• Comment la Suède résiste à Amazon
    https://korii.slate.fr/biz/ecommerce-comment-suede-resiste-amazon-lancement-erreurs-traductions-log

    Le géant du e-commerce souhaiterait conquérir la Scandinavie, mais la tâche s’annonce ardue. « Dancing Queen », le nom de code utilisé par Amazon pour son lancement officiel en Suède fin octobre, annonçait un départ en fanfare. Le résultat évoque davantage le bal de Carrie que le tube pop d’Abba. Dès le départ, il a semblé clair que le géant du e-commerce avait préparé son arrivée en Scandinavie dans une inhabituelle approximation. La traduction de l’anglais au suédois, notamment, s’est avérée (...)

    #Amazon #domination #consommation #syndicat

  • Le syndicat lycéen chouchou de Blanquer dilapide l’argent du ministère - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/081120/le-syndicat-lyceen-chouchou-de-blanquer-dilapide-l-argent-du-ministere?ong

    Une organisation lycéenne favorable à l’exécutif a reçu 65 000 euros de subventions du ministère en 2019, dont 40 000 pour un congrès qui n’a jamais eu lieu. À sa tête, on a plutôt dégainé la carte bleue pour des frais de bouche et d’hôtels. Alertée, la rue de Grenelle, loin de couper les vivres, a réservé au syndicat 30 000 euros supplémentaires pour 2020. Révélations.

    #blanquer, #lycée, #éducation, #syndicat (vraiment ?), #paywall :(

    • 8 novembre 2020 Par Antton Rouget

      Une organisation lycéenne favorable à l’exécutif a reçu 65 000 euros de subventions du ministère en 2019, dont 40 000 pour un congrès qui n’a jamais eu lieu. À sa tête, on a plutôt dégainé la carte bleue pour des frais de bouche et d’hôtels. Alertée, la rue de Grenelle, loin de couper les vivres, a réservé au syndicat 30 000 euros supplémentaires pour 2020. Révélations.
      Champagne ! Le syndicat Avenir Lycéen va bientôt fêter le premier anniversaire de son partenariat avec le ministère de l’éducation nationale de Jean-Michel Blanquer. Le 19 novembre 2019, cette petite association aux positions pro-gouvernementales, qui vivotait avec 138 euros en caisse, a vu atterrir sur son compte en banque la coquette somme de 65 000 euros en provenance du ministère.

      En contrepartie, Avenir Lycéen devait mener des actions de sensibilisation sur plusieurs thématiques et organiser, surtout, son congrès fondateur, qui aurait dû concentrer les deux tiers de la subvention (40 056 euros), selon la convention d’objectifs signée avec le ministère. Sauf que le fameux congrès n’a jamais eu lieu.

      Par contre, une bonne partie de l’enveloppe publique a été engloutie en frais de bouche, déplacements et autres dépenses dans des bars (alcool compris) et hôtels de luxe, sans que le ministère, tenu de contrôler les états financiers de l’association, n’y trouve à redire malgré plusieurs alertes orales et écrites. Les documents consultés par Mediapart font aussi état d’importants retraits en liquide, à des horaires parfois tardifs, qui n’ont fait tiquer personne.

      Sollicité, le ministère explique qu’il n’opère pas un contrôle détaillé des dépenses des associations, mais qu’il s’assure que « de manière globale, les actions subventionnées sont effectivement réalisées » – ce qu’il indique avoir fait, même si le congrès subventionné n’a jamais été organisé.

      Après avoir reçu des alertes sur la nature des dépenses, le ministère explique que l’association a été « sensibilisée au bon usage d’une subvention publique ». Sans autre forme de conséquence, puisque le syndicat vient de recevoir pour cette année scolaire une nouvelle subvention de 30 000 euros, qui correspond à ce qu’elle avait demandé.

      Officiellement « apolitique », le syndicat, créé en 2018, est composé d’une trentaine de membres actifs, dont plusieurs sont également adhérents aux Jeunes avec Macron. Sur ses réseaux sociaux, l’organisation relaie régulièrement la communication du gouvernement. D’autres syndicats lycéens, opposés aux orientations politiques de Jean-Michel Blanquer, ont vu, eux, leurs demandes de subvention largement revues à la baisse, voire rejetées, par le ministère ces deux dernières années.
      Jean-Michel Blanquer à Sèvres, le 4 septembre 2020. © Arthur Nicholas Orchard / Hans Lucas via AFP

      Chez Avenir Lycéen (AL), les recherches de Mediapart ont provoqué la panique : interrogés, ses dirigeants fournissent des explications contradictoires et se renvoient la balle.

      En théorie, dans l’association, toute dépense devrait être « préalablement étudiée par la trésorerie et la présidence » avant d’être engagée, comme le prévoient explicitement ses statuts. Mais cette règle n’a, de toute évidence, pas été respectée.

      Avenir Lycéen dispose d’un compte bancaire à la BNP, alimenté par la subvention ministérielle, qui représente la quasi-totalité de ses recettes aux côtés des quelques cotisations à 5 euros par an. Une carte bleue est rattachée à ce compte, et elle semble se balader de main en main. En tout cas, plusieurs présidents successifs disent n’avoir pas eu accès aux comptes, ce qui laisse une liberté d’action totale au(x) titulaire(s) de la carte.

      « Je n’ai jamais validé aucune dépense puisque je n’ai jamais été informé de ces dépenses par qui que ce soit », indique ainsi Martin* (plusieurs membres d’AL étant mineurs, nous avons décidé d’anonymiser toutes les identités – lire notre Boîte noire), éphémère président du syndicat à l’été 2020. Ce lycéen a démissionné de ses fonctions le 27 juin 2020, six jours seulement après son arrivée à la tête de l’association. Une courte période pendant laquelle la carte bleue de la structure n’a cessé de chauffer.

      Pour la seule journée du lundi 22 juin, 432 euros sont dépensés dans un Apple Store, et 99,70 euros dans deux restaurants lyonnais. Le lendemain, 75,50 euros sont débités dans un restaurant à Paris. Dans la nuit, à une heure du matin, un retrait de 100 euros est effectué dans le VIIe arrondissement.
      L’ancienne présidente d’Avenir Lycéen avec Jean-Michel Blanquer. © DR
      Le lendemain, le titulaire de la carte règle 276,52 euros à l’hôtel Madrigal à côté de la gare Montparnasse – un « havre de paix au cœur de Paris XVe » visiblement du goût du syndicat puisqu’il fait l’objet de nombreuses dépenses. Deux jours plus tard, 222 euros sont d’ailleurs débités à la même adresse. Entre-temps, la carte était repartie du côté de Lyon pour un petit achat (44,99 euros) à la Fnac.

      « Je ne sais pas à quoi correspondent ces dépenses, je suis tout comme vous dans l’interrogation », s’étonne Martin auprès de Mediapart, expliquant que « durant [son] mandat, le titulaire de la carte bancaire était le trésorier ». Le président dit qu’il ne s’est jamais rendu à Lyon ni à Paris pour ses activités syndicales, et était dans la Somme « avec des amis et des professeurs » quand la facture de l’hôtel Madrigal a été réglée le 24 juin.

      Son successeur à la tête du syndicat dispose également d’un sérieux alibi pour prouver qu’il n’est pas l’auteur de plusieurs dépenses douteuses. Président d’Avenir Lycéen du 27 juin au 28 août, Nicolas* a transmis à Mediapart des photos montrant qu’il était avec sa mère en vacances en Loire-Atlantique fin juillet, au moment où le syndicat dépensait 174 euros dans deux brasseries chics de Bordeaux, puis 74,05 euros dans un hôtel du centre-ville.

      Ces paiements correspondent au déplacement en Gironde du trésorier et d’un coordinateur du syndicat, originaires du nord de la France et de Lyon, pour rendre visite à Élodie*, l’ancienne présidente d’Avenir Lycéen, qui est toujours membre du Conseil supérieur de l’éducation, un organe consultatif du ministère. Selon elle, le séjour a permis de « travaill[er] sur des propositions qui concernaient la rentrée scolaire », qui avait lieu trois mois plus tard.

      Un échange téléphonique ou une réunion par visio n’était visiblement pas possible. « Nous cherchions sur place différents espaces pouvant accueillir un nombre important de lycéens en prévision d’un évènement auquel nous avons finalement dû renoncer à cause du contexte sanitaire », ajoute Élodie à Mediapart, sans donner plus de détails.

      Nicolas, le président à cette époque, indique qu’il n’a pas été consulté pour ces dépenses, et les a encore moins autorisées. Idem pour ces 236 euros dépensés dans le restaurant gastronomique de Christian Têtedoie, à Lyon, le 16 juillet 2020. C’est Quentin*, le trésorier du syndicat depuis 2019, qui a effectué cette dépense, ainsi qu’il le reconnaît auprès de Mediapart, expliquant que ce dîner dans ce restaurant étoilé au guide Michelin correspond à une réunion avec des « partenaires » du syndicat. Des « partenaires » dont il ne veut pas donner le nom pour des raisons de « confidentialité », ajoute-t-il.

      Le même jour, le syndicat a aussi dépensé 150 euros à l’hôtel Intercontinental de Lyon (cinq étoiles). Le lendemain, 426,47 euros sont débités dans le même hôtel, ainsi que 128,05 euros à la brasserie Georges, restaurant à côté de la gare de Lyon-Perrache qui a nourri nombre de célébrités (Lamartine, Verlaine, Jules Verne, Zola ou Rodin) depuis 1836.
      L’hôtel Intercontinental, « représentation de la riche histoire lyonnaise » selon l’enseigne. © Groupe Intercontinental

      Selon des images diffusées sur Instagram par l’un des convives, le déjeuner a rassemblé trois membres du syndicat, dont son trésorier, en compagnie de leur ancienne présidente. Il avait pour objectif d’« échanger sur divers projets, notamment liés à la transition écologique », justifie Élodie.

      Les jours suivants, le compte du syndicat a continué à se vider à un rythme effréné. En dix jours, entre le 15 juillet et le 25 juillet, l’équivalent de 1 600 euros sont retirés, parfois en soirée, dans des distributeurs à Lyon, Lens et Paris.

      À la même période, un iPad, un iMac et un vidéoprojecteur sont aussi achetés, neufs, pour 8 411,93 euros dans un magasin spécialisé à Lyon. L’iMac et le vidéoprojecteur sont depuis chez Franck, cofondateur du syndicat qui n’a aucune fonction exécutive dans la structure. Il est seulement membre du « comité de veille » d’Avenir Lycéen, un organe consultatif garant du bon fonctionnement de l’association.

      « On m’a confié la garde du matériel », explique-t-il, justifiant d’avoir été choisi pour son ancienneté dans la structure. Franck précise qu’il utilise occasionnellement l’ordinateur « pour l’administration de l’association » et pour réaliser « en partie » les infographies du syndicat. L’iMac lui sert aussi pour les activités d’une autre structure qu’il souhaite lancer avec des camarades d’AL : « Avenir Éducation », un think tank pour « penser l’école de demain », que Jean-Michel Blanquer a publiquement promu sur les réseaux sociaux.

      Selon Franck, ces transferts de matériels auraient fait l’objet de conventions de mise à disposition – que l’intéressé n’a pas pu nous montrer. « Je n’ai rien signé », s’étonne Nicolas, le président de l’époque.

      Son successeur Thierry*, qui préside Avenir Lycéen depuis la fin du mois d’août, ne semble pas plus au courant : « Je n’ai jamais donné mon accord pour que [Franck] garde cet iMac, je n’étais pas informé qu’un tel appareil avais été acquis par Avenir Lycéen lors de la précédente mandature. Je n’ai donc bien sûr jamais signé de tel contrat [de mise à disposition – ndlr] et, s’il en existe un, je ne l’ai jamais vu et donc jamais approuvé », répond-il à Mediapart.
      Moins d’argent pour financer les autres syndicats

      Avec tous ces frais engagés en pleines vacances scolaires, l’argent de la subvention ministérielle s’est évaporée à la vitesse grand V : de 40 829 euros au 1er juillet, les réserves de l’association sont tombées à 21 965 euros à la fin du même mois. Toutes ces dépenses n’avaient pourtant « aucun lien » avec la convention d’objectifs signée avec le ministère, estime Nicolas.

      « Je n’ai eu à ordonner et valider que très peu de dépenses, celles engagées pour la tenue de l’assemblée générale en présentiel le 24 juillet 2020 », ajoute celui qui présidait alors le syndicat. Soit seulement 76 euros de frais de bouche et 98,28 euros pour l’hébergement à Paris. Pour tout le reste, « aucune validation de ma part n’a été effectuée, même orale », insiste l’ancien responsable, en réponse à nos questions.

      Comme son prédécesseur, il explique que c’est Quentin, le trésorier de la structure, qui possédait la carte et l’accès au compte. Interrogé, celui-ci nous a indiqué par téléphone que toutes les dépenses avaient été « validées ».

      Alors qu’il nous avait demandé un délai supplémentaire pour justifier par écrit de nombreuses dépenses, en prétextant un manque de temps en raison de ses cours, le trésorier a voulu diffuser un communiqué au nom du syndicat, vendredi, pour prendre les devants avant la publication de notre article. « Je vous demande par solidarité de relayer en masse », a-t-il écrit, sur une boucle Telegram du syndicat, avant de renoncer face aux interrogations et protestations internes.
      Extrait de la convention annuelle d’objectifs. © Document Mediapart

      Selon Franck, le fameux congrès subventionné n’a jamais eu lieu parce qu’« on a d’abord eu du mal à trouver une salle à Lyon » pour l’organiser. Le budget prévisionnel adressé par Avenir Lycéen au ministère pour l’obtention de sa subvention prévoyait pourtant que 12 000 euros soient dédiés aux seuls frais de « location » pour l’événement. « On voulait faire le congrès dans un musée », ajoute Franck. L’événement aurait ensuite été « reporté », « jusqu’au retour d’une situation sanitaire compatible avec un événement important », selon l’ancienne présidente Gaëlle.

      Depuis, l’enveloppe allouée par le ministère a été dépensée pour des « déplacements et rencontres en région afin de pallier les reports successifs et de répondre à la demande de rencontres et d’échanges de la part de nos adhérents et de nos partenaires », justifie-t-elle.

      Le contrat avec le ministère précise pourtant qu’en cas « d’inexécution, de modification substantielle ou de retard dans la mise en œuvre de la convention », l’association est tenue d’en informer le ministère « sans délai » par lettre recommandée avec accusé de réception. Ce que le syndicat n’a pas fait.

