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  • Les langues peu documentées et le libre : quelques enjeux scientifiques
    https://linuxfr.org/news/les-langues-peu-documentees-et-le-libre-quelques-enjeux-scientifiques

    Comme beaucoup de domaines scientifiques, la documentation de la diversité linguistique entretient une relation forte avec les mondes du Libre. Dans cette dépêche, je vous propose de découvrir ce domaine à travers la présentation de plusieurs logiciels et ressources libres ou en accès ouvert. La documentation des langues étant un thème peu courant sur LinuxFr.org, on commencera par une présentation de cette problématique. Nous continuerons par une description des deux ressources principales existantes pour cataloguer et se repérer au sein de cette diversité linguistique. Je parlerai ensuite d’ELAN et de FLEX, deux logiciels utilisés pour annoter des enregistrements audio-visuels, une étape clef dans l’analyse linguistique, et qui permet le partage et la réutilisation de ces enregistrements. Enfin, (...)

  • James Cleverly, ministre de l’intérieur du Royaume-Uni : « La loi migratoire avec le Rwanda constitue un changement colossal dans notre politique migratoire »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/06/james-cleverly-ministre-de-l-interieur-du-royaume-uni-la-loi-migratoire-avec

    James Cleverly, ministre de l’intérieur du Royaume-Uni : « La loi migratoire avec le Rwanda constitue un changement colossal dans notre politique migratoire »
    TribuneJames Cleverly, Ministre britannique de l’intérieur
    Comme les Français le savent parfaitement, l’immigration est, par définition, une problématique internationale. Nos deux pays ont éprouvé la même tristesse, il y a deux semaines, en apprenant qu’une nouvelle fois des personnes innocentes avaient perdu la vie, dans la nuit de lundi 22 à mardi 23 avril, par la faute de bandes criminelles qui tentent de leur faire traverser la Manche sans égard pour leur sécurité.
    Ces tragédies se déroulent à une telle échelle qu’elles constituent un défi pour le monde entier, et le monde entier doit collaborer pour y faire face. J’ai prononcé, en début d’année, un discours sur le sujet aux Etats-Unis et rencontré les représentants de nombreux pays. Figuraient parmi eux des voisins européens comme la France, qui sont confrontés à des pressions similaires à celles auxquelles fait face le Royaume-Uni, ainsi que des pays qui connaissent une émigration massive, ce qui entraîne d’autres types de difficultés. J’ai également invité des institutions telles que les Nations unies, l’Organisation internationale pour les migrations et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).
    Nous devons renforcer notre collaboration pour détruire les réseaux de trafic d’êtres humains, lutter contre les causes du déplacement forcé, aider les gens à s’épanouir dans leur pays d’origine, favoriser le développement international et le commerce, aider les pays disposés à accueillir plus de réfugiés et examiner la façon dont nous devons mettre à jour l’architecture internationale concernant ces
    Je suis convaincu que toute approche des flux migratoires mondiaux qui ne se fonde pas sur la coopération internationale est vouée à l’échec, car j’ai pu constater qu’une telle coopération fonctionne. L’accord que la Royaume-Uni a conclu avec l’Albanie a fait baisser de manière radicale le nombre d’Albanais arrivant illégalement dans notre pays. J’ai récemment signé un accord avec Frontex, l’Agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes, destiné à favoriser l’échange d’informations et de renseignements afin de démanteler les réseaux de passeurs. Et cela fait des années que nous travaillons de manière toujours plus étroite avec la France sur ces questions et que nous signons constamment de nouveaux et meilleurs traités. L’immigration illégale affecte considérablement nos deux pays, du fait notamment que beaucoup de ceux qui cherchent à entrer illégalement au Royaume-Uni le font en passant par la France, ce qui exerce une pression énorme sur votre pays et vos communautés.
    En avril, nous avons adopté la « loi sur la sûreté du Rwanda », et les opérations de détention rapide des personnes en vue de leur renvoi vers le Rwanda ont été lancées avec succès. Cette politique importante constitue un changement colossal dans la politique migratoire du Royaume-Uni. Cela montre clairement que, si vous êtes au Royaume-Uni clandestinement, vous ne serez pas autorisé à rester, mais cela signifie également que ceux qui sont arrivés illégalement sur le territoire auront désormais un autre endroit où ils pourront vivre et prospérer.
    Ensuite, dans le cadre de notre travail de partenariat avec l’Europe, nous avons d’ores et déjà accompli un excellent travail avec vous, nos amis français, pour démanteler les réseaux et sauver des vies en mer.Les investissements dans les technologies de pointe et la coopération étroite entre polices française et britannique ne portent pas seulement leurs fruits : ils sauvent des vies. Nous avons intensifié nos actions contre le travail illégal et arrêté des passeurs sans scrupule. Cibler ensemble les filières d’acquisition de bateaux et de pièces détachées représente une autre pièce essentielle du puzzle.
    Il s’agit toutefois d’un problème difficile que nous n’avons pas encore résolu. Il est utile de se souvenir de la raison pour laquelle il est aussi important. En réalité, l’argumentation morale contre l’immigration illégale est irréfutable. Nul ne devrait arriver illégalement dans un pays en passant devant des candidats à l’immigration qui respectent les règles. L’immigration illégale est injuste vis-à-vis de la population hôte, car elle exerce une forte pression sur les services publics et les communautés locales. Elle affaiblit notre capacité à aider ceux qui sont véritablement dans le besoin. Et, à terme, elle risque de saper le soutien de la population à l’immigration légale.
    Mais il y a un autre problème que nous devons bien garder à l’esprit. La migration illégale est une entreprise qui peut être mortelle. Des dizaines de milliers de personnes sont mortes en se lançant dans ces dangereux périples. Cela n’a rien d’étonnant, quand on sait qu’ils sont facilités par des bandes criminelles qui traitent les êtres humains comme des marchandises et utilisent les profits de leur méprisable commerce pour financer d’autres activités criminelles. Ils n’ont rien de travailleurs humanitaires.
    Je sais que nos partenaires français travaillent d’arrache-pied sur ce problème et qu’ils sont soumis à une série de pressions – lesquelles sont loin de se limiter aux plages ou à la région Nord. Je suis fier du fait que nous collaborons si étroitement sur un ensemble de questions de police, parmi lesquelles le déploiement de policiers britanniques durant les Jeux olympiques et paralympiques.
    Je veux que vous sachiez combien le gouvernement britannique apprécie votre travail visant à faire cesser les traversées mortelles de la Manche, comme celle à laquelle nous avons une fois de plus assisté il y a deux semaines. Nous vous en remercions. Continuons à travailler ensemble, car c’est, n’en doutons pas, dans l’intérêt de nos deux pays.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#rwanda#loimigratoire#asile#traversee#manche#france#trafic#immigration#migrationirreguliere#sante

  • Rapport sur les écrans et les enfants : les préconisations sont-elles applicables ?
    https://www.la-croix.com/a-vif/rapport-sur-les-ecrans-et-les-enfants-les-preconisations-sont-elles-applic

    Entretien

    Anne Cordier Enseignante-chercheuse en sciences de l’information à l’université de Lorraine

    Anne Cordier, enseignante-chercheuse en sciences de l’information à l’université de Lorraine, interroge la possibilité de mettre en œuvre les mesures du rapport sur l’usage des écrans par les enfants, remis au gouvernement mardi 30 avril. Elle préconise une familiarisation avec les outils de communication plutôt que leur interdiction drastique.

    Recueilli par Juliette Paquier, le 01/05/2024 à 12:11

    La Croix : Que pensez-vous du rapport des experts chargés de travailler sur l’exposition des enfants aux écrans, remis au gouvernement mardi 30 avril ?

    Anne Cordier : Je suis partagée. D’une part, je suis très contente de voir apparaître dans ce rapport la mention de certains éléments comme la nécessité de restreindre l’accès aux « services prédateurs »(les grandes plateformes pensées pour capter l’attention des enfants, NDLR), de revoir les interfaces pour agir sur les notifications, ou le scrolling (faire défiler des publications, NDLR) à l’infini… Mais certains éléments m’inquiètent, notamment le nombre d’interdictions, qui ne reposent pas sur des faits scientifiques avérés.

    Le rapport préconise en effet la mise en place d’interdictions très strictes : aucun écran avant 3 ans, aucun accès à Internet avant 13 ans et pas de réseaux sociaux avant 15 ans. Ces mesures sont-elles applicables selon vous ?

    A. C. : Ces interdictions me semblent difficilement applicables. Je m’interroge d’abord sur la faisabilité juridique et l’atteinte à la liberté qu’elles pourraient engendrer : le droit d’accès à l’information et à Internet est garanti par la loi. Et les mineurs sont des citoyens comme les autres. Nous n’allons pas aller dans les familles pour les sanctionner ou dénoncer ceux qui n’interdisent pas les écrans à leurs enfants.

    Ces recommandations me paraissent par ailleurs socialement absurdes. Les enquêtes de terrain menées en France sur l’accès à l’information des enfants et adolescents montrent le rôle d’Internet et des réseaux sociaux comme moyen prisé des jeunes pour s’informer, mais aussi écouter de la musique, lire… Les interdire pourrait entraver l’accès des mineurs à certaines pratiques sociales et à la culture.

    La mise en place d’une « majorité numérique » pourrait aussi entraîner une invisibilisation des problématiques liées à ces outils de communication. Si l’enfant n’y a pas accès, comment pourrait-il être formé à leur utilisation et faire ses propres expériences de façon sécurisée ? Sans préparation en grandissant, l’exposition aux écrans à l’âge réglementaire pourrait être pire. Ces mesures favorisent en outre les inégalités sociales puisque dans beaucoup de familles, il n’y a pas d’ordinateur mais uniquement le téléphone comme accès à Internet.

    Nous verrons la manière dont les pouvoirs politiques se saisissent de ces recommandations, mais je me demande comment elles pourraient être appliquées. La commande de départ était déjà problématique puisqu’un lien avait été fait entre les émeutes de juin 2023 et les réseaux sociaux, or aucune étude scientifique n’a établi ce lien à ce jour.

    Si interdire n’est ni faisable ni souhaitable, quelle serait la solution ?

    A. C. : La familiarisation et l’éducation aux écrans et au numérique tout au long du parcours de vie de l’enfant puis de l’adolescent sont les clés. L’éducation aux médias existe déjà aujourd’hui, du cycle 2 à la terminale. L’école est précisément le lieu où l’on peut les accompagner.

    Cette éducation aux médias doit s’assortir d’un soutien à la parentalité, mentionnée dans le rapport mais seulement pour les moins de 3 ans. Les parents sont réellement démunis, ils ont des questions et des inquiétudes légitimes. Je pense qu’il faudrait les accompagner tout au long de la croissance de l’enfant.

    #Anne_Cordier #Enfants #Ecrans

  • Belgique : des agents de Frontex bientôt déployés dans les aéroports et à la gare de Bruxelles - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56836/belgique--des-agents-de-frontex-bientot-deployes-dans-les-aeroports-et

    Belgique : des agents de Frontex bientôt déployés dans les aéroports et à la gare de Bruxelles
    Par Maïa Courtois Publié le : 03/05/2024
    Les parlementaires belges viennent de donner leur feu vert au déploiement de l’agence européenne de garde-frontières sur leur sol, après le vote de la loi « Frontex » dans la nuit de jeudi à vendredi. De nombreuses ONG s’inquiètent du flou régnant sur les compétences attribuées aux agents et du risque de violations des droits humains qui en découle. La Chambre des représentants de la Belgique a adopté, dans la nuit du jeudi 2 mai au vendredi 3 mai, la « loi Frontex » qui autorise le déploiement des garde-frontières européens sur son territoire. Cette loi donne le feu vert aux agents de Frontex pour réaliser des contrôles au niveau des aéroports, des ports, de la gare de Bruxelles-Midi et au niveau du terminal Eurostar. Cette dernière zone se situe aux frontières extérieures de l’espace Schengen, puisque l’Eurostar rejoint (entre autres) le Royaume-Uni, qui n’en fait pas partie.
    Portée par la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden, cette loi va aussi permettre aux agents de Frontex d’escorter des éloignements forcés. À savoir, participer au transfert des exilés depuis les centres fermés belges - au sein desquels les conditions de rétention sont régulièrement épinglées - jusqu’au décollage des avions réservés pour les expulsions. De nombreuses ONG s’inquiètent du manque de précisions concernant le pouvoir d’action des agents de Frontex. « Les compétences attribuées au personnel de Frontex sur le territoire et aux frontières de la Belgique sont très floues. Elles n’excluent pas la possibilité pour un agent de Frontex de procéder à des arrestations lors de contrôles dans la rue, dans les transports publics, à la sortie d’un centre d’accueil, par exemple », écrivent 13 organisations, parmi les plus importantes en Belgique en matière de défense des droits des étrangers : Amnesty International Belgique, le Ciré, la Ligue des droits Humains...
    De plus, les agents seront armés, y compris d’armes à feu, dans le cadre de la législation belge. Les ONG s’interrogent : qui sera responsable, dans le cas où des agents de Frontex commettraient des dommages aux personnes ou des violations des droits humains ? « C’est d’autant plus problématique qu’il n’existe pas de véritable mécanisme de plainte concernant les agissements de Frontex. Le risque d’impunité en cas de violations des droits fondamentaux est donc élevé », estiment-elles dans leur communiqué paru le 2 mai.
    Les signataires rappellent le passif de l’agence, régulièrement sous le coup d’enquêtes journalistiques et de critiques d’ONG pour ses pratiques aux frontières. Entre autres, l’agence « a été reconnue responsable de pushbacks, refoulements illégaux d’embarcations de migrants, en mer Égée, en Méditerranée et en Europe de l’Est. Elle collabore avec les garde-côtes libyens, coupables de tortures, de viols, de travail forcé… en leur facilitant l’interception de barques de migrants », citent les associations, avant de conclure : « Les parlementaires ne peuvent ignorer ces faits documentés, qui sont de notoriété publique ».
    Cécile Vanderstappen, chargée de recherche au groupement d’ONG CNCD-11.11.11, interrogée par Le Soir, voit pour sa part dans l’adoption de cette loi une posture politique : « L’intention du déploiement de ce corps permanent, c’est vraiment de criminaliser les personnes, de les faire passer comme un danger, de les faire passer comme un objet d’insécurité et donc de faire croire à l’opinion publique qu’en renforçant l’agence Frontex, on va régler le problème d’insécurité, or ce n’est pas du tout le cas ». Cent agents de Frontex au maximum seront déployés sur le territoire belge, prévoit la loi. Un arrêté royal viendra, tous les deux ans, évaluer et préciser les modalités de ce déploiement, qui peuvent donc être amenées à évoluer dans les années à venir. Le texte a été adopté à la suite d’un avis rendu par le Conseil d’État belge, qui demandait plusieurs garde-fous, en particulier la co-présence d’agents belges lors des interventions de Frontex. La ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden a mis en avant ces quelques garanties dans le projet de loi, afin d’emporter l’adhésion de la majorité des parlementaires - y compris ceux de la gauche francophone.
    L’intervention de Frontex ne pourra donc avoir lieu, en théorie, qu’en présence et sous l’autorité de policiers belges. Mais voilà : « le projet de loi laisse place à l’interprétation », soulève la Coalition Move, formée par plusieurs associations. Un agent de Frontex pourra en effet prendre des « mesures d’urgence », « en attendant » l’arrivée d’un agent belge. Par conséquent, « une privation de liberté pourrait intervenir sans surveillance », s’inquiète Move, qui a publié une analyse détaillée du projet de loi fin avril. Pour rappel, l’agence Frontex, malgré les accusations de violations des droits dont elle fait régulièrement l’objet, est en pleine expansion. À l’horizon 2027, elle sera dotée d’un corps permanent de 10 000 agents, fournis et formés par les différents pays membres de l’Union Européenne, et mobilisables à leurs frontières. L’agence justifie en partie ce renforcement par l’augmentation des entrées irrégulières sur le territoire européen. Elle en décomptait 380 000 en 2023, soit une hausse de 17 % par rapport à 2022. Des statistiques à analyser avec prudence cependant, puisque Frontex enregistre toutes les entrées : une même personne peut donc être comptabilisée plusieurs fois si elle multiplie les tentatives.

