https://lundi.am

  • 🛑 Le piège de Sainte-Soline...

    Des participants au rassemblement de Sainte-Soline nous ont transmis ce texte. Il propose d’analyser la débauche de violence survenue dans les Deux-Sèvres, non pas comme un simple excès policier ou préfectoral mais comme un stratégie délibérée du pouvoir pour écraser le mouvement écologiste déterminé et reprendre la main sur le mouvement social en train de le déborder. Une stratégie contre-insurrectionnelle opérant sur trois plans : médiatique, psychologique et militaire (...)

    💧💦🌳🔥🌍 #écologie #environnement #eau #SainteSoline #mégabassine #inondation #sécheresse #FeuxDeForet #climat #déforestation #pollution #productivisme #consumérisme #croissancisme #dérèglementclimatique #canicule... #ViolencesPolicières

    ⏩ Lire le texte complet…

    ▶️ https://lundi.am/Le-piege-de-Sainte-Soline

  • 🛑 Ce qu’il s’est passé à Sainte-Soline...

    Le rassemblement contre les méga-bassines de Sainte-Soline devait être une fête. Les défenseurs de l’eau, venus par dizaines de milliers, devaient se rejoindre pour marcher jusqu’au cratère absurde, symbole de l’accaparement par quelques-uns d’un « bien commun ». Il y avait bien eu les menaces de la préfecture, l’interdiction de s’y rassembler et le déploiement de 3200 forces de l’ordre. Comme la fois précédente, le 29 et 30 octobre dernier, on comptait sur l’audace, la ruse et l’inventivité du mouvement pour contrecarrer le siège ridicule et policier d’un trou. Trois cortèges et leurs totems se sont élancés, les anguilles turquoise, les loutres jaunes, les outardes roses. S’il s’agissait d’un jeu grandeur nature, chacun savait qu’il faudrait déjouer le dispositif policier, par endroit le percer. Tout le monde pensait la victoire acquise, comment empêcher 30 000 personnes déterminées à rejoindre un objectif, à pénétrer le cratère vide mais plein de sens ? Personne ne pensait que l’État serait prêt à toutes les violences et brutalités pour ne pas perdre la face, pour défendre le trou. En 1h30, 4000 munitions ont été tirées, des grenades lacrymogènes, des grenades de désencerclement, des balles en caoutchouc. 200 personnes ont été blessées, 40 grièvement, 2 en réanimation neuro-chirurgicale dont une entre la vie et la mort (...)

    💧💦🌳🔥🌍 #écologie #environnement #eau #SainteSoline #mégabassine #inondation #sécheresse #FeuxDeForet #climat #déforestation #pollution #productivisme #consumérisme #croissancisme #dérèglementclimatique #canicule... #ViolencesPolicières

    ⏩ Lire le texte complet…

    ▶️ https://lundi.am/Ce-qu-il-s-est-passe-a-Sainte-Soline

  • Sur Radio St Fé : « La Drôme n’est (toujours) pas une résidence secondaire »
    https://ricochets.cc/Sur-Radio-St-Fe-La-Drome-n-est-toujours-pas-une-residence-secondaire.html

    Alors que le #Logement dans la #Vallée_de_la_Drôme devient très compliqué, de plus en plus inaccessible pour les non-riches et les jeunes non bourgeois, Radio St Fé a fait une émission autour des résidences secondaires : Radio St Fé : La Drôme n’est (toujours) pas une résidence secondaire Pendant ce temps, le gouvernement macroniste a asséné récemment une loi qui punit plus sévèrement les pauvres qui n’arrivent plus à payer leur loyer, ainsi que les squateureuses. Les raclures de propriétaires riches ne (...) #Les_Articles

    / Vallée de la Drôme, #Crest, Logement, #Le_monde_de_L'Economie

    https://www.radiosaintfe.com/emissions/details/view/la-drome-nest-toujours-pas-une-residence-secondaire
    https://lundi.am/De-gre-et-de-force

  • Notre doctrine - Regarder le film complet | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/101839-000-A/notre-doctrine

    Notre doctrine

    Au terme de trois semaines de formation, des jeunes aspirants CRS sont déployés sur le terrain. Pour la plupart, ils n’ont jamais mis les pieds dans une manifestation. Chacun arrive avec des certitudes mais aussi des questionnements. Ils s’entraînent, appréhendent, fantasment l’adversaire.

    La dernière phrase du résumé dit tout : appréhension et fantasme. C’est hallucinant.

    J’avais signalé ce doc dans un commentaire à un post de @olaf il y a quelques mois et je vois qu’il apparaît de nouveau sur le replay Arte.

    Le post d’origine :
    https://seenthis.net/messages/963385

    #violences_policières #police #crs

  • La rage de vivre ça
    https://lundi.am/La-rage-de-vivre-ca

    Nous diffusons ce texte émouvant rédigé par nos confrères de Cerveaux Non Disponibles à leur retour de Sainte-Soline. Il appelle à se « souvenir, et se marteler, les raisons pour lesquelles les personnes blessées sont venues à Saint-Soline ou dans les rues en feu. Qu’il s’agissait de construire un monde meilleur et plus juste. Moins violent aussi. Plus humain surtout. »

    Quand l’émotion est trop forte, quand les événements nous retournent les tripes, il nous semble impossible de poser des mots sur ce qu’il se passe. Mais, dans le même temps, il nous semble inimaginable de ne pas écrire ce qui ne peut être dit.
    Alors nous écrivons ces lignes, quelques heures après les drames de #Sainte-Soline.

    Ce weekend le pouvoir, par l’intermédiaire de son bras armé, a volontairement voulu blesser, mutiler, voire tuer des personnes. Il ne s’agit pas d’accusations. Mais d’un fait. Ce fait, il va falloir qu’un nombre important de personnes et de structures présentes à Sainte Soline l’écrivent, le disent, le crient !

  • Guerre de l’eau : ni sécheresse ni restriction d’eau pour des usines de puces électroniques STmicro à Grenoble
    https://ricochets.cc/Guerre-de-l-eau-ni-secheresse-ni-restriction-d-eau-pour-des-usines-de-puce

    Pas de sécheresse pour STMICROELECTRONICS « On rappelle aussi que la guerre de l’eau fera étape en Isère, à Crolles le 1er avril. » La monoculture par agriculture irriguée et la mise en place de méga infrastructures, comme la bassine de Sainte Soline malmenée le week-end dernier par plusieurs dizaines de milliers de personnes, ne sont pas les seuls enjeux attenant à la question de l’accaparement de la terre à des fins industrialo-technocratico-libérales. Nous publions cette semaine un récit en provenance (...) #Les_Articles

    / #Technologie, #Catastrophes_climatiques_et_destructions_écologiques, #Le_monde_de_L'Economie

    https://lundi.am/Pas-de-secheresse-pour-STMICROELECTRONICS

  • ::: : Le piège de Sainte-Soline ::: :

    Comment le pouvoir a brutalisé et mutilé pour reprendre la main

    « Une stratégie contre-insurrectionnelle opérant sur trois plans : médiatique, psychologique et militaire. »
    https://lundi.am/Le-piege-de-Sainte-Soline

    Des participants au rassemblement de Sainte-Soline nous ont transmis ce texte. Il propose d’analyser la débauche de violence survenue dans les Deux-Sèvres, non pas comme un simple excès policier ou préfectoral mais comme un stratégie délibérée du pouvoir pour écraser le mouvement écologiste déterminé et reprendre la main sur le mouvement social en train de le déborder. Une stratégie contre-insurrectionnelle opérant sur trois plans : médiatique, psychologique et militaire...

    Ce qu’il s’est passé à Sainte-Soline - on ne parle pas ici des milliers de personnes présentes, de l’incroyable détermination des manifestants, ou encore du fait que le cortège ait atteint les grilles de la bassine, mais malheureusement des 200 blessés, dont 40 graves, et du fait que deux camarades sont actuellement dans le coma.

    Ce qu’il s’est passé à Sainte-Soline, donc, doit être considéré comme un piège odieux tendu par le pouvoir.

    Il fallait, ce samedi 25 mars, faire mal, tout en réduisant les actions des opposants (opposants aux bassines, mais par extension aussi au gouvernement) à des velléités violents voire terroristes. Il ne s’agissait pas seulement d’une vengeance suite au camouflet subi il y a 6 mois par la préfecture des Deux-Sèvres (quand un cortège rapide, malin, divers, avait réussi à fouler le sol de ce cratère qu’on appelle bassine). Il ne s’agissait pas seulement d’intimider le mouvement écologiste. Malheureusement pour les manifestants, ceux-ci ont fait les frais d’une opération qui visait bien plus que cela, une opération contre-insurrectionnelle, aux volets médiatiques, psychologiques et militaires.

    • En haut lieu, on souhaitait faire d’une pierre deux coups : mettre un coup d’arrêt au mouvement écologiste en même temps qu’au mouvement social. Traumatiser les manifestants des champs pour effrayer ceux des villes, pour que la mobilisation des uns cesse d’alimenter celles des autres. Le pouvoir a alors transformé la bassine en allégorie de lui-même : des forces acculées, dans une forteresse défendant le vide. C’est ce qu’il est en ce moment et c’est ce que l’on continuera de révéler.

      Ici, à Sainte-Soline on a vu qu’acculée comme elle l’est, la Macronie est prête à toutes les ignominies.

      Plus encore que le 8 décembre 2019, quand déjà il annonçait des morts, le pouvoir apparaît comme fébrile, ses mouvements mal assurés, il bafouille. Bien sûr qu’aujourd’hui on ne se réjouira pas de ces tremblements - eux qui furent la cause de tant de blessures.

      Mais il faut affirmer qu’il y a encore une voie pour ne pas se laisser dominer par l’effroi et la stupéfaction, et continuer la lutte. Le gouvernement a opportunément fait le rapprochement entre les manifestations du mouvement des retraites et celles du mouvement anti-bassine. Qu’à cela ne tienne. Ce samedi il n’y avait pas que la police. Il y avait aussi une détermination incroyable.

      Celle-ci peut se décaler à nouveau et revenir dans la rue.
      La peur doit rester dans leur camp.
      Rendez-vous mardi, et le jour d’après, et le jour d’après...

