• Marche pour Adama Traoré : une procédure engagée contre sa sœur, l’un de ses frères interpellé
    https://www.bfmtv.com/police-justice/en-direct-mort-de-nahel-et-d-adama-traore-des-marches-de-deuil-et-colere-cont

    Une policière va déposer plainte pour violences contre les forces de l’ordre à l’encontre du frère d’Adama Traoré, a-t-on appris de sources concordantes, ce samedi.

    Deux personnes ont été interpellées, dont Youssouf Traoré, le frère d’Adama Traoé, au rassemblement parisien, en marge de la dispersion pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, selon la préfecture de police de Paris.

    "Le frère d’Adama arrêté c’est une honte. Il n’y avait aucune raison. Tout se passait très bien. La manifestation était en train de se disperser dans le calme à l’appel d’Assa Traore. J’étais à proximité rien ne justifie ce qui s’est passé", a réagi la députée Nupes de Paris Sandrine Rousseau.

    edit placage ventral, de Youssouf Traoré, selon les moments, deux ou trois flics de la #Brav_M sur le dos


    lors de sa GAV, il a été transféré à l’hosto sur un brancard

    #police #vérité_et_justice_pour_Adama_Traoré #Youssouf_Traoré

  • Le Canard enchaîné sur Twitter : « Pour dissimuler la pollution au lisier de porc sur les plages, l’Agence régionale de santé de #Bretagne a transmis pendant des années des données bidon à l’autorité européenne chargée du classement des eaux de baignade… Amis vacanciers, bienvenue ! » / Twitter
    https://twitter.com/canardenchaine/status/1677203339530981376

  • Y a quand même pas à tortiller du cul pour chier droit : l’info (de qualité) qu’il nous faut, c’est sur les « réseaux sociaux » gouvernementaux ...

    Mort de Nahel à Nanterre : ce que l’on sait de la synthèse des premiers éléments de l’enquête
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/adolescent-tue-par-un-policier-a-nanterre/mort-de-nahel-a-nanterre-ce-que-l-on-sait-des-premiers-elements-de-l-en

    Le policier suspect connu pour exhibition sexuelle

    Quant au principal suspect dans la mort de Nahel, « son casier judiciaire ne porte mention d’aucune condamnation. Il est connu (...) en tant qu’auteur pour exhibition sexuelle le 7 janvier 2023 en forêt de Chauvry, dans le Val-d’Oise, et est cité comme victime à seize reprises » . Lors du contrôle routier, le policier n’était ni positif à l’alcool, ni aux stupéfiants.

    Bon, ok, ce n’était qu’une « synthèse ».

    • il y a un truc que je ne comprends pas :
      Le principal suspect dans la mort de Nahel ; c’est bien le policier flingueur, ok ?
      Aucune mention au casier judiciaire mais il est cependant connu en tant qu’ auteur pour exhibition sexuelle, etc. Ça veut dire quoi ici « auteur » ? Parce que moi je comprends qu’en l’occurrence, l’exhibitionniste c’est lui, non ?
      Et après, je lis qu’il est cité à 16 reprises comme victime. Ce que je lis veut dire qu’il est victime de ses propres exhibitions sexuelles. Euh ... Non, y a un truc qui va pas.

    • Sinon, je viens de passer chez BFM (vite fait, 2 minutes, sinon mon « erdoganomètre » crépite de ouf)
      j’ai un cerveau lent parce que je viens de comprendre un truc en écoutant l’animateur : à savoir que, sondage à l’appui, le gars il t’assène sans sourciller que « les Français » et bien, ils sont tout de même 59 % favorables à un durcissement de la loi immigration. Et comme de juste, à chaque fois qu’un flicaillon défouraille, et bien ça pourrait bien remettre un jeton dans la machine « émeutes » et du coup, ça pourrait vite monter dans les tours concernant le durcissement à l’encontre de l’immigration. Merdre ! Vous croyez qu’ils sont aussi tordus que ça les raclures qui sont aux manettes ou c’est moi qui psychote ?

    • La « publication » Oise Hebdo publie des informations personnelles mettant en danger la vie de la famille du policier en détention. Malgré nos demandes de retrait de ce contenu irresponsable, celle-ci persiste. Je saisis le procureur de la République.

      @GDarmanin

      le contrôle des RS

      Le policier qui a tué Nahel à Nanterre s’appelle Florian Menesplier et vit à Bornel dans l’Oise - Oise Hebdo
      https://www.oisehebdo.fr/2023/07/06/policier-tue-nahel-nanterre-florian-menesplier-bornel

      Le policier qui a ouvert le feu sur Nahel, ce mineur de 17 ans qui a refusé d’obtempérer lors d’un contrôle routier, s’appelle Florian Menesplier. Il vit dans la commune de Bornel, au Sud de Beauvais. Cet homme est âgé de 38 ans. Florian Menesplier est un ancien militaire. Il est originaire du Sud-Ouest de la France et passé la plus grande partie de sa scolarité à Saint-Denis-de-Pile, à Libourne et à Bordeaux en Gironde.

      Militaire, il a servi en Afghanistan

      Il a notamment servi au sein du 35ème régiment d’infanterie basé à Belfort, comme on peut le lire sur le site Copains d’avant. Le média allemand Frankfurter Allgemeine rapporte que le jeune homme a servi en Afghanistan.

      Au moment de la crise des gilets jaunes, il était gardien de la paix. Et le 5 mai 2021, le préfet de police de Paris de l’époque (Didier Lallement) lui décerne une distinction. Le jeune gardien de la paix se voit alors remettre la médaille de bronze « pour actes de courage et de dévouement ». Il était alors affecté à la Direction de l’ordre public et de la circulation.

      Il était passé par la BRAV-M et la CSI-93, deux unités au centre de l’actualité

      Marié et père d’un enfant, Florian Menesplier travaillait depuis le mois de septembre comme brigadier dans les Hauts-de-Seine, rapporte le média 20 Minutes. Il était affecté à la compagnie territoriale de circulation et de sécurité routière des Hauts-de-Seine. Mais avant de rejoindre ce poste, le policier est passé par les unités de la préfecture de police de Paris dont les modes d’intervention ont fait débat. C’est ce que révèle le journal Libération, qui indique qu’il a aussi fait un passage par la #Brav-M (brigade de répression des actions violentes motorisée ou encore par la CSI-93 (Compagnie de sécurisation et d’intervention) toujours comme motard.

      La BRAV-M avait été créée en 2019 pour faire face au mouvement des Gilets jaunes. Ses membres ont pour missions de disperser les regroupements, selon un emploi de la force gradué et proportionné, et procéder à un maximum d’interpellations. Leurs interventions ont été régulièrement critiquées pour leur violence.

      Quant à la #CSI-93, elle aussi est régulièrement montrée du doigt pour ses méthodes. Depuis 2017, elle aurait fait l’objet de 17 enquêtes, rapporte le média StreetPress.

      #Nahel #police

    • L’article 39 sexies de la loi de 1881 n’interdit pas de divulguer l’identité de Florian Menesplier
      https://www.oisehebdo.fr/2023/07/07/larticle-39-sexies-de-la-loi-de-1881-ninterdit-pas-de-divulguer-lidentite-

      La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse a prévu des limites à cette liberté de la presse. Son article 39 sexies, qui ne date pas de 1881 mais de 2011, fixe de façon limitative la liste des fonctionnaires de police et militaires de la gendarmerie nationale qui ont droit à l’anonymat. Le policier Menesplier, impliqué dans la mort de Nahel Merzouk, à Nanterre, le 27 juin, n’est pas inclus dans cette liste. Il n’est pas concerné par cette loi.

      C’est qu’en France, suite à la révolution française et au rôle phare qu’a tenu notre nation pour brandir le flambeau des droits de l’homme, la liberté de la presse est la règle générale. Les atteintes à cette liberté ne peuvent être qu’exceptionnelles et strictement limitées.

  • Libé People : Le policier qui a tué Nahel, un ancien de la Brav-M et de la CSI 93 | Libé | 05.07.23

    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/le-policier-qui-a-tue-nahel-un-ancien-de-la-brav-m-et-de-la-csi-93-202307

    Florian M. a occupé plusieurs postes de motard dans les services les plus problématiques de la préfecture de police de Paris. Mais il ne fait a priori l’objet d’aucune procédure disciplinaire et semble très apprécié de sa hiérarchie.
    [...]
    le brigadier de 38 ans est placé en détention provisoire, et mis en examen pour homicide volontaire. Comme tout mis en cause, il demeure présumé innocent.
    [...]
    Florian M. a servi plusieurs mois comme motard dans la Brigade de répression de l’action violente motorisée, la fameuse Brav-M. Il rejoint cette unité décriée peu après sa création, le 1er octobre 2020. [...] [avant ça, ] Le motard [avait] rejoint la CSI 93 à l’été 2018. Le 30 mai 2019, devant une épicerie à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), il participe à une intervention qui mène à l’ouverture d’une vaste enquête et à la condamnation de plusieurs de ses collègues. Des images captées par la vidéosurveillance du commerce permettaient notamment de découvrir que l’un des agents avait jeté un sachet aux pieds d’un homme contrôlé, puis l’avait ramassé et brandi. Selon la victime, ce sac contenait du cannabis. [...] Auditionné par l’Inspection générale de la police nationale, Florian M. avait affirmé ne rien savoir des pratiques de ses camarades de la CSI 93 : « On fait beaucoup d’assistance aux collègues et on ne sait pas toujours ce qui s’est passé. »

    Florian M. ne fait l’objet, à notre connaissance, d’aucune procédure disciplinaire pour des faits commis quand il était à ce poste. Au contraire, c’est plutôt le parcours d’un policier très apprécié de sa hiérarchie qui se dessine, au vu de ses décorations. En mai 2021, il reçoit une médaille de bronze pour « actes de courage et de dévouement », de la part de Didier Lallement, alors préfet de police de Paris. [...] Le Figaro fait aussi état de « huit lettres de félicitations ». Cette décoration lui avait déjà été décernée quelques mois plus tôt par Didier Lallement ainsi qu’à plusieurs autres policiers des compagnies d’intervention.

  • Frontière franco-italienne : une « borderforce » pour aggraver les dangers de la traversée et les violations des droits des personnes exilées ?

    Le gouvernement a annoncé la mise en place d’une « border force » à la #frontière_franco-italienne, à partir du 1er juillet dans les Hautes-Alpes selon le préfet de ce département. Son seul effet risque d’être l’aggravation des dangers et des atteintes aux droits des personnes exilées qui tentent de la franchir, alors qu’une quarantaine y sont mortes ou disparues en moins de 10 ans.

    Nos associations demandent aux autorités de cesser les pratiques illégales à cette frontière et de proposer enfin aux personnes exilées un accueil digne, permettant notamment aux mineur·es isolé·es d’être pris.es en charge et protégé·es et aux personnes venues chercher refuge de déposer leur demande d’asile.

    Depuis 2015, les autorités françaises n’ont cessé de renforcer les contrôles à la frontière franco-italienne. Police aux frontières, CRS, gendarmes mobiles, forces militaires « Sentinelle » : la frontière est sous haute surveillance. Cette nouvelle border force, dont les contours restent flous, devrait conjuguer des moyens de sécurité intérieure, des douanes et des militaires et donc encore augmenter le nombre de forces de l’ordre à la frontière.

    Des violations systématiques des droits des personnes exilées

    Sur ces territoires frontaliers, des personnes exilées sont interpellées chaque jour puis renvoyées vers l’Italie par les autorités françaises depuis des années. Ces refoulements se font au mépris des droits fondamentaux et de la dignité des personnes. Aucune mesure de contrôle, d’interpellation, de privation de liberté et de renvoi ne devrait pouvoir s’affranchir du cadre juridique national, européen et international.

    Or nos associations - présentes sur ces territoires depuis 2017 aux côtés des acteurs locaux - constatent des violations systématiques des droits fondamentaux des personnes exilées tout le long de la frontière franco-italienne : contrôles discriminatoires, absence de respect des procédures à la frontière, impossibilité de demander l’asile, enfermement arbitraire, refoulements de mineur·es isolé·es, etc.
    Refoulements aux frontières

    Lors d’une mission d’observation, à #Modane et #Montgenèvre, au nord de la frontière franco-italienne, nos associations ont constaté une trentaine d’interpellations les 19, 20 et 21 juin derniers et des refoulements vers l’Italie sans respect des procédures. Une famille composée d’un couple et de deux enfants, venant d’Afghanistan, a témoigné avoir expliqué aux policiers, lors de leur interpellation en gare de Modane alors qu’ils arrivaient depuis le sud de l’Italie après avoir traversé la Méditerranée, vouloir demander l’asile en Allemagne pour rejoindre une partie de leur famille. Sans examen de cette demande et donc en violation de leurs droits, ils ont dû signer un “refus d’entrée” et ont été renvoyés en Italie une heure plus tard.

    A #Menton, les personnes sont refoulées de manière expéditive vers #Vintimille, où les demandeur·ses d’asile doivent attendre six mois pour obtenir un premier enregistrement de leur demande et un accès à un hébergement. En attendant, elles doivent survivre dans la rue dans des conditions indignes. En juin 2023, deux hommes exilés à la rue sont décédés à Vintimille, noyés dans l’embouchure de la Roya. En janvier 2023, une personne est morte électrocutée sur le toit d’un train entre Vintimille et Nice. Ces drames se sont ajoutés à la longue liste des plus de 40 personnes exilées mortes et disparues à cette frontière depuis 2015, victimes d’accidents sur l’autoroute, d’électrocution sur les trains ou encore d’hypothermie en montagne.

    A #Briançon, les personnes qui parviennent à franchir la frontière à travers les montagnes sans être refoulées sont abandonnées à la rue par les autorités, laissant toute la responsabilité de l’accueil aux associations solidaires locales. Le #Refuge_Solidaire, qui pallie cette carence de l’Etat, est régulièrement suroccupé, ce qui met les personnes exilées et les associations qui les accompagnent en grande difficulté.

    Après un parcours migratoire souvent éprouvant, les personnes devraient pourtant être accueillies dans le respect de leurs droits au lieu d’être simplement renvoyées en Italie.

    Nos associations alertent les autorités sur ces situations qui causent de graves conséquences pour les personnes exilées et leurs soutiens, et demandent à ce que le droit national, européen et international soit enfin respecté à la frontière franco-italienne. La seule réponse par l’augmentation des effectifs de forces de l’ordre à travers la border force ne permettra pas d’atteindre cet objectif.

    https://www.amnesty.fr/presse/le-gouvernement-a-annonce-la-mise-en-place-dune-

    #frontière_sud-alpine #Alpes #Italie #France #militarisation_des_frontières #borderforce #border_force #Hautes-Alpes #Briançonnais #Briançon

  • Emeutes urbaines : le recours aux unités d’élite de la police et de la gendarmerie, une stratégie inédite et « assumée »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/03/emeutes-urbaines-le-recours-aux-unites-d-elite-de-la-police-et-de-la-gendarm

    Deux jours après la mort de Nahel M., 17 ans, tué d’une balle à bout portant par un policier à l’occasion d’un contrôle routier, personne ne s’attendait à voir mobilisés les effectifs de cette prestigieuse unité [la BRI], ni ceux du RAID (Recherche, assistance, intervention, dissuasion), du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) et de leurs antennes locales, davantage rompus aux prises d’otages et à l’interception de « go fast » qu’à la gestion des « VU » – les violences urbaines.

    Oubliées, les consignes de retenue données lors des premiers affrontements. Avec la multiplication de scènes de pillage et d’extrême violence, les images accablantes du contrôle routier qui a coûté la vie au jeune Nahel M. ont disparu des écrans en quelques heures, au profit de séquences apocalyptiques, avenues en flammes, centres commerciaux dévalisés, gerbes des mortiers d’artifice tirés contre des bâtiments publics.
    Depuis la place Beauvau, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a compris que l’opinion se retournait, que le risque d’un procès en incompétence – pire à ses yeux : en laxisme – excédait désormais celui, pourtant bien réel, d’une nouvelle bavure. Politiquement, il a aussi estimé avoir les coudées franches. Contrairement à un Nicolas Sarkozy empêtré dans ses mensonges après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, deux adolescents électrocutés après une course-poursuite avec des policiers, en octobre 2005, n’a-t-il pas jugé « extrêmement choquantes » les images du contrôle routier mortel de Nanterre, filmées par une passante et devenues virales ?

    « Démonstration de force »

    Le ton et la méthode changent. « Des instructions d’intervention systématiques ont été données aux forces de l’ordre », tweete-t-il le jeudi 29 juin. Le matin même, dans le cadre du dispositif Coordination opérationnelle renforcée dans les agglomérations et les territoires, une première décision a autorisé les pelotons de sécurité et d’intervention de la gendarmerie à agir en zone police. Puis est venue celle d’engager sur le terrain les unités d’élite de la police et de la gendarmerie. Pour une « démonstration de force totalement assumée et revendiquée, affirme l’entourage du ministre, avec un double objectif opérationnel et psychologique ».

    Il s’agit de reprendre l’initiative en bousculant les émeutiers, loin de la stratégie habituelle du maintien de l’ordre, qui consiste théoriquement à tenir les manifestants à distance. Les blindés du RAID et de la BRI sont engagés au plus près des affrontements.

    https://justpaste.it/9tr69

    #Nahel #révoltes #maintien_de_l'ordre #BRI #RAID #GIGN

  • Le Maire, Mussolini et le musée

    En Italie, le maire #Giorgio_Frassineti estime que l’éducation est aujourd’hui le seul moyen de combattre l’#héritage du #fascisme. À #Predappio, sa ville, qui est aussi la ville natale de #Mussolini devenue une destination de #pèlerinage_fasciste, il veut créer un #musée sur le fascisme. Son successeur à la mairie poursuivra-t-il ce combat ?

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/67258
    #film #film_documentaire #documentaire

    #néo-fascisme #Casa_del_Fascio #urbanisme #mémoire #histoire #Braunau_am_Inn #négation #Berghof #Munich

  • Tu m’appartiens ! - Racines d’un #féminicide

    À Hanovre, Vanessa a subi une attaque à l’#acide de son ex-petit ami ; à Berlin, Rebeccah a succombé aux #coups_de_couteau de son compagnon ; à Mérignac, près de Bordeaux, Chahinez a été #brûlée_vive par l’homme dont elle voulait se séparer... Partout en Europe, les #féminicides se succèdent et se ressemblent. En Espagne, le gouvernement a créé des tribunaux spécialisés dans les affaires de #violences_sexistes. À Barcelone, à l’été 2021, un garçon de 2 ans, Léo, est tué par son père, lequel a cherché à se venger de la mère de l’enfant dans un contexte de #divorce. Depuis cette affaire, le pays considère ce type d’#infanticide comme un #féminicide_par_procuration. En France, les violences faites aux femmes, déclarées « grande cause du quinquennat » par Emmanuel Macron, ne diminuent pas, et les défaillances de la #justice continuent d’indigner la population. Près d’une femme sur cinq morte sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint avait ainsi porté #plainte avant le drame. Outre-Rhin, le terme « féminicide » n’est pas encore véritablement entré dans le vocabulaire, et le fait qu’une femme ait voulu se séparer de son compagnon peut encore contribuer à atténuer la peine de l’homme devant un tribunal.

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/65344_0

    #film #documentaire #film_documentaire
    #séparation #violences_conjugales #impunité #justice #machisme #crime_machiste #patriarcat #possession #tolérance #convention_d'Istanbul #VioGén #algorithme #contrôle #menaces #responsabilité #protection

  • Le film « Les algues vertes » de Pierre Jolivet d’après la BD d’Inès Léraud sur le phénomène en Bretagne
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-jeudi-29-juin-2023-9333268

    Le film « Les Algues vertes » a été tourné dans les Côtes d’Armor, caméra à l’épaule de Pierre Jolivet. Le réalisateur raconte : « J’ai dû tourner comme ça, car j’ai quand même fait pas mal de films, mais c’est la première fois qu’on m’interdit de tourner, en me disant : « On ne veut plus qu’on parle des algues vertes ». Je leur disais, mais je vais faire ce film. On est remonté jusqu’à la préfecture qui m’a conseillé le droit d’usage que je connaissais : le droit de tourner caméra à l’épaule où vous voulez, à condition de ne pas poser votre pied de caméra, à condition de ne pas installer de travelling. Il n’y avait pas de places réservées pour les voitures… Comme j’étais avec des jeunes techniciens bretons très motivés, ces interdictions nous ont galvanisés… On ne pouvait pas tourner dans la déchetterie où est mort Thierry Morfoisse en 2009, mais suite à des manifestations, cela a été possible ! »

  • La recette des futures révoltes à la Parisienne Marc Vandepitte - De Wereld Morgen

    À la suite de la mort de Nahel, un jeune de 17 ans abattu à bout portant lors d’un contrôle policier, la France s’embrase. Mais cela n’a rien d’étonnant. Tous les ingrédients étaient réunis pour que le cocktail explose. Marc Vandepitte nous livre la recette des révoltes à la parisienne.

    Quelle est la recette des révoltes de Paris ?
    Ingrédients :

    6 (ou plus) groupes ethniques importés, mais ostracisés ,

    2 tasses de pauvreté et de privation,

    1 tasse de système éducatif défaillant,

    quelques tranches d’austérité,

    200 gr. des salaires trop bas,

    2 tasses de chômage,
    
3 cuillerées de rêves brisés,

    2 grosses cuillerées de racisme et de discrimination,
    
250 gr. de harcèlement et de brutalité policière

    Mélangez la pauvreté, le racisme, le harcèlement et la brutalité policière dans un bol et laissez reposer.
Dans un autre bol, mélangez le système éducatif défaillant et les salaires beaucoup trop bas jusqu’à ce qu’ils soient bien liés. Laissez reposer.
Utiliser les tranches d’austérité pour entortiller systématiquement les services sociaux et culturels.

    Dans un grand bol, battez les groupes ethniques jusqu’à ce qu’ils soient complètement agités.
Dans tous les cas, veillez à ce que ces groupes aient peu d’opportunités sur le marché du travail.
Assaisonnez le tout d’une couverture médiatique très négative.

    Ajoutez à cela le mélange d’éducation défaillante et de bas salaires, puis le mélange de pauvreté, de racisme et de harcèlement policier.
Ajoutez ensuite l’austérité et les rêves brisés et remuez jusqu’à ce que le tout soit bien mélangé.

    Laissez le tout derrière vous pour qu’il s’agglutine dans les quartiers défavorisés de Paris. Fournir à certains quartiers une pincée savoureuse d’opulence inaccessible.

    Enfin, réchauffez le tout à l’aide d’une campagne de droite musclée attisée par les politiciens.
Fermez les yeux sur la brutalité policière, le harcèlement et le racisme, pour que tout fermente et qu’un mort s’ensuive.
L’indignation, la colère et la frustration peuvent alors faire déborder le couvercle.

    L’ensemble a une longue durée de vie et peut facilement être adapté à d’autres villes.

    #France #violences_policières #EnMarche #police #répression #brutalité #violences #violence #racisme #pauvreté #révoltes

    Source : https://www.investigaction.net/fr/la-recette-des-futures-revoltes-a-la-parisienne 
    Source d’inspiration : R. Meyer, in Bertell Ollman, How 2 Take an Exam … & Remake the World, Black Rose Books, Canada, 2001, p. 70. _
     

  • PAM présente le documentaire : Lucas Santtana, le paradis (c’est ici)
    https://pan-african-music.com/lucas-santtana-le-paradis-cest-ici

    Dans un voyage émouvant sur sa terre natale, le chanteur brésilien Lucas Santtana médite, à la veille d’élections historiques, sur l’état de son pays et de notre planète, qui soumet les plus faibles au nom du « progrès », massacrant le seul paradis que nous ayons, la terre.

    https://www.youtube.com/watch?v=HdVfF2Q_Olk

    #musique #documentaire #Lucas_Santtana #Brésil

    et Montpellier pour @arno puisque ya dla célébrité

  • [La Juriclik] Tout ce que tu peux faire après tes secondaires
    https://www.radiopanik.org/emissions/la-juriclik/tout-ce-que-tu-peux-faire-apres-tes-secondaires

    L’année scolaire se termine et pour certains cela marque la fin des #études_secondaires. On s’est donc dit que c’était le bon moment pour faire le point sur toutes les possibilités qui s’ouvrent aux #jeunes une fois qu’ils quittent l’école.

    Études supérieures, formations, #emploi, #année_sabbatique, #voyage, service citoyen... les opportunités ne manquent pas. On décrotique donc les différents parcours possibles et tous les impacts qu’ils entraînent, notamment au niveau des #droits_sociaux (allocations familiales, #chômage, #job_étudiant).

    Dans cette émission on aborde principalement :

    → Les études supérieures

    Quand s’inscrire, quelles études, quels diplômes, etc.

    → Les possibilités en termes de formations

    La #promotion_sociale, le #jury_central, l’alternance, #bruxelles_formation, etc.

    → Le (...)

    #stage #université #allocations_familiales #alternance #efp #information_jeunesse #bachelier #master #diplome #allocations_insertion #pause #stage_d'insertion #actiris #études_supérieurs #après_les_secondaires #travailler #haute_ecole #études_à_l'étranger #ifapme #crédits #jeunes,stage,chômage,emploi,voyage,université,allocations_familiales,job_étudiant,promotion_sociale,alternance,efp,information_jeunesse,jury_central,bachelier,master,droits_sociaux,diplome,allocations_insertion,pause,bruxelles_formation,stage_d’insertion,actiris,études_supérieurs,après_les_secondaires,travailler,haute_ecole,études_secondaires,études_à_l’étranger,année_sabbatique,ifapme,crédits
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/la-juriclik/tout-ce-que-tu-peux-faire-apres-tes-secondaires_16164__1.mp3

  • High-alumina refractory bricks are made from bauxite or kaolinitic clays. The definition of high-alumina refractory bricks contains between 50 and 87.5 percent alumina. They are much harder and tougher than fireclay refractories at high temperatures and in basic environments. In addition, high-alumina refractory bricks exhibit better volume stability and abrasion resistance. High-alumina bricks are used in blast furnaces, blast-furnace stoves, liquid-steel ladles, etc.

