’est pas plus objectif que Facebook, explique André Gunthert, dans une critique de l’aveuglement de la presse au lendemain de l’élection de Trump.

    Plutôt que de bulles, indépendantes et forcément étanches, la dynamique des réseaux sociaux produit des essaims informationnels perméables, orientés par les préférences et les affinités, mais toujours susceptibles d’être traversés par les impulsions virales, la contagion du LOL ou la sérendipité du web. Habités par la conviction de l’universel, les vieux médias découvrent avec frayeur les îlots minoritaires et la fragmentation communautaire, sans s’apercevoir qu’ils ne sont eux-mêmes pas moins polaires, relatifs et bornés. En réalité, c’est à une nouvelle pensée du divers qu’invite la conversation en ligne, faite de mobilisations ponctuelles et de repositionnements instantanés, reflet d’une société de moins en moins fondée sur des logiques d’appartenance, avec laquelle il va bien falloir apprendre à composer.

  • Mes années Boum : une enquête algérienne
    https://www.franceculture.fr/histoire/mes-annees-boum-une-enquete-algerienne

    « Mon père a été assassiné quand j’avais deux ans. Ni ma famille ni moi ne savons ce qui s’est réellement passé. » Une enquête à suspens, entre la #France et l’#Algérie d’aujourd’hui, sous le regard du président Boumédiene. Sept épisodes à podcaster dès maintenant !

    A rapprocher du récent « De guerre en fils » https://seenthis.net/messages/533187

    Du #documentaire (et des #podcasts) comme on les kiffe bien.