    • #dissolution annoncée du collectif écologiste Les #Soulèvements_de_la_Terre
      https://seenthis.net/messages/996464

      ON veut du terrorisme...

      De notre côté, il sera important de ne pas se laisser aveugler par la colère, hautement légitime, et l’envie de vengeance, compréhensible mais potentiellement destructrice. Pour cela, il faudra se souvenir, et se marteler, les raisons pour lesquelles les personnes blessées sont venues à Saint-Soline ou dans les rues en feu.
      Qu’il s’agissait de construire un monde meilleur et plus juste. Moins violent aussi. Plus humain surtout.

      https://seenthis.net/messages/996462

    • et si le « piège de Sainte Soline » était [aussi] un piège à Darmator ?

      C’est peut être un peu retors, mais... On peut imaginer une stratégie du sacrifice de la part des gentils activistes, qui vont au carton en toute conscience, avec dans l’idée d’offrir à Darmanin a.) un beau tableau de chasse, public et médiatisé, plus b.) une superbe occasion de se lâcher, donc de faire des choses légèrement interdites à des civils globalement sans défense ; un joli cadeau pour le matador de Beauveau, toutes ces gorges graciles offertes, irrésistibles ; il consomme, se vautre et se vante ; en face ça souffre et ça encaisse, mais surtout ça note, ça documente, ça forensic, et ça accumule les preuves ; et puis ça fait un bilan factuel, indubitable, que l’état et le ministre ont tout simplement violé un certain nombre de lois régionales et internationales ; les méchants ogres se sont gavés, jusqu’à l’indigestion et ont avalé sans hésiter la cerise empoisonnée ; et maintenant ils vont se faire défoncer par la justice locale et internationale. En plus, ils mentent immédiatement derière leur orgie, quand ils commencent à sentir qu’ils ont merdé ; et de s’enfoncer un peu plus.

      C’est peut-être un piège cher payé pour les gentils, vu p.ex. la sauvagerie du camp d’en face ; mais pour l’évaluation coups/bénéfices, chacun ses métriques ; on connaît pas celles des organisateurs ni celles des Soulèvements de la terre.

      Mmmm 🤔 😋 ?

      Libé fait déjà un check des armes « de guerre » (catégorie 2) utilisées un peu à l’insu de leur plein gré par les fdo, usage que le sieur Darmator dé-ment bien entendu, c’est exclu, les bons, c’est nous, c’est eux les méchants.

      https://www.liberation.fr/checknews/des-armes-de-guerre-ont-bien-ete-utilisees-par-les-gendarmes-a-sainte-sol

    • https://blogs.mediapart.fr/les-soulevements-de-la-terre/blog/280323/manifestants-dans-le-coma-appel-rassemblements-jeudi-30-mars-devant-

      C’est aujourd’hui cette réduction du champ politique à la grenade, ces cowboys en roue libre en quad ou en moto qui vont jusqu’à inquiéter les institutions internationales.
      [...]
      Pour que celles et ceux qui étaient là de toute la France puissent dire et témoigner. Parce que le gouvernement est triplement coupable : d’avoir lancé des grenades létales, de l’avoir prémédité, et d’avoir ensuite obstrué l’arrivée des secours. Montrons-leur massivement jeudi que nous ne les laisserons pas étouffer l’espoir à coup de grenades. Que nous sommes là. Toujours.

      Bassines Non Merci
      Confédération paysanne
      Les Soulèvements de la terre

      J’imagine qu’il va y avoir des actions en justice contre la préfète, Darmanin et l’état.

    • @simplicissimus ?
      edit la stratégie de la tension ce serait d’organiser au plus vite un attentat éco-terroriste (avec victimes) et de réussir à en accuser la partie adverse (façon Valpreda)
      la prévision ne pouvait pas ne pas se réaliser : c’est les modalités d’emploi des forces de l’ordre qui déterminent l’affrontation (on épice ça de la saisie au préalable de haches exhibées sur les chaînes d’info : qui a déjà vu un manifestant se servir d’une hache contre qui que ce soit ?)
      ce que je pige pas c’est ce que seraient les « bonnes âmes » que tu évoque
      quant à l’exploitation, il y a quelques perturbations dans le plan : la cohésion et le niveau d’organisation de cette large coalition que sont les Soulèvements de la terre, LFI, EELV, et les enregistrements LDH (sans compter que les blessés policiers l’ont été par leurs propres gaz et manoeuvres). certes, tout fini par se savoir, là ça a pris une journée.

      cette fois, cet article de LM me parait juste : dissuasion approfondie, réassurer la gouvernabilité dans la séquence ("passer à autre chose", disent-ils)

      edit tu avais raison @simplicissimus sur la « version modernisée de la stratégie de la tension », pas fait assez attention à la modernisation que tu invoquais, où les images d’affrontements avec la police peut aller jusqu’à remplacer l’attentat massacre

    • je précise : en garantissant le « bon déroulement » de la séquence affrontements pour que la suivante, l’exploitation puisse se dérouler

      oui, ce sont les modalités d’emploi des FdO qui déterminent le niveau de violence et, de ce point de vue, force est de constater que la modalité prévalente est nettement violente

      plus largement, on peut aussi se demander si ce choix est entièrement libre dans la mesure où on voit mal comment, aujourd’hui, pourrait avoir lieu une reprise en main politique – "républicaine" – des forces de l’ordre, aucun gouvernement ne semblant prêt à s’attaquer au système de cogestion de celles-ci par le ministère et les syndicats

    • « Le ministre Darmanin franchit un pas de plus dans la répression des voix s’opposant aux politiques délétères du gouvernement », accuse de son côté le groupe parlementaire de La France insoumise qui demande « avant tout la dissolution des méthodes de police politique du ministère de l’intérieur et la démission de son ministre ».

      https://www.mediapart.fr/journal/france/290323/les-soulevements-de-la-terre-dans-le-viseur-de-darmanin-depuis-plusieurs-m


      ~~~~~

      Gerald Darmanin lui même a admis un « usage proscrit » du LBD par les gendarmes ce samedi à Sainte-Soline après avoir défendu le contraire mordicus pendant plusieurs jours. Sa responsabilité dans ces crimes est plus qu’engagée, il le sait et sa tentative de diversion n’en est que plus grossière.

      https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/reaction-a-lannonce-de-la-procedure-de-dissolution-des-sou
      via https://seenthis.net/messages/996593


      ~~~~~

      Une plainte a été déposée par la famille de S. auprès du procureur de Niort pour « tentative de meurtre » et « entrave aux secours » (tentative de meurtre, faits prévus et réprimés par les articles 221-1 et 121-5 du code pénal ; entrave volontaire à l’arrivée des secours, faits prévus et réprimés par l’article 223-5 du code pénal). (...)

      https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/sainte-soline-lenregistrement-qui-prouve-que-le-samu-na-pa
      via https://seenthis.net/messages/996593#message996638


      ~~~~~


      je sais pas qui est visé par la plainte pour tentative de meurtre, mais Darmanin à clairement prémédité le coup ; il pourrait être inquiété, va savoir ?

      En tout cas, il passe en commission d’enquête à l’assemblée « semaine prochaine » [mardi], chez son camarade de Renaissance le président de la commission des Lois Sacha Houlié cf https://www.nicematin.com/politique/maintien-de-lordre-une-audition-de-gerald-darmanin-prevue-a-lassemblee-83

      À l’Assemblée nationale, le président de la commission des lois, Sacha Houlié, tente néanmoins de s’aventurer prudemment sur un chemin de traverse. « Pas gêné » par l’expression « violences policières » – « même si je considère qu’elles ne sont pas endémiques », précise-t-il –, le député de la Vienne a pris l’initiative de convoquer Gérald Darmanin pour l’auditionner, mardi prochain, en commission, sur sa gestion du maintien de l’ordre de ces dernières semaines. Une occasion, espère-t-il, de faire le point au calme, hors des « postures politiques ».

      https://www.mediapart.fr/journal/politique/290323/face-aux-violences-policieres-les-macronistes-entre-deni-et-tetanie

  • Appel pour l’organisation d’une seconde ligne chrétienne-révolutionnaire en vue des prochaines manifestations
    https://lundi.am/Appel-pour-l-organisation-d-une-seconde-ligne-chretienne-revolutionnaire-en-vu

    Depuis l’annonce du 49.3, la mobilisation contre la réforme des retraites a trouvé un second souffle. Grèves, blocages, manifestations diurnes, déambulations nocturnes se multiplient et s’intensifient. Dans une inquiétante fuite en avant, le pouvoir d’Emmanuel Macron fait le choix d’une surenchère de brutalité. Dans les rues, les escadrons de police rodent, intimident, frappent, interpellent et parfois même mutilent. Chaque jour, les réseaux sociaux divulgent de nouvelles images effarantes de l’abjection policière que certains de nos confrères osent encore qualifier de « dérapages ». A vrai dire, le gouvernement ne laisse que deux options au mouvement. La première, celle qu’il souhaite provoquer, consisterait à ce que chacun rentre chez soi plus ou moins terrorisé mais sûrement défait. La seconde, consiste à complexifier l’action de rue, déployer de nouvelles méthodes et stratégies pour esquiver la violence et approfondir la solidarité. Ce texte propose quelques pistes.

    ENJEUX

    Après avoir fait une apparition courageuse dans plusieurs villes le 7 mars, avant d’à nouveau s’éclipser partiellement les 11 et 15 mars, le Cortège de Tête a déboulé avec fracas dans les grandes villes le 23 mars, alimenté, enrichi, et rajeuni, par une semaine de manifestations sauvages continues, en particulier à Paris où la perspective de percer enfin vers l’ouest a galvanisé les manifestants. Le jeudi 23 mars dément l’opposition entre forme sauvage et forme de tête, et pose l’articulation stratégique des deux formes comme l’enjeu de la semaine à venir.