    Application of High Alumina Bricks
    The high alumina bricks are mainly used in masonry in blast furnaces, hot blast furnaces, electric furnace roofs, blast furnaces, reflecting furnaces, and lining of rotary kilns. In addition, high alumina brick is widely used in open hearth furnace lattice brick, plugs used in casting systems, nozzle brick, etc. But the price of high alumina brick is higher than the clay brick, so we do not need high alumina brick when the clay brick can satisfy the demand.

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    #Refractory #Bricks #RefractoryBricks #HighAluminaBricks #HighAluminaRefractoryBricks

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    Application of High Alumina Bricks
    The high alumina bricks are mainly used in masonry in blast furnaces, hot blast furnaces, electric furnace roofs, blast furnaces, reflecting furnaces, and lining of rotary kilns. In addition, high alumina brick is widely used in open hearth furnace lattice brick, plugs used in casting systems, nozzle brick, etc. But the price of high alumina brick is higher than the clay brick, so we do not need high alumina brick when the clay brick can satisfy the demand.

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  • Le nombre de personnes tuées par un tir des #forces_de_l’ordre a doublé depuis 2020

    Année après année, la liste des tués par les forces de l’ordre ne cesse d’augmenter. Trop souvent, la thèse de la légitime défense ou du refus d’obtempérer ne supporte pas l’analyse des faits. Basta ! en tient le terrible mais nécessaire décompte.

    « Je vais te tirer une balle dans la tête », lance le « gardien de la paix », braquant son arme sur la vitre de la voiture à l’arrêt, avant que son collègue ne crie « Shoote- le ». Au volant, Nahel, un mineur de 17 ans qui conduit sans permis, démarre malgré tout. Le gardien de la paix met sa menace à exécution, tuant à bout portant l’adolescent. La scène se déroule ce 27 juin à Nanterre. Les agents ont plaidé la légitime défense arguant que le véhicule fonçait sur eux, ce que dément la vidéo de la scène. L’auteur du coup de feu mortel est placé en garde à vue. La famille de la victime s’apprête à déposer deux plaintes, l’une pour « homicide volontaire et complicité d’homicide », l’autre pour « faux en écriture publique ».

    Le drame déclenche la révolte des habitants du quartier d’où est originaire la victime. Deux semaines plus tôt c’est Alhoussein Camara qui est tué d’une balle dans le thorax par un policier, dans des conditions similaires près d’Angoulême. En 2022, on dénombrait treize morts lors de « refus d’obtempérer » par l’ouverture du feu des forces de l’ordre. Au delà des nouveaux drames de Nanterre et d’Angoulême, combien de personnes ont-elles été tuées par les forces de l’ordre, et dans quelles circonstances ?

    Les décès dus à une ouverture du feu des forces de l’ordre ont considérablement augmenté, avec respectivement 18 et 26 personnes abattues en 2021 et 2022, soit plus du double que lors de la décennie précédente. Cette augmentation amplifie la tendance constatée depuis 2015, lorsque le nombre de tués par balle a franchi le seuil de la dizaine par an. À l’époque, le contexte lié aux attaques terroristes islamistes a évidemment pesé, avec cinq terroristes abattus en 2015 et 2016 par les forces de sécurité.

    Le risque terroriste n’explique cependant pas l’augmentation des décès par balle en 2021 et 2022. Un seul terroriste potentiel a été tué en 2021 – Jamel Gorchene, après avoir mortellement poignardé une fonctionnaire administrative de police devant le commissariat de Rambouillet (Yvelines), le 23 avril 2021, et dont l’adhésion à l’idéologie islamiste radicale serait « peu contestable » selon le procureur chargé de l’enquête. Aucun terroriste ne figure parmi les 26 tués de 2022. Dans quelles circonstances ces tirs ont-ils été déclenchés ?
    Tirs mortels face à des personnes munis d’armes à feu

    Sur les 44 personnes tuées par balles en deux ans, un peu plus de la moitié (26 personnes) étaient armées, dont dix d’une arme à feu. Parmi elles, sept l’ont utilisée, provoquant un tir de riposte ou de défense des forces de l’ordre. Plusieurs de ces échanges de tirs se sont déroulés avec des personnes « retranchées » à leur domicile. L’affaire la plus médiatisée implique Mathieu Darbon. Le 20 juillet 2022, dans l’Ain, ce jeune homme de 22 ans assassine à l’arme blanche son père, sa belle-mère, sa sœur, sa demi-sœur et son demi-frère. Le GIGN intervient, tente de négocier puis se résout à l’abattre. En janvier 2021, dans une petite station au-dessus de Chambéry, un homme souffrant de troubles psychiatriques s’enferme chez lui, armé d’un fusil, en compagnie de sa mère, après avoir menacé une voisine. Arrivé sur place, le GIGN essuie des tirs, et riposte. Scénario relativement similaire quelques mois plus tard dans les Hautes-Alpes, au-dessus de Gap. Après une nuit de négociation, le « forcené », Nicolas Chastan est tué par le GIGN après avoir « épaulé un fusil 22 LR [une carabine de chasse, ndlr] et pointé son arme en direction des gendarmes », selon le procureur. L’affaire est classée sans suite pour légitime défense.

    Au premier trimestre 2021, le GIGN a été sollicité deux à trois fois plus souvent que les années précédentes sur ce type d’intervention, sans forcément que cela se termine par un assaut ou des tirs, relevait TF1. Le GIGN n’intervient pas qu’en cas de « forcené » armé. Le 16 avril 2021, l’unité spéciale accompagne des gendarmes venus interpeller des suspects sur un terrain habité par des voyageurs. Un cinquantenaire qui, selon les gendarmes, aurait pointé son fusil dans leur direction est tué.
    Arme à feu contre suspects munis d’arme blanche

    Parmi les 44 personnes tuées par arme à feu en 2021 et 2022, 16 étaient munis d’une arme blanche (couteau, cutter, barre de fer). Une dizaine d’entre elles auraient menacé ou attaqué les agents avant d’être tuées. Au mois de mars 2021, un policier parisien tire sur un homme qui l’attaque au couteau, pendant qu’il surveillait les vélos de ses collègues.

    La mort d’un pompier de Colombes (Hauts-de-Seine) rend également perplexes ses voisins. En état d’ébriété, il jette une bouteille vers des agents en train de réaliser un contrôle, puis se serait approché d’eux, muni d’un couteau « en criant Allah Akbar ». Il est tué de cinq balles par les agents. L’affaire est classée sans suite, la riposte étant jugée « nécessaire et proportionnée ». L’été dernier à Dreux, une policière ouvre mortellement le feu sur un homme armé d’un sabre et jugé menaçant. L’homme était par ailleurs soupçonné de violence conjugale.

    Dans ces situations, la légitime défense est la plupart du temps invoquée par les autorités. Cela pose cependant question lorsque la « dangerosité » de la personne décédée apparaît équivoque, comme l’illustre le cas de David Sabot, tué par des gendarmes le 2 avril 2022. Ses parents, inquiets de l’agressivité de leur fils, alcoolisé, alertent la gendarmerie de Vizille (Isère). Les gendarmes interviennent et tirent neuf balles sur David. Selon les gendarmes, il se serait jeté sur eux. Selon ses parents, il marchait les bras ballants au moment des tirs. « On n’a pas appelé les gendarmes pour tuer notre enfant », s’indignent-ils dans Le Dauphiné.

    Juridiquement, le fait que la personne soit armée ne légitime pas forcément l’ouverture du feu par les forces de l’ordre. Selon l’Article 122-5 du Code pénal, une personne se défendant d’un danger n’est pas pénalement responsable si sa riposte réunit trois conditions : immédiateté, nécessité, proportionnalité. « La question va se poser, s’il n’y avait pas moyen de le neutraliser autrement », indique à Var Matin « une source proche du dossier », à propos du décès d’un sans-abri, Garry Régis-Luce, tué par des policiers au sein de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, en août dernier. Sur une vidéo de la scène publiée par Mediapart, le sans-abri armé d’un couteau fait face à cinq policiers qui reculent avant de lui tirer mortellement dans l’abdomen. Sa mère a porté plainte pour homicide volontaire.

    De plus en plus de profils en détresse psychologique

    Plusieurs affaires interrogent sur la manière de réagir face à des personnes en détresse psychologique, certes potentiellement dangereuses pour elle-même ou pour autrui, et sur la formation des policiers, souvent amenés à intervenir en premier sur ce type de situation [1].

    Le 21 avril 2022, à Blois, des policiers sont alertés pour un risque suicidaire d’un étudiant en école de commerce, Zakaria Mennouni, qui déambule dans la rue, pieds nus et couteau en main. Selon le procureur de Blois, l’homme se serait avancé avec son couteau vers les policiers avant que l’un d’eux tire au taser puis au LBD. Son collègue ouvre également le feu à quatre reprises. Touché de trois balles à l’estomac, Zakaria succombe à l’hôpital. La « légitime défense » est donc invoquée. « Comment sept policiers n’ont-ils pas réussi à maîtriser un jeune sans avoir recours à leur arme à feu », s’interroge la personne qui a alerté la police. Une plainte contre X est déposée par les proches de l’étudiant, de nationalité marocaine. Sur Twitter, leur avocat dénonce une « enquête enterrée ».

    Près de Saint-Étienne, en août 2021, des policiers interviennent dans un appartement où Lassise, sorti la veille d’un hôpital psychiatrique, mais visiblement en décompression, a été confiné par ses proches, avant que sa compagne n’appelle police secours. Ce bénévole dans une association humanitaire, d’origine togolaise, aurait tenté d’agresser les policiers avec un couteau de boucher, avant que l’un d’eux n’ouvre le feu.

    Pourquoi, dans ce genre de situation, les policiers interviennent-ils seuls, sans professionnels en psychiatrie ? Plusieurs études canadiennes démontrent le lien entre le désinvestissement dans les services de soins et la fréquence des interventions des forces de l’ordre auprès de profils atteintes de troubles psychiatriques. Une logique sécuritaire qui inquiète plusieurs soignants du secteur, notamment à la suite de l’homicide en mars dernier d’un patient par la police dans un hôpital belge.
    Le nombre de personnes non armées tuées par balles a triplé

    Le nombre de personnes sans arme tombées sous les balles des forces de l’ordre a lui aussi bondi en deux ans (5 en 2021, 13 en 2022). C’est plus du triple que la moyenne de la décennie précédente. Cette hausse est principalement liée à des tirs sur des véhicules en fuite beaucoup plus fréquents, comme l’illustre le nouveau drame, ce 27 juin à Nanterre où, un adolescent de 17 ans est tué par un policier lors d’un contrôle routier par un tir à bout portant d’un agent.

    Outre le drame de Nanterre ce 27 juin, l’une des précédentes affaires les plus médiatisées se déroule le 4 juin 2022 à Paris, dans le 18e arrondissement. Les fonctionnaires tirent neuf balles avec leur arme de service sur un véhicule qui aurait refusé de s’arrêter. La passagère, 18 ans, est atteinte d’une balle dans la tête, et tuée. Le conducteur, touché au thorax, est grièvement blessé. Dans divers témoignages, les deux autres personnes à bord du véhicule réfutent que la voiture ait foncé sur les forces de l’ordre. Le soir du second tour de l’élection présidentielle, le 24 avril, deux frères, Boubacar et Fadjigui sont tués en plein centre de Paris sur le Pont-Neuf. Selon la police, ces tirs auraient suivi le refus d’un contrôle. La voiture aurait alors « foncé » vers un membre des forces de l’ordre qui se serait écarté avant que son collègue, 24 ans et encore stagiaire, ne tire dix cartouches de HK G36, un fusil d’assaut.

    Comme nous le révélions il y a un an, les policiers ont tué quatre fois plus de personnes pour refus d’obtempérer en cinq ans que lors des vingt années précédentes. En cause : la loi de 2017 venue assouplir les règles d’ouverture de feu des policiers avec la création de l’article 435-1 du Code de la sécurité intérieure . « Avec cet article, les policiers se sont sentis davantage autorisés à faire usage de leur arme », estime un commandant de police interrogé par Mediapart en septembre dernier. À cela « vous rajoutez un niveau de recrutement qui est très bas et un manque de formation, et vous avez le résultat dramatique que l’on constate depuis quelques années : des policiers qui ne savent pas se retenir et qui ne sont pas suffisamment encadrés ou contrôlés. Certains policiers veulent en découdre sans aucun discernement. »

    « Jamais une poursuite ni une verbalisation ne justifieront de briser une vie »

    Au point que les gendarmes s’inquiètent très officiellement de la réponse adéquate à apporter face aux refus d’obtempérer, quitte à bannir le recours immédiat à l’ouverture du feu (voir ici). « L’interception immédiate, pouvant s’avérer accidentogène, n’est plus la règle, d’autant plus si les conditions de l’intervention et le cadre légal permettent une action différée, préparée et renforcée. Donc, on jalonne en sécurité, on lâche prise si ça devient dangereux, et surtout on renseigne. Tout refus d’obtempérer doit être enregistré avec un minimum de renseignements pour ensuite pouvoir s’attacher à retrouver l’auteur par une double enquête administrative et judiciaire », expliquait la commandante de gendarmerie Céline Morin. « Pour reprendre une phrase du directeur général de la gendarmerie : “Jamais une poursuite ni une verbalisation ne justifieront de briser une vie.” Il importe donc à chacun de nous de se préparer intellectuellement en amont à une tactique et à des actions alternatives face aux refus dangereux d’obtempérer. » On est loin du discours de surenchère tenu par certains syndicats de policiers.

    « Pas d’échappatoire » vs « personne n’était en danger »

    Pour justifier leur geste, les agents invoquent la dangerosité pour eux-mêmes ou pour autrui, considérant souvent le véhicule comme « arme par destination ». Hormis la neutralisation du conducteur du véhicule, ils n’auraient pour certains « pas d’échappatoire » comme l’affirmait le membre de la BAC qui a tué un jeune homme de 23 ans à Neuville-en-Ferrain (Nord), le 30 août 2022, qui aurait démarré son véhicule au moment où les agents ouvraient la portière.

    Des policiers qui se seraient « vus mourir » tirent sur Amine B, le 14 octobre, à Paris. Coincé dans une contre-allée, le conducteur aurait redémarré son véhicule en direction des fonctionnaires qui ont ouvert le feu. Plusieurs témoins affirment que ce ressortissant algérien, diplômé d’ingénierie civile, roulait « doucement » sans se diriger vers eux ni mettre personne en danger. Et Amine est mort d’une balle dans le dos. La famille a lancé un appel à témoins pour connaître les circonstances exactes du drame. Rares sont ces affaires où le récit policier n’est pas contredit par les éléments de l’enquête ou des témoins.

    Au nom de la légitime défense, des gendarmes de Haute-Savoie ont tiré neuf fois le 5 juillet 2021 sur un fuyard suspecté de vol. Le conducteur de la camionnette, Aziz, n’a pas survécu à la balle logée dans son torse. « Personne n’était en danger », affirme pour sa part un proche, présent sur lieux. D’après son témoignage recueilli par Le Média, les militaires « étaient à 4 ou 5 mètres » du fourgon. Une reconstitution des faits a été effectuée sans la présence de ce témoin, au grand dam de la famille qui a porté plainte pour « homicide volontaire ».

    Pour Zied B. le 7 septembre à Nice abattu par un policier adjoint, comme pour Jean-Paul Benjamin, tué par la BAC le 26 mars à Aulnay-sous-Bois alors que, en conflit avec son employeur (Amazon), il était parti avec l’un des véhicules de l’entreprise, ce sont les vidéos filmant la scène qui mettent à mal la version policière des faits [2]. Et dans le cas de Souheil El Khalfaoui, 19 ans, tué d’une balle dans le cœur à Marseille lors d’un contrôle routier (voir notre encadré plus haut), les images de vidéosurveillance filmant la scène, et en mesure de corroborer ou de contredire la version des policiers, n’ont toujours pas pu être visionnées par la famille qui a porté plainte. Près de deux ans après le drame...

    Si 2021 et 2022 ont été particulièrement marquées par les morts par balles lors d’interventions policières, qu’en sera-t-il en 2023 ? À notre connaissance, #Nahel est au moins la huitième personne abattue par des agents assermentés depuis janvier dernier.

    https://basta.media/Refus-d-obtemperer-le-nombre-de-personnes-tuees-par-un-tir-des-forces-de-l-

    #statistiques #chiffres #décès #violences_policières #légitime_défense #refus_d'obtempérer #Nanterre #armes_à_feu #tires_mortels #GIGN

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    signalé aussi par @fredlm
    https://seenthis.net/messages/1007961

    • #Sebastian_Roché : « Le problème des tirs mortels lors de refus d’obtempérer est systémique en France »

      Le débat émerge suite au décès du jeune Nahel en banlieue parisienne. Entretien avec Sebastian Roché, politologue spécialiste des questions de police

      Pour certains, la mort du jeune Nahel, tué mardi par un policier lors d’un #contrôle_routier en banlieue parisienne, est l’occasion de dire qu’il y a trop de refus d’obtempérer en France. Pour d’autres, c’est surtout le moment de condamner la manière qu’a la #police d’y fait face. A gauche on estime qu’« un refus d’obtempérer ne peut pas être une condamnation à mort ». A droite, on pense que ces drames sont dus au fait que « les refus d’obtempérer augmentent et mettent en danger nos forces de l’ordre ».

      En 2022, le nombre record de 13 décès a été enregistré après des refus d’obtempérer lors de contrôles routiers en France. En cause, une modification de la loi en 2017 assouplissant les conditions dans lesquelles les forces de l’ordre peuvent utiliser leur arme. Elles sont désormais autorisées à tirer quand les occupants d’un véhicule « sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui ». Des termes jugés trop flous par de nombreux juristes.

      Sebastian Roché, politologue spécialiste des questions de police qui enseigne à Sciences-Po Grenoble, est un spécialiste de la question. Nous avons demandé à ce directeur de Recherche au CNRS, auteur de La nation inachevée, la jeunesse face à l’école et la police (Grasset), ce qu’il pensait de ce débat.

      Le Temps : Vous avez fait des recherches sur le nombre de personnes tuées en France par des tirs de policiers visant des véhicules en mouvement. Quelles sont vos conclusions ?

      Sebastian Roché : Nous avons adopté une méthode de type expérimentale, comme celles utilisées en médecine pour déterminer si un traitement est efficace. Nous avons observé 5 années avant et après la loi de 2017, et nous avons observé comment avaient évolué les pratiques policières. Les résultats montrent qu’il y a eu une multiplication par 5 des tirs mortels entre avant et après la loi dans le cadre de véhicule en mouvement.

      En 2017, la loi a donné une latitude de tir plus grande aux policiers, avec une possibilité de tirer même hors de la légitime défense. C’est un texte très particulier et, derrière, il n’y a pas eu d’effort de formation proportionné face au défi que représente un changement aussi historique de réglementation.

      L’augmentation n’est-elle pas simplement liée à l’augmentation des refus d’obtempérer ?

      Nous avons regardé le détail des tirs mortels. Le sujet, ce n’est pas les refus d’obtempérer, qui sont une situation, ce sont les tirs mortels, qui interviennent dans cette situation. Les syndicats de police font tout pour faire passer le message que le problème ce sont les refus d’obtempérer qui augmentent. Mais le problème ce sont les tirs mortels, dont les refus d’obtempérer peuvent être une cause parmi d’autres. Et les refus d’obtempérer grave ont augmenté mais pas autant que ce que dit le ministère. D’autant que l’augmentation des tirs mortels n’est notable que chez la police nationale et non dans la Gendarmerie. Dans la police nationale, en 2021, il y a eu 2675 refus d’obtempérer graves, pas 30 000. Il y a une augmentation mais ce n’est pas du tout la submersion dont parlent certains. Ce n’est pas suffisant pour expliquer l’augmentation des tirs mortels. D’autant que la police nationale est auteur de ces homicides et pas la Gendarmerie alors que les refus d’obtempérer sont également répartis entre les deux. Si le refus d’obtempérer était une cause déterminante, elle aurait les mêmes conséquences en police et en gendarmerie.

      Comment cela s’explique-t-il ?

      Les gendarmes n’ont pas la même structure de commandement, pas la même stabilité de l’ancrage local et pas la même lecture de la loi de 2017. La police a une structure qui n’est pas militaire comme celle de la gendarmerie. Et l’encadrement de proximité y est plus faible, particulièrement en région parisienne que tous les policiers veulent quitter.

      Pour vous c’est ce qui explique le drame de cette semaine ?

      La vidéo est accablante donc les responsables politiques semblent prêts à sacrifier le policier qui pour eux a fait une erreur. Mais ce qui grave, c’est la structure des tirs mortels avant et après 2017, c’est-à-dire comment la loi a modifié les pratiques. Ce n’est pas le même policier qui a tué 16 personnes dans des véhicules depuis le 1er janvier 2022. Ce sont 16 policiers différents. Le problème est systémique.

      Avez-vous des comparaisons internationales à ce sujet ?

      En Allemagne, il y a eu un tir mortel en dix ans pour refus d’obtempérer, contre 16 en France depuis un an et demi. On a un écart très marqué avec nos voisins. On a en France un modèle de police assez agressif, qui doit faire peur, davantage que dans les autres pays d’Europe mais moins qu’aux Etats-Unis. Et cette loi déroge à des règles de la Cour européenne des droits de l’homme. C’est une singularité française.

      Cette loi avait été mise en place suite à des attaques terroristes, notamment contre des policiers ?

      Oui, c’est dans ce climat-là qu’elle est née, mise en place par un gouvernement socialiste. Il y avait aussi eu d’autres attaques qui n’avaient rien à voir. Mais le climat général était celui de la lutte antiterroriste, et plus largement l’idée d’une police désarmée face à une société de plus en plus violente. L’idée était donc de réarmer la police. Cette loi arrange la relation du gouvernement actuel avec les syndicats policiers, je ne pense donc pas qu’ils reviendront dessus. Mais il y a des policiers qui vont aller en prison. On leur a dit vous pouvez tirer et, là, un juge va leur dire le contraire. Ce n’est bon pour personne cette incertitude juridique. Il faut abroger la partie de la loi qui dit que l’on peut tirer si on pense que le suspect va peut-être commettre une infraction dans le futur. La loi française fonctionnait précédemment sous le régime de la légitime défense, c’est-à-dire qu’il fallait une menace immédiate pour répondre. Comment voulez-vous que les policiers sachent ce que les gens vont faire dans le futur.

      https://www.letemps.ch/monde/le-probleme-des-tirs-mortels-lors-de-refus-d-obtemperer-est-systemique-en-fr

    • « Refus d’obtempérer »  : depuis 2017, une inflation létale

      Depuis la création en 2017 par la loi sécurité publique d’un article élargissant les conditions d’usage de leur arme, les tirs des policiers contre des automobilistes ont fortement augmenté. Ils sont aussi plus mortels.

      Depuis plus d’un an, chaque mois en moyenne, un automobiliste est tué par la police. Dans la plupart des cas, la première version des faits qui émerge du côté des forces de l’ordre responsabilise le conducteur. Il lui est reproché d’avoir commis un refus d’obtempérer, voire d’avoir attenté à la vie des fonctionnaires, justifiant ainsi leurs tirs. Il arrive que cette affirmation soit ensuite mise à mal par les enquêtes judiciaires : cela a été le cas pour le double meurtre policier du Pont-Neuf, à Paris en avril 2022, celui d’Amine Leknoun, en août à Neuville-en-Ferrain (Nord), ou celui de Zyed Bensaid, en septembre à Nice. En ira-t-il de même, concernant le conducteur de 17 ans tué mardi à Nanterre (Hauts-de-Seine) ? Les investigations pour « homicide volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique » ont été confiées à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Deux autres enquêtes ont été ouvertes depuis le début de l’année pour des tirs mortels dans le cadre de refus d’obtempérer en Charente et en Guadeloupe.

      Cette inflation mortelle s’est accélérée depuis le début de l’année 2022, mais elle commence en 2017. Ainsi, d’après les chiffres publiés annuellement par l’IGPN et compilés par Libération, entre la période 2012-2016 d’une part, et 2017-2021 d’autre part, l’usage des armes par les policiers a augmenté de 26 % ; et les usages de l’arme contre un véhicule ont augmenté de 39 %. Une croissance largement supérieure à celle observée chez les gendarmes entre ces deux périodes (+10 % d’usage de l’arme, toutes situations confondues).
      Doublement faux

      Mercredi, lors des questions au gouvernement, Gérald Darmanin a affirmé que « depuis la loi de 2017, il y a eu moins de tirs, et moins de cas mortels qu’avant 2017 ». C’est doublement faux : depuis cette année-là, les tirs des policiers contre des véhicules sont non seulement plus nombreux, mais ils sont aussi plus mortels. C’est la conclusion de travaux prépubliés l’année dernière, et en cours de soumission à une revue scientifique, de Sebastian Roché (CNRS), Paul Le Derff (université de Lille) et Simon Varaine (université Grenoble-Alpes).

      Les chercheurs établissent que le nombre de tués par des tirs policiers visant des personnes se trouvant dans des véhicules a été multiplié par cinq, entre avant et après le vote de la loi « sécurité publique » de février 2017. D’autant qu’entre les mêmes périodes, le nombre de personnes tuées par les autres tirs policiers diminue légèrement. « A partir d’une analyse statistique rigoureuse du nombre mensuel de victimes des tirs, malheureusement, il est très probable » que ce texte soit « la cause du plus grand nombre constaté d’homicides commis par des policiers », expliquent Roché, Le Derff et Varaine.

