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  • Pierre Stambul + Mariam Abou Daqqa : là y’a vraiment du level | Mediapart | 18.10.23

    https://www.mediapart.fr/journal/international/181023/mariam-abou-daqqa-le-gouvernement-m-assimile-une-terroriste-parce-que-je-d

    Pierre Stambul se souvient précisément du jour où il a rencontré Mariam Abou Daqqa à Gaza. C’était il y a sept ans. « Elle s’est présentée devant moi ainsi : “Je suis une femme palestinienne qui se bat contre l’occupation de mon pays et contre le patriarcat de ma propre société.” »

    Voir cette figure militante et intellectuelle palestinienne, dépeinte selon lui comme une « dangereuse terroriste » par le gouvernement français, « choque profondément » le porte-parole de l’Union juive française pour la paix (UJFP), dont les parents ont débarqué apatrides à Marseille en 1938, d’un pays qui n’existe plus, la Bessarabie, entre la Moldavie et l’Ukraine.

    Pour ce fils de l’un des rares survivants du groupe Manouchian, qui fut déporté à Buchenwald, et qui rappelle d’emblée être également le petit-fils de deux rescapées du pogrom de Kichinev en Bessarabie en 1903, ce qui arrive à Mariam Abou Daqqa, 72 ans, est « une dérive inquiétante de l’État français »

    • un pays qui n’existe plus, la Bessarabie

      Ça calme, quand même, non ? Des pays ont disparu au milieu du XXe siècle !

    • Mariam Abou Daqqa : C’est cela la démocratie française ? Ce n’est pas tolérable. Nous avons lancé une action en justice pour faire valoir mes droits.

      Pierre Stambul : Cet arrêté d’expulsion est totalement surréaliste. Tout est mélangé : la guerre, l’attentat d’Arras, le mouvement BDS, le militant Georges Ibrahim Abdallah. On est passé dans une phase de criminalisation de toute la Palestine, d’assimilation de la Palestine au terrorisme de la part d’un gouvernement qui laisse les migrants se noyer en Méditerranée.

    • du même Stambul :

      Quel est le projet israélien ? Je vais vous le dire : se débarrasser des Palestiniens avec la complicité de la communauté internationale, en annexant la Cisjordanie et en organisant une nouvelle Nakba, en expulsant les Gazaouis dans le désert du Sinaï, auxquels les Nations unies donneront de l’argent pour qu’ils puissent planter des tentes et survivre.

      Les premiers responsables de ce qui est en train de se passer, ce ne sont pas seulement les suprémacistes et les fascistes qui sont au pouvoir en Israël, c’est toute la communauté internationale. Ce n’est pas seulement la France, l’Allemagne, l’Union européenne, la Grande-Bretagne, l’Otan, c’est tous ceux qui donnent à Nétanyahou le permis de tuer sans être jugé et en prétendant que c’est un État démocratique et que ce sont les autres qui sont les terroristes.

    • L’expulsion de la militante Mariam Abou Daqqa suspendue par la justice, le ministère de l’intérieur va faire appel
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/20/l-expulsion-de-la-militante-mariam-abou-daqqa-suspendue-par-la-justice-le-mi

      « Le ministre de l’Intérieur a porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’expression et à la liberté d’aller et venir » de Mme Abou Daqqa, estime le juge des référés....

      #libertés_politique #expulsion

    • en attendant, elle est assignée à résidence pour 45 jours dans un hôtel de Marseille, avec :

      – couvre feu de 22h à 7h = interdiction de sortir - et sans doute flic devant la porte de l’hôtel pour vérifier,

      – obligation de pointer tous les jours à 12h30 dans un commissariat Marseillais ;

      ça limite un peu les déplacements ; et la liberté d’aller et venir.

      l’article de l’AFP rappelle :

      Lundi dernier, Mme Abou Daqqa avait été assignée à résidence dans les Bouches-du-Rhône 45 jours, jusqu’à la fin de novembre, avec l’obligation de pointer tous les jours à 12 h 30 au commissariat, dans l’attente de son expulsion.

      mais ne dit pas si la décision du trib administratif suspend aussi son assignation à résidence.

    • Yaël Braun-Pivet passe son week-end en terre sainte. Un voyage « de soutien » et « humanitaire », selon l’AFP. Elle est accompagnée de la crème des humanistes... Éric Ciotti, qui réclame le gel de l’aide à Gaza, du député des Français de l’étranger Meyer Habib, la voix de Netanyahou en France et du député Renaissance Mathieu Lefèvre, président du groupe d’amitié France-Israël.
      https://www.ouest-france.fr/politique/yael-braun-pivet/yael-braun-pivet-se-rend-en-israel-ce-soir-jusqua-dimanche-b38fabd0-6ff

      La mère tape dur pense probablement que l’armée de Tsahal exerce sa mission de façon merveilleuse comme la police et la gendarmerie française cet été.
      https://www.france.tv/france-2/telematin/5071101-les-4-verites-yael-braun-pivet.html

      Sur son chamboule tout [Xtwitter] début 2023
      https://twitter.com/YaelBRAUNPIVET/status/1616433177496543236

      Honorée de recevoir le Président Nicolas Sarkozy
      à l’Assemblée. Des échanges chaleureux et une hauteur de vue précieuse sur la France et le monde d’aujourd’hui.

      Pour sa précieuse hauteur de vue, à moins que le nabot à son côté soit monté sur un escabeau, ils sont à peu près de la même hauteur. Par contre, pour la taille de leur égo je ne saurai pas dire.

  • Budget 2024 : la France crée un paradis fiscal pour attirer la Fifa | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/budget-2024-la-france-cree-un-paradis-fiscal-pour-attirer-la-fifa-1988123

    Quelques mois avant d’accueillir les Jeux Olympiques, la France s’apprête à envoyer une nouvelle preuve d’amour au monde du sport - sous forme sonnante et trébuchante. Un amendement au projet de loi de finances pour 2024 , déposé ce mercredi par les députés de la majorité et retenu par le gouvernement, crée un cadre fiscal particulièrement clément pour les fédérations sportives internationales.

    Dès l’an prochain, ces organisations ne paieront pour ainsi dire pas d’impôts en France. Elles seront exonérées de l’impôt sur les sociétés, de cotisation foncière des entreprises, ainsi que de CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises). Et - doublé gagnant - les salariés de ces structures auront également droit à un régime de faveur : ils ne paieront pas l’impôt sur le revenu pendant cinq ans.
    Attirer la Fifa

    Selon nos informations, ce régime fiscal très accommodant faisait partie du projet de budget envoyé au Conseil d’Etat pour avis, mi-septembre. Mais celui-ci avait vu rouge. Et le gouvernement, prudent, avait retiré ce passage du texte envoyé au Parlement. Profitant de la possibilité d’introduire des amendements jusqu’au dernier moment, la majorité est repassée à l’attaque mardi, en catimini.

    L’objectif affiché de la mesure est de « favoriser l’installation et le maintien sur le territoire français » des fédérations sportives internationales « reconnues par le Comité international olympique ». Sur son site, le CIO en recense 34, de la Fédération internationale d’haltérophilie à celle de volleyball en passant par la très puissante Fédération internationale de football association (Fifa).
    Lire aussi :

    Football : les revenus de la Fifa atteignent des sommets

    Depuis cinq ans, l’Elysée rêve de voir l’instance dirigeante du foot mondial déménager son siège de Zurich à Paris. Des discussions informelles ont eu lieu à plusieurs reprises entre Emmanuel Macron et le patron de la Fifa, Gianni Infantino. Celui-ci pousse en interne à un déménagement, pour refermer symboliquement le chapitre des scandales financiers à répétition qui ont terni l’image de l’organisation. Et ce serait un retour aux sources, car Paris a vu naître l’organisation en 1904, avant qu’elle ne parte pour la Suisse dans les années 1930.
    Plus fort que la Suisse

    Comme un prélude à ce déménagement espéré, la Fifa avait ouvert en 2021 une antenne parisienne, dans les locaux de l’Hôtel de la marine, place de la Concorde. Mais depuis, plus rien ne bougeait. L’organisateur de la Coupe du monde attendait sans doute des avancées sur le front fiscal.
    Lire aussi :

    La Coupe du monde, le trésor de la Fifa qui ne cesse de grossir

    Dans son rapport annuel, la Fifa précise être imposée en Suisse « selon le régime fiscal ordinaire auquel sont soumises les associations » - soit à 4,25 % des bénéfices nets. Ce régime très favorable a permis à la Fifa de ne payer que 23 millions de dollars d’impôts en 2022 sur un résultat net de 2,4 milliards. Pour battre la Suisse sur le terrain fiscal, la France a donc fait le choix de se mettre au plancher.

    Contacté sur le sujet, le gouvernement ne se montre guère loquace. Le ministère de l’Economie renvoie la balle à celui des Sports, qui botte en touche. Tout juste un porte-parole de Matignon indique-t-il que « l’idée, c’est d’être attractif pour toutes les fédérations sportives. Si la Fifa vient, c’est génial ».

    Je rigole mais (si ça s’trouve) le gouvernement a sûrement ajouté une clause particulière à ce cadeau : obligation de renflouer les caisses de l’état à des moments opportuns, comme pour certaines caisses de retraite ...

    • Pour pas se faire emmerder par les impôts, aux USA tu montes une religion, en France tu montes une fédération de sport.

    • dans le même temps le gouvernement a refusé l’amendement visant à accorder aux locations longue durée de logements vides le même abattement que pour les locations courtes durées type AirBnB ...

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/19/crise-du-logement-fiscalite-des-locations-touristiques-pret-a-taux-zero-le-g

      la députée Renaissance du Finistère Annaïg Le Meur [...] avait déposé avec le député socialiste des Pyrénées-Atlantiques Inaki Echaniz un amendement transpartisan au projet de budget, visant à rendre la fiscalité des locations longue durée aussi attractive que celle des locations touristiques. « Trois cent quarante-sept députés, soit la majorité, l’avaient cosigné, et le ministre du logement nous avait apporté son soutien », appuie son confrère. Leur proposition de créer un abattement de 40 % sur l’ensemble des revenus locatifs a néanmoins été écartée par le gouvernement quand il a recouru à l’article 49.3 pour adopter, sans vote, le projet de loi de finances en première lecture à l’Assemblée nationale, mercredi 18 octobre.

      A la place, le gouvernement, pressé par les élus de tout bord de revoir une fiscalité qui contribue, dans les zones touristiques, à réduire le nombre de logements disponibles, a choisi une solution que le ministère des finances juge « équilibrée » : les meublés touristiques classés ne bénéficieront plus de l’abattement de 71 %, qui s’applique jusqu’à 188 700 euros de chiffre d’affaires. Ils seront désormais considérés comme des meublés classiques, avec un abattement de 50 % si le chiffre d’affaires est inférieur à 77 700 euros, hormis dans les zones rurales non touchées par la crise du logement. Cette fiscalité restera bien plus favorable que celle des locations vides de longue durée, dont l’abattement est maintenu à 30 %.

      De plus la loi de finances intègre

      un amendement gouvernemental de dernière minute visant à maintenir l’exonération de TVA sur les locations types Airbnb, [pourtant] remise en cause par une décision du Conseil d’Etat, le 5 juillet.

      Il faudrait faire une enquête sur les investissements des macronistes dans la location courte durée...

  • Le Conseil d’État s’oppose à l’interdiction systématique des manifestations propalestiniennes
    https://www.france24.com/fr/france/20231018-france-manifestations-pro-palestiniennes-conseil-d-%C3%A9tat-deci

    « La France fait ses propres choix », avait noté le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani, « mais interdire les manifestations dans un pays démocratique quand ce ne sont pas des manifestations violentes ne me semble pas être juste »

    emblématique : le représentant d’un gouvernement facho qui peut se permettre de faire la leçon à Darmanin sur une question de démocratie...

  • [en ce jour de recours au 49.3 pour l’adoption du budget] La loi « immigration » contiendra une disposition permettant d’expulser un étranger sans qu’il ait commis d’infraction pénale, selon Olivier Véran
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/18/loi-immigration-un-etranger-expulsable-sans-infraction-penale-selon-olivier-

    « Le but est de faire en sorte que quand une personne étrangère dans notre pays ne respecte pas les valeurs de notre République (…) », que celle-ci « ne soit pas contrainte de la conserver sur son territoire », a insisté le porte-parole du gouvernement.