    Le but de cet article n’est cependant pas de faire un retour sur toutes les implications de la journée du 23, certains le feront sans doute mieux, mais de faire une proposition pour contribuer à l’articulation des deux formes (sauvage et de tête). La proposition est l’organisation d’une seconde ligne stratégique, à vocation avant tout défensive, dans le cadre des manifestations de masse, lorsque le parcours est encore verrouillé par le dispositif policier et que l’enjeu est de le faire reculer pour le faire craquer. Cette proposition veut généraliser (et radicaliser) des pratiques et des intuitions déjà à l’œuvre, et se voit comme complémentaire du cortège festif et du travail des streetmedics. Au cas où un scénario de type 23 mars se reproduirait (cela n’est pas dit, cela dépendra aussi des parcours, notamment à Paris), le but est de créer les conditions dans la première phase de la manifestation (en cortège de tête) pour que la deuxième phase (« sauvage ») puisse effectivement avoir lieu, et le mieux possible.

  • On a maté les CRS
    https://lundi.am/On-a-mate-les-CRS

    Lundi, tu matraquais des zadistes, 
    Mardi, tu flashballais des migrants, 
    Mercredi, tu te faisais caillasser en cité, 
    Jeudi, tu tabassais des footeux en famille et.. 
    Vendredi, tu gazais des enfants à la Manif pour Tous… 
    Samedi soir ? Tu détruisais des fêtards et leur matos… 
    Tout cela avant de ne pas retrouver tes gosses qui ne veulent plus te voir… 
    Et de recommencer ta semaine merdique sur une autre gamme.
    Éternel retour de l’aliénation au quotidien. 
    Quel travail ! 

    On a maté les CRS au point de leur faire refouler la moindre affinité. Les CRS n’ont pas d’amis ; juste leur corps dont la devise est “Servir”. “Servir” tout court. Certains diront qu’on ne précise pas à quoi ils servent car il s’agirait, disons, du “capital”. La vérité est plus terrible encore : les CRS servent à tout et à rien ; ils sont même à disposition de n’importe qui. La preuve en est leur mode de communication : par le passé, nombre de manifestants naïfs tentaient d’entrer en dialogue avec eux : en vain ! Le vide d’en face est total car avant d’être placés dans la rue, les CRS ont été matés afin d’obéir au moindre aboiement, point barre. 

    Cette dernière assertion est vérifiable sur le terrain : placez-vous derrière eux et usez de l’impératif avec des ordres simples, proférés à haute voix : “Halte, les gars, avancez ! À gauche ! À droite ! On recule ! Halte !” Vous serez surpris de constater que les réactions sont alors excellentes, surtout si vous êtes dans le vif de l’action. Le CRS obéit à n’importe quoi et n’importe qui. Les gendarmes sont moins dociles à cause de leur hiérarchie plus forte et militaire. Les CRS et leurs dérivés consanguins de type Brav-M se pensent plutôt sur le mode de la meute de chiens errants mais vaguement dressés par le passé. 

    C’est donc une erreur magistrale que de se prostrer, de paniquer, de crier, de regarder dans les yeux ou plus ridicule encore, d’engager un dialogue. Si un chien enragé vous menace, il faut garder une posture droite, sans être menaçante, tout en ayant les mains prêtes à se protéger les parties vitales. Si le danger se rapproche, proférez des ordres clairs et distincts sur un mode impératif. Évitez à tout prix l’indicatif ou pire, le conditionnel et le subjonctif. Le meilleur des chiens devient confus si vous commencez à lui faire des phrases. Par contre, il a été conditionné pour obéir à des mots simples du type “Halte !” ; ce qui donne les quelques secondes parfois nécessaires afin de se mettre à l’abri. Tirez parti des bons réflexes pavloviens incrustés dans ces débris d’humains.

    • Comme à chaque période de contestation sociale et politique, le mépris de la police se propage et s’amplifie dans la population. Peut-on cependant se laisser aller à ses intuitions et sentiments viscéraux sans les examiner davantage ? Cet excellent texte nous propose une anatomie de ce personnage mystérieux, pittoresque mais parfois terrifiant : le CRS.

      On a maté les CRS dans les trois sens du terme. Voyons comment.

      Dans un premier sens : les CRS ont été vus grâce à notre système de vidéosurveillance décentralisé qui s’appuie sur l’omniprésence des smartphones. Si la plupart des exactions policières restent invisibles, un échantillon suffisant est néanmoins prélevé puis diffusé en masse.

      Quand on mate les CRS, l’éventail d’actes répugnants surprend par sa diversité : testicule broyé à coup de bâton, hordes de police enragées matraquant des passantes ; ici, ils détruisent des terrasses de café et puis là, ils jettent un SDF à terre, le traitent de “sac à merde” et empêchent les bonnes âmes de le relever. Pensons encore à cette fameuse droite assénée gratuitement, avec une arme de catégorie D (gants de protection !). Horreurs qui n’en finissent pas : œil explosé, pouce arraché, visage pulvérisé… Bref, il suffit d’ouvrir une page web pour le constater : on a maté les CRS et vu de nos yeux le massacre des innocents en cours.

      Le deuxième sens intervient comme conséquence du premier : dans la mesure où les CRS sont ainsi vus dans leur nudité monstrueuse, on les mate à chacun de leurs coups et le roi se trouve mis en échec, sans issue possible. Quand on mate les CRS, on veut descendre dans la rue en masse. Tout décideur fonctionnel composerait avec cette fatale boucle de rétroaction positive : plus il y a de répression ostensible, plus la pression populaire augmente et plus la pression populaire augmente, plus il y a de répression ostensible. Le ba.-ba de la théorie des systèmes nous enseigne qu’il y a là un effet d’emballement, avec une amplification démentielle des phénomènes mis en jeu par le player.

  • Ce qu’il s’est passé à Sainte-Soline
    https://lundi.am/Ce-qu-il-s-est-passe-a-Sainte-Soline

    Le rassemblement contre les méga-bassines de Sainte-Soline devait être une fête. Les défenseurs de l’eau, venus par dizaines de milliers, devaient se rejoindre pour marcher jusqu’au cratère absurde, symbole de l’accaparement par quelques-uns d’un « bien commun ». Il y avait bien eu les menaces de la préfecture, l’interdiction de s’y rassembler et le déploiement de 3200 forces de l’ordre. Comme la fois précédente, le 29 et 30 octobre dernier, on comptait sur l’audace, la ruse et l’inventivité du mouvement pour contrecarrer le siège ridicule et policier d’un trou. Trois cortèges et leurs totems se sont élancés, les anguilles turquoise, les loutres jaunes, les outardes roses. S’il s’agissait d’un jeu grandeur nature, chacun savait qu’il faudrait déjouer le dispositif policier, par endroit le percer. Tout le monde pensait la victoire acquise, comment empêcher 30 000 personnes déterminées à rejoindre un objectif, à pénétrer le cratère vide mais plein de sens ? Personne ne pensait que l’État serait prêt à toutes les violences et brutalités pour ne pas perdre la face, pour défendre le trou. En 1h30, 4000 munitions ont été tirées, des grenades lacrymogènes, des grenades de désencerclement, des balles en caoutchouc. 200 personnes ont été blessées, 40 grièvement, 2 en réanimation neuro-chirurgicale dont une entre la vie et la mort.

  • Ultraviolence policière à Sainte-Soline
    https://lundi.am/Ultraviolence-policiere-de-Sainte-Soline

    Une médecin urgentiste présente à la manifestation raconte

    (...) Un homme est installé par des manifestants juste à ma gauche. Il a le visage déformé. Il s’est pris une grenade dans le visage. Je l’examine. Il a une plaie de la paupière hémorragique. L’œdème de la paupière ne me permet pas d’examiner l’œil, sa vision, sa motricité. Il a une très probable fracture du maxillaire gauche, je ne peux rien dire pour son œil.

    Des personnes viennent me voir pour me dire que les ambulances sont bloquées par les gardes mobiles en amont. Je commence à m’énerver. Je transmet dites leur « Nous avons appelé le SAMU, nous avons des blessés graves. Ils doivent laisser passer les ambulances. Nos appels sont enregistrés sur les bandes de la régulation du SAMU. Si ils entravent le passage des ambulances, ils seront pleinement responsables du retard de soins. On ne se laissera pas faire. Y compris sur plan juridique » « Mettez-leur la pression, c’est pas possible autrement. »

    D’autres blessés arrivent entre temps, ils ont l’air stable. Je n’ai pas le temps de les voir. Certaines personnes s’occupent d’eux. Des complicités de bord de route.

    L’« URGENCE ABSOLUE »

    Quelqu’un vient me chercher pour me demander d’intervenir plus en amont sur le chemin.
    Mon amie reste avec les blessés.
    Je remonte vers la zone où un homme est au sol. Du monde autour de lui. Je m’approche de sa tête. Un « medic » réalise une compression du cuir chevelu. Des gens essayent de le faire parler. Du sang coule sur le chemin. Il est en position latérale de sécurité. Je me présente auprès des autres personnes qui prennent soin de lui. « Je suis médecin urgentiste, est-ce qu’il a déjà été évalué par un médecin ? Est-ce que quelqu’un a déjà appelé le SAMU ? » Le SAMU est prévenu. Pour l’instant aucun moyen ne semble engagé. Je l’évalue rapidement. L’histoire rapporte un tir tendu de grenade au niveau temporal droit (juste en arrière de l’oreille ). Il se serait effondré. Extrait par des manifestants. Au début il aurait été agité. Là il est en position latérale de sécurité. Il est trop calme.
    Je fais un bilan de débrouillage :
    -- une plaie du scalp de plusieurs centimètres en arrière de l’oreille. La plaie est hémorragique.
    -- un traumatisme crânien grave avec un score de glasgow initial à 9 ( M6 Y1 V2), une otorragie qui fait suspecter une fracture du rocher
    -- pupilles en myosis aréactives
    -- vomissement de sang avec inhalation
    -- les premières constantes qu’on me transmet sont très inquiétantes. La fréquence cardiaque serait à 160, la tension artérielle systolique à 85. Le shock index est à presque 2.

    Je demande à ce qu’on rappelle la régulation du 15 et qu’on me les passe au téléphone.
    Mon petit matériel ne va pas suffire. Quelle impuissance...