      La loi sécurité publique a créé l’article 435-1 du code de la sécurité intérieure (CSI), qui s’est depuis trouvé (et se trouve encore) au cœur de plusieurs dossiers judiciaires impliquant des policiers ayant tué des automobilistes. Cet article complète celui de la légitime défense (122-5 du code pénal) dont tout citoyen peut se prévaloir, en créant un cadre spécifique et commun aux forces de l’ordre pour utiliser leur arme.
      Un texte plusieurs fois remanié

      L’article 435-1 du CSI dispose que « dans l’exercice de leurs fonctions et revêtus de leur uniforme ou des insignes extérieurs et apparents de leur qualité », les policiers peuvent utiliser leur arme « en cas d’absolue nécessité et de manière strictement proportionnée », notamment dans la situation suivante : « Lorsqu’ils ne peuvent immobiliser, autrement que par l’usage des armes, des véhicules, embarcations ou autres moyens de transport, dont les conducteurs n’obtempèrent pas à l’ordre d’arrêt et dont les occupants sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui. » Avant d’arriver à cette formulation, le texte a été plusieurs fois remanié, au fil de son parcours législatif, dans le sens de l’assouplissement. Par exemple : les atteintes devaient être « imminentes », selon la version initiale ; dans la mouture finale elles n’ont plus besoin que d’être « susceptibles » de se produire, pour justifier le tir.

      La direction générale de la police nationale l’a rapidement relevé. Ainsi, dans une note de mars 2017 expliquant le texte à ses fonctionnaires, on pouvait lire : « L’article L.435-1 va au-delà de la simple légitime défense », en ce qu’il « renforce la capacité opérationnelle des policiers en leur permettant d’agir plus efficacement, tout en bénéficiant d’une plus grande sécurité juridique et physique ». Tout en rappelant qu’« il ne saurait être question de faire usage de l’arme pour contraindre un véhicule à s’arrêter en l’absence de toute dangerosité de ses occupants ».

      https://www.youtube.com/watch?v=Dz5QcVZXEN4&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.liberation.fr%2


      https://www.liberation.fr/societe/police-justice/refus-dobtemperer-depuis-2017-une-inflation-letale-20230627_C7BVZUJXLVFJBOWMDXJG2N7DDI/?redirected=1&redirected=1

    • Mort de Nahel : chronique d’un drame annoncé

      Au moment de l’adoption, sous pression des policiers, de la #loi de 2017 modifiant les conditions d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre, la Commission nationale consultative des droits de l’homme, le Défenseur des droits et la société civile avaient alerté sur l’inévitable explosion du nombre de victimes à venir.

      #Bernard_Cazeneuve se trouve, depuis la mort de Nahel, au centre de la polémique sur l’#usage_des_armes_à_feu par les policiers. La gauche, notamment, ne cesse de rappeler que l’ex-dirigeant socialiste est le concepteur de la loi dite « #sécurité_publique » qui, en février 2017, a institué le #cadre_légal actuel en la matière. C’est en effet lui qui en a assuré l’élaboration en tant que ministre de l’intérieur, puis qui l’a promulguée alors qu’il était premier ministre.

      À deux reprises, Bernard #Cazeneuve s’est justifié dans la presse. Le 29 juin tout d’abord, dans Le Monde (https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/06/29/adolescent-tue-par-un-policier-a-nanterre-emmanuel-macron-sur-une-ligne-de-c), il affirme qu’« il n’est pas honnête d’imputer au texte ce qu’il n’a pas souhaité enclencher » et explique que cette loi avait été votée dans un « contexte de tueries de masse après les attentats ».

      Le lendemain, dans un entretien au Point (https://www.lepoint.fr/societe/bernard-cazeneuve-non-il-n-y-a-pas-en-france-de-permis-de-tuer-30-06-2023-25), l’ancien premier ministre de #François_Hollande développe la défense de son texte. « Il n’y a pas, en France, de #permis_de_tuer, simplement la reconnaissance pour les forces de l’ordre de la possibilité de protéger leurs vies ou la vie d’autrui, dans le cadre de la #légitime_défense », affirme-t-il.

      Bernard Cazeneuve évoque encore un « contexte particulier » ayant justifié ce texte, « celui des périples meurtriers terroristes et de la tragédie qu’a constituée l’attentat de Nice, le 14 juillet 2016, qui a vu un policier municipal neutraliser le conducteur d’un camion-bélier ayant tué 86 personnes et blessé plusieurs centaines d’autres, sur la promenade des Anglais ».

      Cette invocation d’une justification terroriste à l’adoption de la loi « sécurité publique » paraît étonnante à la lecture de l’exposé des motifs (https://www.legifrance.gouv.fr/dossierlegislatif/JORFDOLE000033664388/?detailType=EXPOSE_MOTIFS&detailId=) et de l’étude d’impact (https://www.senat.fr/leg/etudes-impact/pjl16-263-ei/pjl16-263-ei.pdf) du texte. À aucun moment un quelconque attentat n’est mentionné pour justifier les dispositions de l’article premier, celui modifiant le cadre légal de l’usage des armes à feu par les policiers.

      À l’ouverture de l’examen du texte en séance publique par les député·es, le mardi 7 février (https://www.assemblee-nationale.fr/14/cri/2016-2017/20170112.asp#P970364), le ministre de l’intérieur Bruno Leroux parle bien d’un attentat, celui du Carrousel du Louvre (https://fr.wikipedia.org/wiki/Attaque_contre_des_militaires_au_Carrousel_du_Louvre) durant lequel un homme a attaqué deux militaires à la machette. Mais cette attaque s’est déroulée le 3 février, soit bien après l’écriture du texte, et concerne des soldats de l’opération Sentinelle, donc non concernés par la réforme.

      La loi « sécurité publique » a pourtant bien été fortement influencée par l’actualité, mais par un autre drame. Le #8_octobre_2016, une vingtaine de personnes attaquent deux voitures de police dans un quartier de #Viry-Châtillon (Essonne) à coups de pierres et de cocktails Molotov. Deux policiers sont grièvement brûlés (https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_policiers_br%C3%BBl%C3%A9s_%C3%A0_Viry-Ch%C3%A2tillon).

      Les images des agents entourés de flammes indignent toute la classe politique et provoquent un vaste mouvement de contestation au sein de forces de l’ordre. Cela génèrera un immense scandale judiciaire puisque des policiers feront emprisonner des innocents en toute connaissance de cause (https://www.mediapart.fr/journal/france/160521/affaire-de-viry-chatillon-comment-la-police-fabrique-de-faux-coupables). Mais à l’époque, les syndicats de policiers réclament par ailleurs une modification de la législation.

      « C’était une période de fin de règne de François #Hollande, avec des policiers à bout après avoir été sur-sollicités pour les manifestations contre la loi Travail, pour les opérations antiterroristes, se souvient Magali Lafourcade, secrétaire générale de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). Et, surtout, il y a eu l’attaque de policiers de Viry-Châtillon. Leur mouvement de colère avait été accompagné par des manifestations à la limite de la légalité, avec des policiers armés, masqués et sans encadrement syndical, car il s’agissait d’un mouvement spontané. Je pense que cela a fait très peur au gouvernement. »

      La loi « sécurité publique » est l’une des réponses du gouvernement à cette fronde des policiers. Ceux-ci étaient alors régis par le droit commun de la légitime défense. Désormais, ils bénéficient d’un #régime_spécifique, copié sur celui des gendarmes et inscrit dans le nouvel #article_435-1 du #Code_de_la_sécurité_intérieure (https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000034107970).

      Celui-ci dispose notamment que les policiers sont autorisés à faire usage de leur arme pour immobiliser des véhicules dont les occupants refusent de s’arrêter et « sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui ».

      On ne peut donc que s’étonner lorsque Bernard Cazeneuve assure, dans Le Point, que la loi « sécurité publique » « ne modifie en rien le cadre de la légitime défense ». « Je dirais même, enchérit-il, qu’elle en précise les conditions de déclenchement, en rendant impossible l’ouverture du feu hors de ce cadre. »

      Pourtant, comme l’a montré Mediapart (https://www.mediapart.fr/journal/france/280623/refus-d-obtemperer-l-alarmante-augmentation-des-tirs-policiers-mortels), le nombre de déclarations d’emploi d’une arme contre un véhicule a bondi entre 2016 et 2017, passant de 137 à 202, avant de se stabiliser à un niveau supérieur à celui d’avant l’adoption du texte, par exemple 157 en 2021.

      De plus, lorsque l’on relit les nombreux avertissements qui avaient été faits à l’époque au gouvernement, il semble difficile de soutenir que cette augmentation du recours aux armes à feu et du nombre de victimes n’était pas prévisible.

      « De telles dispositions risquent en effet d’entraîner une augmentation des pertes humaines à l’occasion de l’engagement desdits services dans des opérations sur la voie publique », prédisait ainsi la CNCDH dans un avis rendu le 23 février 2017 (https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000034104875).

      Celui-ci s’inquiétait notamment du #flou de certaines formulations, comme l’alinéa autorisant l’usage des armes à feu contre les personnes « susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celle d’autrui ».

      « Il est à craindre que de telles dispositions ne conduisent à l’utilisation des armes à feu dans des situations relativement fréquentes de #courses-poursuites en zone urbaine, avertissait encore la commission, les fonctionnaires de police venant à considérer que le véhicule pourchassé crée, par la dangerosité de sa conduite, un risque pour l’intégrité des autres usagers de la route et des passants ».

      « Rien ne justifiait cet alignement du régime des #gendarmes sur celui des policiers, réaffirme aujourd’hui Magali Lafourcade. Les gendarmes sont formés au maniement des armes et, surtout, ils opèrent en zone rurale. » La secrétaire générale de la CNCDH pointe également un problème de formation des policiers qui s’est depuis aggravé.

      « Le niveau de recrutement des policiers s’est effondré, souligne-t-elle. Les jeunes sont massivement envoyés dans les zones difficiles dès leur sortie de l’école. Ils ne reçoivent aucun enseignement sur les biais cognitifs. Un jeune venant d’une zone rurale dans laquelle il n’aura quasiment jamais croisé de personne racisée peut donc très bien être envoyé dans un quartier dont il n’a pas les codes, la culture, la manière de parler et donc de s’adresser à des adolescents. Et l’#encadrement_intermédiaire est très insuffisant. Les jeunes policiers sont bien peu accompagnés dans des prises de fonction particulièrement difficiles. »

      Le Défenseur des droits avait lui aussi alerté, dans un avis publié le 23 janvier 2017 (https://juridique.defenseurdesdroits.fr/doc_num.php?explnum_id=18573), sur l’#instabilité_juridique créée par cette #réforme. « Le projet de loi complexifie le régime juridique de l’usage des armes, en donnant le sentiment d’une plus grande liberté pour les forces de l’ordre, au risque d’augmenter leur utilisation, alors que les cas prévus sont déjà couverts par le régime général de la légitime défense et de l’état de nécessité », écrivait-il.

      Ces différents dangers avaient également été pointés par la quasi-totalité de la société civile, que ce soient les syndicats ou les associations de défense des libertés. « Les services de police et de gendarmerie se considéreront légitimes à user de leurs armes – et potentiellement tuer – dans des conditions absolument disproportionnées », prédisait ainsi le Syndicat de la magistrature (SM) (https://www.syndicat-magistrature.fr/notre-action/justice-penale/1214-projet-de-loi-securite-publique--refusez-ce-debat-expedie). « Il est en effet dangereux de laisser penser que les forces de l’ordre pourront faire un usage plus large de leurs armes », abondait l’Union syndicale des magistrats (USM) (https://www.union-syndicale-magistrats.org/web2/themes/fr/userfiles/fichier/publication/2017/securite_publique.pdf).

      Du côté des avocats, le projet de loi avait rencontré l’opposition du Syndicat des avocats de France (SAF) (https://lesaf.org/wp-content/uploads/2017/04/11-penal-GT.pdf), ainsi que du barreau de Paris et de la Conférence des bâtonniers, qui affirmaient, dans un communiqué commun (https://www.avocatparis.org/actualites/projet-de-loi-relatif-la-securite-publique-le-barreau-de-paris-et-la-co) : « La réponse au mal-être policier ne peut être le seul motif d’examen de ce projet de loi et il importe que les conditions de la légitime défense ne soient pas modifiées. »

      « Ce projet de loi autorise les forces de l’ordre à ouvrir le feu dans des conditions qui vont augmenter le risque de #bavures sans pour autant assurer la sécurité juridique des forces de l’ordre », avertissait encore la Ligue des droits de l’homme (https://www.ldh-france.org/police-anonyme-autorisee-tirer).

      Désormais, les policiers eux-mêmes semblent regretter cette réforme, ou en tout cas reconnaître l’#incertitude_juridique qu’elle fait peser sur eux, en raison de sa formulation trop vague.

      Dans un article publié samedi 1er juillet, Le Monde (https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/01/syndicats-de-police-un-tract-incendiaire-d-alliance-et-d-unsa-police-revelat) rapporte en effet que, parmi les forces de l’ordre, circule un modèle de demande de #droit_de_retrait dans lequel l’agent annonce rendre son arme, en raison des « diverses appréciations » qui peuvent être faites de l’article 435-1 du Code de la sécurité intérieure, lesquelles sont susceptibles de « donner lieu à des poursuites pénales ».

      Dans ce document, le policer y annonce mettre son pistolet à l’armurerie et qu’il y restera « jusqu’à ce que [s]a formation continue [lui] permette de mieux appréhender les dispositions de cet article afin de ne pas être poursuivi pénalement dans l’éventualité où [il] devrai[t] faire feu ».

      Magali Lafourcade insiste de son côté sur les dégâts que cette réforme a pu causer dans une partie de la jeunesse. « L’expérience de la citoyenneté, du sentiment d’appartenir à une communauté nationale, du respect des principes républicains est une expérience avant tout sensible, affirme-t-elle. Elle passe par les interactions éprouvées avec les représentants de l’État. Plus les enfants de ces quartiers feront l’expérience de la #brutalité_policière, plus ça les enfermera dans la #défiance qu’ils ont déjà vis-à-vis de nos institutions. »

      https://www.mediapart.fr/journal/france/010723/mort-de-nahel-chronique-d-un-drame-annonce



  • Contre la dissolution du mouvement Les Soulèvements de la Terre

    Le Gouvernement, par la volonté de son ministre de l’Intérieur, a acté la dissolution du mouvement « Les Soulèvements de la Terre » le 21 juin 2023, pour fêter le solstice d’été, sans doute.

    Par cet acte politique, c’est une forme de contestation écologiste qui est étouffée.
    (...)
    c’est exclusivement en tant que citoyen que je propose cette pétition.

    Non à la dissolution de ce mouvement !


    https://politipet.fr/i-1718


    Exposition des motifs #FNSEA et #BRAV-M :

    « Le recours à la violence n’est pas légitime en État de droit et c’est bien cela qui est sanctionné », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, à la sortie du conseil des ministres.

    Soit, alors il sera nécessaire et légitime de dissoudre au même titre immédiatement la FNSEA qui cumule dans sa longue histoire les actes de dégradations de préfectures, de violences et menaces de mort envers les associations environnementales, par exemple. Également pourra être dissoute la BRAV-M qui a usée de violence par arme envers le peuple, une violence d’État qui n’est aucunement une réponse proportionnée puisque aucun manifestant n’est armé de LBD.


    https://politipet.fr/1385 Dissolution de la FNSEA
    https://politipet.fr/i-1446 Dissolution de la BRAV-M (#2)

  • #Douarnenez : ni volets fermés, ni ghettos dorés

    Habiter une ville touristique, une vue sur mer pour les précaires (Éditions du commun) est le résultat de plusieurs années d’enquête du collectif Droit à la ville Douarnenez sur la « #touristification » de la petite ville bretonne. De quoi questionner la #gentrification de nos territoires et ouvrir des pistes de #résistance. Entretien avec deux de ses auteurs.

    Dans quelle ville voulons-nous vivre ? Au profit de qui se transforme-t-elle ? Depuis 2018, le collectif Droit à la ville Douarnenez cherche à répondre à ces questions1. Galères de logement, modelage de l’espace aux goûts supposés des touristes, luxueux projets immobiliers inaccessibles aux locaux… Ses membres ont voulu comprendre comment le port finistérien en est arrivé là, tout en proposant des pistes pour un #littoral réellement accueillant. Le résultat ? Une riche enquête de terrain parue en avril dernier aux Éditions du commun : Habiter une ville touristique, une vue sur mer pour les précaires. Rencontre avec Charlotte et Guillaume, membres du collectif, dans un bistrot du port du Rosmeur.

    Comment est né ce projet de « recherche-action » autour de la gentrification à Douarnenez ?

    Charlotte : « En 2018, on a organisé une réunion publique à propos d’un projet de “pôle d’arts numériques” porté par l’avocate d’affaires Stéphanie Stein et censé prendre place dans l’ancien abri du marin de Douarnenez2. Ça nous a paru complètement hors-sol et révélateur d’une #spéculation croissante. À la suite de ces échanges, on a eu envie de s’organiser pour penser les évolutions récentes de la ville : d’un côté de nouveaux projets immobiliers, de l’autre de plus en plus de galères pour se loger. Des rencontres avec différents collectifs ont eu lieu au Local, un espace associatif autogéré. Sauf qu’en déballant ça sur la place publique, on s’est vus accusés de créer une mauvaise ambiance dans la ville, de ne pas être objectifs… On s’est dit que ce serait une manière de récolter de la matière dans de bonnes conditions, avec l’aide financière de la fondation Un monde par tous et en se faisant accompagner par l’association Appuii3, mobilisée sur ces problèmes de logement. »

    Guillaume : « Pour nous, la recherche-action est une recherche qui vient de la base : elle est conduite par les gens qui font partie de l’objet d’étude. Cela n’empêche pas d’avoir le soutien du milieu universitaire, mais on ne peut pas comprendre ce qu’il se passe à Douarnenez sans laisser place à l’émotionnel et au ressenti. Les données froides, les indicateurs, comme le nombre d’habitants, ou de Airbnb n’en rendront jamais compte de manière satisfaisante. C’est aussi un travail au long cours avec une volonté de transformer le réel. Notre objectif est de décrire ce qu’il se passe, mais aussi d’agir, en organisant des actions, des manifs ou de la solidarité concrète. »

    Le livre aborde différentes facettes de Douarnenez à travers une mosaïque de portraits et d’entretiens : un couple d’habitués des bistrots, une « néo-douarneniste » ou un vieux militant… Vous présentez aussi plusieurs lieux, par exemple Luzin4, un bâtiment assez emblématique de Douarnenez. Comment est venue cette manière d’écrire la ville ?

    C. : « De l’envie d’avoir un format hybride, composé de plein de petites cartes postales. Dans le collectif, chacun et chacune a pu travailler sur sa petite lubie. “T’as envie d’aller fouiller aux archives ? Super !” Moi, par exemple, j’étais au Conseil d’administration du festival du cinéma de la ville, du coup j’ai interrogé des personnes de l’association. On retrouve ainsi dans le livre des plumes et des points de vue différents, même si l’ensemble est lissé par le travail en commun. »

    Vous décrivez notamment l’impact du modelage du territoire au profit du tourisme et des résidents secondaires…

    C. : « En 2021, Douarn’ a été lauréate du dispositif “Petites villes de demain5”, ce qui lui a permis de financer la construction d’une promenade longeant le front de mer, un des attributs typiques des stations touristiques. Ils ont aussi produit une carte de la ville, soi-disant destinée aux habitantes et habitants. Mais Pouldavid et Ploaré, des quartiers un peu éloignés du centre-ville et de l’activité touristique, n’y figurent pas ! À côté de ça, cela fait des années que les habitants de Pouldavid demandent à la municipalité d’intervenir contre la dégradation de la cité HLM, et tout ce qu’on leur répond c’est “Désolé, c’est pas prioritaire, on trouve pas les sous”. »

    G. : « C’est une erreur de penser qu’avant Douarnenez c’était la pêche, et que maintenant c’est le tourisme. Il y a du tourisme depuis très longtemps. La question est de savoir ce qu’il produit sur le territoire. » Il y a un paradoxe dans cette « touristification » : elle détruit « l’authenticité » qu’elle vend aux visiteurs…

    C. : « Lors de la rénovation du port du Rosmeur, les Bâtiments de France6 ont imposé le blanc pour les ravalements de façades afin de produire une uniformité sur l’ensemble des ports de Cornouaille7. Alors que beaucoup des façades anciennes de Douarnenez sont peintes avec des restes de peinture de bateau. Et puis ce port, il est censé servir à quoi ? La promenade des touristes et la consommation dans les cafés ? Quitte à interdire la baignade et la pêche sur la cale – comme c’est le cas depuis 2019 – parce que ça fait sale ? »

    G. : « Il y a aussi le paradoxe du résident secondaire qui vient dans une ville qu’il espère vivante, alors qu’il contribue à l’étouffer. On a cette anecdote croustillante d’une personne nous racontant qu’elle a vendu sa résidence secondaire dans le Golfe du Morbihan “parce que là-bas c’est complètement mort”, pour en acheter une ici, “parce que la ville est vivante” ! »
    Quand ils sont interpellés sur les problèmes de logements, les élus des communes littorales se réfugient souvent derrière une indomptable « loi du marché ». Quel est leur rôle dans ces évolutions à Douarnenez ?

    C. : « Il y a quelques années, la municipalité se targuait de posséder pas mal de bâtis. Mais elle en a depuis vendu une bonne partie à des promoteurs immobiliers, parfois au détriment de projets collectifs ou associatifs. La majorité municipale de droite le justifie par une volonté de produire de la “mixité sociale par le haut”. Ces politiques ne sont pas menées pour les habitantes et habitants à l’année, mais pour favoriser les usages de résidents et résidentes secondaires, et pour des personnes qui ne sont pas encore sur le territoire. Elles se tournent vers un habitant hypothétique, dans une logique d’attractivité creuse. »

    Vous écrivez : « Nous ne sommes pas un collectif opposé au tourisme […] Nous sommes en revanche opposé·es au devenir touristique de la ville »…

    G. : « On a envie de défendre les vacances. Mais ce qui est important, c’est comment on décide collectivement de la juste place accordée au développement touristique. Comment accueillir plus de monde, sans artificialisation des sols, et en laissant de la place pour les gens qui souhaitent vivre ici à l’année ? »

    C. : « Il n’y a pas de solution simple, le livre n’est pas un manuel qui donne une liste d’actions à faire. Il invite juste à penser les choses dans leur complexité. Comme de se rendre compte que, contrairement à ce qu’il se dit, la moitié des résidents secondaires ne sont pas parisiens, mais bretons ! »

    https://cqfd-journal.org/Douarnenez-ni-volets-fermes-ni

    #Bretagne #droit_à_la_ville #tourisme #urbanisme #TRUST #Master_TRUST #logement #recherche-action #émotionnel #ressenti #données_froides #petites_villes_de_demain #Pouldavid #Ploaré #authenticité #résidences_secondaires #mixité_sociale_par_le_haut #aménagement_du_territoire #attractivité

    • Habiter une ville touristique. Une vue sur mer pour les précaires

      Dans quelle ville voulons-nous vivre ? C’est par cette question que commence le travail du collectif Droit à la ville Douarnenez. La ville bretonne connaît depuis quelques années un boom de l’immobilier. Les prix et le nombre de résidences secondaires augmentent et les habitant·es ont de plus en plus de mal à se loger. La ville se transforme, mais pour qui ?

      Ouvrage inédit, qui s’attache à décrire les mécanismes de touristification des villes côtières, cet essai montre comment ceux-ci mettent au ban une partie importante et précarisée des populations locales. À partir de l’exemple de la ville de Douarnenez, le collectif a mené une riche enquête dont ce livre restitue les principaux éléments. Analyses, entretiens et focus historiques, c’est par un travail fourni et protéiforme que le collectif produit la critique de ce processus déjà à l’œuvre dans de nombreuses villes européennes et mondiales.

      Par sa faculté à renouveler nos perceptions de l’habiter au sein des villes touristiques, et ce depuis la situation de celles et ceux qui en subissent les évolutions, ce texte constitue un outil important pour penser le droit à la ville, le droit au logement et le tourisme de manière générale.

      https://www.editionsducommun.org/products/habiter-une-ville-touristique-droit-a-la-ville-douarnenez
      #livre

      –-> déjà signalé par @simplicissimus ici :
      https://seenthis.net/messages/999762#message999764

  • Termes nautiques
    https://www.annoncesbateau.com/conseils/termes-nautiques

    petit #dictionnaire

    Écrit par : Bénédicte Chalumeau
    ...
    Pour naviguer il est nécessaire d’avoir une compréhension du vocabulaire de la navigation, de la mer et des bateaux. Nous vous présentons ici les termes techniques les plus courants, utilisés dans le monde maritime.

    A
    #Abattre :
    Écarter sa route du lit du vent. Ce mouvement s’appelle une abattée.

    #Abord (en) :
    Sur le côté du bâtiment.

    #Accastillage :
    Objets et accessoires divers équipant un navire.

    #Accoster :
    Placer un bâtiment le long d’un quai ou le long d’un autre navire.

    #Acculée :
    Mouvement en arrière d’un navire, il cule.

    #Adonner :
    Le vent adonne pour un navire à voiles quand il tourne dans un sens favorable à la marche, c’est à dire quand il vient plus à l’arrière. Le contraire est refuser.

    #Affaler :
    Faire descendre, c’est le contraire de hâler. Affaler quelqu’un le long du bord, ou d’un mât, c’est le faire descendre au bout d’un filin.

    #Aiguillots :
    Pivots fixes sur une mèche du gouvernail ou sur l’étambot et tournant dans les fémelots.

    #Aileron :
    Partie de tente qui se place en abord. Prolongements en abord et généralement découverts de l’abri de navigation.

    #Ajut :
    Noeud servant à réunir momentanément deux bouts de cordage.

    #Allure :
    Direction d’un navire par rapport à celle du vent.

    #Amariner :
    Amariner un équipage : l’habituer à la mer.

    #Amarrage :
    Action d’amarrer.

    #Matelotage
     : bout de lusin, merlin, ligne, etc... servant à relier ensemble deux cordages.

    #Amarres :
    Chaînes ou cordages servant à tenir le navire le long du quai.

    #Amener :
    abaisser, faire descendre.

    #Amer :
    Point de repère sur une côte.