      Que des lycéens dérapent en ayant accès à un compte très bien fourni par de l’argent public est une chose. La réaction du ministère en est une autre.

      Car, pour sa part, le ministère est aussi tenu de contrôler que les actions qu’il finance soient bien réalisées. La convention oblige ainsi l’association à fournir un « compte rendu financier », ses « états financiers », et son « rapport d’activité » avant le 30 juin. La subvention, ordonnée par le ministre en personne, n’est considérée comme « acquise » qu’après le respect par l’association de cette obligation. En cas de doute, un « contrôle » peut aussi être réalisé par le ministère pendant l’exécution de la convention, précise le document signé avec Avenir Lycéen.

      « L’association a bien notifié l’ensemble des éléments requis (compte rendu financier, rapport d’activité, etc.) », confirme le ministère à Mediapart. Comment, dans ce contexte, les organes de contrôle n’ont-ils pas pu tiquer sur les 40 056 euros spécifiquement versés au titre du congrès et qui ont été pour partie dépensés pour des hôtels de luxe ou un restaurant étoilé ?

      Le ministère esquive, en expliquant seulement que « les subventions demandées au titre des déplacements, s’agissant d’une association nationale, l’ont été pour des restaurants et des hôtels correspondant aux déplacements de l’équipe de direction d’Avenir Lycéen afin d’assister à des événements organisés par les représentants départementaux et régionaux de l’association ». Ce qui n’a, en l’espèce, pas toujours été le cas. « Il n’y a eu aucun laxisme du ministère dans le contrôle financier de cette association comme pour les autres », insiste le ministère, pourtant si soucieux d’exemplarité dès lors qu’il s’agit des professeurs.
      Christophe Brunelle dans une vidéo d’Avenir Lycéen en septembre. © DR Plusieurs alertes sont pourtant remontées, en pleine flambée de dépenses cet été, jusqu’au délégué national à la vie lycéenne (DNVL) du ministère, Christophe Brunelle.

      Nommé en 2018 par Jean-Michel Blanquer, ce dernier présente un profil très politique : après avoir soutenu Alain Juppé à la primaire de la droite en 2016, il a fondé le groupe « Les profs en marche » pour soutenir la candidature d’Emmanuel Macron à la présidentielle. En 2017, il rejoint l’équipe parlementaire d’une députée LREM (aujourd’hui entrée en dissidence) avant d’être promu DNVL par Jean-Michel Blanquer.

      Sur les réseaux sociaux, le DNVL affichait ouvertement, en septembre encore, sa sympathie envers Avenir Lycéen en relayant ses contenus. Christophe Brunelle entretient une bonne relation avec plusieurs dirigeants du syndicat, qui partagent les mêmes engagements politiques que lui. Le syndicat « apolitique » présente en effet la particularité d’être dirigé par plusieurs lycéens qui sont aussi engagés chez les Jeunes avec Macron (Jam).

      Cette situation crée parfois de curieuses interférences. Sur la boucle Telegram rassemblant les adhérents d’Avenir Lycéen (108 membres, dont une trentaine actifs), l’ancienne présidente Gaëlle, toujours très présente dans la vie du syndicat, a ainsi invité les jeunes, ce vendredi 6 novembre, à partager la dernière communication de Jean-Michel Blanquer sur l’évolution du protocole sanitaire dans les lycées.

      À l’inverse, le ministre, qui a reçu des responsables du syndicat cet été (voir la photo ici), n’a pas hésité à relayer les messages du futur think tank « Avenir Éducation » sur les réseaux sociaux, alors même que le mouvement n’est encore qu’un projet, de l’aveu même de ses fondateurs.

      Cette proximité politique a-t-elle joué dans le traitement du syndicat ? Interrogé par Mediapart, le délégué national à la vie lycéenne n’a pas répondu à nos questions, après avoir sollicité un délai de réponse que nous lui avions accordé (lire notre Boîte noire).

      « Christophe Brunelle m’a assuré que le ministère ne pouvait contrôler les dépenses des associations subventionnées », explique pour sa part Nicolas, l’ancien président, qui s’étonne : « Après relecture de la convention avec ce dernier, je me suis rendu compte que les propos de M. Brunelle étaient très différents de ce qui était marqué noir sur blanc. »

      « La direction de l’association a été sensibilisée par le DNVL au bon usage d’une subvention publique et à la nécessité d’être en mesure de justifier, à tout moment, de la réalité d’une dépense et de son lien avec l’activité subventionnée », ajoute le ministère, qui n’a réclamé aucun changement de gouvernance à la tête du syndicat.
      Sur les réseaux sociaux, Avenir Lycéen relaie la communication de Jean-Michel Blanquer. © Capture d’écran Twitter Visiblement, cette action de « sensibilisation » a été bien peu efficace : au téléphone, le trésorier d’Avenir Lycéen a indiqué à Mediapart, jeudi 5 novembre, que si la subvention avait été largement consommée pour des dépenses n’ayant rien à voir avec l’objet de la convention, c’était parce que « nous n’avons pas le droit aux bénéfices au sein de l’association donc nous avons préféré répartir cette somme dans différentes délégations ou coordinations ». Le jeune trésorier confond ici l’interdiction pour une association type loi 1901 de partager des bénéfices entre ses membres, qui n’empêche en revanche pas une association de dégager des excédents et constituer des réserves.

      Les alertes sur le train de vie du syndicat n’ont eu aucune autre conséquence. Pour cette nouvelle année, Avenir Lycéen a même reçu une nouvelle subvention de 30 000 euros. « Étant donné que toutes les dépenses n’avaient pas été engagées sur 2019, le montant de la subvention a été diminué de plus de 50 % entre 2019 (65 000 €) et 2020 (30 000 €) », explique seulement le ministère, en insistant sur le fait que les demandes de subvention ont été examinées par le « bureau de l’éducation artistique, culturelle, et sportive », puis approuvées par le contrôleur budgétaire et comptable ministériel.

      Le montant de 30 000 euros correspond exactement à la demande formulée par Avenir Lycéen. Ce qui ne manque pas de révéler une inégalité de traitement avec d’autres organisations lycéennes.

      En 2018, le Mouvement national lycéen (MNL, ex-UNL-SD), arrivé en seconde position derrière Avenir Lycéen aux élections du Conseil supérieur de l’éducation cette année-là, avait perçu 10 000 euros dans le cadre d’une convention d’objectifs.

      Depuis, c’est la disette. En 2019, « nous n’avons pas eu de réponse à la suite de notre sollicitation », explique-t-on dans ce syndicat de gauche. Pour l’année de 2020, le ministère a expliqué, cet été, qu’il n’a pas été « possible de donner suite » à la demande du syndicat.

      « En effet, le montant global alloué aux subventions ne permet pas d’apporter une aide à tous les projets qui nous sont soumis, quelle que soit par ailleurs leur qualité », s’est excusé le ministère, dans un courrier daté du 24 juillet 2020, en pleine folie dépensière d’Avenir Lycéen (lire le courrier ci-joint).

      Même tendance à l’Union nationale lycéenne (UNL), autre syndicat lycéen de gauche qui compte 35 fédérations et 25 années d’existence. De 80 000 euros en 2018, sa subvention est tombée 40 000 euros en 2019, puis 20 000 euros pour cette année. « On avait demandé un maintien à 80 000 euros, en justifiant de tout un tas d’actions autour de la lutte contre les discriminations ou les inégalités », déplore-t-on à l’UNL.

      Le syndicat estime que cette baisse des financements a rendu son « fonctionnement très précaire », et ce même s’il vit chichement. « Quand on réunit les dirigeants, on cherche des hébergements chez des militants. Chacun met aussi 2 euros dans un pot commun pour acheter la nourriture », indique le syndicat.

      « En ce moment, on ne dépense presque rien, c’est du bricolage, on est en grande difficulté financière, c’est difficile de mener des projets », ajoute le MNL, où l’on reconnaît que le financement ministériel est indispensable : « Les organisations lycéennes ont naturellement très peu de cotisations. Nous sommes sous perfusion du ministère. » Certains plus que d’autres.

  • Je suis prof. Seize brèves réflexions contre la terreur et l’obscurantisme, en #hommage à #Samuel_Paty

    Les lignes qui suivent ont été inspirées par la nouvelle atroce de la mise à mort de mon collègue, Samuel Paty, et par la difficile semaine qui s’en est suivie. En hommage à un #enseignant qui croyait en l’#éducation, en la #raison_humaine et en la #liberté_d’expression, elles proposent une quinzaine de réflexions appelant, malgré l’émotion, à penser le présent, et en débattre, avec raison. Ces réflexions ne prétendent évidemment pas incarner la pensée de Samuel Paty, mais elles sont écrites pour lui, au sens où l’effort de pensée, de discernement, de nuances, de raison, a été fait en pensant à lui, et pour lui rendre hommage. Continuer de penser librement, d’exprimer, d’échanger les arguments, me parait le meilleur des hommages.

    1. Il y a d’abord eu, en apprenant la nouvelle, l’#horreur, la #tristesse, la #peur, devant le #crime commis, et des pensées pour les proches de Samuel Paty, ses collègues, ses élèves, toutes les communautés scolaires de France et, au-delà, toute la communauté des humains bouleversés par ce crime. Puis s’y est mêlée une #rage causée par tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, et avant même d’en savoir plus sur les tenants et aboutissants qui avaient mené au pire, se sont empressés de dégainer des kits théoriques tendant à minimiser l’#atrocité du crime ou à dissoudre toute la #responsabilité de l’assassin (ou possiblement des assassins) dans des entités excessivement extensibles (que ce soit « l’#islamisation » ou « l’#islamophobie ») – sans compter ceux qui instrumentalisent l’horreur pour des agendas qu’on connait trop bien : rétablissement de la peine de mort, chasse aux immigré.e.s, chasse aux musulman.e.s.

    2. Il y a ensuite eu une peur, ou des peurs, en voyant repartir tellement vite, et à la puissance dix, une forme de réaction gouvernementale qui a de longue date fait les preuves de son #inefficacité (contre la #violence_terroriste) et de sa #nocivité (pour l’état du vivre-ensemble et des droits humains) : au lieu d’augmenter comme il faut les moyens policiers pour enquêter plus et mieux qu’on ne le fait déjà, pour surveiller, remonter des filières bien ciblées et les démanteler, mais aussi assurer en temps réel la protection des personnes qui la demandent, au moment où elles la demandent, on fait du spectacle avec des boucs émissaires.

    Une sourde appréhension s’est donc mêlée à la peine, face au déferlement d’injures, de menaces et d’attaques islamophobes, anti-immigrés et anti-tchétchènes qui a tout de suite commencé, mais aussi face à l’éventualité d’autres attentats qui pourraient advenir dans le futur, sur la prévention desquels, c’est le moins que je puisse dire, toutes les énergies gouvernementales ne me semblent pas concentrées.

    3. Puis, au fil des lectures, une #gêne s’est installée, concernant ce que, sur les #réseaux_sociaux, je pouvais lire, « dans mon camp » cette fois-ci – c’est-à-dire principalement chez des gens dont je partage plus ou moins une certaine conception du combat antiraciste. Ce qui tout d’abord m’a gêné fut le fait d’énoncer tout de suite des analyses explicatives alors qu’au fond on ne savait à peu près rien sur le détail des faits : quel comportement avait eu précisément Samuel Paty, en montrant quels dessins, quelles interactions avaient eu lieu après-coup avec les élèves, avec les parents, qui avait protesté et en quels termes, sous quelles forme, qui avait envenimé le contentieux et comment s’était produit l’embrasement des réseaux sociaux, et enfin quel était le profil de l’assassin, quel était son vécu russe, tchétchène, français – son vécu dans toutes ses dimensions (familiale, socio-économique, scolaire, médicale), sa sociabilité et ses accointances (ou absences d’accointances) religieuses, politiques, délinquantes, terroristes ?

    J’étais gêné par exemple par le fait que soit souvent validée a priori, dès les premières heures qui suivirent le crime, l’hypothèse que Samuel Paty avait « déconné », alors qu’on n’était même pas certain par exemple que c’était le dessin dégoutant du prophète cul nu (j’y reviendrai) qui avait été montré en classe (puisqu’on lisait aussi que le professeur avait déposé plainte « pour diffamation » suite aux accusations proférées contre lui), et qu’on ne savait rien des conditions et de la manière dont il avait agencé son cours.

    4. Par ailleurs, dans l’hypothèse (qui a fini par se confirmer) que c’était bien ce dessin, effectivement problématique (j’y reviendrai), qui avait servi de déclencheur ou de prétexte pour la campagne contre Samuel Paty, autre chose me gênait. D’abord cet oubli : montrer un #dessin, aussi problématique soit-il, obscène, grossier, de mauvais goût, ou même raciste, peut très bien s’intégrer dans une #démarche_pédagogique, particulièrement en cours d’histoire – après tout, nous montrons bien des #caricatures anti-juives ignobles quand nous étudions la montée de l’antisémitisme, me confiait un collègue historien, et cela ne constitue évidemment pas en soi une pure et simple perpétuation de l’#offense_raciste. Les deux cas sont différents par bien des aspects, mais dans tous les cas tout se joue dans la manière dont les documents sont présentés et ensuite collectivement commentés, analysés, critiqués. Or, sur ladite manière, en l’occurrence, nous sommes restés longtemps sans savoir ce qui exactement s’était passé, et ce que nous avons fini par appendre est que Samuel Paty n’avait pas eu d’intention maligne : il s’agissait vraiment de discuter de la liberté d’expression, autour d’un cas particulièrement litigieux.

    5. En outre, s’il s’est avéré ensuite, dans les récits qui ont pu être reconstitués (notamment dans Libération), que Samuel Paty n’avait fait aucun usage malveillant de ces caricatures, et que les parents d’élèves qui s’étaient au départ inquiétés l’avaient assez rapidement et facilement compris après discussion, s’il s’est avéré aussi qu’au-delà de cet épisode particulier, Samuel Paty était un professeur très impliqué et apprécié, chaleureux, blagueur, il est dommageable que d’emblée, il n’ait pas été martelé ceci, aussi bien par les inconditionnels de l’ « esprit Charlie » que par les personnes légitimement choquées par certaines des caricatures : que même dans le cas contraire, même si le professeur avait « déconné », que ce soit un peu ou beaucoup, que même s’il avait manqué de précautions pédagogiques, que même s’il avait intentionnellement cherché à blesser, bref : que même s’il avait été un « mauvais prof », hautain, fumiste, ou même raciste, rien, absolument rien ne justifiait ce qui a été commis.