    Le port ostensible d’un signe religieux à l’école ou le refus d’être reçu par un agent de sexe opposé dans un service public pourront être des motifs pour retirer un titre de séjour si le projet de loi « immigration » est adopté, a fait valoir mercredi 18 octobre le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. « Actuellement, il n’est pas possible de retirer un titre de séjour pour des comportements non constitutifs d’une infraction pénale, mais démontrant des comportements non conformes à nos valeurs », a souligné M. Véran lors de son point presse à l’issue du conseil des ministres.

    Dans son projet de loi qui sera débattu en novembre au Sénat, à l’article 13, le ministre de l’intérieur propose de retirer un titre de séjour en cas de non-respect des principes de la République, a souligné M. Véran.

    « Sortir du tout-pénal » [chic !]

    [ah ben non] Cet article prévoit dans son premier alinéa que « l’étranger qui sollicite un document de séjour s’engage à respecter la liberté personnelle, la liberté d’expression et de conscience, l’égalité entre les femmes et les hommes, la dignité de la personne humaine, la devise et les symboles de la République au sens de l’article 2 de la Constitution et à ne pas se prévaloir de ses croyances ou convictions pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre les services publics et les particuliers ».

    #étrangers #expulsions #droit_au_séjour #valeurs_de_la_république #immigration #loi_immigration

    • Loi sur l’immigration : pourquoi les mesures annoncées sur le retrait des titres de séjour sont contestables du point de vue du droit

      Le gouvernement promet d’agir contre les étrangers en situation régulière mais opposés aux « valeurs de la République ». Des juristes dénoncent un risque d’arbitraire.
      Par Julia Pascual

      Depuis l’attentat d’Arras, perpétré vendredi 13 octobre par un jeune Russe islamiste arrivé à l’âge de 5 ans en France, qui a coûté la vie au professeur Dominique Bernard, l’exécutif multiplie les annonces pour parer aux critiques de la droite et satisfaire une opinion publique que les sondages disent inquiète et avide de fermeté.
      Jeudi 19 octobre, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a estimé, sur BFM-TV, que « si quelqu’un n’est pas en conformité avec les valeurs de la République, on doit pouvoir l’expulser ». Il a invité à cette fin les parlementaires à voter la loi sur l’immigration, qui sera débattue au Sénat, à partir du 6 novembre, « la plus dure et la plus ferme présentée depuis trente ans ». La veille, c’est le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, qui a promis que le texte permettrait de retirer un titre de séjour à un étranger en cas de « comportements non conformes à nos valeurs ».

      Pour rappel, l’auteur de l’attaque d’Arras, Mohammed Mogouchkov, était en situation irrégulière en France. Puisqu’il était arrivé avant l’âge de 13 ans sur le territoire, le droit le protégeait cependant d’une expulsion, sauf, selon la loi en vigueur, en cas de « comportements de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l’Etat, ou liés à des activités à caractère terroriste, ou constituant des actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence ». Selon le projet de loi sur l’immigration, cette protection ne s’opposerait pas à une obligation de quitter le territoire en cas de « menace grave à l’ordre public ».

      Méconnaissance de la loi

      Ce que vise aussi le gouvernement par ses annonces, ce sont les personnes en #situation_régulière. M. Darmanin a lui-même demandé aux préfets de passer au tamis les 2 852 étrangers réguliers inscrits au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (#FSPRT), pour envisager le retrait de leur #titre_de_séjour, préalable à leur éloignement.
      « Actuellement, il n’est pas possible de retirer un titre de séjour pour des comportements non constitutifs d’une infraction pénale », a regretté M. Véran. « La loi empêche le ministre de l’intérieur de faire son travail », a répété M. Darmanin sur BFM-TV. En méconnaissance de la loi. « Dans le droit actuel, le préfet a déjà toute latitude pour ne pas délivrer, ne pas renouveler ou retirer un titre de séjour à tout étranger dont la présence en France constitue une menace pour l’#ordre_public , fait remarquer Camille Escuillié, avocate membre de l’association Avocats pour la défense des droits des étrangers. La loi n’exige pas de condamnation ni même de poursuites pénales. »

      C’est d’ailleurs, selon le ministère de l’intérieur, sur ce motif de menace à l’ordre public que Mohammed Mogouchkov n’avait pas obtenu de titre de séjour en 2021, bien que n’ayant aucun casier judiciaire, parce qu’il était déjà dans le viseur des services de renseignement et fiché au FSPRT.

      Cela correspond par ailleurs aux directives données par M. Darmanin aux préfets depuis une circulaire de septembre 2020. « On a des dossiers de retrait de titre ou de refus de renouvellement ou de délivrance de titre concernant des personnes qui n’ont jamais été condamnées, mais qui sont apparues lors des consultations de #fichiers tels que le traitement d’antécédents judiciaires [#TAJ], le fichier national automatisé des empreintes génétiques [#FNAEG] ou le fichier automatisé des empreintes digitales [#FAED], constate Nicolas De Sa-Pallix, avocat spécialisé dans le droit des étrangers et membre du Syndicat des avocats de France. Généralement, les empreintes sont prises dans le cadre de gardes à vue et, même s’il n’y a pas de suite judiciaire, l’autorité administrative peut considérer que vous représentez une menace pour l’ordre public. »

      « De même, la présence au TAJ indique juste que vous apparaissez dans une procédure pénale comme prévenu ou victime. Et si vous êtes prévenu, il se peut que vous soyez innocenté ou même pas poursuivi. Il y a donc des étrangers auxquels on reproche des faits pour lesquels ils ont déjà été définitivement innocentés, ou jamais formellement poursuivis », complète l’avocat. [où l’on voit que la surreprésentation des étrangers en GàV dénoncée comme "discrimination" est une nécessité technique du #droit_des_étrangers, ndc].

      Censure du Conseil constitutionnel

      Tout à sa volonté de rassurer l’opinion, le gouvernement entend aller plus loin encore. Grâce à l’article 13 du projet de loi sur l’immigration, Olivier Véran promet de « sortir du tout-pénal pour pouvoir retirer un titre en allant sur les valeurs de la République ». Et de citer des motifs en exemple tels que le « port ostensible en milieu scolaire de signes et de tenues religieux »[ce qui fait littéralement kiffer nombre de profs, ndc] ou le « refus d’être reçu ou entendu aux guichets des services publics par un agent de sexe opposé pour des motifs religieux ».

      L’article 13 du texte énonce en effet qu’un document de séjour pourra être retiré ou non renouvelé lorsque les actes délibérés d’un étranger troublent l’ordre public en ne respectant pas les « principes de la République » ainsi listés : « la liberté personnelle, la liberté d’expression et de conscience, l’égalité entre les femmes et les hommes, la dignité de la personne humaine, la devise et les symboles de la République » [refuser de chanter la Marseillaise quand in est en sélection nationale, par exemple, ndc] ou encore si l’étranger se prévaut « de ses croyances ou convictions pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre les services publics et les particuliers ».
      Cet article est en réalité une réécriture de l’article 26 de la loi dite « séparatisme , qui avait été censurée par le Conseil constitutionnel. Dans une décision du 13 août 2021, il avait estimé que le seul prétexte que l’étranger a « manifesté un rejet » des principes de la République n’était pas suffisamment précis. En ayant sommairement répertorié ces principes dans le projet de loi sur l’immigration, le gouvernement croit-il se tirer d’affaire ?

      « Un arbitraire administratif »

      « Si la rédaction de l’article de loi a évolué, le problème demeure le même, estime l’avocate au #Conseil_d’Etat et à la #Cour_de_cassation Isabelle Zribi. A mon sens, la notion d’atteintes graves aux principes de la République, qui est trop vague, méconnaît l’objectif de valeur constitutionnelle d’accessibilité et d’intelligibilité de la loi et le principe de sécurité juridique. On peine à se figurer, par exemple, ce que serait concrètement une atteinte grave à la devise de la République, qui veut tout et rien dire, ou même à l’égalité entre les femmes et les hommes, sachant que c’est une valeur rarement respectée au sein des couples de toutes nationalités. »

      Est-ce que l’administration pourra refuser un titre de séjour à une lycéenne de 18 ans qui a porté l’abaya, à une personne qui tient des propos machistes ou refuse de chanter La Marseillaise ? « Cette disposition est presque incontrôlable, met en garde à son tour Me De Sa-Pallix. Je ne vois pas comment on ne tomberait pas dans un arbitraire administratif particulièrement prononcé. »
      « Il y a un sérieux risque d’inconstitutionnalité », estime encore l’avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation Patrice Spinosi, qui voit dans la manœuvre une instrumentalisation politique du droit. « Si le Conseil constitutionnel censure la loi, le gouvernement pourra dire que les juges vont à l’encontre de la volonté souveraine du peuple, redoute-t-il. C’est jouer le populisme contre la Constitution et c’est précisément ce qui sape l’Etat de droit en Europe aujourd’hui. »

      https://seenthis.net/messages/1022374

      #loi_séparatisme_reloaded #Isabelle_Zribi #droit #droit_des_étrangers #refus_de_renouvellement_de_titre_de_séjour #délivrance_de_titre_de_séjour

  • LR snobe la loi immigration et s’attaque à la Constitution – Libération
    https://www.liberation.fr/politique/lr-snobe-la-loi-immigration-et-sattaque-a-la-constitution-20231018_XIFO5U

    Pour la droite, « changer la loi ne suffit plus ». Au risque de verser dans l’illibéralisme, les élus Les Républicains ciblent le Conseil constitutionnel et les conventions européennes qui entraveraient, selon eux, l’expulsion d’individus dangereux.

    A chaque démonstration de l’échec patent de toutes leurs lois prétentieuses, supposées apporter la paix et la sécurité, ces gens méprisables réclament encore plus de pouvoir, encore plus de démembrement de ce qui différencie encore un petit peu nos sociétés de la féodalité.

    • Qui ne tente rien n’a rien.

      Et l’histoire politique semble leur donner raison de persévérer - même si diabolicum d’après l’autre.

      En insistant assez fort et assez longtemps, tout vient à point - ou saignant, parfois. 😁

    • Gérald Darmanin dit au « JDD » n’avoir « aucune question taboue » au sujet de l’immigration
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/22/gerald-darmanin-dit-au-jdd-n-avoir-aucune-question-taboue-au-sujet-de-l-immi

      « Il n’y a aucune question taboue si c’est pour être efficace pour protéger les Français », déclare, dans un entretien au Journal du dimanche (JDD) daté du 22 octobre, Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, interrogé au sujet des limites imposées par la Constitution ou la jurisprudence européenne en matière d’immigration.

      M. Darmanin est le premier ministre de son rang à s’exprimer dans les colonnes de l’hebdomadaire depuis l’arrivée à la tête de celui-ci du journaliste d’extrême droite Geoffroy Lejeune, après des semaines de grève et des départs massifs au sein de la rédaction.

      Celui qui trouve M. Le Pen trop molle est un bon client pour les médias bolloré.

  • A Versailles, six mois de prison ferme pour un couteau dans une sacoche près d’un lycée : « Il y a un mois, ce monsieur n’aurait jamais été devant ce tribunal »

    Le président de la République avait évoqué une « tentative d’attentat » déjouée. Le prévenu, arrêté dans les Yvelines quelques heures après l’attaque au couteau à Arras, vendredi, n’a été jugé que pour « port d’arme prohibé » .
    Par Henri Seckel

    Quelques heures après l’attaque au couteau fatale à Dominique Bernard, vendredi 13 octobre au matin, à la cité scolaire Gambetta-Carnot d’Arras, Emmanuel Macron déclarait qu’une intervention des forces de l’ordre avait « permis de déjouer une tentative d’attentat en cours dans une autre région ». Une référence à l’arrestation, vendredi après-midi, près du lycée Condorcet de Limay (Yvelines), d’un homme en possession d’un couteau de cuisine.
    Le Parquet national antiterroriste ne s’étant pas saisi de ce dossier, c’est devant le tribunal correctionnel de Versailles qu’Owen C., 24 ans, l’air anxieux, était jugé, lundi 16 octobre, en comparution immédiate, procédure autrement confidentielle et expéditive que celle qu’aurait entraînée une « tentative d’attentat ». « On vous reproche, a exposé la présidente du tribunal, hors de votre domicile et sans motif légitime, d’avoir porté un couteau, arme de catégorie D. » La seule infraction, passible d’un an de prison, finalement retenue contre le prévenu.
    Les policiers, sur le qui-vive après l’attaque d’Arras survenue quatre heures plus tôt, et intrigués par l’attitude de cet homme portant djellaba, lunettes noires et capuche, qui semblait suivre un groupe de filles, avaient procédé à un contrôle. L’intéressé avait remis aux agents, qui demandaient s’il portait un objet dangereux, le couteau à lame de 10 centimètres se trouvant dans sa sacoche.