    #Amure :
    Manoeuvre qui retient le point inférieur d’une voile du côté d’où vient le vent (voiles carrées). Par extension est synonyme d’allure. Pour les bateaux latins, on continue à dire qu’ils naviguent bâbord ou tribord amures, selon que le vent vient de la gauche ou de la droite.

    #Anguillers :
    Conduits, canaux ou trous pratiqués dans la partie inférieure des varangues des couples pour permettre l’écoulement de l’eau dans les fonds.

    #Anspect :
    Ou barre d’anspect. Levier en bois dur servant à faire tourner un cabestan ou un guindeau. Primitivement, servait à pointer les canons en direction.

    #Aperçu :
    Pavillon signal que l’on hisse pour indiquer que l’on a compris un signal.

    #Apiquer :
    Hisser l’une des extrémités d’un gui ou d’une vergue de manière à l’élever au-dessus de l’autre.

    #Apparaux :
    Ensemble des objets formant l’équipement d’un navire.

    #Appel :
    Direction d’un cordage, de la chaîne de l’ancre.

    #Appuyer :
    Haler, raidir un cordage pour soutenir ou fixer l’objet auquel il aboutit. Appuyer un signal, c’est l’accompagner d’un signal sonore, coup de Klaxon, pour attirer l’attention. Appuyer la chasse : poursuivre obstinément.

    #Araignée :
    Patte d’oie à grand nombre de branches de menu filin qu’on installe sur les funes des tentes et tauds pour permettre de les maintenir horizontaux. Hamac : réseau de petites lignes à oeil placées à chaque extrémité de la toile du hamac pour le suspendre : elles se réunissent à deux boucles métalliques ou organeaux d’où partent les « rabans » de suspension.

    #Arborer :
    Arborer un pavillon, c’est le hisser au mât. En Méditerranée, dans la langue des galères, le mât s’appelait l’arbre.

    #Ardent :
    Un navire est ardent lorsqu’il tend de lui-même à se rapprocher du lit du vent. C’est le contraire du mou.

    #Armement :
    L’armement d’un bâtiment consiste à le munir de tout ce qui est nécessaire à son genre de navigation ; ce terme désigne aussi la totalité des objets dont un navire est muni. Ces objets sont inscrits sur les « feuilles d’armement ». Dans une embarcation, on appelle ainsi son équipage.

    #Armer :
    Armer un navire : le munir de son armement. / Armer un câble : le garnir en certains endroits pour le garantir des frottements.

    #Arraisonner :
    Arraisonner un navire c’est le questionner sur son chargement, sa destination, et toutes autres informations pouvant intéresser le navire arraisonneur.

    #Arrimage :
    Répartition convenable dans le navire de tous les objets composants son armement et sa cargaison.

    #Arrivée :
    Mouvement que fait le navire quand il s’éloigne du lit du vent pour recevoir le vent plus de l’arrière. Synonyme : « abattée ». Contraire : « auloffée ».

    #Arrondir :
    Passer au large d’un cap pour éviter les dangers qui le débordent.

    #Assiette :
    Manière dont le navire est assis dans l’eau, autrement dit sa situation par rapport à la différence de ses tirants d’eau avant et arrière.
    Assiette positive : T AV < T AR
    Assiette négative : T AV > T AR

    #Atterrir :
    Faire route pour trouver une terre ou un port.

    #Attrape :
    Cordage fixé sur un objet de façon à pouvoir en temps utile l’amener à portée de main.

    #Atterrissage :
    Action d’atterrir.

    #Auloffée :
    Mouvement d’un navire tournant son avant vers le lit du vent. Contraire : arrivée abattée (ou abattée).

    #Aveugler :
    Une voie d’eau, obstruer avec des moyens de fortune

    B
    #Bâbord :
    Partie du navire située à gauche d’un observateur placé dans l’axe de ce navire en faisant face à l’avant.

    #Baguer :
    Faire un noeud coulant.

    #Baille :
    Baquet (appellation familière donnée à leur école, par les élèves de l’école Navale).

    #Balancine :
    Manoeuvre partant du haut du mât et soutenant les extrémités d’une vergue ou l’extrémité d’un gui ou d’un tangon.

    #Ballast :
    Compartiments situés dans les fonds du navire et servant à prendre du lest, eau ou combustible.

    #Ballon :
    Défense sphérique que l’on met le long du bord.

    #Bande :
    Inclinaison latérale du navire. Synonyme de gîte. Mettre l’équipage à la bande : l’aligner sur le pont pour saluer un navire ou une personnalité.

    #Barbotin :
    Couronne à empreintes du guideau ou du cabestan sur laquelle les maillons d’une chaîne viennent s’engrener successivement.

    #Base :
    Banc de roche ou de corail formant un bas-fond.

    #Bastaque :
    Hauban à itague employé sur les petits bateaux. Il peut aussi servir à hisser certains objets.

    #Bastingage :
    Autrefois muraille en bois ou en fer régnant autour du pont supérieur d’un navire, couronnée par une sorte d’encaissement destiné à recevoir pendant le jour, les hamacs de l’équipage ; une toile peinte les recouvrait pour les protéger de la pluie et de l’humidité. On emploie aussi ce terme par extension pour désigner les gardes corps ou lisses de pavois.

    #Battant :
    Partie du pavillon qui flotte librement par opposition au guindant qui est le long de la drisse.

    #Bau :
    Poutres principales placées en travers du bateau pour relier les deux murailles de la coque et supporter les bordages de la coque.

    #Beaupré :
    Mât situé à l’avant du bâtiment.

    #Béquiller :
    #Empêcher un navire échoué de se coucher en le maintenant avec des béquilles.

    #Berceau :
    Assemblage en bois ou en fer destiné à soutenir un navire quand il est halé à terre.

    #Berne (en) :
    Mettre le pavillon à mi-drisse en signe de deuil.

    #Bigue :
    Très gros mât de charge maintenu presque vertical et portant à son extrémité supérieure des cordages et des appareils destinés à lever des poids très lourds. On nomme aussi bigues deux mâts placés et garnis comme le précèdent, et dont les têtes sont réunies par une portugaise.

    #Bittes :
    Pièce de bois ou d’acier fixé verticalement sur un pont ou un quai et servant à tourner les aussières.

    #Bitture :
    Partie d’une chaîne élongée sur le pont à l’avant et à l’arrière du guindeau, filant librement de l’écubier aussitôt qu’on fait tomber l’ancre (prendre une bitture).

    #Bollard :
    Point d’amarrage à terre constituée par un gros fût cylindrique en acier coulé, à tête renflée, pour éviter le glissement de l’amarre.

    #Bôme :
    Vergue inférieure d’une voile aurique.

    #Borde :
    #Ensemble des tôles ou des planches formant les murailles d’un navire.

    #Bordée :
    – Distance parcourue par un navire en louvoyant et sans virer de bord.
    – Division : de l’équipage pour faire le quart.

    #Border :
    – ne voile : la raidir en embarquant l’écoute.
    – La côte : la suivre de très près.
    – Un navire : mettre en place le bordé.

    #Bordure :
    Côté inférieur d’une voile ; la ralingue qui y est fixée se nomme ralingue de fond ou de bordure.

    #Bosco :
    Maître de manoeuvre (marine de guerre), Maître d’équipage (marine de commerce)

    B#osse :
    Bout de cordage ou de chaîne fixé par une de ses extrémités et qui, s’enroulant autour d’un cordage ou d’une chaîne sur lesquels s’exerce un effort, les maintient immobile par le frottement.

    #Bossoir :
    – Pièce de bois ou de fer saillant en dehors d’un navire et servant à la manoeuvre des ancres à jas ; par extension coté avant d’un navire. De capon - de traversières : sert à mettre l’ancre au poste de navigation ; d’embarcation ou portemanteau : sert à suspendre et à amener les embarcations.
    – Homme de bossoir : homme de veille sur le gaillard avant.

    #Bouge :
    Convexité transversale entre ponts et faux-ponts des navires.

    #Bouée :
    Corps flottant.

    #Bourlinguer :
    Se dit d’un bateau qui lutte dans une forte mer et d’un marin qui navigue beaucoup.

    #Braie :
    Sorte de collier en toile à voile ou en cuir que l’on applique autour du trou pratiqué dans le pont pour le passage d’un mât, d’une pompe, de la volée d’un canon afin d’empêcher l’infiltration de l’eau à l’intérieur du bateau.

    #Branles :
    Nom ancien des hamacs (d’où « branle-bas »).

    #Brasse :
    Mesure de longueur pour les cordages, 1m83, servant aussi à indiquer la profondeur de l’eau. Ce terme est en usage dans la plupart des nations maritimes mais la longueur en est différente : en France : 1m624, en Angleterre et en Amérique : 1m829 (six pieds anglais).

    #Brasser :
    Orienter les vergues au moyen des manoeuvres appelées bras. - carré : placer les vergues à angle droit avec l’axe longitudinal du navire. Brasser un tangon.

    #Brider :
    Étrangler, rapprocher plusieurs cordages tendus parallèlement par plusieurs tours d’un autre cordage qui les serre en leur milieu ; ou augmente ainsi leur tension.

    #Brigadier :
    Matelot d’une embarcation placé à l’avant pour recevoir les bosses ou les amarres, annoncer les obstacles sous le vent ou aider à accoster avec la gaffe.

    #Brin :
    Mot servant à indiquer la qualité du chanvre d’un cordage ; le meilleur est dit le premier brin. S’emploie aussi pour qualifier un homme remarquable.

    #Bulbe :
    Renflement de la partie inférieure d’une étrave.

    #Bulge :
    Renflement des flancs du navire.

    C
    #Cabaner :
    Chavirer sans dessus dessous en parlant d’une embarcation.

    #Cabestan :
    Treuil vertical servant à actionner mécaniquement ou à bras les barbotins.

    #Cabillot :
    Chevilles en bois ou en métal qui traversent les râteliers et auxquelles on amarre les manoeuvres courantes au pied des mâts ou en abord.

    #Câblot :
    Petit câble d’environ 100 mètres de longueur servant à mouiller les embarcations au moyen d’un grappin ou d’une petite ancre.

    #Cabotage :
    Navigation entre deux ports d’une même côte ou d’un même pays.

    #Caillebotis :
    treillis en bois amovible servant de parquet et laissant écouler l’eau.

    #Calfatage :
    Opération qui consiste à remplir d’étoupe, au moyen d’un ciseau et à coups de maillet, les coutures des bordages ou des ponts en bois d’un navire afin de les rendre étanches. L’étoupe est ensuite recouverte de brai.

    #Calier :
    Homme employé spécialement à la distribution de l’eau douce.

    #Caliorne :
    Gros et fort palan destiné aux manoeuvres de force.

    #Cap de mouton :
    Morceau de bois plat et circulaire percé de trois ou quatre trous dans lesquels passent des rides pour raidir les haubans, galhaubans, etc...

    #Cape (à la) :
    On dit qu’un navire est à la cape quand, par gros temps, il réduit sa voilure ou diminue la vitesse de sa machine en gouvernant de façon à faire le moins de route possible et à dériver le plus possible pour éviter les effets de la mer.

    #Capeler :
    Capeler un mât, c’est faire embrasser la tête du mât par toutes les manoeuvres dormantes qui doivent entourer cette tête et s’y trouver réunies.

    #Capeyer :
    Tenir la cape.

    #Capon :
    Palan qui servait à hisser l’ancre sur les anciens navires (bossoirs de capon).

    #Carène :
    Partie immergée de la coque d’un navire.

    #Caréner (un navire) :
    Nettoyer et peindre sa carène.

    #Cartahu :
    Cordage volant, sans affectation spéciale, destiné à hisser ou amener les objets qu’on y attache. Les cartahus de linge servent à mettre le linge au sec ; ils se hissent parfois entre les mâts de corde.

    #Chadburn :
    Système mécanique employé pour transmettre les ordres de la passerelle aux machines (marine de commerce).

    #Chambre (d’embarcation) :
    Partie libre, à l’arrière de l’embarcation où peuvent s’asseoir les passagers.

    #Chandeliers :
    Barres généralement en acier fixées verticalement en abord d’un pont, autour des panneaux et des passerelles pour empêcher les chutes. Les chandeliers sont percés de trous dans lesquels passent les tringles ou les filières de garde-corps.

    #Chapelle, #Faire_chapelle :
    Se dit d’un navire qui, marchant, sous un vent favorable, vient à masquer par suite, d’une cause quelconque et est obligé de faire le tour pour reprendre les mêmes amures.

    #Charnier :
    Tonneau à couvercle, ayant généralement la forme d’un cône tronqué et dans lequel étaient conservés les viandes et les lards salés pour la consommation journalière de l’équipage (ancien). Par extension réservoir rempli d’eau potable.

    #Chasser (sur son ancre) :
    Entraîner l’ancre par suite d’une tenue insuffisante de fond.

    #Château :
    Superstructure établie sur la partie centrale d’un pont supérieur et qui s’étend d’un côté à l’autre du navire.

    #Chatte :
    Grappin à patte sans oreilles dont on se sert pour draguer les câbles ou les objets tombés à la mer.

    #Chaumard :
    Pièce de guidage pour les amarres solidement fixées sur le pont dont toutes les parties présentent des arrondis pour éviter d’user ou de couper les filins.

    #Chèvre :
    Installation de trois mâtereaux réunis à leur tête pour les manoeuvres de force.

    #Choquer :
    Filer ou lâcher un peu de cordage soumis à une tension.

    #Claire :
    Ancre haute et claire :
    ancre entièrement sortie de l’eau, ni surpattée, ni surjalée. On dira de même :
    manoeuvre claire, pavillon clair.

    #Clan :
    Ensemble formé par un réa tournant dans une mortaise qui peut être pratiquée dans un bordage, une vergue ou un mât.

    #Clapot :
    Petites vagues nombreuses et serrées qui se heurtent en faisant un bruit particulier.

    #Clapotis :
    Etat de la mer qui clapote ou bruit de clapot.

    #Clin :
    Les bordages sont disposés à clin quand ils se recouvrent comme les ardoises d’un toit :
    embarcation à clins.

    #Clipper :
    Nom donné à un
    voilier
    fin de carène, spécialement construit pour donner une grande vitesse (clipper du thé, de la laine).

    #Coaltar :
    Goudron extrait de la houille (protège le bois de la pourriture).

    #Coffre :
    Grosse bouée servant à l’amarrage des navires sur une rade.

    #Connaissement :
    Document où est consigné la nature, le poids et les marques des marchandises embarquées. Cette pièce est signée par le capitaine après réception des marchandises avec l’engagement de les remettre dans l’état où elles ont été reçues, au lieu de destination sauf périls et accidents de mer.

    #Conserve, Naviguer de conserve :
    Naviguer ensemble (un bâtiment est ainsi « conserve » d’un autre).

    #Contre-bord (navire à) :
    Navire faisant une route de direction opposée à celle que l’on suit.

    #Coque :
    Boucle qui se forme dans les cordages.

    #Coqueron :
    Compartiment de la coque souvent voisine de l’étrave ou de l’étambot, servant e soute à matériel.

    #Corde :
    Ce mot n’est employé par les marins que pour désigner la corde de la cloche.

    #Cornaux :
    W-C. de l’équipage consistant en auges inclinées qui découlent dans les conduits aboutissant à la mer ; les cornaux étaient autrefois placés à tribord et à bâbord sur le plancher de la poulaine.

    #Corps-morts :
    Chaînes et ancres disposées au fond de la mer, solidement retenues par des empennelages, et dont une branche qui part dès la réunion des chaînes est nommée itague revient au-dessus de l’eau où elle est portée par un corps flottant (bouée ou coffre).

    #Coupée :
    Ouverture pratiquée dans les pavois ou dans le bastingage permettant l’entrée ou la sortie du bord.

    #Couples :
    Axes de charpente posés verticalement sur la quille.

    #Coursive :
    Terme général pour désigner des passages étroits tels que ceux qui peuvent se trouver entre des chambres ou autres distributions du navire.

    #Crachin :
    Pluie très fine. Crachiner.

    #Crapaud (d’amarrage) :
    Forts crampons pris sur le fond et servant au mouillage des coffres et des grosses bouées.

    #Crépine :
    Tôle perforée placée à l’entrée d’un tuyautage pour arrêter les saletés.

    #Croisillon :
    Petite bitte en forme de croix.

    #Croupiat :
    Grelin de cordage quelconque servant à amarrer l’arrière d’un navire à un quai ou à un bâtiment voisin. Faire croupiat :
    appareiller le navire en s’aidant d’une amarre pour éviter le navire vers la sortie du port ou du bassin.

    #Cul :
    Fond, partie arrière, basse ou reculée, d’un objet.
    – Cul d’une poulie :
    Partie de la caisse opposée au collet.
    – Cul de poule :
    Arrière allongé et relevé.
    – Cul de porc :
    Sorte de noeud.

    #Culer :
    En parlant d’un navire : marche arrière en avant.

    D
    #Dalot :
    Trous pratiqués dans les ponts et laissant s’écouler dans un tuyau placé au-dessous l’eau qui se trouve à la surface du pont.

    #Dames :
    Échancrures du plat-bord d’un canot garnies de cuivre et destinées à recevoir et à maintenir les avirons pendant la nage.

    #Darse :
    Bassin d’un port.

    #Déborder :
    Action de pousser au large une embarcation ou un bâtiment accosté à un navire ou à un quai.

    #Débouquer :
    Sortir d’un canal ou d’une passe pour gagner la mer libre.

    #Décapeler :
    Un mât, une vergue, c’est enlever les cordages qui y sont capelés ; un cordage, entourant un objet quelconque, c’est le dépasser par-dessus cet objet et l’enlever. De façon générale : ôter, décapeler un tricot, etc...

    #Défense :
    Tout objet suspendu contre le bord d’un navire ou d’une embarcation pour préserver la muraille du choc des quais et de toute construction flottante.

    #Déferler :
    Larguer les rabans de ferlage qui tiennent une voile serrée et la laisser tomber sur ses cargues. La lame déferle lorsqu’elle brise en s’enroulant sur elle-même ou en choquant une plage, une roche.

    #Déferler_un_pavillon :
    Peser sur la drisse pour permettre au pavillon de se déployer.

    #Déhaler :
    Déplacer un navire au moyen de ses amarres.

    Se déhaler :
    S’éloigner d’une position dangereuse au moyen de ses embarcations, de ses voiles.

    #Dérader :
    Quitter une rade.

    #Déraper :
    Une ancre : l’arracher du fond. Un navire dérape lorsqu’il enlève du fond sa dernière ancre.

    #Dérive :
    Différence entre le cap vrai du bâtiment et sa route vraie sous l’effet du vent de la mer et du courant.On appelle aussi « dérive » les surfaces que l’on immerge au centre de la coque ou sur les côtés pour s’opposer à la pression latérale du vent ; on devrait dire dans ce cas « contre dérive ». Être en dérive : navire ou objet qui flotte au gré du vent, des lames, des courants.

    #Désaffourcher :
    Relever une des deux ancres qui tiennent un navire affourché.

    #Désarmé :
    Un navire est désarmé lorsqu’il est amarré dans un port sans équipage et qu’il n’y a, en général, que des gardiens à bord.

    #Détroit :
    Ancre installée à la poupe d’un bâtiment.

    #Déventer :
    Une voile : la brasser en ralingue de façon à ce qu’elle fasseye.

    #Dévers :
    Inclinaison de l’étrave et courbure vers l’extérieur des couples de l’avant ayant pour avantage d’éviter l’embarquement des lames, formées par la vitesse du bâtiment.

    #Délester :
    Décharger le lest d’un navire, par exemple, alléger un navire.

    #Démailler :
    Séparer les maillons d’une chaîne, ou l’ancre de sa chaîne.

    #Demande :
    Filer à la demande un cordage qui fait effort, c’est le laisser (à la) filer en n’opposant qu’une faible résistance, mais en se tenant prêt à arrêter le mouvement au besoin.

    #Dépaler :
    Être dépalé : être porté par les courants, en dehors de la route que l’on doit suivre.

    #Déplacement :
    Poids du volume d’eau déplacé par un navire qui flotte. Le déplacement s’exprime en tonnes de 1000 kg.

    #Dévirer :
    (Cabestan, treuil, etc...) : tourner en sens contraire.

    #Dinghy :
    Embarcation en caoutchouc. L’on dit aussi
    zodiac quel que soit le modèle.

    #Double :
    Le double d’une manoeuvre : la partie qui revient sur elle-même dans le sens de la longueur après avoir passé dans une poulie ou autour d’un cabillot ou de tout autre objet. Quart de vin supplémentaire à titre de récompense.

    #Doubler :
    – Au vent : naviguer au vent de, passer au vent de...
    – Un cap : manoeuvrer et faire route de manière à contourner un cap.
    – Un bâtiment : le gagner de vitesse.
    – Les manoeuvres, cordages : les disposer en double en cas de mauvais temps ou autrefois à l’approche du combat.

    #Draille :
    Cordage tendu le long duquel une voile, une tente peuvent courir ou glisser par le moyen d’un transfilage ou d’anneaux.

    #Drisse :
    Cordage ou palan servant à hisser une vergue, une corne, une voile.
    – De flamme : cordage confectionné au moyen d’une machine spéciale, en une tresse ronde avec huit faisceaux, de trois fils à voile non goudronnés et destiné à hisser les signaux.

    #Drome :
    Ensemble des embarcations, des pièces de rechange : mâts, vergues, avirons, etc... embarqués à bord d’un bâtiment.
    – Des embarcations : rassemblement en bon ordre des avirons, mâts, gaffes d’un canot sur les bancs.

    #Drosse :
    Cordage en filin, en cuir, en fil d’acier, ou en chaîne qui sert à faire mouvoir la barre de gouvernail.

    #Drosser :
    Entraîner hors de sa route par les vents et la mer.

    #Ducs d’albe :
    Nom donné à un ou plusieurs poteaux réunis, enfoncés dans le fond d’un bassin ou d’une rivière afin d’y capeler des amarres quand on le déhale d’un navire.

    E
    #Echafaud :
    Planches formant une plate-forme que l’on suspend le long de la coque pour travailler.

    #Echouer :
    Toucher le fond.

    #Ecope :
    Pelle en bois à long manche qui sert à prendre de l’eau à la mer pour en asperger la muraille d’un bâtiment pour la nettoyer. Elle sert également à vider les embarcations.

    #Écoutille :
    Ouverture rectangulaire pratiquée dans le pont pour pouvoir accéder dans les entreponts et dans les cales.

    #Ecubier :
    Conduit en fonte, en tôle ou en acier moulé ménagé de chaque bord de l’étrave pour le passage des chaînes de l’ancre. Ouverture par laquelle passe la chaîne d’une ancre.

    #Elingue :
    Bout de filin ou longue estrope dont on entoure les objets pesants tels qu’une barrique, un ballot, une pièce de machine, etc... A cette élingue, on accroche un palan ou la chaîne d’un mât de charge pour embarquer ou débarquer les marchandises.

    #Embardée :
    Abattée d’un navire en marche en dehors de sa route ou au mouillage ou sous l’effet du vent ou du courant.

    #Embarder :
    Se dit d’un navire qui s’écarte de sa route à droite ou à gauche en suivant une ligne courbe et irrégulière. On dit aussi qu’un navire, à l’ancre, embarde quand il change constamment de cap sous l’effet du vent ou du courant.

    #Embellie :
    Amélioration momentanée de l’état de la mer et diminution du vent pendant une tempête ou encore éclaircie du ciel pendant le mauvais temps ou la pluie.

    #Embosser :
    Un navire : mouiller ou amarrer le bâtiment de l’AV et de l’AR, pour le tenir dans une direction déterminée malgré le vent ou le courant.

    #Embouquer :
    S’engager dans un canal, un détroit ou une passe.

    #Embraquer :
    Tirer sur un cordage de manière à le raidir : embraquer le mou d’une aussière.

    #Embrun :
    L’embrun est une poussière liquide arrachée par le vent de la crête des lames.

    #Emerillon :
    Croc ou anneau rivé par une tige dans un anneau de manière à pouvoir tourner librement dans le trou de l’anneau.

    #Empanner :
    Un navire à voile empanne ou est empanné quand il est masqué par le côté de l’écoute de ses voiles.

    #Encablure :
    Longueur employée pour estimer approximativement la distance entre deux objets peu éloignés l’un de l’autre. Cette longueur est de 120 brasses (environ 200 mètres). Longueur normale d’une glène d’aussière. Autre définition de l’encablure : un dixième de mille soit environ 185 mètres.

    #Encalminé :
    Voilier encalminé : quand il est dans le calme ou dans un vent si faible qu’il ne peut gouverner.

    #Engager :
    Un navire est engagé quand il se trouve très incliné par la force du vent, le désarrimage du chargement ou la houle et qu’il ne peut se redresser. Cordage engagé : cordage qui bloque.

    #En grand :
    Tout à fait, sans retenue.

    #Entremise :
    Fil d’acier reliant deux têtes de bossoir et sur lequel sont frappés les tire-veilles. Pièces de bois, cornière, placées dans le sens longitudinal. Elles servent avec les barrots à établir la charpente des ponts, à limiter les écoutilles, etc...

    #Épauler :
    La lame : prendre la mer à quelques quarts de l’AV pour mieux y résister.

    #Epontille :
    Colonne verticale de bois ou de métal soutenant le barrot d’un pont ou d’une partie à consolider.

    #Erre :
    Vitesse conservée par un navire sur lequel n’agit plus le propulseur.

    #Espars :
    Terme général usité pour désigner de longues pièces de bois employées comme mâts, vergues, etc...

    #Essarder :
    Essuyer, assécher avec un faubert ou une serpillière.

    #Etale :
    – Sans vitesse.
    – Étale de marée : moment où la mer ne monte ni ne baisse

    #Etaler :
    Résister à.

    #Étalingure :
    Fixation de l’extrémité d’un câble, d’une chaîne sur l’organeau d’une ancre. - de cale : fixation du câble ou de la chaîne dans la cale ou le puits à chaînes.

    #Etambot :
    Pièce de bois de même largeur que la quille et qui s’élève à l’arrière en faisant avec celle-ci un angle généralement obtus qu’on nomme quête. Il reçoit les fémelots ou aiguillots du gouvernail.