    Je me doute bien que, dans la plupart des réactions à chaud, cela allait sans dire, mais je pense que, dans le monde où l’on vit, et où se passent ces horreurs, tout désormais en la matière (je veux dire : en matière de mise à distance de l’hyper-violence) doit être dit, partout, même ce qui va sans dire.

    En d’autres termes, même si l’on juge nécessaire de rappeler, à l’occasion de ce crime et des discussions qu’il relance, qu’il est bon que tout ne soit pas permis en matière de liberté d’expression, cela n’est selon moi tenable que si l’on y adjoint un autre rappel : qu’il est bon aussi que tout ne soit pas permis dans la manière de limiter la liberté d’expression, dans la manière de réagir aux discours offensants, et plus précisément que doit être absolument proscrit le recours à la #violence_physique, a fortiori au #meurtre. Nous sommes malheureusement en un temps, je le répète, où cela ne va plus sans dire.

    6. La remarque qui précède est, me semble-t-il, le grand non-dit qui manque le plus dans tout le débat public tel qu’il se polarise depuis des années entre les « Charlie », inconditionnels de « la liberté d’expression », et les « pas Charlie », soucieux de poser des « #limites » à la « #liberté_d’offenser » : ni la liberté d’expression ni sa nécessaire #limitation ne doivent en fait être posées comme l’impératif catégorique et fondamental. Les deux sont plaidables, mais dans un #espace_de_parole soumis à une autre loi fondamentale, sur laquelle tout le monde pourrait et devrait se mettre d’accord au préalable, et qui est le refus absolu de la violence physique.

    Moyennant quoi, dès lors que cette loi fondamentale est respectée, et expressément rappelée, la liberté d’expression, à laquelle Samuel Paty était si attaché, peut et doit impliquer aussi le droit de dire qu’on juge certaines caricatures de Charlie Hebdo odieuses :

    – celles par exemple qui amalgament le prophète des musulmans (et donc – par une inévitable association d’idées – l’ensemble des fidèles qui le vénèrent) à un terroriste, en le figurant par exemple surarmé, le nez crochu, le regard exorbité, la mine patibulaire, ou coiffé d’un turban en forme de bombe ;

    – celle également qui blesse gratuitement les croyants (et les croyants lambda, tolérants, non-violents, tout autant voire davantage que des « djihadistes » avides de prétextes à faire couler le sang), en représentant leur prophète cul nul, testicules à l’air, une étoile musulmane à la place de l’anus ;

    – celle qui animalise une syndicaliste musulmane voilée en l’affublant d’un faciès de singe ;

    – celle qui annonce « une roumaine » (la joueuse Simona Halep), gagnante de Roland-Garros, et la représente en rom au physique disgracieux, brandissant la coupe et criant « ferraille ! ferraille ! » ;

    – celle qui nous demande d’imaginer « le petit Aylan », enfant de migrants kurdes retrouvé mort en méditerranée, « s’il avait survécu », et nous le montre devenu « tripoteur de fesses en Allemagne » (suite à une série de viols commis à Francfort) ;

    – celle qui représente les esclaves sexuelles de Boko Haram, voilées et enceintes, en train de gueuler après leurs « allocs » ;

    – celle qui fantasme une invasion ou une « islamisation » en forme de « grand remplacement », par exemple en nous montrant un musulman barbu dont la barbe démesurée envahit toute la page de Une, malgré un minuscule Macron luttant « contre le séparatisme », armé de ciseaux, mais ne parvenant qu’à en couper que quelques poils ;

    – celle qui alimente le même fantasme d’invasion en figurant un Macron, déclarant que le port du foulard par des femmes musulmanes « ne le regarde pas » en tant que président, tandis que le reste de la page n’est occupé que par des femmes voilées, avec une légende digne d’un tract d’extrême droite : « La République islamique en marche ».

    Sur chacun de ces dessins, publiés en Une pour la plupart, je pourrais argumenter en détail, pour expliquer en quoi je les juge odieux, et souvent racistes. Bien d’autres exemples pourraient d’ailleurs être évoqués, comme une couverture publiée à l’occasion d’un attentat meurtrier commis à Bruxelles en mars 2016 et revendiqué par Daesh (ayant entraîné la mort de 32 personnes et fait 340 blessés), et figurant de manière pour le moins choquante le chanteur Stromae, orphelin du génocide rwandais, en train de chanter « Papaoutai » tandis que voltigent autour de lui des morceaux de jambes et de bras déchiquetés ou d’oeil exorbité. La liste n’est pas exhaustive, d’autres unes pourraient être évoquées – celles notamment qui nous invitent à rigoler (on est tenté de dire ricaner) sur le sort des femmes violées, des enfants abusés, ou des peuples qui meurent de faim.

    On a le droit de détester cet #humour, on a le droit de considérer que certaines de ces caricatures incitent au #mépris ou à la #haine_raciste ou sexiste, entre autres griefs possibles, et on a le droit de le dire. On a le droit de l’écrire, on a le droit d’aller le dire en justice, et même en manifestation. Mais – cela allait sans dire, l’attentat de janvier 2015 oblige désormais à l’énoncer expressément – quel que soit tout le mal qu’on peut penser de ces dessins, de leur #brutalité, de leur #indélicatesse, de leur méchanceté gratuite envers des gens souvent démunis, de leur #racisme parfois, la #violence_symbolique qu’il exercent est sans commune mesure avec la violence physique extrême que constitue l’#homicide, et elle ne saurait donc lui apporter le moindre commencement de #justification.

    On a en somme le droit de dénoncer avec la plus grande vigueur la violence symbolique des caricatures quand on la juge illégitime et nocive, car elle peut l’être, à condition toutefois de dire désormais ce qui, je le répète, aurait dû continuer d’aller sans dire mais va beaucoup mieux, désormais, en le disant : qu’aucune violence symbolique ne justifie l’hyper-violence physique. Cela vaut pour les pires dessins de Charlie comme pour les pires répliques d’un Zemmour ou d’un Dieudonné, comme pour tout ce qui nous offense – du plutôt #douteux au parfaitement #abject.

    Que reste-t-il en effet de la liberté d’expression si l’on défend le #droit_à_la_caricature mais pas le droit à la #critique des caricatures ? Que devient le #débat_démocratique si toute critique radicale de #Charlie aujourd’hui, et qui sait de de Zemmour demain, de Macron après-demain, est d’office assimilée à une #incitation_à_la_violence, donc à de la complicité de terrorisme, donc proscrite ?

    Mais inversement, que devient cet espace démocratique si la dénonciation de l’intolérable et l’appel à le faire cesser ne sont pas précédés et tempérés par le rappel clair et explicite de l’interdit fondamental du meurtre ?

    7. Autre chose m’a gêné dans certaines analyses : l’interrogation sur les « #vrais_responsables », formulation qui laisse entendre que « derrière » un responsable « apparent » (l’assassin) il y aurait « les vrais responsables », qui seraient d’autres que lui. Or s’il me parait bien sûr nécessaire d’envisager dans toute sa force et toute sa complexité l’impact des #déterminismes_sociaux, il est problématique de dissoudre dans ces déterminismes toute la #responsabilité_individuelle de ce jeune de 18 ans – ce que la sociologie ne fait pas, contrairement à ce que prétendent certains polémistes, mais que certains discours peuvent parfois faire.

    Que chacun s’interroge toujours sur sa possible responsabilité est plutôt une bonne chose à mes yeux, si toutefois on ne pousse pas le zèle jusqu’à un « on est tous coupables » qui dissout toute #culpabilité réelle et arrange les affaires des principaux coupables. Ce qui m’a gêné est l’enchaînement de questions qui, en réponse à la question « qui a tué ? », met comme en concurrence, à égalité, d’une part celui qui a effectivement commis le crime, et d’autre part d’autres personnes ou groupes sociaux (la direction de l’école, la police, le père d’élève ayant lancé la campagne publique contre Samuel Paty sur Youtube, sa fille qui semble l’avoir induit en erreur sur le déroulement de ses cours) qui, quel que soit leur niveau de responsabilité, n’ont en aucun cas « tué » – la distinction peut paraitre simple, voire simpliste, mais me parait, pour ma part, cruciale à maintenir.

    8. Ce qui m’a gêné, aussi, et même écoeuré lorsque l’oubli était assumé, et que « le système » néolibéral et islamophobe devenait « le principal responsable », voire « l’ennemi qu’il nous faut combattre », au singulier, ce fut une absence, dans la liste des personnes ou des groupes sociaux pouvant, au-delà de l’individu #Abdoullakh_Abouyezidovitch, se partager une part de responsabilité. Ce qui me gêna fut l’oubli ou la minoration du rôle de l’entourage plus ou moins immédiat du tueur – qu’il s’agisse d’un groupe terroriste organisé ou d’un groupe plus informel de proches ou de moins proches (via les réseaux sociaux), sans oublier, bien entendu, l’acolyte de l’irresponsable « père en colère » : un certain #Abdelhakim_Sefrioui, entrepreneur de haine pourtant bien connu, démasqué et ostracisé de longue date dans les milieux militants, à commencer par les milieux pro-palestiniens et la militance anti-islamophobie.

    Je connais les travaux sociologiques qui critiquent à juste titre l’approche mainstream, focalisée exclusivement les techniques de propagande des organisations terroristes, et qui déplacent la focale sur l’étude des conditions sociales rendant audible et « efficace » lesdites techniques de #propagande. Mais justement, on ne peut prendre en compte ces conditions sociales sans observer aussi comment elles pèsent d’une façon singulière sur les individus, dont la responsabilité n’est pas évacuée. Et l’on ne peut pas écarter, notamment, la responsabilité des individus ou des groupes d’ « engraineurs », surtout si l’on pose la question en ces termes : « qui a tué ? ».

    9. Le temps du #choc, du #deuil et de l’#amertume « contre mon propre camp » fut cela dit parasité assez vite par un vacarme médiatique assourdissant, charriant son lot d’#infamie dans des proportions autrement plus terrifiantes. #Samuel_Gontier, fidèle « au poste », en a donné un aperçu glaçant :

    – des panels politiques dans lesquels « l’équilibre » invoqué par le présentateur (Pascal Praud) consiste en un trio droite, droite extrême et extrême droite (LREM, Les Républicains, Rassemblement national), et où les différentes familles de la gauche (Verts, PS, PCF, France insoumise, sans même parler de l’extrême gauche) sont tout simplement exclues ;

    – des « débats » où sont mis sérieusement à l’agenda l’interdiction du #voile dans tout l’espace public, l’expulsion de toutes les femmes portant le #foulard, la #déchéance_de_nationalité pour celles qui seraient françaises, la réouverture des « #bagnes » « dans îles Kerguelen », le rétablissement de la #peine_de_mort, et enfin la « #criminalisation » de toutes les idéologies musulmanes conservatrices, « pas seulement le #djihadisme mais aussi l’#islamisme » (un peu comme si, à la suite des attentats des Brigades Rouges, de la Fraction Armée Rouge ou d’Action Directe, on avait voulu criminaliser, donc interdire et dissoudre toute la gauche socialiste, communiste, écologiste ou radicale, sous prétexte qu’elle partageait avec les groupes terroristes « l’opposition au capitalisme ») ;

    – des « plateaux » sur lesquels un #Manuel_Valls peut appeler en toute conscience et en toute tranquillité, sans causer de scandale, à piétiner la Convention Européenne des Droits Humains : « S’il nous faut, dans un moment exceptionnel, s’éloigner du #droit_européen, faire évoluer notre #Constitution, il faut le faire. », « Je l’ai dit en 2015, nous sommes en #guerre. Si nous sommes en guerre, donc il faut agir, frapper. ».

    10. Puis, très vite, il y a eu cette offensive du ministre de l’Intérieur #Gérald_Darmanin contre le #CCIF (#Collectif_Contre_l’Islamophobie_en_France), dénuée de tout fondement du point de vue de la #lutte_anti-terroriste – puisque l’association n’a évidemment pris aucune part dans le crime du 17 octobre 2020, ni même dans la campagne publique (sur Youtube et Twitter) qui y a conduit.

    Cette dénonciation – proprement calomnieuse, donc – s’est autorisée en fait d’une montée en généralité, en abstraction et même en « nébulosité », et d’un grossier sophisme : le meurtre de Samuel Paty est une atteinte aux « #valeurs » et aux « institutions » de « la #République », que justement le CCIF « combat » aussi – moyennant quoi le CCIF a « quelque chose à voir » avec ce crime et il doit donc être dissous, CQFD. L’accusation n’en demeure pas moins fantaisiste autant qu’infamante, puisque le « combat » de l’association, loin de viser les principes et les institutions républicaines en tant que telles, vise tout au contraire leur manque d’effectivité : toute l’activité du CCIF (c’est vérifiable, sur le site de l’association aussi bien que dans les rapports des journalistes, au fil de l’actualité, depuis des années) consiste à combattre la #discrimination en raison de l’appartenance ou de la pratique réelle ou supposée d’une religion, donc à faire appliquer une loi de la république. Le CCIF réalise ce travail par les moyens les plus républicains qui soient, en rappelant l’état du Droit, en proposant des médiations ou en portant devant la #Justice, institution républicaine s’il en est, des cas d’atteinte au principe d’#égalité, principe républicain s’il en est.

    Ce travail fait donc du CCIF une institution précieuse (en tout cas dans une république démocratique) qu’on appelle un « #contre-pouvoir » : en d’autres termes, un ennemi de l’arbitraire d’État et non de la « République ». Son travail d’#alerte contribue même à sauver ladite République, d’elle-même pourrait-on dire, ou plutôt de ses serviteurs défaillants et de ses démons que sont le racisme et la discrimination.

    Il s’est rapidement avéré, du coup, que cette offensive sans rapport réel avec la lutte anti-terroriste s’inscrivait en fait dans un tout autre agenda, dont on avait connu les prémisses dès le début de mandat d’Emmanuel Macron, dans les injures violentes et les tentatives d’interdiction de Jean-Michel #Blanquer contre le syndicat #Sud_éducation_93, ou plus récemment dans l’acharnement haineux du député #Robin_Réda, censé diriger une audition parlementaire antiraciste, contre les associations de soutien aux immigrés, et notamment le #GISTI (Groupe d’Information et de Soutien aux Immigrés). Cet agenda est ni plus ni moins que la mise hors-jeu des « corps intermédiaires » de la société civile, et en premier lieu des #contre-pouvoirs que sont les associations antiracistes et de défense des droits humains, ainsi que les #syndicats, en attendant le tour des partis politiques – confère, déjà, la brutalisation du débat politique, et notamment les attaques tout à fait inouïes, contraires pour le coup à la tradition républicaine, de #Gérald_Darmanin contre les écologistes (#Julien_Bayou, #Sandra_Regol et #Esther_Benbassa) puis contre la #France_insoumise et son supposé « #islamo-gauchisme qui a détruit la république », ces dernières semaines, avant donc le meurtre de Samuel Paty.