    Je prend la régulation du 15 au téléphone. Je demande à parler au médecin. Je me présente en tant que médecin urgentiste : je demande un SMUR d’emblée pour un patient traumatisé crânien grave, avec une plaie du scalp hémorragique, et des constantes faisant redouter un choc hémorragique. Le médecin me répond que la zone ne semble pas sécurisée et qu’il est impossible pour eux d’intervenir au milieu des affrontements. J’explique que nous sommes à distance des zones d’affrontement. Qu’il y a des champs autour ou il est possible de faire atterrir un hélicoptère. Il me dit qu’un Point de Rassemblement des Victimes est en cours d’organisation, qu’il va nous envoyer des pompiers pour extraire les victimes. J’insiste sur le fait que cet homme à besoin d’un SMUR d’emblée, qu’il s’agit d’une urgence vitale immédiate et qu’il n’est pas en état d’être transporté vers un PRV. L’appel téléphonique prend fin, je n’ai pas l’impression que ma demande ait été entendue.
    Un traumatisme crânien grave peut aboutir à la mort cérébrale, ou à la présence de séquelles extrêmement lourdes.

    Je retourne auprès de la victime. Je le réévalue. Son score de glasgow est tombé à 7. Le coma est de plus en plus profond. Une équipe médecin infirmier des gardes mobiles arrivent. Je suis en colère. Ils viennent apporter les bons soins à ceux qu’ils ont presque tué. Je ravale ma colère, il faut penser à cet homme à ce qu’il y a de mieux pour lui. Je fais une transmission médicale. Je propose que le médecin rappelle la régulation pour appuyer ma demande de SMUR dans le cadre d’une urgence vitale immédiate. En attendant j’aide l’infirmier à poser une perfusion. Traitement de l’hypertension intracrânienne. Traitement pour l’hémorragie. Le médecin des gardes mobiles me demande si j’ai de l’oxygène. Je ris nerveusement. Non moi j’ai des compresses et de la biseptine, j’étais là pour manifester initialement.
    Leur matériel est limité. Ils n’ont pas de quoi faire des soins de réanimation. Je ressens leur stress. Nous sommes dépendant du SMUR.

    Des pompiers en pick-up arrivent, ils nous demandent pourquoi le SMUR et les VSAV ne sont pas là. Je craque et leur hurle dessus, je dis que les ambulances sont bloquées par les gendarmes mobiles en amont.

  • La macronie, bientôt finie ?
    https://lundi.am/La-macronie-bientot-finie

    Le mouvement contre la réforme des retraites au seuil du soulèvement
    [Bilan d’étape]

    L’annonce, jeudi 16 mars, de l’utilisation du 49.3 par le gouvernement pour imposer sa réforme des retraites a propulsé le mouvement de contestation dans une nouvelle dimension. Malgré une répression féroce, un drôle de mélange de colère et de joie se propage sur tout le territoire : manifestations sauvages, blocages surprises d’axes routiers, envahissement de centres commerciaux ou de voies ferrées, jets d’ordures sur les permanences de députés, feux de poubelles nocturnes, coupures ciblées d’électricité, etc. La situation est désormais ingérable et le président n’a plus d’autre corde à son arc que de promettre qu’il tiendra coûte que coûte et de sombrer dans une fuite en avant de violence. Les jours qui viennent seront donc décisifs : soit le mouvement se fatigue, mais tout indique le contraire, soit le quinquennat Macron s’effondre. Ce texte propose de faire un bilan d’étape et d’analyser les forces en présence ainsi que leurs stratégies et objectifs à court et moyen termes.

    SEUL CONTRE TOUS

    Si l’on considère les deux forces officiellement en présence, la situation à cela de particulier qu’aucune ne peut officiellement se permettre de perdre. D’un côté, nous avons le « mouvement social » dont on pense régulièrement qu’il a disparu mais qui revient toujours faute de mieux. Les plus optimistes voient en lui le prélude nécessaire à la construction d’un rapport de force qui peut mener jusqu’au soulèvement voire à la révolution. Les plus pessimistes considèrent au contraire qu’il est a priori compromis, que la canalisation et la ritualisation du mécontentement populaire participe de la bonne gestion de l’ordre des choses et donc de son maintien, de son renforcement.

    Quoi qu’il en soit, sur le papier, ce « mouvement social » a tout pour gagner : les syndicats sont unis, les manifestations font nombre, l’opinion publique lui est largement favorable, et si le gouvernement est démocratiquement élu, il est massivement minoritaire. Les astres sont donc alignés, les feux sont au vert, dans des conditions aussi objectivement favorables, si le « mouvement social » perd, cela signifie qu’il ne pourra plus jamais imaginer ou prétendre gagner quoi que soit.

    En face, il y a Emmanuel Macron, son gouvernement et quelques fanatiques qui croient en lui. Eux se savent minoritaires mais c’est de là qu’ils puisent leur force, Macron n’est pas un président qui s’est fait élire pour être aimé ou même apprécié, il incarne le terminus de la politique, son adhésion pure et parfaite à l’économie, à l’efficacité, à la performance. Il ne voit pas le peuple, la vie, les gens, seulement des atomes dont il faut extraire de la valeur. Macron est une sorte de droïde méchant qui veut le bien de ses gouvernés envers et contre eux. Son idée de la politique, c’est un tableau Excel : tant que les calculs sont bons et le résultat positif, il continuera d’avancer au pas de charge. A contrario, il sait que s’il hésite, tremble ou se dédit, il ne pourra plus prétendre gouverner quoi que ce soit ou qui que ce soit.

    Un face à face n’est cependant pas une symétrie. Ce qui menace le « mouvement social » c’est la fatigue et la résignation. La seule chose qui pourrait faire renoncer le président c’est le risque tangible et proche d’un soulèvement. Ce que nous constatons depuis le 49.3 du jeudi 16 Mars, c’est que la donne est en train de changer. Toute négociation avec le pouvoir étant devenue caduque, le « mouvement social » est en train de se déborder et de se dépasser. Ses contours deviennent pré-insurrectionnels.

    • D’un côté, nous avons le « mouvement social » dont on pense régulièrement qu’il a disparu mais qui revient toujours faute de mieux.

      Ce sont des millions de travailleurs. Il s’agit, pour le dire avec une analyse de classe, de la classe ouvrière. Pour le moment, des manifestants souvent ni syndiqués ni attirés par les cortèges de la CFDT, des manifestants et de grévistes qui viennent d’entreprises petites ou moyennes, des milieux employés, techniciens, agents de maîtrise ou cadres, qui participent rarement aux journées nationales de grève. Dans les grandes entreprises où des syndicats pro-patronaux sont majoritaires, et pour lesquels appeler à la grève est un quasi-sacrilège, les syndicats ont appelé aux manifestations et y ont amené de nombreux travailleurs, mais il n’y a pas de grève.

      En face, il y a Emmanuel Macron, son gouvernement et quelques fanatiques qui croient en lui.

      Non, la Terre n’est pas plate. Il faut avoir une analyse de classe pour aller au-delà du ressenti dominant qui borne toutes choses aux apparences. En face, certes, il n’y a Macron et ses sbires – bref, l’État et ses moyens –, mais qu’accessoirement. Bien plus réellement, et sans doute moins spectaculaire, il y a en face la classe possédante, celle à laquelle appartient l’État et dont Macron – ni plus ni moins qu’un domestique en chef – n’est que le chien de garde, le serviteur. Personnaliser les enjeux en les réduisant à la personnalité misérable d’un serviteur politique de la bourgeoisie, c’est contribuer à dissimuler les vrais enjeux.

      Pas étonnant, dès lors, que pour Lundimatin, l’enjeu soit une représentation de la valeur travail :

      Mais que se cache-t-il réellement derrière cet affrontement et sa mise en scène ? Qu’est-ce qui serre les cœurs, donne du courage ou de la rage ? Ce qui se joue, c’est très certainement le rejet du travail.

      D’un côté le travail comme participation singulière à la vie collective, à sa richesse et à sa créativité. De l’autre, le travail comme forme particulière de l’effort individuel dans l’organisation capitaliste de la vie, c’est-à-dire le travail comme peine et comme exploitation.

      #mouarf. Non, ce qui se joue n’est pas une conception du travail, ce qui se joue et que l’on trouve dans la feuille de route de tous les gouvernements bourgeois, dans tous les pays, c’est comment réduire au maximum la part de richesses qui revient aux classes populaires, sous toutes les formes, pour augmenter la part versée directement aux capitalistes. Le grand patronat se contrefout de votre conception du travail, ce qui importe à ses yeux, c’est que son personnel politique mène la guerre au monde du travail, quitte à tailler davantage dans les retraites, dans le budget des écoles, des hôpitaux, quitte à réduire au maximum le pouvoir d’achat des familles populaires et l’indemnisation du chômage, etc.

      En repoussant à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite, et en accélérant le passage à 43 annuités requises pour une pension à taux plein, le gouvernement ne défend pas une idéologie, il attaque frontalement la condition ouvrière, et ce dans un seul but : amplifier la ponction sur le monde du travail pour gaver le monde du capital.

      la forme qu’a pris l’effort commun et collectif dans cette société est invivable, humiliant, souvent dénué de sens et mutilant. Si on y réfléchit bien, on ne s’est jamais battu pour la retraite, toujours contre le travail.

      Non, on se bat pour ne pas travailler 2, 3, 4 ans de plus, on se bat pour disposer d’une vraie retraite, et nous savons que ce n’est pas tant le travail qui pose problème que le travail exploité – qui le détourne des intérêts de l’humanité et nous pourrit l’existence.

      Le capitalisme n’a jamais été autre chose que l’organisation objective et économique de l’humiliation et de la peine.

      Oui, sans doute, en termes moraux. Mais c’est bien davantage un rapport social de production qui a eu sa nécessité historique. Ce qu’il organise, c’est la reproduction et l’accumulation du capital en tirant une plus-value sur chaque journée de travail de chaque travailleurs sur cette planète. La question n’est pas d’ordre moral, elle est sociale et historique.

      Je passe les longues considérations sur la police pour n’en garder qu’une :

      Répétons-le, on ne gagne jamais « militairement » contre la police. C’est un obstacle qu’il s’agit de tenir en respect, d’esquiver, d’épuiser, de désorganiser ou de démoraliser.