    #Covid-19#migrant#migration#belgique#frontex#droit#frontiere#territoire#sante#migrationirreguliere

  • L’étau se resserre autour des exilés ukrainiens en âge de combattre
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/29/l-etau-se-resserre-autour-des-exiles-ukrainiens-en-age-de-combattre_6230650_

    L’étau se resserre autour des exilés ukrainiens en âge de combattre
    Une décision « juste ». C’est ainsi que le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a justifié l’ordre qu’il a donné, mardi 23 avril, de suspendre temporairement toutes les activités consulaires concernant les Ukrainiens en âge de servir dans l’armée. Le pays, qui manque cruellement de soldats pour aller combattre, ne délivrera plus de passeport aux hommes de 18 à 60 ans exilés à l’étranger, sauf exception. Seules les « cartes d’identité pour rentrer en Ukraine » sont maintenues. « Cette décision est purement politique », fulmine Vlodymyr Dovhan, un informaticien rencontré devant le consulat d’Ukraine à Varsovie.
    Arrivé en Pologne avec sa femme et sa fille le 23 février 2022, à la veille de l’invasion russe, cet Ukrainien estime que « ce n’est pas ça qui va faire revenir les Ukrainiens résidant en Pologne. Ma fille parle déjà polonais et se sent très bien ici. Quant à moi, j’[y] ai monté mon autoentreprise. »Les restrictions annoncées, dont les modalités sont encore peu claires, visent à empêcher les Ukrainiens de « se soustraire à l’obligation de résoudre la question de l’enregistrement militaire », selon Kiev. Une façon de faire pression sur les dizaines de milliers d’hommes qui ont fui le pays après l’attaque russe afin de les inciter à revenir et à participer à l’effort de guerre. « Dans le contexte de l’agression à grande échelle de la Russie, la priorité absolue est de protéger notre patrie de la destruction, a justifié Dmytro Kuleba. Voilà à quoi cela ressemble aujourd’hui : un homme en âge de combattre est parti à l’étranger, a montré à son Etat qu’il ne se souciait pas de sa survie, puis il vient et veut recevoir les services de cet Etat. Cela ne marche pas comme ça. Notre pays est en guerre (…) Vivre à l’étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers la patrie. »
    L’interdiction est censée se poursuivre jusqu’à la clarification des dispositions de la loi sur le renforcement de la mobilisation, qui entrera en vigueur le samedi 18 mai. Celle-ci vise à durcir les punitions pour les récalcitrants, et abaisse l’âge de la mobilisation de 27 à 25 ans. La suspension des services consulaires ne s’applique pas aux personnes déjà autorisées à franchir la frontière en vertu de certaines exceptions, comme un handicap ou l’accompagnement d’orphelins.
    Cette mesure suscite une vague d’inquiétude et de colère. En Pologne, des centaines d’Ukrainiens se sont aussitôt pressés devant le consulat. Un incident technique survenu le jour même a ajouté à la panique. « Le ministère ukrainien des affaires étrangères a précisé que les services consulaires seraient à nouveau disponibles à ceux qui auront mis à jour leurs informations militaires, souligne au Monde Oksana Pestrykova, coordinatrice du centre de soutien de La Maison ukrainienne à Varsovie, une ONG venant en aide aux Ukrainiens de la diaspora. Mais les Ukrainiens de Pologne redoutent qu’une fois ces informations transmises, ils reçoivent des documents les obligeant à rejoindre l’armée. »
    La Pologne compte plus de 952 000 réfugiés ukrainiens enregistrés, dont 16 % d’hommes en âge de servir dans l’armée, soit plus de 152 600, selon les chiffres des Nations unies pour les réfugiés. Oksana Pestrykova ne se dit pas surprise par la suspension des services consulaires, car « l’Ukraine est en guerre et l’opinion publique ne voit pas d’un bon œil les hommes en âge de se battre qui se trouvent à l’étranger ». La majorité des Ukrainiens vivant en Pologne sont encore domiciliés en Ukraine. Or « la conscription est un devoir, et tout citoyen qui ne se présente pas à une convocation dans les temps enfreint la loi, ajoute-t-elle. Ce qui est problématique, en revanche, c’est que les Ukrainiens qui se trouvaient en Pologne avant 2022, qui travaillent légalement et ont une famille dans le pays, soient perçus comme des personnes qui violent la loi ».(...) La Pologne et la Lituanie se sont déclarées prêtes à aider Kiev à faire revenir les hommes expatriés en âge de combattre. « Cela ne m’étonne nullement que les autorités ukrainiennes fassent tout pour envoyer des soldats sur le front », a déclaré le ministre polonais de la défense, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz. Interrogé pour savoir si son pays répondrait positivement à une éventuelle demande de Kiev de renvoyer ces hommes mobilisables en Ukraine, il a répondu que « tout [était] possible ». La Lituanie est disposée à suivre les pas de la Pologne. « L’Ukraine manque cruellement de réserves mobilisables (…). Ce n’est pas juste pour les citoyens qui se battent pour leur pays », a indiqué le ministre de la défense, Laurynas Kasciunas.
    En Allemagne, refuge privilégié des Ukrainiens en Europe, les exilés s’attendaient depuis longtemps à une telle mesure. Quelque 1,1 million d’entre eux vivent actuellement dans le pays, dont la plupart sont arrivés après l’invasion russe, selon les chiffres d’avril de l’Office allemand des statistiques.
    (...)« Il ne faut pas que nos compatriotes s’inquiètent », tente de rassurer une source diplomatique ukrainienne, consciente que le sujet est « sensible ». « Nos consuls attendent des clarifications concernant les dispositions de la loi. On voit que c’est la panique sur les réseaux sociaux, mais la protection des droits des Ukrainiens reste la priorité pour nos consuls. » Après l’entrée en vigueur de la loi sur la mobilisation, en mai, « le processus d’acceptation et d’examen des demandes d’actions consulaires se poursuivra en tenant compte des nouvelles exigences découlant des dispositions de la loi », a indiqué le ministère ukrainien des affaires étrangères, sans autre précision. Et sans parvenir à rassurer les intéressés, qui voient l’étau se resserrer sur eux.

    #Covid-19#migrant#migration#ukraine#allemagne#pologne#lituanie#refugie#conscription#sante#guerre

  • Avec le #Liban, l’UE compte de nouveau sur un #pays_tiers pour contrôler les migrations

    Un nouvel #accord a été conclu entre l’Union européenne et le Liban cette semaine, à hauteur d’un milliard d’euros. Ce dernier vise, sous couvert d’aider à maintenir la sécurité et la stabilité du pays, à freiner les départs d’exilés syriens en direction de l’Europe.

    La tournée continue. L’Union européenne vient de signer un nouveau « deal », cette fois avec le Liban, pour qu’un pays tiers gère le contrôle de ses frontières. Après l’Égypte et la Tunisie, c’est désormais à un Liban en crise de tenter de maîtriser les départs des exilés présents sur son sol, qui pourraient aspirer à rejoindre l’Europe pour une vie meilleure.

    Cette aide d’un milliard d’euros, annoncée à l’occasion d’une visite de la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen et du président chypriote Níkos Christodoulídis à Beyrouth le 2 mai, devrait s’étaler jusqu’en 2027 et « permettra de soutenir la population au Liban et de contribuer à sa sécurité et sa stabilité », a argué Ursula von der Leyen.

    Entre les lignes, le spectre migratoire n’est jamais bien loin : cette enveloppe doit certes permettre de soutenir « les plus vulnérables », à l’heure où le Liban traverse une crise socio-économique majeure, mais aussi et surtout « les réfugiés, les personnes déplacées à l’intérieur du pays et les communautés d’accueil », tout en renforçant le soutien aux forces armées libanaises « dans la lutte contre la #traite et le #trafic_d’êtres_humains ».

    Autrement dit les #passeurs, qui permettent aux Syriennes et Syriens de faire la traversée vers l’île de Chypre, où le nombre d’arrivées par la mer a bondi ces dernières années ; et où, tout récemment, le gouvernement a annoncé vouloir suspendre les demandes d’asile pour les Syrien·nes sur l’île, en violation du droit international et en particulier de la Convention de Genève relative aux réfugiés.

    C’était d’ailleurs l’objet d’une première rencontre entre le président chypriote et le premier ministre libanais, Najib Mikati, organisée le 8 avril dernier à Beyrouth. Le premier ministre libanais avait alors assuré que « l’armée et les forces de sécurité libanaises faisaient de leur mieux pour mettre fin à l’immigration illégale ».

    L’entrevue avait abouti sur l’idée d’une coopération entre les deux pays, avec une « aide substantielle de la commission européenne », comme l’avait souligné le porte-parole du gouvernement chypriote à l’issue de la rencontre.

    Des contours flous

    Plus surprenant, le Conseil européen a également « réaffirmé la nécessité de créer les conditions d’un #retour_sûr, volontaire et digne des réfugiés syriens, telles que définies par le Haut-Commissariat aux réfugiés », peut-on lire dans un communiqué de la commission européenne en date du 2 mai.

    La #Syrie n’est pourtant pas considérée comme un #pays_sûr, comme le font remarquer différents observateurs : en septembre 2021, l’ONG Amnesty International avait même pointé dans un rapport les nombreuses violences – torture, viols, détention arbitraire – dont les réfugiés de retour en Syrie peuvent faire l’objet.

    Dans tous les cas, soulève Wadih Al-Asmar, président du réseau EuroMed Droits, « 250 millions d’euros sont prévus pour l’#armée_libanaise, qui participe à renvoyer des Syriens chez eux malgré les dangers qu’ils encourent en Syrie ». L’argent européen va donc « permettre des violations des droits de l’homme », regrette-t-il, expliquant que plusieurs cas ont déjà été documentés par ses équipes dernièrement.

    L’homme s’interroge par ailleurs sur cette enveloppe financière tombée de nulle part : fait-elle partie des fonds alloués par l’UE au Liban de façon régulière depuis 2011 ? S’agit-il d’une somme allouée de façon exceptionnelle ?

    Il souligne les « contours très flous » de cet accord, conclu avec le premier ministre libanais alors que celui-ci n’a pas l’habilitation de signer des accords internationaux, pour lequel aucun texte n’a encore visiblement été rédigé. « Aucun texte n’a été présenté au parlement libanais ou au parlement européen. C’est avant tout un grand effet d’annonce », estime celui qui est aussi président du centre libanais des droits humains à Beyrouth.

    Un coup de com’ « très problématique sur le plan des #droits_humains » : il pourrait provoquer une « pression supplémentaire sur les réfugiés syriens » présents au Liban, et participe au narratif faisant des Syriens les responsables de tous les maux que peut connaître le pays. « Il y a pourtant une classe politique corrompue qui a volé l’argent des Libanais, mais au lieu de poursuivre en justice les responsables de tout ça, on met tout sur le dos des réfugiés syriens », déplore Wadih Al-Asmar.

    Dans l’esprit du pacte migratoire européen

    L’effet d’annonce derrière ce nouvel accord vise aussi à conforter Chypre dans ses prises de position plus ou moins explicites contre les réfugiés syriens qui tentent de rejoindre l’île par la mer.

    Depuis quelques mois, Chypre « viole le droit européen » en refusant le débarquement de ces réfugiés. « Ursula von der Leyen donne donc une couverture politique au président chypriote en concluant cet accord », estime Wadih Al-Asmar.

    L’eurodéputé Damien Carême abonde : « On a l’impression que c’est pour calmer Chypre, qui ne veut plus accueillir de réfugiés syriens et va jusqu’à les refouler. On note d’ailleurs le mutisme de la Commission européenne sur ces agissements. »

    Ce nouvel accord s’inscrit, relève l’eurodéputé, dans la droite ligne du pacte migratoire européen, adopté le 10 avril dernier par le Parlement européen. « Il s’agit d’externaliser la gestion des frontières et de renvoyer le plus de personnes possible », explicite l’écologiste, qui a très vite marqué son désaccord avec ce pacte.

    Après la Mauritanie, la Tunisie, l’Égypte ou encore la Libye, « l’UE s’enferme dans des solutions qui ont déjà montré toute leur inefficacité ». Signer des accords avec des pays tiers dits « sûrs » est désormais devenu une « obsession », tacle l’eurodéputé, qui prend soin de relativiser la notion de pays « sûr ».

    « On ne sait pas bien ce qu’il y a derrière cette notion, puisque la Tunisie est par exemple considérée comme un pays sûr, et la Libye aussi, malgré tout ce qu’il s’y passe. » Impossible de ne pas relever les incohérences s’agissant du cas précis de la Syrie, où la commission européenne encourage le retour volontaire des réfugiés syriens, tout en considérant que le pays n’est pas « sûr ». « C’est dramatique et très inquiétant », alerte celui qui pointe là un « cynisme maximal ».

    Massivement présents sur le territoire libanais (un million et demi de réfugiés, soit près de 30 % de la population), mais victimes de discours populistes allant jusqu’à la théorie raciste du « grand remplacement », rejetés par Chypre et soumise à des marchandages financiers orchestrés par l’UE, prête à débourser un milliard d’euros pour ne pas les voir débarquer sur son sol… voilà le « marché de dupes » auxquels sont soumis les réfugiés syriens, dénonce Wadih Al-Asmar, qui résume la visite d’Ursula von der Leyen à un « échec ».

    Cette dernière veut « transformer le Liban en poste frontière avancé de l’UE », comme d’autres pays par le passé. Mais selon lui, le nombre de traversées par la mer vers Chypre ne baissera pas, et le business des passeurs, que l’accord UE-Liban est censé mettre à mal, continuera de fleurir de son côté, avec l’assentiment de la population libanaise, « contente de voir qu’ils font partir les réfugiés syriens ».

    Au final, conclut-il, « l’UE ne fait pas baisser la pression sur les réfugiés syriens, n’apporte pas de garanties réelles pour améliorer leur condition au Liban, et offre une image dégradée de l’Europe qui ne cherche qu’à contenir les migrations dans un pays tiers ».

    https://www.mediapart.fr/journal/international/030524/avec-le-liban-l-ue-compte-de-nouveau-sur-un-pays-tiers-pour-controler-les-

    #externalisation #migrations #réfugiés #frontières #contrôles_frontaliers #aide_financières #réfugiés_syriens #renvois #expulsions #retour_volontaire #retour_digne #pays-tiers_sûrs

    ping @_kg_

    • EU unveils €1-billion aid package for Lebanon in bid to curb refugee flows

      The European Union will provide €1 billion in financial aid to Lebanon over three years to prop up the country’s economy and help prevent a surge in refugees leaving for Europe.

      European Commission President Ursula von der Leyen announced the move on Thursday morning following a meeting with Lebanese caretaker Prime Minister Najib Mikati and Cypriot President Nikos Christodoulides in Lebanon’s capital, Beirut.

      The financial envelope, made up entirely of grants and to be dispersed by 2027, will help Lebanon strengthen basic services such as education, social protection and health, and spur economic reforms in the crisis-stricken country, von der Leyen said.

      But some three quarters of the cash - a total of €736 million - will be specifically dedicated to helping Lebanon grapple with the challenges it faces in welcoming Syrian refugees.

      “We understand the challenges that Lebanon faces with hosting Syrian refugees and other displaced persons. It is vital to ensure the well-being of host communities and Syrian refugees,” von der Leyen said.

      The Commission chief also vowed to “look at how to make the EU’s assistance more effective,” including facilitating a “more structured approach to voluntary returns” of displaced Syrians in cooperation with the UN refugee agency (UNHCR).

      It comes after EU leaders backed deeper engagement with Beirut last month to help safeguard it from the repercussions of the conflict in the Middle East, and after Cyprus raised the alarm over a sharp peak in the number of Syrian refugees arriving from Lebanon.

      It also follows a string of agreements signed over the last year between Brussels and African countries in a bid to stem migration into Europe.

      A deepening economic crisis and fragile government make Lebanon particularly vulnerable to the instability gripping the region in the wake of the Israel-Hamas war.

      The country is home to some 210,000 Palestinian and 1.5 million Syrian refugees, prompting fears regional instability could unleash a wave of migrants towards Europe via the island of Cyprus.
      Cash to stem refugee flows

      In early April, Cyprus announced it would temporarily halt the processing of asylum applications due to a surge in arrivals of Syrian refugees transiting through Lebanon and attempting to reach the island, which lies just 260 km off the Lebanese coast in the Mediterranean Sea.

      Over 1,000 people arrived in Cyprus by boats from Lebanon during the first two weeks of April, leaving refugee and reception centres on the island overloaded.

      “The problems seen on the Cypriot border is only one example of what could happen if this problem is not addressed,” Lebanese caretaker Prime Minister Najib Mikati acknowledged on Thursday, thanking Cyprus’ President Christodoulides for brokering the agreement.

      Hailing the announcement as “historic”, Christodoulides said that the financial envelope would address a situation that is “not sustainable” for either Lebanon, Cyprus or the European Union.

      “While we commend the Lebanese government for hosting a large number of Syrian refugees for more than 12 years, we are also fully cognisant of the enormous pressure that this creates to your economy and to your society,” Christodoulides said.

      He backed von der Leyen’s proposal of intensifying work with partners such as UNHCR on voluntary returns, where refugees who want to return to their home countries - even if the UN agency considers it unsafe for them - are supported to do so.

      Christodoulides also went further by calling for the status of some regions of Syria to be “re-examined” as safe areas to facilitate the return of migrants and refugees, a proposal he tabled at last month’s summit meeting of EU leaders.

      Syria, which has been under the authoritarian regime of Bashar al-Assad for more than two decades, has been designated an unsafe country since the civil war erupted in 2011. But refugee host countries such as Turkey and Lebanon have been pushing for the mass return of Syrian refugees to the country.

      A European Commission spokesperson confirmed that the EU has followed the lead of the UNHCR in their approach to safe zones in Syria, and that Brussels is “embarking now on discussions to see how to approach this issue in the upcoming period.”

      Von der Leyen also floated a working arrangement between Lebanon and the EU’s border agency, Frontex, “particularly on information exchange and situational awareness.” The agency currently has such arrangements in place with 19 partner countries.
      Security of Lebanon ’at stake’

      Both Christodoulides and von der Leyen also acknowledged the threat posed by the war between Israel and Hamas to Lebanon’s security.

      The Iranian-backed militant group Hezbollah is present in the country and has continuously exchanged fire across Lebanon’s southern border with Israel since the outbreak of the war last October.

      Hezbollah also took part in Tehran’s unprecedented aerial attack on Israel last month.

      “We are deeply concerned about the volatile situation in South Lebanon. What is at stake is the security of both Lebanon and Israel. The two cannot be disassociated,” von der Leyen said.

      Von der Leyen asked for a UN resolution calling on Israel to withdraw its troops from the Blue Line, the border demarcation between Lebanon and Israel, to be respected.

      https://www.euronews.com/my-europe/2024/05/02/eu-unveils-1-billion-aid-package-for-lebanon-in-bid-to-curb-refugee-flows

    • #Abou_Nader: Lebanese people reject European aid as a bribe to contain refugees

      #Fouad_Abou_Nader announced that Lebanese people have significant doubts regarding the EU’s financial package for Lebanon, estimated at a value of one billion euros over four years.

      He said: “If it is a veiled bribe intended to task the government with containing Syrian refugees and keeping them in Lebanon, then this assistance is to be returned to the givers with thanks.”

      He added: “The assistance that Lebanon was expecting from Europe is the regular repatriation of refugees to their country by giving them direct incentives in Syria. They can start by repatriating about 200,000 refugees who freely move between Lebanon and their country and have participated in the recent elections, which means there are no problems between them and the regime.”

      He asked: “Lebanese people were promised the transfer of Syrian prisoners to their country to complete their sentences there, so where is this promise now?”

      https://www.lbcgroup.tv/news/lebanon-news/770041/abou-nader-lebanese-people-reject-european-aid-as-a-bribe-to-contain-r/en

      #refus

  • La peur, partout...
    https://www.dedefensa.org/article/la-peur-partout

    La peur, partout...