    S’il a pu expliquer de façon crédible sa présence aux abords du lycée – un point de passage obligé sur son chemin entre la mosquée et le supermarché –, celle du couteau est apparue plus mystérieuse : il l’aurait trouvé « par terre » quelques jours plus tôt et l’aurait ramassé, car il ne se sentait « pas en sécurité », redoutant d’être « agressé à nouveau » après avoir vécu « beaucoup d’histoires traumatisantes ». Puis il aurait « oublié » de le sortir de sa sacoche, et se serait donc trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, avec le mauvais objet. « Je n’avais pas l’intention de sortir armé ce jour-là. »

    « Procédure artificielle »

    « C’est une infraction de droit commun, est convenue la procureure, mais dans un contexte très particulier, tant sur le plan national que sur le plan de la personnalité d’Owen C. » Plusieurs éléments intriguent : ses voyages en Egypte et en Arabie saoudite ; sa démission soudaine, il y a deux semaines, d’un emploi de serveur dans un hôtel de luxe parisien ; son isolement jugé « inquiétant » par la procureure, « parce que les personnes radicalisées sont les personnes seules dans leur chambre qui s’abreuvent de contenus sur Internet ». On a retrouvé chez le prévenu, converti à l’islam depuis deux ans, de la littérature d’« influence salafiste » et, dans son téléphone, des conversations Telegram dont les participants – lui non – partageaient des vidéos de décapitation.

    Owen C. a nié toute radicalisation, s’est dit « pacifiste », a assuré qu’il n’allait « pas souvent » à la mosquée, expliqué qu’on pouvait « vous ajouter sur des groupes Telegram sans que vous ayez rien demandé » et répété qu’il se « désavou[ait] des événements tragiques » d’Arras.

    Chloé Rueff, son avocate, a dénoncé une « procédure artificielle » et un « dossier vide » : « Il fallait qu’on trouve le moyen de faire de lui le terroriste qu’Emmanuel Macron a dit qu’il était. » Certains médias, citant des sources policières, avaient écrit qu’Owen C. était fiché « S » ? Ce statut n’a pas été mentionné à l’audience. Et Me Rueff a eu beau jeu de rappeler que rien n’avait permis de poursuivre son client pour « apologie du terrorisme ».

    « La détention n’aurait aucun sens », a-t-elle plaidé, alors que la procureure avait requis huit mois de prison ferme avec mandat de dépôt. « Si on considère qu’il risque de se laisser influencer, on le suit, mais dehors ! » Elle a appelé le tribunal à « ne pas tenir compte du contexte politique » : « Que l’opinion publique cède à la panique, je peux l’entendre. Mais qu’au sein de nos tribunaux on cède à la panique, ça m’effraie. Il y a un mois, ce monsieur n’aurait jamais été devant ce tribunal. »

    Owen C. a été condamné à six fois ferme et maintenu en détention. En juin, il avait déjà été jugé pour « port d’arme prohibé ». Un couteau, là encore. « J’avais mon pain, mon saucisson, a-t-il dit, j’avais l’habitude de me faire un petit sandwich au travail. » Il s’était vu infliger une amende de 400 euros.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/17/a-versailles-six-mois-de-prison-ferme-pour-un-couteau-dans-une-sacoche-pres-

    • Menaces au couteau à Cannes : un « emballement grotesque » pour [David Lisnard] le maire LR
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/19/menaces-au-couteau-a-cannes-un-emballement-grotesque-pour-le-maire-lr_619540

      Le maire de Cannes, David Lisnard (Les Républicains), a dénoncé, jeudi 19 octobre, un « emballement médiatique et politique assez grotesque avec de nombreuses interprétations sensationnelles » après l’arrestation d’un homme ayant menacé un commerçant avec un couteau. « Un attentat est hélas possible chez nous, mais tout n’est pas attentat », a insisté M. Lisnard, président de l’Association des maires de France, dans un message sur Facebook.

      [...]

      Vers 20 h 30, le S_inistre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé sur X (ex-Twitter) : « A Cannes, les courageux policiers de la BAC viennent d’interpeller un homme très dangereux, porteur d’un couteau, qui avait voulu s’en prendre à un individu. Merci à eux : ils ont évité le pire. »_ Vue par de très nombreux internautes, la publication du ministre avait été largement commentée ou partagée. Elle avait aussi été reprise dans plusieurs médias.
      Plus tard dans la soirée, David Lisnard avait apporté des précisions sur les faits en commentant sur X la publication du ministre : « Après plusieurs vérifications grâce notamment aux images du CPU (vidéo protection) municipal (…), je peux vous indiquer que nous voyons une altercation (…) sans échange de coups. »
      Une source policière avait également annoncé dans un premier temps que les faits s’étaient déroulés « devant » une synagogue. « Le site est à 20 m de la gare, 50 m du lycée, 100 m du commissariat, 200 m de la synagogue. Le lien avec la synagogue est à ce stade une extrapolation », a déclaré le maire de Cannes dans cette même publication sur Facebook jeudi.

      à force de doubler à droite ("je me fous des condamnations de la CEDH de nos expulsions vers la Russie), Darmalin pourrait verser dans le fossé

    • #Gérald_Darmanin déchoit de sa nationalité un Français né en Tchétchénie, une semaine après l’attentat d’Arras
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/10/20/gerald-darmanin-dechoit-de-sa-nationalite-un-francais-ne-en-tchetchenie-une-

      Le #décret mentionne que le jeune homme a été condamné à neuf ans de prison en 2020 pour des faits de « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de #terrorisme ».

      .... « Il appartiendra aux autorités compétentes d’apprécier ensuite son droit au séjour sur le territoire français. »

      .... Le soir de l’attentat d’Arras, Gérald Darmanin avait exprimé sur TF1 son souhait de pouvoir « expulser tous ceux qui, même arrivés à l’âge de 2 ou 3 ans, sont étrangers et méritent de retourner dans leur pays d’origine parce qu’ils ne respectent pas les règles de la République ». « Nous sommes condamnés par la #CEDH parce que j’ai renvoyé des ressortissants russes, tchétchènes, dans leur pays, nous le faisons quand même, la protection des Français l’emporte sur ces règles-là », avait-il ajouté.

      vive la souveraineté ! pas besoin de frexit, juste que la CEDH soit aussi efficace que le conseil de sécurité de l’ONU

      #binational #déchéance_de_nationalité

  • Le gouvernement veut accélérer l’expulsion d’étrangers radicalisés, quitte à s’affranchir de la jurisprudence de la CEDH
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/16/le-gouvernement-veut-accelerer-l-expulsion-d-etrangers-radicalises-quitte-a-

    Le gouvernement veut accélérer l’expulsion d’étrangers radicalisés, quitte à s’affranchir de la jurisprudence de la CEDH
    Après l’attentat d’Arras, où le meurtrier était en situation irrégulière et connu pour radicalisation, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, dénonce les limites, selon lui, de la loi actuelle, qu’il veut modifier avec le projet de loi « immigration ».
    Par Julia Pascual
    Il faut procéder à l’« expulsion systématique de tout étranger (…) considéré comme dangereux par les services de renseignement », a déclaré Gérald Darmanin, samedi 14 octobre, assurant avoir demandé aux préfets de passer en revue tous les étrangers qui pouvaient répondre à cette catégorie. Le fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) compte 5 100 personnes, françaises en majorité.Depuis l’assassinat, le 13 octobre, du professeur de français Dominique Bernard par un Russe radicalisé, ancien élève de la cité scolaire Gambetta-Carnot à Arras, le ministre de l’intérieur cherche la parade face aux critiques sur la gestion administrative de l’auteur des faits, Mohammed Mogouchkov. Suivi par les services de renseignement « depuis la fin du mois de juillet », grâce à des écoutes et des mesures de surveillance physique, il se trouvait, en outre, en situation irrégulière bien qu’« inexpulsable », assure la Place Beauvau, en raison de son arrivée en France avant l’âge de 13 ans.
    « La loi de la République (…) empêche le ministre de l’intérieur d’expulser tout citoyen étranger qui a commis un acte grave mais qui est arrivé avant l’âge de 13 ans sur le territoire national », a déclaré M. Darmanin. Avant d’expliquer que le projet de loi « immigration » – dont l’examen en séance publique débute le 6 novembre au Sénat – vise justement à remédier à cette « difficulté dans le droit ». « Il y a 4 000 étrangers délinquants que je ne peux pas expulser (…) parce que la loi empêche de les expulser », défend M. Darmanin.
    Qu’en est-il réellement ? « La seule catégorie inexpulsable, ce sont les mineurs, rappelle Stéphane Maugendre, avocat et président honoraire du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti). Tous les autres étrangers sont expulsables à certaines conditions. » Des catégories d’étrangers bien spécifiques bénéficient d’une protection quasi absolue, et notamment ceux arrivés en France avant l’âge de 13 ans, ceux qui résident en France depuis plus de vingt ans ou encore les conjoints de Français mariés depuis au moins quatre ans et installés régulièrement dans le pays depuis plus de dix ans. Cette protection peut sauter, précise la loi, en cas de « comportements de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l’Etat, ou liés à des activités à caractère terroriste, ou constituant des actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence ».
    C’est notamment sur ces conditions restrictives que l’arrêté d’expulsion de l’imam Hassan Iquioussen s’était fondé, en juillet 2022, attribuant à l’intéressé – né en France, qui n’avait pas été condamné – des propos antisémites et discriminatoires envers les femmes.Mohammed Mogouchkov aurait-il, lui aussi, pu faire l’objet d’un arrêté d’expulsion ? Le ministère de l’intérieur assure que non. « Cette personne n’avait aucun casier judiciaire », a insisté M. Darmanin. En février 2023, il avait toutefois été placé en garde à vue pour violences intrafamiliales après s’en être pris à sa mère. La préfecture du Pas-de-Calais s’était alors enquise de la possibilité de prononcer une obligation de quitter le territoire (OQTF) à son encontre, mais les services juridiques de la Place Beauvau avaient estimé que son dossier était trop maigre pour le tenter. Le jeune homme était déjà inscrit au FSPRT, du fait que sa famille était considérée comme tenante d’un islam radical et à la suite d’un signalement pour radicalisation de Mohammed Mogouchkov par son lycée, en 2020. Insuffisant pour l’expulser, tranche M. Darmanin.
    La loi qu’il porte remédiera-t-elle à ce genre d’impasse ? Le ministère de l’intérieur le défend, arguant de la possibilité, créée par le texte, de prononcer une OQTF à l’encontre d’une personne relevant des catégories protégées dans le cas où « son comportement constitue une menace grave pour l’ordre public ».C’est en tout état de cause parce qu’elle considérait Mohammed Mogouchkov comme une potentielle menace à l’ordre public que l’administration l’avait placé dans une sorte de no man’s land juridique : inexpulsable selon l’interprétation juridique du ministère de l’intérieur, mais en situation irrégulière depuis sa majorité. Après avoir échoué à obtenir l’asile, Mohammed Mogouchkov avait fait une demande de titre de séjour au regard de sa vie privée et familiale. Arrivé en France à l’âge de 5 ans, il aurait dû en bénéficier de plein droit, mais il lui a été refusé en juillet 2021, vraisemblablement sur des motifs d’ordre public, selon une source policière.Pour Cécile Madeline, avocate en droit des étrangers au barreau de Rouen et membre du Syndicat des avocats de France, la loi est érigée en « bouc émissaire ». L’avocate considère qu’indépendamment du projet de loi à venir, le ministère de l’intérieur s’affranchit déjà des protections inscrites dans la loi. « Je défends des dossiers de détenus en prison qui reçoivent des OQTF alors qu’ils sont arrivés avant 13 ans », assure-t-elle.
    Déterminé à faire montre de plus de sévérité, M. Darmanin a promis de procéder à l’« expulsion systématique » d’une soixantaine de fichés S de nationalité russe, quitte à enfreindre le droit international. « Nous avons été condamnés par la CEDH [Cour européenne des droits de l’homme] (…), mais j’assume », a-t-il revendiqué. En août 2022, la France avait, en effet, été condamnée dans deux arrêts pour avoir expulsé ou voulu expulser deux ressortissants tchétchènes en Russie, en violation de l’article 3 de la convention européenne des droits de l’homme, qui interdit aux Etats de soumettre une personne à des peines ou à des traitements inhumains ou dégradants. « [L’article 3] ne souffre nulle dérogation, même en cas de danger public menaçant la vie de la nation, avait argumenté dans son arrêt la CEDH. Il en est de même y compris dans l’hypothèse où, comme en l’espèce, le requérant a eu des liens avec une organisation terroriste. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#expulsion#loi#droit#CEDH#terrorisme#OQTF#ministereinterieur#protection