    Un agenda dans lequel figure aussi, on vient de l’apprendre, un combat judiciaire contre le site d’information #Mediapart.

    11. Il y a eu ensuite l’annonce de ces « actions coup de poing » contre des associations et des lieux de culte musulmans, dont le ministre de l’Intérieur lui-même a admis qu’elles n’avaient aucun lien avec l’enquête sur le meurtre de Samuel Paty, mais qu’elles servaient avant tout à « #adresser_un_message », afin que « la #sidération change de camp ». L’aveu est terrible : l’heure n’est pas à la défense d’un modèle (démocratique, libéral, fondé sur l’État de Droit et ouvert à la pluralité des opinions) contre un autre (obscurantiste, fascisant, fondé sur la terreur), mais à une #rivalité_mimétique. À la #terreur on répond par la terreur, sans même prétendre, comme le fit naguère un Charles Pasqua, qu’on va « terroriser les terroristes » : ceux que l’on va terroriser ne sont pas les terroristes, on le sait, on le dit, on s’en contrefout et on répond au meurtre par la #bêtise et la #brutalité, à l’#obscurantisme « religieux » par l’obscurantisme « civil », au #chaos de l’#hyper-violence par le chaos de l’#arbitraire d’État.

    12. On cible donc des #mosquées alors même qu’on apprend (notamment dans la remarquable enquête de Jean-Baptiste Naudet, dans L’Obs) que le tueur ne fréquentait aucune mosquée – ce qui était le cas, déjà, de bien d’autres tueurs lors des précédents attentats.

    On s’attaque au « #séparatisme » et au « #repli_communautaire » alors même qu’on apprend (dans la même enquête) que le tueur n’avait aucune attache ou sociabilité dans sa communauté – ce qui là encore a souvent été le cas dans le passé.

    On préconise des cours intensifs de #catéchisme_laïque dans les #écoles, des formations intensives sur la liberté d’expression, avec distribution de « caricatures » dans tous les lycées, alors que le tueur était déscolarisé depuis un moment et n’avait commencé à se « radicaliser » qu’en dehors de l’#école (et là encore se rejoue un schéma déjà connu : il se trouve qu’un des tueurs du Bataclan fut élève dans l’établissement où j’exerce, un élève dont tous les professeurs se souviennent comme d’un élève sans histoires, et dont la famille n’a pu observer des manifestations de « #radicalisation » qu’après son bac et son passage à l’université, une fois qu’il était entré dans la vie professionnelle).

    Et enfin, ultime protection : Gérald Darmanin songe à réorganiser les rayons des #supermarchés ! Il y aurait matière à rire s’il n’y avait pas péril en la demeure. On pourrait s’amuser d’une telle #absurdité, d’une telle incompétence, d’une telle disjonction entre la fin et les moyens, si l’enjeu n’était pas si grave. On pourrait sourire devant les gesticulations martiales d’un ministre qui avoue lui-même tirer « à côté » des véritables coupables et complices, lorsque par exemple il ordonne des opérations contre des #institutions_musulmanes « sans lien avec l’enquête ». On pourrait sourire s’il ne venait pas de se produire une attaque meurtrière atroce, qui advient après plusieurs autres, et s’il n’y avait pas lieu d’être sérieux, raisonnable, concentré sur quelques objectifs bien définis : mieux surveiller, repérer, voir venir, mieux prévenir, mieux intervenir dans l’urgence, mieux protéger. On pourrait se payer le luxe de se disperser et de discuter des #tenues_vestimentaires ou des #rayons_de_supermarché s’il n’y avait pas des vies humaines en jeu – certes pas la vie de nos dirigeants, surprotégés par une garde rapprochée, mais celles, notamment, des professeurs et des élèves.

    13. Cette #futilité, cette #frivolité, cette bêtise serait moins coupable s’il n’y avait pas aussi un gros soubassement de #violence_islamophobe. Cette bêtise serait innocente, elle ne porterait pas à conséquence si les mises en débat du #vêtement ou de l’#alimentation des diverses « communautés religieuses » n’étaient pas surdéterminées, depuis de longues années, par de très lourds et violents #stéréotypes racistes. On pourrait causer lingerie et régime alimentaire si les us et coutumes religieux n’étaient pas des #stigmates sur-exploités par les racistes de tout poil, si le refus du #porc ou de l’#alcool par exemple, ou bien le port d’un foulard, n’étaient pas depuis des années des motifs récurrents d’#injure, d’#agression, de discrimination dans les études ou dans l’emploi.

    Il y a donc une bêtise insondable dans cette mise en cause absolument hors-sujet des commerces ou des rayons d’ « #alimentation_communautaire » qui, dixit Darmanin, « flatteraient » les « plus bas instincts », alors que (confère toujours l’excellente enquête de Jean-Baptiste Naudet dans L’Obs) l’homme qui a tué Samuel Paty (comme l’ensemble des précédents auteurs d’attentats meurtriers) n’avait précisément pas d’ancrage dans une « communauté » – ni dans l’immigration tchétchène, ni dans une communauté religieuse localisée, puisqu’il ne fréquentait aucune mosquée.

    Et il y a dans cette bêtise une #méchanceté tout aussi insondable : un racisme sordide, à l’encontre des #musulmans bien sûr, mais pas seulement. Il y a aussi un mépris, une injure, un piétinement de la mémoire des morts #juifs – puisque parmi les victimes récentes des tueries terroristes, il y a précisément des clients d’un commerce communautaire, l’#Hyper_Cacher, choisis pour cible et tués précisément en tant que tels.

    Telle est la vérité, cruelle, qui vient d’emblée s’opposer aux élucubrations de Gérald Darmanin : en incriminant les modes de vie « communautaires », et plus précisément la fréquentation de lieux de culte ou de commerces « communautaires », le ministre stigmatise non pas les coupables de la violence terroriste (qui se caractérisent au contraire par la #solitude, l’#isolement, le surf sur #internet, l’absence d’#attaches_communautaires et de pratique religieuse assidue, l’absence en tout cas de fréquentation de #lieux_de_cultes) mais bien certaines de ses victimes (des fidèles attaqués sur leur lieu de culte, ou de courses).

    14. Puis, quelques jours à peine après l’effroyable attentat, sans aucune concertation sur le terrain, auprès de la profession concernée, est tombée par voie de presse (comme d’habitude) une stupéfiante nouvelle : l’ensemble des Conseils régionaux de France a décidé de faire distribuer un « #recueil_de_caricatures » (on ne sait pas lesquelles) dans tous les lycées. S’il faut donner son sang, allez donner le vôtre, disait la chanson. Qu’ils aillent donc, ces élus, distribuer eux-mêmes leurs petites bibles républicaines, sur les marchés. Mais non : c’est notre sang à nous, petits profs de merde, méprisés, sous-payés, insultés depuis des années, qui doit couler, a-t-il été décidé en haut lieu. Et possiblement aussi celui de nos élèves.

    Car il faut se rendre à l’évidence : si cette information est confirmée, et si nous acceptons ce rôle de héros et martyrs d’un pouvoir qui joue aux petits soldats de plomb avec des profs et des élèves de chair et d’os, nous devenons officiellement la cible privilégiée des groupes terroristes. À un ennemi qui ne fonctionne, dans ses choix de cibles et dans sa communication politique, qu’au défi, au symbole et à l’invocation de l’honneur du Prophète, nos dirigeants répondent en toute #irresponsabilité par le #défi, le #symbole, et la remise en jeu de l’image du Prophète. À quoi doit-on s’attendre ? Y sommes-nous prêts ? Moi non.

    15. Comme si tout cela ne suffisait pas, voici enfin que le leader de l’opposition de gauche, celui dont on pouvait espérer, au vu de ses engagements récents, quelques mises en garde élémentaires mais salutaires contre les #amalgames et la #stigmatisation haineuse des musulmans, n’en finit pas de nous surprendre ou plutôt de nous consterner, de nous horrifier, puisqu’il s’oppose effectivement à la chasse aux musulmans, mais pour nous inviter aussitôt à une autre chasse : la #chasse_aux_Tchétchènes :

    « Moi, je pense qu’il y a un problème avec la #communauté_tchétchène en France ».

    Il suffit donc de deux crimes, commis tous les deux par une personne d’origine tchétchène, ces dernières années (l’attentat de l’Opéra en 2018, et celui de Conflans en 2020), plus une méga-rixe à Dijon cet été impliquant quelques dizaines de #Tchétchènes, pour que notre homme de gauche infère tranquillement un « #problème_tchétchène », impliquant toute une « communauté » de plusieurs dizaines de milliers de personnes vivant en France.

    « Ils sont arrivés en France car le gouvernement français, qui était très hostile à Vladimir Poutine, les accueillait à bras ouverts », nous explique Jean-Luc #Mélenchon. « À bras ouverts », donc, comme dans un discours de Le Pen – le père ou la fille. Et l’on a bien entendu : le motif de l’#asile est une inexplicable « hostilité » de la France contre le pauvre Poutine – et certainement pas une persécution sanglante commise par ledit Poutine, se déclarant prêt à aller « buter » lesdits Tchétchènes « jusque dans les chiottes ».

    « Il y a sans doute de très bonnes personnes dans cette communauté » finit-il par concéder à son intervieweur interloqué. On a bien lu, là encore : « sans doute ». Ce n’est donc même pas sûr. Et « de très bonnes personnes », ce qui veut dire en bon français : quelques-unes, pas des masses.

    « Mais c’est notre #devoir_national de s’en assurer », s’empresse-t-il d’ajouter – donc même le « sans doute » n’aura pas fait long feu. Et pour finir en apothéose :

    « Il faut reprendre un par un tous les dossiers des Tchétchènes présents en France et tous ceux qui ont une activité sur les réseaux sociaux, comme c’était le cas de l’assassin ou d’autres qui ont des activités dans l’#islamisme_politique (...), doivent être capturés et expulsés ».

    Là encore, on a bien lu : « tous les dossiers des Tchétchènes présents en France », « un par un » ! Quant aux suspects, ils ne seront pas « interpellés », ni « arrêtés », mais « capturés » : le vocabulaire est celui de la #chasse, du #safari. Voici donc où nous emmène le chef du principal parti d’opposition de gauche.

    16. Enfin, quand on écrira l’histoire de ces temps obscurs, il faudra aussi raconter cela : comment, à l’heure où la nation était invitée à s’unir dans le deuil, dans la défense d’un modèle démocratique, dans le refus de la violence, une violente campagne de presse et de tweet fut menée pour que soient purement et simplement virés et remplacés les responsables de l’#Observatoire_de_la_laïcité, #Nicolas_Cadène et #Jean-Louis_Bianco, pourtant restés toujours fidèles à l’esprit et à la lettre des lois laïques, et que les deux hommes furent à cette fin accusés d’avoir « désarmé » la République et de s’être « mis au service » des « ennemis » de ladite #laïcité et de ladite république – en somme d’être les complices d’un tueur de prof, puisque c’est de cet ennemi-là qu’il était question.

    Il faudra raconter que des universitaires absolument irréprochables sur ces questions, comme #Mame_Fatou_Niang et #Éric_Fassin, furent mis en cause violemment par des tweeters, l’une en recevant d’abjectes vidéos de décapitation, l’autre en recevant des #menaces de subir la même chose, avec dans les deux cas l’accusation d’être responsables de la mort de Samuel Paty.

    Il faudra se souvenir qu’un intellectuel renommé, invité sur tous les plateaux, proféra tranquillement, là encore sans être recadré par les animateurs, le même type d’accusations à l’encontre de la journaliste et chroniqueuse #Rokhaya_Diallo : en critiquant #Charlie_Hebdo, elle aurait « poussé à armer les bras des tueurs », et « entrainé » la mort des douze de Charlie hebdo.

    Il faudra se souvenir qu’au sommet de l’État, enfin, en ces temps de deuil, de concorde nationale et de combat contre l’obscurantisme, le ministre de l’Éducation nationale lui-même attisa ce genre de mauvaise querelle et de #mauvais_procès – c’est un euphémisme – en déclarant notamment ceci :

    « Ce qu’on appelle l’#islamo-gauchisme fait des ravages, il fait des ravages à l’#université. Il fait des ravages quand l’#UNEF cède à ce type de chose, il fait des ravages quand dans les rangs de la France Insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s’affichent comme tels. Ces gens-là favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire. »

    Il faudra raconter ce que ces sophismes et ces purs et simples mensonges ont construit ou tenté de construire : un « #consensus_national » fondé sur une rage aveugle plutôt que sur un deuil partagé et un « plus jamais ça » sincère et réfléchi. Un « consensus » singulièrement diviseur en vérité, excluant de manière radicale et brutale tous les contre-pouvoirs humanistes et progressistes qui pourraient tempérer la violence de l’arbitraire d’État, et apporter leur contribution à l’élaboration d’une riposte anti-terroriste pertinente et efficace : le mouvement antiraciste, l’opposition de gauche, la #sociologie_critique... Et incluant en revanche, sans le moindre état d’âme, une droite républicaine radicalisée comme jamais, ainsi que l’#extrême_droite lepéniste.

    Je ne sais comment conclure, sinon en redisant mon accablement, ma tristesse, mon désarroi, ma peur – pourquoi le cacher ? – et mon sentiment d’#impuissance face à une #brutalisation en marche. La brutalisation de la #vie_politique s’était certes enclenchée bien avant ce crime atroce – l’évolution du #maintien_de l’ordre pendant tous les derniers mouvements sociaux en témoigne, et les noms de Lallement et de Benalla en sont deux bons emblèmes. Mais cet attentat, comme les précédents, nous fait évidemment franchir un cap dans l’#horreur. Quant à la réponse à cette horreur, elle s’annonce désastreuse et, loin d’opposer efficacement la force à la force (ce qui peut se faire mais suppose le discernement), elle rajoute de la violence aveugle à de la violence aveugle – tout en nous exposant et en nous fragilisant comme jamais. Naïvement, avec sans doute un peu de cet idéalisme qui animait Samuel Paty, j’en appelle au #sursaut_collectif, et à la #raison.