      Il faudra pourtant écraser la police pour mener la révolution sociale. Car je ne parle plus d’émeutes de rue, auxquelles, en effet, les CRS sont bien préparés, mais je parle d’occupation des usines, des dépots, des entrepôts, des bureaux par des millions de travailleurs, contre lesquels les Macron de demain enverront des milices et l’armée. Et alors il ne s’agira plus seulement d’esquiver « quelques charges et gaz lacrymogènes », de « contenir des dispositifs policier », mais, non seulement de sauver sa peau, mais de s’emparer des moyens de production et de neutraliser définitivement les forces de répression de la bourgeoisie.

      Cette phrase étrange :

      plus personne n’attendra indéfiniment la grève générale d’une classe ouvrière et d’un monde du travail émiettés par 30 années de néo-libéralisme, le geste politique le plus évident, spontané et efficace est désormais le blocage des flux économiques, l’interruption de l’écoulement normal des marchandises et des humains.

      Or, qui et quoi, sinon la classe ouvrière en grève générale pourra bloquer les flux économiques, interrompre (j’ajoute la production) l’écoulement normal des marchandises et des humains ?

      Des gilets-jaunes ? Dont lundimatin croit pouvoir penser, sans rire, que Macron les « craint par dessus tout » ? Eux qui précisément, en occupant des ronds-points et en manifestant tous les samedis après midi pendant des mois, sans jamais (ou trop rarement) tenter d’entrainer à leur suite les travailleurs des grandes entreprises, n’ont au final rien bloqué ni rien obtenu, sinon une démoralisation encore plus profonde et mortifère ?

      En attendant, pour avoir une chance réelle de l’emporter, il faudra non seulement des manifestations massives, mais surtout des grèves frappant les capitalistes au portefeuille. Il faut que des secteurs importants de la classe ouvrière (notamment du secteur privé) se lancent dans le mouvement. C’est à cette condition, si celui-ci est suffisamment déterminé, que la bourgeoisie elle-même ira demander à son valet Macron de retirer sa réforme. Et ensuite, face à une classe ouvrière renforcée, mobilisée et consciente, il deviendra possible d’imposer d’autres reculs au pouvoir politique et au patronat.

      Tout se joue donc maintenant, et au-delà. La gauche est en embuscade, prête à vendre un échappatoire électoral, une illusion référendaire, voire la construction de la 4e Internationale.

      Mais où lundi matin va-t-il chercher tout ça ? Oui, la gauche – c’est du reste sa fonction – aura à coeur si le mouvement se renforce, de l’entrainer dans quelques impasses dont il ne se relèvera que difficilement. Mais quel rapport avec la 4e Internationale dont les plus jeunes députés de LFI ignorent probablement tout ?

      Une manière un peu ridicule, je l’ai compris, de moquer en réalité l’extrême gauche communiste révolutionnaire qui maintient que le prolétariat n’obtiendra de victoire générale et définitive qu’à condition de s’organiser pour faire plier l’appareil d’État de la classe possédante. Mais « se confronter au plus vite à la question centrale de tout soulèvement », « se doter de points de repères et de retrouvailles », « des lieux pour construire la complicité et la solidarité », « des lieux où se retrouver et s’organiser », n’est-ce pas cela le rôle d’un parti ouvrier de masse ? En attendant de pouvoir apporter les moyens d’achever partout ce système ?

      Je finis sur un accord :

      Pour que le mouvement perdure et esquive la récupération autant que la répression, il lui faudra se confronter au plus vite à la question centrale de tout soulèvement : comment déployer les moyens de son auto-organisation ?

      Précisément. « L’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes ». Mais pour cela, il leur faudra se construire, sur la base de leurs luttes, de leur expérience, d’une organisation de fer. Pas seulement des « discussions en air libre », ou une « Maison du Peuple », ou « une occupation de la Bourse du travail », ou encore « Nuit Debout, les Gilets Jaunes, les Soulèvements de la Terre », mais un outils de classe capable d’écraser physiquement l’État de la bourgeoisie et ses moyens de répression (dont il n’a jusqu’ici utilisé que l’essentiel).

      Je ne conçois pas autrement le rôle du parti. Comme la seule manière pour les travailleurs eux-mêmes de se donner les moyens de liquider ce monde. Non pas seulement d’organiser «  le blocage du pays  », mais de renverser les rapports sociaux et de tout faire fonctionner selon leurs propres priorités en prenant le contrôle des moyens de production et d’échange.

  • Lille : La lettre brûlante des précaires en colère au président du département du Nord – point de rupture
    https://pointderupture.noblogs.org/post/2023/03/14/lille-la-lettre-brulante-des-precaires-en-colere

    Ce 9 mars le Collectif des Précaires en colère s’est adressé directement à Christian Poiret, le président du Conseil du département du Nord par une lettre que le syndicat SUD Solidaire a tenu à lire en conclusion de leur intervention. Ils & elles nous ont fait parvenir ce document sonore accompagné de leur texte :

    -----------

    Les précaires en colère du Nord, organisé.es en coordination nationale ont tenu à rappeler aux président du conseil général du département, sa clique et à l’ensemble des « partenaires sociaux » et syndicaux représentants du personnel, leur détermination à dénoncer l’harcèlement des plus précaires par les différents services et sous-traitants du conseil départemental qui exercent un flicage avec l’objectif de mettre en place la phase test d’une mise au travail s’apparentant au TIG (travail d’intérêt général) pour les bénéficiaires du RSA.

    En effet désormais sur la ville de Tourcoing le RSA sera conditionné par 15/20h de travail qui ne porte pas son nom, puisque non-soumis au code du travail qui est régit par un contrat comme dans un CDD ou un CDI classique (pas de droit de se syndiquer par exemple …).

    Le syndicat majoritaire SUD a tenu à nous offrir l’occasion de leur adresser notre plus grand mépris (de classe) par une lettre – à défaut de ne pas avoir pu être invité à notre propre procès car après tout, nous ne savons toujours pas à quelle sauce nous allons être mangé, dans ce bouillon au goût amer du travail forcée et gratifié en dessous du seuil de pauvreté.

    Voici donc la bande son du plaidoyer de Sud qui termine par notre lettre adressé à Christian Poiret le nouveau président du département et sa team de lèche-merde (ouais ça c’est gratuit 😉 ) :

  • Déboîter le corps social

    Dominer c’est martyriser, tailler, couper dans la chair et les graisses depuis toujours. Mais pour percevoir l’inventivité clinique de l’appareil d’État macronien, il faut se rendre sur le boulevard pour comprendre comment se déploie en ce moment sur des populations entières un art médical instruit des derniers progrès d’une chirurgie orthopédique des âmes. Ce savoir anatomique concerne tous les membres du corps social : avec ses os, tendons, jointures, articulations, et surtout... ses nerfs. Le projet de Macron c’est de déboîter tout un peuple. Écraser « ceux qui ne sont rien », "emmerder jusqu’au bout" la France entière et se venger des Gilet Jaunes sont maintenant les uniques obsessions du tyran loin de toute préoccupation d’ordre politique. À revers de ce supplice raffiné, l’implication des corps disloqués fait la solidarité des chairs impatientes. Emmerdons l’emmerdeur... jusqu’au bout.

    GREY BLOC

    La manifestation précédant celle du samedi 11 mars avait été un magnifique feu d’artifice sur l’avenue Daumesnil avec ses guirlandes de poubelles incendiées pour fêter la grève des éboueurs. C’est pour cela que pour la manifestation suivante, celle du mercredi 15 mars, le plus tout à fait nouveau préfet de police Laurent Nuñez avait fait annoncer par son grand ami, le directeur du très droitard Le Parisien, la présence de 1400 « casseurs » pour une occasion inespérée de venger l’affront.

    Et l’on allait voir ce qu’on allait voir, parce que Laurent Nuñez est au maintien de l’ordre ce que Chanel est à la haute-couture française : une exigence de raffinement jamais démentie. Laurent Nuñez, ce n’est pas ce rustre de Lallemant, ce kéké de sous-préfecture qui se prend pour Goebbels quand il chevauche sa Harley. Laurent Nuñez c’est la manière espagnole, à l’opposé d’une brutalité trop manifestement germanique (énorme bourde au pays de l’Occupation).

    Laurent Nuñez, c’est le doigté du flamenco, l’esprit de finesse du jésuite Baltasar Gracián allié à la rouerie du courtisan du siècle d’or. Nuñez-le débonnaire, à la bedaine stoïque de Sancho Panza est là pour faire oublier le futur projet d’« immigration-remigration » du triste sieur Darmanin. Avez-vous remarqué qu’invité au bal, l’ingénieux hidalgo de Tourcoing aiguise en ce moment sa petite moustache franquiste ? Conduite par ce triste attelage, la manifestation du 15 mars fit symptôme en terme d’exotisme et du point de vue de l’art des castagnettes.

    Arrivé sur place : « Surprise, surprise ! ». Les 1400 « casseurs » annoncés en Guests Stars du Parisien ne font pas cortège de tête. Que se passe-t-il ? La réalité c’est qu’à la place du Black Bloc, un immense GREY Bloc, cortège aux tempes grisonnantes, a remplacé la matière noire en tête de manif. Quel est ce prodige ? De pauvres cassos auraient-ils remplacé les authentiques « casseurs » ?

    Tout cette chair sent la douleur : l’épaule fatiguée côtoie les lombaires usées, la jambe qui flagelle négocie avec l’épicondylite du coude. Les doigts craquellent aux jointures non loin des poignets engourdis. L’arthrite du genou s’enflamme.

    Le Grey Bloc c’est un système de vases communicants : des milliers de gens en ont marre de la foire du Trône et des flonflon de l’arrière, ils sont venus chercher autre chose à l’avant, histoire de refaire corps ensemble quand la carcasse flanche. On avait promis de bloquer le pays, mais sans jamais appeler à la grève générale c’est peut-être ce qui rassembla ces corps cassés pour refaire solidarité.

    Pour la préfecture c’est une tuile, les invités VIP ne sont pas venus à la fête. Qu’allait on faire des pétards, des cotillons, des pandores frisés, lustrés, enrubannés, tout costumés pour la parade ? La maréchaussée arrive très excitée par la promesse d’une vengeance-spectacle. L’effroyable et vivante mêlée qui la nargue depuis des années doit mériter le Waterloo de ce jour. Mais là, que faire avec cette bande de bras cassés, cour des miracles en goguette qui traîne ses jointures usées sur le boulevard ?
    Port Royal, Port Royal, morne plaine

    Il est un fait que c’est en cet endroit funeste que le buffet a été servi, tout proche de l’entrée des urgences de l’hôpital Cochin, là où le boulevard du Port-Royal s’élargit. Les urgences de Cochin c’est le mur des fédérés de la Génération 2018, avec ses quatre-vingts Gilets Jaunes admis aux urgences chaque soir de manifestation.