    26 avril 2024 (17H10) – C’est un argument bien connu et pratiqué d’avance, pour ouvrir toute conversation complotiste et antiSystème, que les élitesSystème utilisent la peur (peur de la maladie, “peur de l’Autre”, peur de la guerre, “peur de Poutine” [cette dernière avec mention spéciale du jury pour récompenser les esprits anémié]) pour faire régner l’ordre dans les rangs des joyeuses masses démocratiques et libérales. Ce n’est donc pas sans une certaine jubilation discrète que je constate qu’on peut aussi bien constater, – constat pour constat, – que la peur règne également dans les rangs des susdites-élites, c’est-à-dire entre elles, – lorsqu’elles se trouvent confrontés à l’une ou l’autre délicate et pressante problématique, encombrée d’embarrassants cadavres, où il faudrait qu’elles (...)

  • Codeberg, la forge en devenir pour les projets libres ?
    https://linuxfr.org/news/codeberg-la-forge-en-devenir-pour-les-projets-libres

    Face aux risques que fait peser GitHub sur le monde des logiciels libres suite à son rachat par Microsoft en 2018, une alternative semble avoir percé. Cette dépêche propose un tour d’horizon des problèmes posés par GitHub et expose comment Codeberg pourrait y répondre.

    Sommaire

    Les points forts de Codeberg La problématique du tout GitHub Des alternatives possibles

    Pour vous faire venir sur Codeberg Premières impressions Fonctionnalités avancées

    Projets ayant migré ou ayant un miroir sur Codeberg Comment migrer vers Codeberg ? Conclusion

    Sources / Liens Controverse GitHub Forges diverses Codeberg

    Les points forts de Codeberg

    L’association Codeberg e.V. 1 et son projet Codeberg.org ont été fondés en janvier 2019, suite au rachat par Microsoft de GitHub. En plus d’un statut associatif à but non (...)

  • Guerre Israël-Hamas : ce rapport sur l’Unrwa de Catherine Colonna ne va pas du tout dans le même sens que Tel Aviv
    https://www.huffingtonpost.fr/international/article/guerre-israel-hamas-ce-rapport-sur-l-unrwa-de-catherine-colonna-ne-va

    Le rapport note également que l’Unrwa a mis en place un fonctionnement « robuste » pour assurer sa neutralité, même si des problèmes demeurent dans ce domaine. Il s’agit « de cas d’employés du personnel exprimant publiquement leurs opinions politiques, de livres scolaires au contenu problématique venant du pays hôte et utilisés dans certaines écoles de l’UNRWA, de syndicalistes politisés proférant des menaces contre l’encadrement de l’UNRWA et perturbant des opérations » humanitaires, selon le groupe indépendant.

    Le rapport Colonna souligne par ailleurs que l’Unrwa reste « un acteur central dans la fourniture d’une aide humanitaire vitale et de services sociaux essentiels » et qu’elle est ainsi « irremplaçable et indispensable au développement humain et économique des Palestiniens ».

    Il est également précisé que l’Unrwa « possède une approche de neutralité plus développée que d’autres entités similaires des Nations unies ou des ONG ».

  • TikTok Lite, la version de l’application qui rémunère ses spectateurs, dans le viseur de l’UE et de la France – Libération
    https://www.liberation.fr/economie/economie-numerique/tiktok-lite-la-version-de-lapplication-qui-remunere-ses-spectateurs-dans-le-viseur-de-lue-et-de-la-france-20240418_EYYC2SFT75ADLEWM6NPE2QATEE/?redirected=1
    https://www.liberation.fr/resizer/nL0rbM7qT88kC5mr4quTPEWWj0o=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(3712x1370:3722x1380)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/RQESD7XPNNCRLLA2VKTML5FS2I.jpg

    Cette demande formelle intervient dans le cadre de la nouvelle législation européenne sur les services numériques (DSA) et concerne « l’impact potentiel du nouveau programme de “récompenses” sur la protection des mineurs et la santé mentale des utilisateurs », notamment « la stimulation potentielle du comportement addictif », a précisé la Commission.

    Discrètement lancé fin mars, TikTok Lite, propriété de l’entreprise chinoise ByteDance, récompense les utilisateurs avec des jetons s’ils se connectent quotidiennement s’ils passent du temps à regarder des vidéos (avec une limite de 60 à 85 min par jour) et s’ils font certaines actions, comme aimer des vidéos ou suivre des créateurs de contenus. Ces pièces sont ensuite échangeables contre des cartes-cadeaux sur des sites partenaires, comme Amazon. Ce principe de « gamification », qui s’appuie sur les mécaniques du jeu, « est un phénomène de création de dépendance connu et problématique », remarque auprès de l’AFP Anne Cordier, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine.

    Le réseau social a rappelé à plusieurs reprises que seules les personnes âgées de 18 ans ou plus pouvaient collecter des points et qu’il appliquait des procédures pour s’assurer de l’âge des utilisateurs. Un selfie avec une pièce d’identité, un selfie vidéo ou une autorisation de carte bancaire est ainsi nécessaire pour convertir les pièces en bons d’achat.

    Mais l’entreprise peine à convaincre. « C’est le top de l’hypocrisie », déplore Anne Cordier. « Ils savent pertinemment que le contournement sera possible ». « L’âge est très compliqué à vérifier. On peut toujours prendre la carte bancaire de ses parents », abonde Maria Mercanti-Guérin, maître de conférences en marketing digital à l’Institut d’administration des entreprises de Paris

    #TikTok #Anne_Cordier #Economie_attention

  • TikTok Lite : l’application qui rémunère ses utilisateurs est dans le viseur de la Commission européenne - RTBF Actus
    https://www.rtbf.be/article/tiktok-lite-lapplication-qui-remunere-ses-utilisateurs-est-dans-le-viseur-de-la

    La nouvelle application TikTok Lite qui rémunère ses utilisateurs est déjà dans le collimateur de la Commission européenne. Particulièrement préoccupée pour la santé des mineurs, elle a donné mardi 24 heures au réseau social pour lui fournir une évaluation des risques d’addiction notamment.

    Disponible au Japon et en Corée du Sud depuis plusieurs mois, l’application est disponible depuis une dizaine de jours en France et en Espagne. Déjà très populaire, elle monnaye le temps d’écran et l’implication de ses utilisateurs contre des bons d’achat sur des sites partenaires que les plus généreux d’entre eux pourront offrir à leurs influenceurs préférés. ByteDance, son propriétaire chinois, a été sommé mardi par la Commission européenne de lui fournir sous 24 heures “des détails sur l’évaluation des risques que la plateforme aurait dû effectuer avant le déploiement de la nouvelle application TikTok Lite dans l’UE”.
    Le système de récompense, une vraie drogue

    C’est un phénomène de création de dépendance connu et problématique"

    Avant de pouvoir dépenser ses gains en ligne, il faut cumuler un certain nombre de pièces qui sont ensuite converties en bons d’achat. Comme dans un jeu. C’est ce qu’on appelle la ludification, autrement dit "l’utilisation d’éléments de conception de jeux dans des contextes non ludiques" dont le but est "d’augmenter l’engagement dans une activité en utilisant les caractéristiques du jeu, en procurant du plaisir et de l’amusement". Et selon Anne Cordier, professeure en science de l’information et de la communication à l’université de Lorraine, "c’est un phénomène de création de dépendance connu et problématique", constate-t-elle auprès de l’AFP. D’ailleurs, TikTok Lite fonctionne comme de nombreux jeux en stimulant le fameux circuit de la récompense.
    Les jeunes, plus exposés à l’addiction

    Chaque fois qu’un joueur gagne une pièce, son cerveau libère des neurotransmetteurs, et principalement de la dopamine qui procure une sensation de plaisir et de satisfaction. Il associe donc jeu et plaisir, ce qui le pousse à jouer davantage. Et plus il joue, plus il risque d’être désensibilisé aux récompenses. Pour ressentir le même effet, il lui faudra donc des niveaux de stimulations plus élevés, donc ici, scroller plus. Dans certains cas, cela peut même entraîner une désensibilisation à d’autres plaisirs de la vie quotidienne. Donc les expériences vécues renforcent particulièrement certains circuits, comme celui de la récompense… Et les jeunes y sont particulièrement sensibles puisque leurs cerveaux sont plus malléables que ceux des adultes.
    Interdit aux moins de dix-huit ans… en théorie

    En théorie, la plateforme contrôle l’âge de ses utilisateurs et seules les personnes majeures y ont accès. Pour convertir ses pièces en bons cadeaux, il est nécessaire de fournir un selfie avec une pièce d’identité, un selfie vidéo ou une transaction bancaire. "C’est le top de l’hypocrisie", déplore Anne Cordier qui n’est pas la seule à penser que ce système est facilement contournable. C’est d’ailleurs ce qu’il se passe sur Youtube où 23% des 8 à 12 ans décident d’apparaître comme ayant 18 ans.
    TikTok déjà dans le viseur

    S’il ne s’agit ici que d’une prise de contact, l’application mère, TikTok, est sous le coup d’une procédure formelle de la Commission européenne pour potentiels manquements au Digital Service Act. Le DSA est un règlement européen qui, depuis août 2023, impose aux plateformes en ligne de nouvelles obligations pour protéger l’internaute du contenu illégal, de la désinformation et des abus, notamment vis-à-vis des mineurs d’âge. TikTok aurait manqué à ses devoirs dans des domaines liés à "la protection des mineurs, à la transparence de la publicité, à l’accès aux données pour les chercheurs, ainsi qu’à la gestion des risques liés à la conception addictive et aux contenus préjudiciables". Aujourd’hui, la question de la protection des mineurs et la conception addictive inquiète à nouveau les autorités européennes, avec TikTok Lite cette fois.

    #TikTok #Anne_Cordier #Economie_attention

  • TikTok Lite, avec son mécanisme de récompense, inquiète Bruxelles et Paris | TV5MONDE - Informations
    https://information.tv5monde.com/economie/tiktok-lite-avec-son-mecanisme-de-recompense-inquiete-bruxelle

    Des pièces virtuelles, convertibles en carte-cadeau, contre du temps passé devant des vidéos : c’est le principe de la nouvelle application TikTok Lite, soupçonnée de stimuler les comportements de dépendance notamment chez les jeunes, désormais dans le viseur de Bruxelles et Paris.

    La Commission européenne a réclamé mercredi à TikTok de lui fournir sous 24 heures des explications sur les risques liés au déploiement de sa nouvelle appli en France et en Espagne.

    Cette demande formelle intervient dans le cadre de la nouvelle législation européenne sur les services numériques (DSA) et concerne « l’impact potentiel du nouveau programme de +récompenses+ sur la protection des mineurs et la santé mentale des utilisateurs », notamment « la stimulation potentielle du comportement addictif », a précisé la Commission.

    Lancée sans tambour ni trompette fin mars, TikTok Lite, propriété de l’entreprise chinoise ByteDance, récompense les utilisateurs avec des jetons s’ils se connectent quotidiennement pendant dix jours, s’ils passent du temps à regarder des vidéos (avec une limite de 60 à 85 min par jour) et s’ils font certaines actions, comme aimer des vidéos et suivre des créateurs de contenus.

    Ces pièces sont ensuite échangeables contre des cartes-cadeaux sur des sites partenaires, comme Amazon.

    Ce principe de « gamification », qui s’appuie sur les mécaniques du jeu, « est un phénomène de création de dépendance connu et problématique », remarque auprès de l’AFP Anne Cordier, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine, dans l’est de la France.

    Le réseau social a rappelé à plusieurs reprises que seules les personnes âgées de 18 ans ou plus pouvaient collecter des points et qu’il appliquait des procédures pour s’assurer de l’âge des utilisateurs.

    Un selfie avec une pièce d’identité, un selfie vidéo ou une autorisation de carte bancaire est ainsi nécessaire pour convertir les pièces en bons d’achat, a indiqué TikTok à l’AFP.
    « Hypocrisie »

    Mais l’entreprise peine à convaincre.

    « C’est le top de l’hypocrisie », pour Anne Cordier. « Ils savent pertinemment que le contournement sera possible ».

    « L’âge est très compliqué à vérifier. On peut toujours prendre la carte bancaire de ses parents », abonde Maria Mercanti-Guérin, maître de conférence en marketing digital à l’Institut d’administration des entreprises de Paris.

    La secrétaire d’Etat française chargée du Numérique, Marina Ferrari, a estimé mercredi que la demande d’information de la Commission européenne « allait dans le bon sens ». Elle avait fait part de « son inquiétude » dès le lancement de TikTok Lite.

    Ses services étudient « avec la plus grande attention les mécanismes de l’interface » qualifiés « de dérive contestable » au moment où la France a entamé « une réflexion sur le +temps d’écran+ », en particulier chez les jeunes utilisateurs, a-t-elle déclaré.

    Avec ses clips vidéo souvent dansants ou musicaux, TikTok, qui a séduit plus de 1,5 milliard d’utilisateurs dans le monde, est accusé depuis plusieurs années aux Etats-Unis et en Europe d’accaparer l’attention des jeunes.

    Le réseau social, qui a assuré à l’AFP être en contact direct avec Bruxelles au sujet de TikTok Lite et avoir l’intention de fournir une réponse, était déjà sous le coup d’une enquête de la Commission, ouverte en février, pour manquements présumés en matière de protection des mineurs dans le cadre du DSA.

    De quoi interroger le calendrier de ce lancement, qui apparaît presque comme une « provocation », pour Maria Mercanti-Guérin.

    – Engagement -

    TikTok cherche surtout à attirer de nouvelles personnes et lutter contre la stagnation de la croissance des utilisateurs en Europe, selon le média américain The Information, qui a eu accès à un document interne à l’entreprise.

    En Europe, l’application n’est présente que sur 13% des appareils Android, contre 37% pour Instagram et 59% pour Facebook, selon la même source.

    « Un réseau social qui ne croît pas meurt », résume Maria Mercanti-Guérin.

    A travers les récompenses, il s’agit aussi d’améliorer l’engagement des utilisateurs, nerf de la guerre dans ce type d’industrie.

    C’est « leur crédibilité publicitaire qui est en jeu, parce que les marques n’investissent pas sur des réseaux qui ont des faibles taux d’engagement », souligne Mme Mercanti-Guérin.

    « TikTok Lite va augmenter de façon presque artificielle cet engagement », note-t-elle, précisant que le réseau social réalise déjà de bonnes performances dans ce domaine.

    Or le taux d’engagement baisse tendanciellement pour les réseaux sociaux, selon la spécialiste. Très fort au début, il finit par stagner.

    #dealers #Econimie_attention #Tabac

  • Marchandise éternelle

    L’actualité récente de la lutte contre les PFAS ressemble étrangement au mouvement des agriculteurs du début d’année 2024. D’un côté, la santé des gens malmenée face à la dissémination de produits chimiques dans les corps vivants. De l’autre, la défense des activités économiques, dont l’immense et précieuse productivité dépend de l’utilisation de ces produits. Défense qui conduit à relativiser la pollution, et à demander toujours plus d’études et de « preuves » que ces produits chimiques sont effectivement nocifs - preuves qui n’auront pas, on le sait bien, comme conséquence l’interdiction des dits produits, mais qui y contribueront... un jour.

    De façon spectaculaire, afin de sauvegarder leur activité économique menacée par un projet de loi contre les PFAS, des salariés -auxquels leur patron avait offert un jour de congé- se sont rendus à la capitale pour manifester contre ce projet de loi. On ne saurait toutefois ramener une telle manifestation au pouvoir des dirigeants de cette entreprise. C’est en toute bonne foi que des agents économiques défendent leur gagne-pain, avant toute autre chose. Et quand ils demandent des "solutions", ils ne demandent pas des solutions techniques (pour se passer d’un produit chimique problématique), mais des solutions économiques. Et immédiates.

    Comme dans l’agriculture, face à la pollution, la question n’est pas de savoir s’il est techniquement possible ou non de "moins polluer", toute chose égale par ailleurs. On le sait bien : dans l’absolu, l’humanité peut vivre sans PFAS, sans pesticides.

    Mais dans une société marchande, ce n’est pas possible. Ne pas utiliser ces produits chimiques, c’est ne pas pouvoir produire industriellement les marchandises dont la norme de productivité impose, pour le marché mondial, de les utiliser. Ne pas utiliser d’insecticides c’est, pour un agriculteur, ne pas produire. Ne pas utiliser de PFAS, c’est ne pas pouvoir produire. Ne pas vendre, ne serait-ce que sur une courte période de temps, c’est arrêter de produire, donc détruire les précieux emplois rémunérés (car des besoins non rémunérables et non répondus, il y en a pléthore).

    Le quiproquo est donc permanent et la confusion totale, puisque d’un côté, on fait semblant de débattre pour savoir si un produit chimique est "essentiel" pour tel ou tel usage. Alors qu’en réalité, seul le critère de rentabilité, au principe de toute activité économique, compte véritablement. Quand le député Nicolas Thierry arrive avec sa proposition de restriction des PFAS, il a en amont vérifié, non pas qu’il existe une "alternative" aux PFAS, mais que le tissu industriel a déjà réussi à s’en passer, en restant compétitif sur le marché.

    Autrement dit, la possibilité d’une loi de restriction des polluants ne vient qu’en deuxième, une fois que l’appareil industriel a déjà pu mettre en place une alternative rentable. La manifestation des salariés de l’entreprise SEB utilisant des fluoropolymères, aboutissant à retirer du périmètre d’interdiction l’activité de leur entreprise, n’est qu’une confirmation de cette loi sociale fondamentale des sociétés marchandes mondialisées : aucune norme sociale ne sera plus forte que celle émanent du champ économique.

    Les débats politiques, les "responsables" politiques, n’ont pas d’influence sur cette loi et il est problématique de prétendre le contraire : on ne fait que reculer la prise en compte du blocage profondément marchand qui empêche d’agir efficacement contre les pollutions. Ce que l’on demande à un "responsable" politique c’est avant tout de respecter cette loi et toute tentative de sortir du cadre donnera lieu à une réponse rapide et sans ambiguïté du champ économique. Et ce ne sont pas toujours les grandes figures capitalistes que sont les patrons qui se donnent la peine de s’exprimer quand une ligne rouge est franchie (par une simple tribune dans un journal économique il est possible de décourager un ministre de mener une politique contre des intérêts économiques). Toute la société est impliquée dans le mouvement tautologique de l’argent désormais mondial, puisque c’est lui qui fait travailler les gens et leur donne un revenu, et qu’aucun besoin ne saurait être répondu sans en passer par une activité rémunérée.