  • Gironde : une enquête ouverte pour « traite des êtres humains » dans le vignoble bordelais
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/13/gironde-une-enquete-ouverte-pour-traite-des-etres-humains-dans-le-vignoble-b

    Gironde : une enquête ouverte pour « traite des êtres humains » dans le vignoble bordelais
    Selon le parquet de Libourne, ce réseau recrutait les travailleurs depuis la Roumanie, les transportait en Gironde et les employait dans les vignes pour « un salaire dérisoire ».
    Le Monde avec AFP
    Publié le 13 octobre 2023 à 18h49
    Le parquet de Libourne a ouvert une information judiciaire, vendredi 13 octobre, pour « traite des êtres humains » à l’encontre de sept personnes suspectées d’avoir employé, dans des conditions « indignes », des dizaines de personnes dans les vignes du Bordelais. Les sept suspects interpellés mardi dans trois communes de l’est de la Gironde, dont Saint-Emilion, ont été mis en examen pour « traite des êtres humains en bande organisée », « recel de crime » et « soumission de personnes vulnérables à des conditions de travail et d’hébergement indignes », a ajouté le parquet, qui a requis leur placement en détention provisoire. Selon l’autorité judiciaire, ce réseau recrutait les travailleurs depuis la Roumanie, les transportait en Gironde et les employait dans les vignes pour « un salaire dérisoire ».
    Depuis septembre 2022, « plusieurs dizaines de victimes », dont un mineur de 14 ans et toutes de nationalité roumaine, ont déposé plainte, dénonçant notamment « des conditions d’hébergement indignes, des brimades et diverses privations ». Le nombre de plaintes émanant de « personnes exploitées » dans le milieu viticole est « en augmentation ces dernières années », a souligné le parquet de Libourne auprès de l’Agence France-Presse. Au printemps, en Gironde, trois personnes avaient été condamnées pour « traite » de travailleurs viticoles marocains. En Champagne, en septembre, deux enquêtes pour « traite d’êtres humains » ont été ouvertes et des hébergements collectifs de vendangeurs, jugés « insalubres » et « indignes », ont été fermés par les autorités.

    #Covid-19#migrant#migration#traite#france#economie#travailleurmigrant#agriculture#vulnerabilite#sante#droit#roumanie#maroc

    • https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/16/a-marseille-une-militante-palestinienne-de-72-ans-en-voie-d-expulsion_619480

      Pour le ministre de l’intérieur, l’appartenance de Mme Abudaqa au FPLP – « organisation inscrite sur la liste de l’Union européenne faisant l’objet de mesures restrictives dans le cadre de la lutte contre le terrorisme », précise l’arrêté d’expulsion – est une cause de la décision. Pour l’Etat français, la « participation largement médiatisée » de Mme Abudaqa à des événements et des manifestations « est de nature à attiser les tensions, la haine et la violence entre communautés et de créer des graves troubles à l’ordre public » dans le contexte actuel.

      Pêle-mêle, l’arrêté d’expulsion évoque « l’attaque du Hamas sur Israël », « le nombre important de victimes et d’otages exposés à un risque d’exécution », « les violents affrontements toujours en cours [au Proche-Orient] », mais aussi des prises de position de Mme Abuqada en faveur de la libération du terroriste libanais Georges Ibrahim Abdallah, condamné en 1987 par la justice française à la réclusion criminelle à perpétuité. Pour expliquer sa décision, le ministre de l’intérieur cite aussi « l’attaque terroriste au sein du lycée Gambetta-Carnot d’Arras » et « la prégnance de la menace terroriste en France ».

    • sur le front culturel où diverses annulations ont lieu de Francfort à Paris, vous goûterez la fin du papier. on aura sans doute identifié Leïla Shahib avec le « soutien au Hamas » (l’édition de Le Monde du jour a pour titre de Une, Terrorisme Macron veut "un État impitoyable" )

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/16/a-marseille-une-militante-palestinienne-de-72-ans-en-voie-d-expulsion_619480

      A Marseille, le député du Rassemblement national (RN) Franck Allisio a écrit au préfet de région le 11 octobre pour demander l’interdiction d’une conférence à Martigues. Selon le parlementaire, la prise de parole de M. Abudaqa est « une indignité… alors qu’Israël subit actuellement le plus terrible massacre depuis la seconde guerre mondiale ».
      Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Avec la marche parisienne pour Israël, le Rassemblement national cherche à « solder le passé »

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      Lundi, à nouveau libre de se déplacer dans la journée, Mariam Abudaqa a reçu le soutien d’une trentaine de sympathisants de la cause palestinienne, devant le commissariat Noailles, où elle était convoquée. La septuagénaire, visiblement choquée, a exprimé son incompréhension de la décision des autorités, mais aussi son souhait de quitter la France au plus vite. « Je suis venue ici légalement, avec un visa. Des amis m’ont invitée à intervenir pour parler des femmes et des droits de l’homme », expliquait-elle. Si elle reconnaît avoir pris la parole dans des rassemblements interdits, elle réfute toute parole tombant sous le coup de la loi. « J’ai perdu ma maison et 29 membres de ma famille depuis le début des bombardements sur Gaza… Je ne peux pas en parler ? Où est la démocratie ? », s’étonne-t-elle.
      Militants arrêtés
      Pour Pierre Stambul, qui l’accompagnait, la décision du ministère de l’intérieur est « une gigantesque violation de la loi, qui utilise un argumentaire où il mélange tout ». « Mariam n’a jamais porté de voile, elle défend la cause des femmes, se bat contre le patriarcat dans sa société. On lui reproche de soutenir son peuple ? », dénonce-t-il, annonçant que son organisation allait « contester farouchement l’expulsion ».

      A Marseille, où Mariam Abudaqa était invitée pour participer à un colloque intitulé « 30 ans après les accords d’Oslo, où en sommes-nous ? », l’ensemble des manifestations de soutien à la Palestine a été interdit. Dimanche 15 octobre, plusieurs militants, dont une membre de l’Union juive française pour la paix, ont été arrêtés alors qu’ils participaient à un de ces regroupements non autorisés par la préfecture de police.
      Parallèlement, le MuCem, musée national situé sur le Vieux-Port, a décidé de reporter une journée consacrée à la Palestine le 19 octobre, durant laquelle le metteur en scène Mohamed El Khatib devait lire des entretiens avec l’ex-représentante en France de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) Leïla Shahid. « Pour éviter tout souci », explique la direction de la communication du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, qui assure que l’événement se tiendra au premier semestre 2024.
      https://justpaste.it/5c893

    • France Inter, Lundi 9 octobre 2023, 12 minutes

      https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-09-octobre-2023-2278708

      Leïla Shahid, ancienne déléguée générale de Palestine en France et ancienne ambassadrice de la Palestine auprès de l’UE (2005-2015) :"Il y a le sentiment d’une profonde tristesse. J’ai été en poste à Paris quand il y a eu les accords d’Oslo. J’y ai cru. Il y avait dans les deux sociétés une petite lueur qui n’a pas été maintenue. C’est un gâchis terrible. La guerre dure depuis 56 ans pour les Palestiniens, à Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem-est et dans les camps de réfugiés. Je suis pessimiste. Je crois que ce qu’il va se passer, c’est l’annexion des territoires qui ne sont pas encore annexés. Il n’y a plus territoires pour faire un État palestinien."

  • Arrêté du 1er avril 2021 relatif à la délivrance, sans opposition de la situation de l’emploi, des autorisations de travail aux étrangers non ressortissants d’un Etat membre de l’Union européenne, d’un autre Etat partie à l’Espace économique européen ou de la Confédération suisse - Légifrance
    https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043317444?r=vrdfMbtXgJ

    LISTE, PAR RÉGION, DES MÉTIERS OUVERTS AUX ÉTRANGERS NON RESSORTISSANTS D’UN ÉTAT MEMBRE DE L’UNION EUROPÉENNE, D’UN AUTRE ÉTAT PARTIE À L’ESPACE ÉCONOMIQUE EUROPÉEN OU DE LA CONFÉDÉRATION SUISSE

    • La situation étant susceptible d’être modifiée, il me semble important de rappeler en quoi consiste concrètement (à ce jour) les fameux #métiers_en_tension. C’est un sujet dont il est souvent question dans les débats concernant l’immigration et qui repose sur des raccourcis idéologiques ou des représentations qui s’avèrent erronées.

      Il n’y a, à ma connaissance pas d’autre texte réglementaire sur cette question, que cet arrêté ministériel (ministre de l’intérieur et la ministre du travail, de l’emploi et de l’insertion) en date du 1er avril 2021 qui établit les listes des métiers concernés, puisqu’il y a autant des listes que de régions (ce qui est rarement précisé dans la presse).

      Le sujet est largement instrumentalisé en vue de jeux d’alliances, de desalliances, de mésalliances ou de toute autre recomposition ou décomposition politique. On constatera que ces listes n’ont aucune autre vocation que de satisfaire fondamentalement les besoins en main d’œuvre de l’économie capitaliste nationale.

      En tout cas, cette décision gouvernementale n’est en rien motivée par l’antiracisme, ou tout autre considération progressiste.

      La disposition constitue au contraire, un objet de discrimination supplémentaire et créent, à ce titre, les conditions de nouvelles divisions et d’une compétition dangereuse au sein de la classe ouvrière.

    • Pour Olivier Dussopt, le « climat terroriste » ne doit pas empêcher la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/17/pour-olivier-dussopt-le-climat-terroriste-ne-doit-pas-empecher-la-regularisa

      Pour Olivier Dussopt, le « climat terroriste » ne doit pas empêcher la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension

      « Il serait absolument terrible que des hommes et des femmes qui travaillent quotidiennement soient les victimes d’un climat terroriste qui ne les concerne pas », plaide le ministre du travail.

      Le Monde avec AFP
      Publié aujourd’hui à 13h54, modifié à 15h24

      Le ministre du travail, Olivier Dussopt, a jugé mardi 17 octobre que « le climat actuel » ne devait pas pénaliser les travailleurs sans papiers dans les métiers en tension, que la future loi immigration prévoit de régulariser. « Le climat a changé [avec l’attentat d’Arras] mais il serait absolument terrible (…) que des hommes et des femmes qui travaillent quotidiennement (…) soient les victimes d’un climat terroriste qui ne les concerne pas », a-t-il dit sur Franceinfo.

      Le projet de loi immigration, dont une des mesures est la régularisation de travailleurs sans papiers dans les métiers pour lesquels les employeurs peinent à recruter, doit être examiné en première lecture au Sénat à partir du 6 novembre. Il sera ensuite examiné par les députés dès le mois de décembre a annoncé, mardi, Franck Riester, ministre des relations avec le Parlement. Un précédent calendrier évoquait une arrivée du texte au Palais-Bourbon au début de 2024.

      L’article 3 du texte gouvernemental prévoit l’octroi d’un titre de séjour aux étrangers travaillant clandestinement dans des secteurs tels que le BTP ou l’hôtellerie. Droite et extrême droite y sont farouchement opposées, dénonçant un « appel d’air » pour l’immigration irrégulière. Le gouvernement, lui, espère trouver une voie de passage, en l’absence de majorité absolue à l’Assemblée.
      Lire aussi l’analyse : Article réservé à nos abonnés Immigration : le débat sur les régularisations des sans-papiers réveille les vieilles fractures de la gauche
      20 000 postes non pourvus pour les JO

      « Il n’y a pas d’appel d’air contrairement à ce que dit la droite », a dit Olivier Dussopt. « Nous parlons de personnes en situation irrégulière mais qui travaillent légalement dans des métiers où tout le monde a du mal à recruter », a expliqué le ministre du travail. « Souvent ces personnes ont signé des contrats de travail à un moment où elles avaient des papiers, puis les papiers n’ont pas été renouvelés pour une raison ou une autre », a-t-il complété. « On doit pouvoir les régulariser. »

      Interrogé, par ailleurs, sur les 20 000 postes non pourvus dans le secteur de la sécurité privée à neuf mois des JO, le ministre du travail a assuré que « tout le monde cravache », « tout le monde est mobilisé ». Il a notamment annoncé que Pôle emploi mettait « les bouchées doubles pour montrer l’intérêt de ces métiers », qu’une nouvelle formation avait été créée pour accompagner les grands événements sportifs et que l’Etat finançait « beaucoup de formations » dans le secteur de la sécurité privée.