    Pour reprendre un mot d’ordre apparu suite à ce crime atroce, #je_suis_prof. Je suis prof au sens où je me sens solidaire de Samuel Paty, où sa mort me bouleverse et me terrifie, mais je suis prof aussi parce que c’est tout simplement le métier que j’exerce. Je suis prof et je crois donc en la raison, en l’#éducation, en la #discussion. Depuis vingt-cinq ans, j’enseigne avec passion la philosophie et je m’efforce de transmettre le goût de la pensée, de la liberté de penser, de l’échange d’arguments, du débat contradictoire. Je suis prof et je m’efforce de transmettre ces belles valeurs complémentaires que sont la #tolérance, la #capacité_d’indignation face à l’intolérable, et la #non-violence dans l’#indignation et le combat pour ses idées.

    Je suis prof et depuis vingt-cinq ans je m’efforce de promouvoir le #respect et l’#égalité_de_traitement, contre tous les racismes, tous les sexismes, toutes les homophobies, tous les systèmes inégalitaires. Et je refuse d’aller mourir au front pour une croisade faussement « républicaine », menée par un ministre de l’Intérieur qui a commencé sa carrière politique, entre 2004 et 2008, dans le girons de l’extrême droite monarchiste (auprès de #Christian_Vanneste et de #Politique_magazine, l’organe de l’#Action_française). Je suis prof et je refuse de sacrifier tout ce en quoi je crois pour la carrière d’un ministre qui en 2012, encore, militait avec acharnement, aux côtés de « La manif pour tous », pour que les homosexuels n’aient pas les mêmes droits que les autres – sans parler de son rapport aux femmes, pour le moins problématique, et de ce que notre grand républicain appelle, en un délicat euphémisme, sa « vie de jeune homme ».

    Je suis prof et j’enseigne la laïcité, la vraie, celle qui s’est incarnée dans de belles lois en 1881, 1882, 1886 et 1905, et qui n’est rien d’autre qu’une machine à produire plus de #liberté, d’#égalité et de #fraternité. Mais ce n’est pas cette laïcité, loin s’en faut, qui se donne à voir ces jours-ci, moins que jamais, quand bien même le mot est répété à l’infini. C’est au contraire une politique liberticide, discriminatoire donc inégalitaire, suspicieuse ou haineuse plutôt que fraternelle, que je vois se mettre en place, sans même l’excuse de l’efficacité face au terrorisme.

    Je suis prof, et cette #vraie_laïcité, ce goût de la pensée et de la #parole_libre, je souhaite continuer de les promouvoir. Et je souhaite pour cela rester en vie. Et je souhaite pour cela rester libre, maître de mes #choix_pédagogiques, dans des conditions matérielles qui permettent de travailler. Et je refuse donc de devenir l’otage d’un costume de héros ou de martyr taillé pour moi par des aventuriers sans jugeote, sans cœur et sans principes – ces faux amis qui ne savent qu’encenser des profs morts et mépriser les profs vivants.

    https://lmsi.net/Je-suis-prof

    #Pierre_Tevanian

    –—

    –-> déjà signalé sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/882390
    https://seenthis.net/messages/882583
    ... mais je voulais mettre le texte complet.

  • How Amazon prevents unions by surveilling employee activism
    https://www.cnbc.com/2020/10/24/how-amazon-prevents-unions-by-surveilling-employee-activism.html

    Key Points Amazon has managed to keep unions out of its ranks since the company’s founding in 1994. A recent string of events appears to show the extent of Amazon’s efforts to avoid unions and track workplace unrest. One Amazon warehouse employee is trying to organize his coworkers via an online platform out of a concern for privacy and anonymity. Amazon warehouse workers have a long history of agitating for change. But the coronavirus crisis has generated new momentum for employees to speak (...)

    #Amazon #anonymat #GigEconomy #surveillance #syndicat #travail

  • L’artiste Paolo Cirio affiche des visages de policiers dans Paris pour dénoncer la reconnaissance faciale.
    https://information.tv5monde.com/info/l-artiste-paolo-cirio-affiche-des-visages-de-policiers-dans-pa

    Paolo Cirio — pour son dernier projet nommé Capture — a créé une base de données contenant 4000 visages de policiers français pour les identifier avec une technologie de reconnaissance faciale, via sa plateforme https://capture-police.com. Ce jeudi premier octobre 2020, l’artiste effectue donc une performance de « street art » en dévoilant une partie des portraits des officiers de police tirés de sa plateforme, affichés un peu partout dans la capitale française.

    J’ai choisi le mot Capture parce qu’il est court et qu’il résume bien le concept qu’il y a derrière la reconnaissance faciale. Particulièrement lorsque cette technologie est utilisée par la police. Ils l’utilisent pour capturer des criminels, des manifestants, pour les attraper, donc les capturer grâce à des logiciels et des caméras.

    Quand vous capturez un visage avec un appareil photo vous faites la même chose que ce que fait la police qui tente de capturer quelqu’un. C’est comme ça que m’est venue l’idée de ce projet Capture, en utilisant des photos de visages de policiers, des visages que j’ai capturés moi aussi, sur le Net.

    Tout le monde doit être inquiet par l’émergence de cette technologie qui va permettre la surveillance de masse, les analyses des comportements, des émotions des gens dans la rue, comme en Chine.

    J’ai en fait renversé le procédé de la reconnaissance faciale en l’utilisant contre ceux qui normalement l’utilisent contre des citoyens, c’est-à-dire les policiers. Je veux démontrer que cette technologie est très puissante et qu’elle peut être utilisée par des activistes, des citoyens, mais aussi par des criminels ou des terroristes, et ce, contre la police.

    Cela peut ressembler à une grosse provocation, mais en fait, cela peut-être aussi pris comme une manière de protéger la police en leur montrant les dangers de cette technologie. En fait, j’aimerais que les policiers signent eux aussi la pétition pour bannir la reconnaissance faciale en Europe.

    • Synergie-Officiers @PoliceSynergie
      https://twitter.com/PoliceSynergie/status/1312024085447180290

      Merci à ⁦@GDarmanin⁩ pour la promptitude de sa réaction et sa fermeté pour défendre les #policiers et leurs familles. Son intervention a permis de déprogrammer une entreprise criminogène sous couvert d’une démarche artistique. #Police # Jesoutienslapolice #BlueLivesMatter

      Le Fresnoy déprogramme :

      Des fafs tous les jours sur les chaînes info et dans la presse, des lois et décrets liberticides, racistes et anti pauvres comme si il en pleuvait, et des débats" sur la « cancel culture » et la longueur des vêtements des scolarisées.

      #police #reconnaissance_faciale #censure #école_d'art #exposition #culture #art

    • #fuite suite aux menaces
      https://www.mediapart.fr/journal/france/131020/un-artiste-menace-apres-avoir-voulu-diffuser-des-visages-de-policiers

      "« Je ne me sens plus en sécurité dans ce pays », lâche, amer, l’artiste et hacktiviste Paolo Cirio qui a quitté précipitamment la France la semaine dernière après avoir reçu plusieurs menaces par mails. L’exposition de son œuvre Capture venait d’être annulée, dans laquelle il entendait dénoncer les dangers de la reconnaissance faciale en exposant des visages de policiers trouvés sur internet.

      Pour réaliser son projet, Paolo Cirio avait « collecté 1 000 images publiques de policiers, dans des photos prises durant des manifestations en France, et les avaient soumises à un logiciel de reconnaissance faciale », explique l’artiste sur son site. Ce procédé lui a permis de récupérer 4 000 visages de policiers. Ceux-ci devaient être exposés, sous forme d’une fresque, dans le cadre de l’exposition Panorama 22. Les Sentinelles, qui s’ouvre jeudi 15 octobre au studio national des arts contemporains Le Fresnoy de Tourcoing.

      Le jour de la mise en ligne de la présentation de son projet, le jeudi 1er octobre, Paulo Cirio avait également mené une action dans les rues de Paris y affichant certains des portraits de policiers. L’opération était accompagnée de la mise en place d’un site internet, capture-police.com, répertoriant les photos et invitant les internautes à identifier les agents qu’ils pourraient reconnaître, ainsi que d’une pétition appelant à l’interdiction de la reconnaissance faciale.

      « La police appelle à l’utilisation de la reconnaissance faciale sur les manifestants, les minorités et les civils, alors qu’elle se rend non identifiable lors d’affrontements publics, poursuit le site internet de l’artiste. Dans le projet Capture, la reconnaissance faciale se retourne contre les mêmes autorités publiques et forces de l’ordre qui cherchent à en justifier la nécessité. »

      Mais les choses ne se sont pas passées comme Paolo Cirio l’avait prévu. Immédiatement après sa mise en ligne, le projet de l’artiste provoque une levée de boucliers. « Ça a été très vite », raconte-t-il à Mediapart. Il y eut tout d’abord les réactions indignées de syndicats de policiers – « seulement une heure après avoir publié mon projet », se souvient Paolo Cirio – qui en appellent à leur ministre de tutelle, Gérald Darmanin. Celui-ci, qui se trouve être par ailleurs ancien maire de Tourcoing, ville où se situe le studio Le Fresnoy, réagit quelques heures plus tard.

      « Insupportable mise au pilori de femmes et d’hommes qui risquent leur vie pour nous protéger, écrit le ministre de l’intérieur sur Twitter. Je demande la déprogrammation de l’“exposition” et le retrait des photos de son site, sous peine de saisir les juridictions compétentes. »

      Dès le lendemain, Le Fresnoy annule effectivement l’exposition de Paolo Cirio. « Nous ne pouvons en aucun cas adhérer à une démarche qui associe l’œuvre en question à une plateforme numérique où l’artiste invite à identifier et à désigner nommément des policiers, dont les photographies ont été préalablement diffusées sur internet », écrit le studio dans un communiqué en date du vendredi 2 octobre et largement diffusé sur les réseaux sociaux par des syndicats de policiers. « Par cette démarche qui a changé la nature de l’intervention du Fresnoy, l’artiste a violé les engagements qu’il avait pris de ne rien faire de tel devant les responsables du Fresnoy, et la direction de la Condition publique, ce qui nous a profondément choqués », poursuit-il.

      Parallèlement, Paolo Cirio reçoit sur sa boîte mails des messages d’insultes et d’autres plus inquiétants. « J’ai reçu de nombreux messages, dont certains très violents disant par exemple qu’ils me surveillaient ou qu’ils me trouveraient », raconte-t-il. Aucune menace de mort directe, mais des pressions et des insinuations assez précises pour le décider à retirer son site internet, qui a depuis été remplacé par la pétition.

      Et pour le convaincre de quitter le territoire français. « Je suis parti car je ne me sens plus en sécurité, explique Paolo Cirio. Je venais deux, trois fois en France par an. J’ai même donné des cours au Fresnoy. Mais pour l’instant, je pense que je ne reviendrai pas. »
      "

  • Trade unions urge EU to investigate Amazon effort to spy on workers
    https://www.theguardian.com/technology/2020/sep/30/trade-unions-urge-eu-to-investigate-amazon-effort-to-spy-on-workers

    Three UK unions among signatories to letter calling for action against tech firm European trade union leaders, including three UK unions, have called on the European commission to open an investigation into Amazon’s “potentially illegal” effort to spy on workers for union activities. The heads of some of Europe’s biggest unions, representing more than 12 million workers, wrote to the commission to demand an investigation into Amazon’s work practices across the continent. The move comes after (...)

    #Amazon #GigEconomy #surveillance #syndicat #travail

    https://i.guim.co.uk/img/media/035104c3a90ecdbd28677c0264de1f38c9e8a314/0_367_5610_3366/master/5610.jpg

  • Réouverture des #écoles | Le maire de #New_York désavoué par un puissant #syndicat
    https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/2020-09-27/reouverture-des-ecoles/le-maire-de-new-york-desavoue-par-un-puissant-syndicat.php

    [...]

    Seul parmi les maires des grandes villes américaines, le maire démocrate de New York s’est engagé cet été à ce que les écoles publiques new-yorkaises rouvrent leurs portes aux familles qui ne veulent pas d’un enseignement 100 % en ligne, afin d’assurer entre un et trois jours d’enseignement en présentiel par semaine.

    Enseignement jugé indispensable pour les enfants des milieux défavorisés, souvent livrés à eux-mêmes face aux cours en ligne.

    Mais à en croire le CSA [le syndicat en question], MM. de Blasio et [son aide pour les affaires scolaires] Carranza, qui négocient aussi avec un puissant syndicat d’enseignants, ont été incapables de prévoir suffisamment d’enseignants pour assurer, simultanément, enseignement en ligne et en présentiel.

    Si M. de Blasio a promis récemment l’embauche de quelque 4500 enseignants supplémentaires, il en manquerait encore 1200 pour la réouverture des écoles élémentaires attendue ce mardi, et plus encore pour la réouverture des collèges et écoles secondaires, prévue au 1er octobre, selon le syndicat.

    [...]

    Malgré un taux de contamination désormais contenu à 1 % dans la capitale financière américaine, la rentrée en présentiel a déjà été reportée deux fois.

    Et les familles des quelque 1,1 million d’élèves des écoles publiques sont de plus en plus nombreuses à avoir renoncé à renvoyer leurs #enfants physiquement à l’école cet automne, se rabattant sur l’enseignement 100 % en ligne, qui a commencé mi-septembre.

    Seules les écoles maternelles offrent pour l’instant un enseignement en partie présentiel aux familles.

    #etats-unis #covid-19

  • Delivery companies unveil labor deal with Italian far-right union
    https://www.politico.eu/article/delivery-companies-unveil-labor-deal-with-italian-far-right-union

    The deal could allow the likes of Uber Eats and Deliveroo to avoid additional regulation. A coalition of food-delivery companies on Wednesday unveiled a deal with a far-right-affiliated Italian union, pushing through their version of employee protection for gig workers as an alternative to classifying them as employees. The companies, which include Uber, Deliveroo, Glovo, JustEat and others, believe their approach to labor relations — not directly employing delivery workers but providing (...)

    #Deliveroo #Uber #UberEATS #extrême-droite #GigEconomy #syndicat #travail #FoodTech

  • Les liaisons dangereuses d’Uber Eats & co avec l’extrême droite italienne
    https://korii.slate.fr/biz/italie-uber-eats-deliveroo-syndicat-ugl-extreme-droite-convention-collec

    En signant un accord avec le syndicat minoritaire UGL, les plateformes de livraison tentent d’échapper à la régulation. Un accord « pirate » ? Le 16 septembre, plusieurs plateformes italiennes de livraison de nourriture ont dévoilé la convention collective signée avec le syndicat minoritaire d’extrême droite UGL. « Il s’agit d’une avancée importante qui montre qu’il est possible d’accroître la sécurité des travailleurs indépendants dans l’Union européenne », assure Matteo Sarzana, directeur général de (...)