    #Etamine :
    Étoffe servant à la confection des pavillons.

    #Etarquer :
    Une voile : la hisser de façon à la tendre le plus possible.

    #Étrangler :
    Une voile : l’étouffer au moyen de cordages.

    #Etrangloir :
    Appareil destiné à ralentir et à arrêter dans sa course une chaîne d’ancre.

    #Evitage :
    Mouvement de rotation d’un bâtiment sur ses ancres, au changement de marées ou par la force du vent qui agit plus sur lui que sur le courant. Espace nécessaire à un bâtiment à l’ancre pour effectuer un changement de cap, cap pour cap.

    F
    #Fanal :
    Lanterne d’embarcation.

    #Fardage :
    Tout ce qui se trouve au-dessus de la flottaison excepté la coque lisse et offrant de la prise au vent. Dans la marine de commerce, désigne aussi les planches , nattes, etc... que l’on place sur le vaigrage du fond pour garantir les marchandises contre l’humidité.

    #Fatiguer :
    Un bâtiment fatigue lorsque, par l’effet du vent, de la mer, ses liaisons sont fortement ébranlées.

    #Faubert :
    Sorte de balai fait de nombreux fils de caret et dont on fait usage à bord pour sécher un pont après la pluie ou le lavage.

    #Faux-bras :
    Cordage installé le long du bord, pour faciliter l’accostage des embarcations.

    #Femelots :
    Pentures à deux branches embrassant l’étambot ou le gouvernail et représentant des logements pour recevoir les aiguillots.

    #Ferler :
    – Une voile carrée : relever par plis sur la vergue une voile carguée et la fixer au moyen de rabans dits de ferlage qui entourent la voile et la vergue.
    – Un pavillon : le plier et le rouler en le maintenant ensuite avec sa drisse.

    #Filer :
    – Une amarre : laisser aller une amarre dont un des bouts est attaché à un point fixe.
    – La chaîne : augmenter la touée d’une chaîne en la laissant aller de la quantité voulue en dehors du bord.
    – Par le bout, une chaîne ou grelin : laisser aller du navire dans l’eau.

    #Filière :
    Cordage tendu horizontalement et servant de garde-corps ou à suspendre différents objets. - de mauvais temps : cordage qu’on tend d’un bout à l’autre du bâtiment et auquel les hommes se retiennent pendant les forts mouvements de roulis et de tangage.

    #Flux :
    Marée montante.

    #Forain :
    Ouvert : Rade foraine : rade sans abri, exposée au mauvais temps du large (mouillage d’attente).

    Forme :
    – Bassin de radoub, ou cale sèche : bassin de radoub.
    – Formes d’un navire : ses lignes.

    #Fraîchir :
    Se dit du vent qui augmente d’intensité.

    #Frais :
    Désigne la forme du vent : joli frais, bon frais, grand frais.

    #Franc-bord :
    Distance entre le niveau de l’eau à l’extérieur du navire et la partie supérieure du pont principal à la demi-longueur du navire.

    #Fret :
    Somme convenue pour le transport de marchandises par navire. Les marchandises composant le chargement du navire.

    #Fuir :
    Devant le temps ou devant la mer : gouverner de manière à recevoir le vent ou la mer par l’arrière.

    #Fune :
    Grelin qui traîne le chalut. Prolongement de la filière des tentes d’un navire (mettre les tentes en fune).

    G
    #Galhauban :
    Cordage en chanvre ou en acier servant à assujettir par le travers et vers l’arrière les mâts supérieurs.

    #Gambier :
    Changer la position d’une voile à antenne ou au tiers d’un côté à l’autre du navire en faisant passer la vergue de l’autre côté du mât. Synonyme : muder, trélucher.

    #Galipot :
    Sorte de mastic avec lequel on recouvre les pièces métalliques en cas de repos prolongé ou d’exposition à l’arrosage par l’eau de mer. Pâte formée en parties égales de céruse et de suif fondu, étalée à chaud, au pinceau, sur les surfaces à protéger. On l’enlève par grattage et lavage à l’huile. Galipoter (vieux).

    #Gite :
    Synonyme de bande : Giter.

    #Glène :
    De cordage : portion de cordage ployée en rond sur elle-même, c’est à dire lové.

    #Grain :
    Vent violent qui s’élève soudainement généralement de peu de durée. Les grains sont parfois accompagnés de pluie, de grêle ou de neige.

    #Gréement :
    L’ensemble des cordages, manoeuvres de toutes sortes et autres objets servant à l’établissement, à la tenue ou au jeu de la mâture, des vergues et des voiles d’un navire.

    #Guindeau :
    Appareil servant à virer les chaînes, à mouiller et à relever les ancres à bord d’un navire. Son axe de rotation est horizontal.

    H
    #Habitacle :
    Sorte de cuvette ou de caisse cylindrique en bois ou en cuivre recouverte à la partie supérieure d’une glace et qui contient le compas de route et les lampes qui l’éclairent.

    #Hale-bas :
    Petit cordage frappé au point de drisse des voiles enverguées sur des drailles et qui sert à les amener.

    #Haler :
    Remorquer un navire dans un canal ou le long d’un quai au moyen d’un cordage tiré au rivage. Tirer un cordage ou un objet quelconque au moyen d’un cordage sur lequel on fait un effort.

    #Hanche :
    Partie de la muraille d’un navire qui avoisine l’arrière. On relève un objet par la hanche quand il est à 45° par l’arrière du travers.

    #Haut-fond :
    Sommet sous-marin recouvert d’eau peu profonde et dangereux pour la navigation.

    #Hauturière :
    Navigation au large ; contrôlée par l’observation des astres. Long cours.

    I
    #Itague :
    Cordage passant par une poulie simple et sur lequel on agit à l’aide d’un palan pour augmenter la puissance. Chaîne retenant un coffre et maillée au point de jonction des chaînes des ancres de corps-mort.

    J
    #Jambettes :
    Montants, bouts d’allonges qui dépassent le plat-bord d’un bâtiment et sur lesquels on tourne des manoeuvres ou on prend un retour. Pièces de bois ou de fer légèrement inclinées et retenant les pavois.

    #Jarretière :
    Sangle qui sert à saisir une drôme dans une embarcation.

    #Jauge :
    Volume des capacités intérieures des navires exprimé en tonneaux de 2m3.83 ou 100 pieds cubes anglais.

    #Jauge brute :
    Volume de tous les espaces fermés du navire sans exception aucune.

    #Jauge nette :
    Volume des espaces utilisables commercialement.

    #Jaumière :
    Ouverture pratiquée dans la voûte d’un navire pour le passage et le jeu de la partie supérieure de la mèche du gouvernail.

    #Joue :
    Creux des formes de la coque à l’avant d’un navire. Synonyme : épaule. Face extérieure de la caisse d’une poulie.

    #Joute :
    Compétition d’embarcations à l’aviron.

    #Jusant :
    Marée descendante.

    L
    #Laisse :
    – De marée : partie du rivage alternativement couverte et découverte par la mer dans les mouvements de la marée.

    #Laize :
    Chacune des bandes de toile dont se compose une voile.

    #Lamanage :
    Pilotage restreint aux ports, baies, rade et rivières de peu d’importance. Dans la coutume d’Oléron, le pilote s’appelait loman, c’est à dire homme du lof (côté du vent) ; on en a fait laman, puis lamaneur.

    #Larder :
    Voir paillet.

    #Latte :
    – De hauban : patte métallique fixée sur le bordage pour servir de cadène de hauban.

    #Lège :
    Bâtiment lège : bâtiment vide.

    #Lest :
    Matières pesantes arrimées dans les fonds du navire pour en assurer la stabilité.

    #Libre pratique :
    Permission donnée par les autorités sanitaires d’un port à un navire de communiquer librement avec la terre.

    #Loch :
    Appareil servant à mesurer la vitesse du navire.

    #Lumières :
    Petits canaux ou conduits pratiqués sur la face antérieure des varangues et destinés à conduire les eaux de cale au pied des pompes. Synonyme : anguillers

    M
    #Mahonne :
    Chaland de port à formes très arrondies utilisé en Méditerranée.

    #Maille :
    Intervalle entre deux couples voisins d’un navire ou entre deux varangues. Ouverture laissée entre les fils des filets de pêche.

    #Main_courante :
    Barre en métal, ou pièces de bois mince, placées de chaque côté des échelles de dunette, de roof-passerelle, de gaillard, etc... pour servir de rampe.

    #Maistrance :
    (Marine Nationale) - L’ensemble des officiers mariniers de la Marine de guerre française et plus particulièrement ceux de carrière qui constituent le cadre de maistrance proprement dit.

    #Maître_bau :
    Bau situé dans la plus grande largeur du navire.

    #Maître_couple :
    Couple situé de même.

    #Maître_de_quart :
    (Marine nationale) - Gradé du service manoeuvre qui, à bord des bâtiments militaires, seconde l’officier de quart dans le service des embarcations et rend les honneurs du sifflet à l’arrivée et au départ des officiers.

    #Maniable :
    Modéré (vent) ; assez beau (temps).

    #Manifeste :
    Liste complète et détaillée par marque et numéros des colis de marchandises formant la cargaison d’un navire. Cette liste est remise à la Douane du port de destination.

    #Marie-Salope :
    Chaland à saletés.

    #Marnage :
    Synonyme : d’amplitude pour la marée.

    #Maroquin :
    Cordage tendu entre deux mâts pour servir à supporter une ou plusieurs poulies dans lesquelles passent des manoeuvres ou des drisses.

    #Mascaret :
    Phénomène qui se produit dans le cours inférieur d’un fleuve consistant en plusieurs lames creuses et courtes formées par la remontée du flot contre le courant du propre fleuve.

    #Mât_de_charge :
    Espar incliné tenu par des balancines portant des apparaux servant à déplacer des poids.

    #Mâter :
    Mettre un mât en place. Mâter une pièce, une barrique, les avirons : les dresser et le tenir dans une position verticale.

    #Mégaphone :
    Tronc de cône creux et léger servant à augmenter la portée de la voix.

    #Membrure :
    Pièce de bois ou de fer soutenant le bordé et les vaigres sur laquelle viennent se fixer les barrots (Synonyme : couple).

    #Midship :
    Aspirant ou enseigne de vaisseau, en général le plus jeune parmi les officiers. Désigne également des chaussures ouvertes utilisées à bord des bâtiments de la Marine en pays chaud.

    #Mole :
    Construction en maçonnerie, destinée à protéger l’entrée d’un port et s’élevant au-dessus du niveau des plus fortes marées.

    #Mollir :
    Diminuer de violence (vent / mer).

    #Mou :
    Un cordage a du mou quand il n’est pas assez tendu. Donner du mou : choquer une manoeuvre. Un navire est mou quand il a tendance à abattre.

    #Moucheter_un_croc :
    Amarrer un bout entre pointe et dos pour empêcher le décrochage.

    #Mouiller :
    Jeter l’ancre et filer la touée de la chaîne convenable.

    #Mousson :
    Vents périodiques, soufflant avec de légères variations pendant une moitié de l’année dans une direction et pendant l’autre moitié de l’année dans la direction opposée. (Mers de Chine et Océan Indien).

    #Musoir :
    Pointe extrême d’une jetée ou d’un môle ; se dit aussi de l’extrémité d’un quai à l’entrée d’un bassin ou d’un sas.

    N
    #Nable :
    Trou percé dans le fond d’une embarcation servant à la vider lorsque cette embarcation n’est pas à flot. S’obture au moyen d’un bouchon de nable.

    #Nage :
    Mouvement imprimé par l’armement aux avirons d’une embarcation.
    – Chef de nage : Nageurs assis sur le banc arrière dont les mouvements sont suivis par tous les autres.
    – Nage à couple : Quand il y a 2 (canot) ou 4 (chaloupe) nageurs sur chaque banc.
    – Nage en pointe : 1 nageur par banc (baleinière).

    #Natte :
    Nom donné aux paillets et aux sangles qu’on place en divers endroits de la mâture et du gréement qu’on veut garantir du frottement.

    #Nid de pie :
    Installation placée assez haut sur le mât avant de certains navires et dans laquelle se tient l’homme de vigie. A bord des navires polaires, on dit plutôt #nid_de_corbeau.

    O
    #Obéir :
    Un navire obéit bien à la barre quand il en sent rapidement l’action.

    #Obstructions :
    Défenses fixes, d’un port pour en interdire l’accès à un ennemi de surface, sous-marin ou aérien.

    #Oeil :
    Boucle formée à l’extrémité d’un filin.

    #Oeil de la tempête :
    Éclaircie dans le ciel au centre des ouragans.

    #Oeuvres_mortes :
    Partie émergée de la coque.

    #Oeuvres_vives :
    Partie immergée de la coque.

    #Opercule :
    Tape de hublot.

    #Oreilles_d_âne :
    Cuillers en tôle permettant d’augmenter le débit d’air entrant par les hublots.

    P
    #Paille de bitte :
    Tige de fer traversant la tête d’une bitte pour empêcher la chaîne ou l’aussière de décapeler.

    #Paillet :
    Réunion de fils de bitord, torons de cordage, etc... tressés ensemble et formant une sorte de natte. On les emploie pour garnir les manoeuvres dormantes afin empêcher le frottement.

    #Palanquée :
    Colis, ensemble de marchandises groupées dans une élingue ou un filet pour être embarquées ou débarquées en un seul mouvement de grue.

    #Palanquer :
    Agir sur un objet quelconque avec un ou plusieurs palans.

    #Panne (mettre en) :
    Manoeuvre qui a pour objet d’arrêter la marche du navire par le brasseyage de la voilure.

    #Pantoire :
    Fort bout de cordage terminé par un oeil muni d’une cosse.

    #Pantoire_de_tangon :
    Retient le tangon dans le plan vertical.

    #Paravane (un) :
    Deux brins de dragage fixés au brion terminés par des flotteurs divergents. Installation destinée à la protection contre les mines à orin.

    #Paré :
    Prêt, libre, clair, hors de danger.

    #Parer :
    – Un cap : le doubler ; - un abordage : l’éviter.
    – Une manoeuvre : la préparer.
    – Manoeuvres : commandement pour tout remettre en ordre.
    Faire parer un cordage : le dégager s’il est engagé ou empêcher de la faire.

    #Passerelle :
    Petit cordage servant de transfilage ou à passer une manoeuvre plus grosse dans les poulies ou un conduit.
    Aussière ou chaîne passée d’avance sous la coque d’un bâtiment afin de permettre une mise en place rapide d’un paillet makaroff.

    #Pataras :
    Hauban supplémentaire destiné à soulager temporairement à un hauban soumis à un effort considérable - très employé sur les yachts de course, ce hauban mobile appelle largement sur l’arrière.

    #Patente de santé :
    Certificat délivré à un navire par les autorités du port pour attester l’état sanitaire de ce port.

    #Pavois :
    Partie de coque au-dessus du pont formant garde corps.

    #Grand_pavois :
    Pavillon de signaux frappés le long des étais et de l’entremise dans un ordre déterminé.

    #Petit_pavois :
    Pavillons nationaux en tête de chacun des mâts. Au-dessus du pavois : Syn. « de montré » pour un signal par pavillon de 1 signe.

    P#eneau (faire) :
    Tenir l’ancre prête à mouiller par grands fonds après avoir filé une certaine quantité de chaîne pour atténuer la violence du choc sur le fond.

    #Perdant :
    Synonyme : jusant.

    #Perthuis :
    Détroit entre les îles, des terres ou des dangers.
    Ouverture d’accès dans une cale sèche.

    #Phare :
    Construction en forme de tour portant un feu à son sommet.
    Mât avec ses vergues, voiles et gréement. Ex. : phare de misaine, phare de l’avant, phare de l’arrière, phare d’artimon, phare carré.

    #Phoscar :
    Sorte de boîte à fumée et à feu jetée d’un bâtiment afin de matérialiser un point sur la mer.

    #Pic (a pic) :
    Position verticale de la chaîne de l’ancre au moment où celle-ci est sur le point d’être arrachée au fond. A long pic : laisser la chaîne de l’ancre un peu plus longue que pour être à pic.

    #Pied :
    Jeter un pied d’ancre : mouiller avec un peu de touée pour un court laps de temps.
    Mesure de longueur égale à 0,305mètre.

    #Pied_de_biche :
    Pièce de fonte, dans un guindeau.

    #Pied_de_pilote :
    Quantité dont on augmente le tirant d’eau pour être sur de ne pas talonner.

    #Pigoulière :
    Embarcation à moteur assurant à heures fixes à TOULON le service de transport du personnel entre différents points de l’Arsenal.

    #Piloter :
    Assurer la conduite d’un navire dans un port ou dans les parages difficiles de la côte.

    #Piquer_l_heure :
    Sonner l’heure au moyen d’une cloche.

    #Plat-bord :
    – Dans un bâtiment en bois : ensemble des planches horizontales qui recouvrent les têtes des allonges de sommet.
    – Dans un navire en fer : ceinture en bois entourant les ponts.

    #Plein :
    Synonyme : pleine mer.
    – Plus près bon plein : allure de 1 quart plus arrivée que le plus près.
    – Mettre au plein : échouer un bateau à la côte.

    #Poste (amarre de) :
    Aussière ou grelin de forte grosseur fournie par les ports pour donner plus de sécurité et plus de souplesse à l’amarrage des navires et éviter l’usure de leurs propres aussières d’amarrage.

    #Pot_au_noir :
    Zone des calmes équatoriaux caractérisés par des pluies torrentielles.

    #Poulaine :
    Partie extrême avant d’un navire : lieu d’aisance de l’équipage.

    #Poupée_de_guindeau :
    Bloc rond en fonte sur lequel on garnit les amarres que l’on veut virer au guindeau.

    #Prélart :
    Laize de toile à voile souple, cousues ensemble puis goudronnées, destinées à couvrir les panneaux d’une écoutille et empêcher l’accès de l’eau dans les entreponts ou la cale.

    #Puisard :
    Espace compris entre deux varangues et formant une caisse étanche dans laquelle viennent se rassembler les eaux de cale.

    #Pilot_chart :
    Cartes périodiques publiées par l’Office Météo des Etats-Unis fournissant des renseignements sur la direction et la force des vents et des courants probables et la position des icebergs.

    Q
    #Quart :
    32ème partie du tour d’horizon, vaut 11 degrés 15 minutes.
    Synonyme. : de rhumb de compas.

    #Queue _de_rat :
    – Cordage terminé en pointe.
    – D’un grain : rafale violente et subite à la fin d’un grain.
    – Aviron de queue : aviron servant de gouvernail.

    #Quille_de_roulis :
    Plan mince, en tôle, fixé normalement et extérieurement à la coque, dans la région du bouchain, sur une partie de la longueur du navire, et destiné à entraîner l’eau lors des mouvements de roulis pour les amortir plus rapidement.

    R
    #Raban :
    Tresse ou sangle de 8 à 9 mètres de long formée d’un nombre impair de brins de bitord.
    – De hamac : bout de quarantenier servant à suspendre le hamac.
    – De ferlage : cordon ou tresse servant à serrer une voile sur une vergue, un gui, etc...

    #Rabanter :
    Fixer ou saisir un objet à son poste avec les rabans destinés à cet usage.
    – Une voile : la relever pli par pli sur la vergue et l’entourer, ainsi que la vergue, avec les rabans.

    #Radier :
    Maçonnerie sur laquelle on établit les portes d’un bassin et d’une forme.

    #Radoub :
    Passage au bassin d’un navire pour entretien ou réparation de sa coque.

    #Rafale :
    Augmentation soudaine et de peu de durée du vent.

    #Rafiau ou #Rafiot :
    Petite embarcation, mauvais navire.

    #Rafraîchir :
    Un câble, une amarre, c’est en filer ou en embraquer une certaine longueur de manière à ce que le portage ne soit jamais à la même place.

    #Raguer :
    Un cordage rague lorsqu’il s’use, se détériore en frottant sur un objet dur ou présentant des aspérités. Se dit aussi d’un bâtiment frottant contre un quai.

    #Rail :
    Pièce en cuivre vissée sur un mât à pible ou un gui sur laquelle sont enfilés les coulisseaux.

    #Rambarde :
    Garde-corps.
    Synonyme : de main courante.

    #Ras :
    Radeau servant aux réparations à faire à un bâtiment près de sa flottaison.
    Petits appontements flottants.

    #Ratier :
    Argot de bord - Matelot sans spécialité chargé de l’entretien de la coque.

    #Rattrapant :
    Yacht rattrapant. Terme de régate : lorsque deux yachts font la même route ou à peu près, celui qui est en route libre derrière l’autre commence à être considéré comme « yacht rattrapant l’autre » aussitôt qu’il s’en approche assez près pour qu’il y ait « risque de collision » et continue à être tel jusqu’à ce qu’il redevienne en roue libre devant ou derrière, ou s’en soit écarté par le travers jusqu’à écarter le risque de collision.

    #Raz :
    Courant violent dû au flot ou au jusant dans un passage resserré.

    #Reflux :
    Mouvement rétrograde de l’eau après la marée haute.
    Synonyme : jusant, ébe.

    #Refuser :
    Le vent refuse lorsque sa direction vient plus de l’avant. Contraire : adonner.

    #Relâcher :
    Un navire relâche quand par suite du mauvais temps, avaries subies, etc... il est forcé d’interrompre sa mission et d’entrer dans un port qui n’est pas son port de destination.

    #Renard :
    Plateau sur lequel sont pointés les noms des officiers qui descendent à terre.

    #Rencontrer :
    La barre ou simplement rencontrer : mettre la barre du côté opposé à celui où elle était auparavant pour arrêter le mouvement d’abatée du navire.

    #Rendre :
    Un cordage rend lorsqu’il s’allonge. Une manoeuvre est rendue lorsqu’on l’a amenée à son poste en halant dessus. Rendre le mou d’un cordage : tenir le cordage à retour d’un bout tandis qu’on hale de l’autre bout. Rendre le quart : remettre le quart à son successeur.

    #Renflouer :
    Remettre à flot un navire échoué.

    #Renverse :
    Du courant : le changement cap pour cap de sa direction.

    #Ressac :
    Retour violent des lames sur elles-mêmes lorsqu’elles vont se briser sur une côte, un haut-fond.

    #Retenue :
    Cordage en chanvre, en acier ou chaîne servant à soutenir un bout-dehors, un bossoir.

    #Rider :
    Une manoeuvre dormante : c’est la raidir fortement à l’aide de ridoirs ou de caps de mouton.

    #Riper :
    Faire glisser avec frottement.

    #Risée :
    Petite brise subite et passagère.

    #Rocambeau :
    Cercle en fer garni d’un croc, servant notamment à hisser la vergue d’une voile au tiers et à amurer le point d’amure du foc le long de son bout-dehors.

    #Rôle :
    Rôle de combat, rôle d’équipage, etc...

    #Rondier :
    Gradé ou matelot chargé d’une ronde.

    #Roof :
    Superstructure établie sur un pont supérieur et ne s’étendant pas d’un côté à l’autre du navire.

    #Roulis :
    Balancement qui prend le navire dans le sens transversal.

    #Routier :
    Carte marine à petite échelle comprenant

    S
    #Sabaye :
    Cordage avec lequel on hâle à terre un canot mouillé près de la côte.

    ##Sabord :
    Ouverture rectangulaire pratiquée dans la muraille d’un navire.

    Saborder :
    Faire des brèches dans les oeuvres vives d’un navire pour le couler.

    #Safran :
    Surface du gouvernail sur laquelle s’exerce la pression de l’eau pour orienter le navire.

    #Savate :
    Pièce de bois sur laquelle repose un navire au moment de son lancement.

    #Saisine :
    Cordage servant à fixer et à maintenir à leur place certains objets.

    #Sangle :
    Tissu en bitord qui sert à garantir du frottement certaines parties du navire ou du gréement ou à maintenir au roulis des objets suspendus.

    #Sas :
    Partie d’un canal muni d’écluses, destinée à établir une jonction entre deux bassins de niveaux différents. Compartiment en séparant deux autres dont les ouvertures ne peuvent s’ouvrir que l’une après l’autre.

    #Saute_de_vent :
    Changement subit dans la direction du vent.

    #Sauve-Garde :
    Cordages fourrés ou chaînes servant à empêcher le gouvernail d’être emporté s’il vient à être démonté. Ils sont fixés d’un bout sur le gouvernail, de l’autre sur les flancs du bâtiment.

    #Sec (à) :
    Un bâtiment court à sec, est à sec de toile lorsqu’il navigue sans se servir de ses voiles, mais poussé par le vent.

    #Semonce :
    Ordre donné par un navire armé à un autre navire de montrer ses couleurs et au besoin d’arrêter pour être visité.

    #Coup (coup de) :
    Coup de canon appuyant cet ordre.

    #Servir :
    Faire servir : manoeuvre d’un navire à voiles pour quitter la panne et reprendre la route.

    #Seuil :
    Élévation du fond de la mer s’étendant sur une longue distance.

    #Sillage :
    Trace qu’un navire laisse derrière lui à la surface de la mer.

    #Slip :
    Plan incliné destiné à mettre à l’eau ou à haler à terre de petits bâtiments ou des hydravions au moyen d’un chariot sur rails.

    #Soufflage :
    Doublage en planches minces sur le bordé intérieur ou extérieur.

    #Souille :
    Enfoncement que forme dans la vase ou le sable mou un bâtiment échoué.

    #Sous-venté :
    Un voilier est sous-venté quand il passe sous le vent d’un autre bâtiment, d’une terre qui le prive de vent.

    #Spardeck :
    Pont léger au-dessus du pont principal.

    #Suceuse :
    Drague travaillant par succion du fond.

    #Superstructures :
    Ensemble des constructions légères situées au-dessus du pont supérieur.

    #Surbau :
    Tôle verticale de faible hauteur encadrant un panneau, un roof ou un compartiment quelconque.

    #Syndic :
    Fonctionnaire de l’Inscription Maritime remplaçant les Administrateurs dans les sous-quartiers.