      Le Monde avec AFP

  • Emeutes : des banlieues aux villes moyennes, une étude souligne le facteur déterminant de la pauvreté


    A Montargis (Loiret), le 1er juillet 2023, après l’incendie d’un immeuble qui abritait une pharmacie. MATHIEU RABECHAULT / AFP

    Selon ce travail, mené Marco Oberti, professeur à Sciences Po, les trois quarts des communes concernées ont un quartier classé prioritaire par la politique de la ville, signe de grandes difficultés sociales.

    Matignon l’avait affirmé dans un message envoyé aux élus et aux associations de banlieue : « Seulement un tiers des villes touchées par les violences urbaines [qui ont eu lieu au début de l’été] étaient des quartiers prioritaires de la politique de la ville [QPV, quelque 1 500 zones urbaines les plus #pauvres] ». C’était le mardi 3 octobre, la Rue de Varenne justifiait ainsi sa décision de reporter la tenue du comité interministériel des villes (CIV) – un rendez-vous initialement prévu le 9 octobre au cours duquel doivent se décider les politiques en faveur des #quartiers_populaires – afin que se tienne au préalable un Conseil national de la refondation (CNR) post-émeutes. « Le sujet post-émeutes est un sujet qui dépasse celui des quartiers prioritaires de la politique de la ville », disait aussi le message.
    La statistique fait bondir Marco Oberti, professeur de sociologie à Sciences Po Paris et chercheur au Centre de recherche sur les inégalités sociales : « 74 % des villes concernées par les émeutes ont un quartier prioritaire de la ville !, rectifie-t-il. De plus, avoir un quartier prioritaire de la politique de la ville multiplie par sept les chances de connaître des émeutes plutôt que de ne pas en connaître. » M. Oberti est coauteur, avec Maela Guillaume Le Gall, étudiante en master à Sciences Po et à l’Ecole polytechnique, d’une étude intitulée « Analyse comparée et socioterritoriale des émeutes de 2023 en France », publiée ce jeudi 12 octobre sur le site de l’institut.

    Ce travail est en cohérence avec des propos tenus, dès le 4 juillet, par le ministre de la cohésion des territoires, Christophe Béchu, à propos des violences urbaines qui ont sidéré la France à la suite de la mort de Nahel M., jeune homme de 17 ans tué par un policier lors d’un contrôle, le 27 juin, à Nanterre : c’est « une géographie nouvelle, dont on n’a pas l’habitude », avait-il affirmé, avant d’annoncer que sur les « 553 communes touchées en huit jours d’émeutes sur tout le territoire français, 170 n’avaient pas de quartiers prioritaires de la ville ». L’inverse, en somme, de la statistique exploitée par Matignon : deux tiers des communes touchées par les émeutes abriteraient donc bien un QPV.

    Un moment « insurrectionnel »

    En compilant les cartographies dressées par Le Monde et Ouest-France et publiées le 7 juillet 2023, complétées par une analyse de la presse locale, les auteurs recensent 555 communes émeutières, un nombre qui s’approche de celui fréquemment cité par le ministère de l’intérieur (553).
    Ils distinguent tout d’abord deux temps. Un temps 1 – les trois premières nuits – qu’ils définissent comme « émotionnel ». Directement lié à la mort de Nahel M., il suscite colère et rage dirigées principalement contre la #police, l’#Etat, ses institutions et ses relais locaux. Ce temps 1 concerne principalement des quartiers de la banlieue parisienne puis lyonnaise. « Ce type d’émeutes est proche de celui de 2005 du point de vue des registres d’action », soulignent les auteurs. Ainsi 97 communes d’Ile-de-France ont connu des émeutes uniquement en juin-juillet 2023, 48 aux deux dates, et 8 uniquement en 2005. Pour une majorité de communes, donc, ces émeutes étaient les premières.
    Les auteurs distinguent ensuite le temps 2, quasi inexistant en 2005, un moment qu’ils qualifient d’« #insurrectionnel ». Ils parlent d’une « fenêtre d’opportunité » marquée par le profil des participants – de très jeunes hommes –, par davantage de saccages et de pillages de commerces et par une large diffusion territoriale, « dans un contexte de désordre, de grande précarité et d’inflation galopante ».
    Les violences se répandent alors bien au-delà de la région parisienne, et gagnent un nombre significatif de petites et moyennes villes qui n’avaient pas connu d’émeutes en 2005. Du 27 juin au 3 juillet, leur poids parmi l’ensemble des villes émeutières (36 %) est supérieur à celui des communes de la banlieue parisienne (24 %).

    Un lien avec les « gilets jaunes »

    Au sein des petites et moyennes villes, celles ayant connu des émeutes se distinguent nettement des autres par leur profil social plus défavorisé et le fait d’accueillir très majoritairement un QPV. « En quelques jours, on passe des #émeutes des #banlieues, qui ont principalement lieu dans les grands ensembles en périphérie des grandes métropoles, aux émeutes des #quartiers_pauvres_, explique Maela Guillaume Le Gall. _Les villes touchées ne sont pas forcément pauvres, mais elles abritent toutes un quartier très pauvre qui compte plus de familles monoparentales, plus de chômage, plus de non-diplômés, plus d’immigrés. »

    Cette double caractéristique territoriale et sociale a incité les auteurs à établir un lien avec le mouvement des « gilets jaunes ». En effet, ils constatent que 63 % des petites villes et 76 % des villes moyennes touchées par les émeutes de l’été 2023 ont été également des lieux de rassemblement lors des mobilisations des « gilets jaunes » du 17 novembre 2018 . « Les protagonistes ne sont pas les mêmes mais les territoires se ressemblent, conclut Marco Oberti. Le temps 2 met principalement en scène des quartiers paupérisés des petites villes et des villes moyennes, caractérisés par la ségrégation résidentielle, économique et scolaire. »

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/12/emeutes-des-banlieues-aux-villes-moyennes-une-etude-souligne-le-facteur-dete

  • Ces Juifs américains qui manifestent contre Israël suite aux massacres du Hamas
    Par Matt Lebovic 12 octobre 2023 - The Times of Israël
    https://fr.timesofisrael.com/ces-juifs-americains-qui-manifestent-contre-israel-suite-aux-massa

    NEW YORK – Alors que la plupart des organisations juives américaines se sont mises en mode urgence ce week-end pour organiser des rassemblements pro-israéliens, tous les Juifs américains n’ont pas regagné la « tente communautaire » en ce qui concerne le soutien à l’État juif en guerre.

    Dimanche, alors que beaucoup étaient encore en train de méditer sur la nature et l’ampleur des massacres perpétrés par le Hamas, samedi, qui ont fait plus de 1 300 morts israéliens et plus d’une centaine d’otages à l’issue d’une offensive aérienne, terrestre et maritime redoutablement organisée, le groupe juif d’extrême gauche IfNotNow a opté pour un positionnement radicalement différent.

    « Nous ne pouvons pas et ne dirons pas que les actions d’aujourd’hui des militants palestiniens ne sont pas provoquées », peut-on lire dans la déclaration d’IfNotNow, organisation fondée en 2014 pour protester contre l’aide américaine à la défense israélienne, en référence aux terrorisme palestinien.

    « Chaque jour de plus sous le système d’apartheid israélien est une provocation. Le siège de Gaza est une provocation », dit le communiqué.

    En ce qui concerne les civils assassinés dans les attaques de samedi, IfNotNow a déclaré : « Leur sang est sur les mains du gouvernement israélien, du gouvernement américain qui finance et excuse leur imprudence, et de tous les dirigeants étrangers qui continuent de fermer les yeux sur des décennies d’oppression palestinienne, mettant en danger les Palestiniens et les Israéliens. »

    Ces déclarations reflètent une certaine réalité des campus universitaires, où les activistes des deux bords du conflit israélo-palestinien luttent pied à pied, explique l’historienne Sara Hirschhorn, professeure d’études israéliennes à l’Université Northwestern. Il y a eu un changement radical parmi les jeunes sur le soutien à Israël, avance-t-elle.

    « Il y a un changement générationnel parmi les jeunes Juifs américains milléniaux qui est signifié dans cette déclaration [IfNotNow], et cela suggère qu’il y a des changements d’attitude ici », a déclaré Hirschhorn au Times of Israel lundi. (...)

    #IsraelUSA

  • Comment qualifier les opérations du Hamas ? Crimes de guerre, terrorisme, crimes contre l’humanité ?
    On peut constater un certain flottement entre les éditorialistes, ici du journal Le Monde et d’autres analystes et observateurs, tels que les participants à un débat organisé par Médiapart, évoqué ici : https://seenthis.net/messages/1020625#message1020637 et et encore ici https://seenthis.net/messages/1020623 par @marielle

    Ainsi, Sylvie Kaufmann semble implicitement considérer les massacres et les kidnappings opérés par le Hamas comme des crimes de guerre : https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/11/rip-jus-in-bello-le-droit-de-la-guerre-est-bafoue-dans-l-ensemble-des-confli
    « Le droit de la guerre est bafoué dans l’ensemble des conflits récents »

    Le Hamas n’est pas un Etat, les territoires palestiniens non plus – c’est bien le problème. Mais le Hamas, de facto, dirige la bande de Gaza et en assure les fonctions militaires, ce qui l’assimile à un acteur étatique dans l’esprit d’Erdogan et d’autres dirigeants. Ce n’est pas la première guerre entre le Hamas et Israël, mais c’est la première fois que ce mouvement armé attaque directement des civils dans une offensive d’une telle envergure, les massacre par centaines, les kidnappe par dizaines. Israël, de son côté, par la politique d’annexion de l’extrême droite, par la transformation de Gaza en prison à ciel ouvert et par la nature de sa riposte à l’attaque du Hamas, fait également fi du droit : « couper l’eau, l’électricité et la nourriture à une population civile massive est contraire au droit international », a relevé Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, citant l’ONU.

    Les normes, « toutes les parties sont tenues de s’y conformer », dit le président turc. Tenues par qui ? Il n’y a plus de gendarme du monde et, d’ailleurs, quel ordre serait-il chargé d’appliquer ? Qui a accordé depuis samedi une quelconque attention aux efforts de l’envoyé spécial de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland ? L’effondrement du système international « fondé sur des règles », selon la formule consacrée, s’est opéré sous nos yeux, laissant libre cours à l’expression désinhibée de la haine et du désir de vengeance. Et à la guerre totale, primaire, meurtrière, menée dans des tranchées ou à moto, loin de la conflictualité « propre » promise par la haute technologie et la doctrine du « zéro mort ».

    A l’inverse, Alain Frachon, autre éditorialiste des questions géopolitiques, utilise les termes de terrorisme et de crime contre l’humanité.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/12/le-hamas-a-dechaine-contre-des-civils-une-barbarie-singuliere-faite-de-meurt

    Aussi fondées qu’elles puissent être, les analyses « contextuelles » de l’événement ne doivent pas empêcher de nommer les choses, précisément pour ne pas ajouter à la tragédie. Dans la gamme du terrorisme de masse, le Hamas a déchaîné contre une population civile une barbarie singulière, faite de meurtres indiscriminés et de prises d’otages qui constituent autant de crimes contre l’humanité.

    Question aux juristes : peut-il y avoir des actes terroristes dans un contexte de guerre entre des organisations militaires belligérantes ? Quand une tuerie de masse peut elle être qualifiée de crime contre l’humanité ? Loin de toute casuistique, on voit bien que l’utilisation d’une qualification ou d’une autre a des conséquences politiques. L’expression médiatique passe très vite sur ces nuances qui mériteraient une discussion plus claire.

    • Sans oublier les pressions extraordinaires visant à interdire aux Palestiniens de poursuivre Israël devant un tribunal international, et sous Trump ils menaçaient même les procureurs des nations unies.

      Il me semble que dans un des récents packages américains (sous Biden donc) pour soutenir l’Ukraine, il y avait tout une partie qui rappelait l’interdiction absolue faite aux Palestiniens de poursuivre Israël devant un tribunal international.

    • Julien Coupat : « La prolongation de ma détention est une petite vengeance »

      Entretien exclusif avec le principal suspect dans l’affaire des sabotages contre la SNCF. (25/05/2009)

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2009/05/25/julien-coupat-la-prolongation-de-ma-detention-est-une-petite-vengeance_11974

      Que signifie pour vous le mot terrorisme ?