    Mais ce jour ci, point de Black Bloc ni de Gilets d’or. La plus haute technologie policière a donc été convoquée pour rien. Fiasco. La maréchaussée trépigne. Rage, rage, pleurs de rage. Port Royal, Port Royal, morne plaine.

    Que faire ? Où trouver « casseur » à casser ? Impossible de battre retraite sans avoir déboîté du Black Bloc. Dans la tête du préfet c’est la danse mauresque l’obsession des « casseurs » tourne et retourne à toute vitesse. On avait bien précisé qu’à seize heures tapantes, c’était l’heure du goûter gendarmesque. C’est pourquoi, lui d’habitude si stoïque, si modéré, si distingué, si Todo su control, le voilà devenu Don Quichotte hallucinant des moulins à vents. Autant de bras battant des ailes dans sa cervelle en tourmente.

    C’est pourquoi à cette heure funeste le pauvre Grey Bloc fut pris à partie. Sur ordre du préfet, la maréchaussée se jette sur les crinières poivre et sel en une immense clameur : « -Faute de grive mangeons du merle ! ». Sous l’effet d’une gigantesque tenaille très clairement préméditée, des centaines de boucliers fondent sur une foule de paisibles préretraités. Innocentes victimes que l’idée de fuir ne traverse même pas.

    Est-ce par effet d’une fascination pour l’objet de leur perpétuel désir que les pandores chargent le retraité en essaim, façon Black Bloc ? Mais là où le Bloc charge en essaim c’est pour taper quelque banque - comme pique une abeille pour rappeler qu’elle existe - ; alors qu’ici, c’est l’attaque des frelons asiatiques, espèces invasives venues d’ailleurs, hordes qui ne connaissent d’autre loi que la leur.

    En un immense bourdonnement toute une colonie de frelons se précipite sur moi sans raison. Ils sont plus d’une centaine, la masse compacte et affamée se jette sur moi. Arthrose, arthrite, seul au milieu du boulevard, vont-il voir que je boîte ? Quand il s’approche, l’insecte aveugle est guidé par l’odeur du sang, seuls le guide les aboiements de sa hiérarchie. Les uniformes-carapaces font méga-thorax, mais derrière les hublots, je vois leur yeux-lucarnes comme dans un bocal. À moins qu’il ne porte talonnettes, l’insecte me dépasse d’une bonne toise. C’est lorsque je me retourne que le plat d’un bouclier s’abat lâchement sur l’épaule. Plat contre omoplate, l’effet de masse des corps blindés, caparaçonnés, soudés est tel que l’onde de choc destructrice se propage à toute vitesse dans mes organes. Omoplate, humérus et clavicule divorcent. Ma ceinture scapulaire ne tient plus mon corps Impression d’être fauché par une voiture sur le boulevard.

    Sensation de démembrement étrange.

    Ensuite, sensation de vol, puis effroyable choc : l’asphalte du sol me retombe lourdement sur le dos. Des médics m’entourent. L’intensité de la douleur me submerge. Je perds connaissance. Mes deux bras ne peuvent plus bouger, me voilà devenu pingouin. Je rampe jusqu’aux urgences sur le boulevard-banquise. Je cherche le « Service des fauchés sur le pavé ». Quelle est la nouvelle méthode du gouvernement Macron ? Planquer les blessés dans les statistiques des piétons écrasés ? J’y pense très fort tellement cela ressemble à un accident de la circulation.

    Je suis maintenant sur un lit, dans une chambre d’isolement. On me demande si je fume. La chicha me réconfortera m’assure-t-on. Un aide-soignant me tend une pipe. Je peux lire : « Penthrox ». Selon le dictionnaire Vidal :

    « Un nouvel antalgique non opioïde indiqué dans le soulagement d’urgence des douleurs sévères associées à un traumatisme chez des patients adultes conscients. Son utilisation est limitée à un usage professionnel, notamment au sein des services d’accueil des urgences, SAMU et SMUR. »

    Face aux violences d’État, les labos ont travaillé, tout est prévu. Ils font circuler dans les services un médicament qu’on utilisait dans les années 2000 en maternité. C’est devenu la chicha du manifestant, le produit phare du moment. Ce shoot à l’avantage de permettre une réduction de n’importe quelle fracture à chaud sans anesthésie.

    Caressante extase, au gré des fumées grises, une nuit sans rêve me submerge comme un brouillard.
    Balistique des corps

    La nuit donne à penser. À la réflexion, cent corps soudés comme de lourds wagons d’un convoi de marchandises visent un transfert de masse maximale (on n’arrête pas facilement un train). Toute cette pantomime n’était pas faite de gestes gesticulés, hasardeux. C’est de toute évidence une technique, précise, méditée, longuement répétée : martyriser est un métier. Le cohérence du dispositif vise à maximiser l’onde de choc pour faire le plus de dégâts possibles en interne.

    Le calcul balistique est simple : on charge à deux-cent sur un piéton-cible afin créer une onde de choc maximale. L’impact cause un choc piéton identique au capot d’une voiture lancée sur un corps humain à pleine vitesse. À cette différence près que le bouclier pare-buffles des condés démultiplie la force du coup porté en percussion frontale.

    Pour une course à une vitesse entre 10 et 15 km/h, avec un tel transfert de masse, les blessures graves sont inévitables. Les plus fréquentes sont des contusions, des déboîtements, des fractures de l’omoplate, de l’épaule et du bras, sans compter de multiples lésions invisibles en interne. S’ajoute la probabilité d’un traumatisme crânien en réception dorsale.

    Tout cela sent le bloc opératoire. Des médecins ont-il appris aux forces de l’ordre la manière d’opérer ? C’est donc cela le secret du docteur Nuñez, ce chirurgien orthopédique boulevardier ? On crée à grande échelle des traumatismes qui ressemblent à des accidents de la route, mais sans ouvrir les chairs ni faire couler le sang, et sans barbaque sur la chaussée. Voilà la trouvaille !

    C’est ainsi qu’on réchauffe d’anciennes recettes tout en faisant une mise à jour de l’appareil technique des violences d’État. D’un côté on retourne aux classiques : le coup de bottin de commissariat ce sont les films policiers des années cinquante, ils ne laissent aucune trace sur la victime. De l’autre on industrialise la besogne sur des foules entières en recrutant des milliers d’exécutants pour rendre le geste efficace à grande échelle.

    Le sang qui coule, le steak haché qui s’exhibe sur les écrans au vingt heures pendant le repas du soir, cela fait toujours mauvais genre à l’international, surtout devant les expert de l’ONU. Après ça, comment vendre le « pays des droits de l’homme », cette plus value des sacs de marque qu’achètent les touristes chinois ? C’est la raison pour laquelle, plutôt que de faire un exemple spectaculaire, mille contusions invisibles propagent une onde de choc beaucoup plus large sur les populations, ce qui permet aussi d’occuper les légions de gendarmes que ce gouvernement a embauché depuis les Gilets Jaunes.

    La nouvelle tactique c’est le coup de Bottin collectif informé des derniers progrès de la chirurgie orthopédique. Flash ball ou Tonfa, les armes utilisées contre les Gilets jaunes produisaient des blessures individualisantes et fabriquaient autant de martyrs identifiables dont tout le monde sait les noms. Ici, la peine est collective, la nouvelle arme de guerre c’est la collision sur le boulevard. Percutez tant que vous pouvez, il en restera toujours quelque chose.
    Fractures sociales (Châtiments sans peine)

    Comme un coup de crosse, la tonfa du temps des Gilets Jaunes ouvre le crâne des sourcils à la nuque, c’est une technique de guerre à part entière. Il s’agit d’inonder de son sang un adversaire afin de l’immobiliser dans son élan, ce qui démoralise simultanément ses camarades. L’objectif c’est l’écœurement : pendant l’hiver 2018, combien de médics ont vomi dans les douches les soirs de manifestations ?

    Ici rien de tel. Les « contusions », dans le milieu médical tout le monde sait ce que cela veut dire : rien de précis . Quand il s’agit de déboîter les membres, de contusionner des corps, de traumatiser en interne sans faire couler le sang ni ouvrir les chairs, l’agression doit être invisible à la caméra et ne laisser aucune trace sur les réseaux. Mais ce n’est pas le seul avantage de cette technique. Les chocs frontaux opérés à coup de boucliers permettent d’établir un catalogue raisonné de châtiments corporels infligés directement sur la victime. Le choix des victimes a lieu au juger, c’est à dire sans jugement.

    Pour preuve de la banalisation de ces pratiques, un policier propose sur une vidéo récente, face à la caméra, de casser le bras d’un manifestant qui ne facilite pas son arrestation.

    On est là largement en dehors du droit puisque c’est la police qui se fait juge d’une peine immédiate. Aucun tribunal d’aucun État de droit, aucune société dite « civilisée » ne peut prescrire ce genre de peine.

    Petit catalogue des châtiments :

    -- La moindre « contusion » c’est entre une et deux semaines de soins, cela peut aller jusqu’à six mois.
    -- Une clavicule cassée c’est 6 semaines d’immobilisation.
    -- Un humérus fracturé c’est 6 semaines d’immobilisation et deux mois de convalescence.
    -- Une omoplate cassée, c’est 6 à 9 semaines de soins.
    -- Une épaule cassée c’est deux ans de soins.
    -- Une atteinte de la coiffe des rotateurs c’est la condamnation à perpétuité.
    (L’atteinte est répertoriée comme invalidité de guerre sur les sites d’anciens combattants).

    L’objectif c’est la « rééducation ». Les frais de rééducation nécessitent plusieurs semaines, voire des mois de réadaptation, cela donne le temps de réfléchir. Les ostéopathes ne sont pas remboursés, tout cela se fera donc aux frais des victimes, c’est une nouvelle peine d’amende à part entière. La méthode est simple, discrète, efficace et permet d’appliquer directement peines et châtiments sans passer par d’interminables procédures ou juridictions complexes.