    #Syzygie (marée des) :
    Marées correspondant à la nouvelle ou à la pleine lune. Synonyme : marée de vive-eau.

    T
    #Table_à_roulis :
    Table percée de trous.
    Par gros temps, on y met des chevilles appelées violons ou cabillots qui permettent de fixer les objets qui s’y trouvent.

    #Tableau :
    Partie de la poupe située au-dessus de la voûte.
    Dans un canot ou une chaloupe, partie arrière de l’embarcation.

    #Talon_de_quille :
    Extrémité postérieure de la quille sur laquelle repose l’étambot.

    #Talonner :
    Toucher le fond de la mer avec le talon de la quille.

    #Tangon :
    Poutre mobile établie horizontalement à l’extérieur d’un navire, à la hauteur du pont supérieur et perpendiculairement à la coque, sur laquelle on amarre les embarcations quand le navire est à l’ancre.
    – De spinnaker ou de foc : espars servant à déborder le point d’écoute du spinnaker ou du foc au vent arrière.

    #Tangage :
    Mouvement que prend le navire dans le sens longitudinal.

    #Tanker :
    Navire pétrolier.

    #Tape :
    Panneau en tôle ou pièce de bois obturant une ouverture.

    #Taud :
    Abri de grosse toile qu’on établit en forme de toit au-dessus des ponts pour garantir l’équipage contre la pluie. Etui placé sur les voiles serrées pour les garantir de la pluie.

    #Teck :
    Bois des Indes presque imputrescibles aussi fort et plus léger que le chêne ; très employé dans la construction navale.

    #Tenir :
    Navire tenant la mer : se comportant bien dans le mauvais temps.

    #Tenir le large :
    Rester loin de la terre.

    #Tenue :
    Qualité du fond d’un mouillage. Les fonds de bonne tenue sont ceux dans lesquels les pattes des ancres pénètrent facilement et ne peuvent cependant en être arrachées qu’avec difficulté.
    La tenue d’un mât est son assujettissement par les étais et les haubans.

    #Teugue :
    Partie couverte du pont supérieur avant, constituant un gaillard d’avant où les hommes de l’équipage peuvent s’abriter.

    #Tiens-bon ! :
    Commandement à des hommes qui agissent sur un cordage, un cabestan, etc... de suspendre leurs efforts tout en restant dans la position où ils sont (voir « Tenir bon »).

    #Tiers (voile au) :
    Synonyme : de bourcet
    Voiles des canots et chaloupes.

    #Tillac :
    Pont supérieur ou parfois plancher d’embarcation.

    #Tins :
    Pièces de bois carrées placées à des distances régulières sur le fond d’une cale-sèche et destinées à soutenir la quille des navires.

    #Tire-veilles :
    Nom donné à un bout de filin terminé par une pomme à la rambarde au bas de l’échelle de coupée d’un navire et auquel on se tient pour monter à bord ou pour en descendre.
    Bout amarré sur l’entremise des bossoirs d’embarcation et auxquels se tient l’armement d’une embarcation quand on la met à l’eau ou quand on la hisse.

    #Tomber :
    – Sous le vent : s’éloigner de l’origine du vent.
    – Sur un navire, une roche : être entraîné par le vent, le courant ou toute autre cause vers un navire, un rocher, etc...
    – Le vent tombe, la mer tombe : le vent diminue d’intensité, les vagues de force.

    #Tonnage :
    Capacité cubique d’un navire ou de l’un de ses compartiments exprimée en tonneaux. Le tonneau est égal à cent pieds cubes anglais ou à 2,83 mètres cubes (c’est le tonneau de jauge) ; Le tonnage exprime toujours un volume.

    #Tonne :
    Grosse bouée en bois, en fer ou en toile.

    #Top :
    Prendre un top : comparer une pendule réglée avec son chronomètre, ou relever un signal horaire au compteur.

    #Tosser :
    Un navire tosse lorsque, amarré le long d’un quai, sa coque frappe continuellement contre le quai par l’effet de la houle.
    A la mer, le navire tosse quand l’AV retombe brutalement dans le creux des vagues.

    #Touage :
    Remorquage, plus particulièrement en langage de batellerie.

    #Toucher :
    Être en contact avec le fond. Toucher terre : faire escale.

    #Touée :
    Longueur de la remorque avec laquelle on hale un navire pour le déplacer.
    Longueur de la chaîne filée en mouillant une ancre. Par extension : longueur d’une certaine importance d’un câble filé ou d’un chemin à parcourir.

    #Touline :
    Petite remorque et plus généralement lance-amarre.

    #Tourner :
    Une manoeuvre : lui faire faire un nombre de tours suffisant autour d’un point fixe pour l’empêcher de filer ou de lâcher.

    #Traîne :
    Tout objet que l’on file à l’arrière d’un navire à l’aide d’un bout de filin.
    A la traîne : un objet est à la traîne lorsqu’il n’est pas placé à la place qui lui est assignée.

    #Transfiler :
    – Deux morceaux de toile : les rapprocher bord à bord au moyen d’un bout de ligne passant alternativement des oeillets pratiqués dans l’un dans ceux pratiqués dans l’autre.
    – Une voile : la fixer à sa vergue, gui ou corne au moyen d’un filin nommé transfilage et passant d’un oeillet à l’autre en embrassant la vergue, le gui, la corne.

    #Traversier :
    Amarre appelant d’une direction perpendiculaire à l’axe longitudinal.
    Un vent traversier est un vent bon pour aller d’un port à un autre et pour un revenir.

    #Trou_d_homme :
    Ouverture elliptique d’un double fond ou d’un ballast.

    #Tunnel :
    Conduit en tôlerie de dimensions suffisantes pour permettre le passage d’un homme et à l’intérieur duquel se trouve une ligne d’arbres entre la chambre des machines et la cloison de presse-étoupe AR.

    V
    #Va_et_vient :
    Cordage en double servant à établir une communication entre deux navires ou entre un navire et la côte, notamment pour opérer le sauvetage des naufragés.

    #Vadrouille :
    Bouts de cordage défaits, serrés sur un manche et servant au nettoyage. Faubert emmanché.

    #Vague_satellite :
    Soulèvement de la mer produit par le mouvement du navire en marche.

    #Varangue :
    La varangue est la pièce à deux branches formant la partie inférieure d’un couple et placées à cheval sur la quille. La varangue est prolongée par des allonges. Tôle placée verticalement et transversalement d’un bouchain à l’autre pour consolider le petit fond du navire.

    #Vase :
    Terre grasse, noirâtre, gluante. La vase peut être molle, dure mêlée ; elle présente généralement une bonne tenue.

    #Veille (ancre de) :
    Ancre prête à être mouillée.

    #Veiller :
    Faire attention, surveiller. Veiller l’écoute : se tenir prêt à la larguer, à la filer. Veiller au grain : l’observer, le suivre.

    #Vélique :
    Point vélique = centre de voilure de toutes les voiles.

    #Ventre :
    La partie centrale d’un bâtiment surtout lorsque ses couples sont très arrondis.

    #Verine :
    Bout de filin terminé par un croc ou une griffe et dont on fait usage en simple ou en double pour manier les chaînes des ancres.

    #Videlle :
    Reprise faite à un accroc dans une toile.

    #Virer :
    Exercer un effort sur un cordage ou sur une chaîne par enroulement sur un treuil, guindeau ou cabestan.
    – Virer à pic : virer suffisamment le câble ou la chaîne pour amener l’étrave du navire à la verticale de l’ancre.
    – Virer à long pic : virer en laissant la chaîne un peu plus longue que la profondeur de l’eau.

    #Virer_de_l_avant :
    faire avancer un navire en embraquant ses amarres de l’avant au cabestan ou au guindeau.
    – Virer sur la chaîne : rentrer une partie de la chaîne en se servant du cabestan ou du guindeau.
    – Virer de bord : changer les amures des voiles.

    #Vit_de_nulet ou #Vi_de_mulet :
    Tige de métal articulée fixée à une vergue, à un gui, à un mât de charge pour le relier au mât qui porte une douille. Employé en particulier pour les mâts de charge.

    #Vitesse :
    L’unité marine de vitesse est le noeud qui représente un mille marin (1852 mètres) à l’heure. Ne jamais dire un noeud à l’heure.

    #Vive-eau :
    Grande marée.

    #Voie_d_eau :
    Fissure ou ouverture accidentelle dans des oeuvres vives.

    W
    #Wharf :
    Littéralement quai, plus spécialement pour désigner un appontement qui s’avance dans la mer au-delà de la barre sur la côte occidentale d’Afrique.

    Y
    #Youyou :
    Très petite embarcation de service à l’aviron et à la voile.

  • La presse mainstream et l’extrême-droite

    L’ensemble des personnels du JDD (groupe Lagardère tout juste racheté par Bolloré) viennent de voter (à 99%) une grève de 24 heures.

    Motif, l’actuel directeur de la rédaction, Jérome Béglé prend la direction de Paris-match (itou Bolloré).

    Remplacé par Geoffroy Lejeune, grand ami de Zemmour et Le Pen la jeune, tout juste viré du Point pour extrémisme :-)

    Qui sera secondé par Charlotte d’Ornenas, la nouvelle Jeanne d’Arc des fachos...

    2027 c’est demain...

    • Geoffroy Lejeune, une croisade réactionnaire jusqu’au « Journal du dimanche »
      https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2023/06/24/geoffroy-lejeune-une-croisade-reactionnaire-jusqu-au-journal-du-dimanche_617

      Une décennie qu’il fait sien le conseil livré en 2012 par l’idéologue d’extrême droite #Patrick_Buisson : « Investissez les médias. »

      A sa sortie de l’Ecole supérieure de journalisme de Paris et d’un stage au Point, en 2011, Geoffroy Lejeune atterrit à Valeurs actuelles, recruté par le patron de l’époque, Guillaume Roquette, actuel directeur de la rédaction du Figaro Magazine. Le titre des droites anti-gaullistes vivote. Un nouveau directeur, Yves de Kerdrel, doit le relancer pour en faire le journal de « la droite qui s’assume ». En 2016, la revue célèbre ses 50 ans, le milliardaire franco-libanais Iskandar Safa vient de la racheter. Geoffroy Lejeune est promu directeur de la rédaction, il a 27 ans. Sa mission : faire oublier les excès, comme cette « une » sur les Roms ayant valu au journal d’être condamné pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence.
      Déterminé à mener le « combat culturel », Geoffroy Lejeune fait venir Charlotte d’Ornellas, qui a débuté au site d’extrême droite Boulevard Voltaire, proche des catholiques traditionalistes et des sphères identitaires. Mais aussi son propre frère, Bastien Lejeune, promu rédacteur en chef. Son ami Tugdual Denis, venu du Point, devient son adjoint. « Les Charlotte d’Ornellas, Eugénie Bastié, Alexandre Devecchio restent des exceptions dans le milieu médiatique », déplore-t-il, en appelant au « sursaut » à l’école créée par Marion Maréchal, l’une de ses amies les plus chères depuis l’adolescence.
      Pas de deux avec la Macronie jusqu’à l’irruption de Zemmour
      Outre la nièce de Marine Le Pen – à qui il consacre de nombreux numéros –, ses intimes comptent le chanteur Vianney, l’humoriste Gaspard Proust, avec qui il part en vacances dans son chalet des Alpes, ou encore l’écrivain aux accents réactionnaires Michel Houellebecq. En avril 2019, ce dernier l’invite à l’Elysée pour sa remise de Légion d’honneur, décision à laquelle #Geoffroy_Lejeune a concouru… à travers son ami Bruno Roger-Petit, actuel conseiller mémoire d’Emmanuel Macron.

      suivi de Comment l’extrême droite a infiltré les médias, juin 2022
      https://justpaste.it/agiif

      #media #extrême_droite #Vincent_Bolloré

    • L’impact de La Manif pour tous

      Le quinquennat de François Hollande marque un coup d’accélérateur. La droite conservatrice, pourtant peu habituée à battre le pavé, n’en revient pas du succès de La Manif pour tous, qui s’oppose au mariage entre personnes de même sexe. « J’ai été étonnée du nombre et de la durée de la mobilisation. Ça a créé un désir militant », se souvient Charlotte d’Ornellas, catholique conservatrice revendiquée, partie prenante du mouvement. Tandis que le couple Ménard lance le site de la droite « hors les murs » Boulevard Voltaire, des jeunes gens aux antipodes des caricatures poussiéreuses de la génération Le Pen ou des Versaillais en chaussures bateau trouvent le chemin des chaînes d’infos, qui cherchent justement des personnalités tranchées pour pimenter les débats – et soutenir les audiences.

    • Pourtant, de l’aveu même de ses protagonistes, la conquête gramsciste de l’opinion, qui vise à remporter la bataille culturelle des idées, ne cesse d’avancer. « Dans les années 1980, ceux qui critiquaient l’immigration, la mondialisation, on les voyait comme des Bourvil à vélo, des vieux cons des années 1950 », décrit le député RN Philippe Ballard, quarante ans de journalisme, dont vingt-cinq à TF1, et passé au RN en 2021. Selon eux, le réel aurait simplement rattrapé des médias idéologiquement aveuglés. Pourtant, alors qu’Eric Zemmour et les rédactions revenaient, cet automne, de manière obsessionnelle sur l’immigration, ce sujet ne figurait pas en tête des préoccupations des Français. « Un combat culturel est gagné quand un sujet devient normal dans la tête des gens », insiste Charlotte d’Ornellas.

    • En cinq ans, les choses ont changé : « Quand Emmanuel Macron a été élu, les chaînes d’infos faisaient l’actu. Maintenant, c’est une espèce de système réseaux sociaux-YouTube-chaînes d’opinion », constate une source à l’Elysée

    • re : https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2023/06/24/geoffroy-lejeune-une-croisade-reactionnaire-jusqu-au-journal-du-dimanche_617

      cité par @colporteur plus haut,

      En avril 2019, [#Michel_Houellebecq] l’invite à l’Elysée pour sa remise de Légion d’honneur, décision à laquelle #Geoffroy_Lejeune a concouru… à travers son ami #Bruno_Roger-Petit, actuel conseiller mémoire d’Emmanuel Macron.

      Si le « conseiller mémoire » de Macron est membre du club des réacs, c’est pas juste les médias / mainstream qui sont « investis » par l’extrême droite ; c’est carrément, officiellement, la tête de l’état :-)

      Plus les pieds, vu qu’on a réussi collectivement à envoyer presque 90 FN au parlement.

    • « Tableau de chasse » de #Vincent_Bolloré :

      https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/canal-i-tele-paris-match-avant-le-jdd-la-mainmise-de-vincent-bollore-su

      Vincent Bolloré récidive. Spécialisé à l’origine dans la papeterie, l’homme d’affaires a débuté la construction de son empire médiatique il y a près de dix ans, en 2014, en accédant à la présidence du conseil de surveillance du groupe Vivendi, et du même coup de sa filiale Canal+. Récemment, le milliardaire a étendu sa toile en lançant une OPA (offre publique d’achat) sur les médias du groupe Lagardère. Après la validation de l’opération par la Commission européenne, le patron ultra-conservateur est entré en conflit avec la rédaction du JDD.

    • Soutien au « JDD » : la droite défend Geoffroy Lejeune, Jean-Luc Mélenchon détonne à gauche
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/06/29/soutien-au-jdd-la-droite-defend-geoffroy-lejeune-jean-luc-melenchon-detonne-

      Les trois chefs de partis de gauche ont signé la tribune de soutien où l’on retrouve des élus de La France insoumise (LFI), comme les députés Clémentine Autain, Manon Aubry, Louis Boyard, Alexis Corbière, Eric Coquerel et Raquel Garrido. Mais pas de trace de Jean-Luc Mélenchon. Une décision assumée en interne par l’ancien candidat à l’élection présidentielle, qui renoue avec ses critiques contre la presse. Dans une tonalité qui dépasse largement la critique, consensuelle à gauche, de la concentration des médias.

      Dans une boucle interne, M. Mélenchon a estimé que signer la tribune n’avait « pas de sens ». Il justifie : « Le JDD nous a insultés et traînés dans la boue toutes les semaines depuis au moins un an. Et dans son dernier numéro paru, encore. C’était d’ailleurs un véritable tract pro-Le Pen. » Il ajoute que « tous les larbins de Bolloré qui composent cette rédaction vont reprendre le travail pour lequel ils sont payés depuis longtemps, promouvoir l’extrême droite ».

    • J’en parlais ici des grévistes du JDD :
      https://seenthis.net/messages/1007908#message1007917

      Les grévistes du JDD ont-ils une explication au fait qu’ils ont zappés eux aussi ce naufrage sur ordre de Frontex ? Ont-ils une explication sur leur « point de vue équilibré » dans leur compte-rendu sur les évènements qui ont ponctué la réforme des retraites ? Pourquoi vont-ils s’étonner quand ils vont s’apercevoir que plus personne n’est en mesure de les soutenir, à la façon de l’histoire du « quand ils s’en sont pris aux juifs, je n’ai rien fait, etc... » ?

  • [CultureWildStation] CultureWildStation Show 21 06 2023
    https://www.radiopanik.org/emissions/culture-wild-station/culturewildstation-show-21-06-2023

    CULTUREWILDSTATION IS A HIP HOP RADIO SHOW HOSTED & MIXED BY DJ SCHAME!!!! STRICTLY WORLDWIDE UNDERGROUND BOOMBAP RAP SOUNDS!!! STRICTLY THE FINEST NEW EXCLUSIVE SHIT!!! EVERY WEDNESDAY @ RADIO PANIK 105.4FM AND STREAMING @ WWW.RADIOPANIK.ORG 10PM UNTIL 12PM #BRUSSELS 04PM UNTIL 06PM #NEWYORK 03PM UNTIL 05PM #CHICAGO

    NEW YOU CAN CHECK THE PREVIOUS EPISODES ON YOUTUBE : https://www.youtube.com/channel/UC8qKplmwkhEpjSdLMf6fX6w

    AND MANY MORE PLATFORMS https://podcasters.spotify.com/pod/show/4dadjsradio

    Show less

    https://www.radiopanik.org/media/sounds/culture-wild-station/culturewildstation-show-21-06-2023_16088__1.mp3

  • L’omerta sur les abus sexuel dans l’Eglise commence à se briser en Amérique latine Carole Pirker/asch - RTS

    De récentes manifestations suite à des révélations pourraient marquer un tournant dans la crise des abus sexuels de l’Eglise catholique en Bolivie. La chappe de plomb commence aussi à se soulever au Brésil sur ces actes longtemps passés sous silence.

    En Amérique latine, l’indignation publique face aux abus sexuels a été très longtemps mise en sourdine, en partie parce que l’Eglise catholique reste l’une des institutions les plus puissantes du continent.


    Cela pourrait néanmoins changer. En Bolivie, un pays à 75% catholique, des centaines de personnes ont manifesté ces dernières semaines contre l’Eglise romaine pour dénoncer les abus commis par des prêtres ces dernières décennies, selon l’agence Religion News Service.

    Dissimulation active par l’Eglise
    L’affaire du prêtre espagnol Alfonso Pedraja, révélée par le quotidien El Pais, a mis le feu aux poudres. Dans son journal de bord, que les journalistes se sont procuré, il raconte avoir abusé au moins 85 jeunes garçons de l’école catholique de Cochabamba, au centre de la Bolivie, dans laquelle il a travaillé 17 ans.

    Son récit met aussi en avant la dissimulation active de ces pratiques par les chefs de l’Eglise, et ce durant des décennies. Tout cela a fait sauter la chape de plomb et ouvert les vannes de l’indignation et de la colère des Boliviens.

    Les survivants de ces abus ont aussi réagi en déposant plainte et le gouvernement a créé une commission pour enquêter et punir ces cas d’abus.

    Le Brésil aussi concerné
    La Bolivie n’est pas le seul pays concerné. Le Brésil, qui compte quelque 120 millions de catholiques, l’est aussi depuis la publication, fin mai, d’un livre sur la pédophilie dans l’Église. Il a révélé que 108 prêtres et dirigeants catholiques ont fait face à des poursuites judiciaires au Brésil depuis l’an 2000. Des chiffres largement en-deçà de la réalité, selon les deux journalistes brésiliens auteurs de l’enquête.

    Leur travail vise à corriger le manque d’attention porté à cette crise des abus qui dure depuis des décennies.

    Selon Religion News Service, les récents événements au Brésil et en Bolivie sont le signe d’une nouvelle prise en compte de ces réalités. En mai dernier, un frère dominicain a par exemple été arrêté à Sao Paulo pour avoir produit et stocké des photos pornographiques d’adolescents. Selon la police locale, l’ordre dominicain a collaboré avec elle et le religieux a été démis de ses fonctions sacerdotales.

    #Brésil #Bolivie #Amérique_latine #viols #culture_du_viol #enfants #abus #prêtres #église_catholique #violences_sexuelles #éducation_religieuse #domination #éducation #paroisses

  • #Briançon : la forteresse s’étend

    Lorsqu’on descend vers Briançon après avoir franchi la frontière italienne, les abords de la ville s’annoncent par d’antiques forts militaires fichés dans la montagne. Tout un symbole. Entre traque et déni d’accueil, les nombreuses personnes exilées de passage ici font face à bien des murs, que tentent de briser les contingents de solidaires. Récit.

    « Monsieur, ça ne sert à rien de supplier. Oui, la situation est absurde. Le Monsieur là [il me désigne] le sait, vous le savez et je le sais. Mais on ne vous renvoie pas en Afrique, juste de l’autre côté de la frontière. Vous reviendrez demain ». Menton carré, coupe ciselée, le gendarme à doudoune bleue qui s’adresse au jeune Ivoirien affalé à ses pieds prétend ne pas être un mauvais bougre. Il fait juste son job, dit-il à Gabriel* : « Je n’ai rien contre vous, mais il faut monter dans le véhicule pour que je vous ramène aux locaux de la Police aux frontières (PAF), d’où l’on vous renverra en Italie. »

    Quinze minutes plus tôt, lui et son collègue surgissaient au détour d’un chemin pour stopper Gabriel et ses cinq camarades. Chargés de quelques sacs, au bout du rouleau, les quatre hommes et deux femmes se voyaient ramenés vers le véhicule de la gendarmerie stationné en bordure de l’un des lacets menant au col de Montgenèvre. Pile-poil l’endroit où une voiture de militants solidaires aurait dû les recueillir pour filer vers Briançon. Finalement, ce sera un algeco de la PAF de Montgenèvre, puis l’Italie.

    Rageant. Tellement que Gabriel insiste. C’est sa quatrième tentative et il n’en peut plus, argumente-t-il, implorant pitié. Mais le flic est inflexible, si bien qu’il finit par grimper dans le fourgon, les larmes aux yeux. Le lendemain, je reçois ce SMS d’un solidaire : « Juste pour te dire que finalement les six Ivoiriens d’hier sont arrivés au refuge. »
    « En claquettes et chaussettes »

    Le refuge, c’est un grand bâtiment situé dans les hauteurs de Briançon, où est notamment installée l’association Refuges solidaires1. Ouvert en août 2021 suite à la fermeture d’un autre espace d’accueil, il est le lieu par où transitent celles et ceux qui viennent de vaincre la frontière. Soit environ 4 000 personnes en 2022, venant essentiellement de Guinée, du Cameroun, d’Iran, d’Afghanistan ou du Maghreb. Les exilés y arrivent souvent dans la nuit ou au petit matin, après de longues heures de marche, certains très éprouvés.

    On a beau être en mai, les nuits sont froides, explique Jean-Luc, médecin qui bosse ici avec l’antenne de Médecin du Monde : « Il y a encore des cas d’engelures ». Alors qu’on discute sur la terrasse donnant sur les Alpes, au milieu de petits groupes d’exilés, il évoque les séquelles de leurs périples : « Si environ un tiers des pathologies chez les personnes arrivant au refuge sont liées à la marche depuis l’Italie, d’autres sont le fait de traumatismes liés à ce qu’ils ont vécu sur la route, en Libye, en Croatie, en Méditerranée… »

    Awa* cumule les deux. Âgé de 16 ans, ce Camerounais revient des urgences à la suite d’un franchissement de frontière qui lui a pris 18 heures. « J’étais en claquettes et chaussettes, lâche-t-il, je sens toujours pas mes pieds ». Au fil de la conversation, il raconte d’un air sombre le naufrage qu’il a vécu aux abords de Lampedusa, ou le racisme se déchaînant en Tunisie depuis les déclarations xénophobes du président Saïed2. Malgré tout, il reste confiant, explique qu’il lui a fallu seulement onze mois pour rejoindre la France alors qu’il est parti sans argent. « J’ai une bonne étoile ».

    Retour à l’entrée du refuge. De jeunes hommes fument des clopes à la chaîne. Ils évoquent les différents lieux emblématiques du passage, Lampedusa, la Tunisie Vintimille… L’un d’eux lâche : « Pourquoi ils s’acharnent avec les frontières ? De toute façon on passe. »
    « Les truites avant les exilés »

    Depuis qu’en 2016 certaines routes migratoires pour sortir de l’Italie se sont réorientées vers le Briançonnais, le bubon sécuritaire ne cesse d’y enfler : sur place, on trouve notamment un effectif de 140 gendarmes mobiles affectés à cette seule mission. En rotation, mal formés, ils patrouillent parfois en ville et participent d’une théâtralisation du contrôle migratoire, au même titre que les missions en motoneiges ou VTT électriques près de la frontière : il s’agit de montrer que l’État bande ses muscles.

    « La tendance du gouvernement est de rajouter toujours plus en militarisation et forces de l’ordre, dénonce Michel Rousseau. C’est inutile puisque les gens finissent par passer. C’est aussi très coûteux3. Et c’est surtout barbare, parce que ça ajoute des risques et des souffrances. »

    Michel est le cofondateur du collectif briançonnais Tous migrants, qui a sorti fin 2022 un édifiant rapport4 détaillant les multiples abus qui ont cours dans la zone, de l’entrave à l’accès aux soins à la violation du droit à la demande d’asile. Sans parler des interventions musclées. Le 9 mai 2018, le corps sans vie d’une jeune Nigériane nommée Blessing Matthew était retrouvé noyée dans la Durance, à quelques encablures de Briançon. Selon son compagnon de traversée, ils étaient pourchassés par des policiers qui n’ont rien fait pour la secourir5.