    #Uber #UberEATS #copyright #extrême-droite #FoodTech #GigEconomy #syndicat #travail

  • Comment être une agricultrice en 2020 ?

    Entre mai et août 2020 j’ai lancé sur le compte Twitter d’AgriGenre une série de sondages afin de comparer (i) les résultats que pouvaient m’offrir ces type de sondages – tout en ayant conscience des limites de cet outil – (ii) aux tendances de certaines problématiques de genre que je rencontrais sur le terrain dans les mondes agricoles.

    La population qui a voté aux sondages d’AgriGenre sur Twitter peut être classée en :

    Population agricole : sur Twitter les agriculteurs sont surreprésentés par rapport aux agricultrices. On a tendance à les retrouver plus fréquemment comme producteurs de tweets, de commentaires, de votes.
    Population non agricole : composée de citoyen.ne.s, de militant.e.s, d’universitaires, de chercheur.euse.s, etc. Les réponses à certaines questions ont plutôt un caractère général et distancié. Il n’y a pas forcément de connaissance directe ni d’expérience concrète avec les mondes agricoles.

    Les sondages de Twitter ne permettant pas de distinguer les différentes populations (agricole, non agricole) ni le genre des votants, j’ai souhaité comparer les précédents résultats, (i) votes des sondages Twitter et (ii) tendances de terrain, aux (iii) votes d’une troisième population composée uniquement d’agriculteurs et d’agricultrices, avec un large spectre géographique.

    A l’aide de contacts dans le monde agricole, une population de cent cinquante agricultrices et agriculteurs a accepté de répondre à l’ensemble des questions posées préalablement sur le compte Twitter d’AgriGenre. Afin de ne pas influencer les votes, aucun lien n’a été indiqué entre ce nouveau sondage et les précédents.

    Composition de l’échantillon :

    Effectif : 150
    Population : chef.fe.s d’exploitation agricole et coexploitant.e.s
    Proportion : 53,3 % de femmes et 46,7 % d’hommes
    Âge : entre 30 ans et 65 ans
    Zone géographique : France métropolitaine
    Types de production : maraîchage, arboriculture, grande culture, viticulture, élevage, apiculture
    Syndiqué.e.s : Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, Jeunes Agriculteurs, Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux, Coordination Rurale, Confédération Paysanne
    Non syndiqué.e.s

    J’ai pu croiser (i) les résultats des sondages hybrides de Twitter avec (ii) les résultats que je recueillais directement sur le terrain et (iii) les résultats du sondage spécifique des agricultrices et agriculteurs de France métropolitaine.

    I. L’agriculteur n’est pas l’agricultrice

    A la question :
    « Quand vous entendez ou lisez le mot agriculteur, vous pensez à :
    – Un homme
    – Un homme ou une femme
    – Un homme et une femme
    – Une femme »

    Le sondage issu de Twitter (AgriGenre, août 2020, 580 votes) indique que l’on pense d’abord à un homme à 75,7 %, à un homme ou une femme à 18,6 %, à un homme et une femme à 5,3 %, à une femme à 0,3 %

    Le mot agriculteur désignerait :

    dans une version exclusiviste, un homme à 75,7 %, une femme à 0,3 %
    dans une version relativiste, quelquefois un homme ou une femme à 18,6 %
    dans une version universaliste, indistinctement un homme et une femme à 5,3 %

    Le sondage issu du milieu agricole indique que l’on pense d’abord à un homme à 56,7 %, à un homme ou une femme à 37,2 %, à un homme et une femme à 10,7 % et à une femme à 0 %

    Le mot agriculteur désignerait :

    dans une version exclusiviste, un homme à 56,7 %, une femme à 0 %
    dans une version relativiste, quelquefois un homme ou une femme à 37,2 %
    dans une version universaliste, indistinctement un homme et une femme à 10,7 %

    Les deux sondages font ressortir un accord d’ensemble.

    Ces deux sondages font également ressortir que :

    Le mot « agriculteur » représente strictement un homme entre 56,7 % et 75,7 % et il représente strictement une femme entre 0 % et 0,3 %.
    Le mot « agriculteur » intègre le fait d’être parfois une femme entre 18,6 % et 37,2 % .
    Le mot « agriculteur » intègre le fait d’être une femme entre 5,3 % à 10,7 %

    Le mot « agriculteur » ne représente :

    Ni « un homme et/ou une femme » (entre 5,3 % et 37,2 %)
    Ni une « femme » (entre 0 % et 0,3 %)

    Mais il représente bien un « homme » (entre 56,7 % et 75,7 %).

    La femme agricultrice reste majoritairement invisible quand il est question du mot « agriculteur » à l’oral ou à l’écrit.

    Parmi les femmes agricultrices :

    63,75 % pensent à un homme quand elles lisent ou entendent le mot « agriculteur »
    25 % pensent à un homme ou une femme
    11, 25 % pensent à un homme et une femme
    0% pensent à une femme

    Parmi les hommes agriculteurs :

    48,57 % pensent à un homme quand ils lisent ou entendent le mot « agriculteur »
    41,43 % pensent à un homme ou une femme
    10 % pensent à un homme et une femme
    0 % pensent à une femme

    Le mot « agriculteur » représente majoritairement un homme à la fois pour les femmes agricultrices et les hommes agriculteurs (entre 48,57 % et 63,75 %) qui s’entendent sur le fait que ce mot ne représente pas une femme (0 %), quelquefois un homme ou une femme (entre 25% et 41,43 %), et très peu un homme et une femme (entre 10 % et 11,25 %).

    Il reste pour la femme agricultrice l’usage du mot « agricultrice », rentrée dans le dictionnaire Larousse en 1961.

    Pour une agricultrice, la distinction entre agriculteur et agricultrice est bien marquée : « Agriculteur : nom masculin, personne qui cultive la terre. Agricultrice : nom féminin, personne qui s’occupe des enfants, de la maison, des courses, des repas, de la traite, des veaux, de la comptabilité et l’administratif de l exploitation. N’en jetez plus ! » (Josianne).

    Une autre agricultrice s’empara également de son expérience pour résumer la chose de la manière suivante : « Dans l’esprit des gens, le mot agriculteur définit bien un homme. Dans le mien, j’ai la même côte, les mêmes bottes et les mêmes charges à payer, il ne me définit pas et le mot agricultrice n’est pas utilisé suffisamment et à sa juste valeur » (Laurence).

    Ce qui est vaut pour les mots « agriculteur » et « agricultrice » vaut aussi pour les mots « paysan » et « paysanne ».

    Dans un autre sondage issu de Twitter (AgriGenre, juin 2020 (A), 1 417 votes) portant sur la question « Faites-vous une différence entre agriculteur/agricultrice et paysan/paysanne ? » , 63,5 % ne font pas de différence contre 36,5 %.

    Le retour du sondage issu des agricultrices et agriculteur va dans le même sens, 58,7 % ne font pas de différence contre 41,3 %.

    Les deux sondages font ressortir un accord d’ensemble (entre 58,7 % et 63,5 %).

    Parmi les femmes agricultrices :

    52,5 % ne font pas de différence contre 47,5 %

    Parmi les hommes agriculteurs :

    65,7 % ne font pas de différence contre 34,3 %

    Parmi les multiples témoignages, un type d’argument tend à revenir fréquemment : « Paysan ou agriculteur, qu’importe, Mais surtout pas « exploitant agricole ». Je considère que je n’exploite rien ni personne » (Gilles).

    Plus critique, une femme agricultrice explique que « Certains veulent avoir à faire à des paysans ( du genre authentiques) alors que ce mot a été et l’est encore péjoratif . Paysan c’est une condition dont celle de femmes pour qui c’est pas jojo , alors que agriculteur, agricultrice c’est un métier avec des connaissances technique » (Clémentine).

    Pour une autre femme agricultrice, « Le nom agricultrice a été donnée plus récemment avec la technicité et la modernisation de l’agriculture. Pour moi, paysanne contient le mot pays. Selon le contexte, les deux sont à employer et ont la même valeur à mes yeux » (Laurence).

    Si ne pas nommer c’est ne pas faire exister, alors le mot « agriculteur » ne représente pas la femme, mais seul le mot « agricultrice », écrit ou parlé, représente bien une femme agricultrice, comme le mot « paysanne », écrit ou parlé, représente la femme paysanne.

    II. Le difficile remplacement de l’agricultrice par l’agriculteur

    En 1982, l’agricultrice Anne-Marie Crolais publiait un ouvrage témoignage où l’on pouvait lire qu’ « en agriculture, il est souvent plus facile de remplacer l’homme car pour remplacer l’agricultrice il faut à la fois travailler sur l’exploitation et remplir le rôle de femme d’intérieur et de mère de famille ». Le sondage demandait si le constat de 1982 était encore d’actualité en 2020 ?

    Les résultats du sondage Twitter (AgriGenre, juillet 2020 (B), 164 votes) indiquent que les votants sont d’accord à 82,3 % (Tout à fait d’accord : 56,7% ; Plutôt d’accord : 25,6%) et pas d’accord à 17,7% (Pas vraiment d’accord : 12,8% ; Pas du tout d’accord : 4,9 %).

    Les résultats du sondage issu du monde agricole indiquent être à d’accord à 54 % (Tout à fait d’accord : 19,3 % ; Plutôt d’accord : 34,7%) contre à 46 % (Pas vraiment d’accord : 30 % ; Pas du tout d’accord : 16 %).

    Les deux sondages font ressortir un accord d’ensemble (entre 54 % et 82,3 %).

    Parmi les femmes agricultrices :

    28,75 % sont tout à fait d’accord, 38,75 % sont plutôt d’accord, 26,25 % ne sont pas vraiment d’accord et 6,25 % ne sont pas du tout d’accord.

    Parmi les hommes agriculteurs :

    8,57 % sont tout à fait d’accord, 30% sont plutôt d’accord, 34,29 % ne sont pas vraiment d’accord et 27,14 % ne sont pas du tout d’accord.

    L’opposition entre les femmes agricultrices et les hommes agriculteurs est marquée :
    67,5 % d’accord pour les agricultrices vs 61,43 % pas d’accord pour les agriculteurs.

    J’ai pu constater sur le terrain que ce sujet restait sensible. Il pouvait être balayé d’un revers de manche, principalement par des agriculteurs, comme susciter un certain malaise chez des agricultrices. Sur ce point une agricultrice m’exprima le fait qu’elle se voyait dans l’exploitation familiale un peu comme « un couteau Suisse » (Marie).

    Les questions liées à la place des femmes dans les exploitations agricoles, à leur pleine reconnaissance et considération, comme les questions portant sur la répartition sexuée des tâches restent toujours d’actualité, trente-huit après le témoignage d’Anne-Marie Crolais.

    III. Des syndicats agricoles en peine avec les agricultrices

    A la question : « Pensez-vous que les questions liées au partage des tâches domestiques, à la pénibilité au travail, aux inégalités de salaire… qui touchent les agricultrices sont suffisamment prises en compte par l’ensemble des syndicats agricoles ? », les résultats sortis de Twitter (AgriGenre, juillet 2020 (A), 63 votes) étaient sans appel : négatif pour 85,8 % des votants (Pas vraiment d’accord : 42,9% ; Pas du tout d’accord : 42,9%) contre 14,3% (Tout à fait d’accord : 9,5% ; Plutôt d’accord : 4,8%).

    Le sondage issu du monde agricole donne un résultat proche : négatif pour 75,7 % des votants (Pas vraiment d’accord : 45,3 % ; Pas du tout d’accord : 30,4%) contre 24,3 % (Tout à fait d’accord : 3, 4 % ; Plutôt d’accord : 20,9 %).

    Les deux sondages font ressortir un accord d’ensemble (entre 75,7 % et 85,8 %).

    Parmi les femmes agricultrices :

    1,25 % sont tout à fait d’accord, 12,5 % sont plutôt d’accord, 48,75 % ne sont pas vraiment d’accord et 37,5 % ne sont pas du tout d’accord

    Parmi les hommes agriculteurs :

    5,71 % sont tout à fait d’accord, 30 % sont plutôt d’accord, 42,86 % ne sont pas vraiment d’accord et 21,43 % ne sont pas du tout d’accord

    Les femmes agricultrices considèrent à 86,25 % que les questions liées au partage des tâches domestiques, à la pénibilité au travail, aux inégalités de salaire… qui touchent les agricultrices ne sont pas suffisamment prisent en compte par les syndicats agricoles. Les hommes agriculteurs les rejoignent à 64,29 %.

    Ces résultats marquent un échec de l’action des syndicats agricoles, toutes tendances confondues, face aux conditions des agricultrices. Ces résultats concentrent toute une série de problèmes, comme ceux évoqués ci-dessus : l’invisibilisation des agricultrices facilite la moindre attention des problèmes que subissent spécifiquement des agricultrices au sein des exploitations agricoles.

    Cette situation n’a pas laissé indifférent des agricultrices : « Malheureusement ce n’est pas un sujet qui est majeur à leurs yeux. Pourtant ce sont des questions primordiales pour la vie des agricultrices » (Laurence), « Effectivement c’est un sujet qu’aucun syndicat ne traite à part entière, c’est vraiment navrant » (Clémence).

    J’ai souligné dans un précédent article le côté masculin marqué des mondes agricoles, tant au niveau syndical que ministériel :

    Au niveau syndical, entre 1946 et 2020, sur cinquante deux représentants nationaux, cinquante ont été des hommes et seulement deux des femmes (50 vs 2).
    Au niveau ministériel, entre 1836 et 2020, sur un effectif de cent quarante cinq ministres ou secrétaires d’État à l’agriculture, cent quarante trois ont été des hommes et seulement deux des femmes (143 vs 2).

    Une agricultrice me rapportait qu’elle regrettait qu’en 2020 les agricultrices soient encore considérées comme « une sorte de caution morale que l’on sort de temps en temps du placard pour se donner une bonne conscience dans une profession majoritairement masculine où les hommes monopolisent toujours les postes de représentation et de responsabilité » (Nathalie).

    Si ne pas nommer c’est ne pas faire exister, ne pas être représenté.e c’est aussi ne pas faire exister.

    IV. Des espaces non-mixtes en question

    La question posée sur Twitter était la suivante : « Depuis de nombreuses années des agricultrices se réunissent en groupes et espaces non-mixtes. Comprenez-vous que ce choix persiste de nos jours ? ».