    À cela s ’ajoute que les services d’urgence, qui n’ont pas de temps à perdre, vous déclarent en bonne santé aussitôt passé le cap de la radio (qui ne voit que les fractures). Sans perte de connaissance, les blessés sont directement renvoyés chez eux, sans IRM, échographie ni Scanner. Pour ce qui est des lésions plus graves, il est demandé une « réévaluation par le médecin traitant si persistance des douleurs ». Là vous passez en appel et la plupart du temps c’est sans réduction de peine, mais plutôt pour un allongement de la durée de la sanction. Et là je ne parle pas des souffrances psychiques, des gens qui suite au choc de l’agression, tétanisés par la peur, voient leur existence bouleversée par les cauchemars ou la paranoïa.

    Quand la douleur est machinique, la sanction est automatique. Le but est de produire de manière invisible et immédiate une immobilisation de toute opposition. Pourquoi s’emmerder plus longtemps avec de la paperasse et des juges ? Pourquoi prendre la peine de fignoler un dossier de convocation judiciaire :

    « Le dénommé X est accusé d’avoir le 12/04 à Paris (XVI ème arrondissement), en tout cas sur le territoire national et depuis temps n’emportant pas prescription, seul et sans arme, opposé une résistance violente en portant des coups de pieds alors qu’il était au sol pour ne pas de laisser interpeller, causant notamment une fracture de la main chez l’un des agents interpellateurs X et Y (ITT 30 jours) dépositaire de l’autorité »

    Qui lit encore cela ? Au diable la paperasse ! La police c’est la justice, la justice c’est la police, pourquoi séparer les pouvoirs ? C’est là la simple logique des fusions-acquisitions : deux entreprises fusionnent pour regrouper deux entités commerciales et maximiser leurs gains. La politique de « Contusion-Confusion » c’est gagnant-gagnant pour tous les partenaires. C’est ainsi que l’État se transforme en auto-entreprise et en État policier.

    Le problème c’est qu’à aucun moment l’on ne se demande si de fil en aiguille, on n’en vient pas à créer une machine monstrueuse, vaste logiciel de gestion des corps menés à l’abattoir par un appareil d’État à la dérive. Quand à l’exhibition systématique de la troupe, piétinant la foule comme on marche sur Rome, c’est clairement la marque des régimes fascistes
    Le supplice de Damiens 2.0

    À l’époque où des Gilets Jaunes hagards erraient pendant plusieurs heures sur le boulevard, à la recherche d’un service d’urgences, leur œil dans une main, un sac dans l’autre, cela a marqué les esprits. Quand un œil éclatait et que cela faisait le bruit d’un œuf qu’on écrase, cela ne s’oublie pas. Quand on vise l’os malaire d’un visage et que la mâchoire s’enfonce, non seulement le choc post-traumatique est inévitable mais c’est la boucherie. Le problème c’est que cela donne une mauvaise image du « pays des Lumières », et de son despote éclairé.

    Si l’on se rappelle les gilets jaunes. À partir de l’acte III, Macron a dit à sa police « -Faites ce que vous voulez ». Ils se sont exécutés, et mécaniquement ces gens ont fait ce qu’ils ont voulu. Que voulez-vous qu’il se passe quand on distribue des viseurs holographiques à de jeunes chiens fous tout en sanctionnant disciplinairement ceux qui ne veulent pas aller au ball-trap ?

    Je rappelle pour ceux qui ne sont pas informés qu’un viseur holographique EOTech permet de tirer sur une cible en mouvement sans obligation de parallaxe. Ce viseur a été inventé pour l’invasion de l’Irak en 1990. Ce viseur a été ensuite monté sur des fusils LBD et utilisé systématiquement par les forces de l’ordre pendant l’hiver 2018. Celui-ci est livré en option, « afin discriminer les parties du corps à impacter » explique pudiquement le fabricant. Un simple point rouge permet effectivement d’ajuster le tir sur n’importe quel orbite de manière très précise. Inutile d’aligner laborieusement une mire et le guidon d’une arme. Avec ce confort de tir, à vingt mètres, n’importe qui se prend pour un tireur d’élite. Et comme c’est valorisant de faire partie de l’ « élite », certains ont osé parler de « bavures » à l’époque des Gilets Jaunes. Ce qui a fait ricaner certains dans les comicos.

    Les Gilets jaunes c’est le retour au Moyen-âge. Ce qui compte dans la justice médiévale, ainsi que l’indique l’évangile de Luc, c’est : « Malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! Mieux vaut qu’on lui attache une grosse meule autour du cou et qu’on le jette dans la mer » » (Lc, 17,1-2). Ceci signifie que du point de vue du droit canonique, peu importe que le curé de Montaillou, -village Occitan- soit pédophile, violeur, adultère ou le dernier des meurtriers, tout cela relève finalement du for interne, c’est à dire de la conscience personnelle du point de vue des pratiques de confessionnal. Du point de vue de la vulgate canonique, ce qui compte avant tout, c’est de vénérer publiquement la très Sainte Trinité.

    Le pêcheur public c’est celui qui est susceptible de contaminer une communauté toute entière. Il donne le mauvais exemple et abîme la récolte comme une pomme pourrie contamine tout un panier. Dès que le scandale devient public, il faut donc l’éradiquer. C’est la raison pour laquelle, dans l’Ancien Régime, en régime de contamination virale, le scandale comme la justice sont affaire de spectacle. Quand on jette le présumé coupable à l’eau, une grosse pierre attachée au cou comme le propose l’évangéliste Luc, la justice c’est l’inverse du baptême. Le baptême intègre dans la communauté, la grosse pierre participe à un rite d’exclusion, d’excommunication, de désintégration puisqu’il faut savoir qu’à l’origine le baptême n’est pas un sacrement mais une épreuve de justice ordalique.

    Un exemple de cette justice-spectacle de l’Ancien-Régime c’est le supplice très célèbre de Robert François Damiens, condamné pour « parricide commis sur la personne du Roi Louis XV ». Il est racontée dans l’Histoire de Robert François Damiens, contenant les particularités de son parricide et de son supplice (1757) :

    « On amena dans l’enceinte quatre chevaux jeunes et vigoureux qui avaient été achetés la veille quatre cent trente-deux livres […] ils avaient obtenu la permission de dépecer le condamné. Voici comment ils s’y prirent. Les chevaux furent encore excités et lancés. Alors, quand les membres de Damiens furent tendus à point, les deux bourreaux coupèrent les nerfs aux jointures des cuisses. Cela ne se fit pas sans peine. Le sang jaillit en abondance. « Oh ! hurla Damiens ; ayez-pitié de moi, Seigneur ! Jésus, secourez-moi ! » Les couteaux fouillaient sa chair, ne s’arrêtant que devant les os. « Voyons maintenant », dit le bourreau. Les chevaux tirèrent. Cette fois une cuisse se détacha, la cuisse gauche. […] Damiens regarda encore cette douloureuse séparation , Il n’y avait plus de résistance de sa part. Après de nouvelles secousses des chevaux, l’autre cuisse partit. Restaient les bras. Les deux bourreaux recommencèrent le jeu de leurs couteaux à l’endroit des épaules et aux aisselles. On aurait dit deux bouchers travaillant dans la même viande. La cruauté a son ivresse, et ils étaient arrivés à cette ivresse-là. Ils n’épargnaient aucun nerf, aucun tendon. « Grâce ! grâce ! » criait toujours Damiens. Le bras droit tomba. Damiens ne perdit pas encore connaissance. « Ses cris continuaient, mais avec moins de bruit,et la tête continuait à aller. » Enfin, les chevaux emportèrent le dernier bras. Il n’y eut plus sur la table basse qu’un tronc qui vivait encore et une tête dont les cheveux venaient de blanchir tout à coup. Il vivait ! Pendant qu’on détachait les chevaux et qu’on ramassait ses quatre membres, les confesseurs se précipitèrent vers lui. Mais Henri Samson les arrêta en leur disant que Damiens venait de rendre le dernier soupir. La vérité est que je voyais encore l’estomac agité et la mâchoire inférieure aller et venir comme s’il parlait. Ce tronc respirait ! Ses yeux se tournèrent encore vers eux. On ne dit pas si la foule battit des mains une seconde fois.Ce qu’il y a de certain, c’est que, pendant une heure et demie que dura ce supplice, personne ne songea à quitter sa place, ni aux fenêtres ni sur le pavé. Un bûcher avait été préparé à quelque distance de l’échafaud, avec des fagots et de la paille. On y jeta d’abord les quatre membres du supplicié, et ensuite le tronc. Les débris palpitants furent recouverts d’autres fagots. On mit le feu au tout ! »

    On voit bien dans ce récit qu’il s’agit de démembrer quelqu’un pour lui arracher une malédiction qui déborde le corps social. Un individu est extrait de la société pour purifier le corps social tout entier, de la même manière qu’on pratique une saignée pour épurer le flux sanguin d’un malade dans le théâtre de Molière. Mais l’efficace du rituel n’est rendu possible qu’à la condition que ce démembrement ait lieu aux yeux de tous. La guérison du grand corps malade ne s’opère que par transsubstantiation [1]

    [1] En théologie dogmatique catholique, la...
    du sang versé dans un rituel qui implique toute la communauté. C’est pourquoi la justice médiévale est un spectacle, le rituel ne fonctionne pas s’il n’est pas accompli aux yeux de tous. Rappelons que les gens allaient encore avec leurs enfants assister aux exécutions capitales jusqu’au début de le seconde guerre mondiale.

    Aujourd’hui quand on veut déboîter tout un peuple, les corps sont démembrés à l’abri des regards, c’est à dire au plus intime des corps, c’est la raison pour laquelle la nouvelle technique du maintien de l’ordre n’assume plus la visibilisation des violences d’État. Pour preuve, le preux cavalier Macron ne plastronne plus :

    « Oyez, Oyez, boursemolles, ribaudes et puterelles, traversez ruisseau pour trouver boulot, en mon château me venez chercher ! ».