    « Beaucoup de flics ont conscience de l’absurdité de leur boulot, mais ça n’empêche pas les abus, témoigne Mado, une des sept salariés du refuge. Un môme m’a raconté que l’un d’eux l’avait mis en joue pour l’empêcher de fuir. Il leur arrive aussi fréquemment de refouler des mineurs munis de papiers prouvant qu’ils devraient être accueillis. »

    Une routine de maltraitance et de répression6, qui va de pair avec la démission des institutions en matière de prise en charge des exilés, qu’il s’agisse des collectivités locales ou de l’État. Depuis l’élection (en juin 2020) à la tête de la mairie d’Arnaud Murgia, encarté LR puis divers droite, décrit ici comme grand émule de Darmanin, c’est bien simple : plus une thune ne va à l’accueil. « Les truites avant les exilés », résume un solidaire, faisant référence à une petite asso de pêcheurs du coin qui serait arrosée d’aides alors qu’elle n’est pas très active. Le refuge, lui, est financé uniquement par des dons et du mécénat.

    Les exilés n’y restent bien souvent que deux ou trois jours, avant de partir vers d’autres horizons – Paris, Marseille, Grenoble… « Pour beaucoup d’entre eux c’est juste une étape, explique Mado. Ils profitent du wifi, des douches, du petit confort qu’on offre, puis ils continuent leur route. Mais il y en a d’autres qui nécessiteraient des soins plus poussés. Or nous n’avons pas de quoi traiter les gens en dépression, ou avec des problèmes d’addiction, qui ne sont pris en charge nulle part. Là aussi les défaillances de l’État sont criantes. »

    Des défaillances qui risquent de bientôt se faire encore plus flagrantes. À l’hiver 2021, le refuge avait déjà dû fermer ses portes quelque temps face à une affluence devenue ingérable, prélude à l’occupation de la gare de Briançon. Ces derniers jours, le même scénario semble se répéter, en raison notamment des nombreuses traversées de la Tunisie vers l’Italie7. Dimanche 21 mai, quelques jours après mon passage, ils étaient 136 exilés pour seulement 64 places8. Une situation intenable, avec des salariés et bénévoles au bord du burn-out. Sommée par courrier de proposer des solutions d’hébergement d’urgence, la préfecture des Hautes-Alpes a botté en touche. La municipalité est elle aussi aux abonnés absents. Seule réaction perceptible : il y aurait selon des militants du coin une claire surenchère dans la militarisation de la frontière, avec une vingtaine de refoulements par jour, une présence policière encore renforcée et le renfort de bidasses de l’opération Sentinelle.

    Fortifier oui, accueillir non…

    http://cqfd-journal.org/Briancon-la-forteresse-s-etend
    #Hautes-Alpes #frontière_sud-alpine #asile #migrations #frontières #Alpes #Italie #France #Briançonnais

  • Annulation des « Emigrants » de Krystian Lupa à Genève, les techniciens réagissent Thierry Sartoretti/olhor/aq
    Natacha Koutchoumov, co-directrice de la Comédie de Genève revient sur les raisons de l’annulation de la pièce « Les Émigrants »

    La récente annulation de la pièce « Les Emigrants » à La Comédie de Genève a mis en lumière le comportement problématique du metteur en scène polonais Krystian Lupa. Un document inédit de neuf pages, rédigé par l’équipe technique du théâtre et consulté par la RTS, relève de « multiples manques de respect, réprimandes, moqueries, scènes d’ivresse et d’humiliation ».

    A Genève, La Comédie devait produire ce mois-ci un spectacle du metteur en scène polonais Krystian Lupa. A 79 ans, il est décrit comme un « monstre sacré du théâtre européen », sorte de chaman des textes les plus exigeants. Ses spectacles sont de longues plongées (4 à 5 heures) dans des œuvres littéraires.


    Ce spectacle devait être le chant du cygne du duo de direction de La Comédie, Natacha Koutchoumov et Denis Maillefer. Une production ambitieuse dotée de 930’000 francs de budget, avec des co-producteurs prestigieux : le Festival d’Avignon où Lupa a été régulièrement invité et le Théâtre de l’Odéon à Paris. Une tournée internationale devait suivre dans la foulée.

    Production stoppée net début juin
    La première de « Les Emigrants » d’après le roman de l’Allemand W.G. Sebald, devait avoir lieu le 1er juin. Elle est d’abord repoussée d’une semaine. Pas prête. Le 2 juin, coup de théâtre : la production est stoppée net, annulée. La raison est expliquée par un communiqué de la direction de la Comédie qui relève des « divergences sur la philosophie de travail entre la direction artistique du projet d’un côté et la direction générale et les équipes permanentes et temporaires de l’autre. Ces divergences ont engendré des difficultés de communication rendant la création du spectacle irréalisable ». Entre La Comédie et le metteur en scène flanqué de sa garde rapprochée, rien ne va plus.

    Cette annulation provoque celle des dates au Festival d’Avignon qui ne peut, faute de moyens, assurer la fin de cette création. Krystian Lupa s’excuse dans la presse française pour deux esclandres commis en répétition. Il renvoie cependant la responsabilité à La Comédie, incapable, selon ses dires, de s’adapter à sa façon de travailler. Comédiens et comédiennes suisses veulent continuer, certains sont fâchés.

    Colère de l’équipe technique de La Comédie
    De son côté, l’équipe technique de La Comédie rédige un document de neuf pages dont la RTS a eu connaissance. Le ton est sobre, factuel et ce très long texte révèle un climat de travail difficilement soutenable entre toute l’équipe technique suisse, l’équipe technique polonaise, le metteur en scène Krystian Lupa et son compagnon, le costumier Piotr Skiba. L’équipe technique évoque dans ce document de « multiples manques de respect, réprimandes, moqueries, scènes d’ivresse et d’humiliation s’accompagnant d’une organisation chaotique induite par l’impréparation de l’équipe artistique ». Ledit Skiba était régulièrement ivre et colérique.

    De multiples manques de respect, réprimandes, moqueries, scènes d’ivresse et d’humiliation s’accompagnant d’une organisation chaotique induite par l’impréparation de l’équipe artistique.
    _ Extrait d’un document rédigé par l’équipe technique de La Comédie
    Du 8 au 25 mai, assis sur scène face à ses neuf comédiennes et comédiens, mais dos à la technique, Krystian Lupa aurait monologué des heures durant en polonais. Sa voix reprise par un micro dans tout le théâtre à fort volume. La plupart du temps, il ne laisse pas la place à la traduction et parle par-dessus celle-ci. Les monologues durent quotidiennement entre 5 et 7,5 heures, indique encore l’équipe technique de La Comédie. (Lire encadré) _

    Epuisement de la traductrice du spectacle
    Le rapport note que les autres théâtres ayant travaillé avec ce metteur en scène ont dû mettre en place un roulement des équipes très important. Il est question d’épuisement, d’hospitalisation et d’équipes remplacées entièrement suite à des refus de collaboration avec Krystian Lupa, notamment en Pologne, son pays d’origine. Un terme frappe dans le document qui ne remet pas en question la qualité artistique du metteur en scène : c’est celui d’"abuseur".

    Le 30 mai survient le pic de la crise : la traductrice épuisée - elle travaille 16 heures par jour à tout traduire et transcrire -, réclame une pause de cinq minutes. Lupa hurle et la traite notamment, selon le témoignage recueilli par la RTS d’une personne présente sur place, de « sale pute ». Le co-directeur Denis Maillefer a quant à lui droit à l’épithète de « Satan ». Il a osé élever la voix contre un fait relevant du harcèlement moral et du mobbing, parfaitement contraire aux principes de travail de cette institution publique qu’est La Comédie. A la suite de cet ultime esclandre, les derniers liens de travail sont brisés.

    Annulation du spectacle à Avignon et remplacement problématique
    Le spectacle de remplacement des « Emigrants » au Festival d’Avignon a été trouvé. C’est aussi une production de La Comédie de Genève. Il s’agit de « Dans la mesure de l’impossible » de Tiago Rodrigues, actuel directeur d’Avignon. Dans la distribution de ce spectacle, on trouve la comédienne Natacha Koutchoumov, également co-directrice de La Comédie. Ce choix soulève une autre question éthique. La personne qui a annulé une pièce de théâtre peut-elle ensuite figurer dans la production la remplaçant ?

    #krystian_lupa #piotr_skiba #Théatre #violence #harcèlement #travail #humiliation #mobbing #brutalité #domination #conditions_de_travail #Avignon

    Source : https://www.rts.ch/info/culture/spectacles/14104075-annulation-des-emigrants-de-krystian-lupa-a-geneve-les-techniciens-reag

    • Quelques extraits des réactions de l’équipe technique de La Comédie
      La RTS a eu connaissance d’un document de neuf pages rédigé par l’équipe technique de La Comédie qui revient sur les faits concernant la création du spectacle « Les Emigrants » de Krystian Lupa et dont le déroulement s’étale de mars à mai 2023.

      En voici quelques extraits :

      « M. Lupa demande un micro pour s’exprimer, afin d’appareiller sa voix très puissante, compréhensible en tout point de la salle, dans laquelle il règne un silence absolu lorsqu’il parle. Sa voix rempli l’espace à un niveau très fort pendant toute la durée de la répétition, et il nous est refusé d’en baisser le niveau. M. Lupa s’exprimant en polonais, un deuxième micro est fourni à la traductrice qui s’efforce de traduire le discours extrêmement prolixe et ininterrompu du metteur en scène, qui la plupart du temps ne prend pas la peine de laisser l’espace nécessaire à la traduction et qui parle par-dessus celle-ci. Il nous devient très difficile de comprendre le discours qui s’énonce au plateau et il est toujours très fatigant à écouter et à transformer en actions claires.


      De plus, la traductrice ne possédant pas du tout le langage technique, les maigres informations captées s’avèrent souvent imprécises ou totalement confuses pour tous les corps de métier. Il règne donc une ambiance sonore écrasante où seule la voix de M. Lupa est autorisée. Lors de nos rares interventions, M. Lupa nous coupe la parole et impose toujours le même niveau sonore. »

      « Les 8 heures de répétitions quotidiennes sont donc, jusqu’à quelques jours de la première (...), constituées de 5 à 7,5 heures de monologue de M. Lupa, entrecoupées de 5 à 20 minutes consécutives maximum de jeu des comédiens. »

      « A la seconde où le résultat visuel ou sonore diverge de sa vision, M. Lupa interrompt la répétition par des cris de colère et d’indignation, et repart dans une diatribe qui laisse les régisseuses-eurs sidérés et tétanisés. »

      « M. Lupa n’a jamais assumé sa part de responsabilité dans l’impasse dans laquelle se trouvait la création. Nous subissions son courroux et son dénigrement et régulièrement, il commençait la journée de travail nous menaçant que s’il y avait des erreurs, il annulerait la première, voire le spectacle, puisqu’il était selon lui impossible de travailler ainsi ! »

      « Que M. Lupa ait une manière totalement à lui de diriger ses comédiennes-iens, c’est son droit le plus strict. Mais nous ne sommes pas des comédiens, nos outils ne sont pas nos corps, nos voix. »

      « Toutes les créations de M. Lupa mettent les équipes techniques sous une pression énorme. Pour encaisser cette pression, les directions des théâtres ont eu recours à un turn-over des équipes très important. Les régisseurs étaient régulièrement remplacés une fois épuisés, déprimés, voire hospitalisés. Des équipes ont été entièrement remplacées suite à leur refus de continuer, y compris en Pologne.

      C’est plutôt la position des directions de théâtre qui a permis, à un prix humain exorbitant, de faire aboutir ces créations. Ces éléments nous ont été relatés par la collaboratrice même et traductrice de longue date de M. Lupa, mais aussi par ses collaborateurs artistiques. »

      « Nous avons reçu de nombreux témoignages venant de Pologne où ’il est un abuseur connu bien que personne n’ait eu le courage de s’opposer à lui… Mais la communauté du théâtre est au début d’un processus de contre-attaque’... »

      Les témoignages des comédiennes Audrey Cavelius et Lola Riccaboni
      Les deux comédiennes suisses Audrey Cavelius et Lola Riccaboni ont travaillé il y a une dizaine d’années avec le metteur en scène Krystian Lupa sur le spectacle « Salle d’attente » monté à Vidy-Lausanne. Lola Riccaboni a également joué dans la pièce « Perturbation » du même metteur en scène. Elles témoignent toutes les deux ici. Un acte courageux.

      Audrey Cavelius
      Audrey Cavelius a accepté de témoigner dans l’émission « Vertigo » du mercredi 14 juin. Quelques extraits de cet entretien :

      « On écoute Lupa pendant trois semaines. Il fait un monologue devant nous. Il rentre en communication avec son intériorité. Nous, on écoute, on regarde et on apprend de ça. »

      « J’ai des souvenirs de cris, de hurlements, d’impatience très prononcée. Et je me rappelle que la technique à Vidy était très très fatiguée, on était tous très très fatigués. Tout le monde était sur les nerfs et à fleur de peau. Par contre, je n’ai pas le souvenir d’insultes. Je n’ai pas été insultée, je n’ai pas été humiliée, moi. »

      « Le pacte que nous, acteurs, on fait avec Lupa, c’est que l’on va se mettre en pâture. On met notre corps et notre esprit au service de quelque chose que l’on va chercher tous ensemble. Nous, on est prêt à faire ça. Mais ce n’est pas le travail des équipes technique, d’être mises en pâture. »

      « On travaille sans filet, on est mis à nu et quand on est jeune, et même après, c’est une bombe. »

      « Même si on se fait mal traiter, pour survivre on a besoin du lien [avec le metteur en scène, avec le groupe] et pas d’authenticité. Donc on choisit le lien et on se coupe de nous-même, on se prostitue, on s’humilie, on se viole… Ca va très très loin, car c’est une décision que l’on a prise nous-mêmes, pour ne pas mourir. Et moi, j’ai décidé de ne pas mourir. »

      Lola Riccaboni
      Lola Riccaboni a fait parvenir par écrit à l’émission « Vertigo » le témoignage suivant :

      « Ce que j’en pense aujourd’hui, c’est que l’ère des relations toxiques et les rapports de domination au plateau devrait être révolue, qu’il y a mille autres manières de créer des spectacles que dans des conditions de peur ou de souffrance (quel que soit le corps de métier que cela impacte, il faut également arrêter de hiérarchiser et porter les actrices et acteurs aux nues et laisser les autres dans l’ombre). On crée des spectacles ensemble et si certain.e.s sont maltraité.e.s, il faut que collectivement on se saisisse du problème.

      Je peux déplorer qu’un tel événement ne fasse que renforcer un fossé qui est encore trop présent, surtout dans les grandes institutions, comme si on parlait de mondes différents... alors qu’on crée ensemble et que le bien-être ou les conditions de travail de chaque collaboratrice et collaborateur devraient compter autant ... Mais certains schémas ont la dent dure….

      Ainsi le mythe de l’artiste torturé qui ne sait plus comment il s’adresse aux autres tellement il est habité par son grand rêve de créateur fou.

      Il faut arrêter avec ça ! Je salue donc la décision de la direction de La Comédie, qui me semble être un acte politique fort, engagé et très courageux. Et j’envoie également tout mon soutien à l’équipe technique. »

  • Les #nouvelles_routes_de_la_soie : une nouvelle forme de #coopération_multipolaire ?

    Les nouvelles routes de la soie (#Belt_and_road_initiative) sont souvent présentées comme une offensive économique unilatérale de la #Chine, fondées sur les #transports. En fait, les transports n’en représentent qu’une partie, et elles sont loin d’être un projet coordonné et centralisé. Elles font l’objet d’investissements de nature et d’intensité très variables, souvent multiformes et opportunistes. Bien des projets n’existent que sur le papier. En Chine même, des critiques sont formulées pour demander plus de lisibilité et un pilotage plus étroit pour éviter la multiplication des financements à perte.

    Formellement lancé en 2013 à l’occasion d’une visite officielle de Xi Jinping au Kazakhstan, le projet chinois des nouvelles routes de la soie n’a laissé au cours de la dernière décennie aucun gouvernement ou observateur indifférent. Perçu comme une menace à un ordre établi ou à leurs intérêts par certaines puissances, notamment les États-Unis, l’Inde ou le Japon ; ou comme une occasion de développement ou d’émancipation d’une certaine tutelle occidentale par d’autres, ce projet s’est inscrit dans la durée avec comme objectif des transformations du paysage économique, politique et diplomatique en Asie, et même au-delà. On relève ainsi des mutations économiques, politiques et géopolitiques au Moyen-Orient, en Afrique ou encore en Amérique latine qui sont liées de près ou de loin à ce qui peut être assimilé à une nouvelle grammaire des relations internationales.

    Une décennie après le lancement de cette initiative chinoise connue sous le nom générique de Belt & Road Initiative (#BRI, ou Initiative de la ceinture et de la route), comment interpréter la portée de ces transformations ? Le déploiement de ces « nouvelles routes de la soie », qui désignent la BRI, a-t-il abouti à des bouleversements significatifs de l’ordre régional et international ? Ces questions se posent avec d’autant plus d’acuité que deux phénomènes récents viennent rebattre les cartes dans le paysage politique international, et notamment en Asie : tout d’abord, l’émergence du concept d’#Indopacifique, régionyme qui traduit de plus en plus non pas une réalité économique ou humaine tangible, mais un glissement des représentations géopolitiques de la part de plusieurs puissances de cette partie du globe – qui reste cependant récusée par la Chine, comme par la Russie. Ensuite, la guerre en Ukraine a conduit notamment à une remise en question du trafic ferroviaire transasiatique entre Chine et Europe, pour une durée qui reste indéterminée. La BRI ne se limite cependant pas aux transports ferroviaires. D’autre part, d’autres acteurs régionaux, le Kazakhstan, la Turquie et l’Iran, s’efforcent de profiter de cette situation pour promouvoir leur propre projet de corridor entre Chine et Europe, en coordination avec la Chine. D’où des interrogations sur une évolution des corridors prioritaires pour Pékin, en tenant compte des évolutions géopolitiques.

    Ces reconfigurations, jointes aux difficultés économiques et politiques que rencontre actuellement la Chine, caractérisées par une baisse significative de sa croissance (conséquence d’une baisse de la croissance mondiale, et d’une stratégie de zéro-covid jusqu’en janvier 2023 soumise à de nombreuses critiques et porteuse d’incertitudes quant à la capacité de réouverture complète du pays) ou encore une image contestée sur la scène internationale, signifient-elles la fin de la BRI ? Si des réajustements sont en cours, et l’étaient même déjà avant la pandémie, il serait cependant erroné de considérer que Pékin pourrait abandonner son projet de mettre en place une nouvelle mondialisation dont elle serait le principal acteur. Ainsi, plus que de faire mention de la fin programmée de la BRI, il nous semble plus approprié de mettre en relief une BRI 2.0, adaptée aux contraintes internes et externes que rencontre la Chine, tant au niveau économique que géopolitique.

    1. Investissements et prêts massifs au service d’un projet mondial peu coordonné

    Les observateurs et les médias accordent une attention toute particulière au volet des infrastructures des nouvelles routes de la soie, mettant l’accent sur le caractère gigantesque des projets portés par Pékin. La Chine investirait ainsi des sommes considérables, jusqu’à 932 milliards de dollars depuis 2013 selon le think tank Green Finance & Development Center de l’université de Fudan (Shanghai), injectés dans la construction ou la modernisation de nouvelles infrastructures énergétiques (près de 40 % du total), de transport (23 %), oléoducs et gazoducs, voies ferrées, routes, ports en Asie, au Moyen-Orient, en Europe et en Afrique, et même en Amérique latine. Longtemps considérée comme un pays d’accueil des investissements, la Chine est même, depuis 2014, exportatrice nette d’IDE. Les flux sortants sont ainsi passés de 7 en 2001 à plus de 216 milliards de dollars en 2016, puis 128 milliards en 2021 (OCDE, 2023). La Chine est ainsi devenue un des principaux pays investisseurs à l’étranger. Pour autant, les entreprises chinoises investissent rarement dans les projets liés aux nouvelles routes de la soie, sauf dans certains projets ciblés comme des ports comme c’est le cas depuis deux décennies, ou dans des secteurs bien précis comme l’énergie.

    En effet, la BRI ne saurait se limiter aux infrastructures de transport, rail, route, ports et aéroports, secteur très médiatisé à travers les contrats portant sur la modernisation de ports ou de voies ferrées trans-asiatiques : ce sont aussi des projets dans de nombreux domaines, car si le transport est un pilier de la BRI, bien d’autres secteurs y sont évoqués dans les discours chinois. Le programme couvre aussi le transport urbain ; le secteur de l’énergie (production et transport) ; manufacturier ; agricole ; de la culture, du tourisme, de la finance (avec des échanges en yuan en remplacement du dollar), de la santé (comme l’a illustré la très active diplomatie du masque engagée par Pékin au début de la pandémie de covid-19), ou encore du numérique. La circulation des données de la datasphère constitue de son côté un enjeu économique majeur dans le cadre des nouvelles routes de la soie, au sein du volet de la Digital Silk Road, ou Routes de la soie numériques (Opalinski et Douzet, 2022). Huawei, multinationale chinoise dans le domaine de la téléphonie et de l’Internet, est ainsi devenue un champion industriel chinois de la 5G (1/3 des brevets détenus par Huawei), mais un champion controversé, objet de craintes et de préoccupations de sécurité, en particulier dans le monde occidental. La BRI rassemble un nombre croissant d’États, non seulement en Asie, mais aussi en Europe, en Afrique et dans les Amériques, qui bénéficient depuis deux décennies d’importants investissements. De nombreux projets anciens ont été labellisés a posteriori comme faisant partie des nouvelles routes de la soie, tandis que le caractère opportuniste, flexible du programme conduit à la multiplication des projets sans que cela ne traduise une stratégie bien coordonnée : il s’agit de faire feu de tout bois et de promouvoir de nombreux projets économiques. Il importe de se défaire de cette image de grand projet étroitement coordonné par le Parti communiste. Si les grandes lignes des orientations du projet sont effectivement décidées dans les cercles restreints du pouvoir, il est difficile de lire une coordination étroite entre tous les sous-projets associés à la BRI, parfois de manière très opportuniste : il semblerait que ce cadre très souple de la BRI ne connaisse pas de coordination étroite et d’articulation réfléchie de l’ensemble de ses composantes (Jones et Zeng, 2019).

    Les grands projets des nouvelles routes de la soie sont le plus souvent l’objet de prêts accordés par les banques d’affaires chinoises ou la Banque Asiatique pour les Investissements pour les Infrastructures (BAII), levier financier créé par la Chine en 2014, qui compte désormais 86 membres, dont de nombreux partenaires asiatiques et européens. Cette réalité implique que la Chine ne devient pas propriétaire des infrastructures ainsi construites et elle refuse parfois de le devenir, comme en témoigne le projet de voie ferrée à travers le Kirghizstan, dont la rentabilité douteuse a incité le gouvernement kirghiz à insister auprès de Pékin pour qu’il soit payé par la Chine, ce que celle-ci refuse alors qu’elle serait le premier bénéficiaire d’une voie qui dessert mal ce pays enclavé. De fait, plusieurs projets majeurs supposent l’endettement des pays partenaires, à travers des prêts dont les conditions demeurent souvent opaques, ce qui alimente l’idée du « piège de la dette », idée selon laquelle la Chine induirait délibérément les pays partenaires à s’endetter pour devenir dépendants de Pékin, voire être forcés de lui concéder des actifs et des infrastructures en échange d’une restructuration de leur dette. Or, si effectivement plusieurs États se sont lourdement endettés à travers les prêts chinois, et si la Chine a paru en profiter pour prendre le contrôle du port de Hambantota (Sri Lanka), ce projet fait surtout ressortir la gabegie des autorités sri-lankaises et il est difficile de prouver la volonté délibérée des autorités chinoises de vouloir provoquer le défaut de paiement des partenaires pour se saisir de leurs actifs (Jones et Hameiri, 2020 ; Lasserre et al., 2022 ; Bazile et al., 2022).

    Ainsi, sur la période 2013-2021, les investissements chinois n’ont représenté que 39,9 % des engagements financiers totaux labellisés BRI ; en 2021, la part était tombée à 23,3 %, pour remonter à 48 % en 2022. Les entreprises chinoises investissent donc, mais on est loin du cliché voulant que les nouvelles routes de la soie se traduisent par une déferlante d’investissements chinois. Ces investissements ne se font pas dans tous les secteurs : dans le domaine de l’énergie, 40 % des engagements chinois sont des investissements ; cette part tombe à 12 % dans le domaine des transports (Nedopil, 2022, 2023).

    Au-delà de cette controverse qui se vérifie plus ou moins selon les cas, les infrastructures de transport demeurent une dimension importante des nouvelles routes de la soie. S’appuyant parfois sur des infrastructures existantes comme le Transsibérien ou plusieurs ports le long de la route maritime classique reliant la Méditerranée à la mer de Chine méridionale, la BRI implique parfois la construction de nouveaux équipements : en Asie du Sud-Est à travers le Laos notamment (voie ferrée rapide inaugurée en décembre 2021) ; à travers les montagnes du Kirghizstan, un projet qui se heurte à de nombreuses difficultés économiques et techniques et pour lequel Bichkek tente de résister à la pression chinoise (Ren et Lasserre, 2021, 2022) même si les négociations semblent progresser, on le verra (Piedra et Gupta, 2023) ; ou encore à travers de nombreux ports que des entreprises chinoises modernisent parfois de fond en comble ou construisent, comme Hambantota (Sri Lanka), Djibouti, Gwadar (Pakistan), Le Pirée (Grèce), Rotterdam (Pays-Bas) ou Hambourg (Allemagne). Avec les corridors terrestres symbolisés par les voies ferrées, la Chine se relie aux pays de son voisinage et au-delà. Avec les infrastructures portuaires, ce sont les voies d’accès maritimes qui sont l’objet d’une forte attention.