      Rien ne permet d’expliquer que le département du renseignement et de la sécurité algérien suspecté d’avoir orchestré, au su de la DST, la vague d’attentats de 1995 ne soit pas classé parmi les organisations terroristes internationales. Rien ne permet d’expliquer non plus la soudaine transmutation du « terroriste » en héros à la Libération, en partenaire fréquentable pour les accords d’Evian, en policier irakien ou en « taliban modéré » de nos jours, au gré des derniers revirements de la doctrine stratégique américaine.

      Rien, sinon la souveraineté. Est souverain, en ce monde, qui désigne le terroriste. Qui refuse d’avoir part à cette souveraineté se gardera bien de répondre à votre question. Qui en convoitera quelques miettes s’exécutera avec promptitude. Qui n’étouffe pas de mauvaise foi trouvera un peu instructif le cas de ces deux ex – "terroristes"devenus l’un premier ministre d’Israël, l’autre président de l’Autorité palestinienne, et ayant tous deux reçus, pour comble, le Prix Nobel de la paix.

      Le flou qui entoure la qualification de « terrorisme », l’impossibilité manifeste de le définir ne tiennent pas à quelque provisoire lacune de la législation française : ils sont au principe de cette chose que l’on peut, elle, très bien définir : l’antiterrorisme dont ils forment plutôt la condition de fonctionnement. L’antiterrorisme est une technique de gouvernement qui plonge ses racines dans le vieil art de la contre-insurrection, de la guerre dite « psychologique », pour rester poli.

      L’antiterrorisme, contrairement à ce que voudrait insinuer le terme, n’est pas un moyen de lutter contre le terrorisme, c’est la méthode par quoi l’on produit, positivement, l’ennemi politique en tant que terroriste. Il s’agit, par tout un luxe de provocations, d’infiltrations, de surveillance, d’intimidation et de propagande, par toute une science de la manipulation médiatique, de l’"action psychologique", de la fabrication de preuves et de crimes, par la fusion aussi du policier et du judiciaire, d’anéantir la « menace subversive » en associant, au sein de la population, l’ennemi intérieur, l’ennemi politique à l’affect de la terreur.

      L’essentiel, dans la guerre moderne, est cette « bataille des cœurs et des esprits » où tous les coups sont permis. Le procédé élémentaire, ici, est invariable : individuer l’ennemi afin de le couper du peuple et de la raison commune, l’exposer sous les atours du monstre, le diffamer, l’humilier publiquement, inciter les plus vils à l’accabler de leurs crachats, les encourager à la haine. « La loi doit être utilisée comme simplement une autre arme dans l’arsenal du gouvernement et dans ce cas ne représente rien de plus qu’une couverture de propagande pour se débarrasser de membres indésirables du public. Pour la meilleure efficacité, il conviendra que les activités des services judiciaires soient liées à l’effort de guerre de la façon la plus discrète possible », conseillait déjà, en 1971, le brigadier Frank Kitson [ancien général de l’armée britannique, théoricien de la guerre contre-insurrectionelle], qui en savait quelque chose.

    • Pourquoi la BBC ne qualifie pas le Hamas de groupe « terroriste »

      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/13/pourquoi-la-bbc-ne-qualifie-pas-le-hamas-de-groupe-terroriste_6194133_3210.h

      Pris à partie par le fils d’une otage, jeudi, le radiodiffuseur public britannique est l’objet de nombreuses critiques du personnel politique, en particulier à droite. L’institution met en avant son principe historique de neutralité.

      [...]

      « Le terrorisme est un mot chargé, que les gens utilisent pour désigner un groupe qu’ils désapprouvent moralement, a expliqué ce journaliste chevronné, habitué des zones de guerre. Ce n’est pas le rôle de la BBC de dire aux gens qui soutenir et qui condamner – qui sont les bons et qui sont les méchants. Nous soulignons régulièrement le fait que le gouvernement britannique et d’autres ont condamné le Hamas comme une organisation terroriste, mais c’est leur affaire. Nous organisons également des entretiens avec des invités et citons des contributeurs qui qualifient le Hamas de terroriste. »

    • Terrorisme ou crimes de guerre ?
      par Vincent Sizaire, juriste
      https://theconversation.com/terrorisme-ou-crimes-de-guerre-215541

      On pourrait certes s’en tenir au fait que le Hamas est considéré comme une organisation terroriste par un grand nombre d’États pour étendre mécaniquement cette qualification à chacun de ses actes.

      L’analyse juridique rigoureuse des actes des belligérants, qui constitue l’une des conditions de la résolution du conflit (fut-elle aujourd’hui particulièrement improbable à court ou moyen terme), nous invite toutefois à d’autres conclusions. La qualification de crimes de guerre s’avère en effet sensiblement plus adéquate que celle de terrorisme, et ce pour au moins deux raisons.
      Saisir la réalité du conflit
      En premier lieu, elle est celle qui permet de saisir de la façon la plus précise la réalité du conflit sous-jacent à la commission de ce massacre. La qualification terroriste se caractérise en effet par sa dimension inéluctablement subjective.
      [...]
      C’est la nature des actes qui doit être jugée
      Par ailleurs, on ne peut s’en tenir au terrorisme sans constater que sa définition juridique pourrait s’appliquer à d’autres acteurs. Ainsi cela peut-être le cas pour certains actes commis par les autorités israéliennes à l’encontre de civils palestiniens, en particulier depuis la constitution, en janvier 2023, d’un gouvernement d’extrême droite.
      ertains actes ne pourront jamais être justifiés
      La notion de crimes de guerre a précisément pour objet de rappeler que, quel que soit la finalité revendiquée par les autorités civiles ou militaires, il est certains actes qui ne pourront jamais être justifiés. L’article 8 du statut de la Cour pénale internationale, dit Statut de Rome, du 17 juillet 1998 prohibe en particulier :

      « le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile en tant que telle ou contre des civils qui ne participent pas directement aux hostilités », « les prises d’otages » ou encore « le pillage d’une ville ou d’une localité, même prise d’assaut ».
      Soit directement les crimes perpétrés par le Hamas du 7 au 9 octobre derniers.

      En second lieu, la qualification de crimes de guerre apparaît préférable à celle de terrorisme en ce qu’elle permet de restituer aux faits toute leur gravité. Faut-il le rappeler, les crimes de guerre, notion consacrée au procès de Nuremberg au lendemain des atrocités perpétrées par le régime nazi, comptent au nombre des infractions les plus graves qui puissent être commises et, à ce titre, justiciables de la Cour pénale internationale et déclarés imprescriptibles par l’article 29 de son statut. À l’inverse, les crimes terroristes relèvent de la compétence des seuls États et sont soumis à la prescription (certes longue) de l’action publique.

      Une banalisation du terme terroriste
      Surtout, l’extension continue de la notion de terrorisme à laquelle nous assistons depuis le début du siècle a conduit, paradoxalement, à banaliser et ainsi édulcorer les actes recevant aujourd’hui cette qualification.

      #crimes_de_guerre #terrorisme

  • Le Conseil d’Etat ordonne au ministère de l’intérieur de garantir le port effectif et la visibilité du matricule des policiers
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/11/le-conseil-d-etat-ordonne-au-ministere-de-l-interieur-de-garantir-le-port-ef


    Des agents d’une compagnie républicaine de sécurité (CRS), à Toulouse, le 23 mars 2023. ULRICH LEBEUF/MYOP

    La plus haute juridiction administrative a par ailleurs estimé que la pratique des contrôles au faciès « existe » et constitue « une discrimination » mais se déclare incompétente pour contraindre l’Etat à modifier sa politique en la matière.

    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 13h53

    Le Conseil d’Etat a ordonné, mercredi 11 octobre, au ministère de l’intérieur de rendre effectif l’obligation faite aux forces de l’ordre de porter leur matricule d’identification en intervention, le RIO, et de le rendre plus visible.

    « Le ministre de l’Intérieur n’a pas pris les mesures propres à assurer l’effectivité du respect par les membres des forces de sécurité intérieure de l’exigence de port affectif et apparent de l’identifiant individuel », a indiqué la plus haute juridiction administrative dans un arrêt en demandant notamment que la « lisibilité » du RIO soit « suffisante pour le public ».

    Le Conseil d’Etat avait été saisi par la Ligue des droits de l’homme, l’association Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, le Syndicat de la magistrature et le Syndicat des avocats de France ont saisi le Conseil d’Etat, estimant que l’obligation pour les policiers et gendarmes de porter un numéro d’identification individuel visible sur leur tenue est mal respectée dans la pratique.

    La plus haute juridiction administrative estime que « l’absence de port apparent du numéro d’immatriculation par les agents de police et de gendarmerie est répandue et ne se limite pas à des défaillances ponctuelles liées à des comportements individuels ». Elle juge également que « les dimensions actuelles de ce numéro d’identification sont inadaptées, notamment lorsque les forces de l’ordre interviennent lors de rassemblements ou d’attroupements ».

    Aussi, le Conseil d’Etat donne douze mois à Beauvau pour « prendre toutes mesures utiles pour y remédier », « y compris lorsque l’emplacement habituel du numéro d’identification est recouvert par des équipements de protection individuelle (tels que, par exemple, des gilets pare-balles) ».

    Contrôles d’identité discriminatoires

    Par ailleurs, la pratique policière des contrôles au faciès « existe » et constitue « une discrimination » pour les personnes qui les subissent, mais le Conseil d’Etat, saisi par plusieurs ONG, s’est déclaré incompétent pour contraindre l’Etat à modifier de fond en comble sa « politique publique ».

    La plus haute juridiction administrative française a estimé, dans un communiqué accompagnant sa décision, que les mesures demandées par six associations et ONG dénonçant des pratiques systémiques « visent en réalité à une redéfinition générale des choix de politique publique en matière de recours aux contrôles d’identité à des fins de répression de la délinquance et de prévention des troubles à l’ordre public qui ne relèvent pas des pouvoirs du juge administratif ». « C’est pourquoi le Conseil d’Etat rejette le recours. »

    Le Monde avec AFP

    • 🎉 💐 et voilà qui devrait permettre aux pétitions de l’assemblée de mourir tranquille dans leur coin ; enfin, si le ministère de l’intérieur s’exécute, ce qui n’et pas encore joué, j’imagine :-)

      https://seenthis.net/messages/1016892 section « RIO pour FDO » (une classée, une encore en cours)

  • Les distributions alimentaires interdites dans le nord de Paris
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/10/les-distributions-alimentaires-interdites-dans-le-nord-de-paris_6193556_3224

    La préfecture de police justifie l’interdiction de distributions pendant un mois en leur reprochant de « stimuler la formation de campements ».

    La #Préfecture de police de #Paris (PP) a pris un arrêté interdisant, à compter de mardi 10 octobre et pour un mois, les #distributions_alimentaires dans un quartier du nord de Paris où se concentrent les campements de #migrants et des #sans-abri, provoquant l’ire des associations. L’arrêté signé lundi par le préfet, Laurent Nuñez, prévoit une « interdiction des distributions alimentaires » entre le 10 octobre et le 10 novembre sur un secteur « délimité » des 10e et 19e arrondissements, qui concerne neuf artères dans le quartier populaire autour des stations de métro #Stalingrad et #Jaurès.
    C’est là, selon la #PP, « que ces distributions alimentaires engendrent, par leur caractère récurrent, une augmentation de la population bénéficiaire de ces opérations et qu’elles contribuent, en corollaire, à stimuler la formation de campements dans le secteur du boulevard de la Villette, où se retrouvent des migrants, des personnes droguées et des sans-domicile fixe ».
    Le quartier, argumente la PP, est devenu « un point de fixation pour de tels campements ». Les « attroupements », les « débordements sur la voirie », certaines échauffourées ainsi que la présence de « toxicomanes » constituent des « troubles à l’ordre public » qui ont conduit « pour la première fois » le préfet de police à prendre un tel arrêté sur ce secteur parisien, précise la préfecture à l’Agence France-Presse.

    Arrêtés similaires pris à Calais

    Pourtant, il n’y a « jamais eu d’incidents sur nos sites de distribution », conteste Philippe Caro, un responsable du collectif Solidarité Migrants Wilson, l’une des organisations dont l’action est visée. « On complique la vie des associations et des gens, sans jamais résoudre leurs problèmes. On va juste déplacer le problème, mais avec les Jeux olympiques qui arrivent, on sent que la pression monte et là les toxicomanes vont servir de prétexte pour virer tout le monde » du nord de Paris, estime-t-il.
    « C’est une fois de plus ces personnes qui vont trinquer », a également réagi Samuel Coppens, de l’Armée du salut, qui effectue des distributions sur d’autres secteurs. Les interdictions vont priver entre « 200 et 500 personnes » chaque jour de nourriture, déplore à son tour Océane Marache, coordinatrice parisienne à Utopia 56, qui intervient auprès des exilés à la rue.