    Les votants de Twitter (AgriGenre, juin 2020 (B), 796 votes) ont répondu à 83,5% oui et 16,5% non.

    Or sur le terrain les positions que je rencontrai – sans distinction de genre , d’âge ou de position politique/syndicale – n’étaient pas aussi tranchées (pratiquement autant d’avis positifs que négatifs). Je n’ai pas observé un raz-de-marée aussi flagrant d’avis positifs (sauf à penser que mes échantillons et mes terrains étaient systématiquement biaisés).

    Les votants du sondage issu du monde agricole ont répondu à 61,5 % oui et 38,5 % non, ce qui me semble plus près de la réalité de terrain.

    Les deux sondages font ressortir un accord d’ensemble (entre 61,5 % et 83,5 %).

    Parmi les femmes agricultrices :

    62,5 % comprennent ce choix contre 37,5 %

    Parmi les hommes agriculteurs :

    58,57 % comprennent ce choix contre 41,43 %

    Cette question des espaces non-mixtes fait toujours l’objet de débat au sein des mondes agricoles.

    Pour certaines agricultrices la non-mixité de réunion « est une porte ouverte à la ségrégation » (Marie).

    Dans le camps des opposé.e.s à ce type de réunion, je rencontre plus couramment des agricultrices qui mettent en avant leur fort caractère et leur volonté de ne pas se laisser faire : « Je comprends pas du tout ce genre de comportement moi. Qu’il y ait des hommes ou des femmes ma parole est libre et franche et sans entraves. De toute façon, et tant pis pour les réflexions et les regards, je m’exprime de toute façon et je tacle si besoin ! » (Clémence).

    D’autres enfin sont plutôt favorables à la mixité mais elles comprennent ce besoin temporaire en #non-mixité : « Pour avoir animé des formations en groupe mixte ou non, je trouve que la mixité est très enrichissante pour les participants. Mais certaines personnes préfèrent les groupes non mixtes où leur parole sera plus libérée » (Charlotte).

    Chez les agriculteurs et agricultrices totalement acquis à la non-mixité, celle-ci est légitimée par l’expérience au sein du monde agricole :

    « Pour avoir fait une partie de mes études en lycée agricole, j’ai pu malheureusement constater que le sexisme est très (très) présent, et les femmes très minoritaires, donc je comprends qu’elle ai besoins de se retrouver ensemble pour lutter contre cette discrimination » (Nicolas).

    « La non mixité permet de libérer la parole donc par moments elle est indispensable » (Philomène).

    « La « mecterruption » et la « mecxplication » sont manifestes, comme la misogynie en général. On peut comprendre le besoin de certaines femmes de vouloir se retrouver entre-elles. On ne se pose d’ailleurs pas la question quand un groupe est uniquement composé d’hommes. Du reste, les réunions féminines non-mixtes n’empêchent pas leurs participantes d’assister à des réunions mixtes en parallèle » (Stéphanie).

    V. Un matériel agricole encore trop peu adapté aux femmes agricultrices

    A la question « Pensez-vous que le matériel agricole (outil, machine) utilisé par les agriculteurs/agricultrices doit tenir compte du genre ou être indifférent au genre ? »

    Les résultats issus de Twitter (AgriGenre, mai 2020, 125 votes) indiquent un vote majoritaire à 78,8% pour l’indifférence au genre contre 27,2% qui demandent à tenir compte du genre.

    Les résultats issus du monde agricoles indiquent que 45,3 % souhaitent une indifférence au genre et 54,7 % souhaitent tenir compte du genre.

    Les deux sondages font ressortir un désaccord d’ensemble.

    Parmi les femmes agricultrices :

    75 % pensent que le matériel agricole doit tenir compte du genre contre 25 %

    Parmi les hommes agriculteurs :

    68,57 % pensent le matériel agricole ne doit pas tenir compte du genre contre 31,43 %

    Des femmes agricultrices voient des problèmes de force, de poids, de taille… là où des hommes agriculteurs semblent les ignorer.

    Mes retours de terrain indiquent que la population agricole féminine interrogée fait pencher la balance du côté de la prise en compte du genre dans l’usage des outils et machines agricoles.

    Encore de nos jours, pour certains agriculteurs ou personnes du monde agricole, la profession reste un domaine réservé, masculin et viril, où la femme n’est pas toujours bien acceptée comme agricultrice, ou alors à côté de l’homme, comme une aide complémentaire, une sorte de side-farmer.

    Une agricultrice m’expliquait récemment toutes les difficultés qu’elle avait dû rencontrer « lors de formations sur certains aspects techniques et tout particulièrement lors des formations avec l’utilisation des machines » (Isabelle) . Elle s’était heurtée à « l’impossibilité d’accéder aux outils » et « si la formatrice faisait en sorte que les femmes aient le même temps que les garçons » une crise s’en suivait. A quoi se rajoutait le fait qu’elle n’arrivait pas à avoir un « accès égal et de loin » aux machines comme les tracteurs, les tronçonneuses, les pelleteuses…

    Que retenir ?

    Le mot « agriculteur » ne représente pas les femme agricultrices.
    Pour des femmes agricultrices interrogées, il est plus facile de remplacer un homme agriculteur qu’une femme agricultrice sur une exploitation agricole. Ce que contestent des hommes agriculteurs interrogés.
    Pour des hommes agriculteurs et des femmes agricultrices interrogé.e.s, les syndicats agricoles ne prennent pas en compte les questions liées au partage des tâches domestiques, à la pénibilité au travail, aux inégalités de salaire… qui touchent des femmes agricultrices.
    Pour des hommes agriculteurs et des femmes agricultrices interrogé.e.s, les espaces en non-mixité sont légitimes.
    Pour des femmes agricultrices interrogées, il est justifié de tenir compte du genre quand il est question du matériel agricole. Ce que contestent des hommes agriculteurs interrogés.

    Si des hommes agriculteurs interrogés ne sont pas insensibles à certains problèmes que rencontrent des femmes agricultrices (points 3 et 4) une partie de leurs positions rentre en contradiction avec ce qu’expriment des femmes agricultrices (points 2 et 5). Pourrait-on émettre l’hypothèse qu’une égalité idéalisée tendrait à se substituer à une inégalité réelle dans les mondes agricoles entre les hommes et les femmes ?

    Alors, comment être une agricultrice en 2020 dans ces conditions ?

    https://agrigenre.hypotheses.org/846

    #femmes_agricultrices #agriculture #femmes #sondage #chiffres #paysannes #syndicat #syndicats_agricoles

    • Le poids du quantitatif : genre et référencement

      Quelle est la part de certains mots sur le Net ? Et plus précisément, quels sont les poids des mots « agriculteur.s », « agricultrice.s », « paysan.s », « paysanne.s » ?

      Pour répondre à cette question j’ai choisi d’utiliser quatre outils fournis par Google :

      Son moteur de recherche
      Google Trends, permet « de connaître la fréquence à laquelle un terme a été tapé dans le moteur de recherche Google »
      Ngram Viewer, « application linguistique proposée par Google, permettant d’observer l’évolution de la fréquence d’un ou de plusieurs mots ou groupes de mots à travers le temps dans les sources imprimées »
      Google Scholar, permet « la recherche d’articles et de publications scientifiques (…) il inventorie des articles approuvés ou non par des comités de lecture, des thèses de type universitaire, des citations ou encore des livres scientifiques »

      J’ai sélectionné pour chaque couple (agriculteur/agriculteurs, agricultrice/agricultrices, paysan/paysans, paysanne/paysannes) le mot qui avait le plus de poids.

      I. Selon que vous soyez agriculteur ou agricultrice

      Quand j’ai tapé le mot « agriculteur », au singulier, dans le moteur de recherche Google, ce dernier m’a retourné environ 30 000 000 résultats, et quand j’ai cherché le mot « agricultrice » il m’a retourné environ 1 300 000 résultats.

      Le mot « agriculteur » désigne un homme agriculteur et une profession générique accolée aux hommes et quelquefois aux femmes qui l’exercent. Mais ce mot est loin d’être neutre.

      Ce même jour, quand j’ai tapé le mot « agriculteurs », au pluriel, dans le moteur de recherche Google ce dernier m’a retourné environ 900 000 000 résultats, et il m’a retourné environ 440 000 résultats pour le mot « agricultrices ».

      On remarque, dans ces deux exemples, que le mot « agriculteur » est plus souvent référencé que le mot « agricultrice », au singulier comme au pluriel.

      Le mot « agriculteur » est majoritaire au pluriel pour les hommes agriculteurs, tandis que pour les femmes agricultrices c’est le mot « agricultrice » au singulier qui est majoritaire.

      Est-ce à dire que les femmes agricultrices seraient plus individualistes et moins grégaires que les hommes agriculteurs ? Ou que les références sur le Net portant sur les femmes agricultrices sont plus individualisées (portraits…) que pour les hommes agriculteurs ? Je proposerai une autre hypothèse à la fin de cet article.

      Autre enseignement, si au lieu de rechercher les mots d’ « agriculteur.s » et « agricultrice.s » on prenait les mots « paysan.s » et « paysanne.s » ?

      On retrouverait les mêmes dispositions : le mot « paysan » est plus référencé que « paysanne », d’abord au pluriel puis au singulier, et le mot « paysanne » au singulier l’est plus qu’au pluriel.

      La comparaison du référencement des mots agriculteur.s et agricultrice.s puis des mots paysan.s et paysannne.s peut être représentée de la manière suivante

      Les agricultrices et paysannes sont plus souvent référencées au singulier qu’au pluriel, tandis que les paysans et les agriculteurs le sont plus souvent au pluriel.

      Pour chaque couple, avec le mot qui a le plus de poids, le classement est ici « agriculteurs », « paysans », « paysanne », « agricultrice ». La distinction entre les hommes et les femmes du monde agricole est nette.

      II. A chacun son rythme

      Google Trends permet « de connaître la fréquence à laquelle un terme a été tapé dans le moteur de recherche Google ».

      De 2004 à aujourd’hui, soit sur seize ans, pour la France, le terme « agriculteur » (en bleu) est majoritaire, suivit par les termes « agriculteurs » (en rouge), « agricultrice » (en jaune) et « agricultrices » (en vert). On trouvera le même classement pour les termes « paysan », paysans », « paysanne » et « paysannes ».

      Les courbes des agricultrices restent stables, tout en bas, quasi-linéaires, tandis que celles des agriculteurs les survolent avec de nombreux pics.

      Sur la même période, le terme « agriculteur » (en bleu) est majoritaire, suivi par les termes « paysan » (en jaune), « paysanne » (en vert) et « agricultrice » (en rouge).

      Les courbes des agricultrices, terme « agricultrice » (rouge) et paysannes, terme « paysanne » (vert), sont presque parallèles avec une plus légère hauteur pour le terme « paysanne » , tandis que le terme « agriculteur » (bleu) a commencé à prendre le dessus sur le terme « paysan »(jaune) à partir de 2015.

      Pour chaque couple, avec le terme qui a le plus de poids, le classement est ici « agriculteur », « paysan », « paysanne » et « agricultrice ». La distinction entre les hommes et les femmes du monde agricole est toujours aussi nette.

      III. La lutte des places

      Ngram Viewer permet « d’observer l’évolution de la fréquence d’un ou de plusieurs mots ou groupes de mots à travers le temps dans les sources imprimées »

      Entre 1800 et 2020, soit deux cent vingt ans, pour la France, les termes « paysan » et « paysanne » sont restés largement majoritaires. Le mot « agricultrice » arrive dernier de ce classement.

      Le mot « agriculteurs » domine celui d’ « agriculteur » (chose identique entre « paysans » et « paysan »).

      Le mot « agricultrices » a longtemps dominé celui d’ « agricultrice ».

      Mais en 2016 le mot « agricultrice » passe devant celui d’ « agricultrices »

      Alors que le mot « paysanne » domine le mot « paysannes »

      Pour chaque couple, avec le mot qui a le plus de poids, le classement est ici « paysans », « paysanne », « agriculteurs », « agricultrice ». La distinction entre les hommes et les femmes du monde agricole est ici croisée.

      IV. Un référencement masculin

      Dans Google Scholar, aucune limite de date n’a été sélectionnée pas plus que le choix de la langue, et j’ai choisi de conserver les brevets et les citations dans la recherche des termes.

      Les termes « agriculteurs » et « agriculteur » sont majoritaires.

      Tout comme « paysans » et « paysan »

      Pour chaque couple, avec le mot qui a le plus de poids, le classement est ici « paysans », « agriculteurs », « paysanne », « agricultrices ». La distinction entre les hommes et les femmes du monde agricole est nette.

      V. Que conclure de ces quatre exemples ?

      Si on donne une valeur de 4 au mot qui arrive en tête, une valeur de 3 au deuxième, une valeur de 2 au troisième et une valeur de 1 au dernier, on obtient le tableau suivant

      Le classement final indique que les termes qui ont les valeurs les plus élevées sont « paysans » (11), « agriculteurs » (9), « paysanne » (9), « agriculteur » (4), « paysan » (3), « agricultrice » (3), « agricultrices » (1) . Le mot « paysannes » ayant obtenu une valeur de 0.

      Les hommes agriculteurs sont nommés quatre fois (« paysans », « agriculteurs », « agriculteur », « paysan ») et les femmes agricultrices trois fois (« paysanne », « agricultrice », « agricultrices »). Les hommes agriculteurs/paysans obtiennent une valeur totale de 27 tandis que les femmes agricultrices/paysannes obtiennent une valeur totale de 13.

      Lors de nos recherches sur le Net et/ou dans la littérature et la bibliographie nous devrions trouver un poids quantitatif beaucoup plus important de fréquences d’hommes (avec les termes « paysan.s » et « agriculteur.s ») et moindre de fréquences de femmes (avec les termes « paysanne.s » et « agricultrice.s »).

      VI. Agriculteur dopé, agricultrice spoliée

      Au cours d’enquêtes de terrain, quand je pose cette question à des hommes agriculteurs : « Comment nommez-vous la profession d’un homme qui travaille dans le domaine de l’agriculture et qui met en culture ou élève des animaux… ? » j’obtiens comme réponse que cet homme exerce la profession d’ « agriculteur » . Par la suite si je pose la question « Comment nommez-vous la profession d’une femme qui travaille dans le domaine de l’agriculture et qui met en culture ou élève des animaux… ? » la réponse obtenue sera (quasi systématiquement) que cette femme exerce la profession d’ « agriculteur » .