    2. Une forte dimension ferroviaire

    Si les nouvelles routes de la soie ne se limitent pas aux corridors terrestres et au développement ferroviaire, ce volet n’en constituait pas moins un élément-phare du grand projet, dont les médias se sont largement fait l’écho, au point que justement les routes de la soie ont parfois pu être réduites à cette dimension ferroviaire. Lancés en 2011 à l’initiative, non du gouvernement chinois mais de la compagnie ferroviaire allemande Deutsche Bahn, les convois ferroviaires de conteneurs ont connu un rapide essor à travers un nécessaire partenariat pour faciliter la gestion logistique de ces convois, Trans-Eurasia Logistics, partenariat entre la Deutsche Bahn, la Kazakhstan Temir Joly (KTZ), la China Railway Corporation et la Compagnie des chemins de fer russes (Российские железные дороги, RZD) (Lasserre, Huang et Mottet, 2021), pour être intégrés dès 2013 au projet de la BRI. Le commerce ferroviaire entre Chine et Europe est ainsi passé de presque rien à 8 milliards $ en 2016, puis 75 milliards en 2021 (The Economist, 2022).

    Ce volet de transport ferroviaire s’est accompagné d’une floraison de projet de construction de nouvelles voies, classiques ou lignes à grande vitesse, en Asie du Sud-est, en Asie centrale et dans le sous-continent indien. Cet engouement pour l’idée de la construction de nouvelles infrastructures s’inscrivait dans la multiplication des projets de lignes à grande vitesse de l’époque, en Inde, Indonésie, Malaisie, Thaïlande, et dans l’essor du réseau à grande vitesse chinois, avec notamment l’inauguration de la grande LGV entre Xian et Urumqi en 2014 (Lasserre, Huang et Mottet, 2020 ; Pecqueur, 2021).

    La ligne Kunming-Boten-Vientiane a été inaugurée en décembre 2021 et assure une vitesse commerciale de 160 km/h. Présentée comme une ligne à grande vitesse par la Chine et le Laos, cette ligne nouvelle, si elle offre assurément un service nettement plus rapide que la plupart des liaisons ferroviaires en Asie du Sud-Est, ne rencontre cependant pas les critères de l’Union Internationale des Chemins de fer (UIC), selon lesquelles la grande vitesse ferroviaire est supérieure à 250 km/h. De nombreuses lignes classiques en Europe fonctionnent à 160 km/h. De plus, à voie unique et faisant circuler des convois de fret à 120 km/h, la ligne ne pourra offrir un service cadencé à haute fréquence. Du côté thaïlandais, le gouvernement a décidé d’aller de l’avant avec le projet de LGV Bangkok-Vientiane, qui devrait être achevé vers 2027… si les coûts demeurent contrôlés.

    Mais de nombreux projets connaissent des difficultés, voire des déboires : le projet de LGV Singapour-Kuala Lumpur a été annulé pour la deuxième fois en 2021. Le projet de LGV entre Kashgar (Xinjiang) et Karachi (Pakistan) demeure une chimère tant les coûts sont élevés, la capacité de financement pakistanaise limitée, et les enjeux politiques avec l’Inde délicats. Le projet de LGV Moscou-Kazan, première étape d’une mythique liaison à grande vitesse Moscou-Pékin, demeure au point mort depuis 2013. Un autre projet de LGV entre Urumqi et Téhéran demeure à l’état de concept. Un projet de ligne classique entre Kunming, Mandalay et Dacca ne progresse plus depuis 1997 du fait de l’opposition de l’Inde, de l’instabilité politique au Myanmar… et des coûts très élevés. En réalité, la plupart des convois ferroviaires de la BRI empruntent des voies déjà existantes, et les projets de nouvelles infrastructures ferroviaires progressent à des rythmes très variables.

    Pour la voie ferrée Chine-Kirghizstan, dont l’ébauche du projet remonte à 1997, donc bien avant la BRI, un accord a finalement été conclu en septembre 2023 (Piedra et Gupta, 2023) à travers lequel le projet serait co-financé au tiers par chacun des trois pays impliqués, Chine, Kirghizstan et Ouzbékistan, et avec un tracé plus long qui dessert une partie du territoire kirghiz (Ren et Lasserre, 2022). Le projet paraît coûteux (4,5 milliards de dollars), probablement sous-évalué compte tenu de la configuration très montagneuse du tracé : il reste donc à voir s’il aboutira.

    Avec la guerre en Ukraine, le trafic ferroviaire à travers les corridors transsibérien et kazakh a dû s’ajuster. Mais, contrairement à un cliché souvent mis de l’avant, le trafic ne s’est pas effondré. Aucune sanction n’est venue directement frapper le trafic ferroviaire transitant par la Russie. Ainsi, en 2022, le trafic total ayant circulé sur des tronçons des voies ferrées entre Chine et Europe a augmenté de 9 % pour 1,6 million de conteneurs ; mais cette hausse masque une baisse de 31,94 % du trafic direct entre Chine et Europe, le nombre de conteneurs empruntant la route de bout en bout passant de 618 180 en 2021 à 386 374 en 2022 (Papatolios, 2023).

    Pour autant, cela ne signifie pas la fin du développement des corridors ferroviaires. Entre Europe et Chine, il a connu une baisse significative mais ne s’est pas effondré. Vers l’Asie du Sud-Est, la ligne moderne Kunming-Vientiane a été inaugurée en décembre 2021. Si les corridors Chine-Birmanie-Inde et Chine-Pakistan demeurent au point mort sur le plan des infrastructures ferroviaires, d’autres acteurs, Kazakhstan, Turquie et Iran, s’efforcent de tirer parti de ce blocage des convois via la Russie, pour proposer des alternatives à travers leur territoire, notamment via la Caspienne puis vers le sud-est de l’Europe. En 2022, le trafic a certes été multiplié par 2,5, pour atteindre un niveau encore très modeste de 1,5 million de tonnes (Astana Times, 2023). La Chine considère cela avec intérêt : son objectif est de maintenir des options de développement, accréditant en cela l’idée d’un certain opportunisme ou d’une flexibilité réelle dans le déploiement des projets de la BRI. Cet itinéraire turco-kazakh connaîtra-t-il un développement réel, ce n’est pas certain, car le réseau ferré dans l’Est de la Turquie est en mauvais État, tandis que la traversée de la mer Caspienne suppose deux ruptures de charge, complexes au vu des infrastructures existantes et qui allongent la durée du transport, et que le goulot d’étranglement du passage du Bosphore demeure un épineux problème logistique, surtout si le trafic augmente (Alexeeva et Lasserre, 2022a ; Larçon et Vadcar, 2022 ; Kenderdine, 2022) ; mais ces initiatives témoignent d’une part de la flexibilité des options qui se présentent à la Chine ; et, d’autre part, des initiatives que d’autres acteurs peuvent prendre pour relancer des projets, en l’occurrence en matière de transport.

    3. La Chine revoit ses ambitions à la baisse ?

    Depuis son lancement, la BRI se distingue par la flexibilité de la labellisation des projets, tout comme par l’immense portée de l’initiative dont le volume total se compte en milliers de milliards de dollars. Alors que la BRI a pu évoluer rapidement en englobant différents projets et pays, la prolifération précipitée de projets étiquetés BRI s’est cependant révélée difficile à gérer. Une source officielle chinoise estimait un total de 3 116 projets à la fin de 2018 [1]. Les gouvernements, les entreprises, les banques et les promoteurs, tant chinois qu’étrangers, ont généreusement mobilisé le label BRI comme un terme à la mode en matière de relations publiques, y compris à de nombreux projets déjà en cours au moment du lancement de l’initiative en 2013.

    Pour de nombreux observateurs, la vocation des nouvelles routes de la soie est économique mais aussi politique, ce qui en fait un projet très ambitieux. Il s’agissait de relancer le développement de l’Ouest et du centre du pays, d’accélérer la transition de l’économie chinoise de la sous-traitance et la production manufacturière à haute intensité de main d’œuvre, vers une économie plus moderne, axée sur les services et la haute technologie, résolument engagée dans la mondialisation (Ye, 2017 ; Lasserre et Mottet, 2020). Le développement des services de transport et des infrastructures routières, ferroviaires, énergétiques et portuaires, qui ne sont rappelons-le, qu’un des aspects, quoique très visible, des nouvelles routes de la soie, est plus vraisemblablement un instrument au service des objectifs à terme de la Chine que le but en soi de la stratégie chinoise. En effet, la politique des nouvelles routes de la soie nous semble graviter autour de trois objectifs :

    - assurer la stabilité de la République populaire de Chine. Cela passe par le développement économique intérieur, l’aménagement et le rééquilibrage du territoire chinois (les provinces enclavées dans l’ouest du pays en particulier), la maîtrise des tentations séparatistes du Xinjiang et la création de nouveaux débouchés économiques pour une économie chinoise affectée par des surcapacités. La croissance économique et la distribution de la richesse sont la clé de la stabilité de la société et de la légitimité de son parti dirigeant.
    - sécuriser les frontières, l’environnement régional et les approvisionnements en matières premières, en particulier en offrant une alternative au détroit de Malacca, par lequel passe l’essentiel de l’approvisionnement chinois en pétrole et perçu comme source de vulnérabilité par la Chine.

    – enfin, s’est peu à peu fait jour l’idée de proposer une alternative à l’ordre mondial, hérité de Bretton Woods, sur les plans commercial et financier notamment. Cet objectif n’a jamais été explicite dans la communication chinoise sur la BRI mais percole dans les gestes et les postures chinoises. La Chine apparaît de plus en plus comme désireuse d’infléchir les normes internationales, voire de formuler de nouvelles normes (Lanteigne, 2017 ; Mottet, 2020 ; Lincot et Véron, 2021 ; Radu et al., 2021). La création de la Banque Asiatique d’Investissement dans les Infrastructures (BAII) est apparue comme un instrument financier visant à permettre l’émancipation d’un système international perçu comme trop américano-centré. Une nouvelle étape a été franchie début 2018 avec la décision de créer très rapidement un marché domestique pour la négociation des contrats à terme sur le pétrole brut libellé en yuan chinois et convertible en or, aux bourses de Shanghai et de Hong-Kong. La Russie, l’Iran, le Qatar et le Venezuela acceptent désormais de vendre leur pétrole avec des contrats en yuans convertibles en or (Allizard et Jourda, 2018). La guerre en Ukraine et les conséquences économiques et sociales de la pandémie mondiale de covid-19 ont accéléré ce phénomène, comme le démontre la posture anti-occident mise en avant par Pékin.

    Le caractère multiforme des objectifs contenus dans la BRI confirme les ambitions de Pékin, mais aussi la difficulté à les concrétiser. Non seulement le contexte géopolitique et économique international ne plaide pas en faveur d’un succès d’initiatives dépassant le simple cadre d’investissements dans les infrastructures, mais en plus l’image de la BRI peut souffrir d’une perception négative associée à un risque d’hégémon ou de piège de la dette dans les pays récipiendaires.

    4. Le problème du piège de la dette et les projets alternatifs à la BRI

    Les nouvelles routes de la soie connaissent des succès, comme en témoigne la collaboration étroite entre les gouvernements chinois et pakistanais, et l’avancement de plusieurs projets de modernisation des infrastructures domestiques, même si l’état très dégradé des infrastructures ferroviaires et l’opposition politique de l’Inde rendent illusoire un projet phare du corridor Chine-Pakistan, à savoir la construction d’une voie ferrée entre Kashgar au Xinjiang et Islamabad. L’Inde demeure très réticente à s’engager dans un programme qui bouscule sa perception de l’ordre régional et comporterait de nombreux éléments de menace, comme la construction d’un réseau de ports à vocation commerciale et militaire, le fameux « collier de perles » qui viserait selon New Dehli à la menacer dans l’océan Indien. En attesterait l’ouverture en 2017 d’une base militaire chinoise à Djibouti, les escales de navires de guerre chinois à Gwadar, et les projets chinois dans les ports sri-lankais de Colombo et de Hambantota. À court terme, le développement d’infrastructures commerciales semble cependant la priorité, et rien ne prouve l’existence de cette stratégie militaire chinoise. Le concept même du collier de perles, largement popularisé par les analystes militaires indiens et américains, est récusé par Pékin (Amelot, 2010 ; Samaan, 2012 ; Sheldon-Duplaix, 2016). À plus long terme, l’intégration de cette volonté de développement portuaire à une stratégie navale militaire n’est cependant pas à exclure.

    Dans le Caucase, les projets cheminent lentement, on l’a vu, malgré le désir turc de saisir l’occasion induite par la guerre en Ukraine. En Asie du Sud-Est, les perceptions de la BRI sont contrastées, au-delà des occasions d’affaires qu’aucun gouvernement ne veut ignorer, selon des grilles de lecture qui reflètent assez largement les préoccupations géopolitiques des États de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Elles recoupent largement les représentations que nourrissaient les États envers la Chine, soit un vif désir de développer les relations économiques en Thaïlande, en Malaisie, au Cambodge ; un intérêt modulé en Birmanie et aux Philippines ; une profonde méfiance au Vietnam et en Indonésie – qui n’empêche pas de grands contrats d’être signés comme le train à grande vitesse Jakarta-Bandoung en 2015.

    Que ce soit dans le Caucase, en Asie du Sud-Est, dans le sous-continent indien ou au-delà, l’ampleur des prêts consentis par la Chine et l’intensité de son activisme économique et diplomatique viennent bousculer les ordres régionaux. Certains tentent d’en tirer parti, comme la Turquie ou l’Iran, en proposant des services de transport à travers leurs territoires, surtout à la faveur de la guerre en Ukraine qui se traduit notamment par une baisse majeure des convois ferroviaires transitant par la Russie. D’autres s’en inquiètent, l’Inde et le Japon on l’a vu, mais aussi l’Union européenne ou les États-Unis. Afin de ne pas laisser le champ libre à la Chine, les États-Unis, le Japon et les autres pays du G7 souhaitent jouer le même jeu que Pékin en débloquant plus de 600 milliards de dollars pour construire des infrastructures en Amérique latine, en Afrique et dans la région Indopacifique. Le président américain Joseph Biden et ses homologues du G7 ont annoncé en juin 2021 l’initiative Build Back Better World (B3W ou Reconstruire le monde en mieux), lors du sommet du G7 de 2021 au Royaume-Uni. Cette initiative vise à financer la construction d’infrastructures dans les pays en développement qui ont été particulièrement affectés par la pandémie de covid 19. La B3W fait suite à d’autres initiatives comme le Global Gateway (2021-2027) de l’Union européenne dotée de 300 milliards d’euros (Commission européenne, 2021), ou le Partenariat pour des Infrastructures de Qualité lancé par le Japon en 2015 en partenariat avec la Banque Asiatique de Développement (BAD) dont le Japon est le premier investisseur, et doté de 110 milliards de dollars, ou encore le Blue Dot Network, un organisme de certification lancé en 2019 par l’Australie, le Japon et les États-Unis dans le but de promouvoir et de mobiliser des financements dans des infrastructures dites de qualité, par opposition implicite à des projets chinois, construits rapidement et souvent dépeints comme de moindre qualité par les concurrents occidentaux ou japonais (Yoshimatsu, 2021).

    Ces prêts, qui sont à des taux souvent inférieurs aux taux chinois (Horn et al., 2021 ; Pairault, 2021) et cette aide seront-elles cependant suffisants pour contrer l’influence croissante de la Chine en Eurasie comme en Afrique, où les offres de financement chinois permettaient aussi aux États africains de disposer d’un levier de négociation dans leur face-à-face avec leurs anciens tuteurs coloniaux ou créanciers occidentaux ? Les Occidentaux et le Japon misent sur des offres de financement plus transparentes (en vertu des critères du Club de Paris de l’OCDE), mais il pourrait se révéler ardu de concurrencer l’offre financière chinoise, abondante jusqu’à un récent resserrement du crédit, rapidement disponible y compris pour des États endettés ou ne répondant pas aux critères du FMI (Mass et Rose, 2006 ; Horn et al., 2021), sans conditionnalité politique et, surtout, moins critiques envers des projets de rentabilité discutable (Kratz et Pavlicevic, 2016 ; Ker, 2017). Il se peut que le temps passant, certains pays ciblés par la Chine découvriront les limites de la coopération économique, ou prendront la mesure des illusions qu’eux-mêmes entretenaient à ce sujet, notamment en Europe centrale et orientale, où le désenchantement à l’égard des nouvelles routes de la soie tient autant au faible niveau d’investissement de la Chine qu’aux espoirs irréalistes que nourrissaient un certain nombre de ces États (Turcsányi, 2020 ; Kavalski, 2021). Mais la Chine a indiscutablement pris de l’avance avec ses projets.

    C’est également sur le plan diplomatique que plusieurs États cherchent à contrer la BRI. L’Union européenne craint ainsi que les appels d’offre lancés par la Chine pour construire routes, gares et ports excluent ses entreprises et se fassent au profit des seules entreprises chinoises, tout en accroissant l’influence politique de la Chine, devenue aux yeux de plusieurs États européens un partenaire important certes, mais aussi un concurrent économique et même un « rival systémique » (Commission européenne, 2019 :1). Outre l’attrait que peut représenter le marché chinois et son levier financier, il est prématuré de penser que la Chine demeurera très attractive pour longtemps.

    Les États-Unis sont également très méfiants vis-à-vis de l’ensemble du programme des nouvelles routes de la soie. Washington s’inquiète de savoir si, derrière le projet économique, ce n’est pas un nouveau système multilatéral mondial que la Chine tenterait de mettre en place, au détriment de l’influence américaine. L’Accord de partenariat transpacifique, également connu sous le nom de « Partenariat transpacifique », fut ainsi lancé en 2016 comme tentative de rapprocher certains pays d’Asie des États-Unis et de contrer l’influence chinoise… approche abandonnée par le président Trump en 2017. Mais on voit que depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2021, Joseph Biden cherche à renouer une relation étroite avec les partenaires traditionnels de Washington en Asie-Pacifique, et a fait de l’Indopacifique la priorité de la politique étrangère des États-Unis, comme pour mieux contrer Pékin.

    Enfin, d’autres pays cherchent à nouer des alliances pour contrer le projet chinois. Le corridor de croissance Asie-Afrique ou AAGC (Asia-Africa Growth Corridor) est ainsi un accord de coopération économique entre les gouvernements de l’Inde, du Japon et de plusieurs pays africains, qui s’est négocié sans Pékin. De même, le corridor Nord-Sud qui rassemble la Russie, l’Iran et l’Inde, est un outil géoéconomique destiné, aux yeux de New Dehli, à contrer la Chine sur le terrain des corridors de développement.

    5. Vers une BRI 2.0 ?

    Les nouvelles routes de la soie sont l’objet de critiques en interne en Chine, de la part de ceux qui se plaignent d’un trop faible retour sur investissement, tout autant que sur la scène internationale, chez ceux qui craignent un hégémon chinois ainsi que chez ceux qui s’inquiètent des déséquilibres politiques régionaux provoqués par ces investissements massifs (Courmont et Lemaire, 2023). Derrière la puissance de Xi Jinping incarnée par son troisième mandat présidentiel et la désignation de proches à des postes-clefs, les critiques de la BRI se sont multipliées en interne et ciblent le président chinois, ce dernier ayant fait de ce projet le projet phare de son pouvoir depuis 2013. Son ancien Premier ministre, Li Keqiang, mais aussi des responsables comme Wang Wen, chef économiste de Sinosure (China Export and Credit Insurance Corporation) ont ainsi alerté sur le coût pharaonique de la BRI, pointant du doigt le risque d’un gaspillage, en s’appuyant notamment sur des expériences peu probantes, comme Gwadar au Pakistan. Xi Jinping a lui-même appelé les investisseurs à être plus rigoureux sur le contrôle de qualité et la rentabilité. Figure également au cœur des interrogations, l’image potentiellement négative de la Chine, notamment véhiculée par les risques de piège de la dette. Bien sûr, ces critiques sont souvent restées mesurées et n’ont pas modifié la ligne officielle, mais elles témoignent d’une volonté de repenser la politique d’investissements de la Chine. Des ajustements de la BRI sont en cours, témoignant du souci de la Chine de s’efforcer de s’adapter aux contraintes économiques, sociales et politiques, consistant à prioritiser certains projets, au détriment d’autres peu rentables et mal acceptés. Un certain nombre de projets problématiques comme le port d’Hambantota, le train Djibouti-Addid Abeba, le port de Gwadar, l’autoroute Podgorica-Matesevo au Monténégro, et la gouvernance financière de l’initiative et le décalage entre les attentes en matière de développement et la concrétisation de celui-ci, ont conduit à ternir l’image de la BRI dans certaines parties d’Asie, d’Afrique ou en Europe de l’Est. Ce risque envers la crédibilité et la réputation de l’initiative a poussé Pékin à promettre davantage de clarté et de bonifier la gouvernance des projets, en particulier sur certaines questions comme les prêts et la dette des pays partenaires, et la durabilité environnementale. Le gouvernement chinois a ainsi communiqué aux banques chinoises des directives pour orienter les décisions d’octroi des prêts, leur enjoignant de resserrer les conditions de financement (Zhang, 2019 ; Liao, 2021 ; Mingey et Kratz, 2021 ; Sweet, 2021), ce qui contribue à expliquer la tendance à la diminution des engagements financiers ces dernières années (voir document 1). Nous assistons ainsi à la mise en place d’une sorte de BRI 2.0, plus sélective et plus contrôlée, afin d’éviter les échecs et les critiques, tant en interne que dans les pays récipiendaires.

    La question de la réciprocité est aussi au cœur des réserves que manifestent de nombreux pays à l’égard des projets chinois. On se souvient notamment des propos d’Emmanuel Macron, alors en visite officielle en Chine, à ce sujet en janvier 2018 : « ces routes sont toujours en partage. (…) Elles ne peuvent être univoques. (…) Mais ces routes de la soie ne pourront pleinement être une réussite que si elles parviennent à créer des coopérations équilibrées. (…) Elles ne peuvent être les routes d’une nouvelle hégémonie qui viendraient en quelque sorte mettre en état de vassalité les pays qu’elles traversent » (Macron, 2018). Un appel à la prudence qui ne peut laisser insensible ni les dirigeants chinois, ni les pays intéressés par l’offre de Pékin, mais qui sont dans le même temps inquiets de basculer dans une néo-vassalité.
    Conclusion

    Personne ne peut nier que les nouvelles routes de la soie ont de profondes conséquences géopolitiques : en redessinant la carte des relations commerciales, en favorisant des relations économiques et politiques plus étroites entre la Chine et ses partenaires, en diffusant les normes industrielles chinoises, en bâtissant des liens plus directs entre la Chine et ses voisins à travers ports, routes, voies ferrées, câbles de télécommunication, réseaux internet, Pékin exerce un pouvoir d’attraction, non pas irrésistible, mais réel sur son voisinage proche mais aussi plus lointain et cela module les relations politiques et les dynamiques géoéconomiques. Mais de ce constat, on ne peut en tirer aucune conclusion quant au caractère inéluctable et prémédité d’un plan de domination chinoise à travers les nouvelles routes de la soie, quand bien même la Chine ne cache pas qu’elle aspire à devenir la première puissance mondiale à l’horizon 2049, centième anniversaire de l’accession au pouvoir du Parti communiste. L’outil des nouvelles routes de la soie n’est pas forcément l’instrument de ce projet, même s’il peut contribuer à asseoir le rayonnement et l’influence de la Chine.

    Du fait de l’ampleur des sommes prêtées par ses banques d’affaires, d’infrastructures de transport en développement et de services logistiques modernisés ; d’un intense engagement diplomatique dans de grandes conférences de coopération à vocation économique parfois plus anciennes que la BRI mais relancées après 2013, comme le sommet Chine-Europe Centrale et orientale 17+1, devenu 16+1 depuis la défection de la Lituanie en 2021 (Alexeeva et Lasserre, 2022b), ou encore les Forum sur la coopération sino-africaine (depuis 2000) ; et de l’émergence d’acteurs économiques majeurs comme Cosco, Hutchison, China Merchants, CNPC, Sinopec, ZTE, Huawei, les nouvelles routes de la soie sont sans doute appelées à marquer la scène internationale sur le moyen terme. Imprimeront-elles une redéfinition de l’ordre des normes et de la gouvernance internationale que la Chine appelle de ses vœux ? Ou seront-elles rapidement connotées comme un instrument de promotion économique porté par la Chine, sur lequel nombre de pays posent un regard pragmatique car porteurs de leviers possibles de croissance, mais un regard critique et détaché des hyperboles rhétoriques et des promesses de développement accéléré, comme on l’observe notamment en Europe (Claverie, 2019) ? Fortement intégrée à l’économie mondiale, la Chine n’a pas d’autre choix que de poursuivre ses investissements massifs en vue d’assurer sa croissance et d’ouvrir de nouveaux marchés. Ainsi, en dépit des effets de la pandémie de covid 19 et des problèmes rencontrés dans plusieurs pays récipiendaires des investissements chinois, la BRI s’imposera dans la durée, avec des projets remaniés et parfois corrigés, une concurrence plus âpre, mais une dynamique qui n’a pas vocation à s’arrêter.

    https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/la-chine/articles-scientifiques/nouvelles-routes-soie-bri-belt-and-road-initiative
    #nouvelle_route_de_la_soie

  • [Bruxelles nous appartient] La Base, émission n°115
    https://www.radiopanik.org/emissions/bruxelles-nous-appartient/la-base-emission-n115

    Une émission de radio spéciale réalisée par les jeunes de l’ISND ! 🎙️

    Joignez-vous à nous pour entendre les voix des jeunes sur la question de la participation citoyenne. C’est une occasion unique de donner la parole aux jeunes et de discuter de sujets qui les touchent directement.

    #agence_alter #bna-bbot #bruxitizen #isnd #agence_alter,bna-bbot,bruxitizen,isnd
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/bruxelles-nous-appartient/la-base-emission-n115_16044__1.mp3