    Pour l’association, l’Etat applique à Paris « le même schéma qu’à Calais » , où des arrêtés similaires sont pris régulièrement depuis 2020. Le fait que cette interdiction parisienne soit décidée mardi 10 octobre, journée internationale de lutte contre le sans-abrisme, est « révélateur de la politique anti-SDF que mène l’Etat », estime-t-elle.

    #campement #Calais #réfugiés #exilés #JO

  • A #Menton, les arrivées de migrants augmentent, les #refoulements aussi

    De tous les points de passage entre la France et l’Italie, celui du pont Saint-Louis est sans doute le plus pittoresque. Imaginez une route suspendue à flanc de rocher entre Menton, ville des Alpes-Maritimes, et Grimaldi, la première localité transalpine : d’un côté la montagne, abrupte et creusée de grottes ; de l’autre, un paysage de cultures en terrasses dévalant jusqu’à la côte. Tout en bas, la Méditerranée luit d’un éclat mauve, en ce petit matin d’automne que le soleil n’éclaire pas encore.

    Un endroit sublime, donc, et pourtant parfaitement désespérant. Car ce bout de route, encadré par les postes de police des deux pays, accueille chaque jour un ballet tragique de migrants qui passent et repassent, long cortège de malheureux expulsés hors de l’Hexagone. Remis à la police italienne, ils tenteront leur chance une fois, dix fois, vingt fois, jusqu’à pouvoir franchir cette frontière sur laquelle la France a rétabli des contrôles depuis 2015. « A la fin, la plupart d’entre eux finissent par y arriver » , observe Loïc Le Dall, membre de l’antenne locale de l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé). Y compris en empruntant les chemins les plus dangereux, comme le toit des trains ou ce sentier vertigineux que l’on appelle ici le « pas de la mort ». Mais dans l’intervalle, ils sont pris dans une étrange partie de ping-pong politico-policier, un casse-tête juridique et humanitaire.

    A quoi pense-t-elle, cette femme arrêtée le long du parapet, entre les deux postes-frontières ? Le visage appuyé contre le grillage, elle regarde la mer et au-delà, les lumières de Menton. Près d’elle, deux très jeunes enfants grelottent dans leurs vêtements de coton. Plus loin, son mari monte la pente en tirant une petite valise. Ils sont kurdes, fuyant la Turquie pour des raisons politiques, disent-ils.

    Grosses boîtes cubiques

    Dans leur groupe, formé au hasard des contacts avec un passeur, il y a une autre famille avec enfants et un adolescent accompagné de sa mère. Poyraz a 17 ans, des écouteurs autour du cou et il tient à préciser quelque chose en esquissant un signe de croix à toute vitesse, le dos tourné pour que ses compagnons ne le voient pas : « Nous sommes orthodoxes,confie-t-il. C’est très difficile pour nous, en Turquie. »

    A trois pas de là, deux Nigérians regardent en direction d’un panneau bleu planté sur le bas-côté : « Menton, perle de la France, est heureuse de vous accueillir. » Les bras ballants, ils ont l’air désemparés, perdus. Eux n’ont rien, ni valise, ni téléphone, ni écouteurs et pas l’ombre d’un sac, fût-il en papier – même dans la misère, il y a des hiérarchies. Surtout, comme beaucoup de migrants, ils disposent de très peu de mots pour expliquer leur situation. Le plus âgé réussit à formuler une question, en rassemblant quelques bribes d’anglais : « Pourquoi ne nous laissent-ils pas entrer ? »

    « Ils », ce sont les forces de l’ordre françaises qui viennent de les renvoyer vers l’Italie, après les avoir enfermés depuis la veille dans des « espaces de mise à l’abri » – en fait des préfabriqués agglutinés entre la route et la falaise, au droit des bâtiments de police. Les Français retiennent dans ces grosses boîtes cubiques ceux qu’ils n’ont pas eu le temps d’exfiltrer avant la nuit, les locaux de leurs homologues italiens, à 50 mètres de là, étant fermés entre 19 heures et 7 heures. Ces lieux sont « climatisés et pourvus de sanitaires, de la nourriture y est distribuée » , explique Emmanuelle Joubert, directrice départementale de la police aux frontières (PAF). Kadiatou, une Guinéenne de 22 ans rencontrée à Vintimille, y a déjà passé la nuit avec son fils Mohamed, 1 an et demi. « C’était très sale, nuance-t-elle, nous étions serrés les uns contre les autres et dormions par terre. »

    Le 29 septembre, plusieurs baraquements ont été ajoutés à ceux qui s’y trouvaient déjà, en prévision d’une recrudescence d’arrivées : sur les 10 000 migrants débarqués dans l’île italienne de Lampedusa, entre le 11 et le 13 septembre, certains devraient atteindre la frontière française ces jours-ci. Entre le 1er janvier et le 21 septembre, la PAF a procédé à 31 844 interpellations, dont 5 259 pour la seule période du 25 août au 21 septembre. D’après la préfecture, ce chiffre, déjà en hausse par rapport à 2022, devrait augmenter avec les afflux attendus en provenance de Lampedusa. Parmi les refoulés, beaucoup sont mineurs et un grand nombre vient d’Afrique subsaharienne.

    Mine résignée

    Au pont Saint-Louis, aucune demande d’asile n’est jamais enregistrée. Et même si la présence d’un membre de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Opfra) serait nécessaire, « il n’en vient jamais ici », assure un policier en faction.

    Pour faire face à cet afflux, il a fallu consolider les dispositifs, notamment depuis le mois de juillet, avec des drones, un avion de la brigade aéronautique de Marseille et des effectifs renforcés. Le 18 septembre, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé l’envoi de 132 personnes (policiers, gendarmes, militaires des sections « Sentinelle ») afin d’étoffer les « troupes » déjà présentes dans le département. Celles-ci comptent également dans leurs rangs des réservistes de la police qui se relaient pour assurer des contrôles à Menton-Garavan, la première gare en territoire français.

    Ces réservistes vont par petits groupes, équipés de gilets pare-balles. Tous les trains en provenance de Vintimille, ville italienne située à 9 kilomètres, sont inspectés. Et de presque tous, les forces de l’ordre font descendre des sans-papiers, repérables à leurs mains vides, à leurs vêtements informes, à leur mine résignée. De là, ils sont conduits au pont Saint-Louis, où la PAF leur remet un refus d’entrée. Sur ces deux pages remplies par la police figurent notamment le nom, la nationalité et une date de naissance.

    Parfois, ces indications sont fantaisistes (on les reconnaît parce qu’elles indiquent systématiquement comme date un 1er janvier) : la minorité revendiquée par les passagers, qui n’ont jamais de papiers d’identité sur eux et ne sont pas toujours capables de donner une date de naissance précise, n’a pas été considérée comme réelle par les policiers. Ceux-ci choisissent alors une année de naissance estimative, qui « déminorise » les interpellés. Interrogée à ce propos par Le Monde, Mme Joubert (PAF) répond qu’il s’agit « d’un processus technique interne, le plus précis possible au regard des éléments en notre possession ». Ces procédures, dit-elle, « ont été établies afin de ne pas faire échec aux droits » .

    Yacht show de Monaco

    Au chapitre « Vos droits », justement, le document propose deux options. Par la première, le requérant demande à bénéficier d’un délai de vingt-quatre heures. Par la seconde, il affirme : « Je veux repartir le plus rapidement possible. »Or, selon l’Anafé, la case correspondant à cette deuxième option est déjà précochée au moment où les expulsés reçoivent le papier. La décision est exécutoire immédiatement. Le 21 septembre, un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne a jugé illégale cette pratique de refoulement instantané aux frontières. Sans rien changer sur le terrain jusqu’ici.

    Il arrive aussi, en contravention totale avec le droit français, que des mineurs se voient infliger une obligation de quitter le territoire. Celles que montrent, par exemple, Saad, né au Darfour (Soudan) en juillet 2006 (la date figure sur le document établi par la police), et son copain guinéen, 17 ans également. Tous deux sont assis sur un banc, du côté français, la tête entre les mains, incapables de déchiffrer la sommation qui leur donne quarante-huit heures pour contester devant le tribunal administratif. « Une erreur », plaide la PAF. « Nous avons vu cela plusieurs fois », rétorque l’Anafé.

    En cas de doute sur l’âge, un fonctionnaire de l’Aide sociale à l’enfance, structure dépendant du département, doit donner son avis. Ceux qui sont reconnus comme mineurs non accompagnés (les enfants se déplaçant avec des adultes ne bénéficient d’aucune protection particulière) doivent être placés dans des foyers provisoires d’urgence, mais les lits manquent. Le 15 septembre, un hôtel Ibis Budget du centre de Menton a donc été réquisitionné, quoique encore jamais utilisé. Cette décision préfectorale a provoqué la colère d’Yves Juhel, maire (divers droite) de la ville, où les touristes se pressent encore à cette saison. L’édile s’est exprimé sur France 3, le 21 septembre, soit quatre jours avant l’inauguration du Monaco Yacht Show, grand raout dont les participants remplissent les chambres des environs. « Cela ne(…) se fera pas ! Sinon, je serai le premier à être devant l’hôtel pour éviter une telle occupation. (…) Vous n’allez pas faire sortir des gens qui ont payé leur chambre pour en mettre d’autres en situation irrégulière, non ? »

    Dans un courrier adressé à Emmanuel Macron, le 20 septembre, Charles-Ange Ginésy, président Les Républicains du département, réclamait, lui, une prise en charge, par l’Etat, de l’accueil et de l’orientation des mineurs non accompagnés, normalement assumée par sa collectivité. Celle-ci, écrit-il, « ne peut être la victime collatérale d’une frontière passoire qui embolise les personnels en charge de l’enfance » .

    Distribution de repas sur un terrain vague

    En attendant, les personnes refoulées de France s’entassent à Vintimille, avec les primo-arrivants. Ils sont des dizaines sous l’autopont longeant le fleuve Roya, leurs vêtements suspendus aux grillages. « Pour nous laver, il y a la rivière et pour dormir, c’est par terre », racontent, l’air crâne, trois garçons soudanais, arrivés à Lampedusa par la Libye, puis la Tunisie. Ils se disent mineurs mais n’ont pas voulu le déclarer à leur arrivée en Sicile, afin de ne pas être enfermés dans des foyers spécialisés.

    Chaque soir, tout près de là, des associations humanitaires et la paroisse San Rocco de Vallecrosia distribuent, à tour de rôle, des repas sur un terrain vague, dans ce quartier de Roverino où une majorité d’habitants a voté pour la Ligue (extrême droite) aux dernières élections municipales. Mardi 3 octobre, ils étaient 200 à faire la queue, soit moitié moins que les 430 du mardi précédent. Cette baisse correspond-elle à un ralentissement des arrivées du sud du pays ? Ou bien au fait que plus de gens sont parvenus à passer entre les mailles du filet ? Nul ne le sait.