    L’époque a changé, la bête attaque maintenant systématiquement de dos. On le voit bien avec cette réforme des retraites qu’un gouvernement abject tente de faire passer par une loi sur la sécurité sociale. Le nouveau supplice de Damiens c’est la colonie pénitentiaire de Kafka. Dans ce récit une machine inscrit la peine dans l’intimité du corps du supplicié, ici cette intimité est largement distribuée tout en étant privatisé : miracle de la bio-logistique des corps !

    C’est au hasard des engagements d’un corps qu’un individu prend parfois la mesure que l’onde de choc qui le traverse fragmente le corps social tout entier. À cette heure, deux épaules immobilisées me laissent deux doigts libres pour taper ce texte sous analgésiques. Ce texte donc un texte écrit à l’horizontal : si le mouvement de lutte contre la réforme des retraites ne laisse personne indifférent c’est parce qu’il attaque les corps ; nous sommes tous mortels et du point de vue de notre finitude, les existences sont toutes égales. C’est la raison pour laquelle des plus jeunes aux plus vieux, le spectacle de l’ignominie présidentielle brûle d’une telle flagrance.

    Et foin des grands discours, c’est l’implication des corps disloqués qui fait la solidarité de nos chairs impatientes.

    [1] En théologie dogmatique catholique, la transsubstantiation est la doctrine selon laquelle au cours de l’eucharistie, au moment de la consécration, les espèces du pain et du vin deviennent le Corps réel et le Sang réel du Christ tout en conservant leurs caractéristiques physiques et leurs apparences originales.

    https://lundi.am/Deboiter-le-corps-social
    #domination #violences_policières #répression #France #macronisme #Laurent_Nuñez #Laurent_Nunez #maintien_de_l'ordre #grey_block #manifestation #15_mars_2023 #casseurs #contusions #invisibilité #invisibilisation #violences_d'Etat #immobilisation #viseur_holographique

  • Le Service d’Ordre de la CGT protège le MEDEF a coups de bâtons - Marseille Infos Autonomes
    https://mars-infos.org/le-service-d-ordre-de-la-cgt-6904

    Ce jeudi 16 mars, après le rassemblement devant la préfecture, le cortège s’est mis en marche. Une fois arrivé devant la porte du MEDEF, au niveau du carroussel du Vieux-Port, un groupe de quatre personnes a tenté de la forcer. Pas besoin de chercher bien loin pourquoi le MEDEF constitue l’ennemi direct de ce mouvement. Pas de vigiles, pas de flicaille. A la hauteur de leur réputation de gros bras ecervelés, c’est une vingtaine de membre du SO de la CGT, poussés par leur directeur local Olivier Mateux, qui s’est empressé de faire rentrer dans le rang les quelques aventureux qui n’ont pas demandé l’autorisation des organisations croulantes. Il n’y a eu aucun échange, aucun préalable juste des coups et le passage à tabac d’une camarade à six contre une.

    Ca n’était pas une première pour Olivier Mateux et ses nervis. 2016 et les passages à tabac de toute personne tentant de dépasser le cadre, puis le passage à tabac d’un camarade s’étant rendu à leur local.

    Matraquage, tabassage au sol, voilà ce que la direction de la CGT marseillaise a à dire à celles et ceux qui entendent véritablement porter des coups aux responsables du désastre anthropologique qu’est le capitalisme. Ca y’est on a vraiment les crocs, plus de retraite à 64, ni 62 ni 60, on ne veut plus travailler, on ne veut plus de ce monde.

    Heureusement, une centaine de mètres plus loin la CGT a tenté de dissoudre le rassemblement sous les huées de la foule, qui une fois débarrassée des nervis autoritaires, a pu prendre le chemin de la rue Saint-Féréol et la dégommer comme il se doit, comme elle devrait l’être tous les jours.

    #SO #CGT #Olivier_Mateu

    • LA HAINE
      Mouvement contre la réforme des retraites : tentative d’état des lieux
      https://lundi.am/La-Haine

      L’intersyndicale garde cette ligne. Elle s’est ainsi refusée à s’engouffrer dans la brèche du 49.3, repoussant son retour dans la rue à la semaine suivante. Elle a renoncé à intensifier les blocages le lendemain et à remettre une pièce dans l’appel à la grève - malgré les 150 millions d’euros de caisse de grève que planque au chaud la CFDT. Il ne sert à rien de s’acharner sur ce vieil éléphant mourant qu’est l’intersyndicale, il suffit de l’écouter, ces derniers jours, assumer son rôle pacificateur :

      « Je condamne fermement toutes les atteintes aux personnes et les actes violents et symboliquement violents. Ce qui s’est passé à Dijon est inacceptable », Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. [ Des mannequins à l’effigie de Macron, Borne, Véran et Dussopt sont brûlés place de la République à #Dijon par des syndicalistes #CFDT]

      « Attention ! Il faut bien faire la distinction entre les débordements hier soir, que nous dénonçons tous au sein de l’intersyndicale, et les actions de blocage organisées depuis ce vendredi matin », Simon Duteil, co-délégué général de Solidaires. [alors qu’aujourd’hui même des cheminots ont mis hors d’usage des freins de trains à Versailles pour les bloquer]

      « On combat la radicalisation des mouvements », Frédéric Ben, chargé du gaz à la CGT Energie.

      « Nous voulons réaliser des actions visibles pour faire monter la pression jusqu’au 23 mars, date de la neuvième journée de mobilisation. La violence, nous devons la canaliser », un secrétaire confédéral de la CGT.

      SPECTRES BIS

      Les bâtards le savent bien, ce qu’ils ont craint dans la quasi insurrection de 2018, ce n’est pas tant un sujet social - quoiqu’en dise la plus mauvaise sociologie gauchiste - ni même un package de pratiques. Ce fut une ingouvernabilité, assez déterminée et assez diffuse. Une déferlante de détestation de l’univers néo-libéral. Trop imprévisible, trop audacieuse, trop remontée : trop alien à ce monde-ci.

      Ce potentiel n’appartient à personne. Ceux et celles qui étaient ces dernières nuits dans la rue l’ont touché du doigt. On ne ressuscite pas une insurrection ratée. Mais on peut se ressaisir de certains réflexes d’alors (comme celui de viser les lieux de pouvoir, ou encore de faire fi des parcours déclarés), assumer certaines conclusions stratégiques. (...)

      #retraites #syndicat #démocratie #ingouvernables #lieux_de_pouvoir

  • #Fernand_Pelloutier #anarchisme #socialisme #syndicalisme #révolutionnaire #anticapitalisme

    Le 13 mars 1901 : la mort de Fernand Pelloutier, anarchiste, syndicaliste, révolutionnaire – 🔴 Info Libertaire

    « NOUS SOMMES (…) CE QUE LES POLITICIENS NE SONT PAS, DES RÉVOLTÉS DE TOUTES LES HEURES, DES HOMMES VRAIMENT SANS DIEU, SANS MAÎTRE ET SANS PATRIE, LES ENNEMIS IRRÉCONCILIABLES DE TOUT DESPOTISME, C’EST-À-DIRE DES LOIS ET DES DICTATURES, Y COMPRIS CELLE DU PROLÉTARIAT. »

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.infolibertaire.net/le-13-mars-1901-la-mort-de-fernand-pelloutier-anarchiste-syndicalist

  • Pour ceux qui bougent (en 2023) : 2016 dans le rétroviseur - (La véritable histoire du Cortège de Tête)
    https://lundi.am/Pour-ceux-qui-bougent-en-2023-2016-dans-le-retroviseur

    Des centrales syndicales au ministère de l’Intérieur, tout le monde s’y accorde : si l’on s’en tient au décompte du nombre de manifestantes, la mobilisation contre la réforme des retraites constitue le plus grand mouvement social en France depuis des années. Pourtant, à hauteur de pavé, l’ambiance dans les rues paraît relativement morose, l’énergie manque et l’encadrement policier étouffe. Beaucoup regrettent 2016 et ses suites, soit l’apparition de nouvelles manières de manifester et de déborder le rituel syndical, ce qu’il est de coutume d’appeler le Cortège de Tête. Dans le texte qui suit, d’anciens lycéens participants du MILI (Mouvement Inter Luttes Indépendant) reviennent sur cette période et la genèse du fameux Cortège de Tête. Ils viennent nous rappeler que pour que s’inventent de nouvelles formes à même de créer des brèches et d’ouvrir des possibles, il faut parfois quelques « conditions objectives » mais surtout et toujours, de l’audace.

    [...] Le Cortège de Tête n’est pas apparu par magie. Il n’était pas moins le produit de la spontanéité que celui des « conditions objectives ». C’est une forme de conflictualité qui s’est imposée et diffusée progressivement dans la manif syndicale sous l’impulsion des bandes, pour ensuite s’en autonomiser. C’est d’ailleurs cette même énergie, ce même dissensus, qui a tenté d’être déployé ailleurs - 11h Nation, Nuits Debout, manifs sauvages -, y trouvant sa place de manière plus limitée. sans rencontrer le même écho (avec une pertinence ponctuelle mais pas la même persistance). Le Cortège de Tête s’est d’ailleurs transformé tout au long de la séquence avant que sa forme ne se stabilise, ne se folklorise, voire ne se sclérose. Il était dominé tantôt par son côté festif, tantôt par un mode black bloc, ou bien encore une tonalité k-way-noirs-chasubles-rouges : ainsi la conflictualité ne s’y incarnait pas toujours de la même manière. Pourtant il a signifié un temps, pour ce mouvement là, le « saut qualitatif », la forme adéquate.

    Voilà qui n’est a priori plus vrai en 2023.
    Si le Cortège de Tête s’est installé, durablement, et jusqu’aux manifs actuelles contre la réforme des retraites, il n’est plus synonyme de franchissement d’obstacles (contestation de la main-mise de l’espace de la représentation politique par le conservatisme de gauche, moyens d’une offensivité collective, thématisation du mouvement sur un au-delà d’un combat réformiste). C’est un ersatz, tributaire d’une forme automatique mais progressivement évidée de sa substance : une salle d’attente. On y espère encore l’événement - certains tentent parfois de l’activer - mais il ne vient pas, ou peu.

    #manifs #manifestations #organisation #cortège_de_tête #auto-organisation #loi_travail