      Maintenant, si je pose la question à des femmes agricultrices « Comment nommez-vous la profession d’un homme qui travaille dans le domaine de l’agriculture et qui met en culture ou élève des animaux… ? » j’obtiens la réponse que cet homme exerce la profession d’ « agriculteur » , mais si je pose ensuite la question « Comment nommez-vous la profession d’une femme qui travaille dans le domaine de l’agriculture et qui met en culture ou élève des animaux… ? » j’obtiens la réponse (systématiquement) que cette femme exerce la profession d’ « agricultrice » .

      Dans le premier exemple, des femmes agricultrices sont comptées comme « agriculteurs » et non comme « agricultrices » par des hommes agriculteurs, ce qui participent à leur moindre poids tout en augmentant artificiellement le poids et la visibilité du mot « agriculteur ».

      Elles sont intégrées, assimilées, diluées et invisibilisées au sein du mot « agriculteur » (à gauche).

      De leur côté, des femmes agricultrices font la distinction entre le mot « agriculteur » et « agricultrice » (à droite).

      Les femmes agricultrices n’intègrent aucun homme agriculteur comme « agricultrice » alors que des hommes agriculteurs intègrent des femmes agricultrices comme « agriculteur » et non comme « agricultrice ».

      Si des hommes agriculteurs intègrent des femmes agricultrices comme « agriculteur » d’autres professions ont conservé ce réflexe qui biaise les résultats.

      https://agrigenre.hypotheses.org/1519

      #recensement #invisibilisation #statistiques #mots

  • Employers are tracking us. Let’s track them back
    https://fivemedia.com/articles/employers-are-tracking-us-lets-track-them-back

    Employers are using tech to track their employees ever more closely. Time for workers to reclaim their own data – and turn the surveillance back on their taskmasters, says Christina Colclough. Here’s what you need to know about your data, your rights, and how you can make sure they are protected. Monday morning, 9am. You sit down at your desk and open an email. Even though your boss isn’t around, software may be quietly noting what time you log in. As you start writing, the keyboard might be (...)

    #algorithme #capteur #[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données_(RGPD)[en]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR)[nl]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR) #données #clavier #GigEconomy #syndicat #travail #télétravail #sexisme #Amazon (...)

    ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##discrimination

  • Naissance de la Fédération transnationale des coursiers (FTC)« Transnational Federation of Courriers » (TFC) - Gresea
    https://gresea.be/Naissance-de-la-Federation-transnationale-des-coursiers-FTC-Transnational

    La Fédération transnationale des coursiers (FTC) est née le vendredi 26 octobre 2018 : un nouveau mouvement social européen initié par les travailleur.e.s de plateformes de livraison de repas chauds telles que Deliveroo, Foodora, Ubereats, Glovo, Stuart. Le bébé pèse tout de même vingt collectifs et syndicats nationaux, tous acteurs de la lutte ! Précoce, son premier cri a été : transparence des données et salaire minimum horaire pour tou.te.s les coursier.e.s[[Ces deux mots d’ordre font partie des nombreuses revendications communes répertoriées dans une charte transnationale pour le secteur, à publier prochainement. Les priorités seront à définir au fur et à mesure !

    La toute nouvelle structure est issue de l’Assemblée générale européenne des livreur.e.s intitulée « Riders4rights » organisée par le réseau AlterSummit [1] les 25 et 26 octobre à Bruxelles. Soixante livreur.e.s, représentants des collectifs nationaux et/ou syndicats issus de treize pays [2] se sont rassemblés sur ces deux journées ainsi qu’une vingtaine de représentants d’organisations syndicales, ayant statut d’observateurs sur la première session.

    Bien qu’atomisés par les plateformes, les collectifs de livreur.e.s ont réussi le tour de force d’unir leurs multiples luttes locales en une lutte à l’échelle européenne. La démarche de l’AlterSummit est simple : puisque les plateformes qui ont créé ces nouvelles formes de sous-emploi et de travail à la demande sont des entreprises multinationales, la seule riposte possible est bien celle d’une mobilisation transnationale. L’assemblée a permis deux moments essentiels : un échange entre les collectifs sur leurs expériences nationales respectives en matière de formes d’organisations, de luttes, et de revendications, suivi d’un passage à une charte de revendications communes. Une première action a eu lieu le 26 octobre en soirée pour fêter la naissance de la FTC : une manifestation à vélo des participants rejoignant la masse critique [3]. La nouvelle née prévoit, pour la suite, une série d’actions nationales simultanées dans plusieurs pays.

    La FTC pose ainsi une pierre importante sur le long chemin de la construction d’un mouvement social européen que Pierre Bourdieu appelait déjà de ses vœux il y a 20 ans [4].

    #Travailleurs_plateformes #Apps #Syndicats #Europe

  • Amazon Is Hiring an Intelligence Analyst to Track ’Labor Organizing Threats’
    https://www.vice.com/en_us/article/qj4aqw/amazon-hiring-intelligence-analyst-to-track-labor-organizing-threats

    Amazon is looking to hire two intelligence analysts to track “labor organizing threats” within the company. The company recently posted two job listings for analysts that can keep an eye on sensitive and confidential topics “including labor organizing threats against the company.” Amazon is looking to hire an “Intelligence Analyst” and a “Sr Intelligence Analyst” for its Global Security Operations’ (GSO) Global Intelligence Program (GIP), the team that’s responsible for physical and (...)

    #Amazon #racisme #recrutement #GigEconomy #lutte #surveillance #syndicat #travail

  • L’ #USI au cours de l’après-Guerre 1949-1970 - Partage Noir
    https://www.partage-noir.fr/l-usi-au-cours-de-l-apres-guerre-1949-1970

    Les antifascistes en exil et surtout ceux qui sont contraints à la relégation s’accordent déjà en 1943 pour reconstruire à la chute du #fascisme un seul #syndicat unitaire ; un tel accord est pris entre les représentants des partis, des mouvements antifascistes et en conséquence aussi par les anarchistes, les­quels renoncent à la reconstruction de l’USI qui organisait avant le fascisme un demi-million de travailleurs.

  • Covid-19 : les Guyanais dénoncent l’incompétence du gouvernement
    https://www.lemediatv.fr/emissions/2020/covid-19-les-guyanais-denoncent-lincompetence-du-gouvernement-bA7fTiebTcm-

    La Guyane, elle aussi, subit de plein fouet la crise sanitaire, économique et sociale engendrée par le Covid-19. Sept mille cas sont officiellement recensés sur une population de 300 000 habitants, mais la Guyane est surtout sinistrée du point de vue de…

    #Coronavirus #Santé #Service_public #Syndicats

  • Sans-papiers : les travailleurs jetables de Frichti
    https://www.lemediatv.fr/emissions/2020/sans-papiers-les-travailleurs-jetables-de-frichti-W1lfAwXDRwqwDfQ-z5KpCg

    Frichti c’est une plateforme de livraison de repas basée à Paris. Elle se présente comme plus “responsable” que d’autres, offrant de produits bio “frais du marché” et affichant une volonté de solidarité envers ses livreurs, “le visage de notre entreprise,…

    #Discriminations #Migrations #Syndicats #Travail

  • Here’s How Professional Union Busters Talk About ‘Woke’ Tech Organizers
    https://onezero.medium.com/heres-how-professional-union-busters-talk-about-woke-tech-organizers

    A law firm webinar advised employers on how to avoid becoming a target of CODE, an organizing initiative in tech and video game industries On July 30, the employment and labor law firm Jackson Lewis put on a one-hour webinar designed to educate employers on a new threat : a wave of union organizing in the video game and technology industries. More specifically, it promised to teach them to defend against it. The webinar, called “Breaking the CODE : Union Organizing in the Video Game and (...)

    #Google #Microsoft #ICE #Amazon #jeu #COVID-19 #GigEconomy #lutte #santé #surveillance #travail (...)

    ##santé ##syndicat

  • Companies Are Using Employee Survey Data to Predict — and Squash — Union Organizing
    https://onezero.medium.com/companies-are-using-employee-survey-data-to-predict-and-squash-union

    Employee survey platforms allow employers to sort groups of employees by the departments, locations, and demographics most likely to unionize In April, Business Insider reported that Whole Foods kept tabs on stores likely to unionize through an interactive heat map based on scores derived from more than two dozen metrics. A June Vox story about Amazon’s workforce describes a similar heat map, with executives keeping tabs on potential unionization “hot spots” via a calculation that relied on (...)

    #algorithme #GigEconomy #lutte #surveillance #travail #syndicat

  • Liberté pour Mahmoud Nawajaa, coordinateur de la campagne BDS en Palestine
    Solidaires, le 6 août 2020

    L’État israélien vient d’arrêter en pleine nuit, les yeux bandés, avec des dizaines de militaires et sans aucun motif d’inculpation, le coordinateur actuel de la campagne BDS (boycott, désinvestissement et sanctions) en Palestine, Mahmoud Nawajaa, 34 ans. Loin d’arrêter le boycott, ce type d’action ne fera que le renforcer...

    La campagne BDS exhorte les individus, associations, syndicats, partis etc. à faire pression sur leurs chancelleries pour qu’elles obtiennent la libération de ce militant pacifiste.

    L’Union syndicale Solidaires a envoyé le courrier suivant au Ministre des affaires étrangères :

    #Palestine #BDS #Mahmoud_Nawajaa #prison #injustice #criminalisation_des_militants #Solidaires #syndicat #France #Affaires_étrangères

  • A la fin de l’année dernière, Solidaires a publié une brochure de près de 300 pages sur la Palestine, une mise à jour significative de l’édition précédente de 2009 qui était épuisée.

    Elle est disponible à l’achat au prix public de 8 euros :

    Revue internationale n°14 Palestine (2019)
    Solidaires, Hiver 2019-2020
    https://www.syllepse.net/palestine-_r_37_i_796.html

    Mais aussi par téléchargement gratuit ici :

    Revue internationale n°14 Palestine (2019)
    Solidaires, Hiver 2019-2020
    https://solidaires.org/Revue-internationale-no14-Palestine-fragments-luttes-et-analyses

    Fichier pdf :
    https://solidaires.org/IMG/pdf/_palestine_sol_inter.pdf

    Revue internationale n°14 Palestine (2019)
    Solidaires, Hiver 2019-2020

    Cette revue donne la parole à des militant·e·s palestinien·ne·s et israélien·ne·s qui témoignent de ce quotidien qui leur est imposé depuis plusieurs décennies. Ces femmes et ces hommes nous parlent aussi de leurs attentes et de leurs combats pour défendre les intérêts des travailleur·euse·s, des étudiant·e·s, de celles et ceux qui ont perdu leur emploi depuis qu’elles-ils n’ont plus le droit d’aller travailler en Israël ou ont été dépossédé·e·s de leurs terres. Ces textes esquissent le portrait de Palestinien·ne·s qui luttent pour rester debout, collectivement et individuellement.

    Nous avons ajouté une partie avec des textes d’analyses qui permettent de mieux cerner la situation sur place, d’avoir de nombreux arguments pour expliquer et raconter la Palestine autour de nous, et de réfléchir collectivement aux meilleures façons de soutenir la lutte de nos camarades.

    Puisse cette nouvelle édition permettre à toutes celles et ceux qui souhaitent en savoir un peu plus ou même s’engager sur la Palestine, d’y trouver les informations, l’envie de partir voir sur place, faire avancer la solidarité internationale et de revenir militer en soutien à l’autodétermination du peuple palestinien.

    Plan :
    Palestine, histoire et géographie
    Qu’est-ce qu’être « Palestinien-ne » ?
    Partis et organisations politiques
    La défense des droits des travailleurs-euses
    Témoignages
    Le devoir de solidarité internationale
    Analyse
    La culture palestinienne

    #Palestine #Solidaires #Histoire #Politique #Syndicats #Travail #Solidarité #Culture

  • Qu’est-ce qu’un syndicat peut faire contre le racisme outre écrire des communiqués ?

    L’ILWU (syndicat de dockers aux USA et au Canada) a décidé de faire grève le 19 juin (date de l’abolition officielle de l’esclavage aux USA) pendant 8 heures :
    https://ilwu.ca/juneteenth-shutdown-june-19-2020

    Les dockers ferment les ports de la côté ouest contre les violences policières
    Révolution Permanente, le 21 juin 2020
    https://www.revolutionpermanente.fr/Etats-Unis-Les-dockers-ferment-les-ports-de-la-cote-ouest-contr

    A propos du ILWU, et contrairement à ce que dit la version française de wikipedia, c’est un syndicat combatif, qui s’est mis en grève entre autre contre la guerre en Irak en 2008, ou contre la guerre à Gaza en 2014...

    The Survival of the ILWU at Stake !
    Jack Heyman, Counterpunch, le 12 février 2020
    https://www.counterpunch.org/2020/02/12/the-survival-of-the-ilwu-at-stake

    #USA #syndicats #ILWU #dockers #grève #racisme #violence_policière #George_Floyd #ACAB #racisme_systémique

  • Paris : Plusieurs dizaines de policiers rassemblés devant la #Maison_de_la_radio

    Plusieurs dizaines de policiers ont manifesté devant la Maison de la radio jeudi 25 juin, entre 23h et minuit, ont constaté des journalistes de franceinfo. Une soixantaine de voitures de fonction et une quinzaine de motos étaient stationnées, gyrophares allumés, devant l’entrée du siège de #Radio_France, avenue du Président Kennedy (16e arrondissement).

    On est bien en train de parler de policiers armés qui montrent les muscles devant un service public d’information ?

    https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/armee-et-securite/paris-une-soixantaine-de-policiers-et-une-quinzaine-de-motards-manifest

    #police #violences_policières

  • “Movements Work”: As Activists Occupy Seattle’s Capitol Hill, City Bans Tear Gas, Expels Police Union | Democracy Now!
    https://www.democracynow.org/2020/6/18/seattle_police

    In Seattle, the fight to demilitarize and defund the police continues as the King County Labor Council voted to expel the Seattle police union Wednesday, following weeks of protest. Seattle police sparked outrage for responding to massive protests against police brutality by using pepper spray, tear gas and flashbangs on demonstrators and reporters. Activists then formed an autonomous zone in response to the police department’s abandonment of a precinct building. On Wednesday, President Trump threatened to send troops into Seattle to dismantle the community-run Capitol Hill Occupied Protest, which extends over several city blocks. Seattle socialist Councilmember Kshama Sawant calls the threat of military intervention “absolutely horrific” and says it “shows that Donald Trump is a coward and movements work.”

    #zone_libérée #zone_autonome #syndicats_policiers #police #USA #Seattle