    Mais également, c’est tout l’appareil d’Etat et ses services qui sont nécessairement impliqués dans la défense du statut quo marchand, et donc des pollutions, puisque c’est le mouvement de l’argent qui permet à l’Etat de fonctionner, et c’est le développement de l’Etat qui a historiquement imposé aux sociétés de devenir marchandes de bout en bout, c’est-à-dire capitalistes. On ne comprendrait pas, autrement, pourquoi les services de l’Etat chargés de protéger la population et l’environnement sont si peu zélés à intervenir sur les activités industrielles, et minimisent systématiquement l’importance des pollutions induites, qu’il s’agisse des pollutions chroniques pas même prises en compte, que des pollutions bien plus visibles et médiatisées lors d’accidents industriels.

    Sans avoir en tête cette loi sociale fondamentale, il est difficile de comprendre pourquoi l’utilisation de produits toxiques se développe toujours plus, et pourquoi les politiques comme la société en général sont si impuissants à reprendre en main leur destinée - pour avoir confié celle-ci au fétiche monétaire, et son corollaire, le travail humain soumis intégralement à son mouvement.

    Se satisfaire d’une loi minimale qui prétend avoir agi sur la source du problème, en dédouanant totalement l’activité industrielle dans sa nature marchande même, alimente la confusion dans la tête des gens et nous éloigne radicalement de solutions réelles pour stopper net les pollutions chimiques et l’accélération du désastre qu’est la production marchande planétaire.

    S’attaquer par le petit bout de la lorgnette aux pollutions, au cas par cas, sans s’interroger sur les causes globales, en ne traitant les problèmes que sous le prisme de la « volonté politique », c’est au contraire manquer de courage, et participer à la cogestion de la crise du capitalisme dans l’intérêt supérieur de la société marchande et de la poursuite du mouvement tautologique de l’argent, qui impose de mettre en second plan tous les autres aspects de la vie, y compris sa préservation face aux pollutions chimiques contre lesquels ces "responsables" politiques entendaient lutter.

    Toutes les personnes qui luttent contre les PFAS savent que, si il y en a partout, c’est parce que "c’est pratique et pas cher" - et non parce que le personnel politique de tel ou tel pays n’aurait pas fait voter la bonne loi. Mais bien peu sont choqués qu’un tel critère, dans toute son indigence, gouverne tout bonnement la présence des objets qui nous entourent, et pas seulement ceux comportant des PFAS.

    Au lieu de lutter contre chaque pollution séparément, et perdre les gens à cause de l’expertise qu’il faut déployer à chaque fois pour discuter du degré acceptable de toxicité, on ferait mieux d’adopter une toute autre stratégie de lutte. Puisque l’indigence du critère monétaire gouverne également toutes les autres nuisances (du réchauffement climatique à l’accumulation des déchets plastiques), et qu’aucune entente mondiale ne viendra réglementer le commerce mondialisé par le haut, être réellement écologiste implique d’être également post-monétaire afin d’amener l’impensable à être pensé : sortir de la torpeur marchande pour une toute organisation sociale et répondre enfin décemment à nos besoins. Comment le faire ? Puisse le caractère "éternel" de ces polluants être suffisamment choquant pour provoquer cette nécessaire discussion.

    #pfas #écologie #marchandise

    • Puisque l’indigence du critère monétaire gouverne également toutes les autres nuisances (du réchauffement climatique à l’accumulation des déchets plastiques), et qu’aucune entente mondiale ne viendra réglementer le commerce mondialisé par le haut, être réellement écologiste implique d’être également post-monétaire afin d’amener l’impensable à être pensé : sortir de la torpeur marchande pour une toute organisation sociale et répondre enfin décemment à nos besoins. Comment le faire ?

      La torpeur, ce sont les « masses » qui la subissent. Les donneurs d’ordre font plutôt dans l’activisme (marchand). Quant au commerce mondialisé, je serais plutôt pour son abolition plutôt que sa régulation. Mais maintenant, « que faire » ?
      Réfléchir en premier lieu sur des actions qui impacteront durablement l’accumulation de capital financier, patrimonial, et humain en tant que « ressource » et force reproductive de cette accumulation. De ce point de vue, nous avons cependant une pandémie dont on a décrété qu’elle circulerait à bas bruit. Et les effets néfastes sont déjà là, puisque la presse financière s’inquiète des impacts Covid sur la bonne santé de ses forces reproductives. Comment ne pas voir la relation entre cette dégradation de la santé du cheptel (reproductif) et la promotion obstinée des robots qualifiés d’"intelligences artificielles" ? Comment interpréter les solutions à court terme que sont les restrictions sur les arrêts maladie et l’indemnisation du chômage, le démantèlement de la sécurité sociale gérée paritairement entre partenaires dits « sociaux » sinon comme une injonction faite aux masses laborieuse de supporter « quoiqu’il en coûte » son enchaînement à la machine ? Même s’ils mettent des purificateurs d’air dans les lieux où ils organisent leurs sauteries, les membres de la caste dominante n’ont qu’une courte vue sur l’avenir de la planète et du genre humain et leur seule ligne c’est : "après nous le déluge mais que nos héritiers apprennent à bien couper les griffes des « sauvageons » qui pourront encore un temps satisfaire notre désir d’accumulation.
      Le problème est rudement posé : les « élites » nous imposent la guerre. Nous devons leur rendre la pareille.

  • La Finlande prête à refouler les migrants sur sa frontière orientale
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/05/la-finlande-prete-a-refouler-les-migrants-sur-sa-frontiere-orientale_6226201

    La Finlande prête à refouler les migrants sur sa frontière orientale
    Par Anne-Françoise Hivert (Malmö (Suède), correspondante régionale)
    Depuis le 15 décembre 2023, la frontière terrestre entre la Finlande et la Russie est fermée. Cette mesure, prise par le gouvernement à Helsinki, qui accuse Moscou de vouloir déstabiliser son pays en « instrumentalisant l’immigration », devait être temporaire. Elle est en train de se pérenniser : jeudi 4 avril, la fermeture a été prolongée « jusqu’à nouvel ordre » et étendue au trafic maritime, alors que la Finlande prépare une loi d’urgence qui pourrait lui permettre de refouler les migrants à la frontière.
    Dirigé par le conservateur Petteri Orpo, le gouvernement de coalition reproche aux autorités russes d’avoir rompu, à partir de l’été 2023, avec la pratique habituelle consistant, des deux côtés de la frontière, à stopper l’arrivée des migrants dépourvus de titre de séjour avant qu’ils ne traversent. Depuis le mois de juillet 2023, environ 1 300 demandeurs d’asile, originaires de pays tiers, sont ainsi entrés en Finlande, la plupart sur des vélos fournis par des policiers russes, selon des témoignages recueillis par Le Monde.
    Quatre mois après la fermeture de la frontière, la ministre de l’intérieur, Mari Rantanen, membre des Vrais Finlandais (extrême droite), assure que rien n’a changé : « Les autorités finlandaises considèrent qu’il s’agit d’une situation à long terme. » L’arrivée du printemps pourrait même, selon elle, « accroître la pression sur la Finlande », alors que « des centaines, voire des milliers de personnes [se trouvent] près de la frontière finlandaise du côté russe ».
    D’où le projet de loi d’urgence en préparation, qui prévoit d’autoriser les refoulements de migrants à la frontière, dans des situations exceptionnelles, c’est-à-dire si les autorités « ont des informations ou des soupçons sérieux qu’un Etat étranger ou un autre acteur tente d’influencer la Finlande en exploitant les immigrants », et que ces tentatives « mettent sérieusement en danger la souveraineté ou la sécurité nationale de la Finlande ».
    La loi, qui devra être approuvée par une majorité des quatre cinquièmes au Parlement, ne pourra être appliquée qu’avec l’accord du président de la République et pour une période d’un mois. L’objectif est de doter la Finlande d’un outil en cas de réouverture des postes-frontières, ou si les migrants pénètrent sur le territoire à travers la forêt. Trente-quatre entrées illégales ont été recensées depuis la fermeture de la frontière.
    Mais le texte est très controversé. « Dans la présentation du projet de loi, le gouvernement déclare d’emblée que, si le texte est adopté en l’état, la Finlande ne pourra pas garantir le principe de non-refoulement ou la prohibition de la torture, ce qui est très problématique », observe Elina Pirjatanniemi, professeure de droit à l’université de Turku. Or, ajoute-t-elle, Helsinki « ne peut pas décider unilatéralement de déroger à ses obligations au regard du droit européen et international, même dans une situation d’urgence ».Un point de vue partagé par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui, dans son avis au gouvernement, rappelle que le principe de non-refoulement est « contraignant, universel et intangible ». Ne pas s’y conformer pourrait avoir des conséquences graves, renchérit la Fondation Mannerheim pour la protection de l’enfance, soulignant que « l’objectif de la Russie est de saper les droits fondamentaux et les droits de l’homme, ainsi que l’Etat de droit ». Si la Finlande fait des concessions, elle risque de « perdre sa crédibilité », avertit la fondation.
    L’application de la loi suscite également des questions. « Les gardes-frontières devront décider, au cas par cas, si une personne fait partie ou non d’une instrumentalisation, ou si elle se trouve dans une situation qui justifierait qu’elle puisse demander l’asile [un dispositif prévu pour les mineurs, les personnes vulnérables ou souffrant d’un handicap, ainsi que les migrants risquant la torture ou la peine de mort]. Mais rien ne dit comment ils pourront faire cette évaluation », remarque Mme Pirjatanniemi. Le syndicat des gardes-frontières s’inquiète que ses agents puissent ensuite faire l’objet de poursuites judiciaires.Interrogé sur les motivations du gouvernement, qui a fait du durcissement des conditions d’accueil des demandeurs d’asile une de ses priorités, le député conservateur Jukka Kopra, président de la commission de la défense au Parlement, balaie les critiques : « C’est une mesure qui ne sera appliquée que dans des circonstances exceptionnelles, affirme-t-il. Quand les règles du jeu changent et que des responsables russes et des gangsters se mettent à utiliser cyniquement des gens, pour des gains financiers et des intérêts géostratégiques, nous devons nous adapter. »Le risque autrement, selon M. Kopra, serait de « voir s’ouvrir une nouvelle route d’immigration illégale vers la Finlande et l’Europe ». En février 2023, le pays nordique a commencé à ériger une barrière de 3 mètres de haut, sur sa frontière orientale. Longue d’environ 200 kilomètres, sur les 1 340 kilomètres de frontière avec la Russie, elle devrait être achevée en 2025.

    #Covid-19#migrant#migration#finkande#russie#frontiere#asile#refoulement#crise#routemigratoire#migrationirreguliere#sante

  • La baudruche des JO commence à se dégonfler

    Sa suffisance 1er vient de casser le morceau, y a un plan B et un plan C pour la cérémonie inaugurale, le Stade de France et le Troca, les flics ont mis la pression, ça a marché, voulaient pas porter le chapeau si ça foire...

    Voir aussi l’infâme Darmanin à la chasse au dahu lors d’un exercice anri-drône qui a lamentablement foiré...

    https://www.marianne.net/societe/terrorisme/apres-un-premier-echec-un-deuxieme-quand-le-systeme-antidrone-des-jo-est-d

    Coté baignades en Seine le couple de seconds couteaux d’Hidalgo, les cadors se planquent, une certaine Brigitte Légaré pour le Cojo et l’illustre Pierre Rabadan pour la mairie, aka « Les égarés du Ramadan » commencent à numéroter leurs abattis.

    Ca commence bien :-)

    • Après un premier échec, un deuxième… Quand le système anti-drone des JO est défaillant
      https://www.marianne.net/societe/terrorisme/apres-un-premier-echec-un-deuxieme-quand-le-systeme-antidrone-des-jo-est-d


      « Nous sommes face à un vrai problème : comment arrêter les drones potentiellement hostiles ? »
      J.E.E/SIPA

      Officiellement, le dispositif de lutte anti-drone est opérationnel pour les jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Telle est la conclusion de l’exercice « Coubertin LAD 2 », qui a regroupé une série de cinq tests effectués du 11 au 15 mars. L’enjeu : déployer le dispositif et éprouver son efficacité. Censé identifier, détecter et neutraliser les drones, le système Parade en est le produit phare. Problème : « Sur deux des sites où Parade a été testé, ça n’a pas fonctionné selon les performances attendues », confie à Marianne un observateur de l’exercice. « C’est-à-dire que Parade arrête les drones mais dans un périmètre bien plus restreint qu’attendu. »

      En clair, Parade n’a pas fait le boulot. C’est d’autant plus problématique que l’un de ces deux tests a eu lieu aux abords d’un ministère, en plein Paris. Réalisé à portée de vol de la place de la Concorde et du Champ-de-Mars, en plein cœur de la capitale, le déploiement du système Parade n’a pas fonctionné, nous assure une source proche du dossier. Ce que nous confirme une huile de l’armée de l’air.

      A LIRE AUSSI : JO de Paris 2024 : un test antidrones confidentiel réalisé au-dessus d’un ministère... a foiré

    • Le joujou dans les mains de Gégé, ce n’est pas Parade, c’est un SkyWall Patron.

      Parade, c’est ça (déc. 2022, quand ça marchait…)
      https://www.youtube.com/watch?v=v1UdZ6zkZmI

      et SkyWall, ça
      Drone explosif, attaque de la flamme : Gérald Darmanin inspecte la sécurité des Jeux olympiques | 78actu
      https://actu.fr/ile-de-france/beynes_78062/drone-explosif-attaque-de-la-flamme-gerald-darmanin-inspecte-la-securite-des-je


      À Beynes (Yvelines), Gérald Darmanin s’est essayé au maniement du Skywall, un engin capable de capturer un drone.
      ©François Desserre

      On chassait deux types de gibier sur le camp de la gendarmerie de Beynes (Yvelines), ce lundi 18 mars 2024. D’abord ceux qui pourraient s’en prendre à la flamme olympique. Ensuite ceux qui songeraient à utiliser un drone pour nuire à ce qui s’annonce comme l’événement sportif du siècle en France.
      […]
      Aucun drone ne devra voler, sinon…
      De ce côté-là, le commandant de la section de protection et d’appui drones (SPAD) ne semble pas démuni en solutions. Il dispose de plusieurs pistolets et fusils permettant de brouiller le signal des appareils en les maintenant sur place. Il peut même les renvoyer à leurs expéditeurs. Portée : 1000 mètres.

      En dernier recours il peut dégainer le Skywall ; 80 000 euros l’unité. « Il s’agit d’un engin qui lance un filet jusqu’à 100 mètres. Il capture le drone si le brouillage se révèle inefficace ou si le drone a été trafiqué. Un parachute se déploie pour une récupération sans danger. Nous l’aurons certainement avec nous pour la cérémonie d’ouverture. Rien ne sera autorisé à voler dans le ciel », prévient le lieutenant Nicolas Belec, le patron de la SPAD.

      en démo, il y a 2 ans
      https://www.youtube.com/watch?v=5DkEwVHI9zk

      Openworks Engineering est une société britannique

  • Karl Marx ou la perversion du socialisme - 16. Que reste-t-il ?
    https://www.partage-noir.fr/karl-marx-ou-la-perversion-du-socialisme-16-que-reste-t-il

    Piètre « aboutissement », après quoi il ne reste plus qu’à tirer l’échelle. A moins d’avoir le courage de reconnaître que tout l’appareil scientifique du marxisme n’est qu’un camouflage compliqué derrière lequel se dissimule un jugement moralisateur dont on ne peut dire qu’il soit faux, mais qui risque en tout cas de passer pour primaire. N’est-ce pas du reste ce que le grand Mao Tsê-Toung (paix à son corps embaumé) aurait laissé entendre, en disant : Le marxisme comporte de multiples (...) #27_-_Karl_Marx_ou_la_perversion_du_socialisme_-_Alexandre_Marc

    / #Volonté_Anarchiste

    • Retour sur les critiques anarchistes du marxisme

      Poser la question de la pertinence contemporaine des critiques anarchistes du marxisme, c’est peut-être d’abord se demander ce que nous pouvons en faire à une époque comme la nôtre. Il n’aura échappé à personne que nous vivons au XXIe siècle. Ce que E. Hobsbawm appelle le « court XXe siècle », et qui a commencé avec la Première guerre mondiale avant de s’achever avec la dislocation de l’empire dit soviétique autour de 1990, est étroitement lié aux aventures et surtout aux mésaventures du marxisme puisque cette période correspond exactement à ce qu’a duré le premier régime politique à s’être réclamé explicitement de Marx. Or l’analyse économique, sociale et politique ainsi que le type d’émancipation promus par le marxisme sont ressortis de cette période, à tort ou à raison, durablement discrédités. De sorte que se demander quelle est l’actualité des critiques anarchistes du marxisme, c’est aussi se demander si ces critiques ne risquent pas de partager le sort de ce dernier. La promotion du marxisme, au cours du xxe siècle, au rang de doctrine officielle, de doctrine d’État a, dans les faits, conduit pour lui à une double défaite : transformé en doctrine d’État et de parti, ce qui a conduit à une profonde altération de son contenu et de sa visée émancipatrice, il a partagé le sort des États et des mouvements politiques auquel il avait été associé. Pour les anarchistes, qui furent les premiers à la combattre, cette évolution pourrait bien s’apparenter à une amère victoire ...

      ... On peut, pour commencer, et en revisitant à grands traits l’histoire des rapports entre marxisme et anarchisme, montrer, d’une part, que l’attitude de rejet de Marx chez la plupart des anarchistes contemporains, si elle n’est pas toujours raisonnable, a néanmoins ses raisons historiques et, d’autre part, qu’au rebours de l’ignorance réciproque dans laquelle marxisme et anarchisme sont largement demeurés l’un vis-à-vis de l’autre, il a existé des tentatives théoriques et pratiques de penser à la fois une appropriation anarchiste de Marx et une appropriation marxiste de l’anarchisme.

      L’anarchisme comme anti-marxisme

      Si l’on cherche d’abord les raisons historiques pour lesquelles anarchisme et marxisme sont en grande partie demeurés dans une forme d’ignorance mutuelle, et les raisons de la méconnaissance réciproque qu’entretiennent aujourd’hui la plupart des militants et des théoriciens de ces deux courants, un retour aux origines s’impose.
      L’anarchisme est originellement un anti-marxisme. L’acte de naissance historique de l’anarchisme en tant que mouvement est la scission intervenue au sein de l’Association Internationale des Travailleurs (que l’on a coutume de désigner comme la Première Internationale), à l’issue de ce qu’il est convenu d’appeler le conflit entre Marx et Bakounine – bien que ce conflit n’ait fait qu’incarner un conflit plus profond au sein du mouvement ouvrier naissant autour de la question de la politique et de l’organisation et que, bien souvent, Bakounine n’ait fait que formuler des critiques qui avaient été élaborées collectivement .