    « Nous sommes habitués à ces cycles, sans pouvoir les analyser » , constate Alessandra Zunino, « référente » chez Caritas. L’organisation catholique distribue des repas le matin et à midi, mais surtout, elle accueille des femmes et des enfants dans une annexe, le long de la voie ferrée. « Nous nous substituons aux services qui manquent, explique Maurizio Marmo, l’un des responsables locaux. A Vintimille, depuis trois ans, plus aucune structure institutionnelle ne fonctionne pour les migrants. Maintenant, tout de même, nous recevons un appui du ministère de l’intérieur pour les vingt places d’hébergement réservées aux femmes et aux enfants. »

    Dans le bâtiment principal, une maison crème aux volets bruns, on se contente de « tendre la main à ceux qui en ont besoin » , poursuit Alessandra Zunino. Quant aux parcours individuels, ils demeurent le plus souvent mystérieux. Même pour le docteur Pedro Casarin, qui soigne des blessures, des bronchites et annonce au moins une grossesse par semaine, sous une tente de Médecins sans frontières. Les gens vont et viennent, restent une heure ou un jour, puis ils repartent aussi soudainement qu’ils étaient arrivés, pour ne jamais revenir. Ils ont bravé le désert, les bandits, les violeurs, la Méditerranée : ce n’est pas une frontière de plus qui va les arrêter.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/07/a-menton-les-arrivees-de-migrants-augmentent-les-refoulements-aussi_6193012_

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  • A Menton, les arrivées de migrants augmentent, les refoulements aussi
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    A Menton, les arrivées de migrants augmentent, les refoulements aussi
    Par Raphaëlle Rérolle (Menton (Alpes-Maritimes), envoyée spéciale)
    Publié le 07 octobre 2023 à 17h30, modifié hier à 05h06
    La ville des Alpes-Maritimes est plus que jamais confrontée à un afflux de migrants en provenance de l’Italie voisine. Sa situation géographique en fait un lieu particulier où la police doit gérer, au jour le jour, des centaines de cas.De tous les points de passage entre la France et l’Italie, celui du pont Saint-Louis est sans doute le plus pittoresque. Imaginez une route suspendue à flanc de rocher entre Menton, ville des Alpes-Maritimes, et Grimaldi, la première localité transalpine : d’un côté la montagne, abrupte et creusée de grottes ; de l’autre, un paysage de cultures en terrasses dévalant jusqu’à la côte. Tout en bas, la Méditerranée luit d’un éclat mauve, en ce petit matin d’automne que le soleil n’éclaire pas encore.
    Un endroit sublime, donc, et pourtant parfaitement désespérant. Car ce bout de route, encadré par les postes de police des deux pays, accueille chaque jour un ballet tragique de migrants qui passent et repassent, long cortège de malheureux expulsés hors de l’Hexagone. Remis à la police italienne, ils tenteront leur chance une fois, dix fois, vingt fois, jusqu’à pouvoir franchir cette frontière sur laquelle la France a rétabli des contrôles depuis 2015. « A la fin, la plupart d’entre eux finissent par y arriver », observe Loïc Le Dall, membre de l’antenne locale de l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé). Y compris en empruntant les chemins les plus dangereux, comme le toit des trains ou ce sentier vertigineux que l’on appelle ici le « pas de la mort ». Mais dans l’intervalle, ils sont pris dans une étrange partie de ping-pong politico-policier, un casse-tête juridique et humanitaire.
    A quoi pense-t-elle, cette femme arrêtée le long du parapet, entre les deux postes-frontières ? Le visage appuyé contre le grillage, elle regarde la mer et au-delà, les lumières de Menton. Près d’elle, deux très jeunes enfants grelottent dans leurs vêtements de coton. Plus loin, son mari monte la pente en tirant une petite valise. Ils sont kurdes, fuyant la Turquie pour des raisons politiques, disent-ils.Dans leur groupe, formé au hasard des contacts avec un passeur, il y a une autre famille avec enfants et un adolescent accompagné de sa mère. Poyraz a 17 ans, des écouteurs autour du cou et il tient à préciser quelque chose en esquissant un signe de croix à toute vitesse, le dos tourné pour que ses compagnons ne le voient pas : « Nous sommes orthodoxes, confie-t-il. C’est très difficile pour nous, en Turquie. »
    A trois pas de là, deux Nigérians regardent en direction d’un panneau bleu planté sur le bas-côté : « Menton, perle de la France, est heureuse de vous accueillir. » Les bras ballants, ils ont l’air désemparés, perdus. Eux n’ont rien, ni valise, ni téléphone, ni écouteurs et pas l’ombre d’un sac, fût-il en papier ­ – même dans la misère, il y a des hiérarchies. Surtout, comme beaucoup de migrants, ils disposent de très peu de mots pour expliquer leur situation. Le plus âgé réussit à formuler une question, en rassemblant quelques bribes d’anglais : « Pourquoi ne nous laissent-ils pas entrer ? »
    « Ils », ce sont les forces de l’ordre françaises qui viennent de les renvoyer vers l’Italie, après les avoir enfermés depuis la veille dans des « espaces de mise à l’abri » – en fait des préfabriqués agglutinés entre la route et la falaise, au droit des bâtiments de police. Les Français retiennent dans ces grosses boîtes cubiques ceux qu’ils n’ont pas eu le temps d’exfiltrer avant la nuit, les locaux de leurs homologues italiens, à 50 mètres de là, étant fermés entre 19 heures et 7 heures. Ces lieux sont « climatisés et pourvus de sanitaires, de la nourriture y est distribuée », explique Emmanuelle Joubert, directrice départementale de la police aux frontières (PAF). Kadiatou, une Guinéenne de 22 ans rencontrée à Vintimille, y a déjà passé la nuit avec son fils Mohamed, 1 an et demi. « C’était très sale, nuance-t-elle, nous étions serrés les uns contre les autres et dormions par terre. »
    Le 29 septembre, plusieurs baraquements ont été ajoutés à ceux qui s’y trouvaient déjà, en prévision d’une recrudescence d’arrivées : sur les 10 000 migrants débarqués dans l’île italienne de Lampedusa, entre le 11 et le 13 septembre, certains devraient atteindre la frontière française ces jours-ci. Entre le 1er janvier et le 21 septembre, la PAF a procédé à 31 844 interpellations, dont 5 259 pour la seule période du 25 août au 21 septembre. D’après la préfecture, ce chiffre, déjà en hausse par rapport à 2022, devrait augmenter avec les afflux attendus en provenance de Lampedusa. Parmi les refoulés, beaucoup sont mineurs et un grand nombre vient d’Afrique subsaharienne.
    Au pont Saint-Louis, aucune demande d’asile n’est jamais enregistrée. Et même si la présence d’un membre de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Opfra) serait nécessaire, « il n’en vient jamais ici », assure un policier en faction.Pour faire face à cet afflux, il a fallu consolider les dispositifs, notamment depuis le mois de juillet, avec des drones, un avion de la brigade aéronautique de Marseille et des effectifs renforcés. Le 18 septembre, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé l’envoi de 132 personnes (policiers, gendarmes, militaires des sections « Sentinelle ») afin d’étoffer les « troupes » déjà présentes dans le département. Celles-ci comptent également dans leurs rangs des réservistes de la police qui se relaient pour assurer des contrôles à Menton-Garavan, la première gare en territoire français.
    Ces réservistes vont par petits groupes, équipés de gilets pare-balles. Tous les trains en provenance de Vintimille, ville italienne située à 9 kilomètres, sont inspectés. Et de presque tous, les forces de l’ordre font descendre des sans-papiers, repérables à leurs mains vides, à leurs vêtements informes, à leur mine résignée. De là, ils sont conduits au pont Saint-Louis, où la PAF leur remet un refus d’entrée. Sur ces deux pages remplies par la police figurent notamment le nom, la nationalité et une date de naissance.
    Parfois, ces indications sont fantaisistes (on les reconnaît parce qu’elles indiquent systématiquement comme date un 1er janvier) : la minorité revendiquée par les passagers, qui n’ont jamais de papiers d’identité sur eux et ne sont pas toujours capables de donner une date de naissance précise, n’a pas été considérée comme réelle par les policiers. Ceux-ci choisissent alors une année de naissance estimative, qui « déminorise » les interpellés. Interrogée à ce propos par Le Monde, Mme Joubert (PAF) répond qu’il s’agit « d’un processus technique interne, le plus précis possible au regard des éléments en notre possession ». Ces procédures, dit-elle, « ont été établies afin de ne pas faire échec aux droits ».
    Au chapitre « Vos droits », justement, le document propose deux options. Par la première, le requérant demande à bénéficier d’un délai de vingt-quatre heures. Par la seconde, il affirme : « Je veux repartir le plus rapidement possible. » Or, selon l’Anafé, la case correspondant à cette deuxième option est déjà précochée au moment où les expulsés reçoivent le papier. La décision est exécutoire immédiatement. Le 21 septembre, un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne a jugé illégale cette pratique de refoulement instantané aux frontières. Sans rien changer sur le terrain jusqu’ici.Il arrive aussi, en contravention totale avec le droit français, que des mineurs se voient infliger une obligation de quitter le territoire. Celles que montrent, par exemple, Saad, né au Darfour (Soudan) en juillet 2006 (la date figure sur le document établi par la police), et son copain guinéen, 17 ans également. Tous deux sont assis sur un banc, du côté français, la tête entre les mains, incapables de déchiffrer la sommation qui leur donne quarante-huit heures pour contester devant le tribunal administratif. « Une erreur », plaide la PAF. « Nous avons vu cela plusieurs fois », rétorque l’Anafé.
    En cas de doute sur l’âge, un fonctionnaire de l’Aide sociale à l’enfance, structure dépendant du département, doit donner son avis. Ceux qui sont reconnus comme mineurs non accompagnés (les enfants se déplaçant avec des adultes ne bénéficient d’aucune protection particulière) doivent être placés dans des foyers provisoires d’urgence, mais les lits manquent. Le 15 septembre, un hôtel Ibis Budget du centre de Menton a donc été réquisitionné, quoique encore jamais utilisé. Cette décision préfectorale a provoqué la colère d’Yves Juhel, maire (divers droite) de la ville, où les touristes se pressent encore à cette saison. L’édile s’est exprimé sur France 3, le 21 septembre, soit quatre jours avant l’inauguration du Monaco Yacht Show, grand raout dont les participants remplissent les chambres des environs. « Cela ne (…) se fera pas ! Sinon, je serai le premier à être devant l’hôtel pour éviter une telle occupation. (…) Vous n’allez pas faire sortir des gens qui ont payé leur chambre pour en mettre d’autres en situation irrégulière, non ? »
    Dans un courrier adressé à Emmanuel Macron, le 20 septembre, Charles-Ange Ginésy, président Les Républicains du département, réclamait, lui, une prise en charge, par l’Etat, de l’accueil et de l’orientation des mineurs non accompagnés, normalement assumée par sa collectivité. Celle-ci, écrit-il, « ne peut être la victime collatérale d’une frontière passoire qui embolise les personnels en charge de l’enfance ».En attendant, les personnes refoulées de France s’entassent à Vintimille, avec les primo-arrivants. Ils sont des dizaines sous l’autopont longeant le fleuve Roya, leurs vêtements suspendus aux grillages. « Pour nous laver, il y a la rivière et pour dormir, c’est par terre », racontent, l’air crâne, trois garçons soudanais, arrivés à Lampedusa par la Libye, puis la Tunisie. Ils se disent mineurs mais n’ont pas voulu le déclarer à leur arrivée en Sicile, afin de ne pas être enfermés dans des foyers spécialisés.Chaque soir, tout près de là, des associations humanitaires et la paroisse San Rocco de Vallecrosia distribuent, à tour de rôle, des repas sur un terrain vague, dans ce quartier de Roverino où une majorité d’habitants a voté pour la Ligue (extrême droite) aux dernières élections municipales. Mardi 3 octobre, ils étaient 200 à faire la queue, soit moitié moins que les 430 du mardi précédent. Cette baisse correspond-elle à un ralentissement des arrivées du sud du pays ? Ou bien au fait que plus de gens sont parvenus à passer entre les mailles du filet ? Nul ne le sait.
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    « Nous sommes habitués à ces cycles, sans pouvoir les analyser », constate Alessandra Zunino, « référente » chez Caritas. L’organisation catholique distribue des repas le matin et à midi, mais surtout, elle accueille des femmes et des enfants dans une annexe, le long de la voie ferrée. « Nous nous substituons aux services qui manquent, explique Maurizio Marmo, l’un des responsables locaux. A Vintimille, depuis trois ans, plus aucune structure institutionnelle ne fonctionne pour les migrants. Maintenant, tout de même, nous recevons un appui du ministère de l’intérieur pour les vingt places d’hébergement réservées aux femmes et aux enfants. »
    Dans le bâtiment principal, une maison crème aux volets bruns, on se contente de « tendre la main à ceux qui en ont besoin », poursuit Alessandra Zunino. Quant aux parcours individuels, ils demeurent le plus souvent mystérieux. Même pour le docteur Pedro Casarin, qui soigne des blessures, des bronchites et annonce au moins une grossesse par semaine, sous une tente de Médecins sans frontières. Les gens vont et viennent, restent une heure ou un jour, puis ils repartent aussi soudainement qu’ils étaient arrivés, pour ne jamais revenir. Ils ont bravé le désert, les bandits, les violeurs, la Méditerranée : ce n’est pas une frontière de plus qui va les arrêter.

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  • Alerte sur les services de soins critiques pour les nouveau-nés
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/09/alerte-sur-les-services-de-soins-critiques-pour-les-nouveau-nes_6193220_3224

    Selon un audit réalisé par la Société française de néonatologie, près de la moitié des services de soins intensifs et de réanimation qui accueillent les nouveau-nés malades ou très vulnérables font état de taux d’occupation supérieurs à 95 %.

    Ce qui s’appelle un hôpital bien géré !