      Le motif de ce conflit, tel qu’il se donne à voir dans les textes où Bakounine critique Marx, est en effet le suivant : Bakounine, qui ne connaît de Marx que sa personne (qu’il goûte assez peu) et le Manifeste communiste, attribue à Marx l’intention de faire de l’Internationale une sorte de regroupement de partis politiques participant aux luttes électorales et ayant pour but de conquérir par ce biais le pouvoir au sein des nations où existe un système représentatif, ce qui impliquerait une feuille de route assez claire pour les prolétaires des différents pays : parvenir à un régime représentatif, conquérir le suffrage universel, s’organiser en parti, gagner les élections. C’est ainsi qu’il interprète la politique des socialistes allemands et l’idée, exprimée dans le Manifeste, selon laquelle la classe ouvrière doit se rendre maîtresse de l’appareil d’État pour le faire fonctionner à son profit, faire disparaître les oppositions de classe par l’extinction de la bourgeoisie en tant que classe, avant finalement de disparaître – puisque la raison d’être de l’État n’est rien d’autre que la perpétuation de la domination de classe, une société sans classes (c’est-à-dire en l’occurrence qui n’est plus régie par la division entre propriétaires des moyens de production et propriétaires de leur seule force de travail) serait une société sans État.

      La contestation de cette thèse politique de Marx va conduire chez Bakounine à la contestation d’une thèse qui est de l’ordre la philosophie de l’histoire, à laquelle la première s’articule, selon laquelle l’histoire est guidée par le développement nécessaire du mode de production capitaliste vers l’aiguisement des luttes de classes et la concentration de plus en plus forte du capital, qui rend à la fois plus nécessaire et plus aisé le renversement de la domination de la bourgeoisie. À ce qu’il considère comme une approbation de la nécessité historique, Bakounine oppose l’idée selon laquelle, quand bien même les conditions de production et de reproduction de la vie humaine seraient déterminantes dans le développement de l’humanité, certaines des causes secondaires, comme l’État, peuvent acquérir une importance plus grande. C’est ce qui sous-tend, philosophiquement, la fameuse proposition sur l’abolition de l’héritage défendue par Bakounine au congrès de Bâle de l’AIT en 1869, et combattue par Marx et ses amis : ce droit peut bien n’être que le reflet juridique d’un fait économique, il n’en a pas moins une importance déterminante dans le maintien de ce dernier.

      La critique adressée par Bakounine à la conception marxienne de l’histoire est donc double. D’une part, cette conception minorerait excessivement le rôle du facteur politique dans la marche de l’histoire. D’autre part, Marx sanctifierait la marche de l’histoire. Or, pour Bakounine, qu’il y ait des tendances centralisatrices dans l’histoire ne signifie pas du tout que ces tendances soient objectivement révolutionnaires ; que la genèse du mode de production capitaliste et la centralisation étatique qui l’accompagne soient des tendances historiques fortes ne signifie pas pour autant qu’il faudrait les approuver, et quand bien même elles auraient un caractère inéluctable, on aurait raison de se révolter contre elles en tant qu’elles marquent un progrès dans l’assujettissement des êtres humains. Dans cet esprit, le fait de résister à la mise en place de l’usine, ou à l’introduction de machines dans le processus de production, peut être interprété comme une forme de réaction de la part de tenants d’un mode de production en voie de disparition. Mais si l’on rompt avec la téléologie historique lourde qui est celle du marxisme, on peut aussi l’interpréter comme une défense de la liberté contre une forme inédite et redoutable d’oppression (et aussi comme une défense réussie des intérêts des ouvriers du secteur concerné). Il n’y a rien d’étonnant à ce que ce soit parmi les libertaires qu’on ait pu trouver des auteurs pour réhabiliter le mouvement luddite, que l’historiographie marxiste considérait comme rétrograde parce qu’il s’opposait au progrès technique, à la mise en place de grandes concentrations industrielles, et in fine à la possibilité d’organiser en masse la classe ouvrière.

      S’agissant du statut de la politique, Bakounine considère que la saisie du pouvoir d’État par une organisation révolutionnaire inspiré par le programme (présumé) de Marx conduirait à l’émergence d’une nouvelle classe qui administrerait la capital arraché des mains de la bourgeoisie et opprimerait à son tour à la fois la classe ouvrière et la paysannerie – c’est souvent ce que l’on désigne, par une formule problématique, comme l’« analyse prophétique » par Bakounine de la nécessaire dégénérescence de l’État ouvrier. À cette position politique qu’il attribue à Marx, Bakounine oppose l’idée selon laquelle l’Internationale n’est pas un regroupement de partis ayant vocation à prendre le pouvoir par les urnes, mais un organe de systématisation et d’affirmation concrète de la solidarité objective, économique, qui lie le monde ouvrier. Au sein de cette organisation, explique encore Bakounine, il est naturel, et nécessaire, que différentes options politiques s’expriment, que ce soit celle de Marx, celle des amis de Blanqui (le coup d’État opéré par une petite minorité d’hommes décidés) ou celle de ce qu’il nomme le parti anarchique (l’insurrection généralisée qui anéantit l’État immédiatement, c’est-à-dire non pas instantanément, mais sans médiation), mais aucune des trois ne doit jamais devenir la position politique officielle de l’organisation, sous peine que celle-ci ne dégénère en un embryon d’État 

      On a là une critique de la séparation du politique et un idéal de résorption du politique dans l’économique qui seront repris, développés et transcrits en acte par le syndicalisme révolutionnaire à la fin du siècle et au début du suivant. Avec conséquence, Bakounine s’oppose également à toute forme de centralisation au sein de l’Internationale. Attribuant à Marx le projet de vouloir constituer le Conseil général de l’organisation en une sorte de directoire central, il prône la libre fédération des sections de l’organisation et la réduction de son organe central à un simple bureau de statistiques et de correspondance. C’est sur ce point (et non sur un programme anarchiste) que la plupart des sections de l’Internationale s’opposeront au Conseil général et quitteront l’organisation après l’exclusion de Bakounine au congrès de La Haye de 1872.

      La pertinence contemporaine d’une critique

      Pour résumer, le conflit politique qui donne naissance historiquement à l’anarchisme lègue à ce dernier une triple critique dont il s’agit d’interroger la pertinence actuelle. En premier lieu, une critique de la politique, celle-ci étant entendue comme une activité menée par des spécialistes et orientée vers la conquête du pouvoir par le biais des élections, à quoi est opposée une antipolitique (et non un apolitisme comme Marx et ses amis tendront à le prétendre), c’est-à-dire une activité relative à l’État, mais qui vise sa disparition. En second lieu, une critique des organisations comme source possible d’une nouvelle oppression, d’une nouvelle centralisation, d’une nouvelle bureaucratie, critique qui connaîtra un prolongement immédiat dans le syndicalisme révolutionnaire et chez les premiers auteurs qui souligneront la confiscation de la démocratie par les partis politiques.

      Enfin, une critique de l’ordre de la philosophie de l’histoire en tant qu’est refusée à celle-ci tout télos qui l’orienterait, critique qui permet de comprendre pourquoi l’anarchisme, historiquement, n’a pas seulement survécu à ses défaites, mais les a transformées en légendes – la Commune, Makhno, l’Espagne libertaire, etc. Ces critiques ne sont encore qu’esquissées chez Bakounine. S’agissant des organisations, sa position est plus complexe que ce qu’il dit de l’Internationale, puisqu’il est en même temps un grand amateur de sociétés secrètes, qu’il dote de règlements interminables, règlements qui sont loin de constituer l’esquisse d’une société débarrassée de toute forme de domination.

      Quant à la philosophie de l’histoire, Bakounine adhère dans l’ensemble à la conception matérialiste de l’histoire telle qu’elle se donne à lire dans le Manifeste, il en rejette simplement le mécanisme grossier, sans rejeter une certaine téléologie. S’agissant de la politique, le conflit entre Marx et Bakounine donne lieu à un curieux chiasme, où l’auteur qui est censé minorer le rôle des facteurs politiques dans l’histoire se voit accusé de faire de la saisie du pouvoir d’État l’objectif essentiel, et où l’auteur qui insiste sur le rôle des facteurs politiques et juridiques dans le développement du mode de production capitaliste (par exemple au travers de l’héritage) tourne le dos à toute activité politique séparée ou spécifique.

      À ces trois critiques, il faut ajouter une quatrième, qui fut d’abord propre à Bakounine en raison de son intérêt pour les pays n’ayant pas développé d’industrie. Comme une partie du marxisme après lui, Bakounine pointe chez Marx une identification de la classe ouvrière à une classe révolutionnaire par essence, ce qui conduit à rejeter comme potentiellement contre-révolutionnaires des éléments de la population comme le Lumpenproletariat, la petite paysannerie ou les jeunes déclassés. Lorsqu’il cherche à penser les conditions d’une révolution dans des pays où l’industrie et la classe ouvrière en sont encore à leurs balbutiements (Russie, mais aussi Italie), Bakounine n’emprunte pas la voie qui consisterait à dire que ces pays doivent d’abord se doter d’une classe ouvrière disciplinée par l’industrie pour pouvoir envisager une révolution sociale, il souligne plutôt le rôle qui revient aux masses paysannes et à la jeunesse, voire à ce qui est décrié par Marx comme Lumpenproletariat. On retrouvera, plus près de nous, chez Pierre Bourdieu, une analyse convergente du potentiel révolutionnaire que recèle l’existence d’« intellectuels prolétaroïdes » qui ne sont pas parvenus à trouver leur place dans un champ déterminé et que « tout […] incline à mettre au service de l’indignation et de la révolte populaires leurs capacités d’explicitation et de systématisation ».

      Ces différentes critiques sont aussi intéressantes parce qu’elles entrent en résonance avec d’autres décentrements qui ont marqué l’époque contemporaine, en particulier lorsqu’il s’est agi de revisiter le problème de l’État. Il existe une parenté entre les critiques du marxisme formulées historiquement par les anarchistes et celles qui ont pu être présentées par des auteurs aussi différents que Michel Foucault et Pierre Bourdieu, notamment dans leur enseignement au Collège de France, lorsqu’ils ont eu respectivement à aborder la question de l’État. On peut également signaler les prolongements qu’a trouvés la critique anarchiste d’une certaine philosophie marxiste de l’histoire chez les anthropologues libertaires Pierre Clastres et David Graeber .

      Bien entendu, il faut apporter à cette présentation des critiques anarchistes de Marx plusieurs nuances. Tout d’abord, la position qui est attribuée par Bakounine et ses amis à Marx est fortement simplificatrice, et semble souvent s’appliquer aux conceptions des lassaliens et anticiper ce que sera le marxisme de la Deuxième Internationale. Sur la question politique, Marx a sans doute une position plus complexe, qui consiste à prendre en considération l’évolution propre à chaque pays, prônant dans certains cas l’organisation de la classe ouvrière en un parti destiné à prendre pacifiquement le pouvoir, mais n’excluant pas ailleurs que surviennent des révolutions. Surtout, Marx a oscillé, notamment au moment de la Commune de Paris, sur la question de la saisie du pouvoir d’État par le prolétariat : tout en continuant à suivre les efforts des socialistes allemands pour s’unir en un parti unique, Marx fait l’éloge des prolétaires parisiens qui ont compris que la classe ouvrière, dit-il corrigeant la formule du Manifeste, ne doit pas se contenter de prendre les pouvoirs de l’État tels qu’ils existent pour les faire fonctionner à son profit, mais doit immédiatement les détruire. S’agissant de l’organisation, Marx ne méprise absolument pas les formes d’organisation fondées sur la solidarité économique, il estime même qu’elles sont le lieu d’une préfiguration de la société sans classe, l’endroit où les prolétaires peuvent faire l’expérience d’un auto- gouvernement. Enfin, si lorsqu’il formule de grandes tendances historiques, ou quelque chose comme des lois de l’histoire (typiquement dans l’avant-dernier chapitre du livre I du Capital à propos de la tendance historique de l’accumulation capitaliste), il est difficile de ne pas considérer chez lui une forme de téléologie historique, mais il en va souvent autrement dans les analyses qu’il propose de conjonctures historiques particulières. Ces nuances sont à la fois importantes et dérisoires : dérisoires parce qu’elles seront souvent gommées par les versions dominantes du marxisme, mais importantes parce que c’est précisément sur elles que pourront s’appuyer certains auteurs et militants pour proposer un rapprochement entre marxisme et anarchisme.

      Il faut ensuite souligner que cette hostilité réciproque entre partisans de Marx et partisans de Bakounine, même si elle était nourrie de méconnaissance réciproque, n’allait pas jusqu’à l’ignorance, bien au contraire. Bakounine considérait, par exemple, que l’on pouvait ratifier la critique de l’économie politique contenue dans Le Capital comme une véritable critique scientifique (qu’il avait d’ailleurs commencé à traduire en russe). On peut d’ailleurs signaler que le premier grand vulgarisateur de l’ouvrage était un ami de Bakounine, le militant italien Carlo Cafiero, dont l’abrégé du Capital s’attira les éloges de Marx et d’Engels. Par la suite, les anarchistes ont pu s’approprier la critique marxienne de l’économie politique comme ils s’appropriaient d’autres connaissances scientifiques utiles pour la propagande et la lutte. Bien entendu, cela implique de considérer qu’il est possible de séparer chez Marx le bon grain de l’économie politique de l’ivraie de la politique et de la philosophie de l’histoire, ce qui n’a rien d’évident.

      Enfin, il importe de mentionner les rapprochements qui ont pu être tentés dans l’histoire entre marxisme et anarchisme. Maximilien Rubel, éditeur en français de Marx dans la Bibliothèque de la Pléiade, n’a pas hésité à voir en Marx un « théoricien de l’anarchisme », en insistant notamment sur les écrits suscités chez lui par la Commune de Paris. Daniel Guérin, écrivain et militant communiste libertaire, a pour sa part appelé d’une manière réitérée à une appropriation anarchiste du marxisme. Il faut toutefois souligner que ce furent là des cas assez isolés, au point que certains auteurs marxistes, qui parvenaient à des conclusions proches du communisme anarchiste, se sont toujours refusé à le reconnaître. Il faut enfin faire un sort particulier aux situationnistes qui, dans les années 1960, proposèrent un dépassement original de ce qu’ils considéraient comme les unilatéralités respectives du marxisme et de l’anarchisme.

      Fondamentalement, le débat théorique occasionné par le conflit entre anarchisme et marxisme a légué aux mouvements de lutte contre la domination un projet problématique : celui de l’auto-émancipation. Pour cette raison, il importe d’apercevoir que la pertinence des critiques anarchistes du marxisme dépasse largement le contexte immédiat dans lequel ces critiques ont été énoncées. Qu’il s’agisse d’identifier le sujet révolutionnaire, de comprendre les conditions sous lesquelles une société débarrassée de l’État est possible ou de parer aux reproductions de la domination au sein même de ces moyens d’émancipation que sont censées constituer les organisations, les problèmes pointés par ces critiques sont encore les nôtres.

      https://www.cairn.info/revue-actuel-marx-2013-2-page-173.htm

  • Voitures électriques : une association alerte sur la difficulté à les réparer
    https://www.francetvinfo.fr/economie/automobile/voitures-electriques-une-association-alerte-sur-la-difficulte-a-les-rep

    Dans un rapport, l’association « Halte à l’obsolescence programmée » affirme que la plupart des véhicules électriques seraient difficiles voire impossibles à réparer.

    #mobilité (plus ou moins) douce : qui a dit que l’électrification ne pourrait pas vous surprendre ?

    • L’obsolescence accélérée des voitures thermiques et électriques
      https://www.halteobsolescence.org/wp-content/uploads/2024/04/Rapport-HOP-obsolescence-dans-lautomobile-vers-des-voitures-jetab

      Il est possible de faire des voitures électriques légères et durables, comme c’était le cas avec les voitures thermiques dont on a diminué la durabilité. On choisit le lourd, gavé d’accessoire, d’électronique irréparable sans faire appel aux concessionnaires, et aussi jetable que les smartphones et la fast fashion.
      #voiture_electrique #obsolescence_programmée

    • « Vers des voitures jetables en 2044 » : l’association HOP met en garde contre la non-réparabilité des voitures électriques
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/04/17/vers-des-voitures-jetables-en-2044-l-association-hop-met-en-garde-contre-la-

      Pour réduire ses émissions, le parc automobile doit s’électrifier, mais l’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP) s’inquiète du manque de réparabilité des Tesla et des « wattures » chinoises [et des Tesla,ndc]
      Par Sophie Fay

      Laetitia Vasseur en a des sueurs froides. Après les téléphones portables et des appareils électroniques, la cofondatrice de l’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP) publie, avec Julie Caillard et Flavie Vonderscher, un rapport intitulé « L’obsolescence accélérée et planifiée des voitures thermiques et électriques ». Pour que les enjeux soient clairs, les autrices se projettent dans vingt ans et nous décrivent les routes, les garages et les cimetières de voitures à cette date. « Si rien ne change, nous allons tout droit vers des voitures jetables en 2044 », prévient cette militante de 35 ans qui a réussi à imposer l’indice de réparabilité, devenu au 1er janvier indice de durabilité, pour les appareils électroménagers.

      Dans le monde dystopique de 2044 que trace HOP, « les véhicules électriques ont une durée de vie assez limitée, car les batteries ne sont globalement ni réparables, ni remplaçables. En 2044, malgré une relative fiabilité, quand la batterie fatigue ou dysfonctionne, il faut jeter la voiture ! De ce fait, le secteur de l’occasion n’est pas attractif. D’autant plus que les efforts des constructeurs pour baisser les prix de production payent : les voitures électriques neuves sont moins chères qu’avant ».

      Aujourd’hui, la filière automobile version motorisation thermique est « à l’avant-garde des bonnes pratiques de réemploi, de réparation, de pièces d’occasion, riche d’un écosystème économique divers et dynamique », salue HOP. D’ici vingt ans, tout cela peut avoir disparu. « En 2044, l’économie circulaire repose essentiellement sur un nouveau modèle de “fast fashion” » de l’automobile, peut-on lire dans le rapport. « On cherche prioritairement à intégrer des matières recyclées à la fabrication plutôt que de favoriser le réemploi ou la réparation. »

      Aucune norme

      Comment en arriverait-on à ce point ? La première raison, ce sont les #batteries. Constructeurs et utilisateurs ont eu une bonne surprise avec celles de la Zoe, sortie en 2012, « qui affichaient encore une valeur moyenne de 80 % de leur capacité initiale après dix ans d’utilisation », note Louis-Pierre Geffray, expert pour l’Institut mobilités en transition. Tesla annonce aussi une bonne performance : 10 % de perte sur la capacité initiale après 200 000 miles (321 800 kilomètres).

      Mais ces résultats ne sont pas inscrits dans le marbre : ils ne correspondent à aucune norme. Ils pourraient se dégrader, notamment si les automobilistes utilisent davantage la #charge_rapide. Les composants électroniques des systèmes de gestion des batteries − dits BMS (Battery Management System) − ou la connectique entraînent aussi des « pannes aléatoires », selon HOP. La chimie des batteries peut aussi faire apparaître des défauts en vieillissant. Les réparer est alors une opération complexe pour laquelle peu de techniciens sont formés.

      Se pose surtout un deuxième problème : il n’est pas toujours possible d’accéder au pack batterie ou aux cellules qui le composent. HOP a fait appel aux techniciens du garage Revolte à Nantes, spécialisés dans la réparation de véhicules électriques, pour comprendre les différents cas de figure. Pour réduire les coûts, certaines marques scellent les couvercles des batteries avec du silicone plutôt que de les visser, d’autres appliquent une résine ou une mousse entre le boîtier et les modules de batterie, ce qui les rend pratiquement irréparables.

      « C’est la loterie »

      Mobivia, l’actionnaire de Norauto, confirme que ces pratiques − que l’on retrouve dans les Tesla ou les voitures des deux marques chinoises les plus vendues en Europe, MG et BYD − conduisent_ « vers quelque chose qui ressemble de plus en plus à des batteries jetables ». Combien de temps les constructeurs européens résisteront-ils à ces pratiques moins coûteuses ? Le mode d’intégration de la batterie ferait baisser le coût de fabrication de la Seal de BYD de 10 % par rapport à la Mégane E-Tech de Renault.
      « C’est la loterie pour l’automobiliste lors de l’achat puisqu’il n’a pas de moyens de savoir facilement quel modèle dispose d’une batterie réparable ou non, alors que celle-ci coûte 30 % à 40 % de la valeur du véhicule », note HOP. Le plus étonnant pour HOP, c’est le flou juridique : la batterie n’est pas considérée comme une pièce détachée comme une autre et rien n’impose, à ce stade, qu’elle soit réparable et remplaçable et que le constructeur garantisse cette possibilité pendant sept ans comme pour un téléphone.

      Une troisième tendance, popularisée par Tesla ou les constructeurs chinois, menace aussi la réparabilité des véhicules : le gigacasting. Cette pratique industrielle consiste à produire en un seul bloc les parties avant et arrière du véhicule. L’assemblage va plus vite et coûte beaucoup moins cher (jusqu’à 40 %). Mais « au moindre choc, il faut remplacer une partie si importante de la voiture qu’il sera probablement plus rentable de la mettre à la casse », prévient HOP.

      Quatrième risque, avec ces voitures conçues comme des smartphones : l’obsolescence de certains composants électroniques, du logiciel, ou encore la « sérialisation des pièces », équipées d’un verrou électronique qui ne leur permet d’être utilisées que sur le véhicule auquel elles sont appariées. Enfin, les voitures sont de plus en plus connectées et « les constructeurs renforcent progressivement leur monopole de détention des données »_, note HOP, ce qui leur permettra de contrôler les opérations de maintenance.

      Bonnes pratiques

      HOP n’est pas la seule organisation à s’inquiéter. Ce rapport va dans le sens des mises en garde renouvelées des assureurs. « Un automobiliste, en pensant à ses enfants, à l’environnement, aux ZFE [zones à faibles émissions], peut passer à l’électrique et, s’il tombe en panne après deux ans, lorsque la garantie constructeur ne joue plus, se retrouver avec un véhicule qui subit un choc, tombe en panne et ne vaut plus rien », regrette Yann Arnaud, chargé des relations avec les sociétaires et de l’innovation à la Macif.

      Pour l’instant, les tarifs de la Macif avantagent le passage à l’électrique : « Nous construisons ainsi notre expérience et nos données », explique l’expert, en reconnaissant que cela pourrait évoluer. Laetitia Vasseur note que les primes d’assurance ont déjà augmenté pour les véhicules électriques au Royaume-Uni, créant un coût caché pour l’automobiliste.

      La dystopie décrite par HOP n’a toutefois rien d’une fatalité. Les fondateurs du garage Revolte ont lancé le réseau des « garages branchés » pour former plus de techniciens à la réparation des véhicules électriques. « Volkswagen, Stellantis et Porsche ont créé des “cliniques” de batteries en France », note le rapport, qui salue aussi le travail de Renault à Flins. « Nos enfants sont plus intéressés par l’extension de vie de nos produits que par leur remplacement. C’est une tendance sociétale, un changement qu’il faut capter », a d’ailleurs confirmé Carlos Tavares, le patron de Stellantis, en visitant l’usine de moteurs électriques de Trémery (Moselle).

      L’adoption de bonnes pratiques et de normes est d’autant plus indispensable que l’association HOP rappelle, dès le début de son rapport, qu’il n’y a guère d’autre choix que la bascule vers l’électrique pour réduire les émissions. A quelques semaines des élections européennes, elle demande donc aux candidats de prendre l’engagement d’ouvrir vite une réflexion « multipartite » sur ces sujets, et de préparer un indice de réparabilité ainsi qu’une extension de la garantie légale.

      #irréparable #écologie_capitaliste

    • Le coût est le principal inconvénient de la pile à combustible. Comme expliqué plus haut, l’usage de matériaux chers et les volumes de production encore limités ne permettent pas de diminuer les prix de façon suffisante.
      A cela s’ajoutent la problématique de la durée de vie, jugée encore insuffisante pour des applications larges.

      Sur le volet environnemental, la question de la source énergétique doit aussi être posée. Si une pile à combustible affiche un fonctionnement « zéro émission », la source d’énergie en amont doit être évidemment prise en compte. Gris, bleu, vert… selon sa couleur, l’hydrogène est plus ou moins émetteur en CO2.

      https://www.h2-mobile.fr/dossiers/pile-combustible-fonctionnement-avantages-inconvenients

    • Y a hertz (le loueur) qui se débarrasse de 20 000 voitures électriques (essentiellement des Tesla) à cause du coût de maintenance et du manque de réparabilité (les Tesla sont très peu fiables, comme son PDG), en plus d’un marché de l’occasion moribond.
      Sixt, un loueur aussi, pour les mêmes raisons, se débarrasse aussi de ses Tesla (mais pas des autres électriques, pour le moment).
      Il y a également eu l’affaire (pas mal étouffée) de pipeautage des émissions des SUV hybrides qui en fait sont quasi autant émetteurs que les thermiques purs.
      Le vent semble tourner dans la mauvaise direction pour les bagnoles électriques, surmarketées, ultra subventionnées (et dès qu’une aide disparaît les ventes dégringolent) et parfois produites n’importe comment.

      https://www.geo.fr/environnement/automobile-hertz-apprete-a-se-debarrasser-20000-tesla-voitures-electriques-pour-

      https://www.automobile-propre.com/pourquoi-le-loueur-sixt-veut-se-separer-de-ses-tesla

  • Abolir les #prisons, une « #utopie_réelle »

    Dans « Brique par brique, mur par mur », trois chercheurs tentent la première #histoire de l’#abolitionnisme_pénal, qui place la critique radicale de la #prison, de la #justice et de la #police au cœur de ses analyses. Une tradition militante et politique riche. Y compris en Europe.

    « Les #institutions_pénales ne sont pas seulement inefficaces pour nous protéger et régler nos différends, elles sont en plus préjudiciables et néfastes. » Avec Brique par brique, mur par mur (Lux Éditeur), qui paraît en France le 17 mai, #Gwenola_Ricordeau, professeure associée en justice criminelle à l’université de l’État de Californie, #Joël_Charbit, chercheur associé au Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques, et #Shaïn_Morisse, doctorant au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales, retracent l’archéologie et l’actualité de l’abolitionnisme pénal, qui défend l’abolition de la justice, de la police et de la prison.

    À la faveur de la critique radicale de la prison et de l’incarcération de masse, ce mouvement intellectuel et militant a retrouvé aux États-Unis une vivacité récente. Mais dans le monde occidental, ses racines ont poussé en Europe, dans les années 1970. Souvent ignorée, quand elle n’est pas « calomniée », taxée d’utopique, la tradition de l’abolitionnisme pénal irrigue pourtant de nombreux mouvements de la gauche radicale globale. Entretien avec Shaïn Morisse, l’un des auteurs.

    Mediapart : La France compte un nombre historique de détenus. La surpopulation est endémique, les conditions de détention sont indignes depuis des décennies. Votre livre débute avec un constat : « Les services que les prisons sont censées rendre ne compenseront jamais les torts qu’elles créent depuis leur création »…

    Shaïn Morisse : La prison impose une souffrance institutionnelle. Elle est destructrice pour les individus, leurs proches et leurs communautés. Pour les abolitionnistes, elle perpétue, comme toutes les institutions du système pénal, un ordre social et racial inégalitaire, qui surcriminalise les populations socialement défavorisées et racisées.

    Qu’est-ce que l’abolitionnisme pénal ?

    Le point de départ de l’abolitionnisme, c’est de dire, là encore, que le coût social du système pénal est supérieur aux services qu’il est censé rendre. Il y a depuis deux siècles une critique permanente du système pénal. D’abord par des réformistes, jusqu’à l’apparition de l’abolitionnisme dans les années 1960-1970. La différence, c’est que les abolitionnistes ne contestent pas simplement le système pénal dans son fonctionnement ou dans ses dysfonctionnements. Mais dans sa légitimité même.

    Ils et elles estiment que le système pénal est injuste, coûteux et destructeur. Mais aussi qu’il est inefficace et inopérant : il ne dissuade pas, ne réhabilite pas. Il traite une partie infinitésimale des situations potentiellement criminalisables. Sa fonction rétributrice, c’est-à-dire la compensation d’une souffrance commise par une souffrance équivalente, voire supérieure, n’est pas non plus satisfaisante. Certes, il neutralise les individus, soit de façon définitive avec la peine de mort, soit pour un certain temps. Mais comme l’écrit [la militante et universitaire antiraciste – ndlr] Angela Davis, « la prison ne fait pas disparaître les problèmes, elle fait disparaître les êtres humains ».

    La prison semble pourtant plus que jamais plébiscitée, dans nos sociétés contemporaines, comme le meilleur moyen de punir. Et ce depuis des décennies, notamment en lien avec ce que vous nommez dans le livre le « durcissement pénal » à partir des années 1970. Pourquoi ?

    L’abolitionnisme se développe dans les années 1960-1970, dans un contexte d’espoir révolutionnaire et de grandes espérances politiques radicales à gauche. On assiste à une médiatisation de la question carcérale, à une politisation autour des questions pénales. Les prisonniers sont érigés en sujet politique, prennent la parole eux-mêmes. Il y a des mouvements de prisonniers, de la répression mais aussi des réformes pénales radicales. Des sociologues réalisent des études empiriques pour comprendre ce qu’est l’incarcération, ce qui se passe réellement en prison.

    À partir de la fin des années 1970, et plus particulièrement au milieu des années 1980, avec l’avènement du néolibéralisme, les discours abolitionnistes deviennent inaudibles. L’intérêt pour les structures disparaît. On ne voit plus que l’individu, qui serait entièrement responsable de sa destinée. C’est « la loi et l’ordre », l’avènement de discours purement punitifs qui ne voient pas l’aspect problématique de la prison. Pourtant, ce sont toujours les mêmes catégories de population qui se retrouvent en prison. Ce n’est donc pas juste une question d’individus qui n’arriveraient pas à se réinsérer dans la société. Il y a des logiques sociales et structurelles : l’abolitionnisme cherche ainsi à réencastrer le système pénal dans la société.

    L’abolition de la prison, mais aussi « de toutes les institutions qui forment le système pénal, comme la police et les tribunaux », apparaît dans ce contexte comme une « utopie ». C’est un terme que vous assumez d’ailleurs.

    L’abolitionnisme revendique la notion d’utopie, mais une « utopie réelle », ancrée dans les potentiels réels de l’humanité. Il s’agit de donner les moyens aux gens de régler ce que le système pénal nomme « délits » et « crimes » d’une manière pérenne et satisfaisante. L’abolitionnisme ne fournit pas un modèle unique, et ne formule pas des « alternatives ». C’est logique : l’idée n’est pas de remplacer le système pénal par une autre institution. De fait, il implique de changer les structures sociales. Car on ne peut pas régler les problèmes qui sont à la source de ce qu’on appelle communément « le crime » sans considérer la société, l’économie, les différents rapports de domination, que ce soit le patriarcat, le validisme ou le racisme.

    C’est-à-dire que l’abolitionnisme du système pénal n’est possible qu’une fois que la révolution aurait eu lieu ?

    Globalement, la tendance assez générale au sein de l’abolitionnisme est révolutionnaire, surtout aujourd’hui. Pour autant, l’abolition est un horizon politique, tout comme la révolution est un horizon. Si les abolitionnistes ne sont pas des réformistes — ils ne pensent pas que le système pénal peut devenir plus acceptable ou efficace –, ils sont aussi pragmatiques. Il y a eu dans les années 1970 des abolitionnistes social-démocrates, et d’autres qui considèrent qu’on peut s’accommoder d’un certain niveau d’inégalité, d’un peu de capitalisme.

    On a tendance à croire que l’abolitionnisme pénal est d’abord américain, dans un pays où l’esclavage est, comme vous l’écrivez « la matrice du système pénal ». Pour autant, vous montrez qu’il y a une tradition française et européenne riche de l’abolitionnisme. La France, écrivez-vous, a d’ailleurs « joué un rôle prépondérant dans la circulation internationale du modèle de la prison »…

    Avec ce livre, nous voulions faire la première histoire générale de l’abolitionnisme, montrer que c’est un mouvement qui a cinquante ans. Raconter, aussi, que ce n’est pas, comme on le pense, un courant récent importé des États-Unis. La première vague de l’abolitionnisme s’est d’abord développée en Europe. La seconde vague, à partir des années 1990, démarre aux États-Unis. Elle est liée aux mouvements de libération africaine américaine, avec Angela Davis et la fondation du groupe Critical Resistance, qui va être très important pour toute la structuration des luttes abolitionnistes. Mais Angela Davis elle-même a lu des auteurs européens ! Ce qui est vrai, c’est que la question de la race, le féminisme, étaient les grands impensés de l’abolitionnisme européen. À partir des années 1990, l’abolitionnisme états-unien va enrichir la réflexion et intégrer ses questions.

    Avec le mouvement Black Lives Matter, les manifestations immenses qui ont suivi le meurtre policier de George Floyd en 2020, un large mouvement social aux États-Unis réclame le « définancement et le désarmement de la police ». Ce mouvement a obtenu des victoires locales. Pourquoi une telle vitalité de l’abolitionnisme pénal aux États-Unis alors qu’il reste chez nous une pensée marginalisée ?

    Cela tient d’abord à l’exceptionnalisme pénal états-unien : à partir des années 1980, une incarcération de masse a été mise en place. La population carcérale a quintuplé, devenant la plus grande du monde, devant la Russie et la Chine. Dans le même temps, l’État social s’est effondré totalement. Comme le souligne le sociologue Loïc Wacquant, l’État pénal s’est renforcé quand l’État social s’effondrait. Les conséquences ont été profondes. C’est de là qu’est repartie la reconfiguration de l’abolitionnisme aux États-Unis, mais aussi en Amérique du Sud. Mais ces dernières années, il y a tout un renouvellement des enjeux de l’abolitionnisme. C’est aussi vrai en Europe, en lien avec les questions de féminisme, d’antiracisme, en lien aussi avec l’action de la police, la question des frontières, ou la question des centres de rétention administrative (CRA).

    Pour beaucoup de victimes, la peine infligée à l’auteur est une reconnaissance, le début d’un chemin de réparation. Vouloir abolir la prison et la justice pénale, n’est-ce pas les priver de cette réparation possible ?

    Vu l’évidence culturelle du système pénal, il est normal que les gens attendent de lui une forme de reconnaissance du préjudice. Mais l’abolitionnisme affirme que le système pénal néglige profondément les intérêts et les besoins de tout le monde : les victimes, mais aussi les personnes criminalisées. Les abolitionnistes s’intéressent donc à des modes alternatifs de régulation des conflits, de manière radicale, c’est-à-dire en faisant en sorte qu’ils ne se reproduisent pas à l’avenir.

    En quoi consistent-ils ?

    Différents courants se sont développés depuis les années 1970-1980, qui ont pris le nom par exemple de « justice restauratrice » ou « réparatrice » au Canada. Les infractions ne sont plus considérées uniquement comme des transgressions à la loi, qui doivent être sanctionnées, mais comme des conflits ou des situations problématiques qui ont des répercussions personnelles sur la vie des gens et qui doivent être réparées. Donc il ne s’agit pas de punir, mais de remédier au tort subi par les victimes et de reconstituer le lien social.

    À partir des années 1990, ce courant de la justice restauratrice, pensé hors du système pénal, a commencé à être digéré par les différents systèmes pénaux. Elle a été utilisée comme un supplément à la peine : par exemple, elle a été intégrée dans la loi en France avec la loi Taubira en 2014.

    A alors émergé la justice transformatrice, notamment sous l’impulsion de l’abolitionniste canadienne Ruth Morris. Elle ne cherche pas juste à réparer le lien social, mais aussi à changer les individus et la société en général. Depuis plus de dix ans, il y a tout un essor militant et éditorial de la justice transformatrice, souvent initiée par des groupes qui, parce qu’ils sont souvent criminalisés, ne peuvent pas forcément recourir à la police.

    C’est le cas, surtout aux États-Unis (avec des groupes comme Generation Five, CARA, Creative Interventions). On peut citer aussi l’activiste Mariame Kaba. En France, c’est aussi la démarche du collectif Fracas. La justice transformatrice recourt à des pratiques de médiation et de guérison. Elle mobilise une palette de mesures adaptées à chaque problème (refuge, groupe de soutien, etc.). Son but est aussi de changer les valeurs, pratiques et structures qui ont rendu la commission de la violence possible, par un travail culturel et politique.

    Le Code pénal prévoit des crimes et des délits. La vision abolitionniste critique la notion de crime, la « figure mythologique du criminel » comme vous l’écrivez. Est-ce à dire que les crimes n’existent pas ?

    Les abolitionnistes considèrent que le crime est une catégorie « éponge », qui regroupe des actes qui n’ont aucune similitude la plupart du temps, que ce soit sur les situations que ça implique ou les impacts concrets que ça va avoir sur la vie des personnes. Pour les abolitionnistes, la grammaire de la criminalisation ne permet pas de comprendre les situations vécues, les circonstances, les expériences des personnes concernées. C’est pour eux une abstraction qui décontextualise, qui réduit la complexité des situations.

    C’est-à-dire qu’il n’y a pas de victimes et il n’y a pas d’auteurs ?

    Ces actes déplorables qu’il y a derrière la notion de « crime » ils sont là, ils existent. Mais les abolitionnistes partent de ces actes et de ces situations pour ensuite proposer une multiplicité d’interprétations de ces situations et de réponses possibles. Beaucoup d’entre eux remettent en cause la dichotomie auteur-victime, car beaucoup d’auteurs sont aussi victimes d’autres systèmes d’oppression. Les abolitionnistes vont dire que le « crime » n’est pas un point de départ utile pour cadrer les problèmes. Ils vont partir des actes et des situations concrètes.

    Il ne s’agit pas d’excuser telle ou telle personne pour avoir commis tel acte : l’abolitionniste cherche à reproblématiser la question de la responsabilité, pas à dédouaner la personne qui a commis l’acte. Mais c’est aussi hypocrite de voir uniquement la responsabilité individuelle comme le fait le système pénal ; et de ne pas regarder toutes les logiques sociales qui ont permis à cette situation d’advenir.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/230424/abolir-les-prisons-une-utopie-reelle
    #abolitionnisme #emprisonnement

    • Brique par brique, mur par mur. Une histoire de l’abolitionnisme pénal

      Il y a d’abord une évidence : les services que les prisons sont censées rendre ne compenseront jamais les torts qu’elles causent. Depuis les années 1960, ce constat d’un immense gâchis a amené un vaste mouvement à œuvrer à l’abolitionnisme pénal : en finir avec toutes les prisons, mais aussi avec les autres institutions qui forment le système pénal, comme la police et les tribunaux. Ce projet politique poursuit ainsi un objectif ambitieux : rendre vraiment justice aux victimes et répondre à leurs besoins, en plus de prévenir les violences systémiques et interpersonnelles.

      En prenant appui sur les trajectoires transnationales des mouvements politiques qui ont mis au cœur de leur démarche la critique radicale du système carcéral et judiciaire, cet ouvrage, le premier du genre en langue française, offre une documentation indispensable pour inspirer les luttes contemporaines.

      https://luxediteur.com/catalogue/brique-par-brique-mur-par-mur
      #livre

  • Quand le travail fait mal
    https://www.cafepedagogique.net/2024/04/29/quand-le-travail-fait-mal

    Il est de bon ton en ce moment de railler l’inertie des enseignants et d’expliquer leur morne mobilisation par le fait qu’ils se contenteraient de ces réformes les confirmant dans leur confort petit bourgeois. C’était peu ou prou l’objet d’un article paru dans le web magazine Frustration, très marqué à gauche et généralement plutôt pertinent sur son analyse du monde du travail, article dé-publié depuis. L’auteur partait de l’ observation de sa propre salle des profs pour élaborer cette critique somme toute assez banale dans le monde de la gauche radicale puisqu’elle se rattache à la critique libertaire et anti-autoritaire qui a toujours accusé l’école de s’adonner à du formatage paramilitaire avec la douce complicité des enseignants. Mais si cette critique pouvait, à bien des égards, faire mouche dans les années 1970, une certaine eau a, depuis, coulé sous les ponts. Une eau bien saumâtre qui ne fait pas grand cas du confort petit bourgeois des un·es et des autres et qui s’abat comme une vague sur l’ensemble des services publics, école y compris. Un ouragan néolibéral. On ne devrait rien avoir à apprendre à la gauche de transformation sociale sur ce sujet, l’ensemble étant bien documenté depuis des années par la sociologie et formant le socle d’une analyse des transformations du monde du travail dont le magazine Frustration comme d’autres milieux sont parfaitement au fait. Mais il semblerait que le travail enseignant n’ait pas encore été complètement intégré à cette grille de lecture dans le monde militant.

    Revoir aussi cette discussion : https://seenthis.net/messages/1050837

    (Ceci dit, j’en suis toujours à ruminer la raison pour laquelle Frustration Magazine a laissé s’exprimer dans ces pages cet individu, en l’occurrence un certain François Bégaudeau).
    (Source : https://twitter.com/dukeofportland1/status/1783078057458229689)

    • Merci @arno pour cette remarque. Je me suis moi-même demandé si la source était fiable. D’où ce post car j’étais certain que s’il s’agissait d’une calomnie, l’info serait à coup sûr debunkée ici même. Je suis bien conscient que ma démarche est limite : prêcher le faux pour savoir le vrai, ça peut avoir des conséquences fâcheuses.

      [edit] Mais sinon, à ma décharge, François Bégaudeau fait l’objet de nombreux articles chez Frustration.
      https://www.frustrationmagazine.fr/?s=Fran%C3%A7ois+B%C3%A9gaudeau
      De surcroît, le gars traîne une vilaine réputation sexiste et se retrouve au tribunal pour une affaire de slut shaming à l’encontre de Ludivine Bantigny. Les faits se sont produits en 2020.

      https://www.madmoizelle.com/proces-en-diffamation-sexiste-francois-begaudeau-confond-misogynie-et-h

    • https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_B%C3%A9gaudeau#Accusation_de_sexisme

      « La bourgeoisie croit toujours que sa position est désirable » Bégaudeau paru chez Frustration (III)
      https://www.frustrationmagazine.fr/begaudeau-3

      Car quelle est ta cible quand tu écris Notre joie ou Histoire de ta bêtise ? Tu t’adaptes à ton lectorat : tu cites la philosophe Simone Weil en écrivant Simone, sans dire explicitement ce qu’elle pense, comme si tout le monde savait ce qu’elle pensait. C’est plus facile pour toi, tu es dans ton élément et tu t’adresses à des gens qui sont dans ton élément aussi. Quand on pense à des slogans, on s’adresse à beaucoup plus large.

      Oui, ce n’est pas la même stratégie. J’ai une position très radicale sur les livres : ils servent d’abord à celui qui les écrit. Je ne me pose jamais la question de l’utilité d’un livre. Je me pose la question de son intérêt et de sa beauté. C’est un truc d’esthète, mais on ne se refait pas. Son intérêt, c’est sa justesse et sa pertinence. Sa beauté, c’est au niveau de la forme, du style. Ce qui me déclenche pour écrire un livre, c’est si je sens que j’ai quelque chose d’intéressant à dire et que par ailleurs, la composition peut être intéressante. Quand je suis dans le détail d’une page en revanche, j’essaie d’être le plus clair possible, de pas trop multiplier les références. Il y en a un peu plus que d’habitude dans Notre joie, peut-être un peu trop, je ne sais pas. Mon but est quand même de décoder.

      Après, évidemment qu’un livre est segmentant, tu n’as pas tout le monde [qui lit], à un certain niveau de sophistication de la pensée tout le monde ne suivra pas. Je rencontre pas mal de gens qui disent : “Olala Lordon, c’est énervant, il est pas clair !” Je ne suis pas “Lordofan” tout le temps, mais je défends le fait qu’il y a certains problèmes qu’aborde Lordon qui sont des problèmes philosophiques et anthropologistes, sous tutelle spinoziste, qui ne peuvent pas être écrits autrement. Il faut savoir ce qu’est la philo… peut-être que c’est vain.

      C’est un philosophe, il va dans le jargon. Il est plus universitaire que moi qui viens plutôt de la littérature. Je serais incapable d’écrire du Lordon, je n’ai pas l’armature philosophique pour ça. Lordon il l’a, et il en est un peu victime, ça va un peu plomber sa prose. Mais il y a des pages qui sont merveilleuses ! Il pose des problèmes fondamentaux, ontologiques : par exemple, qu’est-ce qu’un corps social ? C’est pour ça que parfois les militants sont un peu déçus, ils l’ont entendu parler à Nuit debout, où il est bon comme orateur, et après…

    • J’ai posé la question à Frustration sur Twitter, à savoir si c’était François Bégaudeau ou un certain Arnaud Dolidier qui était l’auteur de l’article (en leur mettant sous le nez la parution chez Info libertaire de l’article qu’ils ont supprimé). J’attends leur réponse.
      Ce qui est ballot, c’est que je n’ai pas fait attention au nom de l’auteur de l’article paru puis supprimé chez Frustration.
      (Bon, je fatigue. J’ai les yeux en ruine. Je vais dormir).

    • Je n’avais pas étoilé cet article de Frustration @sombre car j’avais moyennement apprécié celui ci. Il me semble qu’il s’agissait bien de Arnaud Dolidier car si s’avait été celui de Bégaudeau cela m’aurait profondément perturbée. Il s’agit peut être d’un pseudo, de son pseudo ?...

      On peut le retrouver ici : https://blogs.mediapart.fr/arnaud-dolidier/blog

      L’Espagne face à l’impunité des crimes franquistes
      7 févr. 2022 Par arnaud dolidier

      Validé par le conseil des Ministres en juillet 2021, la loi dite de mémoire démocratique a été discutée au Congrès des Députés en octobre dernier. Malgré de réelles avancées, le modèle de réconciliation nationale fondé sur la loi d’amnistie d’octobre 1977 constitue toujours un frein aux demandes de vérité, de justice et de réparation des victimes du franquisme.

      « Les chemins du communisme libertaire » (premier volume) de Myrtille 25 janv. 2022 Par arnaud dolidier

      Le premier volume des chemins du communisme libertaire permet au lecteur français d’appréhender l’effervescence et la richesse des idées et des pratiques libertaires pendant le XIXe siècle espagnol. Le travail de Myrtille met en avant les enjeux doctrinaux inhérents au développement des courants anarchistes au sein d’une partie des classes populaires espagnoles.

      « Les anarchistes dans la ville » de Chris Ealham
      15 janv. 2022 Par arnaud dolidier

      « Les anarchistes dans la ville » est la traduction française de la thèse de Chris Ealham paru en 2005. L’auteur, par le biais d’une « histoire sociale des dépossédés inscrite dans l’espace », montre comment s’est construite « la ville prolétarienne » en réponse au développement de la ville capitaliste.

      Cadix, plus de 20.000 métallurgistes en grève reconductible 23 nov. 2021 Par arnaud dolidier

      Manifestations de plusieurs milliers de personnes, barricades pour couper l’accès aux zones industrielles et aux voies de communication, sit-in et occupations d’usines : à Cadix, les métallurgistes sont en grève reconductible depuis une semaine pour réclamer au patronat des augmentations de salaires indexées sur l’inflation.

      Contribution au débat sur la « mémoire historique » en Espagne 8 sept. 2011 Par arnaud dolidier

      Dans un village de Castille et Léon, le 2 août 2011, le maire a pris la décision d’exhumer les restes de dix victimes du franquisme placés dans un monument en hommage aux républicains espagnols, pour les envoyer dans un ossuaire. A l’origine de cette action, une femme qui souhaitait récupérer les restes de sa grand-mère qui reposait dans ce monument, pour la placer dans une tombe familiale.

      Espagne : de la transition démocratique au 15-M 17 juin 2011 Par arnaud dolidier

      Cela fait maintenant plus d’un mois que le mouvement né après les manifestations du 15-M bouleverse la vie politique et sociale de l’Espagne.

      Ou alors Frustration s’est planté dans la suppression... :)

      « Notre rubrique ’’Vos Frustrations’’ permet à des personnes de témoigner sur leur milieu professionnel. ou leur quotidien.
      Or, nous avons appris ce matin que notre dernier contributeur, enseignant, était accusé d’agissements sexistes et de viol. Nous avons donc supprimé son article. »

    • @marielle : oui, tu as eu le même cheminement que moi hier soir. J’avais réussi à loger le « Arnaud Dolidier » chez les blogs de médiapart, là où il se décrit comme historien, enseignant d’histoire-géographie, spécialiste du mouvement ouvrier en Espagne.
      Toujours est-il que je n’ai à cette heure obtenu aucune réponse du compte Twitter de Frustration Magazine à propos de leur « contributeur » accusé de sexisme et de viol. Je sais bien qu’il est malaisé d’identifier à priori sur des écrits et sur un portrait photo un agresseur potentiel. N’empêche qu’il en va de leur crédibilité même concernant leurs allégations à l’encontre de cette personne.
      Après, il est vrai que le jugement porté sur l’ensemble des enseignants peut être problématique surtout en cette période où l’institution et ses personnels font l’objet d’attaques incessantes. Mais pour être bref et au vu de mon expérience dans ce métier, il y a aussi des enseignants problématiques. Cependant, je le concède, on ne peut pas se permettre d’essentialiser toute une profession en regard d’un ressenti personnel.

  • Germany prepares to widen fixed border checks

    (automne 2023 —> pour archivage)

    Germany is expected to notify the EU about plans to introduce fixed border checks on the Polish, Czech Republic and Swiss borders. Previously, this had only been possible at the Austrian frontier.

    The German Interior Ministry is expected to register fixed border controls with Poland, the Czech Republic and Switzerland with the European Commission in light of a high number of refugees entering Germany.

    The intention of the checks is to more effectively fight against people smugglers and to detect and stop unauthorized entries.
    What we know so far

    According to government sources, the necessary notification in Brussels was being prepared on Monday.

    The plan is an extension of police checks directly at the border in place at the border with Austria since 2015.

    German Interior Minister Nancy Faeser had long rejected permanent fixed contro points, citing, among other things, the effects on commuters and freight transport. The norm in the EU’s Schengen Zone is for open borders but with police reserving the right to check anybody crossing at random, but not at set checkpoints.

    Interior ministers of the eastern German states of Brandenburg and Saxony have pressed Faeser to implement fixed checks.

    Germany had introduced additional controls at border crossings with Poland and the Czech Republic in September, but these were not intended to be permanent.

    German municipalities have urged the federal government to provide more funding to cope with the surge in migrant arrivals. They have pointed to stretched accommodation and services that seem similar to the events of 2015, when Germany took in over 1 million refugees mainly fleeing war in the Middle East.

    Opposition parties in Germany have also called on the government to limit the number of asylum-seekers, with Bavaria’s conservative Premier Markus Söder suggesting an annual upper limit on asylum seekers of 200,000.

    https://www.dw.com/en/germany-prepares-to-widen-fixed-border-checks/a-67109731

    #Allemagne #Pologne #Suisse #République_Tchèque

    #Allemagne #Suisse #contrôles_systématiques_aux_frontières #France #frontières_intérieures #frontières #asile #migrations #réfugiés #frontière_sud-alpine #prolongation #2023 #2024 #contrôles_frontaliers #frontière_sud-alpine

    –—

    ajouté à cette métaliste sur l’annonce du rétablissement des contrôles frontaliers de la part de plusieurs pays européens :
    https://seenthis.net/messages/1021987

    • 15.12.2023 : L’Allemagne prolonge de trois mois les contrôles aux frontières suisses

      L’Allemagne estime que la protection des frontières extérieures de l’UE est déterminante pour limiter l’immigration irrégulière. Elle prolonge donc les contrôles à la frontière avec la Suisse jusqu’au 15 mars 2024 au moins. Les frontières allemandes avec la Pologne et la République tchèque sont également concernées.

      Afin de lutter encore plus fortement contre la criminalité liée au trafic de migrants et de limiter la migration irrégulière, les contrôles seront poursuivis et ont été notifiés à la Commission européenne, a annoncé vendredi le ministère allemand de l’Intérieur.

      Berlin avait introduit en octobre des contrôles aux frontières avec la Pologne, la République tchèque et la Suisse, en raison de la nette augmentation du nombre de réfugiés en Allemagne. Cette mesure a été prolongée à plusieurs reprises.

      Mesures efficaces

      Le nombre d’entrées non autorisées en Allemagne a diminué de 60%, passant de plus de 20’000 en octobre à 7300 entrées non autorisées en novembre. « Nos mesures sont efficaces », a déclaré la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser.

      Les contrôles aux frontières intérieures entre l’Allemagne et l’Autriche, qui avaient déjà commencé à l’automne 2015, durent actuellement jusqu’au 11 mai 2024.

      Les contrôles aux frontières ne sont en fait pas prévus au sein de l’espace Schengen et doivent être notifiés à Bruxelles. S’il ne s’agit que de quelques jours, il est possible de le faire à court terme, mais cette possibilité prend fin après deux mois, soit vendredi 15 décembre dans le cas de l’Allemagne.

      https://www.rts.ch/info/monde/14556738-lallemagne-prolonge-de-trois-mois-les-controles-aux-frontieres-suisses.

    • 17.10.2024 : Face à l’immigration illégale, l’Allemagne réinstaure des contrôles à la frontière suisse

      Le ministère allemand de l’Intérieur a notifié lundi auprès de la Commission européenne « des contrôles temporaires aux frontières avec la Pologne, la République tchèque et la Suisse »

      Le gouvernement allemand a annoncé le renforcement de sa surveillance aux frontières au sud et à l’est. Depuis lundi, des contrôles stationnaires aux passages douaniers avec la Pologne, la République tchèque et la Suisse ont été instaurés, indique le ministère allemand de l’Intérieur. Cette mesure exceptionnelle, qui nécessite l’aval de Bruxelles, est destinée à durer 10 jours, et peut être prolongée pour deux mois, précise le ministère.

      Des contrôles de ce type ont été mis en place à la frontière autrichienne depuis 2015, au moment de l’afflux sans précédent d’immigrants vers l’Allemagne, une décision dont la prolongation de six mois à compter du 12 novembre a également été annoncée ce lundi. « La police fédérale peut utiliser les mêmes moyens aux frontières avec la Pologne, la République tchèque et la Suisse que ceux déjà en place avec l’Autriche », précise le ministère. Les voyageurs transfrontaliers ne devraient cependant pas être confrontés à des contrôles systématiques : « un paquet de contrôles fixes et mobiles » sera mis en œuvre « de façon flexible et selon la situation », a déclaré la ministre allemande Nancy Faeser, citée dans le communiqué.

      Une importante hausse des arrivées en Allemagne

      L’Allemagne est confrontée à une forte hausse de l’immigration illégale. De janvier à début octobre, la police a comptabilisé environ 98 000 arrivées illégales dans le pays, dépassant déjà le nombre total des arrivées pour l’année 2022 qui était d’environ 92 000. Pour justifier les mesures décidées, l’Allemagne s’appuie sur un article de la réglementation de Schengen qui permet d’introduire pour une période limitée des contrôles intérieurs aux frontières en cas « de menace sérieuse à l’ordre public ou à la sécurité intérieure ».

      Nancy Faeser s’était pourtant jusqu’ici montrée réticente à l’idée d’instaurer des contrôles fixes, en raison notamment de leur impact sur les travailleurs frontaliers ainsi que sur les échanges commerciaux avec les pays voisins : ces mesures ralentissent en effet considérablement le trafic et créent des embouteillages. Mais la hausse des arrivées illégales provoque un vif débat en Allemagne, dont les capacités d’accueil s’épuisent. Les communes et les régions, qui ont aussi absorbé l’arrivée d’un million de réfugiés ukrainiens depuis février 2022, se disent à la limite de leur capacité d’accueil, alors que la situation profite à l’extrême-droite, qui a obtenu des résultats records dans deux scrutins régionaux il y a une semaine.

      « Le nombre de personnes qui viennent actuellement chez nous est trop élevé », avait récemment martelé le chancelier Olaf Scholz, en présentant des mesures pour accélérer les expulsions de personnes déboutées de l’asile. La décision était donc attendue, et « la ministre de l’Intérieur […] a apparemment attendu les élections législatives polonaises avant de rendre publique sa décision », note le Tages-Anzeiger.
      Poursuite de la collaboration avec les douaniers suisses

      Nancy Fraeser « a assuré à [Elisabeth] Baume-Schneider que le trafic frontalier serait entravé aussi peu que possible », indique le Département fédéral de justice et police (DFJP) à Keystone-ATS. La conseillère fédérale et la ministre allemande ont par ailleurs convenu lundi de renforcer la « collaboration fructueuse » entre les deux pays dans le cadre du plan d’action mis en place en 2022 qui prévoit des patrouilles en commun et un meilleur échange d’informations pour enrayer les migrations secondaires, ajoute le DFJP. Au parlement, l’annonce allemande semble être accueillie avec compréhension : « ce n’est pas un secret que de nombreux migrants utilisent la Suisse comme pays de transit, tous ceux qui prennent le train de Milan à Zurich le voient », a réagi dans la Neue Zürcher Zeitung le président de la Commission de politique extérieure du Conseil national, Hans-Peter Portmann (PLR/ZH).

      Un porte-parole du gouvernement allemand a par ailleurs confirmé au quotidien zurichois que les contrôles avaient commencé à être mis en place ce lundi, et qu’ils « seront renforcés dans les jours à venir en fonction de l’évaluation de la situation par la police fédérale » allemande. « Les contrôles fixes aux frontières présentent l’avantage […] que les personnes peuvent être refoulées par la police fédérale dès qu’elles tentent de franchir la frontière », poursuit la NZZ. « Elles sont alors considérées comme n’étant pas entrées sur le territoire » et nécessitent un investissement bureaucratique « incomparablement plus faible » que dans le cas d’un processus d’expulsion du territoire, argumente le journal.

      « Les spécialistes, les politiciens et les policiers sont loin d’être d’accord » sur l’efficacité des contrôles, tempère le Tages-Anzeiger qui rappelle qu’il y a quelques semaines encore, Nancy Faeser qualifiait les contrôles fixes de « fausses solutions ». Reste, conclut le Tagi, qu’il est « pour l’instant impossible d’estimer » les effets concrets des nouvelles mesures à la frontière suisse, notamment sur le trafic important des pendulaires avec le Bade-Wurtemberg.

      https://www.letemps.ch/suisse/face-a-l-immigration-illegale-l-allemagne-reinstaure-des-controles-a-la-fron

    • La Suisse accusée de « #laisser_passer » les migrants

      Le président du Conseil national Martin Candinas est en visite à Berlin ce vendredi, dans un climat tendu : l’Allemagne reproche à la Suisse de faciliter le transit des demandeurs d’asile.

      Le nombre des réfugiés arrivant en Europe atteint un nouveau record… et l’Allemagne est une fois de plus en première ligne. Elle accuse ses voisins de « laisser passer » des demandeurs d’asile de Syrie, d’Afghanistan, du Pakistan ou d’Irak, voire de leur faciliter le transit comme en Suisse. La télévision suisse alémanique avait révélé fin 2022 comment la compagnie ferroviaire CFF avait mis en place des « wagons réservés aux étrangers » avec des portes fermées à clé pour conduire les réfugiés jusqu’à Bâle.

      « Ça ne peut plus continuer ! […] Il nous faut une protection plus efficace à la frontière entre l’Allemagne et la Suisse. » (Thomas Strobel, ministre de l’Intérieur du Bade-Wurtemberg)

      La situation est particulièrement dramatique à la frontière avec la Pologne avec 14’303 illégaux arrêtés dans les sept premiers mois de l’année (+143% par rapport à 2022). En provenance de Suisse, la progression est encore plus importante : +200%, soit plus de 6000 illégaux arrêtées à la frontière avec le #Bade-Wurtemberg. « Les passages entre la Suisse et l’Allemagne n’ont jamais été aussi élevés depuis 2016 », s’est plaint le Ministère de la justice de la région frontalière dans un communiqué officiel.

      « Nos villes et nos communes ont atteint leurs capacités d’accueil. Ça ne peut plus continuer ! […] Il nous faut une protection plus efficace à la frontière entre l’Allemagne et la Suisse », a insisté avant l’été Thomas Strobel, le ministre conservateur (CDU) de l’Intérieur du Bade-Wurtemberg. Pour le chef du groupe parlementaire des libéraux (FDP), Hans-Ulrich Rülke, il n’est « pas normal qu’un État non-membre de l’UE comme la Suisse introduise des réfugiés en Allemagne par le Bade- Wurtemberg ».

      Menace de l’opposition

      Lors du débat de politique générale à l’assemblée fédérale (Bundestag), mercredi 6 septembre, Friedrich Merz, le leader de l’opposition conservatrice (CDU), a attaqué lui aussi la Suisse en l’accusant de ne pas respecter le « règlement de Dublin » qui l’oblige à traiter les demandes d’asile chez elle ou à renvoyer des réfugiés dans le premier pays d’enregistrement (la plupart des demandes sont faites en Autriche).

      « Vu le nombre de passages illégaux, nous sommes prêts à rétablir des contrôles aux frontières. » (Friedrich Merz, leader de l’opposition conservatrice (CDU))

      « Notre volonté n’est pas de réinstaller des barrières douanières aux frontières polonaises, tchèques et suisses. Mais vu le nombre de passages illégaux, nous sommes prêts à rétablir des contrôles », at- il menacé dans l’hémicycle sous les huées de la gauche gouvernementale.

      Une déclaration qui met le président du Conseil national dans l’embarras. Martin Candinas rencontre ce vendredi à 9 heures la vice-présidente du Bundestag, Yvonne Magwas (CDU), pour un entretien bilatéral. « La Suisse respecte le règlement de Dublin », nous a-t-il assuré jeudi, ne voulant pas davantage commenter cette crise. Il ne compte pas aborder le sujet avec les officiels allemands, sauf si ces derniers souhaitent lui en parler. Du côté allemand, on reste également discret sur la teneur de l’entretien.

      Le président du Conseil national Martin Candinas, qui doit rencontrer vendredi la vice-présidente du Bundestag, assure que « la Suisse respecte le règlement de Dublin ».

      La tension est sensible aux frontières polonaises et tchèques. La Saxe a décidé d’envoyer sa propre police pour épauler les agents fédéraux chargés de contrôler seulement les passages frontaliers officiels. Le ministre de l’Intérieur de Saxe, Armin Schuster, a estimé qu’il n’avait pas d’autre choix que d’employer cette méthode. Dès la première semaine, ses agents ont arrêté 307 clandestins et 7 passeurs sur un total de 514 personnes contrôlées… « Vous le voyez, le principe des accords de Dublin ne fonctionne pas », regrette-t-il. Friedrich Merz abonde : « Cela me fait mal au coeur de voir que nous ne sommes même pas en mesure de protéger nos propres frontières, d’autant plus que celles de l’Europe ne sont toujours pas sécurisées. »

      Épargner les frontaliers

      Mais la ministre fédérale de l’Intérieur, la social-démocrate Nacy Faeser, refuse catégoriquement la mise en place de contrôles permanents, surtout vers la Suisse. Les experts les considèrent comme inefficaces. La Bavière a mis en place 5 points de contrôle à la frontière autrichienne en 2015. « Ces contrôles n’ont aucun sens », estime Andreas Roßkopf du syndicat de la police (GdP).

      « Ils bouleversent surtout le quotidien des frontaliers. Le personnel soignant, les artisans et de nombreux pendulaires des deux pays sont concernés. Ils affectent durablement notre économie », ajoute la ministre. Elle a en revanche ordonné le renforcement des contrôles aléatoires aux frontières.

      https://www.tdg.ch/tensions-avec-lallemagne-la-suisse-accusee-de-laisser-passer-les-migrants-428988

    • A #Buchs, « porte d’entrée orientale du pays », la banalité de l’immigration

      Sorti ce lundi, le baromètre des préoccupations Ipsos réalisé par « Le Temps » place l’immigration en quatrième position. A Buchs, où plus de 26 000 personnes « illégales » ont été contrôlées l’an dernier, le phénomène fait désormais partie du paysage.

      La scène est devenue parfaitement ordinaire : il est un peu moins de 10h à la #gare de Buchs (SG) ce mardi 23 août et une cinquantaine d’hommes en training sont alignés contre un mur par les gardes-frontières suisses. Les voyageurs – des Afghans fuyant les talibans, des Nord-Africains en quête d’une vie meilleure et d’autres compagnons d’infortune internationaux – affluent tous du même endroit : #Vienne, d’où les trains de nuit rallient régulièrement Zurich (notre reportage sur la question : https://www.letemps.ch/suisse/rails-entre-vienne-zurich-migrants-route-balkans).

      L’année dernière, pas moins de 26 000 « entrées illégales » ont été enregistrées par l’Office fédéral de la douane à la frontière orientale suisse. Ce qui représente deux fois la population de Buchs, 13 000 habitants. Dans la petite localité saint-galloise, cet afflux ininterrompu laisse cependant froid. Les nouveaux arrivants ne sont pas là pour rester, alors à quoi bon s’en soucier ? Et qu’importent les Accords de Schengen-Dublin.

      « Les journaux n’en parlent plus »

      L’immigration. Politiquement, la thématique est omniprésente. Toutefois, rares sont les lieux en Suisse où le phénomène est aussi visible qu’à Buchs. « Porte d’entrée orientale » du pays comme il est souvent qualifié, le gros bourg est connu pour son joli château surplombant un petit lac, sa vieille ville bucolique. Mais surtout pour sa gare où, ce mardi, à quelques centaines de mètres d’écart, deux réalités s’affrontent. Sur le quai 5, des migrants dépenaillés cheminent en file indienne, entourés par des douaniers et des policiers… alors qu’à deux pas du quai 1, des ouvriers s’affairent pour préparer la 39e édition de la Buchserfest. Agendée trois jours plus tard, la manifestation annonce « concerts, spectacles de danse et restauration variée pour petits et grands ». Et c’est surtout cette perspective qui anime les bistrots de la rue centrale.

      « C’est une gare de transit, dit avec fatalité Barbara Gähwiler-Bader, présidente du PS de la commune, attablée au Café Wanger. Pour être franche, à moins de prendre le train, rien ne laisse penser que des milliers de personnes mettent un premier pied en Suisse ici chaque année. La politique locale ne s’intéresse pas au sujet, les journaux du coin n’en parlent plus, ni vraiment les habitants. C’est parfois à se demander si le phénomène est encore là. Ici tout va bien, et tant que c’est le cas, rien ne bouge. Réfléchir à la situation de ces gens, c’est réfléchir à ses propres privilèges. Et tout le monde n’a pas envie de faire l’effort. » Dans la station frontière, seul un panneau en persan indiquant les toilettes signale la spécificité des lieux. Le centre d’asile le plus proche est à plus de 30 kilomètres.

      « Rien n’est vraiment entrepris dans la commune, admet la socialiste, mais que faire ? C’est une situation tragique mais ils ne font qu’entrer et sortir. Très peu souhaitent s’attarder en Suisse. Les autorités les chargent dans le train suivant et ils partent pour la France, l’Allemagne, le Royaume- Uni. Voilà. » Si les arrivants dénués de papiers sont censés être identifiés, enregistrés et contrôlés, la police saint-galloise reconnaît laisser passer nombre d’entre eux sans intervenir. La plupart des vagabonds (contrôlés ou non) poursuivent ensuite leur chemin – avec ou sans billet – vers Zurich, puis Bâle, avant de sortir des frontières de la Suisse. Et de la liste des problèmes du pays.

      « On se sent en danger à la gare »

      Une attitude laxiste, selon Sascha Schmid, représentant local de l’UDC, membre du législatif cantonal et candidat au Conseil national aux élections fédérales 2023. « Il y a des lois en Suisse et elles doivent être respectées, tonne le vingtenaire, banquier au Liechtenstein. Ces gens ne restent peut-être pas à Buchs mais qui sait s’ils sortent vraiment du pays ? Il n’y a aucune garantie. Et qui nous dit que l’Allemagne ou la France ne durciront pas un jour les contrôles à leurs frontières ? Nous nous retrouverions dans une situation intenable. » Le politicien dénonce particulièrement le laisser-faire autrichien… tout en reconnaissant que Berne agit grosso modo comme Vienne, une étape plus loin.

      « Le problème est global, poursuit-il. Mais il existe des solutions. L’UDC aimerait une mise en oeuvre stricte des Accords de Schengen-Dublin (le renvoi des étrangers dans leur premier pays d’enregistrement). Toutefois, comme ces accords sont cliniquement morts, j’estime qu’il faut faire preuve de courage et considérer d’autres options. De très nombreux Autrichiens viennent travailler chaque jour dans la région. Il doit être possible de mettre la pression sur leur gouvernement pour qu’il respecte les accords internationaux. Il n’est pas acceptable d’enrichir les frontaliers sans contrepartie. » Si la plupart des migrants ne s’attardent pas à Buchs, Sascha Schmid considère tout de même qu’ils font « grimper l’insécurité à la gare et que la criminalité augmente en ville, tout comme les cambriolages et les vols ».

      « Ici la vie continue »

      Un diagnostic que Rolf Pfeiffer, président indépendant de la ville de Buchs depuis mars, réfute en bloc. « Les arrivants ne sont mêlés à aucun souci local, dit-il. Tout est calme. Tout se passe bien.

      C’est un non-sujet. Buchs surgit régulièrement dans les médias parce que nous sommes situés à la frontière, mais la ville est concentrée sur d’autres problèmes. » Jouxtant le Liechtenstein – dont la place financière attire de nombreux habitants optant pour une résidence en Suisse voisine – mais également proche de Saint-Gall, Coire (GR), Zurich (ZH), Feldkirch (AU) et Bregenz (AU), la petite cité grandit vite et il s’agit d’adapter ses infrastructures, précise-t-il. Un défi bien plus pressant que ce qui se trame au bord des rails.

      « Si le besoin surgit, complète le Saint-Gallois, nous nous mettons à disposition des membres de la protection civile pour monter quelques tentes destinées à accueillir les migrants qui en ont besoin. Généralement pendant une nuit tout au plus. Les coûts engendrés nous sont ensuite remboursés par la Confédération. Comprenez-moi bien, d’un point de vue humanitaire, la condition des arrivants est certainement triste. Ils sont là, nous les voyons. Nous n’ignorons pas la chose. Mais ici la vie continue. Nous ne pouvons pas influencer la situation, qui doit être réglée entre Etats. » Le jour de notre visite, la Confédération annonçait justement une nouvelle contribution de 300 millions d’euros sur sept ans destinée à « l’amélioration de la protection des frontières extérieures de l’espace Schengen ». Une décision qui fait suite au plébiscite (71,6% de oui) des Suisses à une participation élargie de Berne aux activités de Frontex en 2022. Et aux difficultés de la Suisse à gérer cette problématique.

      Car même si beaucoup de migrants poursuivent leur chemin, pas moins de 14 000 demandes d’asile ont été enregistrées par le Secrétariat d’Etat aux migrations en juillet 2023 et, au vu des pronostics – le nombre total pourrait monter à plus de 30 000 d’ici à la fin de l’année –, les centres d’accueil fédéraux craignent d’atteindre leurs limites. Vendredi dernier, la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider annonçait avoir arraché 1800 places supplémentaires aux cantons sur un objectif de 3000 – sans pour autant rassurer sur le long terme. Au centre de l’Europe, la Suisse mise cependant sur une autre solution : déléguer. « Une protection efficace des frontières extérieures de l’espace Schengen contribue à la sécurité et à la gestion migratoire de la Suisse, affirmait mercredi dernier le Conseil fédéral. Mieux les contrôles aux frontières extérieures fonctionneront, moins il y aura besoin de contrôles aux frontières nationales suisses. » Et, à l’instar de Buchs, moins il faudra se préoccuper de la chose.

      https://www.letemps.ch/suisse/suisse-alemanique/a-buchs-la-banalite-de-la-migration

      #statistiques #chiffres #2023